des lieux ou encore de l’organisation et des sensibilités des professionnels (Thompson 2005,
Svendsen & Koch 2008, Merleau-Ponty 2015, Giraud 2015).
Ouverture : les enjeux anthropologiques et scientifiques.
Cette recherche postdoctorale constituera le premier jalon d’une réflexion plus large menée
sur la sélection dans la reproduction, en comparant la sélection dans le cadre de l’AMP et la sélection
sur le fœtus : diagnostic prénatal (DPN) et interruption volontaire et médicale de grossesse (IVG et
IMG). Il s’agira également de replacer cette réflexion dans un débat anthropologique plus large sur
la personne, le corps et l’engendrement. Certains travaux en anthropologie, face auxquels je me
positionne, réaffirment le « grand partage », le contraste culturel entre « l’Ouest et le reste », en
soutenant qu’en raison des techniques de procréation, nous serions désormais dans un monde post-
relationnel dans lequel les individus seraient uniquement définis par la génétique et le biologique.
Les relations se négocieraient après coup, laissant place à la seule vérité biologique (Strathern 1992).
M. Godelier (2003, 2004) disait que « nulle part un homme et une femme ne suffisent pour
faire un enfant ». A eux seuls ils fabriquent seulement un fœtus, mais pour que ce fœtus devienne un
enfant humain complet, cela nécessitera nécessairement l’intervention de tiers procréateurs, d’agents
plus puissants que les humains et dont la définition varie selon les sociétés (les ancêtres, Dieu, les
esprits, d’autres humains). Pourtant, selon Enric Porqueres i Gené (2004, 2009, 2014), le hasard, les
aléas de la génétique et la nature seraient ce tiers procréateur. Toujours présent et ce dans toutes les
sociétés, il contribue d’ailleurs dans la pensée symbolique à séparer l’humanité de l’animalité
(Collard 2011 : 22). Les situations de sélection, nous permettent de porter une attention particulière
et de révéler les éléments nécessaires dans la construction d’un être humain, d’une personne entière,
notamment cas où cette constitution progressive de la personne semble être mise en danger par une
technique, par l’intervention de l’Homme. Ces situations serviront donc de révélateurs.
Cette recherche me permettra donc de croiser utilement sociologie du « vivant », analyse de
la biopolitique, et anthropologie du corps, de la personne et de la parenté.
Inscription dans le laboratoire d’accueil.
Je développe une approche relationnelle proche de celle développée par des chercheurs du
LISST-CAS depuis plusieurs années maintenant comme Agnès Fine ou encore Jérôme Courduries.
Être intégrée dans ce laboratoire me permettrait de bénéficier d’un environnement de travail
particulièrement riche sur la parenté ainsi que sur les problématiques de diffusion/régulations des
innovations biomédicales, à travers les travaux de Pascal Ducournau travaillant sur l’ADN et en
particulier les tests génétiques, ou encore ceux de Jérôme Courduriès sur l’impact des technologies
de reproduction et la gestation pour autrui sur les relations de parenté.
Je souhaiterai m’investir pleinement aux activités du Labex, de la MSHS ainsi qu’à celles du
laboratoire en participant par exemple aux ateliers de recherche « la parenté et ses marges »,
coordonné par Agnès Martial, Jérôme Courduriès et Laurent Gabail. Envisageant en effet la parenté
comme relevant d’un ensemble relationnel plus large, les pratiques de sélection dans le cadre de
l’AMP participent directement de l’engendrement, de l’inscription d’un être dans la parenté et donc
l’humanité, ainsi que de l’institution d’une personne dans nos sociétés. Riche de mon expérience dans
l’enseignement à l’Université Lille 1, je pourrai également participer aux séminaires d’enseignement
et de recherche de l’équipe.