10. le continent europeen

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LA FRANCE ET L’EUROPE
I - LE TERRITOIRE FRANCAIS
Le territoire français s'est construit à l'extrémité occidentale de l'Eurasie. Pièce historique essentielle de
la mosaïque européenne, il contient tous les caractères du vieux continent et sa position revêt une
nouvelle valeur, à l'heure où s'effacent les frontières qui furent longtemps des obstacles.
A - La France, finisterre de l'Europe
1 - La constitution au cours des siècles du territoire national
En 987, il ne reste de la Francia occidentalis, partie ouest de l'Empire de Charlemagne, divisé en 843 au
partage de Verdun, qu'un domaine royal exigu.
Lentement, à l'issue de guerres le plus souvent, par des mariages parfois, la monarchie française va
étendre et unifier le territoire, repoussant les frontières occidentales jusqu'à la mer, assurant la
continuité territoriale en annexant une à une les enclaves qui manquaient au puzzle. Il y eut, dans cette
longue histoire, des temps forts, sous Philippe Auguste, Louis XI, Louis XIV, mais il fallut attendre
1860 pour que l'Hexagone, tel qu'il existe aujourd'hui, soit achevé sur ses frontières alpines, par le
rattachement de Nice et de la Savoie.
Cette longue construction, accompagnée du renforcement du rôle central de l'Etat et de
l'administration, cimentée par la généralisation d'une langue et d'une culture communes, marquée par
des guerres de conquête ou de défense conduites au nom du sol ou du peuple, a fait de la France un Étatnation. L'identité nationale, le sentiment d'être français, trouvent leurs racines dans cette histoire
mouvementée, mais aussi dans la réalité d'un territoire nettement circonscrit sur lequel vit une population
qui a conscience d'appartenir à une même communauté et d'avoir une patrie.
2 - La France : un résumé de la géographie du vieux continent
Située à l'extrémité occidentale de l'Eurasie, la France est pourtant au cœur de l'Europe de l'Ouest et le
centre du territoire est à peu près à égale distance du nord de l'Ecosse et du détroit de Gibraltar. Véritable
mosaïque de milieux, le territoire de la France est un carrefour naturel qui concentre la plupart des
reliefs, des climats et des formations végétales que l'on trouve en Europe, à l'exception de la
Scandinavie. Elle est alpine comme l'Europe du Sud, hercynienne comme l'Europe moyenne, alors que
les bas pays du Nord appartiennent à la grande plaine d'Europe septentrionale. Elle est aussi bien
atlantique que méditerranéenne et tire de cette double ouverture des traits de civilisation variés.
Si la France n'occupe que le 47e rang mondial par sa superficie, elle est, avec 551 695 km2, le second
État européen par la taille, derrière la Russie. Sa forme s'inscrit dans un hexagone dont les dimensions
n'excèdent jamais 1000 km et que limitent 9 000 km de frontières terrestres et maritimes. Traversé par le
méridien-origine de Greenwich et par le 45e parallèle, le territoire de la France est au cœur du domaine
tempéré et jouit d'une position géographique de premier ordre.
3 - Une position géostratégique enviable
Les frontières politiques terrestres de l'hexagone s'étirent sur 2 970 km. Pour les deux tiers environ, il
s'agit de frontières dites naturelles*, celles des Pyrénées (740 km), des Alpes (660 km), du Jura (350
km), et du Rhin (195 km), coïncidant avec un élément important du relief ou de l'hydrographie.
Cependant, il n'est pas rare que dans le détail, les tracés frontaliers soient très fantaisistes dans ces
régions, coupant orthogonalement une vallée ou un axe de relief. Sur environ 1000 km, au nord et au
nord-est du pays principalement, les frontières ont un tracé totalement artificiel, négocié au gré de
traités successifs. Elles coupent les vallées sans les suivre, traversent parfois des villages, séparent aussi
des communautés humaines que tout lie.
