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pharmaJournal 04 | 2.2008
Wissenschaft · Science
Pour d’autres groupes de substances, le médicament
sera généralement arrêté ou sa dose fera l’objet
d’une adaptation. Il s’agit surtout des médicaments
qui ont un effet sur le métabolisme, les électrolytes et
la coagulation sanguine ou les substances pouvant
interagir avec les médicaments instaurés pendant ou
après l’intervention. Les catégories importantes sont
regroupées au tableau 2 et discutées dans les sec-
tions suivantes de cet article.
perfusion d’insuline au lieu des antidiabétiques
oraux.
Chez les patients déjà sous insulinothérapie,
l’insuline d’action prolongée doit être remplacée au
plus tard la veille de l’intervention par une insuline à
durée d’action moyenne ou courte. Le jour de l’inter-
vention, le patient recevra en traitement une perfu-
sion d’insuline. [8] En règle générale, on utilise une
perfusion de glucose à 5–10% contenant de l’Actra-
pid®; la posologie dépend d’une part des besoins
habituels en insuline et d’autre part de la glycémie
mesurée à jeun.
Hormones thyroïdiennes:
hypo- ou hyperthyroïdie?
Lors de l’opération d’un patient présentant une hypo-
thyroïdie, la survenue d’un taux accru de complica-
tions est possible, notamment une occlusion intesti-
nale ou un état confusionnel, voire un délire. [9]
Plusieurs systèmes organiques peuvent être atteints
comme la fonction cardiovasculaire et pulmonaire, la
motilité gastro-intestinale, l’équilibre hydroélectroly-
tique ou l’hémostase. C’est la raison pour laquelle il
faut normaliser l’état métabolique du patient avant
une intervention prévue. Si l’intervention chirurgi-
cale est urgente, le patient présentant une hypothy-
roïdie grave se voit administrer de la thyroxine et des
glucocorticoïdes en pré-opératoire. Dans ce cas, on
doit prendre garde à une hypersensibilité accrue à
certains médicaments instaurés en prémédication
dont la dose devra être réduite. Il s’agit notamment
des anxiolytiques et des sédatifs.
Les hormones thyroïdiennes ont un effet direct à
la fois inotrope et chronotrope. Le risque périopéra-
toire dans l’hyperthyroïdie est donc surtout caracté-
risé par des problèmes cardiovasculaires. Le risque
de fibrillation auriculaire est p. ex. évalué entre 10 et
20%. [10] On redoute surtout une crise thyréotoxique
post-opératoire pouvant s’accompagner de fièvre,
de tachycardie, de confusion
mentale, de défaillance cardio-
vasculaire et éventuellement
du décès du patient. En cas
d’hyperthyroïdie grave, il fau-
drait donc déplacer une inter-
vention élective jusqu’à nor-
malisation de l’état métaboli-
que. En cas d’hyperthyroïdie
légère, l’intervention pourra être effectuée et le pa-
tient sera traité par bêtabloquants (p. ex. 10 à 40 mg
de propranolol par jour). Les médicaments thyréo-
statiques doivent être pris jusqu’à la veille de l’inter-
vention. [11]
Corticostéroïdes: attention à l’insuffisance sur-
rénalienne
Au cours d’une intervention chirurgicale, on observe
initialement une réaction à la situation de stress qui
Tableau 2:
Médicaments dont l’adaptation est généralement nécessaire
Arrêter le traitement,
l’adapter ou observer
les effets indésirables
éventuels
Antidiabétiques
Hormonothérapie thyroïdienne
Corticothérapie
Diurétiques
Psychotropes
Traitement de fond de la polyarthrite rhumatoïde
– Inhibiteur du TNF-α
– Méthotrexate
Substances ayant un effet sur la coagulation sanguine
– Anticoagulants
– Inhibiteurs de l’agrégation plaquettaire
– AINS
Inhibiteurs de l’ovulation, hormonothérapie de
substitution
Phytothérapie
Antibiotiques
Un médicament non arrêté
peut entraîner des effets indé-
sirables pendant ou après une
intervention chirurgicale
Antidiabétiques: modification du métabolisme
par l’intervention
Chez le patient diabétique opéré, l’excrétion des hor-
mones anti-régulatrices comme le cortisol, les caté-
cholamines, le glucagon et les hormones de crois-
sance augmente la gluconéogenèse, la glycogénolyse,
la protéolyse, la lipolyse et la cétogenèse. Il en ré-
sulte un risque accru de catabolisme métabolique
avec hyperglycémie, déshydratation (diurèse osmo-
tique) et cétose. Cette situation peut s’aggraver par
les carences alimentaires pré-
opératoires. [6] La prise en
charge pré-opératoire du dia-
bétique est fonction du type
de diabète, des traitements en
cours et de l’importance de
l’intervention prévue.
Chez les patients diabéti-
ques non insulinodépendants,
les antidiabétiques oraux devraient être arrêtés le jour
de l’intervention. La metformine doit être arrêtée
48 heures avant l’intervention afin d’éviter la sur-
venue d’une acidose lactique. (L’acidose lactique est
une complication métabolique grave d’un traitement
par la metformine qui se traduit par une dyspnée
acidosique, des douleurs abdominales, une hypo-
thermie puis un coma. Depuis 1990, plus de 30 cas de
ce type ont été décrits en Allemagne, dont la moitié
a eu une évolution mortelle! [7]). Lors d’interven-
tions importantes, on devra plutôt administrer une