UFR Langues et Civilisations Pays anglophones Année Universitaire 2011-2012 Licence : d’Anglais Année de licence : 2ème Année Semestre : 1er semestre Code de UE : L3IAU2 Nom de l’UE : Linguistique Linguistique Morphologie - Syntaxe Auteur : Année de création : Catherine MOREAU 2006 Année de mise à jour : Les cours sont strictement réservés à l’usage privé des étudiants inscrits à l’UFR Langues et Civilisations de l’université Michel de Montaigne de Bordeaux 3. Toute personne qui utiliserait ce document à d’autres usages ou qui en ferait une reproduction intégrale ou partielle sans le consentement de l’UFR Langues et Civilisations de l’université s’exposerait aux poursuites judiciaires et sanctions prévues par la loi. 1 UE1 Linguistique C. Moreau Ce cours de linguistique s’adresse à des étudiants débutants possédant une bonne maîtrise des règles grammaticales qui régissent la langue anglaise. Il fait suite au cours de 1° année qui remet en place ces principes fondamentaux. Vous devrez, tout au long du programme de l’année, vous appuyer sur une grammaire explicative de l’anglais. La référence, qui est proposée dans le guide de l’étudiant, est la suivante : Larreya, P. Rivière, C., Grammaire explicative de l’anglais, Pearson Longman, 2005. La première partie de ce semestre traite de la morphologie. L’ouvrage suivant, qui est une présentation détaillée des principes fondamentaux, pourra vous aider à approfondir le cours : Bassac, C., Principes de morphologie anglaise, Presses Universitaires de Bordeaux, 2004. La deuxième partie du semestre traite de la syntaxe. Vous pourrez vous appuyer sur l’ouvrage suivant : Rivière, C., Pour une syntaxe simple à l’usage des anglicistes, Ophrys. Vous y trouverez des exercices corrigés. 2 INTRODUCTION A LA LINGUISTIQUE I/ La grammaire et la linguistique. Elles n’ont pas la même optique. La grammaire a une visée normative car elle prescrit des règles à ne pas transgresser. La perspective de la linguistique est différente : c’est « l’étude systématique des éléments constitutifs d’une langue, sons, formes, mots, procédés » (Le Robert). Elle a une visée descriptive et explicative. C’est une démarche scientifique, qui n’est pas fondée sur un jugement esthétique ou éthique, mais sur l’observation et l’explication des faits de langue. Selon le linguiste suisse Ferdinand de Saussure (1857-1923), la linguistique « a pour objet unique et véritable la langue envisagée en elle-même et pour elle-même ». Il distinguait le concept de langue (« un tout en soi ») de celui de parole (les phénomènes liés à son utilisation). L’objet de notre étude est le langage humain, qui se différencie du langage de la musique, des fleurs ou des abeilles, car c’est un système organisé différent. En effet, on organise la langue en procédant à des découpages, à des regroupements, à des ponctuations. Le langage humain a la capacité à produire, à partir d’un nombre fini d’éléments, un nombre infini de séquences grammaticales interprétables. II/ La langue est une activité symbolique. En effet, toute langue est constituée d’un système de signes. Le signe linguistique est un élément double, constitué du signifiant et du signifié. Le signifiant est l’enveloppe sonore, l’image acoustique, l’expression phonique. Le signifié est le concept évoqué, son contenu sémantique. Par exemple, le signe CAT est constitué du signifiant, analysable en phonèmes (/k/ /a/ /t/), et du signifié : ‘animal félin domestique qui miaule’. Ce signe est associé à un élément du réel auquel il renvoie : son référent. Selon les cas, le référent sera spécifique (s’il renvoie à un élément identifiable dans une situation particulière) ou générique (s’il renvoie à une classe). 3 Le contexte donnera une idée du référent : My cat has blue eyes (spécifique) Cats can see in the dark (générique) Le rapport qui existe entre signifiant et signifié est arbitraire. Saussure (1969 : 100) : "Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe est arbitraire." On dira que le signe est immotivé car il n’entretient pas d’attache naturelle avec la langue. Le rapport entre le signifiant et le signifié est arbitraire puisqu’il varie d’une langue à l’autre. Ce rapport est nécessaire pour que le signe fonctionne et il est conventionnel puisque fondé sur l’entente d’une communauté linguistique. Il y a cependant quelques limites à l’arbitraire du signe, si on tient compte (entre autres) de la motivation par iconicité (correspondance partielle entre la forme et ce qu'elle représente) : par exemple les onomatopées (fr. cocorico, angl. cock-a-doodledoo). Cependant, comme le souligne Milner (1989 : 339) : "En aucun cas, la signification lexicale n'est entièrement déterminée par la forme phonologique, en aucun cas, la forme phonologique n'est entièrement déterminée par la signification lexicale." Du rapport entre signifiant et signifié on peut aussi remarquer des phénomènes différents liés au fait que la langue n’est pas le reflet de la réalité : - à un signifiant correspond un signifié : monosémie. Par exemple : table. - à un signifiant correspondent plusieurs signifiés : polysémie / homonymie. Par exemple: mean (mesquin) / mean (signifier). Aussi book/book, write/right. - à plusieurs signifiants ne correspond qu’un seul et même signifié : synonymie. Par exemple : amuse / entertain (amuser, divertir). L’ordre des mots aussi esr signifiant : she has arrived / has she arrived ? Les signifiants suprasegmentaux (accentuation, intonation) entrent également en jeu. On constate que chaque langue découpe la réalité à sa façon. Par exemple, on pourra trouver un seul vocable en français pour deux en anglais : bœuf–beef,ox mouton-mutton,sheep veau-veal,calf Enfin, on constate une distorsion entre les signes graphiques (langue écrite) et les sons (langue orale). Par exemple, différents sons pour une même graphie : ‘ou’ dans rough, cough, though, bought. Ou encore le cas de lead ([i :] )/ lead ([e]). Ceci nous poussera, du point de vue méthodologique, à différencier forme et valeur. Par exemple, dissocier les deux valeurs du prétérit dans : we left yesterday et it’s high time we left now. 4 III/ Un système organisé. La langue est un système organisé. Ce système est un code qui comprend une double articulation correspondant aux mots (morphèmes) et aux sons (phonèmes). Les éléments de première articulation, les morphèmes, sont des unités significatives ; elles sont en nombre illimité, et peuvent engendrer un nombre illimité de messages. Ces unités, qui ont un sens, sont elles-mêmes constituées d’éléments qui constituent la deuxième articulation : les phonèmes. Ce sont des unités phoniques, dénuées de signification. Cependant elles ont une fonction distinctive, discriminante (cf. [k] dans cat permettant la distinction avec bat) ; là aussi, un nombre limité engendrant un nombre illimité de sons organisés. Partant de cette double articulation, on pourra mettre en évidence les niveaux d’analyse suivants : - phonologie : étude des unités du langage oral. La phonétique décrit les unités sonores de base (application pratique) ; la phonologie étudie l’organisation des sons (théorie). - morphologique : étude de la structure interne des mots. - lexicologie : étude du vocabulaire qui compose le lexique d’une langue. - syntaxe : étude de l’organisation des mots en séquences grammaticalement bien formées. Comment les mots se combinent-ils pour former des syntagmes (suites) et des phrases ? L’énoncé proposé par le linguiste Noam Chomsky : Colourless green ideas sleep furiously nous montre que cette séquence respecte les règles (génératives) de bonne formation de la phrase mais elle est dénuée de sens. Ce niveau est donc indissociable du suivant : - sémantique : étude de la signification, du sens. L’interprétation se fait à partir de la combinaison des significations des mots. - pragmatique : une linguistique du discours, qui met en relation les formes linguistiques avec le contexte dans lequel elles interviennent. Elle intègre les situations et les contextes de communication. La pragmatique a été développée par John Searle à partir des travaux du logicien John L. Austin sur les actes de langage (Speech Acts 1969). Cette conception du discours montre que l’activité langagière ne se limite pas à l’information. Pour Austin, produire un énoncé, c’est réaliser trois types d’acte de parole : - un acte locutoire (produire) - un acte illocutoire, car la production a une force dirigée dans un certain sens. Par exemple, l’énoncé It’s stifling hot in here ! n’est pas dénué d’intention. Cela revient à demander par exemple d’ouvrir la fenêtre. Ainsi le locuteur peut constater, ordonner, conseiller, promettre, interdire… - un acte perlocutoire car la parole peut provoquer chez le destinataire un effet plus ou moins prévisible comme l’émotion, la colère, elle peut intimider, convaincre… 5 Il faut également différencier l’acte constatif, qui a une valeur de vérité comme it’s raining et l’acte performatif I declare the meeting open. En effet ce dernier énoncé ne peut pas recevoir de valeur de vérité (vrai/faux). Le locuteur accomplit l’acte même de déclaration d’ouverture de la séance. Sans le dire, il n’y a pas d’acte d’ouverture. Ainsi énoncer revient à faire quelque chose, de là le terme ‘performatif’ (Austin : How to do things with words). Les critères sont la marque de la 1° personne (le l ocuteur qui prend en charge), le présent (les actions de dire et de faire s’effectuent au même moment), forme simple (pas be-ing qui décrirait l’événement). Il faut aussi que le sémantisme du verbe s’y prête. Nous nous intéresserons dans ce cours aux domaines de la morphologie et de la syntaxe. IV/ Différentes approches. L’optique de la linguistique au départ était historique : c’était une linguistique diachronique. La linguistique diachronique suit le système d’une langue au fil de son histoire. Cette perspective diachronique s’inscrit en parallèle avec une perspective synchronique, qui est la description d’un état de langue donné. Dans la perspective synchronique, apparaît l’approche formaliste : description très formelle des langues comme le structuralisme inspiré par F. de Saussure. Certains linguistes comme Gustave Guillaume (1883-1960) continuent cette tradition qui prend en compte le sens, la pensée et le psychisme : c’est l’approche psychomécanique du langage. La méthode distributionnaliste de l’américain Leonard Bloomfield (1887-1949) s’en écarte, c’est une linguistique mécanique qui décrit et établit des listes de classes finies. Par opposition, la théorie de la grammaire générative de Noam Chomsky (né en 1928) établit des règles qui permettent la production (engendrement) d’un nombre infini de phrases possibles, à partir d’un nombre fini d’unités du système. La perspective psycholinguistique, de son côté, est fondée sur les conceptions ‘behavioristes’ du comportement. Enfin, élaborée à partir de la linguistique structurale, et rejoignant la pragmatique, la théorie de l’énonciation s’appuie sur des concepts d’Emile Benvéniste qui prend en compte la position de l’énonciateur. Cette approche a été développée par Antoine Culioli dans les années 70 avec la théorie des opérations prédicatives et énonciatives (TOPE) qui s’intéresse aux opérations de repérage qui conduisent à la production des énoncés. Il considère le langage comme une activité de production et de reconnaissance des formes. Dans cette mouvance, la linguistique cognitive développée par l’Américain Ronald Langacker revendique une prise en compte des phénomènes mentaux et utilise une représentation symbolique. 