Ces frontières, lentes à établir, longtemps fluctuantes et disputées, ont été l'objet de puissants et
continus travaux de fortification. Dans l'Est de la France, on ne compte pas moins de 3 à 4 lignes de
défense construites au cours de l'Histoire. Vauban, Commissaire général des fortifications de Louis XIV,
a construit 33 places fortes et fortifié environ 300 villes sur les limites du Royaume. Depuis 1945, dans le
cadre d'une Europe ouverte, ces fortifications ont perdu tout rôle actif; elles font partie du
patrimoine architectural et touristique. Dans le cadre communautaire et du marché unique, une
coopération accrue s'opère entre des espaces autrefois séparés mais ayant une forte communauté
d'intérêts. Des régions transfrontalières se développent ainsi entre le Nord et la Wallonie belge, entre la
Lorraine, la Sarre et le Luxembourg, entre l'Alsace et le pays de Bade, et au Pays basque de part et d'autre
de la frontière espagnole
4 - De larges ouvertures maritimes donnent à la France une vocation internationale
Avec plus de 3 000 km de côtes, la France est ouverte sur l'Atlantique et ses mers bordières au Nord
et à l'Ouest, et sur la Méditerranée au Sud. Cette double ouverture a eu des conséquences profondes dans
la formation de l'identité française. Le pays a largement participé à l'âge d'or de la Méditerranée, qui
fut le centre du monde occidental de l'Antiquité au XVIe siècle. Quand s'imposa la prospérité atlantique,
aux XVIIe et XVIIIe siècles, la façade océane de la France prit une part active au grand négoce
international et à l'expansion coloniale. Aujourd'hui encore, cette double appartenance donne à la France
un statut particulier dans l'Union européenne. C'est par la France que l'élargissement de la CEE en 1986 à
la péninsule ibérique s'est réalisé, et ses régions côtières sont au cœur de l'Arc atlantique et de l'Arc
méditerranéen, qui s'affirment aujourd'hui dans le cadre communautaire.
Pourtant la France est restée longtemps une nation terrienne : il fallut attendre le XVIIe siècle, avec
Richelieu et surtout Colbert, pour que sa vocation maritime soit clairement affirmée. La double
ouverture atlantique et méditerranéenne est d'un grand intérêt géostratégique mais impose
d'importants efforts logistiques. Si le domaine maritime de la France métropolitaine ne couvre que 150
000 km2, c'est sur presque 10 millions de km2 que s'exerce la souveraineté française. Les eaux
territoriales et la zone économique exclusive (Z.E.E.) qui entourent les DOM-TOM, permettent à la
France d'affirmer sa présence dans toutes les mers du monde.
B- Les structures physiques du Territoire
Constitué de reliefs variés, partagée entre les bassins de très nombreux cours d'eau, la France est aussi un
carrefour climatique entre l'Europe du Nord et la Méditerranée, entre l'Atlantique et le continent. Il en
résulte une grande diversité de milieux géographiques.
1 - L'ossature du relief : des contrastes majeurs
Aux bas pays de l'Ouest et du Nord s'opposent les régions accidentées de l'Est et du Sud : L'altitude
moyenne de la France, 342 m, ne reflète guère le partage du territoire entre une moitié septentrionale et
occidentale, au relief modeste, située à l'Ouest d'un axe Bayonne-Sens-Sedan et les hautes terres
orientales et méridionales, qui portent le point culminant de l'Europe à 4 808 m, le mont Blanc.
Adossée aux Vosges, au Jura, au Massif central et aux Pyrénées, la France des bas pays, largement
ouverte sur l'Atlantique, s'organise autour des deux grands bassins sédimentaires : Les Bassins de
Paris et d'Aquitaine, au relief de plaines, de bas plateaux et de collines, coupés de larges vallées
alluviales. En périphérie de ces bassins, de vieux massifs hercyniens arasés s'élèvent et offrent des formes
plus vigoureuses : l'Ardenne et le Massif armoricain
Les pays de l'Est et du Sud se caractérisent par un relief compartimenté où les hautes chaînes des
Alpes et des Pyrénées, les massifs aux formes lourdes comme les Vosges, le Massif central et même le
Jura, ne laissent que peu de place à d'étroits bassins ou aux couloirs des vallées. À 160 km au sud, dans
la Méditerranée, la Corse offre des contrastes semblables.
