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INTRODUCTION
L'histoire de la psychopathologie clinique témoigne de la dialectique entre pratique
et théorie ; entre confrontations aux problèmes cliniques, et travail réflexif de
conceptualisation visant à rendre compte de ces problèmes. Notre démarche se fonde
sur cet échange, car elle s'enracine dans une pratique clinique déterminée, sur la base
de laquelle nous tenterons d'articuler des concepts jugés opportuns et efficaces.
Les échanges transférentiels, phénomènes polymorphes et omniprésents, ont été
conceptualisés par la psychanalyse. Le transfert est essentiellement une manifestation
de la résistance, luttant contre la mise à jour de désirs inconscients relatifs à l'enfance
et qui, pour ce faire, actualise ces désirs dans une relation présente. Mais ce
phénomène général n'est considéré comme l'œuvre d'une résistance que dans un cadre
psychothérapique visant la mise à jour de déterminants pathogènes inconscients. C'est
pourquoi la psychanalyse s'est tout particulièrement attachée à combattre cette création
de la maladie, puis ensuite à l'utiliser dans le traitement. En effet, ce n'est que
progressivement que S. FREUD, réalisant la prépondérance de cet ennemi de la cure, le
retournera en un allié de la modification psychique. Ainsi, la névrose de transfert sert à
« piéger » l'ensemble des comportements pathologiques, offrant ceux-ci à la
reconnaissance de l'analyste, puis à la remémoration du patient. L'avènement de cet
outil central pour la cure a accentué la longue durée du processus analytique. Cette
longueur n'a pas été sans poser problème aux psychanalystes, à commencer par S.
FREUD qui, malgré les tentatives visant à écourter les cures auxquelles il prit part, finit
par considérer que ces méthodes portent atteinte à l'essentiel du processus curatif.
Malgré cela, de nombreuses psychothérapies brèves d'inspiration psychanalytique
n'eurent de cesse de se développer ; notamment dans des contextes excluant le
prolongement d'une prise en charge.