6 MORPHOLOGIE Introduction. La morphologie est l’approche du système des formes. L’analyse synchronique repose sur la description d’un état de langue donné. L’analyse diachronique recherchera ses racines (ce n’est pas l’objet de ce cours). Dans le langage courant, un mot est une suite de caractères graphiques ou de sons formant une unité sémantique (unité de sens) et pouvant être distingués par un séparateur (blanc typographique à l'écrit, parfois une pause à l'oral). I/ Morphème, morphe. Les mots sont la forme phonique ou graphique représentant des notions. Plusieurs notions peuvent être combinées pour construire un mot. On peut retrouver la composition du mot en procédant à une segmentation. Cette procédure de segmentation ne respecte pas nécessairement la coupure syllabique. Par exemple, une syllabe (went) peut représenter deux notions (go + prétérit) ; de même, pour deux syllabes (ta-ble), une seule et même notion (table). Le mot se compose d’unités minimales appelées morphèmes. Le morphème est la plus petite unité abstraite porteuse de sens (significative). Elle est isolable par segmentation. La limite de la procédure de segmentation est atteinte lorsqu’on met en évidence des unités dénuées de sens. Par exemple, on peut segmenter player en deux morphèmes {PLAY} + {ER}. Segmenter davantage ne serait pas pertinent : *{PLA} ou *{PL}. Chaque morphème est donc indivisible tout en ayant un sens propre. Le morphème a pour propriété de se distribuer (apparaître) dans plusieurs environnements distincts. Par exemple, {ER} pourra être associé à d’autres bases verbales : driver, runner car ce morphème porte la valeur d’agentivité (représente l’idée du sujet-agent). Le morphème opère donc une variation de sens dans une distribution donnée : drive # driver. Cependant, on ne le trouve pas dans water, qui n’est pas segmentable. Le morphème (unité abstraite) est isolable. Il est représenté concrètement sous la forme d’un morphe. Le morphe représente la forme phonique concrète du morphème. Par exemple, dans he looked at her, looked est composé des morphèmes {LOOK} et {D1} (ou {ED} du prétérit). Chaque morphème dans ce cas est représenté par un morphe, forme phonétique : {LOOK} se réalise en /λΥκ/, {D1} se réalise en /τ/. 7 le morphe est composé d’une ou de plusieurs unités minimales de son, le phonème. Par exemple le morphe /λΥκ/ se compose des phonèmes /λ/, /Υ/ et /κ/. N.B. : Nous laisserons de côté le niveau phonétique (2° niveau d’articulation), qui est construit sur le même modèle que le morphème. En effet, le phonème est une unité minimale de son, commutable, qui n’a de sens qu’en opposition à un autre. On ne peut l’identifier que par distinction pertinente avec un phonème voisin, dans la mesure où, par commutation (substitution) on est conduit à identifier un changement du sens du segment. Par exemple dans /κæτ/ et /bæτ/ l’opposition /κ/ et /b/ est pertinente. /κ/ représente une unité distinctive (discriminante). Le phonème seul n’a pas de sens. D’autre part, il se réalise sous la forme concrète d’un phone. II/ Typologie des morphèmes. a) critères distinctifs. - critère formel/d’autonomie : Il permet de distinguer les morphèmes libres des morphèmes liés. Les morphèmes libres ont une existence autonome : a, nice, weather, …. Les morphèmes liés sont nécessairement affixés à une base : -en, -ed, -er, …. - critère statistique : Il se fonde sur l’extension de la classe à laquelle appartient le morphème. On distingue ainsi deux types de morphèmes : - les morphèmes lexicaux (ou léxèmes) appartiennent à une classe (liste) ouverte, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de limite aux possibilités de création : par invention totale (rare), par emprunt (‘risqué’), par acronyme (a nimby = a Not In My BackYard), par suffixation ou par composition. Les morphèmes grammaticaux appartiennent à une classe fermée car ils sont en nombre limité. Ils sont le plus souvent liés, affixés aux léxèmes : {D1} du prétérit, {D2} du passé, {Z1} du pluriel, {Z2} du génitif, {Z3} de la 3° personne du singulier au présent, pour ne citer que les plus courants. Ce sont des affixes. Par convention, on note les morphèmes en lettres majuscules entre crochets. A noter que certains morphèmes grammaticaux sont non affixés (libres) mais liés au contexte car ils ont un rôle relationnel (articles, connecteurs) : the, which, but…. Ce sont des mots grammaticaux. - - critère distributionnel : Il concerne aussi bien les léxèmes que les morphèmes grammaticaux. Il permet de les distribuer dans des classes grammaticales (ou parties du discours) différentes : N, Adj, Adv, V, Prép. 8 - critère positionnel : Il concerne les affixes (morphèmes grammaticaux liés à une base). Il permet de classer les affixes selon leur position par rapport à leur base : en position initiale on parlera de préfixe (un- dans unplug), en position finale on parlera de suffixe (-ed dans plugged). . - critère structural : Il concerne les affixes. Il permet de les classer selon la relation qu’ils entretiennent avec leur base. Certains opèreront une flexion, d’autres opèreront une dérivation. Nous développerons ultérieurement ces deux procédés ©. b) La base des morphèmes lexicaux Le morphème lexical est nécessairement constitué d’une base (dite d’affixation). La base est une forme constituée d’un ou plusieurs morphèmes à partir de laquelle on opère éventuellement une affixation. La base peut-être de type radical ou thème. Un morphème lexical est nécessairement constitué d’une forme représentant son radical. Le radical n’est pas susceptible de réduction : bake dans bakers. Tout radical est une base (pouvant recevoir une affixation). On parle de base radicale. Cependant toute base n’est pas nécessairement un radical. On peut en effet opérer une affixation sur une base non réduite, comme baker dans bakers. Quand une base n’est pas radical, on parle de base de flexion ou de base de dérivation, selon qu’elle opère une flexion ou une dérivation. Ceci nous amène à faire l’étude des affixes selon le critère fonctionnel. c) Phénomènes de flexion et dérivation. c.1. Flexion (Angl. : inflection) : Les affixes flexionnels (Angl. : inflectional) sont en position finale, ils sont les plus productifs. Affixés à leur base, ils opèrent une flexion (marques de conjugaison du verbe ou de déclinaison du Nom). C’est pour cela qu’on les appelle aussi affixes désinentiels. C’est le cas des affixes –s du pluriel, -ed du prétérit, …. Par exemple –s dans books, ou -ed dand disappeared. Le mot affixé qui en résulte appartient à la même catégorie grammaticale que la base. Par exemple books reste un Nom, disappeared reste un Verbe. Le changement est limité à une flexion, il n’altère pas le sémantisme de la base. Ces 9 affixes sont dits aussi destructibles car si on les détruit, on ne change pas le sens de la base. Ces affixes opèrent sur une base de flexion comme book dans books, ou disappear dans disappeared. On remarquera qu’une base de flexion peut être un radical (ici book) ou non (ici disappear). Ces affixes sont dits non-dérivationnels pour les opposer aux suivants. c.2. Dérivation : Les affixes dérivationnels peuvent être des préfixes ou des suffixes. Ils opèrent une dérivation sur leur base pour former un nouvel item lexical, par changement de catégorie grammaticale ou de sens. Certains ne changent pas la classe, mais le sens. Ils sont appelés affixes compositionnels. Par exemple ceux qui donnent un sens contraire : -un dans unhappy ou dis dans dislike ou in dans inefficient. Ici seul le sens change, la catégorie reste la même. Pour les suffixes, on trouvera par exemple –hood dans childhood ou encore –ship dans friendship. Les autres changent la classe distributionnelle de la base. A partir d’une base nominale, ils pourront former un verbe. Par exemple, le préfixe dis- dans discourage, ou encore le suffixe en- dans lengthen. A partir d’une base adjectivale, ils pourront former un verbe ou un nom. Par exemple le préfixe en- dans enrich ou encore le suffixe –ness dans coolness. c.3. La relation avec leur base. Ainsi c’est la relation qu’établit l’affixe avec sa base qui permettra de dire si cet affixe est dérivationnel ou pas. Si l’affixe n’opère pas de dérivation, il est flexionnel (ou désinentiel). On dira qu’il entretient avec sa base une relation endocentrique (on reste à l’intérieur du centre formé par la base). Dans ce cas sa base est une base de flexion. Si l’affixe opère une dérivation (de sens ou de catégorie), il est dérivationnel. On dira qu’il entretient avec sa base une relation exocentrique (on sort du centre). Dans ce cas sa base est une base de dérivation. Ne pas oublier que la base (qu’elle soit de flexion ou de dérivation) peut être un radical ou non (cf. II/b). 