Les unités physiques sont l'héritage d'une très longue histoire géologique et des actions de
l'érosion : La France doit la variété de son relief à une histoire géologique complexe et aux actions
variées de l'érosion qui ont modelé des formes spécifiques. Tout s'ordonne autour des massifs
anciens, qui étaient de hautes chaînes de montagnes lors de leur constitution à l'ère primaire avant d'être
nivelés par le long travail de l'érosion. Entre ces massifs, le séjour des mers à l'ère secondaire et
tertiaire, a constitué de vastes bassins sédimentaires. Dès la fin de l'ère secondaire, l'orogenèse
pyrénéenne et alpine a édifié de puissantes chaînes de montagnes à la périphérie sud et sud-est du
territoire. Ces mouvements ont porté en hauteur et fracturé les massifs anciens les plus proches, Vosges et
Massif central, ce dernier connaissant même un volcanisme très actif. Dans le même temps, l'érosion
déposait ses débris dans les secteurs déprimés, constituant des plaines d'accumulation.
Les évolutions de l'ère quaternaire ont été essentielles : les glaciations ont sculpté des formes
hardies et ouvert de larges couloirs dans les montagnes récentes, alors que des cours d'eau puissants
accumulaient d'importants dépôts d'alluvions à la périphérie des massifs et dans les vallées des bas pays.
Lors de la dernière remontée des mers, la transgression flandrienne qui s'est achevée environ 6000
ans av. J.-C., le littoral actuel s'est fixé accompagnant la formation de plaines littorales et de marais
maritimes.
2 - Le climat et les eaux : d'autres divisions
L’influence influence maritime dominante, est dégradée par la latitude et le relief : Par ses bas pays
de l'Ouest, la France s'ouvre largement aux influences humides et adoucissantes de l'Atlantique qui
modère les températures d'hiver et d'été et assure, en moyenne, des disponibilités en eau suffisantes. Deux
éléments viennent cependant modifier ce schéma de base :
L'étirement en latitude du territoire, sur près de 1 000 km, ainsi que son ouverture sur une mer chaude,
la Méditerranée, oppose un Nord plus frais et brumeux, à un Sud ensoleillé et chaud. Les différences sont
particulièrement nettes en été ;
Le relief élevé et compartimenté de l'Est du territoire dégrade les influences océaniques : l'hiver est
plus froid, marqué par le gel et la neige, l'été plus chaud et, aux montagnes très arrosées, s'opposent les
bassins et dépressions intérieurs beaucoup plus secs.
Au total, on peut diviser le territoire en trois grands domaines climatiques présentant chacun une
assez forte diversité de détail :
L'Ouest français océanique est le domaine de la douceur, de l'humidité et du vent, avec une grande
fréquence du temps perturbé. Dégradé vers l'intérieur, ce climat est plus frais au nord, plus lumineux,
plus doux et plus sec en Aquitaine ;
Le Midi méditerranéen jouit d'un important ensoleillement, avec un été chaud et sec, et d'abondantes
précipitations d'automne et d'hiver. C'est un climat marqué par ses excès ;
L'Est du pays voit s'affirmer la continentalité, avec une amplitude thermique plus forte et de nets
contrastes saisonniers. Le compartimentage du relief conduit à une mosaïque de milieux climatiques.
Le territoire de la France est partagé entre plusieurs bassins hydrographiques : Cinq grands
bassins hydrographiques, ceux de la Seine, du Rhin et de la Meuse, de la Loire, du Rhône et de la
Garonne, ainsi que de nombreux petits bassins des fleuves côtiers, se partagent le territoire national.
Constitués au gré des cycles successifs de formation et d'érosion du relief, ils drainent une superficie
allant de quelques dizaines de km2 pour les petits bassins côtiers à 115 000 km2 pour celui de la Loire.
Chaque bassin est une unité géographique déterminée par l'hydrographie mais qui comprend des reliefs et
des climats variés, parfois même très contrastés pour les plus grands d'entre eux.. Les débits sont assez
modestes à l'échelle nationale et varient en moyenne de 450 m3/s pour la Seine à 1 800 m3/s pour le
Rhône. Le régime est très dépendant des conditions climatiques avec des crues d'hiver pour une majorité
des cours d'eau sous influence atlantique et des crues d'automne pour ceux des régions méditerranéennes.
