NOTE BT SUR ECONOMIE CIRCULAIRE v3 2017 03 26

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MINISTERE DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE
Source : Bernard Taillefer, assistant technique ARIACONSULT
Date : 26/03/2017
Objet : Pour un développement de l'économie circulaire
Statut : DEFINITIF, VERSION 3
Importance : HAUTE
VERSION 3
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RESUME EXECUTIF
Haïti gaspille, dans tous les domaines. La production de déchets est énorme, faute d'entreprises de
récupération / transformation suffisantes, d'une législation environnementale appliquée, que ce soit au
niveau agricole ou industriel, faute d'une absence de savoir-être chez nombre de citoyens. Même réparé,
tout équipement a une durée de vie limitée et finira tôt ou tard à la décharge publique… ou dans la rue.
L'économie circulaire se donne comme objectif de ne rien gaspiller, et par des processus de
transformation, de valoriser les déchets qu'ils soient agricoles ou industriels mais de valoriser aussi les
ressources naturelles.
Cette économie circulaire ne pourra se mettre en place que si le tri des déchets
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est organisé et respecté, si
des lois sont conçues pour réglementer les importations des produits polluants, leur utilisationet punir les
contrevenants, si des entreprises de valorisation des déchets agricoles ou autres sont encouragées au
niveau métropolitain et décentralisé, si une politique de formation et d'éducation de grande ampleur sur
l'environnement est menée dans le pays.
En agriculture, qui a un grand potentiel de ressources inutilisées, il sera nécessaire de créer partout dans le
pays des bio fabriques
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qui récupéreront les déchets (noyaux d'avocats, pépins et graines, coquilles d'œufs
et d'huitres, bagasse, paille de riz, carcasses de crustacés, peaux, sabots et cornes des animaux, pelures
d'agrumes, etc.) pour les transformer en huiles végétales, vinaigres, pesticides naturels, compost, aliments
de bétail et engrais, sous produits d'autres industries tels que la tannerie et transformer ce qui peut l'être
en semences du futur. Les processus de transformation sont simples et ne nécessitent pas des équipements
lourds. Même les excréments humains se recyclent en compost via des toilettes sèches, installation
indispensable en Haïti où le réseau d'assainissement a de grandes faiblesses. Tout est affaire d'organisation
pour récupérer ce qui est appelé, de manière péjorative, les déchets
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.
Dans l'artisanat, les produits récupérables sont les déchets de production tels que les copeaux et la sciure
de bois, le métal découpé, les déchets de corne ou de cuir. Les premiers serviront au paillage et à
l'enrichissement des sols ; les déchets de tal découpé pourront servir à la fabrication de petits objets
décoratifs ou être refondus, les déchets de cuir, comme les peaux entières seront utilisables par la
maroquinerie, la cordonnerie. Enfin les déchets de corne deviendront de la corne broyée ou torréfiée pour
fertiliser les sols. Rien de compliqué non plus dans les processus de transformation.
Le travail devient plus complexe quand il s'agit de transformer les produits issus de l'industrie : bouteilles,
composants électroniques, cartons et papier, batteries et piles, pneus, palettes, cartouches d'encre,
banderoles publicitaires et autres tissus imprimés, huiles de vidange usagées, les huiles de cuisine usagées
et les huiles de vidange, les "foam", les plastiques. Un travail de transformation de ces produits est pourtant
indispensable si l'administration veut mettre un frein à la pollution des sols, des rivières, des mers, ce
capital qui sera l'héritage des enfants de la nation. Les matières non traitées sont un danger pour la santé
publique. Mais seulement les collecter pour les exporter sur le marché international comme cela se fait
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/ Deux sites intéressants sur le tri des déchets : http://www.preservonslaplanete.com/articles/trier_ses_dechets.html
et http://www.recreer.ca/quoi-recuperer/
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/ Voir la proposition dans :
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Tant qu’ils ne sont pas mélangés, les résidus sont valorisables. Après mélange, ils sont souillés et deviennent des
déchets.
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pour les plastiques est, pour l'économie nationale, une perte énorme de valeur ajoutée et de création
d'emplois. Tout doit être mis en œuvre pour que les déchets industriels soient transformés en Haïti.
Il est aussi d'autres domaines de gaspillages évitables, par exemple dans le transport des personnes, dans la
récupération de la terre végétale, dans la valorisation des excréments humains pour produire du
compost.Cela permettra de fermer le cycle du carbone et de l’azote en ramenant à la terretoute la matière
organique ainsi que les micronutriments partiellement consommésaprès compostage.Il en résultera une
réponse valable au lessivage des terres cultivables à la périphérie des villes.
Mais il faut s'en convaincre : il est des pollutions irrémédiablesune fois qu'elles ont pénétré le sol, l'eau ou
l'air, provenantde biens industriels surtout : celles des métaux lourds et des pesticides, des détergents, des
médicaments jetés (périmés ou contrefaits), pollution de l'air par les gaz d'échappement. Toute décharge
formelle ou informelle infecte les sols tandis que brûler des matières toxiques pollue gravement
l'atmosphère déjà sévèrement malmenée en ville par les émanations des véhicules et des motos, elles aussi
irrécupérables.