10 C.4. Les cycles d’affixation. Enfin, il faudra tenir compte de la productivité pour construire l’ordre d’affixation. Par exemple l’affixation du préfixe {UN} à sa base ne pourra se faire en premier car *unsuccess n’existe pas. Il faut donc d’abord construire success-ful, puis unsuccessful. Parfois la productivité est pauvre, ce qui orientera notre choix. Ou bien il faudra décider sachant que l’affixation de {UN} à un adjectif est plus productive que son affixation à un nom. C’est ainsi que l’on reconstruira les cycles suivants pour unhappiness : d’abord un-happy puis unhappy-ness. III/ Décomposition en morphe. La procédure de segmentation permet de retrouver les morphèmes composant le mot. Nous avons vu que le morphème se réalise sous la forme d’un morphe unique. Ce sera toujours le cas dans les langues agglutinantes, comme le Turc ou le Hongrois. En anglais, ça n’est pas toujours le cas. Certains morphèmes pourront se réaliser sous la forme de plusieurs morphes (dits allomorphes), et d’autres n’auront pas de réalisation sous la forme concrète d’un morphe. a) réalisation du prétérit. a.1. Conditionnement phonologique. Les cas suivants permettent de mettre en évidence une réalisation du morphème, représenté graphiquement par -ed : cleaned = /cli:n/ + /d/ looked = /luk/ + /t/ added = /æd/ + /id/ Le morphème du prétérit {D1} a ici une réalisation quantitative. En effet, à deux morphèmes correspondent deux morphes. Le prétérit apparaît sous une forme concrète : il a été ajouté au morphe représentant la base verbale. Il apparaît régulièrement sous la forme de trois morphes différents, comme dans nos exemples : /d/, /t/, /id/. Ces réalisations différentes d’un même morphème s’appellent des allomorphes (allos, en grec, signifiant autre). 11 Quelles sont les règles qui régissent l’apparition d’un allomorphe plutôt qu’un autre ? C’est la loi d’assimilation qui fait s’accorder en voisement les deux phonèmes voisins : celui de la base et celui de l’affixe. Si l’environnement est voisé, le phonème sera voisé, et inversement. Dans notre premier exemple cleaned, il s’agit d’associer au phonème terminal /n/ un son qui soit comme lui voisé (sonore) : c’est le cas du phonème /d/. Dans l’exemple suivant looked, on associe au phonème non-voisé (sourd) /k/ un phonème qui a le même trait non-voisé : /t/ (sourd). Pour ce qui concerne le dernier exemple, nous avons un cas dont le phonème terminal est voisé. Il devrait recevoir le phonème /d/. Cependant, il a les mêmes caractéristiques que lui : même point d’articulation (c’est une dentale), même mode d’articulation (c’est une plosive). Ainsi pour marquer la présence du morphème du prétérit sous la forme concrète d’un morphe a-t-on recours au son /id/. Il en sera de même pour les exemples se terminant avec le phonème /t/, comparable au phonème non-voisé /t/ du prétérit. Ainsi, dated = /deit/ + /id/. On met ainsi en évidence un conditionnement phonologique qui montre l’influence qu’exerce un phonème sur un autre. On voit donc apparaître /d/ dans un environnement voisé, /t/ dans un environnement non-voisé, et /id/ au voisinage de /t/ et /d/. a.2. distribution complémentaire. Deux allomorphes sont dits en distribution complémentaires lorsqu’ils se complètent dans la distribution des morphes d’un même morphème. Il faut qu’ils représentent le même morphème, et qu’ils s’excluent mutuellement. Par exemple, les morphes /t/ et /d/ sont en distribution complémentaire car : - ce sont des réalisations du même morphème du pluriel {D1} - ils n’apparaissent jamais dans le même environnement (contexte voisé pour l’un, non-voisé pour l’autre). Ils se complètent dans la distribution. Il en est de même pour les allomorphes /t/ et /id/, et pour /d/ et /id/. Ce phénomène est généralisable pour toute autre paire d’allomorphe à condition qu’ils représentent le même morphème. 12 a.3. Conditionnement morphologique. Certaines bases ne sont pas soumises au conditionnement phonologique. Le morphème affixé ne se réalise pas de manière quantitative en s’ajoutant à la base : il n’est pas représenté sous la forme d’un morphe. Sa réalisation est qualitative. En effet, partant de deux morphèmes, celui de la base et celui du prétérit, on ne voit apparaître qu’un seul morphème. Par exemple pour le prétérit ran, composé des morphèmes {RUN} + {D1}, la réalisation se fait sous la forme d’un morphe unique /ræn/. Ce morphe est le résultat d’une fusion des deux morphèmes constitutifs. On parlera d’amalgame. Ce phénomène concerne les verbes dont le prétérit est dit ‘irrégulier’ (bien qu’on ne puisse pas parler d’irrégularité dans ces cas). Plusieurs cas de figure se présentent pour cette réalisation qualitative. - l’alternance vocalique. C’est un procédé ancien de formation du prétérit (et du participe passé) qui consistait à changer la voyelle du thème nu. C’est le procédé d’apophonie. Le prétérit de run en est un exemple. En effet, ce qui marque le prétérit, c’est la forme /ræn/ qui est pertinente parce qu’elle alterne avec la forme non marquée /rΛn/. L’alternance entre les sons vocaliques /Λ/ et /æ/ est significative. La réalisation du morphème se fait de manière qualitative. L’alternance vocalique peut se faire sur de nombreux modèles : par exemple /i/-/ei/ pour gave, /i/-/æ/ pour drank, /Λ/-/ei/ pour came, /i/-/Λ/ pour clung, etc… - Absence de modification. Lorsqu’il n’y a pas de modification de forme, la réalisation du prétérit est qualitative. C’est le cas de cut, qui bien que composé de deux morphèmes, se réalise en un seul morphe. On parle d’absence de morphe. . - Modification de la base. On peut trouver une modification de la base, par exemple dans le passage de can à could : on remarque une modification vocalique (de /æ/ à /u/) et consonantique (de /n/ à /d/). Modification totale de go à went. C’est un procédé de supplétion. Dans le cas de feel comme dans celui de mean, on note dans felt et meant une réalisation qualitative par alternance vocalique (de /i:/ à /e/, mais aussi une réalisation quantitative par adjonction du phonème /t/. Ceci est une description en synchronie. Cette modification s’explique en diachronie : c’est un phénomène, appelé le Grand Changement vocalique (GCV), qui se décrit par la fermeture progressive des sons vocaliques longs (comme /e:/, /u:/). Par exemple le présent de mean se prononçait 13 avec un son ouvert : mean = /me:n/ ; le GCV a fermé le son en /i:/. Au prétérit, le son /t/ a bloqué la fermeture du /e:/ qui a donc été maintenu : meant = /me:nt/. Il n’a pas subi le GCV. b) réalisation du pluriel : autre exemple. Le pluriel est construit sur le même modèle. De manière régulière le morphème {Z1} qui représente le pluriel se réalise dans un morphe qui apparaît sous la forme de trois allomorphes. Leur apparition obéit aussi à la loi d’assimilation : /z/ dans un environnement voisé comme dans cars, /s/ dans un environnement non-voisé comme dans cups, et /iz/ en voisinage avec les sifflantes /z/ et /s/ comme dans noses et boxes. C’est une réalisation quantitative. Ce conditionnement phonologique s’oppose aux cas de conditionnement morphologique, où la réalisation est qualitative. On retrouve l’alternance vocalique : avec men on passe de /æ/ à /e/. Certains cas comme oxen s’expliquent en diachronie. C’est la survivance du pluriel des mots à l’état ancien mais le morphe n’obéit pas à un conditionnement phonologique, il est unique. Autre cas ayant subi le GCV : foot, à l’origine fot . Le son s’est fermé vers l’arrière pour donner /fut/. Son pluriel, à l’origine /fet/ s’est fermé vers l’avant donnant /fi:t/. IV/ Les mots composés. Dans la dérivation, on ajoute un ou plusieurs affixes. En revanche, dans la composition deux ou plusieurs bases se combinent entre elles. Les éléments juxtaposés peuvent être : - accolés : bookshelf, popcorn - reliés par un trait d’union : far-fetched, duty-free - sans marque graphique : customs officer, washing machine La composition est nominale ou adjectivale : a) Les Noms composés. Parmi ces noms, on retrouve des structures diverses. Ils peuvent être composés de 2 noms, d’un adjectif + un nom, ou à partir d’une base verbale. a)1. Structure N+N. - composé endocentrique : 14 Prenons par exemple raincoat. Dans cette construction, le deuxième terme (coat) est plus central que l’autre, c’est le mot noyau. Il définit une classe générale précisée par l’autre terme. On pourra dire en effet a raincoat is a coat, répondant au critère général ‘an XY is a Y’. On appelle l’élément central la tête du mot composé. L’élément qui le précède apporte une précision, c’est le modificateur. On trouve de nombreux exemples comme policewoman, teacup, fire truck, mail box, bookshelf, wallpaper, doghouse.… Comme le sens du composé se déduit d’un de ses éléments, on parle alors de composé endocentrique : la tête est à l’intérieur du composé. - composé exocentrique : Il existe cependant des composés où le sens ne se déduit pas d’un de ses éléments internes. On parle de composé exocentrique. Le composé paperback ne tire pas sa signification de back, la tête est à l’extérieur. En effet on ne dira pas *a paperback is a back, mais a paperback is a book (with a paperf cover).. Le sens se déduit d’une tête vide, non audible, placée à droite. Autre exemple : cocktail (= a drink). Aussi a lionheart (someone brave). a)2. Structure Adjectif+Nom. On retrouve le même schéma : Le composé endocentrique comprend le modifificateur à gauche (l’adjectif) et la tête à droite (le nom). Il obéit au schéma ‘an XY is a Y’ mais aussi à ‘the N is Adj’. Exemple : blackbird. On dira ‘a blackbird is a bird’ mais aussi ‘the bird is black’. Même chose pour blackboard. Le composé exocentrique est différent. Pour paleface on dira ‘a paleface is an indian’ .. Pour round table on dira ‘a round table is a round-table discussion, (not a table)’. a)3. Structure à base verbale. Les constructions sont plus variées. Elles dépendent des relations qu’entretiennent les éléments avec le verbe. Schéma sujet-verbe : earthquake. C’est la terre qui tremble. Schéma verbe-sujet : playboy. Schéma verbe-objet : breakfast. Ici, le sujet n’est pas nommé. Ce qu’il fait, c’est qu’il romp le jeûne. Aussi callgirl, popcorn. 