Les cours d'eau ont un rôle fondamental dans l'organisation du territoire. Les grandes vallées
ouvrent la France sur la mer du Nord, sur l'Atlantique et sur la Méditerranée. Elles ont aussi fixé les villes
et ont été fréquemment des couloirs d'échanges avec les pays voisins, ce qui a créé de puissantes
solidarités entre les régions d'un même bassin.
La superposition de la trame du relief à celle du climat et de la circulation des eaux définit une mosaïque
complexe de milieux qui constituent autant de «pays», petites unités régionales de base du territoire de la
France.
3 - Les bons pays et les autres
Plaines, vallées et littoraux se sont imposés comme des espaces attractifs : Dans sa grande majorité,
la population de la France se concentre dans les bas pays, auprès des rivages et le long des cours
d'eau. Les avantages de ces espaces sont anciens. Plaines et bas plateaux offrent de larges superficies
exploitables, de bons terroirs, des ressources en eau accessibles et n'opposent guère d'obstacles à la
circulation des hommes et des marchandises. Les littoraux permettent la complémentarité entre
l'agriculture et la pêche et ouvrent les hommes aux échanges lointains. Les ports ont été ainsi des pôles
d'activité et de peuplement précoces. Enfin, les vallées des fleuves et des rivières, sont apparues très tôt
comme des couloirs d'échanges, fixant les villes aux confluences, aux carrefours stratégiques avec les
voies terrestres, et offrant aux occupants des sols fertiles et des eaux abondantes.
Au XIXe siècle, la révolution industrielle et des transports a confirmé la primauté de ces espaces. Depuis,
leur attractivité n'a cessé de grandir : on y trouve les villes et les métropoles qui sont les points forts
de l'organisation du territoire ; sillonnés par d'importants réseaux de communications, ils sont le siège
d'échanges intenses qui conditionnent les dynamismes régionaux. Dans les régions de montagnes, c'est la
trame des vallées et bassins, qui détermine l'intensité du peuplement et des activités.
Hauts pays et terres ingrates, vidés de leurs habitants, sont devenus des réserves d'espace : Les
montagnes offrent, dans l'ensemble, des conditions difficiles : rudesse des hivers, exiguïté et pente des
bons terroirs, difficultés d'accès, risques naturels. On trouve aussi des milieux médiocres ailleurs:
« Gâtines » argilo-sableuses du bassin de Paris, dépôts morainiques du Bas-Dauphiné, causses arides de la
périphérie méridionale du Massif central, littoraux sableux et marécageux du Languedoc et des Landes.
Dans le passé cependant, les communautés humaines qui peuplaient ces régions tiraient ingénieusement
parti des faibles ressources offertes. Des systèmes économiques diversifiés, mêlant aux productions
agricoles adaptées un artisanat actif, permettaient des densités humaines parfois importantes.
Ces régions se sont vidées à partir du XIXe siècle, concurrencées notamment par l'économie
dynamique des espaces attractifs. Elles constituent aujourd'hui une « France du vide » où l'emprise
humaine est faible. Ces vides territoriaux ont longtemps inquiété les pouvoirs publics et les aménageurs ;
on les considère encore souvent de manière négative. On peut aussi les percevoir comme des réserves
d'espaces inestimables.
Vocabulaire :
Facteurs de diversité du territoire français : ensemble des conditions physiques (relief, climats,
végétation, cours d’eau…) et ensemble du cadre humain concernant les espaces de la métropole et les
départements et collectivités d’outre-mer (DOM-ROM et COM)
Finisterre : partie de terre marquant la limite ouest du continent européen : la France.
