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234 Volume 25, Issue 2, sprIng 2015 • CanadIan onCology nursIng Journal
reVue CanadIenne de soIns InfIrmIers en onCologIe
FEATURES/RUbRiqUES
une même personne. Il leur semblait
impossible de mettre un point nal au
chapitre et que l’expérience de cancer
n’avait pas de n nette. L’avenir leur
paraît ou comme le reète la photo-
graphie que Mike a prise d’un panneau
« Fin de la zone de construction » (voir
la gure 1). En parlant des chances qu’il
avait de développer un troisième cancer,
Mike s’est exclamé : « Je pense que c’est
bien réel, que c’est possible, parce que
les deux premiers (cancers) n’avaient
pas de lien entre eux et étaient tout à
fait imprévus et que je n’étais pas vieux
à l’époque et que je ne suis encore pas
vieux pour avoir un autre cancer ».
Un diagnostic de cancer ultérieur
amenait certains à éprouver un senti-
ment d’insécurité et à se sentir mena-
cés. Ils se mettaient à s’inquiéter de
chaque douleur, mal ou bosse et se
demandaient « Est-ce une douleur nor-
male ou une douleur induite par le can-
cer? ». Par exemple, en parlant d’une
photographie de foulards, Deborah
(cancer du col de l’utérus suivi d’un can-
cer du sein) a coné qu’elle gardait les
foulards qu’elle avait portés quand elle
avait perdu ses cheveux à cause des trai-
tements de chimiothérapie parce qu’elle
pourrait en avoir de nouveau besoin si
elle devait avoir le cancer une troisième
fois.
C’est familier mais diérent
Il existe une idée reçue omnipré-
sente à la fois chez les survivants du
cancer et les prestataires de soins,
celle selon laquelle le fait d’avoir eu le
cancer prépare automatiquement les
survivants à la survenue de cancers ulté-
rieurs. Dans cette optique, la personne
qui a le cancer à plusieurs reprises est
perçue comme un « ancien combat-
tant », un patient déjà atteint par le
cancer qui sait à quoi s’attendre sur le
plan du diagnostic, du traitement, et
des eets à court et à long terme parce
qu’il a déjà traversé l’épreuve du cancer.
Le problème est que le fait d’avoir eu le
cancer une fois ne prépare pas nécessai-
rement les patients aguerris à des dia-
gnostics de cancer ultérieurs. D’ailleurs,
il se peut que cette idée reçue puisse
nuire aux soins dispensés à ces patients
lorsqu’ils sont atteints d’un nouveau
cancer tel que l’illustre la citation
suivante de Sarah à propos de son deu-
xième cancer du sein :
« Je n’arrêtais pas de faire de mau-
vaises suppositions parce que je les
basais sur la façon dont les choses
s’étaient déroulées quatorze ans
plus tôt. Et tout a tant changé. Cela
aurait été beaucoup mieux pour
moi si cela avait été ma première
fois. Je ne cessais de me dire que ça
allait se passer de cette façon... et de
cette façon et ainsi de suite. Je nis-
sais par ne pas poser la question qui
me vaudrait de recevoir certains ren-
seignements. Les gens (prestataires
de soins) supposaient que je connais-
sais la réponse parce que j’étais déjà
passée par là, tout cela fait que
diverses petites choses n’ont pas été
abordées. »
Lorsque les participants comparaient
leur première expérience du cancer à
leurs expériences ultérieures, ils par-
laient des similitudes et des diérences
qu’ils remarquaient au niveau des carac-
téristiques du cancer, du traitement du
cancer, des tâches liées aux étapes de la
vie et des perspectives d’avenir. La carac-
téristique du cancer qui préoccupait le
plus les participants était l’étendue de
l’envahissement tumoral. La plupart des
participants avaient été diagnostiqués,
lors de leur première épreuve cancé-
reuse, de cancers localisés non invasifs,
tandis que leurs cancers ultérieurs
étaient souvent de nature plus invasive
avec présence de métastases.
Les participants étaient stupéfaits
des progrès réalisés à ce jour concer-
nant les traitements anticancéreux. Ils
constataient que les traitements de
radiothérapie ciblaient beaucoup mieux
les cellules cancéreuses et endomma-
geaient bien moins les organes et tis-
sus sains environnants (p. ex. faisceaux
de photons par rapport au cobalt-60).
Les participants soulignaient égale-
ment l’importance, pour eux, de rece-
voir leurs traitements contre le cancer
dans le même établissement pour cha-
cun de leur diagnostic de cancer. Ceci a
beaucoup aidé une participante dont les
soins ont été assignés à son ancienne
équipe médicale lorsqu’elle a développé
son deuxième cancer du sein parce
qu’elle était « encore dans le système ».
Les participants décrivaient l’impact
de leurs traitements anticancéreux sur
leur organisme, en contrastant leurs
expériences au l du temps. Pour cer-
tains, les traitements les touchaient
de la même façon — « en ravageant
les émotions et le corps ». D’autres
décelaient des diérences dans leur
préparation en vue du traitement anti-
cancéreux. En se référant à la photogra-
phie d’un kayak, Deborah (cancer du col
de l’utérus suivi d’un cancer du sein) a
déclaré :
« La diérence est mon premier can-
cer (en comparaison avec mon deu-
xième)… Je n’avais pas une aussi
bonne forme physique au moment
de l’aronter. Je n’étais pas aussi
stable du point de vue émotionnel.
Spirituellement parlant, je n’étais
pas prête… J’ai donc mis bien plus
de temps à traverser l’épreuve, la pre-
mière fois. »
Les participants en étaient à des
étapes de vie diérentes lorsqu’ils ont
été diagnostiqués de leurs cancers suc-
cessifs. Ceux qui étaient célibataires
lors de leur premier cancer étaient fré-
quemment mariés lors de leur seconde
atteinte. Certains avaient de jeunes
enfants à la maison lorsque le can-
cer les a frappés pour la première fois.
Lorsqu’il est apparu une autre fois,
ils avaient des enfants adultes et des
petits-enfants. Lillian en a fait l’illus-
tration avec une photographie de sa
famille :
« Lorsque mon second cancer du
sein est survenu, j’étais parvenue à
une étape diérente de ma vie ... Je
savais que mes enfants ne dépen-
daient plus de moi comme avant …
nous étions rendus au moment où
nous pouvions vivre de nouveau
« notre vie de couple » parce que nos
gamins étaient partis. »
Les besoins des participants variaient
en fonction de leurs étapes de vie. Nelda,
qui était chef de famille monoparentale
quand elle a reçu son premier diagnos-
tic de cancer du sein à l’âge de 30 ans,
avait les besoins suivants : logement,
soins aux enfants, carrière/emploi et
revenus. Ses besoins avaient changé
deux ans plus tard lorsqu’elle a été dia-
gnostiquée d’un second cancer du sein