reproduction de l`ours polaire

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON
Année 2005 - Thèse n°
BILAN DE LA REPRODUCTION DES OURS POLAIRES
EN CAPTIVITE
DANS LES PARCS ZOOLOGIQUES FRANÇAIS
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON I
(Médecine – Pharmacie)
et soutenue publiquement le 17 Novembre 2005
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
KINKELIN Elise
Née le 18 Juin 1981
à Lyon (69)
2
A Monsieur le Professeur ITTI
Professeur à la faculté de médecine de Lyon,
Qui m’a fait l’honneur d’accepter la présidence de mon jury de thèse.
Hommages respectueux.
A Monsieur le Professeur GRANCHER
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,
Qui m’a encadrée et guidée dans la réalisation de ce travail,
Pour sa gentillesse, son humour et sa confiance.
Profonde gratitude.
A Madame le Professeur CHAUVE
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,
Qui a très aimablement accepté de faire partie de mon jury de thèse,
Pour son dévouement et sa gentillesse.
Sincères remerciements.
Au Docteur VITAUD Christelle
Vétérinaire au Safari de Peaugres,
Qui m’a permis de découvrir le passionnant métier de vétérinaire en parc zoologique,
Qui m’a donné l’occasion de rencontrer des animaux extraordinaires : les tapirs,
Pour son aide et sa confiance.
Sincères remerciements.
Au Docteur PETIT Thierry
Vétérinaire au Zoo de La Palmyre,
Qui m’a fait aimer le monde de la faune sauvage,
Qui est à l’origine du sujet de ma thèse,
Pour son aide précieuse, sa passion communicative et son incroyable rigueur.
Sincères remerciements.
Au Docteur MOISSON Pierre et au Docteur GOMIS David
Vétérinaires au Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse,
Qui m’ont permis de faire mon premier stage en parc zoologique,
Pour leur gentillesse, leur humour, leur confiance et leur aide.
Sincères remerciements.
3
Aux soigneurs du Safari de Peaugres,
Et tout particulièrement à Romy, Nolwenn, Mickaël, Teddy, Valérie, Elodie, Carl, Nicolas,
Dorothée, et à ceux que j’oublie (avec mes excuses). Pour tout ce que vous m’avez appris,
pour votre gentillesse, votre disponibilité et pour toutes ces soirées que l’on a passé ensemble.
Aux soigneurs du Zoo de La Palmyre,
Même si je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup vous connaître, je tenais quand même à vous
remercier pour votre gentillesse et votre aide.
Aux soigneurs du Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse,
Et tout particulièrement aux soigneuses du secteur carnivores : Séverine, Elise, Anne-Lise,
Delphine et Aurore, mais aussi à Bruno et Hélène. Pour tout ce que vous m’avez appris, votre
aide dans mon travail, votre humour, et pour tous les bons moments passés ensemble.
A Benoît et Mathilde,
Pour tous ces bons moments passés en stage au Safari de Peaugres, je garderai toujours un
très bon souvenir de la colocation au château et de toutes ces soirées qu’on a passé. Je vous
souhaite bonheur et réussite dans votre nouvelle vie de vétérinaires.
Aux ours polaires des trois parcs,
C’est-à-dire Johnny, Katinka et Teddy à Peaugres ; Tania et Yourk à La Palmyre ; et Tina et
Jurij à Mulhouse. Pour m’avoir permis de réaliser ce travail et de vous approcher de très près
pour certains.
4
A mes parents,
Je tenais à vous exprimer ma profonde gratitude pour toute l’aide et le soutien que vous
m’avez apporté et que vous m’apportez encore.
Je vous aime très fort.
A mes frères et sœurs,
A Gerulf, tu as toujours été un modèle de réussite pour moi. Tu seras toujours le meilleur des
Morlocks à mes yeux. Je te souhaite plein de bonnes choses dans ton futur boulot.
A Kudrun, tu représentes beaucoup pour moi, ma sœur, mais aussi ma confidente, ma
conseillère, ma meilleure amie. Je te remercie pour ta complicité et ta gentillesse.
A Sophie, même si quelques différences nous séparent, j’ai beaucoup d’estime pour toi. Tu es
le 2ème bourreau d’enfants de la famille ! Je te souhaite beaucoup de bonheur dans ta nouvelle
vie.
A Christophe, j’apprécie beaucoup ta complicité et ton humour. Je te souhaite bonheur et
réussite en Allemagne.
A toute ma famille française,
Et tout particulièrement à Christiane qui est pour beaucoup si je suis vétérinaire aujourd’hui.
Je te remercie de m’avoir si gentiment accueillie à Athis-Mons.
Für meine ganze deutsche Familie,
Ich danke euch alle für eure Lebensfreude und eure Aufmerksamkeit, mit einem besonderen
Gendanken an Onkel Ulrich für seine zahlreichen Artikel...
A François,
Ahh, ce chouchou avec son inséparable guide bleu! Je te remercie pour le soutien que tu
m’apportes depuis déjà cinq ans, et j’espère qu’on fera encore beaucoup de voyages ensemble
à travers le monde.... avec le guide bleu biensûr !
A Crocrounette,
Ma bestiole à moi qui me suit depuis bientôt 11 ans, que j’aime plus que tout, et qui j’espère
vivra encore longtemps.
A mes amis,
A Vanessa, on a fait un grand bout de chemin ensemble, et j’en garderai toujours un très bon
souvenir. Je te remercie pour ton accueil chaleureux à Toulouse, et pour tous les bons
moments qu’on a passé ensemble depuis le collège. A quand ton airbus privé ?
5
A Bérengère, irrémédiablement Lyonnaise ! Déjà plus de 10 ans d’amitié, et que des bons
souvenirs. Nos métiers nous rapprochent, à la différence que toi, tu tortures de pauvres
humains, et que moi je martyrise les animaux.... Je te souhaite bonheur et réussite.
A Julien, j’ai beaucoup apprécié la 1ère année de fac en ta compagnie. Tu pourras toujours
compter sur moi dans les moments difficiles. Je te souhaite bonheur et réussite dans ta future
vie de prof.
A Manu, pour tous ces bons moments passés à l’école, pour ton calme et ta gentillesse.
A Virginie, pour ton humour et ta complicité.
A Coco, pour ton exotisme et ta bonne humeur à toute épreuve.
A Hélène, ma chère fille de clinique, sans qui la vie à l’école n’aurait sans doute pas été la
même !! Pour ton dynamisme et ta joie de vivre.
Et à tous les autres, Cécile, Hervé, Sandrine, Anne, Loïc, Caro, Mélanie, Spierre, Marion,
Nico, Bosome, Skimo et Céline. Pour tous les bons moments passés ensemble.
6
Sommaire
PREMIERE PARTIE : Présentation de l’ours polaire
I)
Origines de l’ours polaire................................................................................. 29
1) Place des ours dans la Classification............................................................. 29
2) Origine des ours : les premiers ours polaires.................................................31
3) Les parentés entre l’ours brun et l’ours polaire............................................. 32
II)
Caractéristiques anatomiques.......................................................................... 34
1) Les mensurations de l’ours polaire: taille et poids........................................ 34
2) Caractéristiques du profil.............................................................................. 35
3) La dentition et les griffes.............................................................................. 35
III)
Caractéristiques biologiques............................................................................ 36
1) Le développement des sens........................................................................... 36
2) Capacités de déplacement sur la banquise.................................................... 38
3) Capacités de déplacement dans l’eau............................................................ 41
IV)
Adaptations de l’ours polaire au milieu arctique : la couverture polaire.... 42
1) Les caractéristiques du pelage blanc.............................................................. 43
2) La peau noire.................................................................................................. 44
3) Adaptation comportementale au froid et à la chaleur..................................... 46
V)
Habitat et aire de répartition............................................................................47
1) Distribution mondiale des ours polaires........................................................ 47
2) Caractéristiques de l’habitat.......................................................................... 51
VI)
Alimentation....................................................................................................... 52
1) Les techniques de chasse............................................................................... 52
2) La nature des repas........................................................................................ 54
3) Le comportement alimentaire........................................................................ 57
4) Le jeûne lors de l’hibernation........................................................................ 58
VII)
L’espérance de vie............................................................................................. 59
1) Pathologies.................................................................................................... 59
2) Accidents...................................................................................................... 59
3) Longévité...................................................................................................... 59
4) Evaluation de l’âge........................................................................................ 60
VIII) L’ours polaire, une espèce menacée................................................................. 60
1) Une espèce menacée ?................................................................................... 60
2) Doit-on garder l’espèce en captivité ?........................................................... 64
3) La législation mise en place.......................................................................... 65
7
DEUXIEME PARTIE : La reproduction de l’ours polaire à l’état sauvage
I)
Physiologie sexuelle............................................................................................ 67
1) Rappels anatomiques...................................................................................... 67
2) Puberté et saisonnalité.................................................................................... 68
3) Les hormones de la reproduction : concentration...........................................69
4) Effet de la pollution sur la reproduction des ours polaires............................. 70
II)
Rencontre des partenaires................................................................................. 72
1) La rencontre....................................................................................................72
2) La compétition entre mâles............................................................................ 72
3) La cour du mâle .............................................................................................. 73
4) L’accouplement .............................................................................................. 73
III)
Les particularités de la gestation .......................................................................74
1) Durée de la gestation.......................................................................................74
2) La diapause : particularité de l’ourse..............................................................74
3) L’hibernation...................................................................................................74
4) Intervalle entre deux gestations.......................................................................81
IV)
La parturition......................................................................................................82
1) Période............................................................................................................ 82
2) Le part............................................................................................................. 82
3) Les annexes fœtales........................................................................................ 82
V)
Les oursons..........................................................................................................84
1) Nombre d’oursons par portée et taux de reproduction ...................................84
2) Sexe ratio........................................................................................................ 85
3) Taille des oursons........................................................................................... 85
4) Aspect des nouveaux-nés............................................................................... 85
VI)
La lactation..........................................................................................................86
1) Les mamelles de l’ourse polaire..................................................................... 86
2) Le lait.............................................................................................................. 87
3) Sevrage............................................................................................................89
VII)
Le comportement familial..................................................................................90
1) Emergence de la tanière..................................................................................90
2) Comportement maternel jusqu’au sevrage..................................................... 91
3) Education maternelle...................................................................................... 92
8
TROISIEME PARTIE : La reproduction de l’ours polaire en captivité
I)
La nécessité de reproduction en captivité..................................................... 95
1) Le faible taux de reproduction en captivité................................................. 95
2) Une espèce menacée ?................................................................................. 95
II)
Comment étudier la reproduction d’un ours polaire ?................................ 96
1) Laparoscopie et frottis vaginaux................................................................. 96
2) Etude comportementale............................................................................... 97
3) Dosages hormonaux.....................................................................................97
III)
Les difficultés rencontrées.............................................................................. 103
1) Rôle du stress............................................................................................... 103
2) La stéréotypie.............................................................................................. 104
3) Les enclos non adaptés................................................................................ 111
4) Des comportements anormaux.................................................................... 111
IV)
Améliorer la reproduction en captivité......................................................... 113
1) Les couples.................................................................................................. 113
2) Les enclos.................................................................................................... 114
3) La tanière..................................................................................................... 119
4) L’enrichissement......................................................................................... 122
5) Rôle de l’alimentation dans l’hibernation................................................... 126
6) Recommandations indispensables quant à l’élevage d’ours polaires.......... 130
V)
Elevage d’oursons dans un parc zoologique................................................. 131
1) Surveillance de la tanière par caméra.......................................................... 131
2) Alimentation des oursons lors d’élevage à la main..................................... 132
3) Suivi du développement des oursons.......................................................... 134
4) Aménagement d’une aire de jeu.................................................................. 135
5) Entretien de la tanière de mise bas.............................................................. 135
6) Surveillance et manipulations des oursons.................................................. 136
7) Gestion d’une femelle avec des oursons en croissance............................... 136
VI)
La reproduction artificielle............................................................................. 137
1) Récolte de la semence................................................................................. 137
2) Insémination artificielle.............................................................................. 141
3) Fécondation in vitro.................................................................................... 141
9
QUATRIEME PARTIE : Etude expérimentale de la reproduction en
captivité
I)
Au Safari de Peaugres..................................................................................... 143
1) Les ours polaires du Safari de Peaugres...................................................... 143
a) Teddy............................................................................................... 144
b) Katinka............................................................................................ 145
c) Johnny..............................................................................................145
d) Relations entre les ours.................................................................... 145
2) Conception d’un nouveau type d’enclos unique en Europe........................ 146
a) Description de la maison................................................................. 146
b) Description des pré-enclos.............................................................. 148
c) Description des enclos..................................................................... 149
3) Les enrichissements effectués pour les ours polaires.................................. 151
a) Les différents types d’enrichissements............................................ 151
b) La fréquence des enrichissements................................................... 152
c) Les résultats observés...................................................................... 153
4) L’alimentation............................................................................................. 156
a) Les composants alimentaires .......................................................... 156
b) Les variations de quantité suivant la saison et l’individu................ 156
c) L’appétit capricieux des ours polaires de Peaugres......................... 157
5) La reproduction au Safari de Peaugres........................................................ 158
a) Pendant la saison des amours.......................................................... 158
b) Comportement d’hibernation.......................................................... 158
c) La gestation et la mise bas............................................................... 159
6) Pourquoi est-ce un échec ?.......................................................................... 161
a) Les facteurs en faveur de la reproduction....................................... 161
b) Les facteurs empêchant la reproduction.......................................... 161
II)
Etude expérimentale de la reproduction des ours polaires au Zoo de La
Palmyre et au Parc zoologique et Botanique de Mulhouse..........................164
1) Objectif........................................................................................................ 164
2) Les conditions de vie des ours dans ces deux parcs.................................... 164
a) Population........................................................................................ 164
b) Alimentation.................................................................................... 170
c) Les enclos........................................................................................ 172
d) L’enrichissement............................................................................. 186
3) Etude des paramètres comportementaux..................................................... 194
a) Observations.................................................................................... 194
b) Répertoire comportemental de l’ours polaire en captivité.............. 194
c) Résultats et discussion..................................................................... 199
10
TABLE DES ILLUSTRATIONS N°1 :
FIGURES
1. Figure 1 : Schéma des différents membres de la famille des Ursidés.
(50)(82)(83)............................................................................................................. 30
2. Figure 2 : De gauche à droite : crâne de loup, crâne d’ours brun et crâne d’ours
polaire (les échelles ne sont pas respectées). (83)................................................... 33
3. Figure 3 : Anatomie de la tête de l’ours polaire. (83).............................................35
4. Figure 4 : Comparaison de la face plantaire des pattes et des griffes de l’ours polaire
par rapport à l’ours brun. (63)................................................................................. 39
5. Figure 5 : Trajectoire des migrations printanières des familles d’ours polaires sur la
côte Ouest de la Baie d’Hudson. (106).................................................................... 40
6. Figure 6 : L’épaisseur et la couleur de la fourrure évoluent en fonction des saisons :
courte et brunâtre en été, longue et blanche en hiver (taille réelle). (83)................ 43
7. Figure 7 : Répartition mondiale des ours polaires. (83)......................................... 47
8. Figure 8 : Détection d’une tanière de phoque par un ours polaire. (83)................. 53
9. Figure 9 : Stockage d’hydrocarbures dans la toundra. (83).................................... 63
10. Figure 10 : Os pénien d’Ursus maritimus. (49)...................................................... 67
11. Figure 11 : Taux de natalité en fonction de l’âge de l’ourse polaire. (155)........... 68
12. Figure 12 : Combat d’ours mâles. (83)................................................................... 73
13. Figure 13 : Schéma d’une tanière d’ourse polaire. (83)......................................... 76
14. Figure 14 : Les différentes architectures des tanières d’ours polaires. (111)......... 76
15. Figure 15 : Architecture d’une tanière. (83)........................................................... 77
16. Figure 16 : Schéma d’une tanière de terre.(25)...................................................... 78
17. Figure 17 : Taille des oursons à la naissance par rapport à une boîte d’allumette.
(83).......................................................................................................................... 82
18. Figure 18 : Placenta et membranes fœtales chez les ours polaires. (127).............. 83
19. Figure 19 : La présence de sapins abîmés par les oursons atteste de la présence d’une
famille. (83)............................................................................................................. 90
20. Figure 20 : Traces de griffades autour d’une tanière. (83)..................................... 90
21. Figure 21 : Jeune ours de deux ans avec sa mère. (83).......................................... 93
22. Figure 22 : Age de reproduction des ours polaires dans les parcs zoologiques.
(118)........................................................................................................................ 95
23. Figure 23 : Biosynthèse des stéroïdes. (100)......................................................... 102
24. Figure 24 : Relation entre la stéréotypie et la taille de l’enclos extérieur. (118)....105
25. Figure 25 : Balancement de tête de droite à gauche. (3)........................................ 106
26. Figure 26 : Ours faisant des allers-retours devant son bassin. (3).......................... 107
27. Figure 27 : Ours tournant en rond et s’arrêtant pour étirer sa tête. (3)................... 107
28. Figure 28 : Ours marchant selon une trajectoire circulaire. (3).............................. 108
29. Figure 29 : Ours faisant des allers-retours dans son bassin. (3)............................. 108
30. Figure 30 : Ours nageant selon une trajectoire circulaire. (3)................................ 108
31. Figure 31 : Ours nageant selon une trajectoire circulaire, sur le ventre et sur le dos.
(3)............................................................................................................................ 109
32. Figure 32 : Niveau d’activité chez les ours polaires mâles et femelles. (155)....... 109
33. Figure 33 : Comparaison des niveaux de comportement de stéréotypie et de mendicité
entre l’ours polaire, l’ours brun et l’ours malais. (118)........................................... 110
11
34. Figure 34 : Position d’une femelle dans sa tanière avec ses oursons à l’Ile Wrangel.
(118)........................................................................................................................ 120
35. Figure 35 : Pourcentage de temps que les ours passent à stéréotyper en relation avec
un nourrissage routinier. (3).................................................................................... 129
36. Figure 36 : Courbe de croissance illustrant les gains de poids des oursons mâles et
femelles élevés à la main au Zoo de Denver (USA), de la naissance à l’âge de 12 mois.
(62).......................................................................................................................... 135
37. Figure 37 : Photo de Teddy dans son enclos extérieur au Safari de Peaugres....... 143
38. Figure 38 : Photo de Katinka dans son enclos extérieur au Safari de Peaugres..... 144
39. Figure 39 : Photo de Johnny dans l’enclos extérieur du Safari de Peaugres.......... 145
40. Figure 40 : Photo des trois ours polaires du Safari de Peaugres............................ 145
41. Figure 41 : Photo de la porte d’une cage de nuit donnant sur le couloir soigneur. 147
42. Figure 42 : Photo du système de verrouillage des portes....................................... 147
43. Figure 43 : Plan du bâtiment des ours polaires du Safari de Peaugres. (41).......... 148
44. Figure 44 : Schéma de profil de la clôture électrique des pré-enclos. (42) ........... 149
45. Figure 45 : Schéma de profil de la clôture électrique de l’enclos principal. (42)...151
46. Figure 46 : Schéma montrant les zones de stéréotypie des ours polaires au Safari de
Peaugres. (20).......................................................................................................... 153
47. Figure 47 : Photo montrant les pertes sanguines de Teddy.................................... 159
48. Figure 48 : Photo de l’anesthésie difficile de Teddy.............................................. 161
49. Figure 49 : Echographie abdominale de Teddy......................................................161
50. Figure 50 : Ecouvillonnage vaginal........................................................................162
51. Figure 51 : Vulvo-vaginite de Teddy..................................................................... 162
52. Figure 52 : Photo de Yourk, mâle ours polaire du Zoo de La Palmyre..................164
53. Figure 53 : Photo de Tania, femelle ourse polaire du Zoo de La Palmyre............. 165
54. Figure 54 : Déplacement de Tania jusqu’au nouveau bâtiment............................. 166
55. Figure 55 : Photo du vagin de Tania...................................................................... 167
56. Figure 56 : Photo de Jurij, mâle ours polaire du Zoo de Mulhouse........................168
57. Figure 57 : Photo de Tina, femelle ourse polaire du Zoo de Mulhouse................ 169
58. Figure 58 : Photo d’une ration d’ours polaire au Zoo de La Palmyre................... 170
59. Figure 59 : Photo de la ration journalière de Jurij au printemps (sans les
poulets).................................................................................................................... 171
60. Figure 60 : Graphique montrant l’évolution du stress du mâle Yourk avant puis après
son introduction dans le groupe de femelles........................................................... 173
61. Figure 61 : Graphique montrant l’évolution du stress de chacune des trois femelles,
Tania, La Fille et La Mère, avant puis après l’arrivée du mâle Yourk....................173
62. Figure 62 : Suture de plaies d’un ours suite à un conflit avec ses congénères (photo
prêtée par Dr Petit).................................................................................................. 174
63. Figure 63 et 64 : Photos de l’enclos extérieur de l’ancien bâtiment ours polaire.. 175
64. Figure 65 : Schéma de l’ancien bâtiment des ours : enclos extérieur.................... 176
65. Figure 66 : Photo d’un lit en bois dans une cage de nuit........................................176
66. Figure 67 : Schéma des cages de nuit de l’ancien bâtiment des ours polaires....... 177
67. Figure 68 : Photo de l’enclos extérieur du nouveau bâtiment des ours polaires.... 177
68. Figure 69 : Schéma de l’enclos extérieur et du nouveau bâtiment des ours
polaires.................................................................................................................... 178
69. Figure 70 : Photo de Tania se grattant contre les rochers en Février 2004............ 178
70. Figure 71 : Photo de Yourk se grattant contre les rochers en Février 2005........... 178
71. Figure 72 : Photo de Yourk en Février 2004 à son arrivée dans le nouvel enclos. 179
72. Figure 73 : Photo de Yourk en Février 2005, après avoir passé un an dans le nouvel
enclos....................................................................................................................... 179
12
73. Figure 74 : Photo de Tania en Février 2004 .......................................................... 179
74. Figure 75 : Photo de Tania en Février 2005.......................................................... 179
75. Figure 76 : Schéma de la partie aquarium du nouvel enclos des ours polaires...... 180
76. Figure 77 : Schéma de l’intérieur du nouveau bâtiment des ours polaires.............181
77. Figure 78 : Schéma du bâtiment ours polaires du Zoo de Mulhouse..................... 182
78. Figure 79 : Photo du bassin des ours polaires de Mulhouse.................................. 182
79. Figure 80 : Photo de l’enclos extérieur des ours polaires du Zoo de Mulhouse.... 183
80. Figure 81 : Photo d’un « carré »............................................................................ 184
81. Figure 82 : Photo du système de fermeture des portes des cages de nuit côté
soigneurs.................................................................................................................. 184
82. Figure 83 : Photo de la cage de contention menant à la tanière de mise bas au soussol............................................................................................................................ 185
83. Figure 84 : Exemple d’un glaçon........................................................................... 186
84. Figure 85 : Yourk avec les deux glaçons............................................................... 186
85. Figure 86 : Yourk avec un glaçon surveillant Tania.............................................. 187
86. Figure 87 : Tania a réussi à obtenir un glaçon....................................................... 187
87. Figure 88 : Tania déchiquetant un pare battant...................................................... 187
88. Figure 89 : Tania nageant avec un pare battant dans la gueule.............................. 188
89. Figure 90 : Tania transportant une gamelle............................................................ 188
90. Figure 91 : Tania explorant l’intérieur d’un pare battant....................................... 188
91. Figure 92 : Tania sautant sur un pare battant......................................................... 188
92. Figure 93 : Photo de Tania nageant sous l’eau....................................................... 189
93. Figure 94 : Photo des rochers du nouvel enclos..................................................... 189
94. Figure 95 : Photo de l’enclos extérieur de l’ancien bâtiment................................. 190
95. Figure 96 : Photo de deux glaçons dans leur bac................................................... 190
96. Figure 97 : Photo d’un cône de signalisation dans l’enclos extérieur................... 190
97. Figure 98 : Tina transportant un bidon................................................................... 191
98. Figure 99 : Photo de Tina flairant les bûches de bois............................................ 191
99. Figure 100 : Photo de Jurij arrosé par le jet d’eau...............................................192
100. Figure 101 : Photo de Jurij dans le bassin........................................................... 192
101. Figure 102 : Photo du bidon perforé................................................................... 192
102. Figure 103 : Contenu du bidon........................................................................... 193
103. Figure 104 : Transport dans l’eau........................................................................193
104. Figure 105 : Transport sur le sol......................................................................... 193
105. Figure 106 : Tina saute sur le bidon.................................................................... 193
106. Figure 107 : Photo d’un accouplement entre Yourk et Tania............................ 199
13
TABLE DES ILLUSTRATIONS N°2 :
TABLEAUX
1. Tableau 1 : Développement physique et comportement d’un ourson. (86)............86
2. Tableau 2 : Comparaison entre la taille moyenne des tanières creusées par les ours
polaires dans la nature, et la taille moyenne des enclos intérieurs en captivité.
(118)........................................................................................................................ 115
3. Tableau 3 : Reproduction des ours polaires en fonction des caractéristiques des enclos
et de la tanière, de l’origine et du comportement des femelles qui ont respectivement
élevé, perdu ou qui n’ont pas eu d’oursons. (118).................................................. 117
4. Tableau 4 : Echelle utilisée pour classifier les activités des ours (pourcentage du
temps total passé dehors et du temps passé à mendier de la nourriture ou à
stéréotyper). (118)................................................................................................... 118
5. Tableau 5 : Comparaison de la taille moyenne des tanières de maternité creusées par
les ourses polaires dans la nature, et la taille moyenne des tanières en captivité.
(118)........................................................................................................................ 119
6. Tableau 6 : Taux de reproduction des ours polaires : comparaison du taux de survie
des oursons en fonction du chauffage éventuel de la tanière et des origines captive ou
sauvage de la mère. (118)........................................................................................ 120
7. Tableau 7 : Répartition du temps passé à exprimer certains comportements en
fonction de l’enrichissement du milieu. (48) .......................................................... 124
8. Tableau 8 : Composition de l’alimentation des ours polaires. (4)......................... 126
9. Tableau 9 : Composition du lait d’ours polaire. (79)............................................. 133
10. Tableau 10 : Régime alimentaire d’un ourson élevé à la main. (86) (87).............. 133
11. Tableau 11 : Régime alimentaire des oursons sevrés, élevés à la main. (87)........ 134
12. Tableau 12 : Propriétés des différents anesthésiques utilisables chez l’ours polaire.
(42).......................................................................................................................... 138
13. Tableau 13 : Tableau résumant les aliments appréciés ou non par les ours polaires,
effectué par les soigneurs........................................................................................ 154
14. Tableau 14 : Tableau mesurant l’efficacité des objets d’enrichissement du milieu.
(20).......................................................................................................................... 155
15. Tableau 15 : Tableau établi par les soigneurs, montrant les variations saisonnières et
individuelles dans le régime alimentaire carnivore des ours polaires..................... 156
16. Tableau 16 : Tableau établi par les soigneurs, montrant les variations saisonnières et
individuelles dans le régime alimentaire herbivore des ours polaires..................... 157
17. Tableau 17 : Aliments appréciés ou non par chacun des ours polaires.................. 157
14
PLAN DETAILLE
PREMIERE PARTIE : Présentation de l’ours polaire
I)
Origines de l’ours polaire
1) Place des ours dans la Classification
a) La Famille des Ursidés
b) La systématique
2) Origine des ours : les premiers ours polaires
a) Les fossiles retrouvés
b) Un ancêtre du Pléistocène
3) Les parentés entre l’ours brun et l’ours polaire
a) La scission entre les deux espèces
b) L’évolution de l’ours polaire par rapport à l’ours brun
c) Deux espèces très proches génétiquement
II)
Caractéristiques anatomiques
1) Les mensurations de l’ours polaire: taille et poids
2) Caractéristiques du profil
3) La dentition et les griffes
a) les dents
b) Les griffes
III)
Caractéristiques biologiques
1) Le développement des sens
a) L’odorat
b) La vue et l’ouïe
9 La vue de l’ours polaire
9 L’ouïe de l’ours polaire
c) Le toucher
2) Capacités de déplacement sur la banquise
a) Les pattes
9 Un animal endurant
9 Sa démarche
9 Une face plantaire garnie de poils
b) Un sens de l’orientation inné
9 La fidélité aux sites de mise-bas
9 Les trajectoires rectilignes de migration
9 Le mystère de ce sens impressionnant de l’orientation
3) Capacités de déplacement dans l’eau
a) Les aptitudes de l’ours dans l’eau
b) Un mammifère marin endurant
c) Une anatomie adaptée à la natation
d) La nage, une faculté indispensable dans un environnement aussi
mobile
15
IV)
Adaptations de l’ours polaire au milieu arctique : la couverture polaire
1) Les caractéristiques du pelage blanc
a) Les avantages de la couleur du pelage
b) Constitution de la fourrure et son rôle
c) La structure interne d’un poil et ses propriétés
2) La peau noire
a) L’épaisse couche de graisse sous-cutanée
9 Rôle en milieu terrestre
9 Rôle en milieu aquatique
b) Le système circulatoire
9 Système vasculaire de surface
9 Adaptation vasculaire des membres
o Circulation à contre-courant
o Adaptation vasculaire des pieds
3) Adaptation comportementale au froid et à la chaleur
a) Adaptation au froid
b) Adaptation aux températures estivales
V)
Habitat et aire de répartition
1) Distribution mondiale des ours polaires
a) Le Svalbard
b) La Russie
9 Le Nord-Ouest de la Sibérie (Terre François –Joseph / NouvelleZemble)
9 Le Centre-Nord de la Sibérie (Mer de Laptev)
9 Le Nord-Est de la Sibérie (Tchoukotka et Détroit de Béring)
c) L’Alaska
d) Le Canada
9 Le Labrador
9 L’Archipel Nord-canadien
9 L’Ouest de la Baie d’Hudson
9 La Baie James
e) Le Groenland
2) Caractéristiques de l’habitat
a) La banquise
9 Différents aspects
9 Les zones d’eau libres
9 La débâcle
9 La vie sous la glace
b) La toundra
VI)
Alimentation
1) Les techniques de chasse
a) Chasse à l’affût
9 Chasse vers les trous de respiration des phoques
9 Détection et destruction des tanières de mise-bas de phoques
b) Chasse à l’approche
9 Sur la banquise
9 Sous l’eau
c) Bilan sur la chasse de l’ours blanc
16
2) La nature des repas
a) Sur la banquise
9 Les phoques
9 Les morses
9 Les cétacés
9 Les algues
b) Sur la terre ferme
9 Les animaux terrestres
9 Les végétaux
9 Les cadavres
3) Le comportement alimentaire
a) La réputation de « gaspilleur »
b) Les habitudes alimentaires des ours polaires
4) Le jeûne lors de l’hibernation
a) Le jeûne de l’hibernation
b) Le jeûne de reproduction
c) Le jeûne estival
d) L’adaptation de l’ours polaire au jeûne
VII)
L’espérance de vie
1) Pathologies
2) Accidents
3) Longévité
a) En milieu naturel
b) En captivité
4) Evaluation de l’âge
VIII) L’ours polaire, une espèce menacée
1) Une espèce menacée ?
a) Les prédateurs de l’ours blancs
9 Les loups blancs
9 Les orques
9 Les requins
9 Les morses
9 Le cannibalisme
b) L’homme
9 Le braconnage et la chasse
9 La vente illégale de vésicule biliaire
c) L’environnement
9 Le réchauffement de la planète
9 Produits chimiques toxiques
o Le pétrole
o Autres toxiques
9 Les feux de forêts dans la Baie d’Hudson
2) Doit-on garder l’espèce en captivité ?
3) La législation mise en place
a) Statut de l’ours polaire
b) Actions in situ
c) Actions en captivité
17
DEUXIEME PARTIE : La reproduction de l’ours polaire à l’état sauvage
I)
Physiologie sexuelle
1) Rappels anatomiques
a) Les organes génitaux mâles
b) Les organes génitaux femelles
2) Puberté et saisonnalité
a) La maturité sexuelle
9 Chez les femelles
9 Chez les mâles
b) Le poids des femelles
c) La saison de reproduction
9 Période
9 Réceptivité de la femelle
3) Les hormones de la reproduction : concentration
a) Concentration en testostérone chez le mâle ours polaire
b) Concentration en progestérone chez la femelle ours polaire
c) Facteurs influençant les changements saisonniers de taux d’hormones
chez les mâles et les femelles ours polaires
4) Effet de la pollution sur la reproduction des ours polaires
a) Introduction
b) Masculinisation des femelles
c) Féminisation des mâles
d) Conclusion
II)
Rencontre des partenaires
1) La rencontre
2) La compétition entre mâles
3) La cour du mâle
4) L’accouplement
III)
Les particularités de la gestation
1) Durée de la gestation
2) La diapause : particularité de l’ourse
3) L’hibernation
a) Les réserves en prévision du jeûne
b) Période choisie pour hiberner
c) Lieu choisi pour hiberner
d) La tanière
9 Construction de la tanière
9 Architecture de la tanière
9 Cas particulier : les tanières de terre
9 Evolution de l’ambiance de la tanière dans le temps
e) Description de l’hibernation
f) Adaptation du métabolisme au jeûne
9 L’équilibre hydrique de l’ourse en léthargie
9 La mobilisation des réserves adipeuses
9 Métabolisme protidique et jeûne
o La diminution du métabolisme basal
o Au cours du jeûne hivernal des ourses
18
o Au cours des autres périodes de jeûne
4) Intervalle entre deux gestations
IV)
La parturition
1) Période
2) Le part
3) Les annexes foetales
V)
Les oursons
1) Nombre d’oursons par portée et taux de reproduction
a) Nombre d’oursons par portée
b) Taux de mortalité chez les oursons
c) Taux de survie des oursons en fonction de leur taille
2) Sexe ratio
3) Taille des oursons
4) Aspect des nouveaux-nés
VI)
La lactation
1) Les mamelles de l’ourse polaire
a) Anatomie de la glande mammaire
b) Particularités de l’ours polaire
2) Le lait
a) Composition
b) Variation dans la composition du lait suivant l’alimentation
c) Importance vital du lait pour les oursons
3) Sevrage
a) Age
b) Transformations physiques des oursons
VII)
Le comportement familial
1) Emergence de la tanière
a) Le moment choisi
b) Une période de transition entre la tanière et la banquise
2) Comportement maternel jusqu’au sevrage
a) Communications entre la mère et ses oursons
b) L’abandon définitif de la tanière et le premier grand voyage
c) Protection des oursons par la mère
d) L’adoption
3) Education maternelle
a) A la chasse
b) Séparation de la mère de ses oursons
19
TROISIEME PARTIE : La reproduction de l’ours polaire en captivité
I)
La nécessité de reproduction en captivité
1) Le faible taux de reproduction en captivité
2) Une espèce menacée ?
II)
Comment étudier la reproduction d’un ours polaire ?