Densité de population : nombre d’habitants au km2
Diagonale du vide : régions de faibles densités de population traversant la France des Ardennes aux
Pyrénées
Dérive Nord Atlantique : La dérive nord atlantique est un courant océanique chaud et puissant qui
prolonge le Gulf Stream vers le nord-est. Elle se sépare en deux à l'ouest de l'Irlande. Une des branches
(le courant des Canaries) va vers le sud tandis que l'autre continue le long des côtes du nord-ouest de
l'Europe où il a une influence considérable sur le climat en le réchauffant.
ZEE : Zone Economique Exclusive maritime (200 miles marins) sur laquelle l’Etat côtier exerce des
droits souverains en matière économique pour son exploitation.
II – LE CONTINENT EUROPEEN
L’Europe est devenue un territoire organisé par des logiques qui dépassent les seules frontières politiques.
Troisième pôle de la Triade (ensemble des trois premières puissances économiques et politiques, qui
comprend aussi l'Amérique du Nord et l'Asie-Pacifique), pleinement inséré dans l'économie monde,
l'espace européen évolue aussi sous l'égide d'un ensemble politique original : l'Union européenne.
Rendre compte de la géographie de l'Europe nécessite d'en fixer les limites. Plus délicate qu'elle ne paraît,
cette délimitation renvoie à la question de l'identité européenne. Le Vieux Continent possède des régions
aux visages divers, en situation de domination ou de dépendance, qui tendent à former un espace organisé
de vie et de travail.
A - Quelles limites pour l'Europe ?
1 - La péninsule de l'Eurasie
Des limites continentales relatives : L'Europe n'est pas un continent au sens strict du terme : elle forme le
cap occidental du bloc eurasiatique. Ses frontières orientales ne sont pas géographiques mais
historiques et politiques. À la fin du XVIIIe siècle, c'est le tsar Pierre le Grand qui choisit comme limite
les monts Oural quand il décide de faire de la Russie un pays européen. Avec ses altitudes modestes (il
culmine à 1 894 m) et ses nombreux cols, ce massif ancien n'a jamais représenté une barrière naturelle.
Au sud-est, les monts du Caucase constituent une frontière également conventionnelle mais avec des
sommets élevés.
Une étroite imbrication entre terre et mer : L'Europe est le plus petit des cinq « continents » avec 10
millions de kilomètres carrés, soit seulement 7 % de la totalité des terres émergées. Avec des milliers de
kilomètres de côtes et des mers qui la pénètrent profondément, son extrême découpage en fait une région
ouverte aux influences maritimes. Ses limites océaniques paraissent nettes : l'océan Atlantique à l'ouest,
l'océan Glacial Arctique au nord et la mer Méditerranée au sud. Mais la présence de nombreuses îles dans
chacun de ses espaces (comme Chypre, l'Islande ou les Açores) explique l'introduction de limites non
naturelles et fixées culturellement au gré de l'histoire.
2 - Un même milieu « naturel » ?
Des conditions climatiques et orographiques diverses : L'unité géographique européenne serait-elle
d'ordre physique ? Le Vieux Continent appartient effectivement dans sa quasi-totalité à la zone
tempérée de l'hémisphère Nord, mais il se caractérise avant tout par un maillage complexe de climats,
de reliefs, de sols et de sous-sols.
La variété climatique se décline en fonction d'une logique ouest-est : la douceur océanique pénètre en
Europe occidentale alors que les effets de la continentalité (amplitude thermique marquée, diminution des
précipitations) s'affirment en Europe orientale. Au sud s'exerce l'influence tropicale avec un climat
méditerranéen sec en été et assez chaud. À l'inverse, les marges nordiques sont subpolaires.
Les reliefs datent d'ères géologiques différentes et s'organisent selon une disposition nord-sud : au
nord, des massifs anciens érodés et des bassins sédimentaires correspondent à une Europe des plaines et
des plateaux qui s'élargit de l'Aquitaine à l'Oural ; au sud, le relief est compartimenté par des couloirs
fluviaux et des chaînes de montagnes jeunes (notamment les Alpes).
Des paysages caractérisés par une anthropisation forte et ancienne : En conséquence, si l'Europe
possède une identité physique, celle-ci tient à sa variété même. Du nord au sud, de l'est à l'ouest, elle offre
des visages divers. De plus, il n'y a plus de paysage « naturel » sinon de manière résiduelle dans les
marges nordiques et en haute montagne. Le territoire européen porte en effet la marque profonde de
l'occupation humaine. Les paysages européens sont complexes car fortement et anciennement
anthropisés dans les campagnes (villages, champs...) comme dans les villes.
