
Dossier
57 EconomieEntreprises Août-Septembre 2018
qu’en persévérant dans la volonté de réformer le secteur en
profondeur que nous pourrons les éradiquer». En e et, on
ne peut pas parler des insu sances dont sou re l’université
sans évoquer son autonomie qui demande à être renforcée
dans le cadre d’un système global de bonne gouvernance
«où le maitre mot sera la contractualisation entre le ministère
et les universités en vertu d’un cahier des charges fi xant clai-
rement les droits et obligations de chacun, le tout appuyé par
un système solide d’évaluation», martèle le secrétaire d’Etat.
A la recherche
d’e cience
Ainsi, la gouvernance est citée
en tête des défi s à relever par
la tutelle. Ce gros dossier passe
avant tout par le renforcement de
l’indépendance des universités
à l’instar des modèles interna-
tionaux. Comment? Il s’agit d’ins-
titutionnaliser l’auto-évaluation
annuelle des universités, le bilan
d’étape tous les deux ans ainsi
que l’évaluation externe tous les
quatre ans. Ces principes devront être inscrits dans la loi, se-
lon le ministère de tutelle. «L’université ne doit plus être un
établissement public à caractère administratif. Il faut changer
son statut pour qu’elle soit productive», avait souligné le mi-
nistre Said Amzazi à la presse marocaine. Ce dernier pro-
pose plutôt un contrôle d’accompagnement. Même le mo-
dèle de gestion doit être révisé. Actuellement, les universités
sont administrées par un conseil qui peut parfois atteindre
jusqu’à 100 membres. Ce qui complique les prises de dé-
cision. Quant au conseil de gestion, dont les membres sont
limités, il n’a aucun pouvoir décisionnel. À cela s’ajoute une
autre aberration: l’absence d’organigramme. Amzazi estime,
par ailleurs, nécessaire de revoir le système de nomination
des présidents d’universités et d’établissements en vue de
créer une bonne synergie entre les deux entités. Il appelle
aussi à permettre aux universités de créer des fondations
partenariales pour dépasser bon nombre de contraintes.
Quid de la gouvernance ?
A noter que le système d’enseignement supérieur marocain
est composé de trois grands secteurs: l’enseignement su-
périeur public, l’enseignement supérieur dans le cadre du
partenariat public-privé et l’enseignement supérieur privé.
Dominant, l’enseignement supérieur public regroupe notam-
ment les universités. Le Royaume compte douze universités
publiques et une université publique à gestion privée répar-
ties sur les di érentes régions du pays. Aux structures univer-
sitaires s’ajoutent également les établissements d’enseigne-
ment supérieur ne relevant pas des universités (EENSNPU).
Il s’agit d’établissements d’enseignement supérieur placés
sous la tutelle administrative et fi nancière de ministères
techniques et sous l’autorité pédagogique du ministère de
l’Enseignement supérieur. Pour leur part, les universités et
les établissements créés dans le cadre de partenariats sont
des fondations à but non lucratif. Ces universités et établis-
sements sont sous l’autorité pédagogique du ministère de
l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifi que et de
la Formation des cadres. De son côté, l’enseignement supé-
rieur privé comporte des universités et établissements créés
par des initiatives privées, mais sous l’autorité pédagogique
du ministère de l’Enseignement
supérieur, de la Recherche
scientifi que et de la Formation
des cadres. S’agissant de la
gouvernance, elle est assumée
par la Commission nationale
de coordination de l’enseigne-
ment supérieur (CNCES). Cette
dernière est une instance de
régulation créée par la loi 01-00
portant organisation de l’en-
seignement supérieur. Elle est
chargée notamment de formu-
ler un avis sur la création des
universités et/ou de tout autre
établissement d’enseignement
supérieur public ou privé et de donner un avis sur les de-
mandes d’accréditation des fi lières. D’autres organes inter-
viennent en ce qui concerne la gouvernance. C’est le cas
notamment du Conseil de coordination qui est une instance
de régulation qui émet un avis consultatif sur toutes les ques-
tions d’ordre pédagogique et organisationnel intéressant les
établissements d’enseignement supérieur ne relevant pas
des universités.
Un personnel plus abondant et mieux formé
S’agissant des ressources humaines, il est aujourd’hui plus
que primordial de mettre fi n à la problématique du manque
d’enseignants. Le dossier de la formation des enseignants et
des recrutements est d’autant plus épineux dans les établis-
sements à accès ouvert (les universités) qui accueillent plus
de 80% des étudiants marocains. Le taux d’encadrement
varie d’un établissement à l’autre. Car si dans les établisse-
ments à accès limité, on compte en moyenne un enseignant
pour 19 étudiants, dans les universités, ce chi re passe à 40
étudiants voire 200 selon la branche proposée dans chaque
faculté. En 2019, les besoins en enseignants seront plus im-
portants alors que l’expérience démontre que le nombre de
postes budgétaires a ectés à l’enseignement supérieur est
resté très limité au cours des dernières années, ne dépas-
sant pas les 700 postes par an. L’enjeu de la réforme enta-
mée par l’Etat est donc énorme à tous les niveaux. L’objectif
est donc de rehausser la qualité de l’enseignement supé-
rieur notamment dans les universités (surtout les facultés de
droit) qui sou rent d’une grande faiblesse de rendement tant
interne qu’externe.
LA
CONTRACTUALISATION
ENTRE LE MINISTÈRE ET
LES UNIVERSITÉS PEUT
CHANGER LA DONNE.