1) Laparoscopie et frottis vaginaux
a) Laparoscopie
b) Frottis vaginaux
c) Echographie
2) Etude comportementale
a) Détection des chaleurs
b) Détection de l’ovulation
c) Détection de la gestation
d) Détection du part
3) Dosages hormonaux
a) Prélèvements
b) Dosage des stéroïdes fécaux
9 Conditions
9 Fréquence
9 Conditionnement
9 Extraction
o Etapes de l’extraction
o Dilutions employées
o Dosages
• Technique
• Les hormones dosées
- Oestradiol
- Cortisol
- Testostérone
c) Dosages hormonaux dans le sang
d) Dosages hormonaux dans les urines
III)
Les difficultés rencontrées
1) Rôle du stress
a) Exemple de facteur de stress : le groupement social forcé
b) Rôle du stress sur la reproduction
9 Effets néfastes
9 Effets bénéfiques
9 Conclusion sur les effets paradoxaux du stress
2) La stéréotypie
a) Définition
b) Les vecteurs de stéréotypie
9 Séparation prématurée de l’ourson à sa mère
9 Influence de la taille des enclos et du nourrissage
9 Influence de l’état de santé de l’animal
9 Autres vecteurs de stéréotypie
c) Les différentes formes de stéréotypie chez les ours polaires
d) Niveau de stéréotypie chez les ours polaires
20
e) Interprétation et expérience
f) Variation saisonnière
g) La résistance de la stéréotypie
3) Les enclos non adaptés
4) Des comportements anormaux
a) Le cannibalisme
9 Cannibalisme des mâles
9 Cannibalisme des femelles
b) Le rejet de l’ourson
IV)
Améliorer la reproduction en captivité
1) Les couples
a) Choix des deux partenaires
b) La nécessité d’échanges d’individus entre parcs zoologiques
c) La séparation des individus en-dehors de la saison de reproduction
2) Les enclos
a) Leur rôle
b) Les enclos intérieurs
9 La ventilation et l’éclairage
9 L’aire de repos
9 La température
9 Le bruit ambiant
c) Les enclos extérieurs
9 Le sol naturel
9 Les bassins
9 Séparations dans l’enclos extérieur
9 La taille des enclos
9 Topographie de l’enclos
3) La tanière
a) Son rôle
b) Sa taille, sa structure idéales et le paradoxe de la tanière chauffée
9 Taille et structure de la tanière
9 Faut-il chauffer la tanière de mise bas ?
9 Ventilation
9 Matériel pour le « nid »
c) Isolation sonore
4) L’enrichissement
a) Importance
b) Les différents enrichissements possibles pour l’ours polaire
9 Stimulant le comportement de repos
9 Stimulant le comportement alimentaire
9 Stimulant la locomotion
9 Stimulant l’exploration, les manipulations, le jeu
9 Stimulant les sens
9 Stimulant le comportement social
c) L’entraînement médical
d) Les limites de l’enrichissement
5) Rôle de l’alimentation dans l’hibernation
a) Un régime alimentaire saisonnier
9 A la fin de l’hiver et au printemps
21
9 En été
Quantité et composition de la ration alimentaire
Relation entre alimentation et stéréotypie
Fréquence des repas
Qualité de l’alimentation
Alimentation de la femelle durant la fin de sa gestation et le début
de la lactation
6) Recommandations indispensables quant à l’élevage d’ours polaires
b)
c)
d)
e)
f)
V)
Elevage d’oursons dans un parc zoologique
1) Surveillance de la tanière par caméra
a) Vocalisations indiquant une situation favorable
b) Vocalisations indiquant une situation défavorable
c) Comportement de la femelle indiquant une situation d’élevage
défavorable
2) Alimentation des oursons lors d’élevage à la main
a) De la naissance au sevrage
b) Le sevrage
3) Suivi du développement des oursons
a) La thermorégulation
b) Croissance des oursons
4) Aménagement d’une aire de jeu
5) Entretien de la tanière de mise bas
6) Surveillance et manipulations des oursons
7) Gestion d’une femelle avec des oursons en croissance
VI)
La reproduction artificielle
1) Récolte de la semence
a) Nécessité d’une immobilisation
b) Electroéjaculation
9 Introduction
9 Préparations préopératoires
9 Electroéjaculation
9 Examen de la semence et cryoconservation
¾ Analyse de la semence
¾ Cryoconservation
9 Conclusion
2) Insémination artificielle
3) Fécondation in vitro
22
QUATRIEME PARTIE : Etude expérimentale de la reproduction en
captivité
I)
Au Safari de Peaugres
1) Les ours polaires du Safari de Peaugres
a) Teddy
b) Katinka
c) Johnny
d) Relations entre les ours
2) Conception d’un nouveau type d’enclos unique en Europe
a) Description de la maison
9 Climat intérieur
9 Equipement intérieur
9 Aspects pratiques
9 Nombres et dimensions des cages intérieures
b) Description des pré-enclos
9 Fonction de ces pré-enclos
9 Réalisation pratique
c) Description des enclos
9 Rôle de ces enclos
9 Réalisation pratique
3) Les enrichissements effectués pour les ours polaires
a) Les différents types d’enrichissements
9 L’importance de la diversité et des innovations en matière
d’enrichissements
9 Les jeux
9 Les goûters
9 L’exploration
b) La fréquence des enrichissements
c) Les résultats observés
4) L’alimentation
a) Les composants alimentaires
b) Les variations de quantité suivant la saison et l’individu
c) L’appétit capricieux des ours polaires de Peaugres
9 En fonction de l’individu
9 En fonction de la saison de reproduction
5) La reproduction au Safari de Peaugres
a) Pendant la saison des amours
b) Comportement d’hibernation
c) La gestation et la mise bas
6) Pourquoi est-ce un échec ?
a) Les facteurs en faveur de la reproduction
9 L’enclos
9 L’enrichissement
9 Les tanières
b) Les facteurs empêchant la reproduction
9 Les examens complémentaires effectués
- L’échographie abdominale
- Les écouvillons vaginaux
9 L’âge
23
9 La domination de Teddy sur Katinka
II)
Etude expérimentale de la reproduction des ours polaires au Zoo de La
Palmyre et au Parc zoologique et Botanique de Mulhouse
1) Objectif
2) Les conditions de vie des ours dans ces deux parcs
a) Population
9 Ours du Zoo de la Palmyre
o Les ours actuels
o Le déplacement des ours
¾ L’anesthésie
¾ Le déplacement
¾ Inspection de l’animal
o Historique des déplacements d’ours polaires à La Palmyre
o Historique des ours polaires de ce parc
9 Ours du Zoo de Mulhouse
o Les ours actuels
o Historique des ours de ce parc
b) Alimentation
9 Zoo de La Palmyre
9 Zoo de Mulhouse
9 Conclusion
c) Les enclos
9 Zoo de La Palmyre
o L’intérêt d’avoir deux bâtiments pour les ours
o L’ancien enclos
¾ L’enclos extérieur
¾ Les enclos intérieurs
o Le nouveau bâtiment
¾ L’enclos extérieur
¾ Les enclos intérieurs
9 Zoo de Mulhouse
o Un enclos en béton
o L’enclos extérieur
o Les enclos intérieurs
o Gestion des ours dans les enclos
9 Conclusion
d) L’enrichissement
9 Zoo de La Palmyre
o Les jeux
¾ Les glaçons
¾ Les bouées et les gamelles
o Le bassin
o Les rochers dans le nouveau bâtiment
o La colline en colimaçon dans l’ancien bâtiment
9 Zoo de Mulhouse
o Les jeux
¾ Les glaçons
¾ Les cônes de signalisation
¾ Les bidons, les caisses
24
¾ Nourriture répartie dans l’enclos
¾ Rondins de bois
o Le bassin
o Fabrication et introduction d’un nouvel enrichissement
9 Conclusion
3) Etude des paramètres comportementaux
a) Observations
9 Période d’observation
9 Lieu d’observation
9 Les moyens d’observation
b) Répertoire comportemental de l’ours polaire en captivité
9 Comportement de reproduction
9 Comportement explorateur
9 Comportement alimentaire
9 Comportement de jeux avec des objets
9 Comportement social
9 Jeu
9 Combat
9 Comportement antagoniste
9 Comportement au repos
9 Locomotion
9 Comportement de bien-être
9 Vocalisations
9 Comportement de stress, d’ennui : stéréotypie
c) Résultats et discussion
9 Concernant la reproduction
9 Concernant la stéréotypie
25
Introduction
Tout au long de l’histoire, l’ours a amusé, fasciné et souvent terrifié l’homme. En effet,
l’ours laisse rarement indifférent. Pour certains, sa présence est ressentie comme une
épiphanie miraculeuse et merveilleuse ; pour d’autres, il n’est que synonyme de peur et de
menaces. Plusieurs espèces d’ours figurent parmi les plus grands carnivores, bien qu’à une
exception près, ils le soient moins que les autres animaux de cet Ordre. L’exception : l’ours
polaire, prédateur redoutable qui habite des régions où la végétation est rare. Paradoxalement,
ces espèces sont généralement timides quand elles sont confrontées à des situations
inhabituelles. Ils ont notamment tendance à éviter l’homme. Pourtant leur férocité est
légendaire. Il est vrai que l’ours a mauvaise réputation pour avoir, dans certaines occasions et
sans raison apparente, attaqué et tué des hommes. Mais ce comportement est rarissime. Bien
au contraire, lorsqu’on l’observe, en prenant toutes ses précautions, l’ours apparaît comme
une pure merveille, tout en rondeur et souplesse. Sa démarche maladroite de plantigrade, sa
curiosité sympathique, ainsi que sa présence récurrente dans la littérature enfantine
laisseraient supposer que l’ours sauvage n’est rien de plus qu’un énorme Winnie l’Ourson.
Cela est faux. La nature profonde de l’ours se situe en fait entre l’idée reçue, excessive, d’un
animal terrifiant et sauvage, et sa représentation mythique et légendaire.
A l’exception de la période des amours et de celle qui suit la naissance des petits, les ours
sont des animaux solitaires qui ne tolèrent aucune intrusion de leurs semblables sur leur
territoire. Il leur arrive cependant de se rassembler en groupes importants, généralement
pacifiques, pour profiter d’un endroit où la nourriture est particulièrement abondante.
Cette thèse est vouée à une étude plus particulière sur la plus imposante des neuf espèces
d’ours recensés dans le monde : il s’agit de l’ours polaire, espèce qui est sans doute le
meilleur exemple en matière d’adaptation à un environnement hostile, dans lequel très peu
d’êtres vivants réussissent à cohabiter, l’Arctique. Les Inuits chassent le Nanook (leur
appellation pour cet animal), mais ils lui portent aussi une certaine vénération, attribuant à
l’ours polaire, ou Ursus maritimus (Phipps), une intelligence incroyable et des pouvoirs
presque surnaturels.
Le principal objectif de cette thèse est d’étudier la reproduction chez l’ours blanc. En effet,
l’ours polaire est un animal qui risque malheureusement de bientôt appartenir à la liste des
espèces en voie d’extinction. Il semble donc primordial d’essayer de conserver cette espèce au
sein des parcs zoologiques. Ceci implique bien évidemment de la reproduction, ce qui s’avère
très difficile en captivité.
La première partie de ce travail sera consacrée à la présentation de l’ours polaire, ses
origines, mais aussi ses caractéristiques tant anatomiques, que biologiques. On verra
également son adaptation à un environnement très hostile à la vie, son habitat et ses aires de
répartition. Ensuite, on étudiera son alimentation et son espérance de vie. Enfin, on expliquera
pourquoi l’ours blanc risque de devenir une espèce menacée.
26
Cette première partie sera suivie d’une étude bibliographique sur la reproduction des ours
polaires à l’état sauvage. Elle commencera par des précisions sur la maturité sexuelle et se
terminera par la description du comportement familial.
Ensuite, nous ferons une comparaison avec la reproduction des ours polaires en captivité.
Ce chapitre comprendra une partie bibliographique décrivant la nécessité, les difficultés et les
moyens requis pour obtenir de la reproduction en parc zoologique, et une partie expérimentale
dans laquelle sera exposée la situation des ours blancs au Safari de Peaugres.
Enfin, la dernière partie, expérimentale, sera consacrée à l’étude de la reproduction dans
deux parcs zoologiques, le Zoo de La Palmyre et le Parc Zoologique et Botanique de
Mulhouse.
27
PREMIERE
PARTIE :
Présentation de
l’Ours Polaire
28
Empereur du grand Nord, seigneur de la banquise, l’ours polaire règne en maître absolu sur
l’océan glacial arctique. Il compte parmi les plus imposants des carnivores terrestres. Nous
allons, au cours cette première partie, présenter les caractéristiques de l’ours polaire : sa place
dans la classification et dans la familles des Ursidés, ses caractéristiques anatomiques et
physiologiques, et ses différentes adaptations à un milieu très rude dans lequel de rares
espèces cohabitent, le milieu polaire arctique.
I)
Origines de l’ours polaire
1. Place des ours dans la Classification
a) La Famille des Ursidés
Les ours polaires appartiennent à la Famille des Ursidés qui se trouve dans l’Ordre des
Carnivores. Neuf espèces d’ours sont reconnues aujourd’hui. Autrefois, il s’agissait de neuf
genres différents, mais il a été suggéré récemment que toutes ces espèces, à l’exception de
l’ours à lunettes et du panda, devraient appartenir au même genre Ursus. Ceci repose sur les
résultats d’une étude sur différentes molécules, montrant que ces espèces ont évolué
relativement récemment. (84)
Ces neuf espèces se subdivisent ainsi :
9 Sous-famille : Ursinae :
- Ursus arctos : l’ours brun incluant le grizzli, le kodiak et
l’ours brun européen
- Ursus maritimus (J. Phipps) : l’ours polaire
- Ursus americanus : l’ours noir américain ou baribal
- Ursus thibenatus : l’ours du Tibet ou à collier
- Melursus ursinus : l’ours lippu ou d’Inde
- Helarctos malayanus : l’ours malais ou ours des cocotiers
9 Sous-famille : Tremarctinae :
- Tremarctos ornatus : l’ours à lunettes
9 Sous-famille : Ailurinae :
- Ailuropoda melanoleuca : le panda géant
- Ailurus fulgens : le panda roux ou petit panda
Paradoxalement, la classification place le panda roux dans la famille des Ursidae. Il a
toujours été admis que le petit panda était une sorte de raton laveur aberrant, du fait de ces
ressemblances morphologiques avec cette espèce. Cependant, depuis quelques années, il est
devenu évident que le panda roux appartenait à la lignée des ours, du fait des similitudes entre
lui et ceux-ci, concernant les caractéristiques de la dentition et du crâne, le système artériel
céphalique, ainsi que l’albumine et la transferrine.
Récemment, une étude de l’ADN mitochondrial du panda géant, du panda roux, de l’ours
malais et de l’ours à collier a montré que les deux pandas étaient plus proches entre eux
qu’avec les autres ours. (45) (82) (83) (125)
29
ours à lunettes
ours polaire
ours malais
panda géant
ours brun
Ursidae
ours lippu
ours baribal
ours à collier
panda roux
Figure 1 : Schéma des différents membres de la famille des Ursidés. (50) (82) (83)
b) La systématique
La systématique se divise ainsi:
-Embranchement : Chordés
-Sous-embranchement : Vertébrés
-Classe : Mammifères
-Sous-classe : Thériens
-Infra-classe : Euthériens
-Ordre : Carnivores
-Famille : Ursidae
-Sous-famille : Ursinae
(1) (45) (50) (68) (125)
30
2. Origine des ours : les premiers ours polaires
a) Les fossiles retrouvés
Où et quand les ours polaires devinrent une espèce distincte des autres ursidés ? Cette
origine n’est pour l’instant pas certaine, car les restes de fossiles retrouvés sont très rares. La
plupart des fossiles d’ours polaires viennent d’Europe (Scandinavie, Allemagne et
Angleterre), peut-être parce que plus de recherches ont été effectuées dans ces pays. Il est
donc indéniable que d’autres spécimens attendent d’être découverts quelque part dans le vaste
arrière pays du Nord de la Sibérie.
La pénurie en fossiles d’ours polaires n’est pas surprenante. Le comportement et l’écologie
des ours blancs ancestraux étaient probablement similaires à ceux de leurs descendants
d’aujourd’hui. Ils ont sans doute été dispersés sur de vastes étendues de glaces en faible
densité, et leur nombre total n’a sûrement jamais été très élevé. Quand les animaux
mourraient, leur dépouille devait sombrer au fond de l’océan ou bien devait se décomposer
sur le sol près du littoral. C’est la raison pour laquelle on a peu de chance aujourd’hui de
retrouver des fossiles d’ours en Europe du Nord ou en Asie. De plus, l’ours polaire est une
espèce récente. Par conséquent, comparé à des animaux apparus plus tôt dans l’échelle
chronologique, il y a eu moins de temps qui s’est écoulé pour laisser place à des fossiles
d’ours blanc.
(1) (82)
b) Un ancêtre du Pléistocène
La plupart des choses que l’on sait aujourd’hui à propos des origines de l’ours blanc sont le
résultat d’examens soignés des quelques spécimens existants, par le paléontologiste finlandais
Bjorn Kurten. Ces études tracent l’évolution de l’ours blanc pendant le Pléistocène (ère
quaternaire). Cette période date d’il y a environ un million d’années. Le Pléistocène fascine
bon nombre de zoologistes, car le début de cette période était caractérisé par plusieurs espèces
qui étaient de taille bien plus importante que leurs descendants d’aujourd’hui. C’était l’ère des
Mammouths, des Elans Irlandais, des Tigres à dents de sabre, des Castors Géants, ainsi que de
beaucoup d’autres espèces de grands mammifères qui ont disparu depuis, laissant derrière eux
leurs descendants plus petits.
Les ours de cette époque étaient aussi plus grands et devaient être très impressionnants. En
Europe l’ours des cavernes devint l’un des carnivores les plus connus du Pléistocène. En effet,
ils allaient mourir le plus souvent dans leur caverne, dans laquelle leurs os se conservaient
bien.
Il y a environ un million d’années, l’ours des cavernes donna naissance à une lignée
similaire : l’ours brun ou grizzli, qui existe encore aujourd’hui en Europe, en Asie et en
Amérique du Nord. Malheureusement, les quelques fossiles retrouvés des premiers ours
polaires ne permettent pas de savoir exactement à partir de quelle espèce ils ont évolué.
Cependant, une analyse des caractéristiques des dents a permis de suggérer qu’ils seraient
apparus assez récemment, et qu’ils descendraient d’un ours brun. Le plus vieux fossile connu,
un os appartenant à une patte antérieure, a été trouvé à côté du Kew Bridge à Londres. Il est
âgé de moins de cent mille ans. D’après une analyse de cet os, Kurten détermina que l’ours
polaire du Pléistocène, comme beaucoup de mammifères de cette époque, était de taille bien
plus importante que son descendant d’aujourd’hui.
(1) (82) (125)
31
3. Les parentés entre l’ours brun et l’ours polaire
a) La scission entre les deux espèces
Il a été suggéré que l’ours polaire s’était détaché de la lignée de l’ours brun, quelque part sur
la côte arctique de la Sibérie. Le cadre écologique devait ressembler à la situation actuelle, le
long de la péninsule de Tuktoyaktuk et de Smoking Hills dans les territoires du Nord-Ouest
du Canada. Là-bas, l’actuelle toundra canadienne des grizzlis s’étend sur la côte arctique, le
long de leur traversée habituelle qui a lieu chaque printemps et été. Il y a eu de nombreux ours
bruns se nourrissant de carcasses de phoques sur la glace, mais on ne sait pas s’ils tuaient
leurs proies eux-mêmes où bien s’ils étaient charognards.
Il serait possible aujourd’hui de voir les deux espèces, ours brun et polaire, en même temps,
à certains endroits le long de la côte, dans la Baie de Liverpool. Dans de telles circonstances,
il ne semblerait pas impossible qu’un ours brun devienne un ours polaire et qu’il occupe la
caverne du prédateur suprême de la banquise. (1) (82)
b) L’évolution de l’ours polaire par rapport à l’ours brun
Lors de l’évolution de l’ours polaire, sa morphologie est devenue assez différente de son
ancêtre l’ours brun. Pour se protéger du froid et pour conserver sa température interne, un
épais pelage a recouvert tout le corps de l’animal, à l’exception de sa truffe et des coussinets
de ses pattes. Sa fourrure est devenue blanche pour se fondre dans la couleur de la neige et de
la banquise. Actuellement, la couleur peut varier du blanc pur au jaune crème, ou même brun
clair ; ceci dépend du moment de l’année et de l’angle de la lumière du soleil. Dans
l’ensemble, l’ours polaire est devenu plus allongé ; son crâne et sa tête ont grandi en longueur.
Par comparaison avec le museau et la face plutôt désaxés de l’ours brun, la gueule des ours
polaires mâles en particulier, s’est plus développée comme un nez romain. Les molaires de
l’ours polaire sont devenues plus petites mais plus dentelées du fait de l’adaptation au régime
carnivore. Les molaires du grizzli sont plus grandes, mais plus plates, de surface plus lisse et
régulière, donc adaptées à leur régime majoritairement herbivore. En guise d’adaptation
supplémentaire à la vie de carnivore, les canines de l’ours blanc sont devenues plus grandes et
plus tranchantes, ce qui leur permet de réussir à déchiqueter les phoques. Leurs griffes sont
plus courtes et plus solides que les longues griffes incurvées du grizzli, laissant des
empreintes facilement reconnaissables dans le sol boueux. Celles de l’ours polaire sont plutôt
adaptées à la chasse. (1) (24) (82) (83)
32
Figure 2 : De gauche à droite : crâne de loup, crâne d’ours brun et crâne d’ours polaire (les échelles ne
sont pas respectées). (83)
c) Deux espèces très proches génétiquement
Les ours polaires et les ours bruns sont deux espèces appartenant au même genre, Ursus, ce
qui veut dire « ours » en latin. Le nom scientifique de l’ours brun est Ursus arctos, ce qui est
une petite répétition, car arctos signifie également « ours », mais en Grec cette fois-ci. Celui
de l’ours polaire est Ursus maritimus, ce qui veut dire « ours marin ». Les taxonomistes
reconnaissent la relation étroite entre les deux espèces en les plaçant dans le même genre, en
dépit de leurs apparences distinctes.
La reproduction interspécifique entre les deux espèces a été étudiée en captivité plusieurs
fois. L’apparente facilité avec laquelle s’est effectué ce croisement interspécifique et le taux
élevé de fertilité de la progéniture indiquent bien que les ours bruns (grizzli) et polaires ne
sont pas devenus génétiquement très différents.
Pour une population donnée et quelque soit l’espèce, pour que des différences génétiques
significatives se développent, il faut que la population en question soit totalement isolée
géographiquement et que plusieurs générations se succèdent ainsi. Dans ces conditions, des
mutations et autres variations non héritables se fixent dans le génome de ce groupe et l’aident
à devenir unique. Dans un cas comme celui de l’ours polaire qui est une espèce à faible taux
de reproduction, et qui nécessite donc beaucoup de temps pour renouveler une génération,
ceci prend beaucoup plus de temps que chez la souris par exemple. Le faible degré de
variations génétiques chez l’ours polaire, en rapport avec la facilité démontrée du croisement
interspécifique avec l’ours brun, est une preuve que l’ours polaire est une espèce très récente
dans l’échelle de l’évolution. (1) (82) (83)
33
II) Caractéristiques anatomiques
1. Les mensurations de l’ours polaire : taille et poids
Après le Kodiak, l’ours polaire compte parmis les plus grands carnivores quadrupèdes
vivant actuellement sur la Terre.
Voici les valeurs moyennes :
Longueur du corps : 2,5 à 3 mètres chez le mâle.
2 à 2,5 mètres chez la femelle.
Hauteur au garrot : 1 à 1,2 mètres.
Poids : 350 à 650 kg chez le mâle.
175 à 300 kg chez la femelle.
Les chercheurs qui mesurent les animaux dans les régions les plus éloignées de leur habitat,
n’ont pour l’instant encore jamais aperçu un ours dont la taille dépassait les records
enregistrés. Un spécimen recueilli il y a très longtemps pour le musée Canergie au Canada, fut
pesé en morceaux après avoir été tué. Son poids total, malgré la perte inévitable de certains
fluides corporels, atteignait 784 kg. Il était plus gros que le plus imposant ours brun jamais
pesé. Un autre ours blanc fut enregistré à un poids plus impressionnant encore : 1003 kg.
Pendant les premiers mois, aucune différence morphométrique notable n’existe entre les
mâles et les femelles. A la sortie de la tanière, le lait très riche en lipides de la mère les a
amenés au poids théorique qu’ils devraient peser à la naissance, en comparaison avec la
morphologie de leur génitrice et le poids des portées chez d’autres mammifères.
A titre d’exemple, en Novembre de sa première année, une jeune femelle pesait 57 kg pour
une longueur de 134 cm. Trois ans plus tard, à la même période et au même endroit, elle
affichait 184 kg et 196 cm, sachant que deux mois auparavant elle pesait 147 kg.
A leur troisième automne, les mâles adolescents atteignent un poids de 130 à 150 kg.
En moyenne, la longueur d’un mâle adulte est comprise entre 200 et 260 cm, pour un poids
variant de 300 à 730 kg.
En captivité, certains individus ont un poids proche de la tonne (960 kg pour le plus vieux
mâle du zoo de Vincennes). La hauteur au garrot des adultes est comprise entre 130 et 160
cm.
Pour les femelles, la longueur moyenne au même âge est de 135 à 185 cm. Ces dernières
subissent des variations de poids considérables durant les hivers de mise bas. Un exemple
édifiant est celui d’une femelle pesant 98 kg en Décembre, et atteignant 450 kg huit mois plus
tard avant de s’installer dans une tanière pour mettre bas.
Certains chercheurs ont voulu démontrer une variation géographique de la taille de l’ours
polaire, isolant par là même des populations, uniquement sur la base d’un ensemble de
mesures ostéologiques. Il ne semble pas y avoir de populations plus grandes que d’autres,
même si des régions abritent plus souvent des individus de grande taille en raison de
l’abondance de nourriture et de la facilité à se la procurer. (1) (82) (83) (125)
34
2. Caractéristiques du profil
L’ours polaire se distingue de ses cousins de l’hémisphère Nord par sa tête allongée, son
profil romain, ses longues pattes, son arrière-train massif et plus haut que les épaules. Sa tête
paraît petite en comparaison du reste du corps.
Figure 3 : Anatomie de la tête de l’ours polaire. (83)
Ses épaules semblent plus étroites que celles du grizzli, pourtant de taille comparable. Dans
le prolongement des épaules, son cou est allongé et aplati.
L’ours polaire est massif, mais possède malgré tout un profil hydrodynamique nécessaire
pour optimiser ses déplacements aquatiques. Il ne possède pas la bosse au-dessus des épaules,
caractéristique des grands ours bruns. Le museau est allongé. Les pavillons auriculaires sont
ronds et réduits, mais encore bien visibles, alors que chez d’autres espèces de mammifères
aquatiques et polaires, la régression est totale. La queue est longue : de 20 à 33 cm chez le
mâle, et de 8 à 16 cm chez les femelles.
Appelés à se disputer les femelles, les mâles doivent être physiquement très robustes pour
espérer se reproduire, ce qui est à l’origine d’un dimorphisme sexuel très marqué, qui rend
facilement identifiables les mâles reproducteurs.
De la tête fine de l’ourson ressemblant à un jeune renard, au masque de l’adulte sénile, à la
musculature affaissée par des années de vie polaire, l’évolution de la morphologie de la tête
permet d’évaluer l’âge des individus. Les immatures ont une tête fine et allongée. A la
maturité, la face s’élargit, la musculature se développe au-dessus des orbites et de chaque côté
des maxillaires. Les mâles adultes se caractérisent par des arcades bombées. La peau noire du
museau apparaît sous le pelage. Plus tard, les cicatrices des combats zèbreront la face des
mâles reproducteurs ; la tête semble plus large que longue. Au-delà de vingt ans, les muscles
commencent à s’atrophier, et le poil a perdu de son éclat.
Le crâne est allongé, le front convexe est à peine marqué en comparaison avec les autres
ours. La boîte crânienne est étroite. La longueur du crâne des adultes varie entre 371 et 407
mm chez les mâles, et entre 318 et 355 mm chez les femelles. (1) (24) (82) (83)
35
3. La dentition et les griffes
a) Les dents
La formule dentaire chez l’adulte est : incisives 3/3 ; canines 1/1 ; prémolaires 4/4 ; molaires
2/3 ; soit un total de 42 dents.
Les canines massives et coniques sont implantées dans des mâchoires puissantes et larges.
Chez les mâles adultes, elles peuvent dépasser de la gencive de 5 cm.
La prédominance d’un régime alimentaire essentiellement carnivore est démontrée par
l’allure des molaires. Celles-ci sont moins larges et fermement implantées avec des tubercules
mieux développés que chez l’ours brun, et présentent des cuspides plus marquées et plus
pointues que chez les autres Ursidés. (82) (83) (125)
b) Les griffes
Les griffes de l’ours polaire sont très aiguisées. Elles mesurent entre 5 et 7 cm chez l’adulte.
Arquées et de couleur noire, elles sont plus courtes que chez les autres ours, qui les utilisent
pour gratter le sol ; elles ne marquent pas la neige. Ancrées sur des phalanges massives, leurs
bases sont larges et solides. (82) (83) (125)
III) Caractéristiques biologiques
1. Le développement des sens
Pour comprendre la hiérarchie sensorielle de l’ours polaire, il faut se représenter son habitat.
Il vit généralement sur une banquise sans limite, constituée d’amoncellements de plusieurs
mètres de hauteur de glace de mer. Ces régions sont parcourues par des vents violents. La
banquise sans cesse en mouvement, est soumise aux contraintes des vents, des courants et des
marées, et se brise sans cesse.
Au vu de cette description sommaire, il est assez aisé d’imaginer les moyens de perception
nécessaires pour survivre. (83)
a) L’odorat
L’odorat de l’ours polaire est incroyablement bien développé. Il peut facilement déceler la
présence d’une tanière de phoque enfouie sous un mètre de neige ou de glace, et certains
observateurs ont affirmé qu’il était capable de sentir un phoque sorti de l’eau à une
soixantaine de kilomètres de distance. Ainsi des chercheurs ont suivi un ours polaire sur 64
km, sur une voie qu’il poursuivait sans s’en détourner, traversant des pistes détrempées et des
crêtes instables, jusqu’à un phoque qu’il avait sans aucun doute flairé. C’est peut-être un peu
exagéré, mais il est certain que l’ours blanc peut localiser avec une grande précision
instinctive une proie très éloignée, dissimulée par de multiples congères et des crêtes de glace.
Ce flair est probablement sans égal dans le règne animal.
36
L’efficacité de l’odorat des ours blancs est une caractéristique partagée avec les autres
espèces d’ours, si bien résumée dans un adage amérindien : « Quand une aiguille de pin
tombe sur le sol, l’aigle la voit, le cerf l’entend et l’ours la sent. ». L’ours peut repérer à
travers plusieurs dizaines de centimètres de neige, la cache d’un phoque, ou déceler un trou de
respiration dissimulé sous une calotte de glace. (83)
Les femelles réceptives émettent des substances chimiques appelées phéromones odorantes,
à des doses infimes. Les mâles se mettent en quête d’une compagne en suivant cette piste
olfactive, traversant en ligne droite des dizaines de kilomètres de glace.
Pour tenter d’expliquer cette incroyable acuité olfactive, il faudrait pouvoir étudier une
glande appelée glande de Jacob, située au centre de la mâchoire supérieure de l’animal.
Connue chez d’autres carnivores comme le chien, elle est utilisée comme détecteur de
phéromones. Chez les ours polaires, elle est particulièrement développée, ce qui pourrait
expliquer le comportement fréquemment observé lorsqu’ils s’avancent vers un objet ou un
animal : ils sortent leur langue comme s’ils voulaient laper l’air, peut-être pour irriguer cette
fameuse glande de Jacob. (1) (83) (125)
b) La vue et l’ouïe
L’ouïe de l’ours polaire est très fine, et sa vue supérieure à celle des autres ours. Sa vue et
son ouïe sont aussi aiguisées que celles de l’homme.
9 La vue de l’ours polaire
L’ours blanc se lance à la découverte de la moindre tâche ou du plus petit point noir qu’il
aperçoit dans la blancheur du paysage. Par contre, il ne voit qu’en noir et blanc. En effet,
aucune étude ne permet de montrer que l’ours polaire distingue les couleurs, alors que l’ours
Baribal semble pouvoir choisir un objet en fonction de ce paramètre. Mais dans un univers
chaotique, presque uniformément blanc et sans proportion, seule la perception du mouvement
d’une masse sombre paraît nécessaire pour repérer un phoque sur la banquise.
Les yeux de l’ours possèdent trois paupières, deux horizontales et une verticale, ce qui
protège ses yeux lors de vents violents, et sûrement aussi lorsqu’il nage sous l’eau, et enfin,
cela lui permet de filtrer les UV très présents sous ces latitudes. Ces rayons, alliés à une forte
réflexion, agressent l’œil et réduisent la perception des reliefs enneigés et glacés.
L’ours blanc est pourvu d’une excellente vision sous-marine, qui lui permet de capturer des
proies sous l’eau. (1) (83)
9 L’ouïe de l’ours polaire
La vie de l’ours polaire ne lui offre que très peu d’occasions de s’exprimer par des sons.
Une ouïe fine pour un animal solitaire plutôt silencieux n’est pas non plus une nécessité
absolue. De plus, la banquise en fractionnements émet des craquements et des grincements.
Son acuité auditive semble être équivalente à celle de l’homme, et est comprise entre 0,02
kHz et 20 kHz. (83) (84)
37
c) Le toucher
La détection tactile exercée par les pattes, le museau et les lèvres, permet à l’ours
d’appréhender la forme et la consistance des objets : construction humaine, bidons… Il monte
sur l’habitation pour en tester la solidité. Il touche de sa truffe les planches, les bidons, les
véhicules ; il appuie son museau sur la vitre, il peut aussi gratter délicatement l’objet du bout
d’une griffe pour en évaluer la résistance. (83) (84)
2. Capacités de déplacement sur la banquise
a) Les pattes
• Un animal endurant
L’ours blanc parcourt chaque année plusieurs centaines voir plus d’un millier de kilomètres.
Il marche lentement, à une vitesse moyenne de 4 à 5 km/h, mais il est très endurant. En effet,
il est capable de faire une quarantaine de kilomètres par jour. Son aspect flegmatique est fort
trompeur car il est capable de charger une proie en vitesse de pointe, à 30 ou 40 km/h. Il se
fatigue en revanche très vite à la course, du fait de son importante couche de graisse qui ne lui
permet pas d’éliminer facilement la chaleur. (1) (84)
•
Sa démarche
Son allure typique est l’amble, c’est-à-dire un déplacement basé sur l’avancement simultané
des membres homolatéraux.
L’appui des pattes est plantigrade, l’aplomb cagneux des antérieurs, panard des postérieurs.
Tous les ours se déplacent sur des pattes légèrement torses, et présentent une démarche en
canard, qui leur fournit une excellente traction ; cette particularité est plus prononcée chez
l’ours polaire. Les pieds, surtout ceux des pattes arrières, sont plus arrondis que ceux de l’ours
brun, plus larges par rapport à leur longueur. Ces pieds larges et plats constituent de large
surface d’appui sur les sols verglacés. Les ours polaires peuvent ainsi marcher sans difficulté
dans la neige épaisse, bien qu’ils préfèrent les surfaces dures, moins fatigantes. Dans la neige
fraîche, la largeur des pieds permet une bonne répartition du poids, un peu comme le font les
moonboots. (63) (83)
•
Une face plantaire garnie de poils
La face plantaire est largement recouverte de poils, ce qui permet une meilleure adhérence à
la glace. On peut établir une analogie avec le poil du phoque. Son grain, orienté vers l’arrière,
permet au phoque de se hisser hors de l’eau et de s’accrocher sur la glace glissante. Les
premiers skieurs de fond utilisaient le même principe : ils fixaient une bande de peau de
phoque sous chacun de leurs skis. Lorsqu’ils glissaient en avant sur une surface plane ou une
descente, la fourrure s’aplatissait et formait une surface bien lisse ; en revanche, lorsqu’ils
gravissaient une côte, dès que les skis commençaient à glisser vers l’arrière, la fourrure
s’accrochait à la neige et leur évitait de déraper.
38
Les poils qui garnissent la plante des pieds de l’ours polaire fonctionnent de la même manière
sur la glace et sur la neige dure.
En outre la plante des pattes est garnie de petites protubérances et de petits creux qui agissent
comme des ventouses pour l’empêcher de glisser sur la glace.
Figure 4: Comparaison de la face plantaire des pattes et des griffes de l'ours polaire par rapport à l'ours
brun (63)
Pour descendre les pentes, l’ours se couche en position sternale et se laisse glisser, tout en
freinant des antérieurs. Par ailleurs, il reste toujours attentif aux endroits où il marche et se
tient à l’écart des flaques d’eau sur la glace, pouvant cacher des éclats gelés coupants. (63)
b) Un sens de l’orientation inné
L’une des caractéristiques les plus fascinantes chez l’ours polaire concerne sa faculté
légendaire d’orientation parmi les glaces mouvantes.
9 La fidélité aux sites de mise-bas
Des études récentes ont montré que l’ours blanc ne se laissait pas dériver passivement sur la
banquise. Il semble capable de déterminer sa position géographique sur les glaces, afin de
rejoindre les sites de chasse, d’estive ou de mise-bas. Il a été prouvé que la plupart des ours
regagnent les mêmes régions chaque année. Le marquage des ourses et leur recapture l’année
suivante, ont révélé une remarquable fidélité au site. Ainsi, chaque ourse reviendrait,
maternité après maternité, hiverner dans un rayon de 30 km, ce qui est d’autant plus
impressionnant que les tanières de cette région sont dispersées sur près de 6000 km². Il
39
semblerait donc que les ours polaires se retrouvent sur les mêmes sites de chasse ou de misebas d’une année à l’autre, du moins quand les conditions écologiques le permettent. (103)
(106)
9 Les trajectoires rectilignes de migration
Les ours blancs empruntent traditionnellement certains chemins de migration, tels le Polar
Bear Pass à proximité de l’île Bathurst, ou le passage de l’île Demi-Lune au Svalbard. Bien
que le tracé de ces chemins soit tributaire des conditions glaciaires, il est curieux de constater
que les ours avancent quasiment en ligne droite au cours de leurs migrations saisonnières.
Aucune facilité topographique ne les fait changer de direction, et ils ne contournent pas les
obstacles naturels.
Au printemps, les ourses de la Baie d’Hudson, accompagnées de leurs oursons, regagnent la
banquise pour chasser les phoques. Ces mères ont jeûné pendant plusieurs mois et sont dans
l’urgence de se nourrir. Pourtant, le suivi de leurs traces a montré que les familles
n’empruntaient pas le chemin le plus court vers la mer. La route suivie fait un angle d’environ
30° selon l’axe Nord-Sud, alors que la distance la plus courte vers les glaces serait à 90° du
même axe.
Figure 5: Trajectoires des migrations printanières des familles d’ours polaires sur la côte Ouest de la Baie
d’Hudson. (106)
L’orientation semble donc identique d’une année à l’autre, et les traces laissées par toutes
les ourses cheminent parallèlement vers la banquise. La nature rectiligne de ces migrations est
frappante : les changements d’orientation sont exceptionnels et restent liés à la rencontre de
prédateurs, tels que les loups. Au cours de ce retour vers les glaces, les familles traversent la
toundra, parfois des rivières, et ne prêtent aucune attention aux chemins naturels. En bordure
de la Baie de James, les familles suivraient de la même façon une direction Nord-Est vers la
banquise. Il semble peu probable que ces chemins soient pris au hasard.