Il existe ainsi un paysage urbain européen reconnaissable notamment à son centre-ville avec ses
monuments repères (cathédrale, château...) et ses bâtiments d'époques différentes. La richesse du
patrimoine (historique, paysager...) en fait l'espace le plus visité au monde. Actuellement, il existe une
tendance à l'homogénisation des paysages citadins et périurbains en raison de l'évolution économique
commune à l'ensemble de la région.
B. Un foyer de peuples et de peuplement
1 - Des peuples nombreux et divers
Des peuples aux États-nations : L'unité de l'Europe proviendrait-elle de ses habitants, c'est-à-dire
d'Européens aux caractères proches ? Si un peuple est un ensemble de personnes vivant en communauté
et partageant des traits communs (liens de parenté, langue, religions, mode de vie, histoire...), la réponse
est négative. Depuis la préhistoire, la région a connu des vagues régulières de migrations, notamment
de peuples venus d'Asie. Au cours des siècles, les populations installées en Europe ont connu un
métissage ethnique et culturel plus ou moins marqué avant de former des États-nations fondés sur un
sentiment d'unité nationale.
Trois aires linguistiques et religieuses : La langue représente un lien important pour définir une nation
mais pas indispensable (comme le montre l'exemple de la Suisse). Une centaine de langues différentes ont
été répertoriées en Europe. La plupart sont indo-européennes et appartiennent à trois grandes familles :
latine au sud-ouest, germanique au centre et au mord, slave à l'est.
Les religions chrétiennes sont largement majoritaires avec trois aires qui ne recoupent pas exactement
les zones linguistiques précédemment évoquées : catholique à l'ouest et au sud, protestante au nord et au
centre, orthodoxe à est.
2 - Une région densément peuplée et fortement urbanisée
Un foyer de peuplement avec des vides et des pleins : L’Europe demeure l'un des trois grands foyers
de peuplement de la Terre avec ~350 millions d'habitants (Russie comprise). Elle possède une densité
moyenne élevée 73 hab./km2 contre une moyenne mondiale de 49 hab./km2).
Les fortes densités (jusqu'à 400 hab./km2 aux Pays-Bas) appartiennent à une zone fortement
urbanisée allant du bassin de Londres à l'Italie du Nord en passant par la Ruhr, l'ensemble
rassemblant près du tiers des habitants européens. La population se concentre également dans des régions
centrées sur une capitale (Paris, Madrid), dans les grandes vallées et le long des littoraux.
À l'est, la densité est assez stable, aux alentours de 100 hab./ km2 alors que les contrastes sont forts à
l'ouest avec une diagonale « aride » courant des Ardennes au centre de l'Espagne (régions d'agriculture
mécanisée, zones rurales connaissant une déprise économique et démographique comme le Massif
central). Enfin les régions septentrionales (Scandinavie) constituent de vastes espaces presque vides
(15 hab./km2 en Finlande).
L’importance du phénomène urbain : L'Europe est la région du monde la plus anciennement et
fortement urbanisée : plus de trois habitants sur quatre habitent la ville. Le semis urbain (répartition
des villes dans l'espace) est particulièrement serré, constitué surtout de villes petites et moyennes. Les
métropoles sont nombreuses, mais seules deux agglomérations dépassent les 10 millions d'habitants (Paris
et Londres).
I1 existe toutefois des spécificités nationales dans le processus d'urbanisation avec des armatures
urbaines différentes : modèle à capitale macrocéphale (comme la France avec Paris qui concentre
l'essentiel des fonctions du pays), modèle polycéphale en Allemagne (avec plusieurs métropoles
régionales), modèle bicéphale intermédiaire (comme en Italie et en Espagne avec les métropoles
économiques, Milan et Barcelone, et les capitales politiques, Rome et Madrid). Le processus de
métropolisation (concentration des fonctions de commandement et des activités de décision, de
conception et de direction) se traduit par deux phénomènes : le renforcement des métropoles en elles-
mêmes à la tête de leur réseau urbain ainsi que le développement des relations entre les métropoles (ce
que Roger Brunet appelle le « ring européen »).