Alors il faudra limiter l'importation et la production de ces polluants et trouver des produits de substitution,
ce qui est possible pour les pesticides
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, les détergents
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. Les métaux lourds devront être traités à la source.
Les médicaments contrefaits et/ou jetés seront interdits dans le pays. Ils devront être déposés dans les
pharmacies qui en assureront la destruction dans des conditions contrôlées. La pollution des engins à
moteur peut être limitée par un contrôle technique régulier des émissions des véhicules et une politique
répressive efficace.
Les effets de la mise en œuvre de l'économie circulaire sont considérables dans une économie nationale
comme celle d'Haïti. D'où la nécessité, pour l'Etat d'en favoriser le développement : transformer et gérer
les déchets est indispensable pour améliorer la santé publique.Un second effet, non négligeable, est la
création de nouvelles productions et donc de nouveaux emplois avec la transformation des déchets de
l'agriculture notamment. Un troisième effet porte sur la substitution d'importations, puisque, localement,
nous pourrons produire des huiles végétales, des engrais, des pesticides bio. Enfin, et ce sera le quatrième
effet, la récupération et la valorisation des déchets assainira les rues et donnera un autre spectacle aux
touristes que le pays veut attirer, à juste titre puisque le pays recèle des splendeurs. Mais les déchets non
gérés découragent le tourisme car ils sont un indicateur fort de l’insécurité.
La mise en œuvre de l'économie circulaire assainit l'environnement.
L'économie circulaire est une composante de ce qui est appelé par ailleurs "économie verte". Mais elle n'en
est qu'une petite composante même si le non traitement des déchets cause des dégâts incommensurables
sur l'environnement et sur la santé publique, tant au niveau des hommes que de la faune, aquatique
notamment. L'économie circulaire concerne à la fois l'agriculture, la transformation agroalimentaire, les
services, l'industrie, l'artisanat.
L'économie circulaire ne se confond pas avec une simple gestion des déchets, au sens classique du terme,
même si celle-ci en est un élément majeur. Mais l'économie circulaire relève d'une conception plus
dynamique qui intègre la notion de valorisation des sous produits des biens produits, que ce soit en milieu
rural ou urbain.
Le changement passe par un travail intense sur les mentalités, de l'école à la population adulte, en passant
par les entreprises. Des lois spécifiques, détaillées dans le texte, devront être édictées, ainsi que des
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Les sols de la Martinique ont été irréversiblement gorgés de pesticides organochlorés, il est sormais impossible d’y
faire pousser des produits bio.
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Par exemple le bicarbonate de soude conjugué au vinaigre blanc est un nettoyant plus puissant que les produits
ammoniaqués et donne de l’eau chaude en fin de réaction après avoir éradiqué tous les germes.
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campagnes de communication, à l’instar des campagnes anti tabac dans les pays occidentaux qui en trente
ans ont porté leurs fruits.
La solution au problème ne passe pas par les ONG, qui ont largement balbutié sur le sujet sans résultats
probants, mais par la conception d'une politique de l'économie circulaire (rien ne se perd, tout se
transforme), par la mise en place de solides partenariats public-privés et un cadre légal rigoureux, respecté
de tous. Le SMCRS doit être repensé car la métropole est le plus pollué des espaces habités du pays, avec
des déchets journaliers (2 500 tonnes par jour
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) ; de même, les communes, noyaux décisionnels régionaux,
doivent être dotées de vrais moyens pour assurer leur fonction régalienne : garantir la propreté des villes.
Sinon, Haïti crée sa propre disparition par la pollution. Le pays est porteur de mort par l'absence de
gestion des déchets.
Il faut reconnaître que le libéralisme, conjugué aux faibles moyens de l'Etat, a laissé entrer la pollution
dans le pays.
Malheureusement il est des pollutions non rattrapables concernant la dégradation des sols, de la mer, de
l'eau, de l'air. La seule réponse contre certaines pollutions ne peut être que la prévention.
L'action demandera des engagements importants de l'Etat : sensibilisation de la population, mise en
œuvre de politiques de prévention et de sanction, édiction de lois, encouragement des entreprises de
recyclage et de récupération en milieu urbain et rural. Les lois existantes doivent être révisées mais
surtout appliquées ! Elles doivent en outre être complétées sur de nombreux points, notamment sur la
transformation des déchets d'origine agricole ou industrielle. Affaire d’ingénieurs, d’agronomes et de
juristes.
La métropole pourrait rester longtemps un problème du fait de son niveau de pollution. Elle nécessite
une politique spécifique, audacieuse, réclamée depuis plusieurs décennies par de nombreux
professionnels.
La mise en œuvre de l'économie circulaire ne peut pleinement se réaliser sur seulement 5 ans. Mais il est
temps de la mettre en route et de manière irréversible. Il est temps aussi aux politiciens de comprendre que
le développement n'est pas une affaire de mandature, mais demise en œuvre de politiques de long terme
qui dépassent nos fonctions momentanées et nos vies. C'est une obligation de tous envers les générations
futures.
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/ Selon le ministère de l'environnement (voir annexe 1)
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