40
9 Le mystère de ce sens impressionnant de l’orientation
Le mécanisme de l’orientation reste mal connu chez les ours polaires. Peut-être se repèrentils grâce à la direction des courants. Les vents dominants pourraient aussi avoir une influence.
En effet, les migrations des ourses mères sur les côtes de la Baie d’Hudson se font presque
perpendiculairement à la direction des vents dominants. L’odorat et la vue leur permettent
certainement de préciser leur orientation ; les ours montent fréquemment sur des élévations de
glace, ou se dressent sur leurs membres postérieurs pour humer l’air. Ceci améliore leur
champ de vision, surtout l’olfaction, et leur permet de repérer les sites riches en phoques.
Une autre hypothèse a été émise, mais non vérifiée expérimentalement : l’ours pourrait
utiliser, comme le faisaient les navigateurs, le reflet sombre des étendues d’eau libre dans le
ciel. Visible à plusieurs kilomètres, ce reflet pourrait orienter le prédateur vers une zone de
présence potentielle de phoques.
Qu’en est-il effectivement pour l’ours polaire ? Nul ne le sait aujourd’hui.
(55) (75) (83) (85) (103) (106)
3. Capacités de déplacement dans l’eau
L’ours polaire est un remarquable nageur et il est d’ailleurs classé dans la catégorie des
mammifères marins. Ce moyen de locomotion indispensable lui permet de passer d’un
iceberg à l’autre. La nage est également l’une des méthodes qu’utilise l’ours pour chasser le
phoque, mais il lui arrive aussi de saisir un crustacé sur le fond marin quand l’eau est peu
profonde, ou de remonter sous des oiseaux marins qui se reposent sans soupçonner sa
présence.
a) Les aptitudes de l’ours dans l’eau
Quand il chasse ou lorsqu’il joue, il peut bondir hors de l’eau à la manière d’un morse ou
d’un phoque ; il sait aussi faire la planche et se laisser flotter. Les pattes avant battent en
rythme, lui servant de puissantes rames, tandis que les membres postérieurs, panards, traînent
derrière lui et lui servent de gouvernail.
L’ours blanc est aussi un très bon plongeur. Il possède une excellente vue sous-marine.
Quand il nage sous l’eau, il ferme ses narines, aplatit ses oreilles et peut rester immergé
jusqu’à deux minutes et gagner des profondeurs de 3 à 4 mètres. Par contre, il garde les yeux
ouverts. (63) (83)
b) Un mammifère marin endurant
L’ours polaire n’est certes pas un nageur rapide, mais il soutient de longs efforts. A une
vitesse de 10 km/h, il est ainsi capable de parcourir une centaine de kilomètres à la nage sans
se reposer, ce qui représente au moins une dizaine d’heures dans l’eau, avec une dépense
d’énergie constante. Certains observateurs ont repéré des ours nageant à plus de 320 km de la
côte. (63) (83)
41
c) Une anatomie adaptée à la natation
La morphologie de l’ours polaire est bien adaptée à la nage : le corps est plus long et plus
mince que celui des autres Ursidés. Les épaules tombantes sont effacées ; le cou et la tête se
placent dans la même ligne. L’épaisse couche de graisse sous-cutanée, qui mesure en
moyenne 7,5 cm sur l’arrière train, facilite la flottaison et lutte contre le refroidissement dans
l’eau. En outre, sa musculature puissante est particulièrement développée au niveau des
membres postérieurs.
Enfin, les doigts des pattes avant, partiellement palmés, facilitent la nage. C’est une
caractéristique que partagent bien peu d’autres mammifères. (63) (83)
d) La nage, une faculté indispensable dans un environnement aussi
mobile
Cette aptitude à la nage confère à l’ours une relative indépendance vis-à-vis de son habitat en
perpétuel changement. En effet, la banquise, véritable puzzle de glaces mouvantes, impose à
l’ours des contraintes proches de celle du milieu aquatique. De cette adaptation à la nage,
Ursus maritimus, soit l’ours de mer, mérite bien son nom. (63) (83)
IV) Adaptations de l’ours polaire au milieu arctique : la
couverture polaire
Tout le monde s’accorde pour dire que l’ours polaire est le seigneur de l’Arctique, qu’il
règne sans partage sur les plus hautes latitudes de notre planète, mais beaucoup oublient qu’il
n’a pu conquérir ce royaume qu’au prix d’une adaptation extrême aux rigueurs du climat et à
la chasse aux mammifères marins sur la banquise en perpétuelle formation et déplacement.
La thermorégulation de l’ours polaire met en jeu une batterie d’adaptations que l’on peut
regrouper comme suit :
- les adaptations passives : fourrure, graisse, point chaud (museau, pattes…)
- les adaptations actives : adaptations de la circulation sanguine, des échanges gazeux
- les réactions comportementales (de tanière ou protection en cas de conditions extrêmes,
baignade pour se rafraîchir…)
Chaque groupe de protection intervient pour maintenir à 37°C la température interne de
l’animal en cas de refroidissement ou de réchauffement (à l’exception de la fourrure et de la
graisse).
Pour illustrer l’ampleur de cette adaptation, il suffit de constater que l’ours polaire est
invisible en lumière infrarouge. Photographié avec un film sensible au rayonnement
calorifique (infrarouge), l’ours nous refait le coup du héros de Herbert Georges Wells,
« l’Homme Invisible » : le film est vierge ou presque…. En fait, seule son haleine tiède
apparaît. (63) (83)
42
1) Les caractéristiques du pelage
a) Les avantages de la couleur du pelage
La couleur du tégument varie du blanc pur en hiver, au jaunâtre en été. Le pelage réfléchit
toutes les ondes lumineuses appartenant au domaine du visible. Les ours se confondent
parfaitement à leur environnement. Ils se dissimulent facilement au milieu des glaces pour
surprendre les phoques.
La variation de teinte en été serait liée à l’oxydation d’un composant chimique du poil sous
l’effet du soleil. (63) (83)
b) Constitution de la fourrure et son rôle
Le pouvoir isolant de la fourrure des animaux dépend à la fois de l’épaisseur et de la texture
du pelage. Au toucher, la fourrure de l’ours est rêche et sèche. Elle est constituée de deux
types de poils. Les poils de
bourre sont courts et laineux et
composent une sous-couche
dense au contact de l’épiderme ;
ils assurent à l’animal une
protection
thermique
en
emprisonnant de l’air chauffé
par celui-ci. Les poils de garde
ou de jarre, quant à eux, sont
longs et rêches.
L’épaisseur de la toison n’est
pas régulière sur l’ensemble du
corps. Courte et dense sur le
dos, elle est plus longue et
clairsemée sur le ventre et sur
les pattes. De longs poils,
inconnus chez les autres ours,
recouvrent les soles plantaires.
Les mâles adultes laissent ainsi
derrière chaque empreinte de
pas, la traînée de ces
poils particulièrement longs et
nombreux.
Figure 6 : L’épaisseur et la couleur de la fourrure évoluent en fonction des saisons : courte et brunâtre en
été, longue et blanche en hiver (taille réelle). (83)
La mue est graduelle et s’étale de Mai à Août. Durant l’année, l’épaisseur de la fourrure
varie. Chez l’adulte en été, la bourre ne représente que 3 cm d’épaisseur, les poils de garde
mesurent alors entre 5 et 6 cm de sous-fourrure et 8 cm pour les poils de garde. Au début de
l’hiver, la longueur des poils est respectivement de 8 et 15 cm.
43
La fourrure est graisseuse et a un fort pouvoir déperlant.
Par une journée sans vent avec un facteur de refroidissement faible, la fourrure protège
l’animal sans que des modifications de la température superficielle (36°C) n’interviennent.
Dès que le vent se lève, le facteur de refroidissement augmente, la fourrure devient moins
efficace et la température superficielle chute (jusqu’à 27°C). Ces mesures mettent en évidence
la faible efficacité de la fourrure, ce qui rapproche les ours polaires des pinnipèdes par leur
réaction face au refroidissement. En sortant de l’eau, l’ours polaire secoue sa toison pour en
évacuer le liquide qui glissera facilement sur les poils lisses et gras. Il peut également se
frotter sur la neige qui absorbera les dernières traces d’eau du pelage. (63) (83)
c) La structure interne d’un poil et ses propriétés
Les poils ne sont pas blancs, mais translucides et creux. Implantés sur une peau noire, ils
canalisent l’énergie solaire jusqu’à l’épiderme. Ces poils creux constituent des pièges à
rayons UV, qu’ils conduisent, comme le fait une fibre optique pour la lumière, jusqu’à la
peau. Les poils captent ces rayons avec une efficacité proche de 95%. L’absorption de ce
rayonnement de forte énergie permet l’apport de calories au niveau cutané. En période
estivale, l’ours reçoit plus de chaleur par rayonnement qu’il n’en émet.
Cette propriété de la fourrure ne suffit toutefois pas à justifier une telle résistance au froid.
La chaleur captée par la fourrure reste minime au cours de la saison froide, période pendant
laquelle les jours sont réduits à quelques heures. (63)
2) La peau noire
Les poils de la fourrure sont implantés sur une peau noire. Cette caractéristique permet à la
peau de l’ours de capter plus facilement le rayonnement solaire. En effet le noir absorbe tous
les rayons, tandis que le blanc les réfléchit.
Ainsi, cette couleur de peau, associée aux poils creux permet à l’ours polaire d’absorber un
maximum de chaleur venant des rayons solaires.
a) L’épaisse couche de graisse sous-cutanée
Sous l’épiderme, le tissu adipeux d’épaisseur variable est réparti irrégulièrement. La graisse
a une composition différente suivant sa localisation.
L’épaisseur du tissu adipeux peut atteindre 15 cm chez une femelle gravide qui va entrer
dans sa tanière pour hiverner, mais seulement 3 à 4 cm pour la même femelle au printemps.
(83)
9 Rôle en milieu terrestre
En milieu terrestre, la couche adipeuse sous-cutanée fait figure d’isolant assez médiocre.
Elle ne semble pas jouer un rôle prépondérant dans la protection de l’ours polaire face au
refroidissement, mais représente un stock d’énergie.
Cependant, la graisse périphérique joue un rôle isolant complémentaire de celui du pelage,
en particulier par temps venteux. La température cutanée s’abaisse avec l’entrée d’air dans la
44
fourrure, mais en dépit de cette diminution, les tissus sous-jacents sont maintenus à
température constante grâce à l’isolation interne fournie par la graisse. (63) (83)
9 Rôle en milieu aquatique
Le pannicule adipeux joue un rôle primordial pour la protection thermique de l’ours polaire
en milieu aquatique.
Lorsque l’ours nage parmi les glaces, la fourrure mouillée perd quasiment toutes ses qualités
d’isolation. L’eau pénètre à l’intérieur du pelage et chasse l’air de la couche de bourre. La
conductivité élevée de l’eau, les mouvements de convection propre de l’eau et ceux
occasionnés par la nage, favorisent le refroidissement de l’animal. La fourrure ne
représenterait que 6 à 7% de l’isolation thermique en immersion.
Le mode d’action du pannicule adipeux est tout à fait différent de celui de la fourrure. Il fait
intervenir conjointement les propriétés isolantes du tissu adipeux et l’adaptation du système
circulatoire de surface. (63)
L’efficacité du pannicule adipeux réside dans le maintien d’un gradient thermique élevé
entre la peau et les autres organes. La température cutanée est réduite en milieu aquatique, ce
qui limite les pertes thermiques de la peau au contact direct de l’eau. Parallèlement, les
organes périphériques sont maintenus à température élevée grâce à la couche adipeuse
isolante.
b) Le système circulatoire
9 Système vasculaire de surface
Le système circulatoire est constitué de deux réseaux placés en parallèle de part et d’autre de
la couche adipeuse. Le réseau sous-cutané subit une vasoconstriction lorsque l’isolation
externe procurée par le pelage devient insuffisante (temps très froid et venteux, milieu
aquatique). Cette adaptation vasculaire entraîne une réduction de l’apport de chaleur au
niveau cutané, tandis que les organes situés sous le pannicule adipeux continuent de
bénéficier de la distribution calorique sanguine par le réseau profond. (63)
9 Adaptation vasculaire des membres
Les membres représentent pour l’animal une source de refroidissement important. Leur
rapport surface/volume élevé favorise les déperditions thermiques. De plus, leur isolation
tégumentaire est moins efficace qu’ailleurs, car la fourrure et la graisse sous-cutanée sont
moins épaisses dans ces régions. L’adaptation vasculaire apporte une protection thermique
supplémentaire à ce niveau. (63)
o Circulation à contre-courant
L’apport de chaleur aux extrémités est contrôlé, comme chez la plupart des mammifères et
des oiseaux, par un dispositif vasculaire à contre-courant.
Les artères profondes des membres sont enserrées par un réseau de veines et de veinules à
paroi très mince. En milieu froid, la circulation superficielle se trouve très réduite du fait de la
vasoconstriction. Le retour veineux du sang s’effectue alors majoritairement par les veines
profondes voisines des artères. Le sang veineux refroidi en surface circule à proximité et à
45
contre-courant du sang artériel. Ce dispositif favorise l’échange thermique entre la circulation
veineuse et la circulation artérielle des membres.
Au cours de son cheminement centrifuge, le sang artériel se refroidit au voisinage du sang
veineux avant de parvenir aux extrémités. Les pertes de chaleur périphériques se trouvent
ainsi limitées. Parallèlement, le sang veineux récupère la chaleur cédée par les artères et se
retrouve rapidement à température centrale, évitant ainsi un choc thermique au niveau des
organes profonds. (63)
o Adaptation vasculaire des pieds
Les mammifères terrestres arctiques maintiennent leurs extrémités à une température basse,
mais toujours supérieure au point de congélation. L’immersion des pieds dans un bain à -35°C
s’accompagne chez les carnivores polaires, d’une baisse de la température du pied à environ
+4°C. Par la suite, cette température est maintenue pendant toute la durée de l’immersion.
La surface du pied est réchauffée par un réseau vasculaire très superficiel, dont le débit
semble contrôlé localement. La régulation de ce débit de surface s’effectue indépendamment
de celle de la vascularisation podale profonde.
Ce système original autorise une perfusion sélective des tissus du pied et privilégie l’apport
sanguin aux tissus de surface qui se trouvent en contact direct avec la glace. Il permet ainsi de
maintenir les tissus périphériques à une température compatible avec leur survie. (63)
4) Adaptation comportementale au froid et à la chaleur
a) Adaptation au froid
Différentes postures de repos permettent à l’ours d’augmenter ou diminuer son exposition à
l’air ambiant. Par grand vent, l’ours se réfugie derrière des monticules de glace, les accidents
de terrain ou la végétation quand celle-ci est présente. Roulé sur lui-même, il couvre sa truffe
de sa patte en attendant des jours meilleurs. L’hiver, il peut creuser une tanière provisoire.
b) Adaptation aux températures estivales
Dans la partie la plus méridionale de son aire de répartition, l’ours polaire doit subir des
températures élevées durant la période estivale, jusqu’à 30°C, voire 40°C en Août 1991. C’est
dans ces régions (cap Churchill) que l’on peut voir les ours creuser le sol pour accéder au
permafrost. Cette couche de terre gelée leur offre un rafraîchissement sur laquelle ils
s’étendent de tout leur long pour en profiter au maximum. Ils restent inactifs pour ne pas
dépenser inutilement des calories et économiser leurs réserves de graisse.
L’été, les ours se baignent fréquemment pour se rafraîchir. Dans le même ordre d’idée, on
s’aperçoit qu’un ours poursuivi a tendance à faire des passages répétés dans l’eau puis à
remonter sur la glace. En effet, l’adaptation de l’ours au climat polaire est basée sur la
conservation de l’énergie. L’un de ses problèmes est donc de ne pas s’échauffer durant
l’effort. La pilosité ne favorise guère les échanges avec l’extérieur. (16) (17) (83) (94) (95)
46
V) Habitat et aire de répartition
1) Distribution mondiale des ours polaires
L’ours polaire ne se rencontre que dans l’Arctique. L’aire de répartition actuelle de l’espèce
est circumpolaire, essentiellement au Nord du cercle polaire arctique.
La découverte d’ossements et des observations anciennes montrent que l’ours polaire devait
être distribué plus largement par le passé. Mais depuis l’arrivée des Occidentaux sous ces
latitudes, son aire de répartition s’est nettement réduite.
Un morcellement de son aire de répartition avec une quinzaine de sous-populations
distinctes a été défini après de nombreuses recherches pour tenter d’isoler des groupes
d’individus. Mais il faut savoir que les ours ne se cantonnent pas obligatoirement à une zone
précise et que des échanges ont lieu entre les différentes régions.
Les mouvements saisonniers de l’espèce sont générés par l’extension ou la réduction de la
banquise. Malgré l’immensité de son habitat, ils restent en général à moins de 80 km des
côtes, profitant des fractures de la glace pour chasser le phoque. (83)
Figure 7 : Répartition mondiale des ours polaires. (83)
47
a) Le Svalbard
Le Svalbard est un grand archipel situé au Nord de la Norvège.
La population actuelle d’ours polaires du Svalbard est estimée entre 1700 et 2200 individus.
Après avoir atteint un minimum dans les années 70, elle semble accuser un redressement très
sensible. Longtemps absents de l’Ouest de l’archipel, les ours sont de plus en plus nombreux
dans la région de la Baie du Roi (Kongsfjord) et du Fjord de la Croix (Krossfjord).
La Terre du Roi Charles, située dans l’extrême Est de l’archipel, est l’un des trois plus
grands sites de reproduction dans le monde. C’est dans la Vallée Boggen que les femelles
gravides trouvent des conditions propices pour installer leur tanière. L’enneigement et surtout
le calme, loin des passages des trappeurs, correspondent parfaitement aux besoins de la
maternité. 90% des tanières sont distribuées sur les îles orientales : la Terre du Roi Charles,
Edge, Barents et Norskdenlaudet. Les femelles qui mettent bas dans ces sites peuplent le
Svalbard, mais également le Nord-Ouest de la Sibérie. D’autres tanières sont éparpillées dans
l’archipel sur l’île Hopen et au Nord-Ouest du Spitzberg.
b) La Russie
Avec un tiers du pourtour des régions arctiques sur son territoire, la Russie tient une place
importante dans l’aire de répartition de l’ours polaire. En relation directe avec les peuples
indigènes depuis l’arrivée de l’homme sous ces latitudes, l’ours polaire a du subir les
différentes vagues de peuplements de la côte sibérienne.
Trois populations ont été mises en évidence dans l’Arctique russe, grâce à l’analyse de
composés chimiques présents dans les tissus.
9 Le Nord-Ouest de la Sibérie (Terre François-Joseph /
Nouvelle-Zemble)
Le triangle formé par le Svalbard, la Nouvelle-Zemble et la Terre du Nord en incluant
l’Archipel Saint Joseph, est une zone de forte densité en toutes saisons.
La population, estimée par survol aérien et comptage des tanières, est actuellement comprise
entre 2500 et 3500 individus.
9 Le Centre-Nord de la Sibérie (Mer de Laptev)
Cette zone, baignée par les eaux de la Mer de Laptev, se caractérise par une faible
fréquentation. Une estimation de la population donne entre 800 et 1200 individus.
La densité la plus importante est observée durant l’hiver (janvier-février), en bordure de la
Grande Polynie de Sibérie. Cette zone d’eau libre est un phénomène qui se reproduit chaque
année, au Nord-Est de la Péninsule de Taïmyr. En dehors de cette période, les observations
sont plus rares, la population étant éparpillée.
La densité dans cette région estimée entre 1970 et 1984 à 0,17 individus pour 1000 km², est
faible, ce qui semble être un phénomène récent.
48
9 Le Nord-Est de la Sibérie (Tchoukotka et détroit de
Béring)
Cette région couvre la mer de Sibérie orientale, la Mer des Tchouktches, la partie Nord de la
Mer de Béring et la côte Ouest de l’Alaska. La population totale a été évaluée en 1993, entre
2000 et 5000 individus, selon les périodes et les méthodes de recensement. Entre 1970 et
1984, la densité avait été estimée à 0,72 ours pour 1000 km², soit la plus forte de l’Arctique
sibérien. Bénéficiant d’une protection efficace depuis 1956, cette population est en
augmentation depuis les vingt dernières années.
L’Ile Wrangel et sa voisine, l’Ile Herald, représentent deux sites de reproduction d’une
grande importance pour la population du Nord-Est sibérien.
c) L’Alaska
La zone d’extension de l’ours dans cet Etat peut être bornée à l’Est, par l’Ile Banks, et
s’étend à l’Ouest, vers l’Ile Wrangel. L’été, la banquise est refoulée vers le Nord de la Mer de
Beaufort et des Tchouktches. Les ours suivent la glace de mer et s’éloignent de la côte. Il est
alors très rare d’en observer sur la terre ferme.
En hiver, l’extension de la glace de mer à travers le Détroit de Béring permet aux ours de
descendre jusqu’à l’Ile Saint-Laurent. Aucune zone de forte concentration de tanières
maternelles n’est actuellement identifiée. Quelques tanières sont localisées sur la côte de la
Mer de Beaufort. Certaines femelles donnent naissances à leur progéniture dans des tanières
de l’Ile Wrangel.
La population de cette région était estimée en 1988, entre 3000 et 5000 individus. Elle est en
augmentation après une chute spectaculaire dans les années 60 (chasse par l’homme).
Il semble que certains ours se rapprochent des zones habitées, principalement après les
périodes de chasse à la baleine à Point Barrow, pour en manger les carcasses.
d) Le Canada
Près de la moitié de la population d’ours polaires vit sur le territoire de ce grand pays,
principalement dans le dédale de l’archipel Nord-Canadien. D’autres zones plus méridionales
ont également été conquises.
9 Le Labrador
La façade atlantique du Canada est très peu peuplée en ours polaires. La population d’ours
polaires du Labrador semble avoir beaucoup souffert de la chasse. Après une période durant
laquelle fut observée une disparition totale des tanières et une diminution drastique de la
population, de nouvelles études réalisées en 1991 redonnent espoir. Des vols de
reconnaissance ont permis de repérer des tanières dans la Baie Saglek.
D’autres sites semblent abriter des tanières maternelles à l’Est de la Baie d’Ungava, sur les
côtes des Baies Seven Island, Port Eclipse et Ramah, sans oublier les Iles Button, et autour de
l’Ile Akpatok située dans le centre nord de la Baie d’Ungava.
49
9 L’Archipel Nord-canadien
En règle générale, les ours qui vivent dans l’archipel Nord-Canadien n’effectuent pas de
grands déplacements. La diversité des côtes offre de nombreuses possibilités de la chasse aux
phoques.
Le Nord et l’Est de la Terre de Baffin, soit la région du Détroit de Lancaster à l’Ile
Broughton, accueille environ 2500 ours polaires.
Durant l’hiver, la plupart des ours sont dispersés sur la glace de mer du Détroit de Davis.
L’été, suite à la disparition totale de la banquise, ils doivent se réfugier sur la terre ferme ou
partir vers le Nord. Les régions de Clyde River, de l’Ile Broughton et de la Baie Abraham
sont des zones de concentration estivale. Des tanières sont dispersées tout au long de cette
côte, de la Baie Frobisher au Détroit de Lancaster. La région avec la plus forte densité se situe
entre l’Ile Broughton et la Baie Abraham.
L’ensemble des îles et détroits au Nord de l’île de Baffin forme une zone de forte
concentration.
L’extrême Nord-Ouest de l’archipel est une zone peu fréquentée. Située en bordure du pack
polaire, elle offre de faibles ressources alimentaires.
9 L’Ouest de la Baie d’Hudson
De toute l’aire de répartition de l’ours polaire, cette zone est certainement la mieux connue.
C’est une zone de mise bas parmi les plus importante du monde.
L’Ouest de la Baie d’Hudson possède une population propre qui effectue des migrations
annuelles circulaires dans le sens des aiguilles d’une montre, avec comme point de passage
obligé la région du Cap de Churchill, sur la côte Ouest de la Baie. Le nombre d’ours présents
dans cette région est estimé à 1200.
9 La Baie James
La population de la Baie James est estimée à 700 individus. La Baie James représente la
limite méridionale de l’espèce.
Une zone de tanières est identifiée sur l’Ile d’Akimiski. D’autres tanières sont creusées dans
l’arrière-pays de Ministik Creek, le long de la Rivière Shagamu et sur les Iles Belcher. Sur
une période de deux ans, les femelles effectuent un déplacement elliptique centré sur la Baie
James.
e) Le Groenland
De part son immensité, la côte de la plus grande île du monde n’a fait l’objet que d’études
très partielles, et de nombreuses questions subsistent quant au peuplement d’ours polaires et
leur répartition.
Soumises à des forts courants, les côtes du Groenland offrent des conditions d’englacement
très fluctuantes, et la répartition de l’ours en est d’autant plus variable. De plus, de nombreux
échanges existent entre les populations de la Terre de Baffin et de l’Ile d’Ellesmere pour la
côte Ouest.
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Sur la côte Est, la population est estimée entre 2000 et 4000 individus. (5) (13) (25) (35)
(44) (55) (71) (76) (83) (85)
2) Caractéristiques de l’habitat
a) La banquise
Le mot banquise est un terme générique pour qualifier dans sa globalité la glace de mer,
indépendamment de son état.
9 Différents aspects
Au début de l’hiver, dès les premiers froids persistants, l’eau de mer gèle en surface. Son
point de congélation est -1,8°C. La jeune glace, ou nilas, est souple ; son épaisseur est de 5 à
10 cm. Plus tard, la glace épaisse de 30 cm formera des crêtes de compression, sous l’effet des
vents, marées et courants, pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de haut. C’est dans
cet environnement tourmenté que l’ours viendra au printemps chasser les phoques femelles
dans leur tanière.
Chaque année dans l’Arctique, seule 50% de la glace présente au plus froid de l’hiver
disparaît au printemps. Cette glace pourra résister plusieurs années ; c’est elle qui constitue le
pack polaire centré sur 90° Nord.
9 Les zones d’eau libres
Les failles sont rares ; tout est figé ou presque. Néanmoins, même au plus froid de l’hiver
subsistent des zones libres de glace, que l’on désigne sous le joli nom de polynies, synonyme
de clairière, et dont la présence est capitale pour la survie de nombreux animaux arctiques.
Phoques, morses, bélougas et narvals viennent respirer à leur surface. Les ours connaissent
bien ces garde-manger hivernaux.
9 La débâcle
Avec l’approche de l’été, c’est la débâcle : la banquise se disloque, elle éclate en milliers de
plaques qui partent à la dérive, poussées par le vent et les courants. Cet été boréal ne convient
pas à l’ours polaire, privé de son terrain de chasse favori : la banquise.
L’été, celle-ci se limite au bassin arctique, sur une superficie de 5,2 millions de km², mais
peut persister tardivement dans certaines baies abritées. Suivant les régions, les ours pourront
suivre le pack vers le Nord, ou devront trouver un refuge terrestre pour passer l’été.
9 La vie sous la glace
La glace de mer est l’élément essentiel de la vie dans les régions polaires. La richesse des
eaux froides de l’Océan Arctique contraste avec la faible productivité des écosystèmes
terrestres.
Au printemps, il se développe sur la surface inférieure de la banquise une prairie d’algues
unicellulaires que d’innombrables crustacés amphipodes viennent brouter. Eux-mêmes
51
deviennent la base de l’alimentation des poissons. Les poissons seront chassés par les
phoques, eux-mêmes principales proies de l’ours polaire.
b) La toundra
Sur les terres émergées qui bordent l’océan arctique, les sols gelés en permanence sont
recouverts d’une steppe rase et peu productive, la toundra.
Sur ces terrains mal drainés, les tapis de saules nains et de bouleaux nains alternent avec des
tourbières riches en sphaignes (mousses très avides d’eau), les lichens, et une infinité de lacs
peu profonds. La faible productivité de ces végétaux, vivaces seulement pendant une courte
période de l’année, alliée aux conditions climatiques extrêmement contraignantes n’a permis
que l’établissement d’une chaîne trophique au nombre de maillons limités. La diversité des
espèces est très réduite à chaque niveau.
Dans la toundra, les mammifères sont représentés par une trentaine d’espèces, dont de
nombreux rongeurs. Il y a également des lagomorphes, des artiodactyles, des insectivores et
des carnivores. Parmi ces derniers, il y a l’ours polaire qui se réfugie dans la toundra lors de la
fonte des glaces, c’est-à-dire durant l’été.
(5) (13) (25) (35) (44) (55) (71) (76) (83) (85)
VI) Alimentation
L’ours polaire est le plus grand carnassier des plantigrades et donc le plus grand carnivore
terrestre actuel, après le Kodiak. Inféodé aux plus hautes latitudes de l’hémisphère Nord, il ne
dispose que d’une variété réduite de proies. (1) (4) (83)
Le cycle alimentaire annuel est constitué de périodes d’alimentation intense et de jeûne
drastique.
1) Les techniques de chasse
Les techniques employées sont fonction de l’espèce convoitée, du site et de la saison.
a) Chasse à l’affût
9 Chasse vers les trous de respiration des phoques
L’hiver, la banquise recouvre la mer et oblige les phoques à entretenir des puits leur
permettant de respirer. Ces cheminées coniques s’ouvrent par un orifice occulté par un dôme
de givre, formé par le souffle du phoque. Aidé par son odorat extrêmement développé, l’ours
recherche ces petits dômes de glace et détermine s’ils ont été utilisés récemment. Dans
l’affirmative, il se poste à l’affût, couché sur le ventre, pour attendre patiemment le retour de
sa proie. Le bruit provoqué par la remontée du phoque par son puits d’accès, alerte le chasseur
qui décoche un puissant coup de patte au phoque, à peine surgi à l’air libre. En général, le
coup est fatal, la colonne vertébrale est brisée au niveau cervical.
L’ours doit ensuite hisser sa proie dont le corps, souvent plus gros que l’orifice, est broyé au
passage. (83)
52
9 Détection et destruction des tanières de mise-bas de
phoques
Le printemps venu, les phoques marbrés femelles donnent naissance à un blanchon dans une
tanière de neige. Cette grotte sous-nivéenne est creusée à partir d’un trou de respiration, à
proximité immédiate d’une arête de compression. Ce relief de glace stoppe la neige tombée au
début de l’hiver et poussée par les vents, et permet la formation d’une congère à la verticale
du trou de respiration. La femelle creuse dans la neige tassée, une cavité à l’accès direct, qui
offre au nouveau-né une protection contre les intempéries. Cette tanière est également censée
mettre le blanchon à l’abri des griffes de l’ours.
Malgré tout, de nombreux jeunes phoques marbrés finissent sous les dents du plantigrade
qui, grâce à son flair développé, détecte les tanières occupées. Il saute et pèse de tout son
poids sur la voûte de neige, ou creuse rapidement. Ce mode de chasse semble réservé aux
individus suffisamment lourds pour effondrer le toit de l’abri.
Certains ours polaires utilisent même des morceaux de glace pour marteler et ouvrir les
tanières des phoques, afin d’atteindre les petits. C’est une forme de comportement que l’on
voit très rarement chez d’autres être vivants que l’homme.
Figure 8 : Détection d’une tanière de phoque par un ours polaire. (83)
La femelle peut souvent s’échapper, mais pas sa progéniture. En période de naissance, dans
les zones de fortes concentrations de phoques marbrés, les jeunes blanchons représentent
l’essentiel des proies consommées. (45) (83)
53
b) Chasse à l’approche
9 Sur la banquise
A la fin du printemps, les premiers rayons du soleil attirent sur la glace les phoques, toutes
espèces confondues, qui passent de longues heures alanguis, à quelques centimètres de leur
trou de respiration. Leur sommeil est fréquemment entrecoupé de brèves périodes d’éveil et
d’observation des alentours.
Les ours doivent donc changer de technique. Ils approchent en rampant face au vent lorsque
le phoque sommeille, et s’immobilisent à chaque sursaut du pinnipède. Arrivés à bonne
distance (environ 20 m), ils se précipitent sur leur proie et la tuent d’un coup de patte.
La manœuvre ne réussit pas à tous les coups. Un changement brutal de la direction du vent
permet au phoque, grâce à son odorat développé, de détecter l’approche du prédateur. (83)
9 Sous l’eau
A la même époque que ci-dessus, c’est-à-dire lorsque les phoques profitent des rayons du
soleil, l’ours peut aussi utiliser leur trou de respiration pour venir les surprendre, alors que les
pinnipèdes se croient en sécurité à quelques mètres d’un refuge.
Au début de l’été, entre début Juillet et mi-Août suivant les régions, la banquise se fracture
et se zèbre de longs canaux d’eau libre au bord desquels les phoques se rassemblent. Une fois
encore, les plantigrades modifient leur mode de chasse, l’approche se faisant alors dans l’eau.
Ils nagent entre les plaques de glace, alternant déplacement sous-marin et de surface. A
quelques mètres de la proie repérée, ils surgissent de l’eau et la frappent mortellement. (83)
c) Bilan sur la chasse de l’ours blanc
La mise en œuvre de la stratégie la plus efficace implique de la part de l’ours, une
connaissance parfaite de son environnement pour chaque problème qui lui est soumis. Avant
d’effectuer son approche, il doit intégrer différents paramètres, tels que l’orientation du vent,
la position du soleil, la dérive de la glace, et bien d’autres facteurs que nous ne sommes pas à
même d’apprécier. (83)
L’ours polaire n’est cependant pas un très bon chasseur. En effet, la chasse est productive
environ une fois tous les quatre ou cinq jours. (1)
2) La nature des repas
a) Sur la banquise
9 Les phoques
Les phoques constituent l’essentiel de l’alimentation de l’ours polaire, avec des variations
locales et saisonnières.
L’espèce la plus fréquemment consommée est sans conteste le phoque marbré ou annelé
(Phoca hispida). Ce petit phoque pèse à l’âge adulte entre 60 et 100 kg. Il possède la même
aire de répartition que l’ours polaire, ce qui les met souvent en contact.
54
Le phoque barbu (Erignathus barbatus) est la deuxième espèce par son importance, dans le
régime de l’ours polaire. Ce gros phoque qui atteint le poids de 300 kg n’est pas aussi
abondant que le précédent.
Dans l’Ouest de la baie d’Hudson, le veau marin (Phoca vitulina) est commun, et entre dans
le régime des ours de la région, principalement en Mai-Juin.
En Mer Blanche, dans la région de Jan Mayen et sur les côtes du Labrador, les zones de
mises bas des phoques à capuchon (Phoca groenlandica) reçoivent la visite des plantigrades
qui n’ont aucune difficulté à capturer un jeune.
Les deux autres espèces de phoques qui sont potentiellement la proie de l’ours polaire sont le
phoque à ruban (Phoca fasciata) et le phoque tacheté (Phoca largha). Ce sont des espèces
relativement rares, occupant des régions en limite méridionale de l’aire de répartition des
ours. (83) (109)
9 Les morses
Pendant de nombreuses années, il a été admis que l’ours polaire ne pouvait s’attaquer au
morse (Odobenus rosmarus) sans prendre des risques importants. Il est vrai qu’un morse mâle
adulte représente une masse de graisse et de muscles de 1,2 à 1,6 tonne, suivant la région
considérée. Il est de plus armé de défenses mesurant en moyenne 55 cm de long.
Cependant, de nouvelles observations ont permis de mettre en évidence que l’ours polaire
pouvait fort bien, en certaines occasions, se nourrir de ce gros pinnipède. Les morses vivent
en colonies fort populeuses. En hiver, dans l’archipel Nord-canadien, les morses se
rassemblent par dizaines sur la banquise, en bordure de zones d’eau libre. Les juvéniles sont
les plus vulnérables face aux ours polaires.
Au Nord-Est de la Sibérie, un autre site met régulièrement en présence morses et ours
polaires. (83) (109)
9 Les cétacés
Le bélouga (Delphinapterus leucas) est la proie de l’ours polaire dans deux cas : l’hiver, lors
des regroupements des mammifères marins dans les polynies, et l’été, à l’occasion des
rassemblements des cétacés dans l’embouchure de certaines rivières.
En hiver, les fractures de la banquise sont de plus en plus étroites. De nombreux dauphins
blancs viennent respirer dans une surface d’eau libre de quelques dizaines de mètres carrés, et
sont alors à la merci des prédateurs.
En été, la période de mue des bélougas les entraîne à se frotter sur les hauts fonds de galets
pour se débarrasser de lambeaux cutanés. Certains individus se retrouvent à demi échoués au
reflux et sont alors à la merci des plantigrades.
En règle générale, les ours prélèvent principalement le melon (riche en huile), puis la peau et
la graisse attenante. (83) (109)
9 Les algues
Les algues entrent dans l’alimentation de certains ours, qui s’en nourrissent abondamment
tout l’hiver, en particulier au Sud-Est de la Terre de Baffin. Les polynies peu profondes
permettent aux plantigrades de ramasser les algues du fond. Ailleurs, ils utilisent les trous de
55
respiration des phoques pour arracher les algues sur la face inférieure de la banquise. (83)
(109)
b) Sur la terre ferme
Les ours de la région de Churchill abandonnent la banquise qui se disloque à la mi-juillet, et
viennent à terre au Sud du Cap de Churchill. Pendant deux mois et demi, ils n’ont rien à
manger, hormis des carcasses de baleines échouées, des algues, des racines ou des graminées,
qui leurs permettent simplement de se caler l’estomac.