15 Schéma objet-verbe : haircut, birth-control, taxpayer, screwdriver, corkscrew. Dans ce cas, l’objet, placé devant le verbe, fonctionne comme un modificateur car il apporte une précision sur le domaine d’activité représenté par le verbe. Schéma verbe-particule adverbiale : Grown-up, takeaway. Le sujet et l’objet eventuel n’apparaissent pas. Schéma avec GV : must-have Cas du verbe+ing: ¤ -ing sur le 2° terme : town-planning . On peut retrouver une relation sujetverbe-objet : <someone, plan, town>. Aussi finger pointing. ¤ -ing sur le 1° terme : - participe présent : shooting star. On retouve une relation sujet-verbe : <star, shoot>. - Gérondif : waiting-room. On retrouve une relation plus complexe : ‘a room for waiting / for people to wait’. (*sujet-verbe). b) Les adjectifs composés. Les procédés de formation sont très nombreux. Nous n’en citerons que quelquesuns. Nom+Adjectif : seasick V-ing (participe présent) : a long-lasting affair. V-en : home-made cookies (participe passé) V-ed : a middle-aged lady, a blue-eyed girl (-ed, qui n’est pas le participe passé, sur un nom). Conclusion. Nous venons de mettre en évidence plusieurs procédés de formation du mot après avoir recherché, dans un premier temps, les éléments qui le constituent. La morphologie permet d’identifier les éléments qui le composent et de mettre en évidence les relations qu’ils entretiennent entre eux ; qu’il s’agisse de bases simples, de mots dérivés ou de mots composés. Dans le chapitre suivant nous envisagerons la manière dont ils sont agencés dans la phrase. C’est l’objet d’étude de la syntaxe. 16 SYNTAXE de la phrase simple Ouvrages de référence : Larreya, P. Rivière, C., Grammaire explicative de l’anglais, Pearson Longman, 2005. Rivière, C., Pour une syntaxe simple à l’usage des anglicistes, Ophrys. Introduction. L’objet de la syntaxe est d’étudier l’agencement des éléments qui constituent la phrase (syntaxe : syn-= avec + taxis = le fait de placer ensemble = arrangement). Comme vous l’avez vu dans l’exemple de Noam Chomsky (*Colorless green ideas sleep furiously), non seulement les mots doivent respecter un regroupement particulier pour que la phrase soit grammaticalement bien formée, mais encore faut-il que ces regroupements aient une signification. C’est ce qui explique que l’exemple proposé est inacceptable. Ainsi l’étude de la structure interne des mots (morphologie) nous amène-t-elle à l’étude de structures plus grandes, qui sont les groupes de mots (ou syntagmes). Ces groupes de mots, associés les uns aux autres, vont constituer une unité plus grande, que nous appellerons la phrase. Les regroupements devront bien entendu être significatifs. I/ Phrase, proposition, énoncé : plusieurs optiques. La phrase est une construction de mots organisés en groupes significatifs : elle suit les règles syntaxiques de bonne formation en tenant compte de la relation de sens entre un GN (Groupe Nominal) et un GV (Groupe Verbal). Il peut y avoir ambiguité. Dans ce cas, selon les regroupements opérés, la phrase pourra être comprise différemment. Prenons l’exemple suivant : They gave her dog biscuits Premier sens : ils ont donné à son chien des biscuits. Deuxième sens : ils lui ont donné des biscuits pour chiens. Dans le premier cas, on a procédé au regroupement suivant :her + dog. Dans le deuxième cas, on a composé le segment : dog biscuits. Ce cas d’ambiguité montre la pertinence d’un regroupement significatif. Une proposition est une construction organisée autour d’un seul verbe. Ainsi, il existe deux types de phrases : La phrase simple, qui est constituée d’une seule proposition ; et la phrase complexe, qui comprend plus d’une proposition. 17 L’énoncé est un construit d’un autre ordre, considéré dans une autre optique. C’est le produit d’un acte d’énonciation. C’est un construit de l’énonciateur en fonction de sa situation spatio-temporelle. L’énoncé peut être construit de diverses manières : construit en fonction de critères syntaxiques, il prend la forme de constructions qu’on appelle phrases (simples ou complexes). Par exemple : Now tell me what you’ve been up to. (phrase complexe). Where did you leave the key?(phrase simple). Ces phrases deviennent des énoncés parce qu’elles sont repérées par rapport à un énonciateur, permettant le calcul du temps par exemple. - - sous la forme de regroupements qui pourraient faire partie d’une phrase : in my pocket. ou encore sous la forme de segments plus petits, comme des interjections ou des onomatopées : Well ! - L’énoncé peut ainsi être représenté sous des formes diverses. Toute phrase, si elle est mise en situation, sera bien entendu considérée comme un énoncé (car produit par un acte d’énonciation). Nous nous intéresserons dans ce chapitre à la phrase simple et aux règles syntaxiques qui l’engendrent. II/ Syntagme et paradigme. Les unités linguistiques peuvent être analysées selon deux axes : l’axe syntagmatique et l’axe paradigmatique. L’axe syntagmatique est un axe horizontal, qui tient compte de la linéarité du langage. Sur cet axe apparaissent, les uns après les autres, des regroupements appelés syntagmes. Un syntagme est constitué d’unités associées les unes aux autres, avec un élément tête. Dans notre exemple : in + my + pocket est un SN (élément tête: le Nom pocket). L’axe paradigmatique est un axe vertical qui permet de classer les unités dans une même liste d’oppositions virtuelle. Les unités d’un paradigme peuvent être substituées les unes aux autres (elles sont commutables) et sont exclusives les unes des autres. Dans notre exemple, pocket est commutable avec un autre nom : drawer, house …. Son choix exclut toute autre possibilité. De même, in my pocket est commutable avec un autre groupe prépositionnel : on the beach, at John’s, under a book… 18 On utilise ici l’analyse distributionnelle qui permet : de repérer l’ensemble des positions qu’un élément peut occuper dans une phrase, i-e les contextes dans lesquels il s’insère. Dans notre exemple, in ne peut être placé qu’en tête du segment qu’il compose avec my pocket (c’est une préposition qui précède le groupe nominal avec lequel il forme un ensemble). - - de regrouper une unité (ici un nom : pocket) ou un syntagme (ici un groupe prépositionnel : in my pocket) dans une catégorie syntaxique (partie du discours). Autrement dit, si plusieurs éléments ont la même distribution, i-e s’ils appartiennent au même paradigme, alors ils appartiennent à la même catégorie grammaticale. III/ Les constituants de la phrase simple. a) analyse en constituants immédiats. La décomposition de la phrase en ses constituants immédiats permet de dégager ses constituants ultimes. Si nous prenons l’exemple d’une année, on peut la décomposer en 12 constituants majeurs, les mois (ses constituants immédiats). Les mois se décomposent euxmêmes en jours. Les jours sont les constituants immédiats des mois ; ce sont aussi les constituants médiats de l’année (puisqu’on passe par l’intermédiaire d’un ‘nœud’, ici le mois). Les constituants ultimes de l’année (les secondes) pourront se trouver si on continue la décomposition en constituants immédiats. Si on procède à la même analyse en constituants immédiats, on remarque que la phrase est composée de deux constituants majeurs : le syntagme nominal (SN) et le syntagme verbal (SV). On peut aussi trouver un ou des constituants facultatifs, Syntagmes prépositionnels en fonction de circonstants (SPcirc). Ainsi, la règle de constitution de base de la phrase est : P SN + SV + (SPcirc) Ces syntagmes sont des suites, des groupes, dont l’élément principal est la tête (head) ou noyau. Par exemple, dans : My friend wrote a new book SN SV Le syntagme nominal (SN) est construit autour du nom friend. Le syntagme verbal (SV) est construit autour du verbe wrote. Plusieurs remarques : 19 On remarque aussitôt que lorsque deux ou plusieurs mots se regroupent, il y a construction d’un constituant. On remarque aussi que les éléments constitutifs d’un syntagme n’ont de relation qu’entre eux. Par exemple : a forme un ensemble avec new book : le syntagme a new book. Cependant a n’entretient pas de relation avec wrote (on ne peut pas construire *wrote a). Une fois le groupe constitué, c’est lui dans son ensemble qui entre en relation avec un autre : Le GN a new book s’associe avec la base verbale write pour former un nouvel ensemble : le GV write a new book. My forme un syntagme avec friend : le SN my friend. Le SN (my friend) et le SV (wrote a new book) s’associent pour former un groupe hiérarchiquement supérieur, qui est la phrase, notée P (ou S pour Sentence). A noter que du point de vue de leur fonction, on parlera de SN sujet (my friend). Le SV représente le prédicat (ce qui est prédiqué à propos du sujet). L’analyse en constituants immédiats procède à des décompositions successives qui permettent d’arriver aux constituants ultimes. b) Règles de ré-écriture. La hiérarchie entre les constituants de la phrase peut se ré-écrire de différentes manières. Prenons l’exemple my friend wrote a new book : a) Réécriture linéaire : P SN (my friend) + SV (wrote a new book) SN dét (déterminant my) + N (nom friend) SV AUX + GV (base verbale + GN a new book) Puis réécriture du GN … b) emboîtement : P [my friend wrote a book] [my friend] [wrote a book] [wrote] [a book] [a] [book] [my] [friend] [ed] [write] [a] [book] 20 c) représentation arborescente : Il s’agit d’une représentation par laquelle Noam Chomsky a illustré le passage de la structure de surface à la structure profonde. L’analyse de la phrase ne se fait pas de façon linéaire mais par couches de constituants. S (= sentence) Dét my SN my friend SV wrote a book Nom friend AUX -ed GV write a book bv write Dét my friend -ed write constituants ultimes de la phrase GN Nom a book L’analyse en constituants immédiats permet de trouver les constituants ultimes de la phrase. On voit que la phrase est composée d’éléments qui s’associent entre eux pour former des groupes (ou syntagmes) et qui constituent, en se regroupant, un ensemble plus grand. On dira que book est : Un constituant immédiat du GN (a new book) Un constituant médiat du SV (wrote a new book) parce qu’il appartient à un des deux sous-groupes un constituant ultime de S (ou P pour Phrase) IV/ Syntagme et constituant. Un syntagme est une suite d’éléments qui fonctionnent en bloc comme l’élément tête. Par exemple, a new book est un syntagme nominal composé de trois constituants : a, new, book. Un syntagme a pour propriété de pouvoir être réduit (à IT) ou étoffé (the book I bought). Un constituant est un élément qui représente la partie d’un ensemble. Ce peut être un élément unique : book dans le SN a new book, ou un syntagme : le SN a new book dans le SV wrote a new book. Autre exemple : my neighbour parked his car in the garage Le SN my neighbour est constituant de S (ou P pour Phrase) Le SV parked his car in the garage est constituant de S (ou P) 21 Le SP in the garage est constituant de SV L’élément (Dét) the est constituant de l’ensemble (GN) the garage. L’élément (préposition) in est constituant de l’ensemble (SP) in the