J.M. Leston / Neurochirurgie 55 (2009) 99–112 101
Fig. 2. Racine postérieure du trijumeau. La racine du trijumeau, située dans la
citerne de l’angle pontocérébelleux, présente trois contingents qui sont claire-
ment distincts au niveau de la zone de sa pénétration dans le tronc cérébral (le
pont) : la pars minor (supéromédiale), motrice, la pars major (inférolatérale),
sensitive et essentiellement thermoalgésique, et entre les deux, la pars interme-
diaris, véhiculant essentiellement les fibres cornéennes. Il existe au niveau de
la racine une somatotopie des fibres sensitives. Les fibres axonales provenant
des neurones (bipolaires en T) du nerf mandibulaire (V3) prédominent dans
sa portion inférolatérale, celles qui correspondent au nerf ophtalmique (V1)
dans sa portion supéromédiale et celles du nerf maxillaire (V2) dans sa portion
intermédiaire. Cette disposition est plus nette dans la région rétrogassérienne
que juxtaprotubérantielle ; il se produit en effet une redistribution des fibres
selon leur destination dans le tronc cérébral grâce à des anastomoses entre les
contingents des trois branches, en particulier au niveau du plexus triangulaire.
La racine motrice sous-croise le ganglion de Gasser de dedans en dehors et
d’arrière en avant pour devenir satellite du V3 au niveau du foramen ovale. Les
fibres sensitives, qui sont disposées suivant une somatotopie nette en rétrogas-
sérien, ont tendance à se regrouper selon leur modalité fonctionnelle au niveau
juxtaprotubérantiel. C’est ainsi que les fibres thermoalgésiques se placent pré-
férentiellement en inférolatéral, c’est-à-dire dans la pars major (pour se rendre
ensuite par le tractus descendant dans le noyau spinal, bulbomédullaire) et que
les fibres épicritiques et proprioceptives se placent en supéromédial, c’est-à-
dire dans la pars intermediaris (comme les fibres cornéennes) pour se rendre
dans le noyau principal pontique. Cette disposition expliquerait l’analgésie sans
anesthésie tactile complète et sans anesthésie cornéenne obtenue à la suite de
la section sélective de la pars major, dans la radicotomie partielle juxtaprotubé-
rantielle de la pars major. Les fibres proprioceptives et myotatiques du V, issues
pour la plupart des muscles masticateurs, après avoir cheminé dans la pars minor,
c’est-à-dire la racine motrice, forment le tractus mésencéphalique pour se termi-
ner sur le noyau mésencéphalique. Les cellules de ce noyau envoient des fibres
sur le noyau moteur (pontique) et jouent un rôle d’information dans la régulation
des neurones moteurs dont les axones se regroupent pour emprunter la racine
motrice (cheminant dans la pars minor) (Sindou et al., 2007).
Posterior trigeminal root. The trigeminal root, located in the pontocerebellar
angle cistern, presents three clearly distinct contingents in the zone where it
penetrates the brain stem (pons): the pars minor (superomedial), with a motor
function, the pars major (inferolateral), sensory and essentially thermoalgesic,
and between the two, the pars intermedia, essentially transports corneal fibers.
At the root, somatotopy of the sensory fibers can be found. The axonal fibers
from the neurons (bipolar T-shaped) of the mandibular nerve (V3) predominate
in this inferolateral part, those corresponding to the ophthalmic nerve (V1) in
its superomedial part, and those of the maxillary nerve (V2) in its intermediate
part. This arrangement is clearer in the retrogasserian region than in the juxta-
pontine; the fibers are redistributed according to their destination in the brain
stem based on anastomoses between the contingents of the three branches, par-
ticularly in the triangular plexus. The motor root crosses the gasserian ganglion
from interior to exterior and from back to front to become a satellite of V3 at the
foramen ovale. The sensory fibers, following a clear somatotopic arrangement
in the retrogasserian area tend to group according to their function at the jux-
tapontine. This is how the thermoalgesic fibers are placed with an inferolateral
preference, i.e., in the pars major (to then follow the descending tract in the
1. Noyaux et connexions centrales du système
trigéminal
Le noyau sensitif du trijumeau est une grande structure
s’étendant sur toute la longueur du tronc cérébral et dans la
moelle cervicale supérieure. On considère qu’il se compose de
trois sous-noyaux (Fig. 3):
•le noyau pontique, ou noyau sensitif principal, se situe dans
la calotte pontique, près de l’entrée du trijumeau ;
•le noyau spinal s’étend à l’arrière dans le bulbe et dans la
moelle spinale, descendant jusqu’au deuxième myélomère
cervical, où il se continue avec la substance gélatineuse de
Rolando, dont il est considéré comme l’homologue dans le
tronc cérébral ;
•le noyau mésencéphalique se situe dans le mésencéphale.
Les terminaisons des fibres afférentes ont une distribution
différentielle dans le noyau du trijumeau. Les fibres véhiculant
les sensations de toucher et de pression se terminent dans le
noyau pontique. Celles véhiculant les sensations de la douleur
et de la température se terminent dans le noyau gélatineux, attei-
gnant leur terminaison en descendant dans le faisceau spinal du
trijumeau, faisceau de fibres se situant immédiatement à la super-
ficie du noyau. Dans la moelle cervicale supérieure, le faisceau
spinal du trijumeau se retrouve en continuité avec la zone de Lis-
sauer de la corne dorsale. Quant aux afférences proprioceptives
des muscles masticatoires et de l’articulation temporomandibu-
laire, leurs corps cellulaires se trouvent non pas dans le ganglion
de Gasser, mais dans le noyau du mésencéphale. Ce sont les
seuls neurones afférents primaires dont les corps cellulaires se
trouvent dans le système nerveux central (SNC).
Les axones issus des neurones de second ordre dans le
noyau du trijumeau décussent pour former le faisceau trigémi-
nothalamique controlatéral (lemnisque trigéminal). Celui-ci se
termine dans le noyau postérieur ventral controlatéral du thala-
mus, lequel envoie des fibres au cortex sensitif du lobe pariétal.
En outre, le noyau du trijumeau envoie des fibres au cervelet et
établit des connexions réflexes avec certains groupes de moto-
neurones du tronc cérébral. Le principal d’entre eux est le noyau
facial qui régit les grimaces faciales et la fermeture des yeux
(réflexe cornéen) en réponse à une stimulation nocive dans le
territoire innervé par le trijumeau.
Les axones moteurs du trijumeau naissent des cellules du
noyau moteur du trijumeau, qui se situe dans la calotte pon-
tine, en position médiale par rapport au noyau sensitif principal.
spinal nucleus, the spinal cord–medullary junction) and the epicritical and pro-
prioceptive fibers are placed superomedially, i.e., in the pars intermedia (like
the corneal fibers), to then go to the pontine nucleus. This would explain the
analgesic effect without complete tactile anesthesia and without corneal anes-
thesia obtained after selective resection of the pars major in partial juxtapontine
rhizotomy of the pars major. The proprioceptive and myotactic fibers of V, most
from the masticatory muscles, after having traveled in the pars minor, i.e., the
motor root, form the mesencephalic tract and terminate in the mesencephalic
nucleus. The cells of this nucleus send the fibers on a motor nucleus (pons) and
play a role in relaying information in the regulation of motor neurons whose
axons are grouped to take the motor root (traveling in the pars minor) (Sindou
et al., 2007).