9 Les animaux terrestres
Nous avons pu voir que l’ours polaire se nourrit d’une majorité de mammifères marins, mais
il ne dédaigne pas quelques animaux terrestres, en particulier durant l’été ou l’automne,
période de disette.
Les oiseaux, très abondants dans les régions arctiques pendant l’été, semblent entrer dans le
régime des ours suivant des proportions très variables. L’ours attrape les oiseaux à la surface
de l’eau comme le pratiquent certains phoques : en surgissant au milieu d’un groupe compact
après une apnée. Il ne dédaigne pas non plus un adulte nicheur ou une couvée abandonnée,
œufs et poussins pouvant également le satisfaire.
La consommation de petits mammifères est fréquente et touche la plupart des espèces de
Lemmings (Lemmus obensis, L. trimucronatus, Dicrostonyx groenlandicus), le rat des champs
(Ondatra zibethica).
Exceptionnellement, l’ours polaire peut aussi pêcher des poissons en rivière.
Exploitant toutes les ressources marines mises à sa disposition, l’ours polaire peut aussi se
nourrir d’invertébrés, comme les moules et les oursins, qu’il pêche en apnée ou ramasse à
marée basse.
Pour terminer le catalogue des proies de l’ours polaire, citons le bœuf musqué (Ovibos
moschatos). L’ours polaire s’attaque à ce dernier lorsque la neige profonde ralentit la fuite
d’individus vulnérables, jeunes ou malades. (83) (109)
9 Les végétaux
L’été, les femelles suitées de la région de Churchill retournent dans la zone de reproduction
à plusieurs dizaines de kilomètres de la côte et profitent de l’abondance des baies.
Plus au sud, les Ours de la baie James subissent également les affres de l’été sur le continent
ou sur des îles (Twin Islands). Lichens, champignons, mousses, feuilles, tiges végétales et
baies constituent l’alimentation estivale. (83) (109)
9 Les cadavres
Opportuniste, l’ours se nourrit également de cadavres : baleines, bélougas, narvals, phoques,
caribous. Les nombreux animaux blessés par les Inuits depuis l’avènement des armes à feu,
offrent une nouvelle source d’alimentation facile.
56
En période de disette, une vieille peau de caribou ou de morse est reprise, puis abandonnée,
puis remâchée de nouveau. (109)
3) Le comportement alimentaire
a) La réputation de « gaspilleur »
Les premiers observateurs notèrent que l’ours blanc se montrait extrêmement sélectif et
semblait assez gaspilleur : il lui arrive en effet de manger la graisse et un peu de peau de
l’animal, mais de laisser la plus grande partie de la chair aux renards arctiques et aux oiseaux
charognards. Ils en tirèrent la conclusion que l’ours blanc devait tuer suffisamment de
phoques et découvrir assez de carcasses pour être rassasié en permanence.
Il n’en est rien, et l’explication de ce comportement est simple : la graisse des phoques est
moins riche en protéines sous un climat très froid ; l’ours serait donc obligé, s’il mangeait
aussi les muscles, de faire fondre de la neige dans sa bouche, car il lui faudrait d’énormes
quantités d’eau pour se débarrasser des déchets d’azote (urée). Ce phénomène permet donc au
corps de l’ours de conserver l’eau en produisant moins d’urée, et de ne pas manger de neige,
ce qui abaisserait sa température interne et lui ferait consommer plus d’énergie.
Cependant les animaux en croissance et les femelles allaitantes qui ont besoin de plus de
protéines, ont tendance à manger toute la carcasse (45) (109)
b) Les habitudes alimentaires des ours polaires
Lorsque l’ours vient d’abattre un phoque d’un coup de patte, il lui arrive de traîner le
cadavre sur 2 ou 3 km avant de le consommer. Divers hypothèses peuvent être avancées pour
expliquer ce comportement, en particulier celle de rejoindre un terrain plus stable ou plus sûr
pour dévorer en toute quiétude la proie. La plupart des individus, les juvéniles surtout,
consomment la dépouille sur place pour éviter une mauvaise rencontre. Un individu plus
puissant pourrait être attiré par les effluves du repas et venir se l’approprier. L’ours
commence à attaquer sa proie avec voracité pour être certain de prélever les meilleurs
morceaux, avant l’arrivée éventuelle d’un congénère. Cette hyperphagie se caractérise par la
rapidité d’ingestion qui peut atteindre 10% du poids du prédateur en 30 minutes. Il peut même
ingurgiter des quantités énormes de viandes et de graisse, allant jusqu’à 20% de son poids.
Dans certains cas, l’animal peut s’alimenter pendant une trentaine de minutes, puis aller se
reposer et reprendre son repas après 4 à 5 heures de sieste. (18)
Il faut inclure dans le comportement alimentaire de l’ours polaire l’habitude de nettoyer son
pelage et ses pattes avec une grande attention. Ce comportement peut être expliqué par le
souci de maintenir l’intégrité de son pelage, la saleté pouvant mettre à mal son camouflage
immaculé.
Lorsqu’il est repu, l’ours abandonne la carcasse et repart vers de nouveaux horizons,
contrairement aux ours bruns qui peuvent mettre de côté une proie en partie consommée et
revenir dessus les jours suivants.
Certains travaux montrent qu’un ours polaire consomme 6 phoques par mois, durant environ
6 mois de l’année, soit environ 36 phoques par an. D’autres estimations situent la
consommation annuelle entre 50 et 73 phoques marbrés. (83) (109)
57
4) Le jeûne lors de l’hibernation
Si l’ours polaire est un cas unique parmi les carnivores par son régime très spécialisé,
constitué en grande partie d’une seule famille animale, les phoques, il surprend surtout par
son adaptation au jeûne prolongé. Il est vraiment le mammifère qui alterne les plus longues
périodes de diète avec de courtes périodes d’alimentation intense.
a) Le jeûne de l’hibernation
Les femelles doivent passer jusqu’à 8 mois consécutifs sans s’alimenter. Dans l’Ouest de la
baie d’Hudson, les femelles posent pied à terre en Juillet et ne retourneront à la chasse que
début Avril l’année suivante. Leur survie dépendra alors uniquement des réserves accumulées
pendant les 4 mois d’alimentation précédant leur arrivée à terre. Ces réserves sont stockées
sous forme d’un pannicule adipeux et de cellules graisseuses présentent dans les tissus
internes.
Pour constituer ces réserves de lipides, les ours, comme nous l’avons vu plus haut, se
nourrissent principalement de la graisse de leurs proies.
Les femelles parturientes, qui passent 240 jours sans s’alimenter et qui allaitent deux
oursons, perdent en moyenne 137 kg, soit 43,5% de leur poids, ou encore 500 g par jour.
Cette longue période de jeûne amène les femelles en limite de leurs réserves. Des mesures
montrent qu’une femelle, à la sortie de la tanière, ne doit pas peser moins de 150 kg pour
permettre sa survie et celle de sa portée. (53)
b) Le jeûne de reproduction
En période de jeûne actif (en dehors des périodes à l’intérieur d’une tanière), ils catabolisent
environ 1 kg de leur stock chaque jour, soit sur 4 mois, 120 kg, ou encore en moyenne 27% de
leur poids pour les mâles et 38% pour les femelles.
Si les mâles ne sont pas confrontés au jeûne de la parturition, ils le sont durant une période
d’intense activité : la recherche d’une partenaire. Au printemps, saison qui offre une
alimentation facile et abondante, les reproducteurs se mettent sur la trace olfactive d’une
femelle en chaleur, et abandonnent leurs recherches de nourriture. Ce comportement peut les
amener eux aussi en limite de leurs réserves. (47)
c) Le jeûne estival
Un problème vient cependant contrecarrer cette adaptation unique. Suite au réchauffement
du climat, on constate dans la baie d’Hudson que la durée du jeûne s’allonge. Ce phénomène
est généré par une période sans banquise plus longue, qui augmente certaines années de 10%
le nombre de jours sans nourriture. (47) (83)
58
d) L’adaptation de l’ours polaire au jeûne
Si le jeûne de l’ourse gravide est prévisible, d’autres périodes de diète peuvent intervenir
dans l’année sans que l’animal s’y soit préparé. Pour survivre à ces périodes de privation qui
peuvent intervenir tout au long de l’année, en fonction de l’abondance des proies et de
variations climatiques, l’ours polaire présente les mêmes variations physiologiques qui
permettent aux ours noirs de subsister en période de dormance durant l’hiver.
Comme nous l’avons détaillé plus haut, le recyclage des composés azotés (urée) issus du
métabolisme des protéines, permet aux ours polaires de maintenir leur masse musculaire. Ils
utilisent alors uniquement leurs réserves adipeuses pour fournir l’énergie vitale. A la
différence de leurs cousins, ils peuvent activer cet état de métabolisme ralenti à n’importe
quel moment de l’année. Cette réponse physiologique à un déficit de nourriture semble unique
chez les mammifères. (47) (83)
VII) L’espérance de vie
1. Pathologies
Peu de pathologies ont été décrites dans la nature chez l’ours polaire.
La parasitose la plus fréquente est due aux larves de Trichinella spiralis qui se développent
dans les muscles. L’ingestion de viande parasitée causa la mort de plusieurs hommes lors
d’expéditions polaires. Mais la présence de ce parasite ne semble pas affecter le porteur.
Des cas de mortalité par indigestion ont été décrits. L’ours semble mourir suite à
l’absorption trop rapide et massive d’une grande quantité de viande.
A l’opposé, la famine est certainement une des causes principales de mortalité chez l’ours
polaire. Elle touche surtout les jeunes individus tout juste émancipés, et les animaux
physiquement diminués (âgés).
2. Accidents
Même s’ils sont bons nageurs, les ours polaires peuvent mourir par noyade. Certains
individus se font piéger par des plaques de glace à la dérive, qui s’écartent trop loin des côtes
pour leur permettre de rejoindre la terre ferme à la nage.
Il arrive aussi que des groupes se trouvent ensevelis par l’effondrement de la tanière, à cause
de pluies précoces (Mars-Avril) et sous l’effet d’un réchauffement brutal. (83)
3. Longévité
9 En milieu naturel
Le taux de mortalité avant la maturité est évalué à 20%, avec une phase critique lors de la
séparation mère-jeune. Le taux annuel de mortalité des individus adultes est compris entre 8
et 16%, suivant les régions et les années considérées.
59
Comme chez tous les mammifères chez lesquels la reproduction oblige les mâles à se battre,
ceux-ci sont soumis à des efforts considérables et à un stress important ; ils ont donc une
espérance de vie inférieure à celle des femelles.
Dans la nature, peu d’individus dépassent l’âge de 20 ans, mais certains font exception.
Shliebe estime à 29 ans l’âge de la plus vieille femelle tuée en Alaska ; Ian Stirling à 32 ans
celui d’une femelle originaire de la Baie James. Le plus vieux mâle examiné par Stirling dans
cette même région était âgé de 28 ans. Le record est détenu par un mâle âgé de 34 ans. (83)
9 En captivité
En captivité, les conditions de vie sont moins dures et les données diffèrent : le plus vieux
mâle a atteint 41 ans, et la plus vieille femelle 38 ans. En moyenne, les animaux ont une durée
de vie entre 25 et 30 ans. (83)
4) Evaluation de l’âge
Chaque ours capturé fait l’objet de prélèvements et de mesures, permettant d’établir une
carte d’identité.
L’évaluation de l’âge nécessite l’extraction d’une dent. C’est une prémolaire vestigiale et
non fonctionnelle, pm1, de la mâchoire inférieure qui peut être utilisée. Son extraction sur des
animaux endormis ne pose pas de problème.
Pour évaluer l’âge, il faut tronçonner dans le sens vertical la racine de la dent et réaliser une
lame mince. Sous la lumière du microscope, les différentes couches de cementum (enveloppe
extérieure de la racine de la dent), déposées selon un rythme annuel pendant la croissance de
l’animal, apparaissent et peuvent donc révéler son âge avec une bonne précision. (83)
VIII) L’ours polaire, une espèce menacée
1. Une espèce menacée ?
Parmi les huit espèces d’ours existant, l’ours polaire fait partie des deux espèces, avec l’ours
noir, dont le statut est plus stable, ou du moins meilleur que celui des autres. On ne peut donc
pas parler d’espèce menacée à l’heure actuelle, bien qu’il en ait fait partie il y a un certain
nombre d’années, avant l’existence de lois limitant aujourd’hui la chasse à l’ours. Cependant,
avec tous les dangers qui le guettent actuellement, notamment le réchauffement de la planète,
l’ours polaire pourrait bientôt réintégrer la liste des espèces en voie d’extinction
a) Les prédateurs de l’ours blanc
9 Les loups blancs
Le loup (Canis lupus) n’est certainement qu’un prédateur occasionnel des ours polaires. Les
meutes de loup s’attaquent alors plutôt à un groupe familial, pour s’attaquer aux oursons. Il
60
est vrai que la densité relativement élevée de loups dans cette région expose les oursons âgés
de trois mois aux attaques. (83) (105)
9 Les orques
Un témoignage étonnant permet de confirmer que l’orque (Orcinus orca) peut s’attaquer à
l’ours polaire. Un pilote militaire qui volait fréquemment entre Resolute et Grise Fjord, a
observé sur de la glace fine un ours qui courait sans raison apparente. Après un demi-tour, il
put distinguer sous la glace une orque, qui semblait chasser le plantigrade ; mais ce dernier
put rejoindre la côte.
En d’autres circonstances, il est tout à fait possible qu’un groupe d’épaulards croisant dans
les fractures de la banquise à la recherche de phoques, puisse dévorer un ours malchanceux.
(83)
9 Les requins
Selon un autre témoignage rare, un ours dans les environs de Churchill portait au niveau de
la poitrine une profonde blessure circulaire, dont la forme et la profondeur en faisait
certainement l’œuvre d’un requin du Groenland (Somniogus microcephalus). (83)
9 Les morses
Il arrive que des morses (Odobenus rosmarus), attaqués par un ours, se défendent avec une
telle énergie qu’ils tuent leur agresseur grâce à leurs défenses effilées. (83)
9 Le cannibalisme
Outre les causes de mortalité interspécifique, il faut évoquer le cannibalisme exercé
principalement à l’encontre des jeunes de moins de un an par des mâles adultes ou par les
femelles elles-mêmes.
A rapprocher du cannibalisme, citons l’attaque d’un grizzli mâle sur de jeunes ours polaires,
au Sud de l’Ile de Melville. Ce comportement observé en Mai (période de reproduction) peut
se comparer au cannibalisme des grands ours polaires sur les jeunes de leur espèce. (83)
b) L’homme
9 Le braconnage et la chasse
La principale menace qui pèse sur les populations d’ours polaires est la chasse excessive. Ils
sont chassés dans presque toutes leurs zones de répartition. Les nombres prélevés sont régulés
par des quotas dans la majorité du Canada. Cependant, il n’existe aucune limite légale au
nombre prélevé par les Inuits au Québec, Groenland et Alaska, ou par les Indiens en Ontario.
Un accord établi par un groupe de gestion des ours polaires du Sud de la Mer de Beaufort fixe
61
des quotas de chasse. Bien que la chasse soit interdite en Russie, les conditions économiques
actuelles ont rendu difficiles la détermination de l’étendue du braconnage pratiqué dans cette
région. Dans la zone de Svalbard, les ours polaires sont protégés de toute forme de chasse,
sauf en cas d’animal dangereux.
Dans les territoires du Nord-Ouest du Canada, les Inuits sont responsables de 88% de la
chasse, la chasse sportive représente 5,7% des individus tués, 5,2% des pertes sont dues aux
conflits avec les humains, et 0,3% sont liées à des facteurs illégaux ou inconnus.
Le taux de survie des femelles adultes est le facteur principal affectant le taux de croissance
de la population et le niveau soutenable de la chasse des ours polaires. (31) (74)
L’ours polaire est une espèce rare et en même temps une ressource en tant que gibier. La
recherche à long terme est indispensable, permettant alors la gestion des sous-unités de
population, et permettant de reconnaître que la chasse est possible, voire à développer dans
certaines zones, et à prohiber dans d’autres. Les populations ayant une taille limitée doivent
être protégées au maximum. L’ours polaire peut être utilisé en tant que gibier, mais de
manière raisonnée en contrôlant le nombre d’individus tués chaque année et le pourcentage de
femelles sacrifiées. La chasse légale doit être mise en place, parallèlement à l’élimination du
braconnage. (77)
9 La vente illégale de vésicule biliaire
Selon certaines croyances désuètes, la bile d’ours aurait des vertus médicinales et est utilisée
comme ingrédient principal dans les remèdes médicinaux chinois depuis des millénaires.
Certaines populations Inuits vendent les vésicules biliaires d’ours polaires qu’ils ont chassé,
car le prix en est très élevé sur le marché. Cependant les conséquences de cette vente sur les
populations d’ours polaires ainsi que sur la survie des autres espèces d’ours sont inquiétantes.
A terme, celle-ci sera interdite. (32) (77)
c) L’environnement
9 Le réchauffement de la planète
L’activité des hommes a eu de sérieux impacts sur l’habitat des ours polaires. (51)
En cas de réchauffement de la planète, les étendues de banquise situées dans la Baie
d’Hudson seraient parmi les premières affectées. La prolongation de la période libre de glace
raccourcira la période pendant laquelle les ours polaires seront à même de chasser les
phoques, ce qui entraînera un stress nutritionnel et une incapacité des animaux à emmagasiner
assez de réserves graisseuses pour survivre à la période sans glace. Les signes précoces
d’impacts incluent une dégradation de la condition corporelle, des taux reproducteurs
détériorés, un taux de survie des oursons diminué, et une augmentation des interactions entre
les ours polaires et les hommes. En dernier lieu, les populations de phoques vont décliner si la
qualité et la disponibilité des habitats propres à la mise bas sont réduites.
Depuis 1981, la condition de l’ours polaire adulte s’est détériorée de façon importante dans
l’Ouest de la Baie d’Hudson. Au cours de cette même période, la débâcle de la banquise sur
l’Ouest de la Baie d’Hudson et dans l’Arctique eurasien s’est produite plus tôt. Il existe un
lien très marqué entre le moment de la débâcle et la condition physique des femelles adultes.
Ainsi, plus la débâcle se produit tôt, plus les ourses sont en mauvaise condition physique. La
62
tendance à une débâcle précoce est également corrélée à une augmentation de la température
ambiante printanière. En effet, les températures du printemps dans la région ont augmenté de
0,3 à 0,4°C tous les 10 ans, depuis les 50 dernières années. Ainsi, la banquise se brise 2
semaines plus tôt qu’il y a 20 ans auparavant.
La couverture nivale de l’Arctique circumpolaire a diminué de 3% par décennie ; une
deuxième estimation évalue cette diminution à 14%. De plus, l’épaisseur moyenne de glace a
diminué, jusqu’à atteindre 1,30 mètres depuis 1976, après être restée à plus de 3 mètres les
décennies précédentes. Le facteur responsable de la débâcle précoce dans la Baie d’Hudson
semble être la tendance au réchauffement à long terme de l’atmosphère en Avril et en Juin.
De la pluie en fin d’hiver pourrait entraîner un effondrement des tanières de mise bas des
ours polaires, causant la mort de ses occupants. Les problèmes entre humains et ours polaires
seraient plus fréquents alors que la période d’eaux libres s’allonge et que le stress nutritionnel
des ours jeûnant et dépendant de leurs réserves graisseuses augmente.
Si les populations d’ours polaires diminuent, le tourisme de vision des ours polaires à
l’Ouest de la Baie d’Hudson disparaîtra certainement. Si l’Océan Arctique devenait libre de
glace pendant une période assez longue, il est vraisemblable que les ours polaires
disparaîtraient d’au moins la partie Sud de leur aire de répartition.
Il est difficile de déterminer si le réchauffement de la planète est lié à l’effet de serre
anthropogène ou à un cycle naturel. Il semblerait qu’il existe moins de 2% de chance que les
changements observés dans la banquise de la totalité de l’Arctique soient uniquement le
résultat de causes naturelles. Ainsi, certains modèles climatiques prédisent qu’avec le
réchauffement climatique, la vie deviendra impossible pour les ours polaires de la Baie
d’Hudson, dans 50 à 100 ans. (31) (46) (113) (114) (115) (116)
9 Produits chimiques toxiques
o Le pétrole
L’ours polaire est d’une nature fragile face à la
pollution créée par l’homme, et cette espèce est
inapte à supporter un taux de mortalité croissante,
surtout les femelles ours polaires. L’accélération du
développement industriel des régions arctiques, en
relation avec l’augmentation de la mortalité chez les
ours blancs, due par exemple à l’exploitation du
pétrole ou à la contamination de la majeure partie
des ressources alimentaires des ours, accentue le
problème imminent de cette espèce. L’ours polaire
aura besoin d’être mieux protégé si la situation
présente doit durer.
Figure 9 : Stockage d’hydrocarbures dans la toundra. (83)
63
o Autres toxiques
Un autre danger majeur pour l’espèce, plus vicieux encore qu’une marée noire, est
représenté par la concentration environnementale en toxines chez les ours polaires. L’ours
polaire est un carnivore qui se trouve au sommet de la chaîne alimentaire arctique ; il
accumule ainsi de plus en plus par l’alimentation des métaux lourds et des organochlorés
(PCB par exemple) dans ces tissus.
Une étude a montré que chez les femelles ours polaires, la concentration en
polychlorobiphényles expliquait 27% de la variation dans la concentration en progestérone et
en oestradiol. Les PCB sont responsables d’une augmentation de la synthèse de ces hormones
ou d’une diminution de leur transformation. Ceci met donc bien en évidence la corrélation
entre ces organochlorés et le taux d’hormones P4 des ourses polaires. Les organochlorés
s’accumulent dans les graisses et sont des molécules toxiques pour la reproduction. En effet,
les PCB affectent plusieurs étapes dans le cycle de la reproduction, telles que l’ovulation,
l’implantation du fœtus et son développement. Ils sont responsables d’une diminution du taux
de reproduction en perturbant l’équilibre des hormones stéroïdes. (51) (96) (110)
9 Les feux de forêts dans la Baie d’Hudson
Les ours polaires de la Baie d’Hudson sont certainement les seuls mammifères marins à être
menacés par les feux de forêts. En effet, les tanières de la Baie d’Hudson sont souvent
creusées dans le permafrost, le long des rivières et dans des criques. Les feux de forêt font
disparaître le permafrost, entraînant un effondrement des berges, et détruisant les arbres dont
les racines servent de toit aux tanières. Ainsi, les tanières s’écroulent, ce qui est un problème,
car elles sont souvent réutilisées par différents ours, années après années. Il y a donc de moins
en moins de tanières disponibles pour les femelles gestantes dans la Baie d’Hudson. (46)
2. Doit-on garder l’espèce en captivité ?
Les parcs zoologiques soutiennent que c’est une nécessité de maintenir et d’améliorer les
conditions de vie des ours polaires en captivité. D’après Alison Ames, les estimations faites
sur le nombre d’ours polaires dans leur milieu, se situeraient entre 20 000 et 40 000 individus.
Avec une population si réduite, concentrée en Arctique, les changements environnementaux
sont une véritable menace pour les ours. Les exploitations de pétrole en mer, les toxiques
chimiques et le réchauffement de la planète représentent des facteurs potentiels de destruction
de la vie en Arctique. Les zoos, dans l’avenir, auront donc un rôle à jouer dans la survie de
cette espèce. (21)
Mais bien qu’il pourrait y avoir besoin d’une pression pour la sauvegarde des ours polaires
en captivité dans le futur, on doit également prendre en considération les besoins
physiologiques de ces derniers. Ainsi, d’après Dr Trevole Poole, directeur du UFAW
(Universities Federation for Animal Welfare), à l’avenir, les parcs zoologiques ne devraient
détenir des ours polaires en captivité seulement si ceux-ci sont en mesure d’offrir aux
animaux des enclos adéquats à leurs besoins comportementaux. (3)
64
3. La législation mise en place
a) Statut de l’ours polaire
Dans les années 1965-70, la population mondiale d’ours polaires était estimée entre
8 à 10 000 individus, ce qui amena l’ours polaire dans la catégorie des animaux en voie
d’extinction. Aujourd’hui, la population a considérablement augmenté.
Elle est estimée en moyenne à 25 000 individus, mais il est difficile d’avoir des valeurs très
précises. (110)
b) Actions in situ
Un intérêt certain concernant le statut de l’ours polaire est né en 1960, quelques années après
une augmentation de la chasse à l’ours. En 1965, un Groupe Spécialiste des Ours Polaires
s’est formé, sous les auspices de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la
Nature). Ce groupe continue de fonctionner avec cinq pays membres : la Norvège, la Russie,
les Etats-Unis, Le Canada et le Groenland. Le Groupe Spécialiste en Ours Polaire est un
excellent exemple d’un type de coopération internationale, qui peut avoir une action favorable
sur le bien-être des ours blancs. Ils ont comme points forts un plan coordonné d’étude de
l’espèce et un partage des informations récoltées.
Un moratoire des pays accueillant des ours polaires sur leur territoire permit en 1976
d’établir une charte internationale de protection de l’espèce sur toute son aire de répartition.
Norvège, Danemark, Canada, USA et Russie définirent alors une ligne de conduite commune.
Régulièrement, ces spécialistes qui étudient les ours polaires se réunissent pour confronter
leurs résultats et mettre en place des stratégies communes (méthode de comptage,
détermination des zones sensibles, étude des polluants, conseils pour l’établissement de
quotas de chasse). Depuis peu, ces scientifiques accueillent, lors de leurs réunions, des
représentants des peuples autochtones qui viennent exposer leurs besoins concernant la chasse
à l’ours. Le commerce international concernant les ours polaires est régulé par la CITES
(Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Flora and Fauna ; soit la
convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées
d’extinction), dans lequel l’ours polaire est classé en espèce d’annexe II.
La population mondiale d’ours polaire, après avoir connu un net déclin dans les années 70, a
aujourd’hui bien remonté la pente. Elle est aujourd’hui estimée entre 22 000 et 27 000
individus. (14) (83) (110)
c) Actions en captivité
Les parcs zoologiques s’efforcent de sensibiliser le public aux besoins physiologiques des
ours polaires et à l’importance de la protection de leur territoire. Pour cela, ils disposent des
panneaux d’information, à côté de l’enclos des ours. Ils parlent aussi de la pollution, du
réchauffement de la planète, de la chasse à l’ours, etc…
Les zoos essaient également, dans la mesure du possible, de reproduire les conditions de vie
que les ours blancs trouvent dans leur milieu naturel, en leur offrant des enclos adaptés. Il en
est de même pour l’alimentation et les enrichissements. (4) (83)
65
DEUXIEME
PARTIE :
La reproduction
de l’ours polaire
non captif
66
L’ours polaire est un mammifère ayant en général les mêmes caractéristiques
physiologiques et anatomiques concernant la reproduction que les autres animaux
appartenant à cet embranchement. Cependant, certains mécanismes, correspondant à une
adaptation à son milieu, lui sont propres. Nous allons donc développer dans cette partie la
reproduction de l’ours polaire dans son milieu naturel, en détaillant l’anatomie des
appareils génitaux mâle et femelle, puis les différents stades de la reproduction chez l’ours
blanc jusqu’à l’élevage des oursons.
I)
Physiologie sexuelle
1) Rappels anatomiques
a) Les organes génitaux mâles
Les testicules sont extra abdominaux et postpéniens. La prostate est bien développée. Il n’y a
pas de glandes de Cooper chez les ours polaires. L’utricule prostatique est toujours
rudimentaire. Il y a également des glandulae vas deferensis.
Le pénis est dirigé crânialement, à la face ventrale de l’abdomen. Le fourreau préputial est
passablement long et le gland est volumineux. Le pénis contient un os pénien plus ou moins
rectiligne, avec une extrémité antérieure renflée. Sa face inférieure est creusée d’une gouttière
dans laquelle se loge l’urètre. (49)
Figure 10 : Os pénien d’Ursus maritimus (49)
b) Les organes génitaux femelles
L’utérus est bicorne avec un corps très court. Les ovaires sont logés dans un sac péritonéal
qui dépend de la partie antérieure du ligament large. Le clitoris, bien développé, est recouvert
par un capuchon muqueux. (49)
L’appartenance à la sous-classe des Euthériens signifie que l’œuf se développe dans l’utérus.
L’ovule est fécondé dans la trompe, puis gagne la cavité utérine où il atteint alors le stade de
blastula, appelé blastocyste. Il se fixe alors dans l’endomètre (nidation), phénomène qui
dépend de la mise en place du corps jaune (sécrétion de progestérone). La nidation chez les
Ursidés est différée. (28) (49)
67
2) Puberté et saisonnalité
a) La maturité sexuelle
La maturité sexuelle correspond à l’âge auquel chaque mammifère devient capable de se
reproduire pour la première fois. (111)
9 Chez les femelles
La maturité sexuelle chez les ourses polaires est assez tardive ; elle se situe entre 4 et 7
ans. La quantité d’énergie trouvée dans l’alimentation pour la croissance et l’entretien
influence fortement cette maturité sexuelle.
Dans la Baie d’Hudson, les femelles primipares ont en moyenne 4,1 ans et ont achevé 97%
de leur croissance. Sur l’ensemble du domaine arctique, les femelles ont en moyenne leur
première portée entre 4 et 5 ans.
Dans la nature, elles ont la capacité de se reproduire jusqu’à 27 ans, contre 37 ans en
captivité. Il semblerait donc que les femelles puissent se reproduire toute leur vie.
La fécondité des femelles de 5 à 19 ans est de 0,603, soit le plus haut taux connu.
Figure 11 : Taux de natalité en fonction de l’âge de l’ourse polaire. (155)
De l’âge de la femelle dépendent le nombre, la taille et les chances de survie des jeunes de la
portée, ainsi que le nombre de jours passés dans la tanière.
Ces conditions sont optimales vers 14 à 16 ans, puis déclinent ensuite. (5) (33) (37) (102)
(105)
9 Chez les mâles
Les mâles sont biologiquement matures dès l’âge de 5 ans, mais n’ont pas terminé leur
croissance. Ils ne s’accouplent pour la première fois que vers l’âge de 8 ou 10 ans.
Leur carrure intervient en effet lors de la compétition pour une partenaire. Les mâles
vigoureux ont plus de chance de vaincre les plus jeunes qui manquent encore de poids et de
puissance pour triompher dans des combats parfois violents. Cette compétition favorise les
plus forts et permet à ces derniers la transmission de leur patrimoine génétique. Ainsi, les
oursons auront reçu le meilleur patrimoine génétique et auront donc plus de chances de
survivre aux rigueurs de l’Arctique. (33) (105)
68
b) Le poids des femelles
Les ourses polaires perdent du poids durant l’automne et l’été, quand elles se retrouvent sur
terre sans avoir accès à des phoques. Les femelles solitaires sont plus lourdes que les femelles
accompagnées d’oursons en été et en automne.
La plus importante prise de poids chez les femelles a lieu entre le printemps et l’été, surtout
chez les ourses gestantes. Le gain maximum de poids chez les ourses gestantes a lieu après
l’accouplement. L’été, ces dernières sont souvent obèses au point de ne plus pouvoir se
déplacer. On a l’exemple d’une femelle observée en Novembre avec trois oursons ; elle pesait
alors 99 kg. Le mois de Juillet suivant, elle était seule, probablement gestante, et elle pesait
alors 410 kg. Elle avait ainsi quadruplé son poids en l’espace de huit mois ! (34) (78)
La durée conséquente de la gestation ainsi que la lactation sont deux facteurs demandant
beaucoup d’énergie à l’ourse hibernante, que celle-ci puise dans ses réserves de graisse. Ainsi,
les variations importantes de poids observées chez les femelles semblent être liées aux
réserves de graisse tantôt emmagasinées, tantôt utilisées.
Les réserves de graisse peuvent représenter chez la femelle jusqu’à 45% de son poids total.
Le recrutement d’énergie dépend de la balance entre les réserves de graisse, la diminution du
métabolisme et la qualité de l’environnement dans la tanière. (105) (120)
c) La saison de reproduction
9 Période
Les femelles entrent en oestrus en général entre mi-Mars et début Mai suivant les régions.
Cet écart est régi par un gradient latitudinal, la disponibilité des femelles apparaissant plus tôt
en limite méridionale de l’aire de répartition. Elles resteront réceptives pendant environ quatre
semaines. (12) (78) (124)
9 Réceptivité de la femelle
Les femelles ne se reproduisent pas lorsqu’elles sont accompagnées de leurs oursons. En
effet, il semblerait que les hormones associées à la lactation (à la sécrétion du lait) inhibent
l’ovulation. (111)
3) Les hormones de la reproduction : concentration
a) Concentration en testostérone chez le mâle ours polaire
Peu de choses sont connues sur l’endocrinologie reproductive du mâle ours polaire.
Cependant, on sait que la concentration sérique en testostérone est élevée en Avril et en Mai,
pendant la saison de reproduction, et est faible d’Août à Novembre. Une étude a été réalisée,
décrivant la relation entre le changement saisonnier de la taille testiculaire et la concentration
sérique en testostérone, en LH (hormone lutéinisante) et en prolactine. Ainsi, pendant la
saison de reproduction les testicules augmentent de taille, ce qui est lié à une augmentation de
la concentration en LH, testostérone et prolactine.
69
Ainsi, en Avril, la concentration sérique en testostérone est environ de 6 ng/ml, contre 1,1
ng/ml en Octobre ; la concentration sérique en LH est de 0,14 ng/ml en Avril, contre 0,08
ng/ml en Octobre ; enfin, la concentration sérique en prolactine est de 2,5 ng/ml en Mai,
contre 0,8 ng/ml en Octobre. (59)
b) Concentration en progestérone chez la femelle ours polaire
Les concentrations sériques en progestérone permettent d’évaluer le statut reproducteur des
femelles. Les concentrations de progestérone supérieures à 2,5 ng/ml servent d’indicateur de
grossesse à l’automne. (38) (60)
c) Facteur influençant les changements saisonniers de taux d’hormones
chez les mâles et les femelles ours polaires
En mesurant le changement annuel dans la concentration en stéroïdes sexuels sériques chez
les mâles et les femelles, on a pu déterminer quel était le facteur à l’origine de cette variation
de concentration : les conditions métaboliques ou la photopériode ?
La concentration en testostérone sérique est élevée pendant le printemps chez les mâles. La
concentration en progestérone sérique augmente chez les femelles gestantes, au moment de la
nidation. Il n’y a pas d’augmentation de ce taux chez les femelles non gestantes. Par contre, la
concentration en oestradiol sérique est élevée aussi bien chez les femelles non gestantes que
chez les femelles gestantes avant la nidation. On a donc découvert que les changements de
concentrations en stéroïdes sexuels étaient indépendants de la période d’hibernation.
Ainsi, la photopériode semble être un régulateur plus important du taux de stéroïdes sexuels
et de la reproduction que les conditions métaboliques de l’animal. (60) (98)
4) Effet de la pollution sur la reproduction des ours polaires
a) Introduction
Contaminant la chaîne alimentaire, les toxiques chimiques (polychlorobiphényles
notamment) influent sur la différenciation sexuelle. Ils produisent des mâles féminisés et des
femelles masculinisées. Ils pourraient également altérer la reproduction des animaux et
modifier leur démographie. (128)
b) Masculinisation des femelles
Ces substances chimiques joueraient un rôle de perturbateurs endocriniens. Des études
conduites sur des ourses polaires masculinisées du Svalbard montrent qu’il faut relier des cas
d’hermaphrodisme à la contamination par les PCB. Ces substances augmenteraient
artificiellement les concentrations en progestérone chez les femelles. Elles sont suspectées
d’être responsables des modifications morphologiques enregistrées chez ces ourses.
Utilisés par les industries, les PCB sont en partie évacués via les décharges, les stations
d’épuration et les incinérateurs, dans le sol, les cours d’eau et l’atmosphère. A la faveur des
vents et des courants marins, ils peuvent parcourir de grandes distances, contaminer le
plancton puis les crevettes, les poissons et les mammifères. Ils s’accumulent notamment dans
70
la graisse de ces derniers. L’ours est particulièrement sensible au phénomène, car il
consomme surtout la graisse de ses proies. (128)
c) Féminisation des mâles
Des ours mâles sont également affectés par une féminisation. Celle-ci semble plus répandue
que la masculinisation chez les animaux hermaphrodites. En France, les travaux de l’Institut
National de l’Environnement et des Risques Industriels (INERIS), en particulier sur des
poissons, ont montré que des polluants se font passer pour des oestrogènes (hormones
provoquant l’oestrus chez la femelle). Ils sont appelés oestrogènes mimétiques, perturbateurs
endocriniens, puisqu’ils agissent sur les glandes endocrines.
L’action féminisante qui résulte de l’exposition à des PCB se traduit par l’induction d’une
protéine, la vitellogénine, synthétisée normalement par les seules femelles durant leur cycle
reproducteur qui assure la formation du jaune de l’œuf de l’organisme.