garage. V/ Nature et fonction du syntagme. a) composition d’un syntagme Comme vous avez pu le remarquer, il y a différents types de syntagmes. Leur nature dépend de l’élément central autour duquel ils sont construits. Cet élément central, obligatoire, le noyau (angl : head), donne son nom au syntagme. Par exemple, le syntagme nominal (SN) = Dét + Nom Le syntagme prépositionnel (SP) = préposition + GN On trouvera aussi le syntagme verbal SV = AUX + GV (= bv + GN objet…) et le syntagme adjectival SAdj = Adj (+GP) (+P2). Dans un syntagme, il y a aussi des éléments optionnels (ceux qui sont notés entre parenthèses). Les modificateurs peuvent apparaître sous la forme d’un élément unique, comme un adjectif, un adverbe : A new book, he’ll arrive late. Il existe aussi des syntagmes optionnels qui viennent compléter un adjectif, un nom, ou un adverbe : the dog over there, glad of it, glad about your coming, glad that you should come. b) Il faut distinguer la fonction de la nature Dans les exemples suivants : (1) The trees were shedding their leaves on the grass. (2) I felt grossly ashamed when she arrived. (3) The inquest had been a mere formality (4) they disappeared / ran away. - b.1. Dans le paradigme du nom : le SN. On reconnaît des segments de même nature parce qu’ils appartiennent au même paradigme: les SN the trees, their leaves, a mere formality. Cependant leurs fonctions au sein de la phrase sont différentes : the trees est sujet en (1), their leaves est complément d’objet du verbe en (2) et a mere formality est attribut du sujet en (3). 22 Le « sujet » est placé à gauche du verbe. C’est l’élément avec lequel le verbe s’accorde. En tête de phrase, il représente le thème, il sert de point de départ. A droite du verbe se trouvent des SN qui peuvent avoir la fonction objet ou attribut, selon la rection ( le régime) du verbe, i-e selon la construction régie par le verbe. - b.2. La rection du verbe : Le verbe peut être transitif direct (ou base transitive) comme shed, qui est complété directement par son objet their leaves. Il peut être transitif indirect (ou base oblique) comme deal, dont l’objet est amené indirectement par le biais de la préposition with. C’est le cas des verbes à préposition. Il peut être intransitif comme disappear ou run away qui n’acceptent pas de complément. Enfin, on peut trouver des phrases simples construites sur le schéma sujet – verbe copule – attribut du sujet. Dans ce cas on affaire à un verbe d’état (souvent la copule be) dont la complémentation peut être : Un GN (a mere formality) dans The inquest had been a mere formality. Un adjectif (+ adv: grossly) comme dans I felt grossly ashamed. Un adverbe(away) comme dans he is away. Ainsi un GN peut être sujet, objet ou attribut. - b.3. Dans le paradigme de l’adjectif : le SAdj. Le SAdj peut avoir différentes fonctions : - Epithète quand il est placé à gauche du nom, dans la zone déterminative : Mere dans a mere formality. (propriété acquise, associée implicitement au Nom) - Attribut quand il est régi par un verbe d’état qui attribue une propriété au sujet : Ashamed dans I felt grossly ashamed. (propriété attribuée explicitement au Nom) - En apposition ou coordonné: Her hair, long and curly, ... - b.4. Dans le paradigme de l’adverbe : le SAdv : L’adverbe (Adv) peut modifier un verbe (I quite understand), un adjectif (quite good) ou un autre adverbe (quite soon). Parmi les adverbiaux, on remarque non seulement les adverbes (Adv), mais également les syntagmes prépositionnels (SP) à fonction adverbiale [in his office : voir ce qui suit c)] et, sur le même paradigme, c’est-à-dire substituables, les propositions subordonnées adverbiales (propositions circonstancielles). [when she 23 arrived voir 1ère partie II/b et 3ème partie Les Adverbiales] et certaines participiales, apposées : she said, smiling. c) fonction du syntagme prépositionnel (SP) Du point de vue sémantique, on peut mettre en évidence deux fonctionnements du SP (Prép + GN). Il peut avoir une fonction complément ou une fonction modificateur. Prenons l’exemple suivant : They dealt with the problem in his office 1 2 On remarque la présence de deux syntagmes prépositionnels, i-e des syntagmes introduits par une préposition : with the problem et in his office. c.1. Critères distinctifs. Ces deux syntagmes sont de même nature et ils sont placés à droite du verbe. Ce qui les différencie, c’est leur fonction au sein de la phrase. Trois remarques : - On remarque que le premier, with the problem, est obligatoire, alors que le deuxième est optionnel : En effet, on ne peut pas supprimer le segment with the problem, sinon la phrase ne ferait pas sens : *they dealt in the office. Ce SP fait donc partie de l’information véhiculée par le verbe et avec lui il forme le Groupe Verbal : c’est un argument du GV. Le syntagme in the office est facultatif, on peut le supprimer car l’information qu’il apporte n’est pas obligatoire : c’est un ajout, un commentaire sur les circonstances. On peut d’ailleurs le placer en tête de phrase. C’est un circonstant. - On remarque aussi que l’argument du GV with the problem accepte l’extraction de son GN (the problem). Ceci par le biais de la question sur cet élément : ‘What did they deal with ?’ On extrait ainsi en réponse : ‘The problem’. Cette manipulation montre que cet élément fait partie de la complémentation du verbe. Il est donc étroitement lié au verbe : c’est un constituant du GV. Ce n’est pas le cas du syntagme in the office. En effet, le GN the office n’est pas extrayable car il n’est pas objet du verbe. On ne pourra pas dire : ‘*What did they deal with the problem in ?’. - On remarque enfin que le SP with the problem n’est pas itérable. On dira they dealt with the problem and (with) the election. Ceci souligne l’unicité de la préposition. En effet, le verbe deal est complété uniquement par la préposition with. En revanche, on pourra itérer le circonstant en utilisant des prépositions différentes: in his office at 5 p.m. after the break. Ainsi on peut récapituler les critères distinctifs permettant de donner la nature de ces deux SP : L’argument (du GV) est obligatoire, son GN est extrayable, et il n’est pas itérable. Le circonstant est facultatif, il n’accepte pas l’extraction de GN, et il est itérable. c.2. Fonction. 24 Ces remarques montrent la portée et donc la fonction différente de ces SP. Leurs GN internes sont tous deux des compléments de la préposition : the problem est complément de la préposition with ; the office est complément de la préposition in. Cependant ils diffèrent en ceci: - l’argument (du GV) with the problem est étroitement lié au verbe dealt, sa portée est limitée au verbe car il est complément du verbe. - Le circonstant in the office est extérieur au SV (représenté ici par dealt with the problem) et porte sur la phrase entière. Il apporte une information sur les circonstances dans lesquelles l’événement s’est réalisé (le lieu). C’est un complément circonstanciel, il a une fonction de modificateur. Ces syntagmes sont donc tous les deux de même nature (SP), mais ils ont des fonctions différentes dûes à leur portée. 25 SYNTAXE de la phrase complexe LES RELATIONS INTER-PROPOSITIONNELLES. I/ Connection On trouve essentiellement trois types de relations : la juxtaposition (par apposition, virgule, absence de connecteur), la coordination et la subordination. a) la coordination. - coordination de phrase : C’est le cas d’une phrase composée de plusieurs propositions reliées les unes aux autres par un connecteur qui les place au même niveau (co-ordonne). Il n’y a pas de hiérarchie entre elles. Elles sont syntaxiquement indépendantes tout en étant réunies en une seule phrase par un connecteur. Le connecteur coordonnant, qui est une conjonction de coordination, apparaît toujours entre les deux éléments phrastiques (schéma P1 co P1’) : She gave him the money and he paid for her. They called him but he didn’t hear them. Don’t move or I’ll shoot you He was late for he had missed the bus. On remarquera les valeurs différentes de ces conjonctions. And peut indiquer la suite chronologique (comme dans l’exemple cité) ou l’ajout ; but permet l’opposition ; or renvoie à l’alternance ; for a une valeur causative. N.B. : Il ne faudra pas confondre la conjonction de coordination for avec les conjonctions de subordination because et since : ces dernières ont aussi une valeur causale, mais elles marquent la dépendance de la phrase qu’elles introduisent, car grâce à elles on peut antéposer (placer en tête) la proposition : because/since he missed the bus, he was late. Ce schéma *sub P2, P1 est incompatible avec celui de la coordination. N.B. : For ne coordonne que des propositions. Dans les propositions coordonnées, on parle de phrase complexe ou de phrase composée. - Coordination directe : 26 La coordination de phrase est un phénomène que l’on retrouve à tous les niveaux des constituants de la phrase. On parlera alors de coordination directe, qui relie deux termes (ou segments) conjoints et qui appartiennent au même paradigme. La coordination permet l’ellipse (évite la répétition). Quelques exemples : GN objet : Would you prefer tea or coffee ? Auxiliaires de modalité: I must and will do it. SV : I go to the window and pull the curtains. Participes présents (+-objet) : She was crying and wringing her hands. b) La subordination. La phrase complexe est une phrase où l’on trouve au moins deux formes verbales. Il y a un phénomène d’enchâssement (Ang : embedding) : une ou plusieurs propositions sont enchâssées (imbriquées / emboîtées). On trouve autant de verbes qu’il y a de propositions. La subordination permet de compléter. Elles sont hiérarchiquement différentes : on opposera la proposition principale (ou proposition enchâssante ou phrase matrice) et la proposition subordonnée (ou proposition enchâssée ou sous-phrase) : P1 enchâssante [P2 enchâssée] c) Propositions à forme finie et non finie du verbe : Dans les propositions à forme non finie (non conjuguée) du verbe, aucun connecteur ne marque la relation de subordination. Prop. subordonnée infinitive: I wish him to come. I saw the burglar break in. Prop. subordonnée avec participle présent: I saw the burglar breaking into the house. Prop. subordonnée gérondive: I don’t mind waiting at all N.B.: on remarquera deux cas particuliers, l’interrogative en –wh (I don’t know what to do) et la relative (He has no place where to live) dans lesquelles s’insèrent un infinitif. Dans les propositions à formes finies du verbe, c’est la présence du connecteur qui indique leur dépendance. C’est un subordonnant, qui pourra être une conjonction, un relatif, un mot interrogatif, ou un mot exclamatif. 