3 - Un « Vieux Continent »
Une croissance démographique assurée par l'immigration : Au cours du XXe siècle, la population
européenne a achevé sa transition démographique : depuis les années 1980, les taux de mortalité et de
natalité sont stabilisés à des niveaux bas et proches. L'accroissement naturel est donc pratiquement
nul. Le poids relatif de l'Europe dans la population mondiale recule : en 1900, un habitant sur 4 était
européen, en 2000, seulement un sur 8.
Après avoir été longtemps une terre d'émigration (50 millions de personnes ont quitté la région au
XIXe siècle), l'Europe est devenue après 1945 l'un des plus importants foyers d'immigration de la
planète. 700 000 personnes arrivent chaque année. D'intra-européens (aujourd'hui en provenance de
l'Europe de l'Est), les flux se sont ouverts aux pays du Sud (Maghreb, Afrique Noire). Le solde migratoire
assure actuellement l'augmentation modérée de la population.
Des comportements démographiques très proches : La fécondité est tombée en deçà du seuil de
renouvellement des générations dans tous les pays (notamment ceux d'Europe centrale et orientale).
Seules la France et l'Irlande conservent un taux voisin de 2. La population du Vieux Continent ne cesse
de vieillir: l'âge médian était de 39 ans en 2005 (contre 28 ans dans le monde et 19 ans en Afrique).
L'espérance de vie augmente et figure parmi les plus élevées du monde. En conséquence, la part des
moins de 25 ans est devenue inférieure à celle des plus de 65 ans. À terme, la diminution prévisible de
la population active pose inéluctablement le problème du maintien de la protection sociale à travers
le financement des retraites et des dépenses de santé.
4 - Des espaces européens inégalement polarisés
Même si tous les pays européens font partie des zones les plus riches du globe, le contraste est grand
entre les revenus des Suisses et ceux des Roumains ou des Albanais.
Une opposition fondamentale apparaît déjà entre l’Est et l’Ouest. Ce retard est dû au décalage de la
diffusion de la Révolution Industrielle. La transformation de la société est rendue rapide à l’Ouest et
demeure traditionnelle à l’Est. De plus la relative inefficacité des systèmes politiques et économiques
développés en Europe de l’Est creuse l’écart entre deux Europes. Certes, des pays de l’Europe de l’Ouest
ont connu un décollage plus tardif (Espagne, Portugal, Italie), mais ils ont su profiter du redémarrage
économique puissant d’après-guerre.
L’analyse de l’Europe économique amène aujourd’hui à quelques constats :
- Un cœur puissant bat depuis le Bassin de Londres jusqu’à la plaine du Pô, en embrassant le
Benelux, l’est de la France et l’ouest de l’Allemagne. Ce Centre économique de l’Europe présente une
grande diversité entre des espaces très densément peuplés (ex : vallée du Rhin) et des espaces assez vides
(régions montagneuses) ; entre d’anciennes régions industrielles en cours de reconversion (Lorraine) et de
nouveaux espaces économiques attrayants (Grenoble, Munich) ;
- Autour de ce cœur, par diffusion, des espaces dynamiques s’élargissent : ouverture à
l’Allemagne de l’Est, aux régions de l’Europe de l’Est anciennement industrialisées (sud de la Pologne,
Tchéquie, Slovénie) ; renforcement de l’axe PLM.
- A l’opposé, on relève des espaces périphériques plus ou moins intégrés (espaces
périphériques ruraux : sud de l’Italie, sud de l’Espagne, Portugal des montagnes, ouest de l’Irlande, nord
du Royaume uni, nord des pays nordiques, campagnes rurales des anciens pays de l’est)
- Face au centre puissant, des essais de réorganisation se développent dans une logique
multipolaire : l’Arc Atlantique, l’Arc méditerranéen autour d’axes de communication structurants ou
d’intérêts communs
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