La différenciation sexuelle s’acquiert lors de la stéroïdogenèse gonadique. Le contrôle de ce
mécanisme est effectué partiellement par des enzymes, les P450 cytochromes hydroxylases,
dont l’expression est régulée par un récepteur qui agit au niveau du noyau de la cellule, le
facteur stéroïdogène-1, essentiel pour la reproduction. Des grenouilles-taureaux (Rana
catesbeiana) contaminées par des polluants, ont manifesté une différenciation sexuelle
précoce et une perturbation de l’expression du facteur stéroïdogène-1.
Les polluants concernés par cette étude sont capables d’intensifier la production d’aromatase
(une P450 cytochrome hydroxylase), laquelle convertit les androgènes en oestrogènes dans
l’organisme et joue un rôle majeur dans la différenciation sexuelle des ovaires. Parmi ces
polluants figure l’atrazine, herbicide utilisé dans le monde agricole aux Etats-Unis. (128)
d) Conclusion
Malgré la pertinence des résultats de cette étude, les chercheurs se gardent pour l’instant
d’établir des relations systématiques entre la seule exposition aux polluants concernés par ces
recherches et l’apparition de l’hermaphrodisme, lequel est considéré comme un
pseudohermaphrodisme pour l’instant. D’autres produits polluants pourraient être à l’œuvre,
comme les pesticides organochlorés (DTT).
Pour la faune sauvage, et notamment les ours polaires, il s’agit d’un risque majeur. Des
travaux complémentaires sur la démographie des espèces affectées pourraient permettre
prochainement d’acquérir plus de certitudes. (128)
71
II)
Rencontre des partenaires
1) La rencontre
Les mâles et les femelles ne se croisent pas souvent, excepté au printemps, période pendant
laquelle une forte concentration d’ours se retrouve sur le terrain de chasse à phoques, ce qui
facilite les rencontres. (12) (124)
A cette période de l’année, les mâles adultes voyagent sur de grandes distances à la
recherche de femelles en chaleur. La trace de certains mâles a été suivie, et il a été observé
que ces derniers avancent en ligne droite, traversant des icebergs, sur parfois 100 km ou plus,
lorsqu’ils ont flairé une piste olfactive les menant à une femelle en chaleur. L’identification de
l’odeur d’une femelle en chaleur est instantanée. Le mâle suit alors immédiatement cette piste
olfactive, sans se soucier de la direction dans laquelle elle va. Il est possible qu’il y ait une
sorte de signature chimique dans les urines des femelles en chaleur, ou bien des cellules
spécialisées dans la plante de ses pieds, mais à ce jour, rien n’a été prouvé.
(111)
2) La compétition entre mâles
Seules les femelles libérées de leur progéniture sont en chaleur, ce qui donne un ratio
mâles/femelles de 3 pour 1. En réalité, il y a à peu près la même proportion de mâles et de
femelles en Arctique, mais seulement 1/3 des femelles sont en chaleur au moment de la saison
de reproduction. En effet, les autres femelles élèvent leurs oursons pendant environ 2,5 ans.
Ainsi, les femelles sont en chaleur en moyenne tous les trois ans. Ce ratio est à l’origine
d’une compétition tellement intense entre les mâles reproducteurs, que l’ours polaire est
devenu l’un des mammifères ayant le dimorphisme sexuel le plus marqué. En effet, les mâles
dominants font deux ou trois fois la taille des femelles. (111)
Les organes sexuels des mâles sont actifs de Décembre à Septembre, avec une période
d’activité maximale d’Avril à fin Juillet. La femelle en chaleur ne s’alimente plus et urine
fréquemment pour informer les mâles de son état. En général, plusieurs mâles vont se mettre
sur cette piste olfactive.
Les mâles excités deviennent agressifs envers leurs concurrents. Ils se livrent alors à de
violents combats, comme l’attestent les nombreuses cicatrices qu’ils portent sur les épaules et
le museau, sans compter les canines arrachées. En effet, les vieux mâles ont souvent des
canines cassées. Si c’était juste une conséquence liée à la vieillesse, on devrait observer le
même phénomène chez les vieilles femelles, ce qui n’est pas le cas.
Ce niveau d’agressivité est typique de l’ours polaire et ne se retrouve pas chez les autres
espèces d’ursidés, même si quelques balafres sont visibles sur le museau d’ours noirs durant
la période de reproduction. (111) (124)
72
Figure 12 : Combat d’ours mâles. (83)
3) La cour du mâle
Dès qu’un couple est formé, les deux partenaires entament une série de poursuites et de jeux.
Le mâle, très nerveux, langue pendante, presse la femelle avec insistance. Le couple manifeste
son excitation par de longs hurlements très sonores.
Le mâle va essayer d’éloigner sa partenaire des autres prétendants en l’entraînant vers
l’intérieur des terres, voire dans des zones montagneuses. (111) (124)
4) L’accouplement
Le couple reste formé pendant environ une semaine, les copulations intervenant
fréquemment pendant cette période. Des observations ont montré que l’accouplement dure
environ 30 minutes. Après, la femelle devient agressive envers le mâle.
Pendant cette période, bien que la femelle puisse être au stade physiologique de
l’accouplement, en chaleur, l’ovulation n’est induite qu’après le stimulus de plusieurs
copulations, après sept jours. Ainsi, les femelles ours polaires font partie des mammifères qui
ont une ovulation provoquée.
Le couple alterne entre des épisodes d’accouplements, de chasse aux phoques et des périodes
de repos.
La femelle pourra rencontrer d’autres mâles avant la fin de sa période d’oestrus. Des
données récoltées par radiopistage montrent que les femelles sont effectivement polyandres.
73
Ce phénomène permet d’optimiser la période d’oestrus en augmentant les chances de
fécondation. (111) (124)
III) Les particularités de la gestation
1) Durée de la gestation
La période totale entre accouplement et mise bas est comprise entre 210 et 260 jours. Elle est
divisée en deux parties : la première partie se déroule d’Avril à Septembre ; pendant ces
quelques mois, l’œuf fécondé n’est pas implanté dans l’utérus de la mère, c’est la diapause.
La deuxième partie se déroule de Septembre à Décembre ; pendant cette période, qui dure
environ 100 jours, l’embryon s’implante et se développe dans l’utérus de l’ourse. (111)
2) La diapause : particularité de l’ourse
L’implantation de l’œuf fertilisé est différée et a lieu entre mi-Septembre et mi-Octobre, ce
qui coïncide avec le moment où les jeunes phoques sont les plus vulnérables et abondants
pour la chasse, c’est-à-dire de leur naissance à l’âge de six semaines.
Durant cette période, c’est-à-dire après les accouplements, la femelle reprend sa quête de
nourriture et profite de la fin du printemps et de l’été pour se constituer d’importantes
réserves de graisse indispensables à son hivernage et au nourrissage des futurs oursons.
Le blastocyste ne se fixera sur la matrice utérine qu’environ 10 semaines avant la mise bas.
Cette période correspond au moment que la femelle a choisi pour s’isoler dans sa tanière.
Cette implantation différée de l’embryon, observée également chez les pinnipèdes et certains
mustélidés, permet une sortie de la tanière à la meilleure période de l’année : le printemps.
(38)
3) L’hibernation
a) Les réserves en prévision du jeûne
Après la saison de reproduction au printemps, la femelle gestante ne dispose que de quelques
mois pour accumuler des réserves de graisse nécessaires à sa survie et à celle de ses futurs
oursons. En moyenne, elle doit prendre 200 kg de graisse pour mener à terme sa gestation.
Juste avant l’hibernation, l’ourse gestante peut mesurer jusqu’à 3,5 mètres et peser jusqu’à
700 kg. (111)
A l’entrée de la tanière, les femelles gestantes sont donc obèses ; elles contiennent 1 kg de
graisse pour 1 kg de masse corporelle. Cette augmentation de poids est nécessaire pour
accumuler assez d’énergie pour la future période de jeûne, et apporte également un stock de
protéines essentielles pour la gestation.
Dans la Baie d’Hudson, les femelles n’ont que peu de temps pour s’engraisser et doivent dès
la mi-Août se contenter d’herbes ou d’algues. Elles ne pourront se nourrir de phoques qu’en
Avril de l’année suivante, soit après un jeûne de 8 mois. Ce jeûne exceptionnel chez les
mammifères, entraîne une variation de poids impressionnante. Dans la Baie d’Hudson, la
74
perte moyenne de poids est de 127 kg, soit 43,5% du poids de la femelle. 93% de l’énergie
utilisée lors de l’hibernation vient des réserves de graisse.
Plus l’accumulation de graisse est importante, plus le taux de survie des oursons sera élevé.
En effet, la taille et le poids des oursons seront d’autant plus importants que le poids de la
mère l’était à l’entrée de la tanière. Ainsi, les ourses plus grasses donneront naissance à des
oursons plus résistants et qui seront plus aptes à résister aux rigueurs de l’Arctique. (9)
b) Période choisie pour hiberner
A la fin de l’été, les femelles rejoignent des zones propices à l’établissement de tanières.
Dans l’archipel canadien, elles entrent dans leur tanière dès début Septembre, alors que dans
la Mer de Beaufort, les femelles hibernent à partir de fin Octobre. La période choisie dépend
des sites, mais en général, fin Octobre, la plupart des femelles gravides ont disparu dans l’abri
qui assurera la protection de la famille. (26) (111)
c) Lieu choisi pour hiberner
Les grandes régions de mise bas sont connues et sont au nombre de 17 sur toute l’aire de
répartition de l’espèce. Citons les plus importantes : l’Ile Wrangel, la Péninsule de
Tchoukotchka, la Péninsule de Taymyr, Kong Karls Land, le Cap Churchill, les Iles Akimiski
et Southampton, l’Archipel de Nouvelle-Sibérie et le Sud de l’Ile Banks.
Les femelles trouvent dans ces sites les conditions favorables d’isolement par rapport aux
autres espèces, et d’enneigement leur permettant le creusement d’une tanière. (26)
Elles se regroupent parfois dans de véritables maternités (Cap Churchill, Ile Wrangel, Kong
Karls Land), leurs tanières pouvant même être en connexion. Celles-ci sont le plus souvent
installées sur le versant abrité des vents dominants, et sur lequel la couche de neige est
maximale. En général, l’entrée exposée au Sud bénéficie du soleil lors de sa réapparition au
printemps. La pente est un facteur important dont dépend aussi l’épaisseur de la couverture
neigeuse : elle est compris entre 20 et 70°.
Les tanières s’étagent du niveau de la mer jusqu’à 548 m d’altitude. Sur l’Ile Wrangel, les
femelles utilisent la neige accumulée sur les pentes de l’intérieur de l’île, à environ 8 à 10 km
du littoral, mais parfois jusqu’à 27 km. Dans la Baie d’Hudson, elles peuvent s’éloigner de
100 km de la côte. La différence de terrain peut expliquer ses variations de distance. En effet,
dans le Sud-Ouest de la Baie d’Hudson, la majeure partie du littoral et des territoires
intérieurs adjacents est plate et marécageuse. Il y a peu de talus assez hauts pour contenir une
tanière ou de bourrasques de neige pour former des amoncellements adéquats. C’est
probablement la raison pour laquelle les femelles gestantes doivent s’éloigner du littoral pour
trouver un endroit propice au creusement d’une tanière. (5) (12) (25) (44) (111)
d) La tanière
9 Construction de la tanière
Du type de substrat rencontré dépend la structure de la tanière, la neige ne devant être ni trop
dure, ni trop poudreuse, compacte mais pas trop tassée. A l’automne, la couche n’est pas très
épaisse, mais les chutes de neige hivernale viendront recouvrir le site.
75
Certaines femelles ne prennent pas la peine de creuser, se couchent à flanc de colline et se
laissent recouvrir par la neige.
Figure 13 : Schéma d’une tanière d’ourse polaire. (83)
Au Cap Churchill, les ours s’enfoncent parfois très loin dans les terres pour creuser une
tanière dans les affleurements verticaux de permafrost, le long des rivières. Utilisées année
après année, ces antres attestent de la fidélité des femelles pour ces sites favorables.
Un arbre dont les
racines
servent
d’armature à une tanière
est daté de 350 ans, ce
qui met en évidence que
la tanière a au moins 200
ans.
Au large de l’Alaska,
jusqu’à près de 200 km
des côtes, les femelles
creusent
dans
les
congères formées contre
les
arêtes
de
compression
de
la
banquise
ancienne,
vieille de deux à trois
ans. (44) (111) (122)
Figure 14 : Les différentes architectures des tanières d’ours polaires. (111)
76
9 Architecture de la tanière
Les tanières offrent une diversité de structures telle, qu’il n’est pas possible de décrire la
« tanière type ».
La composition la plus simple est constituée d’un tunnel d’accès long de 2 à 6 m, et de 0,6
m de diamètre; d’une chambre principale de forme ovoïde haute de 1 m, longue de 2 m, et
large de 1,5 m (dimensions moyennes).
Mais l’ourse peut faire évoluer la structure de son abri : elle peut creuser des petites
chambres annexes à la cavité principale, et une seconde chambre plus vaste qui accueillera la
famille en pleine croissance. D’autres chambres plus petites sont creusées en périphérie de la
cavité principale. Elles seraient l’œuvre des oursons.
Suivant le cas, le tunnel d’accès sera doublé d’une cheminée d’aération. (44) (111) (122)
Figure 15 : Architecture d’une tanière. (83)
77
9 Cas particulier : les tanières de terre
Dans la Baie d’Hudson occidentale, les ourses pleines mettent bas entre la mi-Novembre et
la mi-Décembre, date à laquelle, la majorité des années, les bancs de neige propres à la
construction de tanières de mise bas ne sont pas encore formés. Par conséquent, vu que les
tanières dans la terre représentent le seul milieu convenable régulièrement disponible au
moment de la parturition, il est probable que dans la Baie d’Hudson occidentale, la plupart
des oursons y naissent.
Les femelles gestantes occupent des tanières profondes. Celles-ci ont une entrée en forme de
tunnel s’élargissant en une chambre intérieure. Elles sont semblables, par leurs dimensions et
leur forme, aux tanières de mise bas creusées dans la neige par les ourses polaires ailleurs
dans leur territoire.
La disponibilité d’un habitat approprié à la construction et l’utilisation des tanières de terre
sont probablement indispensables à la survie de la population de l’ours polaire dans la Baie
d’Hudson occidentale. Un autre bénéfice que représentent les tanières de terre pour les
femelles pleines, est que ces tanières aident les ours à conserver leur énergie en les maintenant
au frais et en les mettant à l’abri des insectes. (25)
Figure 16 : Schéma d’une tanière de terre. (25)
78
9 Evolution de l’ambiance de la tanière dans le temps
A l’intérieur de l’antre, la femelle est roulée en boule, entourant les oursons de ses pattes, et
tournant le dos aux éventuelles entrées d’air. Les jeunes sont ainsi maintenus à proximité des
mamelles et protégés du froid.
Les mesures effectuées par Harrington au mois de Février dans l’Ile Southampton, montrent
une différence de température de 21°C entre l’extérieur et l’intérieur de la tanière occupée par
une femelle et deux jeunes. Un mois plus tard, le même type de tanière présentait une
différence de température de 7,8°C seulement, car une aération avait déjà été ouverte par la
femelle.
Ces mesures prouvent que les femelles peuvent réguler la température interne de leur antre
en augmentant ou en diminuant la ventilation. (111)
La profondeur de la tanière et la densité de la neige formant l’extérieur de la tanière
influencent sa température interne. En effet, plus la tanière est creusée profondément dans la
neige, et plus il y a de neige recouvrant celle-ci, plus grande sera sa capacité à garder la
chaleur à l’intérieur. (71)
e) Description de l’hibernation
Quand les femelles ourses polaires sont dans leur tanière, elles entrent en léthargie, mais on
ne peut pas parler d’hibernation au sens strict. Bien qu’elles puissent dormir pendant une
bonne partie de l’hiver avec une réduction marquée de la fréquence respiratoire, leur
température corporelle ne descend pas de plus de quelques degrés celcius par rapport à leur
température physiologique basale. (71) (90) (108)
f) Adaptation du métabolisme au jeûne
Les ours polaires sont des animaux qui ont dû s’adapter au jeûne, sur des périodes parfois
très longues. Ce jeûne leur est imposé lors de manque de nourriture, ou chez le mâle
reproducteur, lorsque ce dernier part à la recherche d’une partenaire. C’est également le cas
des femelles gravides qui hivernent plusieurs mois dans des tanières.
C’est au prix de nombreuses adaptations physiologiques que l’ours peut résister à de si
longues périodes de jeûne. (26)
9 L’équilibre hydrique de l’ourse en léthargie
Au cours du sommeil hivernal, l’ourse ne s’alimente pas et ne boit pas. Le catabolisme
lipidique représente la seule source hydrique, et suffit à satisfaire les besoins métaboliques,
ainsi qu’à suppléer aux pertes hydriques liées à la respiration et à la lactation. L’utilisation
des réserves adipeuses limite la production de déchets métaboliques. Elle dispense ainsi
l’ourse d’avoir à ingérer de l’eau, sous forme de neige ou de glace, et lui évite en cela un
stress thermique supplémentaire. (120)
La filtration rénale diminue pendant la léthargie, du fait de la baisse de la pression sanguine
glomérulaire, associée à la baisse de la fréquence cardiaque. Elle passe en moyenne de 122
79
ml/min à 37 ml/min. La paroi vésicale réabsorbe l’eau et les solutés au fur et à mesure de leur
production par les reins. Ainsi, la miction est totalement suspendue au cours de la période
passée dans la tanière. (47) (90) (120)
Le lait de l’ourse polaire est très concentré, ce qui lui permet encore une économie hydrique.
(91)
Enfin, l’ourse consomme les excréments et les urines de ses oursons dans la tanière,
réabsorbant ainsi une partie de l’eau exportée dans le lait. (91)
L’équilibre hydrique de l’ourse est ainsi préservé pendant tout le jeûne hivernal.
L’hydratation intra et extracellulaire, le volume sanguin et l’hématocrite restent dans les
limites physiologiques malgré l’absence de boisson pendant plusieurs mois. (47)
9 La mobilisation des réserves adipeuses
Les réserves adipeuses constituent le principal substrat énergétique utilisé par les Ursidés en
état de jeûne. Durant cette période, le quotient respiratoire s’abaisse et atteint des valeurs
proches de 0,6, ce qui est en faveur d’une nette prédominance métabolique de l’oxydation
lipidique. De plus, les concentrations sanguines en triglycérides, acides gras et cholestérol
restent élevées durant tout le jeûne. (88) (90)
L’eau issue du catabolisme lipidique participe à l’équilibre hydrique de l’animal. Le
glycérol, produit par la dégradation des triglycérides, est réincorporé dans les synthèses
protéiques et lipidiques. L’utilisation du glycérol marqué a mis en évidence une augmentation
du turn-over lipidique pendant le sommeil hivernal. Celle-ci suffirait à inhiber la
transformation des acides gras en corps cétoniques pendant le jeûne, et à éviter ainsi un
déséquilibre acido-basique sanguin. (47)
Pendant la lactation, une partie des acides gras est directement exportée vers les mamelles.
Le lait de l’ourse polaire est plus gras et plus concentré que celui des autres ursidés (33% de
lipides). Cette haute concentration énergétique du lait permet un développement rapide des
oursons, tout en limitant les pertes hydriques de la mère. (8)
9 Métabolisme protidique et jeûne
o La diminution du métabolisme basal
Durant l’hibernation, l’ours polaire a la capacité de diminuer son métabolisme de 50% par
rapport à son métabolisme basal. Mais en moyenne, celui-ci est réduit de 30%. Le modèle de
jeûne cyclique chez les ours polaires est comparable à l’hivernation observée chez les autres
ursidés. (26) (120)
o Au cours du jeûne hivernal des ourses
En période de jeûne, l’épargne des protéines implique une réduction du catabolisme
protidique. (47)
Toutefois, bien que réduit, le catabolisme protidique conduit à la production de déchets
azotés dans l’organisme. L’ammoniaque, issu des réactions de désamination, peut suivre deux
voies métaboliques : la synthèse d’acides aminés et l’uréogenèse hépatique. Chez l’ourse
80
léthargique, l’uréogenèse se ralentit ; l’urémie diminue progressivement au cours du jeûne. La
créatininémie reste quant à elle inchangée. (63)
L’élimination de l’urée n’est assurée ni par miction, ni par défécation puisque ces fonctions
physiologiques sont suspendues pendant le sommeil hivernal. La dégradation de l’urée est
réalisée dans la lumière intestinale, grâce aux uréases bactériennes. (63)
L’anabolisme protéique augmente pendant la léthargie, et est favorisé par la réduction de la
production d’urée, car les acides aminés et l’ammoniaque intègrent ce processus plutôt que
d’entrer dans l’uréogenèse. L’ammoniaque est associé au glycérol et réintégré dans la
synthèse protidique. Cette association est la réaction clé du recyclage des molécules azotées
au sein de l’organisme. Elle permet, tant que le catabolisme lipidique produit du glycérol, de
préserver l’intégrité des protéines corporelles pendant le jeûne. (8) (88) (120)
o Au cours des autres périodes de jeûne
Les ours polaires jeûnant sur la terre ferme durant l’été adoptent un métabolisme protidique
proche de celui du sommeil hivernal. (63)
Le jeûne déclenche donc chez l’ours polaire une inhibition précoce du catabolisme
protidique et un recyclage des déchets azotés dans l’anabolisme protidique. Cette adaptation
métabolique est directement liée au jeûne, et peut être mise en œuvre à tout moment de
l’année. Ainsi, à une saison donnée, les ours polaires présentent un état physiologique
différent selon qu’ils ont accès ou non à la banquise. Cette adaptation permanente au jeûne est
caractéristique des ours polaires et ne rencontre pas d’équivalent chez les autres ursidés. (89)
(111)
4) Intervalle entre deux gestations
Une étude effectuée dans la Baie d’Hudson a montré que la durée moyenne entre deux
gestations chez une ourse polaire est de 3,2 ans. L’intervalle observé le plus long est de 4 ans.
Plus de 40% des femelles se reproduisent tous les deux ans. Cette longue période est
probablement due au fait que la femelle élève ses oursons pendant deux à trois ans. La
présence de jeunes non sevrés inhibe l’oestrus et l’initiation d’un nouveau cycle sexuel chez
la mère. (102) (105)
81
IV)
La parturition
1) Période
C’est généralement au début du mois de Décembre, mais jusqu’à début Janvier que la
femelle donne naissance à sa portée. Le part s’étale en réalité de fin Novembre à début Janvier
suivant les régions. (111)
2) Le part
Les ours polaires donnent naissance à des oursons minuscules et immatures, dont la taille est
disproportionnée par rapport à celle de la mère. En effet, les oursons naissent au stade de
fœtus. Ceci est sûrement dû aux contraintes physiologiques que subit la mère gestante lors de
l’hivernation ; en effet, celle-ci doit être capable de donner naissance à ses petits alors que son
métabolisme est diminué et qu’elle n’a accès ni à de l’eau ni à de la nourriture. (65) (104)
Figure 17 : Taille des oursons à la naissance par rapport à une boîte d’allumette. (83)
3) Les annexes fœtales
Chez les ours polaires, le placenta est décidu, discoïde, appartenant au type endothélochorial. Le chorion, en bordure du placenta, forme une lisière linéaire verte, couleur qui est
due à l’accumulation d’hématochlorine provenant de l’hémoglobine sanguine. La vésicule
ombilicale persiste jusqu’à la naissance.
Le sac chorionique occupe des portions des deux cornes utérines et du corps utérin. A part
au niveau de la surface fœtale et de la sangle placentaire, ni l’allantoïde, ni l’amnios moins
étendu ne sont adhérents au sac chorionique plus développé ; par contre, ils sont adhérents
l’un à l’autre.
82
Figure 18 : Placenta et membranes fœtales chez les ours polaires. (127)
Le placenta définitif forme une sangle presque complète avec une marge lobulée, de largeur
maximale 10 cm, d’épaisseur 0,75cm sur les 15 cm, et d’une circonférence totale de 20 cm.
Sur les 5 cm restant de la sangle (sans doute située en regard du mésomètre), des portions de
l’allantoïde et de l’amnios sont directement adhérents au chorion, sauf dans les zones où le
sac vitellin (dimensions 1 × 6 cm) et le coelome extra-embryonnaire interviennent. A cet
emplacement, la surface externe du chorion porte de nombreux processus villeux. Une zone
de 1 cm de largeur, orange, autour de toute la marge épaisse du placenta, est couverte vers
l’extérieur de villosités plus grandes et plus nombreuses.
Distalement, le cordon ombilical contient deux artères et deux veines ombilicales, un conduit
allantoïde et deux vaisseaux plus petits, sans doute vitellins. Les veines ombilicales
convergent à 1 cm de l’ombilic. Une anastomose entre les branches des deux artères
ombilicales se trouve à la surface fœtale du placenta, à proximité de la plus grande des trois
vésicules, toutes trois étant à paroi mince et contenant un fluide clair. (127)
83
V)
Les oursons
1) Nombre d’oursons par portée et taux de reproduction
a) Nombre d’oursons par portée
La portée peut être constituée de un à quatre oursons. La moyenne, variable d’une année à
l’autre et d’un site à l’autre, est en général comprise entre 1,5 et 1,8 jeune à la sortie de la
tanière. En moyenne, une gestation a 65 % de probabilité de donner des jumeaux, 20 à 30 %
de probabilité de donner un ourson seul, et 10 % de probabilité de donner des triplés.
Cependant, la proportion de triplés augmente avec la diminution de l’altitude. (38) (65)
b) Taux de mortalité chez les oursons
Durant la première année, le taux de mortalité est compris entre 10 et 35%. Le plus grand
nombre de décès intervient dans les premières semaines après la sortie de la tanière. Certaines
années semblent catastrophiques pour une région donnée, comme en 1990, sur l’Ile Wrangel,
où un grand nombre de femelles en situation critique de survie ont dévoré leur portée. Elles
présentaient un déficit évident de réserves nécessaires au bon déroulement de l’élevage de
leur progéniture.
Dans le cas des portées de plus de deux oursons, deux d’entre eux sont de taille normale,
tandis que le ou les autres sont beaucoup plus petits et disparaissent le plus souvent de la
cellule familiale.
Ces différents paramètres : âge de la maturité, durée de l’élevage, intervalle entre deux
portée et taux de mortalité, font que le nombre d’individus adultes générés par une femelle
durant toute sa vie n’excède pas cinq à six. (36) (38)
c) Taux de survie des oursons en fonction de leur taille
Une étude portant sur le dosage de la progestérone sérique des femelles a été effectuée dans
la baie d’Hudson. Seulement 67 % des femelles gestantes ont été revues avec des petits
l’année suivante. Parmi les explications possibles, il faut mentionner la mortalité à la
naissance, l’insuccès de la nidation, l’avortement, ou des réserves de graisse insuffisantes.
(36) (38)
Le taux de survie des oursons peut être calculé en fonction de l’évolution moyenne de leur
taille. On obtient ainsi les équations suivantes :
(taille moyenne des oursons d’1 an – 1) × taille moyenne des nouveaux-nés
S nouveaux-nés =
(taille moyenne des nouveaux-nés – 1) × taille moyenne des oursons d’1 an
et
(taille moyenne des oursons de 2 ans – 1) × taille moyenne des oursons d’1 an
S oursons d’1 an =
(taille moyenne des oursons d’1 an – 1) × taille moyenne des oursons de 2 ans
84
Les oursons appelés nouveaux-nés dans les équations sont en fait des oursons âgés de 4 à 12
mois. Les oursons d’1 an sont des oursons âgés de 12 à 24 mois. Les oursons de 2 ans ont plus
de 24 mois.
Ainsi, les valeurs moyenne du taux de survie pour les oursons en fonction de leur âge est de :
S oursons de 4 à 12 mois = 0,67
S oursons de 12 à 24 mois = 0,70.
Le taux de survie des oursons âgés de 4 à 24 mois peut se calculer ainsi :
S oursons = S nouveaux-nés × S oursons d’1 an
Ainsi, le taux de survie des oursons âgés de 4 à 24 mois est en moyenne de :
S oursons = 0,47.
Le taux de survie des oursons de la naissance à l’âge de 4 mois est difficile à calculer en
fonction de leur taille moyenne, car pendant cette période, les oursons se trouvent dans la
tanière avec leur mère. Cependant, il a été évalué à 0,88, ce qui nous donne en conséquence
un taux de survie chez les oursons de leur naissance à l’âge de 24 mois de 0,41.
En réalité, ces calculs ne peuvent se faire qu’à condition que la mère survive aussi. Si on
tient compte du taux de survie de la mère, on obtient un taux de survie chez les oursons de la
naissance à l’âge de 24 mois de 0,34. (123)
2) Sex ratio
Dans la nature, le sexe ratio observé chez les ours polaires semble être environ de 50 : 50.
Ceci n’est pas une particularité de l’ours polaire, car il en est de même chez l’ours brun.
(71)
3) Taille des oursons
Comme chez tous les ursidés, les nouveaux-nés sont tout petits en comparaison avec la taille
de leurs géniteurs. Ils n’ont pas fini leur développement. Ils ne mesurent qu’une trentaine de
centimètres et ne pèsent que 450 à 800 g, soit 1/ 500e du poids de leur mère, ce qui constitue
un record chez les Euthériens placentaires. C’est comme si une femme donnait naissance à
deux nourrissons d’une centaine de grammes chacun !
Après plusieurs observations, il est apparu que les oursons mâles étaient plus grands que les
oursons femelles à la naissance, mais uniquement quand il s’agit de triplés. En effet, on
n’observe pas de différences de gabarit entre mâle et femelle quand il s’agit de jumeaux. Le
poids des oursons est en corrélation avec la masse et l’âge de la mère, excepté pour les triplés
ou un ourson unique. (37) (111)
4) Aspect des nouveaux-nés
Aveugles (les yeux sont fermés), recouvert d’un fin duvet, dépourvus de toute protection, les
oursons vont migrer à travers la fourrure épaisse de leur mère pour rejoindre les quatre tétines.
85
L’état de développement des jeunes peut choquer en comparaison avec la taille des géniteurs
et des conditions climatiques de l’Arctique, mais ce paradoxe est commun à tous les ursidés.
Il s’applique par le fait que les femelles mettent bas durant une période de jeûne : les fœtus
ne peuvent se procurer au travers du placenta les acides gras indispensables à leur croissance.
En revanche, les femelles peuvent puiser dans leurs réserves graisseuses pour enrichir leur
lait. Elles sont donc obligées de diminuer la durée de gestation pour optimiser leurs réserves.
(111)
Le développement des oursons se déroule comme suit : (86)
Age
(jours)
1
12
15
21
36
42
47
54
60
82
85
88
Développement physique et comportement.
Yeux fermés, truffe rose, pas de fourrure sur les oreilles et sur les coussinets.
Le museau devient noir.
Apparition de fourrure recouvrant les oreilles, et entre les coussinets.
Le museau est complètement noir.
Les yeux commencent à s’ouvrir.
Les yeux sont complètement ouverts.
Eruption des canines, les yeux commencent à accommoder, l’ourson se soulève par
ses pattes antérieures.
Il se mord quand il s’ennuie.
Les autres dents sont sorties.
Se met debout sur ses quatre pattes.
Se lève et fait quelques pas ; l’ourson est partiellement sevré.
L’ourson marche.
Tableau 1 : Développement physique et comportement d’un ourson. (86)
VI)
La lactation
1) Les mamelles de l’ours polaire
a) Anatomie de la glande mammaire
Les ours polaires ont quatre glandes mammaires fonctionnelles. Deux mamelles sont
situées entre 2 et 4 cm par rapport à la ligne médiale, caudalement à la région axillaire ; la
deuxième paire de mamelles est située 15 cm caudalement à la première. Les tétines sont peu
détachées, coniques et percées à leur sommet, de plusieurs pores galactophores. (28)
La glande mammaire des Placentaires est une glande tubulo-alvéolaire composée, dont les
conduits présentent une disposition générale arborescente. La morphologie de la glande et sa
structure varient au cours de la vie post-natale : rudimentaires chez l’impubère, les mamelles
se développent surtout à la puberté et atteignent leur complet épanouissement structural et
fonctionnel pendant la gestation et la lactation ; à ce stade, les bouquets d’alvéoles fixés sur
les conduits donnent à la glande un aspect de grappe très caractéristique. (119)
86
Les ours polaires font partie des Placentaires qui ont des mamelles composées. Ces dernières
sont formées par la réunion d’un certain nombre de glandes mammaires élémentaires. Ces
glandes sont étroitement juxtaposées et enserrées dans une enveloppe conjonctive commune,
mais chacune d’elle conserve son individualité sécrétrice ; dans l’axe du mamelon, on trouve
autant de canaux excréteurs qu’il y a de glandes simples dans la mamelle composée.
La glande mammaire émet son produit de sécrétion par un ou plusieurs canaux excréteurs
débouchant sur le mamelon, structure facilitant l’ingestion du lait par le jeune. Le mamelon
est formé d’une saillie épidermique et dermique, comportant en son centre, outre les canaux
excréteurs, des vaisseaux, des nerfs et des fibres musculaires lisses facilitant son érection.
Le mamelon a, comme la glande mammaire, sa croissance influencée par les hormones
ovariennes ; les oestrogènes, en particulier stimulent fortement son développement et sa
pigmentation. (28) (49) (119)
b) Particularités de l’ours polaire
Des femelles ours polaires peuvent avoir deux mamelles inguinales supplémentaires, ou
juste deux mamelons non fonctionnels. Les ours polaires sont proches des ours bruns qui ont
six mamelles (quatre identiques à celles des ours polaires, et une paire inguinale en plus). Les
mamelles supplémentaires observées chez certaines femelles ours polaires sont donc
ataviques. (29)
Les ours polaires ont moins de mamelles par rapport aux autres ours, car leurs portées sont
plus petites, sans doute du fait d’un environnement plus dur. (28)
2) Le lait
a) Composition
Trois périodes de lactation sont communément décrites lors de l’examen de la composition
du lait : la lactation précoce (le lait post-partum, comprenant le colostrum), le milieu de la
lactation (pic de lactation), et la fin de la lactation (quand les oursons passent à une
alimentation solide). La lactation du milieu a lieu lors de l’émergence de la tanière jusqu’à ce
que les oursons atteignent 4 mois d’âge. (30)
Il parait évident que la composition du lait d’un individu dépend de plusieurs facteurs,
comme le stade de lactation et le régime alimentaire.
Des études ont montré que le lait des ourses polaires contient moins de graisse et environ le
même taux de protéines et de lactose que le lait des baleines, des phoques et des marsouins.
La faible concentration en hydrates de carbone du lait semble être une caractéristique des
animaux aquatiques.
Ainsi, le lait se compose de :
- solides totaux : 44,1%
- minéraux : 1,17%
- matières grasses : 31%
- solides non gras : 13%
- lactose : 0,49%
- protéines totales : 10,2%.
A titre de comparaison, le lait d’une femme contient seulement 4% de matières grasses.
87
Une analyse chromatographique gazeuse du lait a montré que le lait des ourses polaires
contenait 14 acides gras différents, dont l’acide butyrique (13,9%), l’acide palmitoléique
(22,6%) et l’acide oléique (33,4%). (10) (11) (27)
b) Variation dans la composition du lait suivant l’alimentation
Une étude a été réalisée sur des échantillons de lait d’ourses polaires à 135 reprises chez des
femelles à jeûn sur terre, et à 26 reprises chez des femelles qui s’alimentaient sur la banquise.
Une analyse a été menée pour en déterminer les teneurs en graisses, protéines, hydrates de
carbone, solides totaux et énergie brute.
Le contenu lipidique du lait chez des mères sur terre ayant des oursons décline de 38,5% au
printemps à la sortie de la tanière, à 27,5% à l’automne et jusqu’à 20,6% le printemps suivant
quand les oursons ont un an. Par contre, aucun changement de teneur lipidique n’a été observé
dans le lait des femelles sur la banquise durant la croissance des petits.
La teneur en protéines augmente et la teneur en hydrates de carbone décline au cours de
l’allaitement dans les deux groupes. Les solides totaux varient de 21,6% à 51,0%. Chez les
animaux sur terre, l’énergie brute baisse de 16,9 kJ/g lorsque les oursons ont 3 mois, à 9,7
kJ/g lorsqu’ils atteignent 34 mois.
La proportion de femelles qui ont des oursons et des petits d’un an et qui les allaitent
diminue au cours de l’automne.
Ainsi, d’après cette étude, on en conclut que lorsque les ourses n’ont pas accès à de la
nourriture, celles qui ont des petits plus âgés cessent de les allaiter plus tôt à l’automne, ce qui
entraîne une diminution des teneurs en lipides et en solides dissous dans leur lait. Les
changements dans la composition du lait ont probablement comme effet de conserver les
réserves énergétiques de la mère et ainsi d’assurer sa survie. (30) (47)
c) Importance vitale du lait pour les oursons
Le lait fourni aux jeunes est extrêmement riche, visqueux et épais. Il est indispensable au
développement et à la survie des oursons, face aux conditions extrêmes de l’Arctique. Durant
les premières semaines suivant leur naissance, les oursons passent le plus clair de leur temps à
téter les mamelles de leur mère. (6) (70)
La survie des oursons de leur premier printemps à l’automne augmente en fonction de leur
masse et de la masse de leur mère, mais ne semble liée ni à l’âge, ni à la condition physique
de leur mère. La variation annuelle de la survie des petits du printemps à l’automne dans la
Baie d’Hudson, est en moyenne de 53,2%.