27 II/ Nominales et adverbiales : paradigme du Nom et de l’Adverbe. La phrase ‘emboîtée’ joue le même rôle syntaxique que l’un des constituants de la phrase simple. a) Nominales. Les propositions complétives représentent une complémentation verbale (complémentation du verbe). On les appelle complétives ou nominalisées. Elles appartiennent au paradigme du nom car elles sont commutables avec un GN. La complémentation se présente souvent sous la forme d’une subordonnée introduite par that : He said that it was late. (= he said STHG). Ou encore sous la forme d’une interrogative indirecte, introduite par une marque en – wh ou if : I don’t know what you mean. (= I don’t know IT). He asked if he could come in. (he asked A QUESTION). Leur fonction variera selon leur relation avec le verbe (sujet ou objet). b) Adverbiales Les propositions adverbiales appartiennent au paradigme des adverbiaux (comme l’Adv et le SP). On les appelle aussi propositions circonstancielles. Comparons : She has lived in London since. Le segment souligné est un adverbe : since représente le syntagme à lui seul. She has lived in London since last year. Le segment souligné est un SP : since ici est une préposition, qui régit un constituant GN (last year). She has lived in London since she got the job. Le segment souligné est une proposition subordonnée circonstancielle : since ici est une conjonction qui introduit un constituant P2. En la comparant aux cas précédents, nous voyons qu’elle entre dans le même paradigme, qui lui confère le statut de proposition adverbiale. Conclusion. Nous nous intéresserons dans les deux parties suivantes à la subordination. Nous examinerons les propositions enchâssées qui entrent dans le paradigme du nom (les nominalisées) puis celles qui entrent dans le paradigme de l’adverbe (les adverbiales). 28 LA NOMINALISATION. Introduction. Les propositions enchâssées que nous examinerons dans cette partie jouent le même rôle syntaxique que le constituant SN de la phrase simple. A ce sujet, rappelons que ces propositions dites ‘complétives’ ou ‘nominalisées’ appartiennent au paradigme du nom car elles sont commutables avec un GN (voir exemples cités en II/a de la partie précédente). Elles représentent une complémentation verbale. I/ Complémentation. La proposition enchâssée P2 représente une complémentation dans la proposition enchâssante P1. P2 est donc un constituant de P1. Il équivaut à un GN: I’m glad that you should come. I’m glad of your coming. I saw the burglar break into the house. I heard the music playing faintly. I want him to arrive on time. I wish to apologize for the delay. The trouble is that we are short of money. It is surprising that he should leave now. = GN (SOMETHING / IT) a) Enchâssement. On remarque dans tous les cas un phénomène d’enchâssement d’une proposition (dite enchâssée) dans une autre (dite enchâssante). On observe la présence de deux formes verbales qui indiquent qu’il y a deux propositions mises en relation. En effet, chaque proposition est composée d’un sujet (servant de point de départ puisque c’est le thème) et d’un prédicat (ce qui est prédiqué à son propos), comme dans l’exemple suivant : I want him to arrive on time que l’on peut segmenter en deux relations prédicatives (relations sujet-prédicat): <I, want, IT>1 et <he, arrive on time>2. La proposition enchâssée (soulignée dans l’exemple) vient s’imbriquer dans l’enchâssante pour occuper la place d’un de ses arguments. On peut représenter cette imbrication de la sorte : I want him to arrive on time <I, want <he, arrive on time>2>1. Cette manipulation permet de mettre en évidence la présence deux propositions (formant une phrase complexe) et la hiérarchie qui existe entre elles. Les 29 subordonnées que nous avons prises en compte sont toutes substituables à un GN. Elles appartiennent donc au même paradigme du Nom. Ces propositions subordonnées sont dites ‘nominalisées’ car elles font l’objet d’une nominalisation. b) Fonction. La fonction de ces segments est celle du GN équivalent, occupant cette même place dans une phrase simple. En remplaçant le segment souligné, qui représente la proposition subordonnée, par la proforme (= ‘forme mise pour’) IT, on met en évidence la fonction qu’elle occupe dans la phrase matrice : Comme un GN, la subordonnée peut avoir pour fonction, par exemple : Complément de l’adjectif: I’m glad that you should come. (I’m glad (of) IT) I’m glad ofyour coming objet du verbe recteur : I heard the music playing faintly. (I heard IT) I want him to arrive on time (I want IT) Attribut du sujet: The trouble is that we are short of money. (The trouble is THIS) Sujet: It is surprising that he should leave the door open (sujet réel) Cette liste n’est pas exhaustive. Deux cas de complémentation vont se présenter selon que le verbe de la subordonnée a une forme non-finie (non conjuguée) ou finie (conjuguée). II/ Complémentation à forme non finie du verbe. a) absence de connecteur. Aucun connecteur ne marque la relation de subordination : (1) I want him to arrive on time. (2) I wish to apologize for the delay (3) She made the children sing. (4) I saw the burglar break into the house. (5) I heard the music playing faintly (6) I love dining out. (7) She insisted on his seeing the doctor (8) She objected to revealing the news. On parle de nominalisation interne car il y a une intégration très étroite à la phrase matrice. La subordination est marquée autrement qu’avec un connecteur, par la forme non finie de la proposition enchâssée, qui va lui conférer un statut de nonautonomie. Ces propositions en effet ne sont pas isolables : * him to arrive on time. Ce qui marque leur dépendance, ce sont les formes non finies (non conjuguées) du verbe : on trouve des infinitifs avec ou sans to, des formes en –ing, mais aussi d’autres indices qui font que la proposition n’est pas isolable et est donc nécessairement dépendante. 30 C’est la nature sémantique du verbe régissant qui décide de la construction de la subordonnée. b) Base verbale infinitive. b.1. Valeur oppositive (un choix). Pour ces propositions on parlera de subordonnées infinitives. Dans l’emploi de l’infinitif, on prend en compte une occurrence de procès. - Dans l’exemple : (1) I want him to arrive on time on remarque que le verbe recteur ‘want’ renvoie à une idée de visée. Tout comme avec ‘wish’ ou ‘try’, on envisage, on penche pour la réalisation (ou la non-réalisation) d’un procès. To est un opérateur de visée. Il suffit que le sémantisme du verbe de la principale corresponde à cette valeur (ici, c’est le cas avec want). Dans cet énoncé le sujet de P1 (I) vise une occurrence de procès : l’arrivée dans les temps : c’est ce principe qui importe, par opposition à l’idée de retard. Un choix est fait, de là la valeur oppositive de l’infinitif. N.B. : sont uniquement suivis de l’infinitif en to les verbes qui expriment la volonté du sujet : want, ask, agree, try, remember, advise. - Il faut noter que l’infinitif en to n’a pas toujours une valeur de visée. Tout dépendra de son contexte, c’est-à-dire du sémantisme du verbe régissant. Comparons : I’d like to drive fast but it’s dangerous. I like to drive fast rather than [to drive] slowly. Dans le premier cas le locuteur exprime un souhait (would like); dans le deuxième cas il émet une appréciation (like). Autrement dit, l’infinitif en to ne prend de valeur de visée qu’en contexte avec un verbe dont le sémantisme contient l’idée de visée. (comme would like). En revanche, en complémentation d’un verbe appréciatif (comme like), pas de valeur de visée : seulement la prise en compte d’uneoccurrence, tout-à-fait compatible avec l’itération. De là l’équivalence : I like to drive fast // I like it whenever I drive fast Même chose pour les verbes dont le sémantisme nie la réalisation (neglect, omit): He omitted to lock the door. La construction infinitive permet en tous cas d’opposer une notion à une autre, qu’il y ait visée ou non : il y a un choix. b.2. Présence ou absence du sujet. Si l’on compare: (2) I wish to apologize for the delay. (1) I want him to arrive on time. 31 Dans la première subordonnée en (2), le sujet n’est pas marqué car il est identifié à celui de la proposition enchâssante. On peut en effet reconstruire : <I, wish, SOMETHING> et <I, apologize for delay>. Le sujet est commun ; la co-référence des sujets contraint l’absence de marque du sujet. Dans la deuxième subordonnée en (1), on remarque la présence du sujet (he) portant la marque casuelle de l’objet : him. Ce sujet ‘he’ sert de charnière entre les deux propositions : il est à la fois objet de want et sujet de arrive. C’est sa fonction objet qui prime en surface dans la construction syntaxique, ce qui montre le lien étroit de dépendance de la subordonnée. b.3. Base infinitive sans to. Cette construction concerne les verbes causatifs (have, make, help, let) et les verbes de perception ou de sens proche (see, hear, feel, watch …). - Dans la construction causative en make : (3) she made the children sing She made me fall. Dans tous les cas de figure, le sujet de P1 (ici she) est à l’origine de la validation de la relation prédicative représentée par P2 <children, sing>, <I, fall>. Il provoque une situation : il y a eu une occurrence de procès : ‘du chant’, ‘une chute’. C’est le principe lui-même qui est l’objet ici. On ne s’intéressera pas de savoir si le sujet de P2 (ici the children, me) est volontaire, s’il a l’intention ou non de valider le procès. De même, the wind made the leaves rustle. - Dans la construction de la perception : (4) I saw the burglar break into the house le sujet (de la perception) est témoin d’un événement (une occurrence de procès) qu’il présente globalement: le cambriolage. L’objet de la cause, ou de la perception, est donc présenté comme une notion, sans lien véritable avec la situation : c’est le principe qui importe. De là la forme thème nu, base infinitive. N.B. : la passivation se fait avec l’infinitif en to : The children were made to sing. The burglar was seen to break into the house. c) Verbe en –ing. 32 c.1. La construction en –ing peut être un choix : - Dans le cas des verbes de perception : C’est une alternative à la construction infinitive. Dans ce cas, ce qui est perçu n’est pas rapporté de manière globale. Prenons par exemple : (5) I heard the music playing faintly I smelled my dinner burning L’objet de la perception est mis en situation, comme l’indique l’ouvert en –ing. On pourrait gloser : ‘there was music playing faintly and I (suddenly) heard it’; ‘my dinner was burning and (suddenly) I smelled it’. On prédique l’existence d’une situation et on donne une valeur descriptive de la scène perçue. Le procès pré-existe à la perception : on s’attache à la construction d’occurrences de procès. Ceci s’oppose à une perception globale (infinitif). On remarquera que ces formes verbales en –ing sont des participes présents, car ils ont un comportement verbal. On parlera alors de propositions subordonnées avec participe présent. - Dans le cas des verbes d’affect : Avec les verbes d’affect comme like, hate, dislike, dread, loathe, prefer, on peut aussi opposer la construction infinitive à la construction en –ing. Prenons par exemple : (6) I love dining out. Driving fast is dangerous. L’objet apprécié est présenté comme un procès en situation, même si ça n’est pas le cas au moment du jugement appréciatif. On peut dire cela sans être au restaurant. La forme en –ing prédique l’existence de plusieurs occurrences de procès déjà validées, de sorte que cette forme représente une notion d’expérience. Ici le locuteur émet un jugement sur son expérience. A différencier de l’emploi avec would (would like, would love) qui ne renvoie plus à de l’appréciatif mais à une visée : I would love to dine out. N.B. : on remarquera le sémantisme double de certains verbes avec valeur de visée présente (infinitif en to) ou niée (bv en –ing). Comparons leurs constructions : Type Want, need, desire: I need to brush my coat this coat needs brushing Type Remember, forget: Remember to switch off the light! I remember switching off the light Type Advise, intend, try: I tried to open the door (but I couldn’t) I tried opening the door, but the air remained so hot 33 c.2. La construction en –ing peut être contrainte syntaxiquement: La construction en –ing dans certains cas est contrainte. Cela concerne les verbes dont l’objet est amené indirectement par une préposition. Dans les constructions : (7) She insisted on his seeing the doctor (8) She objected to revealing the news En (7) par exemple on reconnaît une forme verbale en –ing (seeing) dans la proposition imbriquée . Cette phrase complexe est composée de deux relations prédicatives : <she, insist, on IT>1 et <he, see, doctor>2 <she, insist on <he, see, doctor>2>1 la relation prédicative 2, objet du verbe insist, complète le verbe par l’intermédiaire de la préposition on. Ce qui marque sa dépendance, c’est la forme non finie en –ing de son verbe (seeing) et la marque casuelle sur le sujet : déterminant possessif his. En (8) on remarque l’absence du sujet car il est co-référentiel. Ce qui contraint cette construction en –ing, c’est la présence de la préposition (on, to, …). Le complément de la préposition est nominal. On emploie alors une forme verbale qui a à la fois un statut verbal et nominal : le gérondif. c.3. Valeurs de V-ing. I like dancing. P1 <I, like, SOMETHING> a une forme finie ; P2 <I, dance> a une forme non-finie. P2 est imbriquée dans P1 sans connecteur : <I, like, <I, dance>2>1 Le sujet de P2 est co-référent avec le sujet de P1, alors il n’apparaît pas en surface. La forme nominalisée en –ing est insérée dans la subordonnée P2. C’est un gérondif, forme à valeur verbo-nominale, qui renvoie à une série d’occurrences validées. On met en avant le type d’activité. Dans l’exemple que nous allons examiner, on trouve des degrés différents de nominalisation : I like him dancing. Le sujet de P2 (he) apparaît sous la forme accusative him : la relation qui prime est celle du verbe recteur (not like) avec son objet (him). C’est un premier stade de nominalisation. Avec le gérondif, on renvoie aux occurrences validées. On comprendra ici ‘when he dances ‘. De même dans I like him not answering back, la négation verbale (not) montre que le gérondif, forme nominalisée, conserve un comportement verbal. 34 I like his dancing. Le sujet de P2 (he) apparaît sous la forme d’un génitif his. Dancing est nominalisé; c’est un gérondif. Il peut se distribuer avec un adjectif, ce qui montre son comportement nominal : I like his frantic dancing (rock-and-roll). ou avec un adverbe, ou la négation de verbe, ce qui montre son comportement verbal: I like his dancing (rock-and-roll) frantically. (On comprendra ici ‘his way of dancing’). I like his not answering back. III/ Complémentation à forme finie du verbe. On retrouve là aussi un phénomène de nominalisation d’une proposition P2. Dans ce cas, l’imbrication est marquée par la présence d’une conjonction de subordination, qui fonctionne alors comme outil d’imbrication : I know that he came. I wonder if that book is interesting. I wonder when he will come. He told me how great the party was. On parle de nominalisation externe, car l’outil d’imbrication n’a pas de fonction syntaxique dans la proposition qu’il introduit. En effet, il ne participe pas à la construction de la proposition enchâssée qui, si on l’isolait, aurait un statut indépendant car bien formée (he came, that book is interesting …). a) Conjonctives en that. L’outil d’enchâssement est une conjonction de subordination en that. Elle sert à introduire la complémentation d’un verbe, d’un adjectif ou d’un nom. Dans tous les cas de figure that montre le caractère préconstruit de l’énoncé P2, c’est le signe d’un déjà-dit / pensé. - Complémentation d’un verbe transitif direct: Le verbe de la principale peut être de type déclaratif comme ‘say’ : He says that he wrote to her. Ou de type factif comme ‘know’, ‘realize’, ‘agree’, qui présupposent que le contenu de la subordonnée est vrai : I know that he came. 35 Ou de type putatif comme ‘think’ qui permet d’émettre un jugement: I think that you’re right. Ou de type cognitif comme ‘feel’, ‘see’, ‘hear’, qui permettent d’exprimer une perception intellectuelle : I feel (= understand) that it’s going to be difficult. Dans tous les cas de figure, P2 est objet direct du verbe. Cette construction that P2 permet de rendre explicite l’objet de la déclaration, de la pensée : l’événement est mis en situation avec des marques de temps (verbe à forme finie). - Complémentation d’un verbe à préposition : This reminds me that you didn’t answer my question . I will see to it that he reads the book La préposition est effacée. On la retrouve si on réduit la subordonnée: <this, remind me of IT>, <I, see to IT>. Là aussi la subordonnée rend explicite et met en situation l’objet du verbe. - Complémentation d’un adjectif : I’m glad that you should come. La préposition permettant d’amener indirectement le complément de l’adjectif est effacée, mais reconstructible : <I, be glad of IT> - Complémentation d’un nom : Dans ce cas le nom qui précède la subordonnée est lui-même un dérivé nominal d’un verbe, et c’est de ce verbe que la subordonnée est complément. Ces noms représentent un contenu de pensée (notion, fact, idea, point) ou un jugement (hope, belief, news, rumour, suggestion, feeling): I had a strange feeling that we’d met before. Le prédicat <have a strange feeling> correspond au prédicat <feel>, de sorte qu’on a en équivalence: I felt that we had met before. N.B. : A ne pas confondre avec un subordonnant relatif, qui a une fonction dans P2: She had a feeling that (= sujet de P2) was new to her - Attribut du sujet: 36 Au même titre qu’un GN, une subordonnée conjonctive peut prendre la fonction attribut du sujet : The trouble is that we are short of money. - Sujet: Il est assez rare de trouver une conjonctive en position sujet: That he should come is quite surprising. On a plus souvent recours à l’extraposition du sujet: It is surprising that he should leave the door open On remarque la présence de la proforme it qui remplit alors la place du sujet, et l’annonce : c’est une cataphore. On remarque aussi que le rejet en fin de phrase du sujet réel (conjonctive en that) amène celui-ci à subir de manière directe (car juxtaposé) le jugement qui lui est attribué, qui se trouve alors renforcé. - absence du connecteur that. That contient une idée de reprise (th-) et présente donc le contenu de P2 comme connu. L’emploi de Ø permet d’avancer une information nouvelle: It was Gareth. And somehow I knew Ø everything would be spoilt. W. Boyd, Long Story Short. “L’emploi de Ø ici nous permet d’interpréter I knew comme signifiant : « J’avais le pressentiment », c’est-à-dire qu’il s’agit d’une prise de conscience du moment, et non de quelque chose que le sujet savait déjà avant le moment où Gareth est entré. A l’inverse, l’emploi de that nous obligerait à faire porter un accent de phrase sur knew qui signifierait alors : « Je savais bien que … » “. (J.-C. Souesme) She glanced around the room and then fixed her eyes on him again. He knew Ø he hadn’t shaved and that his hair stood up. R. Carver, Careful P2 P3 . L’emploi de Ø permet de présenter le contenu sémantique de P2 comme information nouvelle, alors que that est obligatoire avec P3 car il s’agit d’une reprise, d’une explicitation du contenu de P2. b) Interrogatives en if, whether. - Les propositions subordonnées interrogatives sont régies par un verbe qui exprime un vide sémantique. On trouvera des verbes de type interrogatif comme ask ou wonder ou bien des verbes indiquant l’ignorance de la part du sujet comme not know. 37 Ce vide sémantique peut concerner le choix de la valeur du prédicat (positive ou négative). Dans ce cas, on a affaire à la reprise d’une question fermée (yes-no question. La subordonnée est alors introduite par les conjonctions if ou whether (corrélé à or not) : I wonder if that book is interesting. I’d like to know whether you like it (or not). Elle représente la reprise de la question directe: Is that book interesting ? / Do you like it (or not) ? - Ces deux connecteurs ne sont pas totalement interchangeables. Il existe des contraintes syntaxiques, qu’on peut mettre en évidence dans leurs emplois respectifs. Certaines constructions contraignent l’emploi de whether . Cette contrainte apparaît lorsque la subordonnée apparaît dans les emplois suivants : Complément de préposition : They argued whether they should leave (they argued about it) À l’infinitif: He doesn’t know whether to tell the truth Sujet: Whether he likes him is not clear to me Attribut du sujet: The question is whether she will accept to come c) Interrogatives en wh-. Le vide sémantique peut concerner un argument : le sujet, l’objet ou un circonstant. La subordonnée est alors introduite par un mot interrogatif en wh- : She knows who will come. I wonder when he will come. Si la question porte sur un argument, le mot interrogatif est le représentant d’un GN, il a donc une valeur nominale (= Pro-GN interrogatif). Il est affecté de la marque casuelle selon la fonction qu’il occupe et le trait Animé/non animé : sujet who/which, complément d’objet whom/which, génitif whose/of which. She knows who will come (someone) I wonder what he found (something) Tell me whose book this is (this is someone’s book) - Si la question porte sur un circonstant, le mot interrogatif est le représentant d’un Adverbial, on l’appelle aussi adverbe interrogatif. 