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III/ Un système organisé.
La langue est un système organisé. Ce système est un code qui comprend une
double articulation correspondant aux mots (morphèmes) et aux sons (phonèmes).
Les éléments de première articulation, les morphèmes, sont des unités
significatives ; elles sont en nombre illimité, et peuvent engendrer un nombre illimité
de messages. Ces unités, qui ont un sens, sont elles-mêmes constituées d’éléments
qui constituent la deuxième articulation : les phonèmes. Ce sont des unités
phoniques, dénuées de signification. Cependant elles ont une fonction distinctive,
discriminante (cf. [k] dans cat permettant la distinction avec bat) ; là aussi, un nombre
limité engendrant un nombre illimité de sons organisés.
Partant de cette double articulation, on pourra mettre en évidence les niveaux
d’analyse suivants :
- phonologie : étude des unités du langage oral. La phonétique décrit les unités
sonores de base (application pratique) ; la phonologie étudie l’organisation des
sons (théorie).
- morphologique : étude de la structure interne des mots.
- lexicologie : étude du vocabulaire qui compose le lexique d’une langue.
- syntaxe : étude de l’organisation des mots en séquences grammaticalement bien
formées. Comment les mots se combinent-ils pour former des syntagmes (suites)
et des phrases ? L’énoncé proposé par le linguiste Noam Chomsky : Colourless
green ideas sleep furiously nous montre que cette séquence respecte les règles
(génératives) de bonne formation de la phrase mais elle est dénuée de sens. Ce
niveau est donc indissociable du suivant :
- sémantique : étude de la signification, du sens. L’interprétation se fait à partir de
la combinaison des significations des mots.
- pragmatique : une linguistique du discours, qui met en relation les formes
linguistiques avec le contexte dans lequel elles interviennent. Elle intègre les
situations et les contextes de communication. La pragmatique a été développée
par John Searle à partir des travaux du logicien John L. Austin sur les actes de
langage (Speech Acts 1969). Cette conception du discours montre que l’activité
langagière ne se limite pas à l’information.
Pour Austin, produire un énoncé, c’est réaliser trois types d’acte de parole :
- un acte locutoire (produire)
- un acte illocutoire, car la production a une force dirigée dans un certain sens. Par
exemple, l’énoncé It’s stifling hot in here ! n’est pas dénué d’intention. Cela revient à
demander par exemple d’ouvrir la fenêtre. Ainsi le locuteur peut constater, ordonner,
conseiller, promettre, interdire…
- un acte perlocutoire car la parole peut provoquer chez le destinataire un effet plus
ou moins prévisible comme l’émotion, la colère, elle peut intimider, convaincre…