Les oursons naissent en plein hiver, ils sont donc complètement dépendant du lait de leur
mère pour essayer de survivre aux températures hivernales en prenant rapidement du poids.
De plus, ils naissent recouvert d’un fin duvet, et sont donc dépourvus de toute protection
thermique. (6)
Les oursons polaires sont prédisposés à se refroidir, ainsi, les plus maigres seront moins
résistants au froid que les oursons plus lourds, surtout au moment de l’émergence de la
tanière, quand la température ambiante passe de -10°C à -40°C. De plus les oursons les plus
grands auront de meilleures capacités à se déplacer pour sortir de la tanière et à voyager sur la
banquise. Ceci permet à la mère de se rapprocher de zones d’abondance en phoques, et ainsi
de conserver la richesse de son lait. Les oursons, après la sortie de la tanière, continuent de
téter leur mère 6 à 7 fois par jour pendant plusieurs minutes, et ce jusqu’à l’âge de deux ans
88
environ. La durée de la tétée diminue graduellement avec l’âge des oursons ; elle passe de 15
minutes à l’age de 2,5 mois, à 2,5 minutes après 6 mois. (6) (36) (70)
Bien que tous les mammifères nouveaux-nés puissent utiliser les réserves de graisse
maternelle pour emmagasiner de l’énergie pendant le jeûne, les fœtus mammifères ne
semblent pas avoir la capacité de cataboliser des quantités suffisantes d’acides gras libres. A
la place, ils ont besoin de glucose comme principal substrat oxydant. Une femelle gestante qui
jeûne pourrait apporter du glucose à son fœtus en développement par la glycogenèse en
utilisant les protéines de son corps, mais elle risquerait par la même de compromettre sa
propre survie. Ainsi, en diminuant la période de gestation et en donnant naissance à de
minuscules nouveau-nés immatures, la femelle peut passer du nourrissage transplacentaire au
nourrissage mammaire. Les acides gras des réserves lipidiques maternelles peuvent ainsi être
incorporés dans le lait et être utilisés directement par les oursons, sans utiliser les protéines
maternelles. Par la même occasion, la femelle évite d’avoir un taux trop élevé de corps
cétoniques, ce qui pourrait interférer avec l’hivernation.
L’absence de catabolisme des acides gras chez les fœtus mammifères, même chez les
espèces ayant un bon niveau de passage placentaire pour les acides gras libres, est un
contraste frappant par rapport au fait que ce sont des espèces dont les nouveaux-nés utilisent
les lipides comme principale source d’énergie. Cette absence notable de passage énergétique
de la mère au foetus n’est pour l’instant pas encore bien expliquée. (6) (104)
3) Sevrage
a) Age
79% des oursons d’un an capturés à l’automne ne sont pas accompagnés, ce qui laisse croire
qu’ils sont sevrés à l’âge d’environ 1,5 an. (102)
b) Transformations physiques des oursons
Environ un mois après la naissance, les jeunes ouvrent les yeux. Les dents de lait
apparaissent entre un mois et demi et deux mois. L’odorat se développe à partir de 50 jours
environ. Les oursons commencent à marcher vers l’âge de 2 mois.
La première mue a lieu dès le mois de Juin. Les dents de lait font place à la dentition
définitive, avec apparition des molaires entre 5,5 mois et 10-11 mois. (111)
Avec un nourrissage fréquent, les oursons grandissent rapidement, et leur corps est vite
recouvert par une fourrure épaisse et blanchâtre. Ainsi, à l’âge de deux mois, les oursons
deviennent capables de dormir à une certaine distance de leur mère, pendant les jours chauds.
(71)
89
VII) Le comportement familial
1) Emergence de la tanière
a) Le moment choisi
En général, c’est entre fin Février et mi-Avril que les oursons voient le soleil pour la
première fois. La femelle, quant à elle, a passé en moyenne 186 ± 3 jours, soit 26 semaines à
l’abri. La période de la sortie des jeunes est variable suivant les sites et les années. Ce
moment ne dépend pas de la croissance des jeunes qui présentent d’importantes variations de
poids d’une tanière à l’autre et d’un site à l’autre, mais des conditions météorologiques. (65)
Suivant une étude réalisée dans l’archipel Nord-canadien, l’âge de la femelle intervient
également dans la durée de la période passée dans la tanière. Les jeunes femelles et les plus
âgées entrent plus tôt et sortent plus tard de leur tanière, alors que les mères d’âge moyen y
séjournent moins longtemps. Ce phénomène est certainement à mettre en relation avec une
meilleure forme physique des femelles âgées de 9 à 16 ans. (85) (111)
b) Une période de transition entre la tanière et la banquise
Pour sortir, la femelle brise le bouchon de neige qui obstrue le couloir d’accès ou, dans
certains cas, défonce le toit de neige. Les jeunes restent alors un ou deux jours dans la tanière
avec un apport d’air froid de l’extérieur, s’habituant ainsi graduellement à des températures
plus faibles. Ils sortent leur museau puis exposent leur fourrure duveteuse et immaculée aux
rayons du soleil.
Dès les premières sorties, des indices d’activité sont repérables aux alentours : traces, urines
et fécès des jeunes et de la mère, arbustes cassés permettent de déceler la présence des
oursons à la proche périphérie de la tanière. La femelle va également creuser le sol par
endroit, à la recherche de baies et de plantes comestibles, dissimulées sous la neige gelée.
Figure 19 : La présence de sapins abîmés par les oursons
attestent de la présence d’une famille. (83)
Figure 20 : Traces de griffades autour
d’une tanière. (83)
Les oursons restent quelques temps (de quelques jours à quatre semaines) aux abords de leur
antre, découvrant la neige, le vent, les températures extrêmes du printemps arctique (entre
90
-15°C et -35°C), sautant tels des chiots excités à proximité immédiate de leur mère. Si une
tempête de neige survient, la famille rejoint la protection de la tanière. La femelle maintient
un trou de ventilation au milieu du bouchon de neige qui se reforme à l’entrée.
Pendant les premiers jours, les oursons découvrent le monde dans un rayon de un à deux
kilomètres autour de la tanière. Leurs journées sont employées aux jeux (glissade, bataille), à
la sieste, à la promenade et à la tétée (environ 6 fois par jour), mais ils passent encore
beaucoup de temps à l’abri. De jour en jour, le sol périphérique à la tanière se couvre de plus
en plus de griffades. (111)
2) Comportement maternel jusqu’au sevrage
a) Communication entre la mère et ses oursons
Les vocalises tiennent une part importante dans la communication entre la femelle et sa
progéniture. Les premières semaines de l’ours polaire correspondent à la période la plus riche
en vocalises chez cet animal généralement silencieux à l’âge adulte.
Chuintements, souffles, sifflements, grognements permettent au jeune et à sa mère de
communiquer au sujet des risques potentiels, du moment de quitter les lieux, etc… Les ourses
polaires sont des mères attentives ; elles toilettent et touchent leurs petits avec leur museau
fréquemment. (111)
b) L’abandon définitif de la tanière et le premier grand voyage
Un jour, la mère décide qu’il est temps de rejoindre la banquise pour s’alimenter. Cette date
varie suivent les régions. Dans la Baie d’Hudson, la plupart des familles quittent leur tanière
début Mars. Dans le Haut Arctique Canadien, à 2000 km au Nord, les femelles ne quittent pas
les alentours de la tanière avant Avril ou début Mai.
La progression est longue et fatigante pour les jeunes ; la neige profonde accumulée dans le
lit des rivières ou sous le couvert des arbres ralentit leur progression. Ils marchent à la queue
leu leu, les jeunes dans les traces de leur mère. La femelle prend parfois l’un de ses petits sur
son dos.
Pour se reposer, elle creuse une cuvette dans la neige, et s’y couche avec ses petits. Les
premières tétées au grand jour sont prises debout. Plus tard, la femelle s’assoit pour offrir ses
mamelles aux oursons affamés.
Pour se protéger des intempéries, la femelle peut aussi creuser une tanière provisoire,
presque aussi vaste que celle qui lui a servi à mettre bas. (111)
c) Protection des oursons par la mère
La femelle protège activement ses oursons et ne laisse derrière elle l’un de ses jeunes que si
celui-ci est agonisant.
Des observations dans la Baie d’Hudson au mois d’Octobre décrivent une femelle avec deux
oursons de l’année. L’un deux était très affaibli et se couchait très souvent. D’autres ours
étaient présents à proximité, un gros mâle et une femelle, elle aussi avec deux oursons. A
91
chaque fois que l’écart se creusait entre la première femelle et son petit en mauvaise santé ou
fatigué, la deuxième femelle se rapprochait un peu plus. La première devait alors rebrousser
chemin et venir « encourager » son ourson.
Un autre témoignage décrit le comportement d’une femelle qui avait été suivie jusqu’à la
mort de son ourson. Celle-ci ne l’avait abandonné que lorsque le petit corps fut recouvert de
neige.
Il a été remarqué que les femelles qui retournaient vers leurs jeunes contractaient leur ventre
comme pour éructer et émettaient de petits rots. Ce comportement n’est pas encore élucidé à
ce jour. (111)
d) L’adoption
Ce comportement rarement observé semble toutefois être une réalité. Suite à la disparition de
leur mère, tuée par l’homme ou par un congénère, les orphelins peuvent retrouver une mère
adoptive, souvent accompagnée d’un ourson du même âge.
Artificiellement, il est possible de forcer la nature : des expériences ont montré que si deux
oursons de mères différentes étaient enduits de la même substance afin de leur donner la
même odeur, une femelle pouvait s’occuper indifféremment de l’un et de l’autre. (7) (40)
(111)
3) Education maternelle
Dès la sortie de la tanière natale, l’apprentissage commence. Découverte d’un monde sans
bornes, aux vents violents glacés, auquel l’ours polaire a su s’adapter au fil des millénaires.
C’est ce cheminement que la femelle devra enseigner à sa progéniture, à savoir : approcher le
phoque endormi, se protéger du blizzard derrière un hummock (arête de glace formée par les
mouvements de la banquise)… et certainement bien d’autres leçons que l’homme ne perçoit
pas.
a) A la chasse
Après plusieurs mois de jeûne, la femelle rejoint en ligne droite le terrain de chasse le plus
propice. Les jeunes accompagnent leur mère à la chasse. Ils miment ses moindre gestes et
postures. Parfois, ils font échouer l’approche en éveillant l’attention du gibier et se font alors
réprimander. Ils goûtent à la viande dès que possible.
Les jeunes sont sevrés vers 14 à 18 mois, mais restent encore avec leur mère et partagent les
proies. Ils commencent à chasser en reproduisant les postures et les méthodes apprises. Ils
peuvent aussi mettre en place leurs propres techniques. Apparemment, chaque individu peut
faire évoluer ou modifier les enseignements de sa mère. La chasse leur prend de plus en plus
de temps. Le contact avec la mère est toujours rapproché ; ils marchent au même rythme, ils
se couchent les uns contre les autres. (111)
92
b) Séparation de la mère de ses oursons
Il faut environ 2,5 ans à la femelle pour apprendre à ses jeunes la vie dans l’Arctique. C’est
aussi le temps nécessaire pour que ceux-ci atteignent la taille minimale pour leur vie solitaire.
La séparation intervient à des périodes différentes suivant les régions. Plusieurs hypothèses
sont émises quant aux raisons de ce décalage.
Figure 21: Jeune ours de deux ans avec sa mère. (83)
Dans la Baie d’Hudson, les juvéniles s’émancipent dès l’âge d’1,5 ans : apparemment, ils
peuvent assurer leur alimentation grâce à la présence de nombreux phoques qui vivent sur la
glace dès le mois d’Avril, en bordure d’un chenal, à une quinzaine de kilomètres de la côte.
Par contre, dans les régions où les jeunes phoques marbrés, protégés par leur grotte de neige,
sont leur source de nourriture principale, les ours blancs juvéniles doivent attendre d’avoir un
poids suffisant pour faire effondrer le toit des abris.
Il arrive que frères et sœurs continuent leur route de concert pendant un certain temps.
Avec l’émancipation commence une vie difficile pour les jeunes, car leur inexpérience rend
leur quête de nourriture peu productive. De plus, le risque est grand qu’une fois leur proie
abattue, elle ne leur soit arrachée par un congénère plus puissant. Ils devront affronter l’hiver
avec des réserves de graisse limitées, et parfois insuffisantes pour survivre. (111)
93
TROISIEME
PARTIE :
La reproduction
de l’ours polaire en
captivité
94
La reproduction de l’ours polaire en captivité est très difficile à obtenir. En effet, les ours
polaires sont des animaux ayant du mal à s’adapter à la vie en captivité. Pourtant, l’ours blanc
est une espèce bientôt menacée d’extinction dans son milieu. De ce fait, nous allons
développer dans cette partie l’importance de sauvegarder l’espèce en captivité, puis les
différents moyens d’étudier et d’améliorer la reproduction en captivité.
I)
La nécessité de reproduction en captivité
1) Le faible taux de reproduction en captivité
En général, l’élevage d’ours polaires en captivité est décevant. En effet, une tanière qui
conviendra pour un ours brun ne sera manifestement pas adaptée à un ours polaire, espèce
bien plus exigeante. Ainsi, peu de femelles mettent bas, et lorsqu’elles le font, peu d’oursons
survivent à la naissance. Moins de 50 % des ours sont ainsi nés en captivité.
En moyenne, une femelle a deux oursons par portée en captivité. Parfois, elle n’en a qu’un,
surtout quand il s’agit d’une jeune mère. Il est encore plus rare d’obtenir des triplés. Les
mères mettent bas durant le mois de Novembre ou Décembre, avec une fréquence maximum
dans la dernière décade de Novembre et dans la première décade de Décembre. Les femelles
primipares ont au minimum 5 ans, et le record observé est de 24 ans. Les jeunes sont sevrés à
l’âge de 15 mois ; les femelles sont donc capables de procréer tous les 2 ans, ceci étant une
règle générale dans les parcs zoologiques. (65)
Figure 22 : Age de reproduction des ours polaires dans les parcs zoologiques. (118)
2) Une espèce menacée ?
L’ours polaire ne répond pas aux critères de situation « gravement menacé d’extinction »,
« menacé d’extinction », ou «vulnérable» définis par l’UICN (Union Internationale pour la
Conservation de la Nature), et est donc un taxon à risque faible. (32)
Bien que certaines populations aient été surexploitées par le passé, et d’ailleurs, les données
actuelles suggèrent que certaines le sont encore, sans l’Accord international et les plans de
gestion nationaux, la population des ours polaires s’éteindrait. Ainsi, l’ours polaire répond
95
aux critères de qualification pour « dépendant de la conservation » défini par l’UICN, ce qui
implique que même si la population n’est pas en danger de disparition, les efforts de
conservation sont indispensables au maintien de l’espèce. (32)
II) Comment étudier la reproduction d’un ours
polaire ?
1) Laparoscopie et frottis vaginaux
a) Laparoscopie
La laparoscopie est une méthode peu utilisée chez l’ours polaire, et il n’en est jamais fait
mention dans la bibliographie. Cependant, cette méthode serait à développer.
La laparoscopie nécessite bien évidemment une anesthésie générale de l’animal. Le
laparoscope permet d’observer les variations morphologiques cycliques des ovaires, y
compris le développement et la régression du follicule ovarien et du corps jaune. La
laparoscopie est donc la méthode la plus fiable pour identifier l’approche de l’ovulation et
déterminer le moment propice à une insémination artificielle éventuelle. En outre, elle permet
un diagnostic de certitude des pseudo-gestations, des gestations normales et des gestations
intra-utérines ou ectopiques. Cependant, elle constitue un acte invasif, du fait de l’anesthésie
et ne peut donc être utilisée en routine dans le suivi de la reproduction des ours polaires. (73)
(102)
b) Frottis vaginaux
Le revêtement épithélial est sujet à une maturation cellulaire, concomitante de la sécrétion
d’oestrogènes, qui se traduit par une augmentation générale de l’acidophilie sur le frottis
vaginal et par une augmentation plus ou moins simultanée du pourcentage de cellules
superficielles. Ces deux modifications histologiques ne deviennent visibles qu’à partir de la
deuxième moitié de la phase de croissance folliculaire. (73) (102)
c) Echographie
L’échographie est un moyen de suivi du cycle oestral et de gestation qui commence à être
développé chez les petits carnivores domestiques. Elle peut également se révéler intéressante
chez les animaux sauvages, bien que son utilisation ne soit pas encore fréquente.
On ne dispose pas encore de beaucoup de données sur son usage chez l’ours polaire.
Néanmoins, son utilisation semble toute indiquée pour déterminer le statut reproducteur et la
cyclicité de ces espèces, ainsi que la santé des reproducteurs potentiels et à terme, remplacer
les techniques chirurgicales par son caractère non invasif et répétable. (73) (102)
96
2) Etude comportementale
a) Détection des chaleurs
Les chaleurs sont difficiles à mettre en évidence chez une femelle vivant seule. Cependant,
lorsque celle-ci vit avec un mâle, on observe au moment des chaleurs l’excitation et l’attirance
du mâle qui suit la femelle pas à pas, qui lui cède une partie du territoire qu’il s’approprie
d’habitude, ainsi que des jeux entre les deux individus. (100)
b) Détection de l’ovulation
Il est impossible de détecter l’ovulation par cette méthode. (100)
c) Détection de la gestation
La gestation se traduit par une modification du comportement de la femelle, qui dès le mois
d’Octobre construit un nid dans sa tanière en ramenant des feuilles mortes, des branchages, de
la paille, en prévision de l’hibernation. (100)
d) Détection du part
Les naissances en captivité s’échelonnent du début du mois de Novembre jusqu’à la fin du
mois de Décembre. (66)
Deux à trois semaines avant la mise bas, les femelles essayent de se construire un nid,
réarrangeant en permanence la paille dans la tanière. (62) Lorsqu’une tanière de mise bas
existe, elles y passent la majeure partie de la journée (66) (112). Elles cessent alors souvent de
s’alimenter. Juste avant la mise bas, les femelles semblent mal à l’aise, se couchant et se
relevant tout de suite après, s’étirant, se léchant la vulve et les pattes. (62)
La mise bas est assez rapide, la mère accouchant debout ou parfois assise et se léchant la
vulve (62). Les intervalles mesurés entre les naissances dans les cas de jumeaux ont été de 1
heure et 4 minutes, 2 heures et 2 minutes, et 4 heures et 33 minutes (62). Les mères
s’occupent tout de suite de leurs petits en les léchant, mais il s’écoule plusieurs minutes avant
que les petits ne vocalisent. (62)
3) Dosages hormonaux
a) Prélèvements
L’idéal, lors d’une étude sur la reproduction d’une espèce, c’est de pouvoir doser les
hormones. Cela peut se faire dans les selles, les urines, ou dans le sérum. Mais dans le cas des
ours polaires, il paraît difficile d’effectuer un prélèvement quotidien de sang, à moins de
mettre en place des méthodes d’entraînement médical comme au Canada. Il paraît donc plus
commode de faire des prélèvements de selles, car cette méthode permet de s’affranchir d’une
anesthésie qui peut être stressante pour l’animal, qui peut également modifier les paramètres
hormonaux et autorise des prélèvements répétés. Cependant les ours polaires font partie des
97
espèces chez qui le dosage de progestérone dans les selles n’est pas interprétable. En effet, il
n’y a pas de différence significative entre le taux de progestérone d’une ourse gestante et le
taux d’une ourse non gestante. Ceci dit, ce dosage peut se faire pour d’autres stéroïdes tel que
le cortisol, hormone du stress. C’est la raison pour laquelle il me paraissait important de
préciser le protocole qu’il faut suivre pour cela.
Nous parlerons également de la méthode de dosage des stéroïdes dans les urines et dans le
sang. (100)
b) Dosage des stéroïdes fécaux
9 Conditions
Les selles sont récoltées pendant la saison de reproduction, au début et à la fin de celle-ci,
c’est-à-dire durant le mois de Février et d’Avril. Les prélèvements se font le matin, juste après
la sortie des animaux dans leur enclos extérieur. On récolte les selles dans les boxes
individuels de chaque mâle et femelle ; ainsi, il ne peut pas y avoir d’erreur quant à
l’identification des animaux prélevés. Ensuite, l’échantillon est identifié au marqueur avec le
nom de l’animal et la date du prélèvement. Puis les prélèvements sont stockés au congélateur
à la température de -20°C. (73) (100)
9 Fréquence
Les échantillons sont prélevés chaque jour de la semaine.
En effet, afin d’avoir des résultats cohérents, il serait préférable de faire des prélèvements tous
les deux jours. Mais il arrive que les animaux ne défèquent pas dans leur cage pendant la nuit,
d’où la nécessité d’une récolte quotidienne. (73) (96) (97)
9 Conditionnement
Le conditionnement se fait dans des pots de 40 ml en polypropylène. Immédiatement après
chaque prélèvement de fécès, les pots sont placés au congélateur à -20°C. En effet, un temps
plus ou moins long sépare la récolte de l’analyse, il est donc nécessaire de conserver les
échantillons dans des conditions optimales. Une fois le protocole terminé, ils sont acheminés
vers le laboratoire d’analyse, sous couvert du froid.
A température usuelle, l’activité résiduelle présente dans les milieux biologiques est capable
d’engendrer des variations de concentration en stéroïdes. On considère que la congélation doit
se faire sous un délai de 6 heures après la récolte. Il existe cependant une marge de sécurité
assez importante, et il a été prouvé que les écarts de températures sont tolérables jusqu’à -4°C,
et que les décongélations/recongélations ont peu d’influence sur les résultats obtenus. (73)
(96) (97)
9 Extraction
Toute quantification de stéroïdes en milieu biologique nécessite d’abord d’isoler les
molécules afin de pouvoir, dans un deuxième temps, les quantifier.
L’extraction va permettre d’isoler les hormones recherchées des matières fécales, dans
lesquelles on ne peut faire de dosage à l’état brut.
98
La technique est adaptée de la publication suivante :
Ishikawa A., Sakamoto H., Katagiri S., Takahashi Y. : ”Changes in sexual behaviour and
fecal steroid hormone concentrations during the breeding season in female Hokkaido Brown
Bears (Ursus arctos yesoensis) under captive condition.”, in Journal Vet. Med. Sci., 65(1): 99102, 2003. (73)
¾ Etapes de l’extraction
L’isolement comporte schématiquement trois étapes successives :
o La phase initiale consiste à hydrolyser les formes
conjuguées par hydrolyse acide ou plutôt enzymatique.
o Il faut ensuite extraire les composés obtenus : on utilise un
solvant organique, dans lequel les formes simples (non
conjuguées) sont miscibles.
o Enfin, on purifie l’extrait avant de séparer les différentes
fractions.
Afin de séparer les différentes fractions, il existe différentes méthodes. Tout d’abord la
séparation par chromatographie en milieu liquide à hautes performances (ou HPLC). On peut
aussi procéder à une précipitation des alcools par du digitonoside, à une précipitation des
cétones par le réactif de Girard et Sandulesco (à base de chlorure d’acéthydrazide-pyridinium)
ou à un entraînement des stéroïdes phénoliques (oestrogènes notamment) par lavage avec une
solution alcaline.
Voici un exemple de méthode utilisée :
i. Les prélèvements sont congelés. Un
échantillon d’environ 2g de chaque
est mis dans un tube en verre de 20
ml, avant d’être laissé à l’étuve
pendant 24h à 80°C. Cette durée
permet d’assécher les échantillons.
ii. Après l’étuve, chaque échantillon
est broyé en fine poudre au pilon.
Une masse de 0,25g de cette poudre
est mélangée au vortex avec 3 ml
d’eau distillée pendant 10 minutes.
iii. Ensuite, le surnageant est décanté
puis asséché. Le matériel sec est
mélangé au vortex avec 0,5 ml
d’éthanol par tube de matériel.
iv. Chaque tube est centrifugé à 500g
pendant 10 min.
v. Le surnageant est récupéré.
Les étapes 3 à 5 sont répétées encore 2 fois.
99
vi. Le nouveau tube contenant les 3
surnageants
pour
chaque
échantillon est séché sous azote
pendant 30 min.
vii. On redissout ensuite dans 1 ml de
méthanol, quantité prélevée à la
micropipette, et le tout est mélangé
au vortex pendant 1 min.
A l’issue de cette dernière étape qui marque la fin de l’extraction, une solution mère de 1 ml
de chaque prélèvement est obtenue. Cette solution contient les métabolites des hormones
recherchées et ces derniers vont pouvoir être quantifiés.
Le rendement de l’extraction décrite ici, excède 60%. (73)
¾ Dilutions employées
Afin de correspondre à la gamme employée dans le kit utilisé (kits commerciaux de
médecine humaine adaptés à l’utilisation sur sérums animaux), la solution mère doit être
diluée. Suivant le principe actif dosé, la dilution est différente.
Elle s’effectue dans un tampon phosphate (PBS) à pH 7, conservé au réfrigérateur après
utilisation.
Dilutions à effectuer suivant le stéroïde :
- oestradiol : dilution au 1/40ème
- progestérone : dilution au 1/200ème
- cortisol : pas de dilution
- testostérone : dilution au 1/40ème.
Les échantillons sont bouchés et congelés jusqu’à analyse par RIA (RadioImmunoAssay).
(73)
¾ Dosage
Le dosage fait appel à des techniques immunologiques ; en effet, en pratique, les dosages
radio-immunologiques et immunoenzymatiques se sont avérés les plus efficaces. Cependant,
il existe aussi d’autres techniques. On distingue les méthodes biologiques, basées sur des tests
physiologiques quantitatifs, et les méthodes physico-chimiques, comme la polarographie, les
réactions colorées et la spectrophotométrie.
Le dosage va permettre de quantifier les hormones cherchées présentes dans les différentes
dilutions de la solution mère. Sachant que celle-ci a été obtenue à partir de 0,25g de matière
sèche, on obtiendra alors un résultat en μg ou ng d’hormone par g de matière sèche. (73)
100
•
Technique
Les hormones sont quantifiées par RIA (RadioImmunoAssay) ou dosage
radioimmunologique par compétition. La technique est la même pour les quatre dosages.
Elle est basée sur un principe simple d’extraction des fractions hormonales libres de
l’échantillon, à l’aide d’un anticorps de faible affinité fixé sur phase solide (la paroi du tube à
essai), puis d’une titration des sites de l’anticorps restés libres, à l’aide de l’hormone
radioactive.
Le principe du dosage repose sur la compétition entre, d’une part, l’hormone marquée, et de
l’autre, l’hormone contenue dans les étalons et les échantillons vis-à-vis des sites d’anticorps,
en nombre limité et fixe.
Après l’incubation, la quantité d’hormone marquée fixée à l’anticorps est inversement
proportionnelle à la quantité d’hormone non marquée présente dans l’échantillon. Le moyen
de séparation lié/libre est basé sur l’emploi d’un réactif précipitant dans lequel un second
anticorps en excès est pré-précipité. (73)
•
Les hormones dosées
Progestérone, oestradiol, cortisol et testostérone sont des stéroïdes. Les voies métaboliques
conduisant à la synthèse et à la sécrétion des stéroïdes ont pour origine le cholestérol capté
des lipoprotéines plasmatiques.
Le catabolisme des stéroïdes se fait dans le foie.
o Oestradiol
L’oestradiol est un gonadostéroïde.
L’oestradiol a un poids moléculaire de 272 daltons. L’oestradiol est sécrété par les ovaires
(follicule de De Graaf). Sa fonction principale est de préparer la muqueuse de l’utérus pour la
phase précédant la gestation. Il supprime aussi la production de l’hormone folliculostimulante
(FSH) et stimule la sécrétion pré-ovulatoire de l’hormone lutéinisante (LH) par l’hypophyse.
o Cortisol
Le cortisol est un corticostéroïde : il est synthétisé par les corticosurrénales.
Il a un poids moléculaire de 362 daltons.
o Testostérone
La testostérone est un androgène. Elle est synthétisée principalement par le tissu interstitiel du
testicule.
Les propriétés androgènes de la testostérone conditionnent l’apparition des caractères
sexuels secondaires chez les jeunes mâles, ainsi que leur maintien chez l’adulte. Les
101
androgènes agissent en synergie avec les oestrogènes : la proportion relative de ces deux
groupes d’hormones conditionne la sexualité.
Les propriétés anabolisantes des androgènes résident en une amélioration du bilan azoté, qui
conduit à potentialiser l’anabolisme et limiter le catabolisme des constituants cellulaires. En
plus de stimuler la protéosynthèse musculaire, ces hormones ont des effets favorables sur la
calcification et l’érythropoïèse. (73) (96) (97)
Figure 23 : Biosynthèse des stéroïdes. (100)
c) Dosages hormonaux dans le sang
Les dosages hormonaux dans le sang nécessitent une anesthésie générale ou bien un bon
entraînement médical au cours duquel on apprend à l’ours à donner sa patte à travers des
barreaux aménagés à cet effet, et à se laisser manipuler sans bouger.
La technique de radio-immunologie permet le dosage des hormones sexuelles. Cependant,
aucune donnée bibliographique n’a été mentionnée pour l’instant. Cette technique étant très
contraignante vis-à-vis de l’animal, elle n’est pas utilisée dans le suivi de routine du cycle des
femelles ours polaires. (73) (96) (97)
102
d) Dosages hormonaux dans les urines
Les dosages hormonaux dans les urines permettent un suivi du cycle des femelles, sans
perturber ces dernières. Cette méthode présente les mêmes avantages que le dosage des
stéroïdes fécaux. Les méthodes d’extraction sont similaires, bien que plus difficilement
applicables. (73) (96) (97)
III) Les difficultés rencontrées
1) Rôle du stress
a) Exemple de facteur de stress : le groupement social forcé
La plupart des ours détenus en captivité sont placés en couple, un mâle et une femelle,
groupement social qui n’existe pas dans la nature, excepté pendant la saison de reproduction.
Il se crée donc un stress social qui, associé aux chaleurs de la femelle, est responsable d’une
augmentation de l’agressivité quand la femelle commence et termine son cycle d’oestrus.
Il est possible qu’un système social forcé et inapproprié soit vecteur de stress et donc d’une
augmentation de stéréotypie chez les mâles ours blancs, pendant le printemps et l’été. (97)
(98)
b) Rôle du stress sur la reproduction
9 Effets néfastes
Le stress chez les animaux a des effets délétères sur leur santé, leur bien-être et leur
reproduction. En effet, le stress peut inhiber la reproduction par des mécanismes propres à
chaque espèce. Il paraît donc aujourd’hui indispensable de placer les animaux dans un
environnement non stressant. Il faut cependant préciser que le stress est un facteur qui varie
d’un individu à l’autre ; en effet, tous les animaux n’ont pas la même sensibilité. (22) (23)
Il semblerait qu’il y ait deux types de réponses différentes face à une situation perçue comme
désagréable. La première est un modèle actif « d’affrontement-fuite », caractérisé par une
augmentation de l’activité de l’animal, une stimulation du système sympathique de la
médullosurrénale et une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle.
La deuxième est un modèle passif de « conservation-diminution », caractérisé par une
diminution de l’activité dans le milieu, une stimulation de la corticosurrénale et une inhibition
des fonctions de reproduction. Chaque individu peut exprimer l’un ou l’autre des modèles,
tout dépend de son expérience et de son patrimoine génétique.
(23)
Un stress prolongé a des effets délétères significatifs sur la reproduction. L’augmentation
d’hormones de stress par l’axe hypothalamo-hypophysaire et surrénalien est responsable
d’une diminution du taux de stéroïdes sexuels, ce qui se traduit par une diminution de la
libido ou bien une suppression des fonctions physiologiques de reproduction. De plus lorsque
l’on stresse une femelle gestante, en la changeant d’enclos ou en introduisant un individu par
exemple, ceci peut affecter le développement du fœtus, son émotivité et son futur
comportement sexuel. (23)
103
9 Effets bénéfiques
Alors qu’un stress chronique ou prolongé a des effets néfastes et inhibiteurs sur la
reproduction, un stress ponctuel induit une stimulation du système médullosurrénal
sympathique, entraînant la libération de catécholamines, adrénaline et noradrénaline, ce qui
peut entraîner une stimulation sexuelle. Ainsi, la noradrénaline est impliquée en tant que
composant stimulant sur l’induction de l’oestrus, en particulier chez les espèces à ovulation
induite, comme chez l’ours polaire. De plus, en introduisant deux mâles avec une femelle, il
semblerait que la compétition entre les deux mâles produise une augmentation du taux de
testostérone, ce qui favorise la reproduction. (22) (23)
9 Conclusion sur les effets paradoxaux du stress
Cette apparente contradiction des effets du stress sur la reproduction nous montre que les
animaux ont besoin d’expérimenter régulièrement de nouvelles situations ou des situations
incertaines, stressantes, afin de pouvoir optimiser leur vigilance individuelle et leur réaction
face à des changements dans leur environnement. Plusieurs types de stress ponctuels
provoquent une stimulation générale de l’animal, ce qui lui est bénéfique autant physiquement
que psychologiquement. Cette stimulation générale se traduit par une augmentation du
comportement locomoteur, une augmentation de la sécrétion de glucocorticoïdes par le cortex
surrénal, et une augmentation de la sécrétion de catécholamines par la médullaire surrénale.
Un niveau trop élevé de stimulations correspond donc au schéma « affrontement-fuite », ce
qui conduit à une inhibition comportementale. Cependant, un niveau moyen de stimulations
est associé à une augmentation de la vigilance, du comportement d’exploration et de
locomotion, un apprentissage plus rapide et une amélioration de la réponse immunitaire.
Ainsi, le fait que la reproduction d’un ours soit stimulée ou inhibée par le stress, va dépendre
de la capacité de l’animal à gérer le facteur de stress, suivant sa durée et son intensité. Ceci
dépendra de l’expérience qu’a pu avoir l’animal dans son environnement ; si l’animal contrôle
son environnement, il aura plus de facilité à gérer les facteurs de stress. Ainsi,
l’enrichissement régulier et varié du milieu contribue à habituer les animaux à être confrontés
à de nouvelles situations, et à leur donner plus de contrôle sur leur environnement et donc à
mieux gérer le stress.
Le stress peut être évalué par dosage du cortisol. Plusieurs études ont montré que le taux de
cortisol des ours diminuait considérablement lorsque l’on enrichissait leur milieu. De plus, un
stress durable est responsable d’une augmentation chronique du cortisol, ce qui diminue la
sensibilité de l’hypophyse à la GnRH (gonadotrophin-releasing hormone). (22) (23)
2) La stéréotypie
a) Définition
La stéréotypie se définit comme des comportements locomoteurs naturels qui sont répétés de
façon constante, sans but apparent. (15)
Il y a quelques années encore, concernant le bien-être des animaux en captivité, on s’est
surtout focalisé sur les soins vétérinaires. Ainsi, les besoins psychologiques des ours polaires
104
ont été largement ignorés. Beaucoup d’ours polaires en captivité ont été étudiés par la suite,
pour leurs stéréotypies.
Les comportements de stéréotypies sont très courants chez les ours blancs en captivité. Ils
sont souvent décrits comme invariants ; des modèles de comportements répétés, sans buts
apparents. Les longs cycles de stéréotypie sont propres à chaque individu. Lors d’études
menées sur la stéréotypie, il a été montré que ces comportements sont extrêmement variables
dans leurs manifestations, leurs causes et leur gravité. (22) (52)
Les comportements de stéréotypie les plus couramment répertoriés sont : se balancer, faire les
cents pas et secouer la tête. (118) La plupart des ours stéréotypent sur terre, mais certains
stéréotypent dans l’eau. (2) (3) (19) (121)
b) Les vecteurs de stéréotypie
9 Séparation prématurée de l’ourson à sa mère
Les oursons nés en captivité ne montrent en général pas de signes de stéréotypie, par contre
l’observation de comportements répétés peut être associée à un isolement prématuré des
oursons par rapport à leur mère. (1) (118)
9 Influence de la taille des enclos et du nourrissage
La taille des enclos peut aussi influencer la stéréotypie. Ainsi, il a été observé que la
stéréotypie n’était pas observée dans les enclos ayant une grande surface. Un nourrissage
routinier a également un effet marqué. La nourriture laissée hors des enclos, ou donnée
seulement une fois et tard dans la journée, la nourriture ne nécessitant pas de préparations ou
de manipulations par l’ours, un manque de variété dans les aliments et l’usage de jours de
jeûne, tous ces facteurs augmentent la fréquence et la durée des comportements de stéréotypie
chez les ours polaires en captivité. Le fait de nourrir les animaux à heure fixe une fois par jour
provoque un comportement de mendicité, c’est-à-dire que les ours attendent leur repas devant
les trappes menant aux cages de nuit, soit en faisant les cents pas devant, soit en restant assis
ou debout devant. (1) (3) (66) (118)
Figure 24 : Relation entre la stéréotypie et la taille de l’enclos extérieur. (118)
105
9 Influence de l’état de santé de l’animal
Certaines stéréotypies sont dues à des états médicaux particuliers. Il a été observé par
exemple, qu’un mal de dents chronique peut être vecteur de stéréotypie. Il en est de même
pour les ulcères gastriques. Il est donc indispensable que les ours blancs puissent faire leurs
dents sur une grande variété d’objets, disposés dans ce but dans leur enclos, tels que des blocs
de glace par exemple. (22)
9 Autres vecteurs de stéréotypie
Un volume sonore important dans l’enceinte des ours polaires a un effet notable sur
l’initiation des comportements stéréotypiques. Il en est de même lorsque les soigneurs entrent
dans les enclos intérieurs pour y disposer la nourriture. (2)
c) Les différentes formes de stéréotypie chez les ours polaires
- Certains ours font trois pas en avant puis trois pas en arrière, en balançant légèrement
leur tête.
