et les intempéries. La façade est comme un filtre, qui laisse
entrer les regards et transmet des images vers l’extérieur ;
elle capte des couleurs et des ambiances de lumière ou les
rejette, elle donne un visage à la maison. Ainsi, l’utilisation
de plissements pour traiter les façades comme une couche
spatiale souligne leur effet de correctif ou de médiateur
entre l’intérieur et l’extérieur.
PORTAL: Dans une entrevue avec Marcella Gallotta, vous
dites que vous voulez contrer l’architecture mondiale
globalisée par des bâtiments qui naissent de la situation
spécifique d’un emplacement. Pouvez-vous expliquer cette
stratégie par l’exemple de vos immeubles industriels ?
FRANK BARKOW: Lorsqu’on regarde les deux pavillons
à Grüsch et le centre de clientèle et de formation à
Farmington, il devient rapidement clair que nous ne
partons pas vers un endroit avec un langage architectural
préfabriqué pour y déployer nos prédilections formelles
personnelles. Avec le moins d’idées préconçues possible,
nous cherchons un accord avec le contexte que nous y
découvrons, avec les spécificités d’un lieu ou également les
traditions architecturales locales, auxquelles nous pouvons
nous référer. Ces éléments fournissent des impulsions
importantes pour le concept, pour le mode de construction
ou le choix des matériaux. Indépendamment du programme
des pièces, un projet dans les montagnes suisses est donc
complètement différent d’un autre construit entre-temps
dans un “Industrial park” de la côte est des Etats-Unis.
PORTAL ENTRETIEN AVEC
REGINE LEIBINGER ET FRANK BARKOW
PORTAL: Comme dans presque tous vos immeubles de
bureaux et bâtiments publics, mais en particulier dans vos
bâtiments industriels, vous cherchez à ramener la taille des
volumes à l’échelle humaine via l’articulation, le plissement
et la rupture des surfaces. Quelle est pour vous l’importance
de l’étalon humain, en particulier pour la construction
industrielle ?
REGINE LEIBINGER: Il est bien entendu toujours important.
Et spécialement dans la construction industrielle, où
nous sommes confrontés à des volumes d’immeubles
véritablement grands, nous ne pouvons pas le perdre de
vue. Pour les machines, l’aspect de leur environnement
n’a aucune importance. Mais nous continuons après tout
à construire en première instance pour les gens. Sur leur
lieu de travail, où ils passent après tout la plus grande
partie de leur vie, ils ne peuvent pas avoir le sentiment
qu’on les a oubliés lors de la planification. Nous tentons
de supprimer dans la mesure du possible la séparation
entre la production et l’administration, ce qui crée déjà un
changement important de norme. Nous ne dessinons pas
de halls énormes avec à côté un petit immeuble de bureaux
isolé. Nous regroupons ces deux éléments sous un même
toit, de manière non hiérarchisée – ce qui raccourcit les
trajets et améliore la coordination interne de l’entreprise.
FRANK BARKOW: Nous expérimentons beaucoup avec
nos façades; l’enveloppe d’un bâtiment représente en effet
toujours d’avantage qu’une simple protection contre le vent
Barkow Leibinger Architekten est considéré actuellement comme l’un des
principaux bureaux d’architecture pour la construction industrielle en Allemagne.
Ce bureau d’architectes germano-américain, fondé en 1993 à Berlin, a réalisé
jusqu’ici de nombreux projets, principalement en Allemagne, en Suisse et aux
Etats-Unis. PORTAL a parlé avec Regine Leibinger et Frank Barkow de leur
expérience pour la conception de bâtiments pour l’industrie et de leur approche
personnelle des projets de construction industrielle.
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