38 On reconnaît, selon la valeur qu’ils représentent, when, where, why, how, et leurs équivalents GP, at what time, in what place, for what reason, in what way, etc. I wonder when he will come. (at what time) Tell me why le left (for what reason) Conclusion: Dans tous les cas, la proposition subordonnée interrogative apparaît dans un contexte interrogatif : le verbe de la principale revêt un caractère interrogatif, de non réponse. D’autre part, la proposition est nominalisée: on peut la réduire à un GN: IT. Par exemple, elle peut avoir la fonction sujet : Who broke the vase will remain a mystery Where the ship sunk is still unknown d) Exclamatives en how et what. He told me how great the party was. He was surprised how easy it could be She realised what a nice person he was Comme toute nominale, elle apparaît en complément de verbe ou d’adjectif. On n’est pas en contexte interrogatif. Les connecteurs how et what représentent des degrés indéterminés, qu’on peut expliciter : […] to what extent the party was great It could be so easy He was such a nice person L’indétermination permet le haut degré: ‘tellement X que ça en est indéfinissable’. C’est ce degré qui donne la valeur exclamative de cette subordonnée. 39 LES ADVERBIALES. I/ Circonstancielles. Ces propositions font apparaître des fonctionnements différenciés, comme les autres adverbiaux, dont elles constituent une sous-classe. Elles sont donc substituables à un adverbe ou à un GP. Elles sont composées d’un outil d’imbrication en wh- et d’une proposition à forme finie du verbe. Elles ont des valeurs temporelles, causales, hypothétiques, finales… : elles renseignent sur les circonstances d’un événement. Ce sont des propositions subordonnées circonstancielles. II/ Portée des circonstancielles. a) Un circonstant dans la principale. La proposition subordonnée peut occuper la place d’un circonstant dans la principale. Dans : She took a taxi yesterday L’adverbe yesterday indique le moment où le procès <take a taxi> a été validé. Il en est de même avec : She took a taxi when she arrived at the airport. A cette place on trouvera des circonstants divers, qu’il soient adverbes, GP ou subordonnée P2. Ils déterminent tous les conditions de validation du procès de la principale. Ces subordonnées se rattachent au GV de la principale : elles interviennent au niveau de l’énoncé. Ce sont des ‘adjuncts’. b) Un circonstant au niveau de l’énoncé. Dans ce cas la subordonnée représente les circonstances dans lesquelles l’énoncé est produit. I visited my friend, if you want to know. Toute phrase produite (un énoncé) a un locuteur et s’adresse à un interlocuteur. L’acte d’énonciation se fait dans certaines conditions. Certaines peuvent être explicitées par des propositions circonstancielles, qui définissent les conditions de l’énonciation. Les adverbiales ‘disjunct’ ne sont pas des circonstancielles comme on l’entend habituellement, comme le sont les ‘adjuncts’. C’est le cas de if you want to know, qui indique les conditions qui ont provoqué le dire/l’énoncé I visited my friend. On comprend bien que la visite n’est pas 40 conditionnée par le désir de l’interlocuteur. Au contraire, c’est sa curiosité qui provoque le dire. Ces modificateurs ne se rattachent pas au GV de la principale, ils interviennent au niveau de l’énonciation car ils commentent le dire. Ce sont des disjuncts. Conclusion : Selon le niveau où elles opèrent, les propositions circonstancielles rendent explicites les conditions de validation du procès de la principale ou du dire. III/ Conjonctives. L’outil d’enchâssement est une conjonction car elle ne participe pas à la construction de la relation prédicative : She took a taxi when she arrived at the airport. Si on ne tient pas compte du connecteur, P2 est une proposition grammaticalement bien formée car isolable: she arrived at the airport. Ce connecteur n’a pas de fonction syntaxique dans P2, c’est donc une conjonction (de subordination). Ces subordonnées sont donc des conjonctives. IV/ Des circonstancielles. a) temporelles : - Adjuncts : Elles représentent les circonstances temporelles liées à un événement. Les connecteurs principaux sont when, while, after, before, as, as soon as, once. Ce sont des conjonctions qui apportent par leur sémantisme une idée temporelle différente. Par exemple : - concomitance : She took a taxi when she arrived - antériorité / postériorité: She answered before she was asked He went to bed after he had bolted the door Dans tous les cas, la subordonnée P2 représente un repère temporel, au même titre qu’un adverbial de temps. D’ailleurs, on peut la substituer à un adverbe comme yesterday, tomorrow, then, … ; ou à un GP comme at that moment during this time... La conjonctive représente le moment de validation du procès de la principale : elle explicite le moment où l’événement s’est produit (passé), se produit (présent), se produira (avenir), se produirait (fictif),… Par exemple : She took a taxi when she arrived = then = at that time when she arrived représente le moment de validation du procès <take a taxi>. C’est un modificateur adjunct. 41 Autres exemples : I pulled a muscle as I was lifting a weight. You can keep these magazines as long as you like. While she stood there, she saw two men enter the bar. - Disjuncts : niveau du dire. A noter, un emploi de circonstancielle qui fonctionne au niveau énonciatif (le dire) : Before I forget, they are having an affair. La possibilité que j’oublie (forget) n’est pas une circonstance liée à leur liaison. C’est une circonstancielle liée à l’acte de parole : ‘Je te dis cela, avant d’oublier’ / ‘By the way’. C’est un modificateur disjunct. b) causales : - Adjunct : la cause de l’énoncé. Les conjonctions sont because, since, as. He had missed the bus because he was late. Because est une conjonction à valeur causale. Elle introduit une proposition subordonnée causale. Cette proposition P2 a un statut adverbial car on peut la remplacer par un GP : he was late for that reason. On remarquera que le segment P2 est effaçable et mobile : (Because he had missed the bus) he was late Pour ce qui concerne la portée, nous pouvons mettre en évidence la relation que ce circonstant P2 entretient avec P1, par le phénomène de clivage (it – be – that) : It was because he had missed the bus that he was late. P2 représente donc ce qui a provoqué la validation de P1. P2 en effet nous renseigne sur les circonstances de validation du procès <be late>. Elle sert de repère pour P1. - Disjunct : la cause du dire. Because (since) the door is locked, John must have left. Cette subordonnée n’accepte pas le clivage : *It is because the door is locked that John must have left. car elle ne représente pas la cause de la validation de <leave>. Ce n’est pas la porte fermée qui a provoqué le départ de John. En revanche il y a une relation de cause à effet au niveau énonciatif. Elle représente la cause du dire : it is because the door is locked that I can say that John must have left. P2 représente les conditions dans lesquelles s’est effectuée la prise de parole. Elle fonctionne au niveau énonciatif : ‘For that reason, I can say…’. 42 c) finales : He arrived early so that (= in order that) we might get good seats. = for this purpose d) résultatives : He arrived early so that we got good seats. The door was open, so that anyone could look in. = and this resulted e) hypothétiques et conditionnelles : If Harry were here, he would know what to do. As long as ( = provided,that) I can live in my bungalow I am happy This is my phone number in case/providing you need further information.(disjunct) = in that case = under such circumstances / in these conditions f) oppositives et concessives : While I find your point of view interesting (= meanwhile), I cannot accept it. He managed to do it although noone expected it. = in spite of that Connecteurs: whereas, while (=whilst), though, although, (even) though, even if. g) Comparatives: It was not so terrible as she had imagined. = comparatively h) Manière (et comparaison): She always does as she likes. Try and look as if you care. = in that way V/ Circonstancielles à verbe non conjugué. - Ellipse : He was reading his newspaper while [he was] having his breakfast. Once [they were] cleaned, the plates were placed in the cupboard. On remarque que la conjonction est suivie directement de la forme non-finie du verbe, que ce soit un participe présent (having) ou passé (cleaned). Dans d’autres cas : 43 They had a few meetings when [they were] on strike. La conjonction est suivie directement de la complémentation du verbe elliptique. Dans tous les cas on constate l’ellipse du sujet et de tout ou partie du verbe. - Apposition : Dans ce cas il y a absence de connecteur. ‘Thank you’ she said, smiling.(= with a smile) Having finished his work (= after his work), he went home. Ce ne sont donc pas des propositions conjonctives. Elles se limitent au GV contenant un verbe au participe présent : ce sont des propositions participiales. Conclusion. Tous ces segments jouent le rôle de circonstant, que ce soit au niveau de l’énoncé qu’au niveau de l’énonciation. Ce sont des syntagmes qui entrent dans le paradigme de l’adverbe, ils appartiennent à la catégorie de l’Adverbial, qui comprend l’Adverbe, le GP et les propositions adverbiales de type conjonctives ou participiales.