Figure 25 : Balancement de tête de droite à gauche. (3)
106
-
Certains ours font les cents pas devant leur bassin.
Figure 26 : Ours faisant des allers-retours devant son bassin. (3)
-
Certains ours tournent en rond dans l’enclos, puis vont étirer leur tête avec le nez en l’air,
dans un endroit spécifique de l’enclos.
Figure 27 : Ours tournant en rond et s’arrêtant pour étirer sa tête. (3)
107
-
Certains ours tournent en rond dans un endroit spécifique de leur enclos.
Figure 28 : Ours marchant selon une trajectoire circulaire. (3)
-
Certains ours font des allers-retours dans leur bassin. Ils nagent jusqu’à l’une des parois
du bassin, prennent appui avec leur pieds, puis font demi-tour sur le dos.
Figure 29 : Ours faisant des allers-retours dans son bassin. (3)
-
Certains ours nagent sur une trajectoire circulaire dans leur bassin.
Figure 30 : Ours nageant selon une trajectoire circulaire. (3)
108
-
Certains ours nagent dans leur bassin selon une trajectoire circulaire, en faisant un demicercle sur le ventre, et l’autre demi-cercle sur le dos. Au moment du demi-tour, l’ours
effectue une rotation de la tête.
Figure 31 : Ours nageant selon une trajectoire circulaire, sur le ventre et sur le dos. (3)
d) Niveau de stéréotypie chez les ours polaires
Les carnivores ont particulièrement tendance à stéréotyper, et dans la famille des Ursidés, les
ours polaires sont connus pour faire les cents pas, ou pour nager sans cesse suivant la même
trajectoire, ou pour balancer leur tête. En moyenne, les ours blancs passent 33% de leur
journée à stéréotyper. (4) (97) Ainsi, ils sont actifs pendant 50 à 70 % de leur temps passé
dehors, les femelles étant un peu plus actives que les mâles. Les mâles ont plus tendance à
stéréotyper que les femelles. Ceci peut être expliqué par le fait que dans la nature, les mâles se
déplacent sur un territoire plus étendu (295 km²) que les femelles. (118) (121)
Figure 32 : Niveau d’activité chez les ours polaires mâles et femelles. (155)
109
C’est l’espèce parmis les ours qui détient le taux le plus haut de stéréotypie. Les
comportements de stéréotypie observés chez les ours blancs sont toujours les mêmes d’un
parc zoologique à l’autre. Les ours stéréotypent le plus souvent sur le sol, mais certains
individus stéréotypent aussi dans l’eau. (4) (97)
Figure 33 : Comparaison des niveaux de comportement de stéréotypie et de mendicité entre l’ours polaire,
l’ours brun et l’ours malais. (118)
La mendicité (begging) signifie ici le fait que l’ours attende son repas.
Il a été remarqué que la stéréotypie varie également d’un individu à l’autre. En effet, deux
ours détenus en captivité dans les mêmes conditions et ayant le même passé réagiront
différemment face à leur environnement. Les ours n’ont pas tous la même sensibilité, et ne
réagissent donc pas de la même façon. (3)
e) Interprétation et expérience
Une théorie prétend que de tels comportements sont signe d’ennui et de frustration ; une
autre avance qu’il s’agit d’une version formalisée du comportement de chasse. Une étude
académique en 1992 a montré que les ours sont tout de même toujours attentifs à de nouvelles
odeurs malgré leur stéréotypie. Une expérience au Zoo de Central Park à New York, avec un
comportementaliste, a montré qu’après avoir délivré la nourriture à l’ours Gus dans un
emballage et à des horaires irréguliers, lui avoir donné des jeux avec du miel et des cacahuètes
cachées à l’intérieur, ceci pendant un an, il a été observé que cet ours mâle a arrêté d’être
agressif envers la femelle ourse, et ses comportements stéréotypiques ont nettement diminué.
(53) (119) (121)
f) Variation saisonnière
Chez certains individus, la stéréotypie varie suivant les saisons. Chez certains mâles, il a été
observé que les comportements de stéréotypie sont à leur apogée au printemps. La nature
précise de cette variation saisonnière semble avoir un lien avec le fait que les femelles sont en
110
chaleur, la photopériode et le changement climatique. D’autres mâles ne stéréotypent qu’au
printemps et en été. (2) (3) (97)
La plupart des ours polaires maintenus en captivité sont placés par deux, un mâle et une
femelle. Ce groupement social n’existe pas dans la nature, excepté pendant la période de
reproduction. Il se crée alors un stress social associé au cycle reproductif de la femelle, ce qui
se reflète par une augmentation de l’agressivité de la femelle au début et à la fin de son cycle
oestral. Ainsi, il est possible qu’un système social inapproprié et imposé conduit certains
mâles à stéréotyper encore plus pendant la saison de reproduction, au printemps et en été. (2)
(97)
g) La résistance de la stéréotypie
Il a été remarqué que certains ours polaires avaient tendance à garder leurs comportements
de stéréotypie, même après un changement d’environnement. Par exemple, un ours de cirque
qui avait été récupéré par un parc zoologique a continué à faire trois pas en avant puis trois
pas en arrière, après avoir été transféré dans un nouvel enclos beaucoup plus grand. Il semble
que l’ours se limitait aux dimensions de son ancienne cage dans son nouvel enclos. Ce
comportement renforcé était très résistant et était maintenu même lorsque l’environnement de
l’ours était enrichi. (2) (66)
3) Les enclos non adaptés
Beaucoup de bâtiments pour ours polaires sont vieux, et à l’époque où ils ont été construits,
les besoins physiologiques des ours polaires n’étaient pas aussi bien connus qu’aujourd’hui.
Les vieux bâtiments sont devenus tellement inappropriés qu’il faudrait un budget énorme pour
pouvoir les rénover ; et avec la conservation de beaucoup d’autres espèces ayant aussi besoin
de soutien financier, il est difficile pour les zoos de reconstruire ou rénover leurs enclos.
Les enclos des ours polaires ont été conçus il y a quelques années, en prenant principalement
en compte les critères suivants : la sécurité, la commodité d’entretien, et sur des idées
préconçues sur leur habitat constitué de banquise. Pourtant, dans la nature, il a été observé que
certains ours polaires occupent un territoire terrestre, creusent des tanières dans de la terre,
cherchent de la nourriture sur la terre ferme, et construisent des nids pour se reposer dans
l’herbe, la terre ou la neige. Dans la plupart des enclos d’ours, ces comportements naturels
son impossibles. Il serait donc souhaitable que tous les parcs zoologiques prennent des
mesures rapides pour que leurs ours aient des conditions de vie plus appropriées à leurs
besoins. (3) (66)
4) Des comportements anormaux
La cause principale des problèmes de reproduction en zoos chez les carnivores et les autres
animaux ayant besoin d’une tanière pour leurs petits est due au besoin de l’animal de se sentir
en sécurité et au calme lors de la gestation ; il s’agit des caractéristiques de la tanière. On
connaît peu de choses sur les habitudes naturelles d’élevage des oursons, sur les
caractéristiques de la tanière, sur les rapports avec le mâle, etc… D’un autre côté, on est aidé
111
par la flexibilité de la nature. Si une femelle dispose d’assez de temps pour s’adapter à la
structure conçue pour elle, elle s’y adaptera et l’acceptera, même si elle ne la trouve pas à son
goût.
a) Le cannibalisme
9 Cannibalisme des mâles
Dans la plupart des cas, le cannibale est un ours polaire mâle, et la victime est un ourson. En
effet, dans la nature, on a plusieurs fois observé des cas d’infanticide et de cannibalisme chez
l’ours polaire, notamment à l’Ile Hopen, dans le Sud-Est du Svalbard. Dans l’un des cas, un
mâle adulte a tué trois oursons dans leur tanière et en a dévoré un. Dans un autre cas, un mâle
adulte a pourchassé, tué et dévoré un ourson d’un an, pas encore autonome. (80)
Cinq raisons principales à ce cannibalisme sont aujourd’hui proposées. D’une part, les mâles
agissent sûrement de la sorte du fait des faibles ressources alimentaires disponibles dans
l’Arctique. De plus, les oursons représentent une compétition supplémentaire pour la chasse.
En outre, ceci contribue à la sélection génétique des oursons les plus résistants, les plus
faibles ayant plus de chances de se faire dévorer. On suppose également que les ours polaires,
en dévorant une portée, rendent ainsi la mère disponible pour se reproduire, et ainsi pour lui
transmettre leur propre patrimoine génétique. Enfin, certains pensent que ce comportement
relève d’une pathologie sociale. (80)
Ce comportement se retrouve aussi bien dans le milieu naturel qu’en captivité. C’est la
raison pour laquelle il vaut mieux éviter de mettre dans un parc zoologique, un mâle et un
ourson en contact immédiat. Il convient d’attendre que l’ourson ait acquis une certaine taille,
afin qu’il puisse faire face au mâle, c’est-à-dire vers deux ans. (39) (117)
9 Cannibalisme des femelles
Dans le milieu naturel, on n’observe que très rarement des cas de cannibalisme de la part
d’une mère. Cela se produit lorsque la femelle n’a pas assez de réserves pour survivre après le
part. Il est alors plus rentable pour elle de dévorer sa progéniture, plutôt que de compromettre
sa vie avec celle de ses oursons.
En captivité, ce comportement est l’un des problèmes principaux rencontrés lors de la
reproduction. Si la tanière manque de caractéristiques nécessaires et qu’elle n’est pas
acceptée, plusieurs évènements peuvent se produire :
- les petits sont ignorés et délaissés par la mère,
- immédiatement après la naissance, les oursons sont mangés
- les oursons sont traînés par la mère aux alentours, à la recherche d’un meilleur endroit.
La plupart du temps, cela se termine par des dommages sur les oursons, leur mort, et par
du cannibalisme de la mère.
Parfois les problèmes apparaissent après une ou plusieurs semaines de comportement
normal. Dans ces cas-là, biensûr, le personnel du parc tente de mettre les petits en sécurité et
de les sauver. On a parfois l’impression que la femelle, après quelques échecs, devient
habituée, et qu’elle garde ce comportement anormal, malgré tous les changements qui peuvent
lui être offerts. Les différences individuelles entre femelles d’une même espèce, jouent un rôle
112
important dans l’acceptation des possibilités et structures qui leurs sont offertes. Le plus
souvent, elles seront le résultat de leur propre histoire :
- Quand la femelle est très imprégnée ou attachée à son soigneur, l’influence et le
soutien de celui-ci peut calmer ses angoisses et lui faire accepter même des structures très
pauvres. Un animal effrayé par les gens (un animal agressif), aura besoin de structures très
différentes.
- Un animal qui a été élevé seul à la main est souvent troublé mentalement, et
n’acceptera pas ses petits, ou du moins refusera de les élever. S’il est élevé à la main avec ses
frères et sœurs, il y aura moins de risque de dommages mentaux ; cependant, il est toujours
mieux d’avoir un ourson qui a été élevé par sa mère.
- Une bonne santé et un régime alimentaire adéquat pour la mère sont deux
paramètres importants pour que celle-ci ait un comportement normal, et que le nouveau-né
soit en bonne santé. Si les nouveaux-nés sont faibles et n’ont pas un comportement normal,
ces paramètres peuvent être la cause d’un échec.
Les autres raisons évoquées sont la plupart du temps secondaires ou sont des raisons
disculpant les méthodes du personnel du parc : la non production de lait, les causes
héréditaires (le rejet des oursons sur une ou deux générations), un manque d’expérience quand
la mère est primipare, etc… Il a souvent été prouvé que ces raisons n’avaient pas de sens et ne
pouvaient pas être acceptées en tant que causes biologiques. Il est même dangereux de les
prendre en considération, dans la mesure où elles inculpent l’animal, et non la méthode
d’élevage utilisée. (67) (80)
b) Le rejet de l’ourson
Comme on l’a vu plus haut, lorsque la tanière manque de caractéristiques nécessaires et
qu’elle n’est pas acceptée, les oursons peuvent être ignorés par la mère, qui refuse alors de les
allaiter et de les stimuler. (66) (67)
IV) Améliorer la reproduction en captivité
1) Les couples
a) Choix des deux partenaires
Les ours polaires sont des animaux solitaires. En effet, dans la nature, ils évoluent seuls sur
la banquise et les rencontres sont rares, sauf pendant la saison de reproduction, pendant
laquelle les mâles partent à la recherche des femelles.
Les groupements sociaux forcés dans les parcs zoologiques sont souvent vecteurs de stress
chez les ours. Cependant, si on leur fournit un environnement dans lequel ils ne sont pas en
compétition, la cohabitation peut alors être améliorée et tolérée par les animaux. Idéalement,
il faudrait laisser le choix aux ours entre l’isolement ou le groupement social. Ceci
impliquerait d’avoir un enclos extérieur qui puisse se diviser en deux parties séparées, avec
plusieurs endroits dans lesquels l’animal puisse s’isoler des autres. De plus, il convient de
trouver des animaux qui s’entendent, ce qui n’est pas toujours évident, car le niveau
d’agressivité est propre à chaque individu. (3) (61)
113
b) La nécessité d’échanges d’individus entre parcs zoologiques
Il a été observé que la mise en contact de deux individus de sexes opposés stimulait le cycle
oestral et donc la reproduction. (23)
Etant donné que la plupart des parcs ne possèdent que deux ou trois ours, il semble
indispensable de procéder à des échanges d’individus entre zoos, d’une part afin de stimuler
la reproduction, et d’autre part pour essayer de trouver les couples idéaux. En effet, certains
ours auront plus d’affinités avec certains individus qu’avec d’autres.
Ce procédé est effectué pour les guépards avec succès. En effet, c’est grâce à cette méthode
que le Zoo de La Palmyre et le Safari de Peaugres réussissent à obtenir des bébés guépards.
Cependant, les ours polaires sont des animaux beaucoup plus difficilement transportables ; en
effet, cela nécessite une anesthésie générale, ce qui n’est pas indispensable chez les guépards,
et une cage de transport de taille conséquente. Il serait donc plus approprié de procéder à ces
échanges au sein même d’un parc qui disposerait de plusieurs enclos, assez éloignés et
protégés les uns des autres, afin que les ours ne puissent pas se flairer d’un enclos à l’autre.
Ainsi, on pourrait tester plusieurs couples.
c) La séparation des individus en dehors de la saison de
reproduction
Il est très important de séparer la femelle du mâle après la saison de reproduction, vers le
mois d’Octobre, lorsque la saison d’hivernation pour les femelles gestantes commence. En
effet, une étude sur le stress par dosage du cortisol fécal a montré que la femelle était bien
moins stressée lorsqu’elle était seule dans un enclos, que lorsqu’elle était dans le même enclos
que le mâle. (67)
2) Les enclos
a) Leur rôle
Idéalement, les ours polaires devraient avoir le plus de choix et de contrôle possibles sur leur
environnement. Dans le passé, le comportement des ours a été largement sous-estimé. On a
aujourd’hui réalisé que les ours polaires ont des besoins physiques et psychologiques
similaires à ceux des autres espèces d’ours. Ce sont de bons grimpeurs, ils ont un excellent
sens de l’équilibre ; ils aiment fouiller, creuser et se reposer dans des substrats naturels. Tous
ces aspects du comportement doivent être pris en compte lors de la construction des enclos.
(58) (61) (99)
Ainsi, si des ours polaires doivent être maintenus en captivité, les zoos devront réviser leurs
méthodes d’élevage archaïques, et prendre en considération les besoins physiques et
psychologiques de l’espèce, lors de la construction de bâtiments. Ayant comme ancêtre l’ours
brun et étant apparu il y a environ 100 000 ans, l’ours polaire a gardé beaucoup de qualités
physiques et de caractéristiques comportementales propres à son ancêtre. L’ours polaire doit
donc d’abord être considéré en tant qu’ « ours », et ensuite en tant qu’animal « arctique ».
(3) (107)
114
b) Les enclos intérieurs
9 La ventilation et l’éclairage
La plupart des enclos intérieurs d’ours polaires sont sombres, humides et mal ventilés. A
l’avenir, des efforts devront être fournis pour rendre l’intérieur de ces enclos aussi intéressant
et hospitalier que les enclos extérieurs. Il faut qu’il y ait des fenêtres et des lampes au plafond,
afin que les enclos soient éclairés et ventilés. (3) (155)
9 L’aire de repos
Des plateformes en bois et des aires de repos faites de feuilles mortes, de paille ou de
copeaux de bois ont eu beaucoup de succès dans certains zoos (Cologne en Allemagne,
Catowice en Pologne). Mais, il peut y avoir des problèmes quand certains ours transportent ce
matériel à l’extérieur de l’enclos, ce qui bouche souvent les filtres des bassins. Toutefois, avec
l’expérience, on finit par trouver un certain type de matériau, qui disposé à une certaine
hauteur, évite ce genre de problème. (3) (118)
Lieu
Dans la nature
Dimensions Longueur Largeur Hauteur Surface
(cm)
(cm)
(cm)
(m²)
271
206
102
5,58
Enclos
intérieurs
En captivité
Longueur Largeur Hauteur Surface
(cm)
(cm)
(cm)
(m²)
410
278
233
11,39
Tableau 2 : Comparaison entre la taille moyenne des tanières creusées par les ours polaires dans la
nature, et la taille moyenne des enclos intérieurs en captivité. (118)
9 La température
Le contrôle de la température à l’intérieur des enclos est également à prendre en
considération. Il semble évident que si l’on détient des ours polaires en zone tempérée, ceuxci vont « surchauffer » ; pourtant, il a été observé que les ours polaires n’apprécient pas
toujours le froid. Certains ours sont vraiment réticents à plonger dans une piscine glacée en
hiver.
Les ours polaires sont adaptés pour survivre dans le froid, mais cela ne signifie pas qu’ils
préfèrent ou qu’ils aiment ces conditions climatiques extrêmes. Beaucoup d’ours aiment à se
prélasser à la chaleur des rayons du soleil durant les mois d’hiver. (3) (118)
9 Le bruit ambiant
Beaucoup d’ours polaires semblent être gênés par le bruit, par exemple lors de travaux, ou
lors de fêtes foraines, à proximité de leurs enclos. En effet, il a été montré qu’un haut niveau
sonore était à l’origine de certaines stéréotypies. Le bâtiment des ours doit être localisé dans
des zones assez calmes.
Il est tout aussi important de préserver les femelles gestantes du bruit, dans des tanières
insonorisées. (3) (118)
115
c) Les enclos extérieurs
9 Le sol naturel
Il serait bien de fournir aux ours polaires des aires constituées d’un sol naturel, dans
lesquelles les animaux pourraient exprimer tout leur répertoire comportemental. Certaines
populations d’ours polaires non captifs passent environ cinq mois par an sur le rivage et dans
la toundra. Des enclos construits selon ce modèle sont généralement reconnus adaptés pour
les ours bruns et noirs, mais conviennent également pour les ours polaires.
La topographie des futurs enclos devrait permettre aux ours de voir au-delà des limites de
leurs barrières. (3) (118)
9 Les bassins
En plus de leurs aires naturelles, les ours polaires doivent avoir la possibilité d’aller nager
dans des piscines. Les bassins sont rapidement sales, et les filtres peuvent être bouchés.
Idéalement, les piscines devraient être filtrées. Bien que les ours polaires ne soient pas gênés
par l’eau troublée par des algues, l’anthropomorphisme veut que les piscines soient remplies
d’eau claire. Des efforts devraient être faits pour les systèmes de filtration qui peuvent
maintenir l’eau claire dans les bassins, mais jusqu’à ce que ce point soit résolu, les zoos
devront accepter leurs piscines troubles, afin d’offrir à leurs animaux un environnement plus
varié et plus intéressant. Il faudra également vider et reremplir régulièrement les bassins.
Il ne faut pas que les bassins soient dotés de vue sous-marine (aquarium) pour les
spectateurs. En effet, du fait de la fragilité des vitres, certains objets ne peuvent pas être
donnés aux ours, car ces derniers risqueraient de briser les parois vitrées. De plus, les vues
aquarium requièrent une grande limpidité de l’eau, ce qui en pratique n’est pas possible avec
un substrat naturel dans les enclos. (3) (118)
Les bassins doivent être de préférence de petite taille. En effet, il a été observé dans
plusieurs parcs que les ours allaient plus volontiers dans un bassin de taille moyenne que dans
un grand bassin. Par exemple, au zoo d’Amsterdam, les ours polaires jouaient plus volontiers
dans le petit bassin de leur ancien enclos qu’ils ne le font dans le bassin plus grand de leur
nouvel enclos. (118)
9 Séparations dans l’enclos extérieur
Les enclos doivent être divisés en deux parties qui peuvent être séparées physiquement. Ceci
permet aux soigneurs de séparer les animaux lors de naissance d’oursons, ou lorsqu’un ours
est agressif ou malade. Les enclos actuels obligent les soigneurs à enfermer les ours dans leur
enclos intérieur quand les individus doivent être séparés ou quand l’enclos extérieur doit être
nettoyé. De plus, pour des raisons complexes, beaucoup de soigneurs ont du mal à rentrer
leurs animaux dans leurs enclos intérieurs. Ainsi, les ours peuvent ne rien manger pendant
plusieurs jours, jusqu’à ce qu’ils acceptent de rentrer. Ce genre de stress, pour les animaux et
les soigneurs, pourrait être évité si deux enclos extérieurs étaient disponibles. (3) (118)
116
9 La taille des enclos
Les enclos extérieurs des ours devraient être conçus de manière à ce que les occupants aient
un maximum de choix quant au contrôle de leur environnement. Concernant les ours polaires,
cela implique un environnement varié, dans lequel les animaux peuvent exprimer tout leur
répertoire comportemental.
Il y a quelques années, on se focalisait sur la taille des cages. Les ours ont besoin de grands
espaces, dans lesquels ils peuvent fouiller et explorer. Cependant, même le plus grand enclos
du monde serait inapproprié aux ours si celui-ci ne contenait que du béton. La taille
appropriée d’un enclos doit être calculée selon le nombre d’individus et la composition de la
surface. (3)
En effet, quand plusieurs individus doivent cohabiter, il y aura d’autant moins d’interactions
agressives que l’enclos sera grand ; il faut suffisamment de place pour que chacun des
animaux puisse définir son propre territoire. (23)
Cependant, il a été montré que la taille des enclos avait une grande influence sur la
reproduction des ours polaires. En effet, les enclos dans lesquels sont nés des oursons, sont en
moyenne plus grands que les enclos dans lesquels on n’observe pas de reproduction. (66)
(118)
Des études ont montré l’influence des enclos sur le taux de reproduction. En effet, on
observe une augmentation significative du taux de natalité lorsque les enclos sont adaptés aux
besoins physiologiques des ours. (118)
Reproduction des ours
polaires
Nombre d’enclos
Nombre d’ours femelles
Surface de l’enclos
extérieur
sol
bassin
total
Surface de l’enclos
intérieur
Nombre d’enclos avec :
tanière chauffée
tanière non chauffée
Origine des ourses
femelles :
zoo
capture sauvage
inconnue
Comportement des ourses
femelles :
mendicité
stéréotypie
Oursons élevés
Oursons morts
10
14
9
13
Pas
reproduction
10
12
160 m²
153 m²
313 m²
15 m²
612 m²
105 m²
717m²
18 m²
111 m²
100 m²
211 m²
21m²
6
4
4
5
5
5
3
3
8
2
7
4
3
3
6
1,08
1,00
1,31
1,54
0,25
2,00
de
Tableau 3 : Reproduction chez les ours polaires en fonction des caractéristiques des enclos et de la tanière,
de l’origine et du comportement des femelles qui ont respectivement élevé, perdu, ou qui n’ont pas eu
d’oursons. (118)
117
Dans le tableau ci-dessus, seules sont considérées les femelles ayant atteint leur maturité
sexuelle, et vivant avec un mâle qui convient ; les enclos et les femelles ne présentant pas de
bonnes conditions pour la reproduction n’ont pas été inclus dans cette étude.
Les mesures effectuées sur le comportement des femelles dans la dernière ligne du tableau
sont en accord avec l’échelle dans le tableau suivant. (118)
Echelle Temps passé à l’extérieur (%)
(graduations de 0 à 5)
Aucun
0
< 25 %
1
25 %
2
50 %
3
75 %
4
> 75%
5
100 %
6
Mendicité
(graduations de 0 à 3)
Jamais
Quelques fois
Souvent
Habituellement
Stéréotypie
(graduations de 0 à 6)
Jamais
Très rarement
Rarement
Pas souvent
Souvent
Très souvent
Assez souvent
Tableau 4 : Echelle utilisée pour classifier les activités des ours (pourcentage du temps total passé dehors,
et du temps passé à mendier de la nourriture ou à stéréotyper). (118)
Ce tableau devra être consulté pour tous les graphiques de cette troisième partie. On pourra
ainsi interpréter l’abscisse des graphiques.
Ainsi, les ours polaires ont besoin d’une grande surface s’étalant surtout en longueur, soit
environ 500 m² répartis en 10 × 50 m. De ce fait, plus la longueur de l’enclos sera importante,
moins l’ours polaire aura tendance à faire les cents pas (les allers-retours seront moins
fréquents) et donc à stéréotyper. En effet, les ours polaires sont des animaux nomades dans la
nature, qui passent le plus clair de leur temps à arpenter la banquise. Cette caractéristique
comportementale doit donc être respectée en captivité en adaptant la taille de l’enclos. (64)
9 Topographie de l’enclos
En général, le comportement de stéréotypie est plus rare dans les enclos où la surface est
divisé en étages de différents niveaux, que dans les enclos dont la surface est en terre-plein.
En effet, les étages obligent les ours à monter et descendre les marches, ce qui diminue la
fréquence des allers retours en longueur. (118)
De même, lorsque des rochers occupent la majorité de la surface de l’enclos, ceci engendre
une augmentation du comportement de stéréotypie chez les ours polaires, ce qui est
paradoxalement l’inverse chez les ours bruns et les ours malais. Il ne faut donc pas mettre trop
de formations rocheuses dans les enclos. Ceci doit être dû au fait que les ours polaires, sur la
banquise, n’ont pas d’obstacles dans leur champ de vision. Ils préfèrent donc avoir leur champ
visuel libre. (118)
118
3) La tanière
a) Son rôle
Tous les animaux qui donnent naissance à des jeunes faibles, s’occupent d’eux pendant une
période prolongée, dans un endroit confiné. Les petits sortent de leur tanière à l’âge de
quelques semaines ou mois. Dans la nature, la femelle gestante choisit l’endroit où elle va
mettre bas. Cet endroit dépend du type d’animal et des différentes possibilités qui s’offrent à
lui. Cependant, dans tous les cas, la femelle se sent complètement en sécurité et tranquille
dans l’endroit qu’elle a choisi ; et elle sort avec son petit aussitôt que surviennent des
changements perturbants.
Ce même sentiment de sécurité est nécessaire en captivité. La plupart du temps, on dispose
des choses et on prévoit un abris pour l’animal, mais dans tous les cas, le choix qui s’offre à la
femelle est très limité. Si elle ne sent pas en sécurité, la peur inhibera son comportement
normal d’allaitement et d’entretien de son petit, et le nouveau né mourra. (67) (101) (118)
b) Sa taille, sa structure idéales et le paradoxe de la tanière chauffée
9 Taille et structure de la tanière
Un des exemples de structure se trouve au parc zoologique de Chicago, parc qui arrive à
avoir de la reproduction chez les ours polaires. Il s’agit d’un « hémi-igloo » fait de blocs de
ciment, et recouvert par une couche de ciment pour éliminer les irrégularités. L’ourse accède
à l’intérieur par un tunnel de 1,83 m de long et de 60 cm de diamètre, qui donne sur une
chambre semi-circulaire, et mesurant approximativement 1,5 × 2,4 m. Le plafond de 1,2 m de
haut est fait d’une coulée de ciment sur un réseau de tiges renforcées, soutenues par une
plaque en contre-plaqué. Il paraît plus dangereux que la tanière soit trop grande que trop
petite, car avec trop d’espace, la chaleur aura plus de chance de s’échapper.
Le tunnel est séparé de la chambre par un mur en ciment de 20 cm de haut, ce qui contribue
à maintenir le lit de paille et de branches à l’intérieur de la tanière. Le lit de paille et de
branches doit faire environ 20 à 25 cm d’épaisseur. (101)
Lieu
Dans la nature
Dimensions Longueur Largeur Hauteur Surface
(cm)
(cm)
(cm)
(m²)
138
80
2,76
Tanière de 200
maternité
En captivité
Longueur Largeur Hauteur Surface
(cm)
(cm)
(cm)
(m²)
445
275
235
12,24
Tableau 5 : Comparaison de la taille moyenne des tanières de maternité creusées par les ourses polaires
dans la nature, et la taille moyenne des tanières en captivité. (118)
Le tableau ci-dessus nous montre la disproportion entre les tanières en captivité et les
tanières creusées par les femelles dans la nature. En effet, les tanières proposées aux ourses en
captivité sont en moyenne trois fois plus grandes que les tanières creusées par les femelles
dans la nature. Idéalement, une femelle ours polaire avec ses oursons a juste besoin d’assez de
place pour s’allonger sur le côté. La forme de la tanière, comme son homologue naturel, doit
être ronde ou ovale. (58) (101) (118)
119
Figure 34 : Position d’une femelle dans sa tanière avec ses oursons à l’Ile Wrangel. (118)
Deux autres zoos possèdent une tanière de taille adaptée : à Leningard, une tanière en bois de
1 m³, et à Rhenen, un igloo de 1 m³. Dans ces deux zoos, les ours polaires se reproduisent
régulièrement. (118)
9 Faut-il chauffer la tanière de mise-bas ?
Reprenons la description de l’hémi-igloo du parc zoologique de Chicago. Le sol de la
chambre est chauffé à 15°C par deux supports chauffants électriques imbriqués dans le
ciment. Ceux-ci sont placés vers l’ouverture, à la base du mur de drainage. Ceci permet de
garder la tanière chaude pour les oursons, dans le cas où la mère a tendance à en sortir. Ce
facteur est surtout important pendant les 6 à 8 premières semaines après la naissance. Il peut
déterminer, dans certains cas, le succès ou l’échec de l’élevage des oursons.
Il y a deux avantages à tirer de cette structure. Tout d’abord, la tanière simule les conditions
naturelles, ce qui contribue à satisfaire les besoins physiologiques des ourses gestantes, à
savoir le besoin d’obscurité et le besoin d’une structure interne réduite. Ensuite, la taille
réduite de la tanière permet de conserver la chaleur générée par la mère et par les radiateurs.
(67) (122)
Cependant, d’après une étude sur le taux de natalité, il a été observé le paradoxe suivant : il
semblerait que le taux de natalité soit plus élevé dans les tanières non chauffées que dans les
tanières chauffées. Ainsi, bien que 60 % des enclos qui ont vu naître et grandir des oursons
soient équipés de tanières chauffées, le nombre d’oursons nés et le taux de survie sont plus
élevés dans les enclos non chauffés. Il semblerait donc plus approprié de mettre à disposition
des femelles une tanière non chauffée, mais aux dimensions assez restreintes pour maintenir
une certaine température et humidité fournies par la propre chaleur du corps de la mère. Ainsi,
un chauffage supplémentaire ne serait pas nécessaire. (118)
Reproduction
Dans une tanière chauffée
Dans une tanière non chauffée
Issus de mères nées en zoo
Issus de mères nées dans la nature
Issus de mères d’origine inconnue
Nombre de femelles avec oursons
Oursons nés
48
69
21
21
83
14
Oursons élevés
20
46
8
10
51
Taux de survie
0,42
0,67
0,38
0,48
0,61
Tableau 6 : Taux de reproduction des ours polaires : comparaison du taux de survie des oursons en
fonction du chauffage éventuel de la tanière et des origines captive ou sauvage de la mère. (118)
120
9 Ventilation
Il faut aussi préciser que la tanière de mise bas doit être correctement ventilée, afin qu’il n’y
ait pas trop d’humidité qui s’accumule à l’intérieur. Il y a plus de probabilités qu’une femelle
élève ses oursons si sa tanière est bien ventilée, et que l’air à l’intérieur de celle-ci reste de
bonne qualité. Pour cela, il faut percer un certain nombre de trous dans le toit de la tanière, et
installer un ventilateur dans la pièce afin d’obtenir une température comprise entre 10 et
12°C. Ceci dit, il ne doit pas y avoir non plus de courant d’air ! (2) (101)
9 Matériel pour le « nid »
Il faut donner à la femelle la possibilité de construire un « nid ». Pour cela, il faut lui mettre
à disposition des feuilles mortes, des branchages, de la paille ou des écorces. Ceci permet à la
future mère de bâtir un lit, et ainsi d’éviter de perdre la chaleur de son corps au contact direct
du sol. (2)
A noter qu’il ne faut pas donner des brins de paille trop longs, car cela pourrait être à
l’origine d’accident, telle qu’une strangulation d’un ourson. Cependant, lorsque les oursons
auront atteint un certain âge et qu’ils commenceront à se déplacer, le sol devra être recouvert
d’une épaisse litière de paille. (2) (101)
c) Isolation sonore
Tout d’abord, lorsqu’une femelle gestante entre en hivernation, il faut que les soigneurs
viennent le moins souvent possible à proximité de la tanière, c’est-à-dire 2 à 3 fois par
semaine maximum, et à horaires réguliers. En particulier, pendant la période précédant la
naissance, tout bruit ou toute perturbation doivent être évités.
Idéalement, le lit de paille ne devrait pas être changé avant que la femelle ne sorte par ellemême avec ses oursons, au début du printemps. De plus, seuls les soigneurs familiers à la
femelle doivent être autorisés à rentrer. (2) (118) Mais cela n’est pas toujours possible, car
lorsque les femelles sont nourries pendant qu’elles allaitent, elles urinent et défèquent à
l’intérieur de la tanière. Cette dernière étant close et isolée, des gaz nocifs se forment alors
très vite (ammoniac, dioxyde de carbone, méthane), pouvant être à l’origine de lésions sur les
oursons en croissance. Il est donc indispensable de pouvoir nettoyer les tanières de mise bas,
ou tout au moins de retirer la paille souillée et de la remplacer par de la litière propre. Ces
travaux d’entretien doivent être pratiqués au plus tôt lorsque les oursons ont deux semaines.
Cette pratique doit être effectuée le plus rapidement possible, afin de séparer la mère de ses
oursons le moins longtemps possible. (62)
La tanière doit donc être totalement isolée du monde extérieur, et ne doit pour cela n’avoir
qu’une seule porte. Cette porte donne d’une part sur une pièce dans laquelle de l’eau et de la
nourriture peuvent être apportées, et d’autre part sur un enclos extérieur contenant un bassin.
Cet enclos extérieur ne doit être utilisé que pour la femelle gestante. En outre, l’insonorisation
peut être augmentée en construisant un mur épais autour de la tanière, et en disposant un
tunnel à l’entrée. Ainsi, les soigneurs qui apportent la nourriture ne peuvent être ni vus, ni
sentis, ni entendus par la femelle, tout en ayant la possibilité d’entendre les éventuels sons
émis par les oursons.
121
La femelle se sentant en sécurité, il y a ainsi moins de risques qu’elles transportent ses petits
à la recherche d’un lieu plus sûr, et donc moins de risques qu’elle les blesse. Il faut noter que
les femelles primipares sont beaucoup plus sensibles au moindre dérangement.
La luminosité doit être faible. (2) (67) (118) (122)
4)
L’enrichissement
a) Importance
Les enrichissements permettent aux animaux d’exprimer un large panel de comportements
spécifiques à l’espèce, ce qui répond à leurs différents besoins physiologiques. Le premier
rôle de ces enrichissements est de donner aux ours plus de choix et de contrôle sur leur
environnement. (2) (99)
Ainsi, en fournissant à l’animal un environnement plus complexe du point de vue physique,
temporel et social, on lui permet de retrouver plus facilement les comportements et activités
qu’il a normalement dans la nature. Dans ce sens, l’enrichissement améliore le potentiel
reproductif des ours. Il a été démontré que plusieurs facteurs environnementaux constituaient
des éléments indispensables à la reproduction. Ainsi, pour qu’un animal se reproduise en
captivité, l’environnement de celui-ci doit être approprié à toutes les phases de la
reproduction, c’est-à-dire la cour du mâle à la femelle, l’accouplement, l’incubation, la
parturition et l’élevage des oursons. Ceci montre donc la nécessité d’enrichir le milieu.
L’animal a ainsi un meilleur contrôle de son environnement. Un apprentissage précoce de
situations inattendues et de leurs conséquences permet d’obtenir un animal adulte qui sera
capable d’analyser et de s’adapter rapidement à des changements de son environnement, donc
un animal qui sera moins stressable. Ainsi, dans le cas d’une mise bas, la femelle sera plus
apte à s’adapter à son nouveau statut de mère et donc à subvenir aux besoins de ses oursons.
(23) (121)
Les structures et les matériaux facilitant l’enrichissement, grâce à leurs multiples fonctions,
sont : de grands troncs d’arbres, des bûches de bois de différentes tailles et poids, un sol
naturel ou au moins des parties de l’enclos avec un sol naturel, des piscines ou des fossés, des
tas de branches, des trous dont le contenu doit être changé de temps en temps. Des obstacles
sont placés dans les enclos, tels que des rochers, des écorces d’arbres, des feuilles mortes en
automnes, de la paille, et encore d’autres matériaux naturels. (22)
Il est recommandé de disposer au moins dix objets dans l’enclos des ours. Les ours polaires
sont plus réceptifs aux objets mobiles qu’aux objets fixes. Il a été observé que les ours ne
détruisent pas simplement leurs jouets. Il a été observé que mâles comme femelles, utilisent
plus leurs pattes que leurs dents pendant leurs jeux. Ainsi, même si les objets sont réduits en
pièces au bout d’un certain temps, ils n’en intéressent pas moins les ours, comme s’il
s’agissait d’un nouveau divertissement. (2)
Actuellement, le parc zoologique Sea World aux Etats-Unis, détient les enclos pour ours
polaires les plus sophistiqués et les plus innovants du monde. En effet, l’enclos simule
l’environnement arctique estival, sur une très grande surface, ce qui crée un environnement
imprévisible. Il comprend également cinq enclos intérieurs climatisés, une tanière de
maternité et une grande surface avec bassin, structures ascendantes et trous stimulant la
fouille. (57)
122
b) Les différents enrichissements possibles pour l’ours polaire
9 Stimulant le comportement de repos
Il faut prévoir des aires de différents niveaux (à partir du sol jusqu’à plusieurs mètres),
constituées de matériaux divers (rochers, troncs d’arbres, plateformes en bois), et placées à
différents endroits (ensoleillé, à l’ombre, à l’abri de la pluie). Ainsi, les animaux peuvent
choisir la hauteur, le sol et le microclimat de leur aire de repos.
Des fosses de sable, des écorces d’arbres, des copeaux de bois, des rochers, des feuilles
mortes ; tous ces enrichissements permettent aux ours non seulement de se frotter et de se
gratter, mais aussi de construire des cavernes en creusant des trous dans le sol. Les brindilles
avec ou sans feuilles et la paille sont utilisées par les ours pour construire des nids. (1) (2)
9 Stimulant le comportement alimentaire
Il faut augmenter leur temps passer à fouiller, chercher et à s’alimenter. Ces comportements
sont favorisés en augmentant la fréquence des repas : un ou deux gros repas dans l’enclos
intérieur doivent être complétés par deux ou plusieurs petits goûters, constitués de graines, de
croquettes pour chien, de fruits coupés et dispersés sur le sol et dans l’eau dans les enclos
extérieurs.
Pour stimuler le comportement de manipulation, on peut suspendre des petits morceaux de
nourriture ou étaler du miel dans les trous des troncs d’arbres et des bûches, dans les tas de
paille et d’écorces, dans les tas de branches, dans des tonneaux, ou dans des blocs de glace.
Ainsi, les animaux doivent fournir un effort pour se nourrir (recherches et manipulations). Il
ne faut pas oublier de changer de place quotidiennement les cachettes contenant la nourriture,
et de prévoir une grande variété d’aliments (légumes, fruits, viande, poissons, insectes…). Le
régime alimentaire peut être complété par des os.
Voici une liste d’enrichissements alimentaires possibles :
- blocs de glace avec de la nourriture congelée à l’intérieur, dans des seaux de tailles
différentes et sans anse.
- blocs de glace avec de la nourriture, dans de grands bacs
- poissons ou cacahuètes dans des bidons en plastic avec de petites ouvertures
- concombre ou melons entiers
- branches
- miel, ketchup, mayonnaise étalés dans ou sur des cônes d’autoroute ou des seaux
- os de bovins ou de chevaux
- peaux d’animaux. (1)
Une étude a été menée sur l’effet de l’enrichissement alimentaire des ours polaires sur leur
niveau de stéréotypie. Les résultats ont montré une diminution significative de la stéréotypie
lorsque l’on enrichissait le milieu, ainsi qu’une diminution des comportements anormaux. De
plus, la stéréotypie diminue d’autant plus sur le long terme.
Ainsi, des méthodes d’enrichissement alimentaire simples et peu onéreuses ont un effet
significatif sur le comportement des ours polaires captifs ; les ours sont alors plus actifs. Les
effets des enrichissements ont été encore plus prononcés la deuxième année de l’étude,
lorsqu’une plus grande variété d’aliments a été présentée aux animaux. (48) (58)
123
Année, milieu
Femelle de 22 ans, née
en
captivité
(1ère
année)
Milieu enrichi
Milieu non enrichi
Même femelle (2ème
année)
Milieu enrichi
Milieu non enrichi
Mâle de 24 ans, issu
d’une capture sauvage
Milieu enrichi
Milieu non enrichi
Comportement
actif (%)
Comportement
passif (%)
Comportement
anormal (%)
30,6
23,8
68,1
69,6
1,4
6,7
66,7
4,8
33,3
75,3
0
19,9
27,1
10,6
72,9
89,4
0
0
Tableau 7 : Répartition du temps passé à exprimer certains comportements en fonction de
l’enrichissement du milieu. (48)
Voici l’éthogramme permettant de pouvoir classer les comportements en trois catégories :
- Comportements passifs : > l’ours dort
> ours couché ou assis mais réveillé
> toilettage, grattage, défécation
> comportements orientés vers les humains (visiteurs ou soigneurs)
- Comportements actifs : > manipulation d’un objet
> consommation d’enrichissements alimentaires, boisson
> locomotion
> jeu avec ou sans objet
> natation, plongée
> interactions actives avec les humains
- Comportements anormaux : > masturbation
> auto-stimulation (mutilations, balancement de tête…)
> nage stéréotypique, allers-retours stéréotypiques
> ours non visibles (48)
9 Stimulant la locomotion
Pour stimuler la locomotion, il faut aménager un environnement simulant l’environnement
naturel arctique estival avec :
- des matériaux naturels (bûches, rochers, ruisseau)
- des reliefs rocheux de différentes hauteurs
- un grand bassin d’eau salée et environ trois autres bassins d’eau douce avec des
cascades
- un contrôle de la météo, en utilisant un simulateur de pluie, de vent et de brouillard. (57)
Les ours polaires ne sont pas des bons grimpeurs, mais si on leur en donne la possibilité,
l’escalade peut alors faire partie de leur répertoire comportemental. Ainsi, on peut placer des
troncs d’arbres dans leur enclos, ce qui permet non seulement aux ours de les escalader, mais
124
aussi de former une barrière visuelle au sein de l’enclos même, ce qui permet à un ours de
s’isoler des autres. (2)
9 Stimulant l’exploration, les manipulations, le jeu
Pour cela, il faut prévoir des barils en plastic, des tonneaux en bois, des seaux, des cônes de
circulation, des branches, des bûches avec ou sans nourriture, avec ou sans odeurs ou
parfums. (57) Les ours polaires sont doués d’une grande dextérité et habileté malgré leurs
grosses pattes. Ils sont capables de manipuler de très petits objets de manière très précise.
Certains objets, tels que des peaux recouvrant des os, des bûches placées dans des contenants
et des branches feuillues sont utilisées dans ce but. Les ours peuvent alors dépouiller, mâcher
et manger une partie de ces objets naturels, et ensuite jeter le reste dans l’eau pour jouer avec.
Il est recommandé de donner aux ours un grand choix d’objets, avec une variété dans les
couleurs, les textures, les tailles, les formes. (99)
Pour stimuler l’exploration, la manipulation et les fouilles, il est essentiel que certaines
techniques d’enrichissement deviennent un travail de routine, pour pouvoir ainsi mettre en
valeur un nouvel enrichissement chaque jour. Cependant, pour remplir leur rôle, les
enrichissements doivent rester flexibles tout en respectant le régime alimentaire et les
techniques de jeux propres aux ours polaires, d’autre part, ils doivent être aussi imprévisibles
dans le temps pour les ours. (22)
On observe souvent des ours en train de sauter sur différents objets. En dehors du fait qu’ils
essayent ainsi d’en examiner l’intérieur, il est possible que cette activité soit due à leur
comportement naturel, lorsqu’ils tentent de briser la tanière de glace des phoques. Ce
comportement est également observé lorsque les ours sont enfermés dans des caisses de
transport. (2)
9 Stimulant les sens
- L’olfaction : herbes, épices, huiles essentielles, parfums.
- Le toucher : fleurs, herbe, différents substrats.
- Le goût : sirops, différents aliments, glaçons.
- La vue : poissons vivants, formations naturelles, barrières. (57)
9 Stimulant le comportement social
Chaque forme d’enrichissement peut marcher seule si tous les ours blancs de l’enclos
peuvent l’utiliser. Par conséquent, il faut prévoir une quantité suffisante de jouets, de
nourriture et de cachettes. Un vaste mur fait de troncs d’arbres horizontaux facilite la vie en
groupe, car cela sert de barrière, de cachette et de point de rencontre pour les animaux. (22)
Stimuler les ours pour qu’ils se déplacent dans leur enclos, qu’ils jouent avec différents
objets et qu’ils s’intéressent à leur environnement, tout ceci résulte souvent d’interactions
sociales. En effet, si un individu est en train de jouer avec un objet, bien souvent, un autre
ours curieux va s’approcher pour voir ce dont il s’agit. Il est important de donner un nouvel
objet par animal, car sinon, l’ours polaire dominant va monopoliser le jeu. De plus, en
125
distribuant assez d’objets pour chaque individu, on évite ainsi des interactions agressives
causées par la compétition pour une trop petite quantité de jeux. (99)
c) L’entraînement médical
L’entraînement médical des ours polaires n’est pas du tout pratiqué en France, mais est
pratiqué au Canada et aux Etats-Unis. Cette méthode utilise le renforcement positif, ce qui
permet de faire de la médecine préventive ou de pratiquer des actes médicaux sur les
animaux sans les anesthésier. Dans le cadre de la reproduction, on peut ainsi examiner une
femelle gestante, les oursons ou les organes génitaux.
De plus, l’entraînement médical constitue une forme d’enrichissement comportemental, dans
le sens où l’on stimule la réflexion et l’attention de l’ours.
Voici les différentes activités que l’on peut apprendre aux ours polaires :
- target (cible) : il s’agit d’une tige au bout de laquelle il y a une boule que l’animal doit
toucher et suivre avec son museau quand on lui tend. Le but de la cible est de pouvoir placer
l’animal dans la position que l’on souhaite, suivant la partie du corps que l’on veut examiner.
La cible permet également de garder un ours immobilisé lorsque l’on veut le peser par
exemple.
- positions du corps : on peut apprendre ensuite aux ours à se placer dans certaines
positions, comme : assis, debout, couché.
- médecine préventive : on peut entraîner les ours à ouvrir la bouche afin d’inspecter leurs
dents, à présenter leur patte lorsqu’il faut faire une injection en intraveineuse par exemple, à
présenter leur abdomen et leur parties génitales, à se présenter de profil, ce qui constitue la
position idéale lors d’injections intramusculaires. (57)
d) Les limites de l’enrichissement
Dans la plupart des espèces animales, le temps passé à jouer diminue avec l’âge. Ainsi, il est
souvent difficile d’occuper des animaux adultes avec ce type d’activité. (22) (57) (99)
5)
Rôle de l’alimentation
a) Un régime alimentaire saisonnier
Les ours polaires de l’Arctique sont majoritairement carnivores.
Dans la nature, les ourses polaires gestantes ont un pic d’alimentation durant l’été, en
prévision de l’hivernation. A partir du mois d’Octobre, jusqu’au début du mois de Mars, elles
jeûnent du fait de l’hivernation. Il est donc important de respecter ces changements
quantitatifs et saisonniers dans le régime alimentaire en captivité. En effet, le régime
alimentaire joue un rôle très important dans le développement intra-utérin des fœtus, et
également dans le développement post-natal des oursons. Une femelle qui n’aura pas
accumulé assez de graisse en automne ne sera pas capable de subvenir aux besoins
nutritionnels de ses oursons. La survie de ces derniers dépend donc du poids de leur mère à
l’entrée dans la tanière. (1) (4)
126
Il faut fournir aux ours polaires un repas principal le matin, aussi tôt que possible. La
quantité de nourriture nécessaire ne dépend pas seulement de la saison, mais aussi de l’âge, du
sexe et de l’activité de l’animal. (3)
9 A la fin de l’hiver et au printemps
Comme l’appétit des ours augmente à cette période qui correspond à la sortie de la tanière,
leur régime alimentaire doit être constitué essentiellement de viande grasse supplémentée
avec du poisson et de l’huile riche en acides gras polyinsaturés (50 ml d’huile de foie de
morue). Le zoo de Cologne a découvert que les ours polaires préféraient la graisse de cheval à
la graisse de bœuf, probablement parce que la graisse des chevaux en pré contient un plus
grand taux d’acides gras insaturés que celle du bœuf.
Si on procure aux ours polaires de la viande en grande quantité, ces derniers ne mangeront
en moyenne que tous les 4 à 5 jours, comme dans la nature. Il a été découvert au zoo de
Cologne qu’une épaule ou une culotte de bœuf ou de cheval suffit pour deux ours. De la
luzerne, de la laitue ou des pousses de blé doivent être proposées comme suppléments. (1) (3)
(4)
9 En été
Un changement doit être effectué en passant à un régime alimentaire plus végétarien, avec
des fruits et des légumes. Si les ours polaires sont capables de prendre du poids et de la
graisse au printemps, ils réduisent normalement leur prise alimentaire en été, sauf les femelles
gestantes qui doivent prendre du poids à la fin de l’été, en vue de l’hibernation. (1) (4)
b) Quantité et composition de la ration alimentaire
La dentition des ours est adaptée à un régime omnivore, alors que le reste du système
digestif a toutes les caractéristiques de celui des carnivores.
Dans la plupart des zoos, les ours polaires captifs reçoivent une ration quotidienne constituée
de croquettes pour chien et de poissons entiers, de bœuf, de cheval et rarement de porc. La
quantité est évaluée à 3 kg de nourriture pour 100 kg de poids vif. La ration est complétée
avec des fruits tels que des pommes et autres fruits de saison, et du pain. Elle apporte ainsi
2090 UI / kg d’aliment ; elle est complémentée en vitamine E et en thiamine, à la dose de 100
mg de thiamine par kg de poissons, et 400 mg de vitamine E par kg de poissons. Il est
conseillé d’utiliser du poisson congelé à – 20°C, et de le décongeler au réfrigérateur. Avec ce
type de ration, les ours polaires n’ont généralement pas de problèmes dermatologiques, tels
que l’alopécie ou une dermatite.
Il ne faut jamais donner de porc aux ours à cause du risque d’infection par la maladie
d’Aujesky.
Plusieurs études ont été faites sur la composition nutritive des aliments pour ours polaires.
Les résultats sont résumés dans le tableau suivant. (1) (4)
127
Alimentation des
ours polaires
MS
(g/100g
d’aliment)
Harengs sans tête
37
Phoques : muscles et viscères
30
Phoques : muscles, viscères et squelette
38
Phoques : muscles, viscères, squelette, 53
peau et graisse sous-cutanée
Phoques : peau et graisse sous-cutanée
90
Protéines MG
(% MS) (%
MS)
42
50
73
12
55
17
38
52
Energie
(kJ/g
MS)
18
21
19
24
12
36
82
Tableau 8 : Composition de l’alimentation des ours polaires. (4)
MS : Matière Sèche
MG : Matière Grasse
c) Relation entre alimentation et stéréotypie
Dans la majorité des parcs zoologiques, un repas unique est distribué dans les enclos
intérieurs, en fin d’après-midi. Les ours en captivité passent donc peu de temps à manger et
n’ont pas à faire d’efforts pour chercher la nourriture, contrairement à ce qui se passe dans
leur milieu naturel où ils doivent suivre la trace d’un phoque sur parfois plusieurs kilomètres
avant de pouvoir éventuellement, s’ils arrivent à le surprendre, le manger. Ainsi, les ours
polaires sont des animaux qui, dans la nature, passent la majeure partie de leur temps à
chercher de la nourriture.
Une étude a montré la relation entre la nourriture et la stéréotypie en évaluant les résultats
quand on disperse la nourriture, et en évaluant l’efficacité d’une mangeoire automatique,
machine parfois utilisée il y a une dizaine d’année. Ainsi, une gestion routinière des ours
polaires a un effet très significatif sur plusieurs aspects de leur comportement. Comme le
repas est le moment le plus stimulant de la journée d’un ours polaire, on observe une
diminution significative des comportements de stéréotypie quand on allonge la durée du repas
en dispersant et en cachant la nourriture. Les ours qui sont nourris à heure fixe, ce qui est le
cas avec une mangeoire automatique dans l’expérience, anticipent le moment du repas. Il
semble donc important de développer le comportement de recherche et de fouille chez les
ours, en dispersant la nourriture et en la cachant dans l’enclos extérieur. De plus, en utilisant
une mangeoire automatique, on a pu voir une augmentation de l’agressivité des ours les uns
par rapport aux autres, car ceux-ci se disputent la place devant la mangeoire. (1) (3)
d) Fréquence des repas
D’après l’expérience précédente, il paraît évident que le fait de donner un repas unique dans
les cages de nuit est la cause majeure de stéréotypie. Ce comportement peut être réduit chez
les adultes et aboli chez les jeunes en augmentant la fréquence des repas dans la journée, et en
évitant d’affamer les animaux dans le but de les faire rentrer dans leurs cages de nuit.
Idéalement, la nourriture devrait être donnée en plusieurs repas dans la journée, au moins en
trois fois. Elle doit être éparpillée dans les enclos extérieurs. Afin de respecter l’alimentation
128
saisonnière des ours polaires, la fréquence des repas doit augmenter graduellement jusqu’en
automne.
Nourrir les ours dans les enclos intérieurs afin de les encourager à y rentrer pour la nuit ou
lorsque l’enclos extérieur doit être nettoyé, permet de distribuer la nourriture en vrac, mais
cette dernière doit contenir des aliments appétants afin d’attirer les ours. En outre, les
problèmes concernant la rentrée des ours dans les enclos intérieurs peuvent être largement
réduits en aménageant les enclos intérieurs pour les rendre attractifs, avec par exemple des
aires de repos faites de branches, de feuilles ou d’écorces.
Les jours de jeûne sont inappropriés aux ours. Cependant, si de grosses quantités de viande
(comme des carcasses de bœuf) leur sont distribuées, les animaux sont vite rassasiés, si bien
que le repas suivant ne peut être donné que 2 ou 3 jours plus tard. Ceci va dépendre de chaque
individu, suivant s’il accepte encore de la nourriture après une grosse quantité de viande.
C’est en fonction de cela que l’on pourra éventuellement mettre en place des jours de jeûne.
(1) (3)
Figure 35 : Pourcentage de temps que les ours passent à stéréotyper, en relation avec un nourrissage
routinier. (3)
Le graphique ci-dessus nous montre la relation entre la stéréotypie et les jours de jeûne.
Chez les deux ours observés, il y a une augmentation significative du niveau de stéréotypie les
jours de jeûne. Ces jours sont particulièrement stressants pour les ours polaires, car en plus du
fait qu’ils ne sont pas nourris et qu’ils anticipent leur repas, ils peuvent sentir la nourriture des
autres animaux du parc. Il est donc préférable d’éviter les jours de jeûne, ou du moins
d’adapter la situation à chaque individu. (3)
e) Qualité de l’alimentation
Lorsque l’on évalue la quantité d’aliments pour un ours, il est important de se rappeler que
pendant la période du pic de croissance des oursons en été, les femelles allaitantes auront
besoin d’un apport plus important en protéines et en énergie pour la production de lait.
Les vieux animaux peuvent être restrictifs dans leur choix de la nourriture, et plusieurs
tentatives sont souvent nécessaires avant qu’un aliment inconnu soit accepté.
129
Lors de la préparation des repas, il faut penser à stimuler l’utilisation des griffes, des dents,
des pattes et des lèvres de l’ours polaire, ce qui est le cas lorsqu’on leur donne des fruits ou
légumes entiers. Certains aliments doivent également être coupés en petits morceaux puis être
cachés afin que les animaux doivent chercher pour pouvoir les manger. Pour se nourrir dans la
nature, la locomotion et la manipulation sont nécessaires aux ours ; ainsi, il est très important
de développer ces deux fonctions en captivité. La viande doit être donnée sous forme
d’animaux entiers ou de gros morceaux de carcasses comprenant des os et si possible de la
fourrure. (1)
f) Alimentation de la femelle durant la fin de sa gestation et le début
de la lactation
Dans la nature, les ourses polaires restent dans leur tanière avec leurs oursons sans manger ni
boire durant plusieurs mois. En simulant ces conditions en captivité, on obtient de bons
résultats.
En général, les femelles arrêtent de s’alimenter plusieurs jours avant la parturition. La
période de jeûne varie d’un individu à l’autre, mais dure normalement encore jusqu’à
quelques semaines après la naissance des oursons. Ainsi, dans le but d’éviter toutes
perturbations, ce qui pourrait contribuer à rompre les liens entre la mère et ses oursons, il est
recommandé de ne pas nourrir la femelle pendant les 3 semaines qui suivent la naissance.
Un abreuvoir automatique permet de garantir une disponibilité permanente en eau, ce qui
dispense un soigneur d’intervenir. (2)
6) Recommandations indispensables quant à l’élevage
d’ours polaires
-
Les enclos ayant pour but de rappeler l’ambiance polaire aux visiteurs, c’est-à-dire avec
un bassin d’eau bleue (donc fortement chlorée) et un sol en carrelage blanc, ne sont pas
du tout adaptés aux ours polaires.
-
Les jours de jeûne doivent être évités, car ils ne font qu’augmenter le stress des animaux
et leur comportement de mendicité. Il faut donc les nourrir tous les jours.
-
Il est préférable de nourrir les ours polaires tôt le matin, afin que ces derniers
n’anticipent pas leur repas toute la journée.
-
La nourriture ne doit pas être stockée à proximité des bâtiments des ours, car sinon,
ceux-ci peuvent la flairer, ce qui est un vecteur de mendicité.
-
Il est essentiel de dissimuler de la nourriture dans des blocs de glace, afin de développer
le comportement de recherche et de manipulation des ours.
-
Les distributeurs de nourriture automatique ne doivent être utilisés que s’ils sont adaptés
à l’enclos. En effet, si ce n’est pas le cas, ils seront vecteurs d’agressivité entre les ours.
130
-
Des jeux mobiles doivent être placés dans les enclos et doivent être changés
régulièrement, afin de stimuler les comportements de jeu et d’exploration.
-
Il faut fournir aux ours une grande variété d’objets, afin que ceux-ci puissent avoir un
meilleur contrôle de leur environnement.
-
Il faut incorporer des barrières visuelles au sein même de l’enclos extérieur, car les ours
polaires n’étant pas des animaux très sociables, ils doivent avoir la possibilité de s’isoler
des autres. Ces barrières contribuent ainsi à une diminution des interactions agressives
entre les ours d’un même enclos.
-
L’enrichissement du milieu doit être une priorité dans le management quotidien des ours
polaires.
-
A court terme, les anciens bâtiments doivent être modifiés pour être équipés de
matériaux naturels. Un sol fait de sable, d’écorces d’arbres, de terre ou de galets donne
la possibilité aux animaux de creuser, de construire des lits, de se frotter et de fouiller.
De telles modifications permettront aux ours d’avoir une aire de repos plus confortable.
-
Il faut que la surface de sol naturel soit assez importante, afin que tous les ours de
l’enclos puissent définir leur aire de repos, et qu’il n’y ait pas une monopolisation de
l’aire par un seul animal.
-
Les futurs enclos doivent être conçus de manière à ce qu’il y ait deux enclos extérieurs
séparés, afin que les individus puissent être séparés en cas de maladie, agression ou
reproduction. Les enclos doivent contenir chacun une grande surface de verdure, afin
que chaque ours puissent exprimer un grand répertoire comportemental. (3)
V) Elevage d’oursons dans un parc zoologique
1) Surveillance de la tanière par caméra
Etant donné la difficulté que l’on rencontre à obtenir des oursons vivants en captivité, il
paraît indispensable de pouvoir surveiller ce qui se passe dans la tanière de mise bas. Pour
cela, l’idéal est de placer une caméra enregistrant l’image et le son. Si ce matériel n’est pas
disponible, il sera plus utile de placer un microphone enregistrant les sons émis par les
oursons, plutôt qu’une caméra n’enregistrant que l’image et qui ne donnera que peu
d’informations sur la viabilité des oursons. Le meilleur indice de naissance est l’émission de
vocalisations par les oursons. (2)
Ce monitoring de la femelle gestante puis de ses oursons est indispensable, car il permet de
prédire la date de parturition, et aussi d’identifier et de résoudre le moindre problème qui
pourrait survenir. L’installation de microphones ou de caméras dans la tanière est un moyen
plus pratique et moins perturbant pour les locataires que si des soigneurs doivent entrer à
l’intérieur pour surveiller, ou s’ils doivent écouter ou regarder les animaux à travers un trou.
(2)
131
a) Vocalisations indiquant une situation favorable
- Bruit de tétée : bruit entendu pendant que les oursons tètent leur mère.
- Ronflement : sons rythmiques générés pendant l’expiration. Pendant la tétée, les oursons
ont une tétine, c’est-à-dire un bout de fourrure de leur mère ou bien leur propre patte dans leur
bouche.
Le bruit de tétée et le ronflement sont toujours concomitants. (2)
b) Vocalisations indiquant une situation défavorable
- Gémissements prolongés : ceci traduit de l’inquiétude et provoque normalement l’instinct
de protection de la mère. Il est normal d’entendre des gémissements occasionnels, mais de
vigoureux gémissements permanents ou fréquemment répétés sont signe d’un problème
d’élevage. (2) (79)
c) Comportement de la femelle indiquant une situation
d’élevage défavorable
- Lorsque la mère quitte la tanière durant les premiers jours après la naissance.
- Indifférence de la mère face aux gémissements de ses oursons. (2)
Ainsi, le monitoring des oursons permet de savoir ce qu’il se passe à l’intérieur de la tanière,
et ainsi de pouvoir, le cas échéant, retirer les oursons à leur mère. Il faut alors prendre son
relais et les élever à la main.
2) Alimentation des oursons lors d’élevage à la main
Il faut tout d’abord préciser que l’élevage à la main d’oursons se solde souvent par un échec.
En effet, ces animaux ont des besoins psychologiques que seule la mère peut leur fournir.
L’élevage à la main doit donc être utilisé uniquement en dernier recourt. Les efforts doivent
plutôt être concentrés pour favoriser l’élevage des oursons par leur mère, c’est-à-dire en lui
fournissant les meilleures conditions pour cela. (79) (126)
Nous avons vu dans la deuxième partie que le lait d’ours polaire était très riche.
Composition du lait d’ours polaire MS
Protéines MG
(g/100g) (% MS) (%)
Eté et automne
48
11
33
Tableau 9 : Composition du lait d’ours polaire. (79)
MS : Matières Sèches
MG : Matières grasses
132
a) De la naissance au sevrage
Le tableau récapitulatif suivant montre la fréquence à laquelle les oursons doivent être
nourris, et avec quel type d’aliment. Le lait de substitution utilisé ne doit pas être trop riche en
lactose, car sinon, il peut être vecteur de lactobézoar. Il doit aussi être riche en protéines et en
matières grasses afin de ressembler au maximum au lait maternel. (86) (126)
Age
Heures des
repas
1èresemaine
06 :30
09 :00
11 :30
14 :00
06 :30
09 :00
11 :30
14 :00
06 :30
09 :00
11 :30
14 :00
06 :30
09 :00
11 :30
14 :00
06 :30
09 :30
12 :30
06 :30
09 :30
12 :30
06 :30
09 :30
12 :30
06 :30
09 :30
12 :30
12 :30
2ème semaine
3ème semaine
4ème semaine
5e, 6e et 7ème
semaines
8ème semaine
9e, 10e et 11ème
semaines
12ème semaine
De la 13ème
semaine
au sevrage
Type d’aliment et
concentration
(par repas)
28 ml
1 : 3** Esbilac*
Huile de foie de
morue
(par jour)
5 ml
28 ml
1 :2 Esbilac*
5 ml
16 :30
19 :00
22 :00
28 ml
1 :1,5 Esbilac*
5 ml
16 :30
19 :00
22 :00
42 ml
1 :1 Esbilac*
5 ml
15 :30
18 :30
21 :30
15 :30
18 :30
21 :30
15 :30
18 :30
21 :30
15 :30
18 :30
21 :30
21 :30
56 ml
1 :1 Esbilac*
7,5 ml
85 ml
1 :1 Esbilac*
7,5 ml
85 ml
1 :1 Esbilac*
10 ml
113 ml
1 :1 Esbilac*
10 ml
147 ml
1 :1Esbilac*
10 ml
16 :30
19 :00
21 :30
23 :00
16 :30
19 :00
22 :00
Tableau 10 : Régime alimentaire d’un ourson élevé à la main. (86) (87)
** : Mélange d’eau du robinet et de lait concentré (Esbilac*)
L’Esbilac* (Borden Company, Ltd., Don Mills, Ontario) est un mélange lacté ayant les
même propriétés que le lait concentré. Il est recommandé d’utiliser une tétine en caoutchouc
pour bébés prématurés de la naissance au 21ème jour. On peut ensuite utiliser une tétine en
caoutchouc ordinaire, en élargissant l’orifice vers le 52ème jour. (56) (86)
133
Des vitamines (Abidec*) sous forme liquide sont ajoutées au repas à partir de la deuxième
semaine, à la dose d’1 goutte par jour. Il s’agit d’un mélange de multivitamines. On augmente
la dose d’1 goutte toutes les deux semaines. L’huile de foie de morue aide les oursons à uriner
et à déféquer, mais il faut compléter en stimulant la région anale avec une serviette humide et
tiède. Cette huile apporte également des vitamines liposolubles, A et D, cette dernière étant
très importante pour le développement du squelette. (86) (87) (126)
b) Le sevrage
La transition de la nourriture liquide à la nourriture solide est probablement la période la
plus difficile qu’un ourson ait à endurer. Il faut en premier lieu faire passer l’ourson du
biberon à la gamelle, ce qui demande généralement un peu de patience. (56) (79) (126)
Les oursons doivent commencer à être sevrés vers 85 jours ; pour cela, on ajoute au régime
alimentaire habituel des céréales pour bébés (environ 60 g) deux fois par jour. Ensuite, on
ajoute également au régime de l’aliment c/d de Hill’s* ; et à 99 jours, l’aliment Hill’s* c/d
doit remplacer complètement le lait. L’étape suivante consiste à introduire des croquettes puis
des maquereaux dans l’alimentation. (86) (87) (126)
Age
(jours)
Horaires des repas Hill’s c/d* Croquettes Purina*
(heures)
par repas pour chien
par repas
85 g
94-100 09 :30
15 :30
85 g
101-108 09 :30
15 :30
170 g
109-110 09 :30
13 :30
340 g
111-140 07 :30
15 :50
225 g**
141-160 07 :30
12 :30
15 :50
340g**
161-170 07 :30
12 :30
15 :50
454 g**
171-184 07 :30
12 :30
10 :00
15 :30
907 g**
> 185
** : imbibées d’eau du robinet
Abidec* Huile de foie
(ml/j)
de morue
(ml/j)
0,3
10
0,3
10
0,3
10
0,3
10
0,4
10
0,5
10
0,6
10
0,6
10
Tableau 11 : Régime alimentaire des oursons sevrés, élevés à la main (87)
3) Suivi du développement des oursons
a) La thermorégulation
Le développement des oursons en captivité se passe rigoureusement de la même façon que
celui des oursons en Arctique, dans la nature. Il faut donc se reporter au développement des
oursons dans la deuxième partie.
Les caractéristiques du tégument des oursons à la naissance ne permettent pas une
thermorégulation satisfaisante (62). Il faut donc maintenir les oursons en couveuse jusqu’à
l’âge de deux ou trois semaines lorsqu’ils sont élevés au biberon. Lorsqu’un pelage plus épais
se met en place, les oursons ne se sentent à l’aise que si la température de la couveuse est
baissée. (62)
134
b) Croissance des oursons
Les oursons nourris au lait maternel grandissent très rapidement. Certains oursons doublent
leur poids en à peine quatorze jours ! Lorsque les portées de jumeaux sont composées d’un
mâle et d’une femelle, la croissance des mâles commence à se démarquer de celle des
femelles dès l’âge de 10 semaines. (62)
Les oursons uniques sont en moyenne 30 % plus gros que les oursons jumeaux. (112)
Figure 36 : Courbes de croissance illustrant les gains de poids chez les oursons mâles et femelles élevés à la
main au Zoo de Denver (USA), de la naissance à l’âge de 12 mois. (62)
4) Aménagement d’une aire de jeu
Il faut aménager une cage voisine à la tanière de mise bas, qui servira d’aire de jeu aux
oursons. Ces derniers pourront alors découvrir différents matériaux et structures. Des cordes,
des bûches solidement fixées au sol, des tubes en plastic suspendus et des tonneaux peuvent
être disposés de façon à former une charpente d’escalade contenant aussi des aires de repos.
(2)
5) Entretien de la tanière de mise bas
Bien que la présence des soigneurs autour de la zone de maternité doit être minimisée, la
tanière de mise bas doit quand même être un minimum entretenue. Les ours polaires utilisent
le matériel de « nid » massivement. Il faut donc quotidiennement que les soigneurs connus de
l’ourse viennent à horaires réguliers afin de changer les matériaux humides par des matériaux
secs (feuilles mortes, paille…), même si la femelle montre des signes d’impatience et de
nervosité pendant la procédure. (2)
135
6) Surveillance et manipulations des oursons
Les maladies infantiles nécessitant des traitements médicaux sont rares chez les oursons.
Quand ça arrive, il s’agit souvent d’une inflammation de l’ombilic causée par une infection ou
bien par un léchage excessif de la zone par la mère causant une infection secondaire et des
lésions. Néanmoins, le traitement du nombril doit être évité quand c’est possible, afin d’éviter
les perturbations liées à la manipulation.
Les mesures du poids et de la taille afin de suivre le développement des oursons, sont
réalisables seulement si la procédure ne risque pas de détériorer la relation entre la mère et ses
oursons.
Les échecs dans l’élevage d’oursons sont souvent causés par une perturbation dans le
comportement maternel, et non par des maladies. L’observation de lésions ou d’hématomes
est le signe d’une agression maternelle. On retrouve des oursons en hypothermie, dans un coin
de la tanière lorsque la mère ne leur a pas prodigué une attention et des soins adéquats, ou
lorsque la mère ne les a pas gardés au chaud. Un manque d’apport de lait peut être la cause de
leur mort lorsque la femelle ne les a pas allaités ou lorsqu’elle n’en a pas produit assez.
Les analyses du stud-book ont montré que la plupart des problèmes chez les ours polaires
apparaissent entre le 1er et 4ème jour de vie des oursons. Très peu de problèmes se produisent
après 3 semaines, et les interventions humaines ont moins de répercussions délétères.
La séparation de la mère de sa progéniture et les changements d’odeur des oursons lorsque
l’on veut observer ou soigner ces derniers, peuvent engendrer une rupture de la relation entre
la mère et ses petits. Le degré de tolérance de chaque ourse face à la présence humaine va
dépendre des relations antérieures entre le soigneur et l’animal, et aussi du caractère
individuel de la femelle. Dans le doute, toute perturbation de la mère et de ses oursons doit
être évitée.
L’élevage à la main d’oursons n’est pas recommandé. (2)
7) Gestion d’une femelle avec des oursons en croissance
L’enclos extérieur de la mère et de ses oursons doit être similaire à celui des adultes.
Cependant, l’enclos d’un adulte est équipé de marches trop hautes pour que des oursons
puissent monter ou descendre. Il faut donc que l’enclos familial soit équipé de marches
adaptées aux oursons, en réduisant leur hauteur avec des marches intermédiaires en bois par
exemple. Si les enclos intérieurs ont jusqu’à présent permis aux oursons de développer leurs
capacités locomotrices, leur aptitude à traverser l’enclos extérieur, bien plus grand, va
considérablement s’améliorer. (2)
Comme dans la nature, les oursons restent avec leur mère jusqu’à l’âge de 1,5 à 2,5 ans. Il
est généralement possible de laisser une mère et ses oursons ensemble dans le même enclos
pendant cette période, et même dans certains cas, de réintroduire le mâle géniteur. Cependant,
ce groupement social sera couronné de succès seulement si la mère défend activement ses
oursons. Le résultat de cette réintroduction va dépendre de la relation entre les adultes, et du
tempérament de chaque individu, en particulier celui du mâle.
136
La réintroduction d’une femelle et de ses oursons dans l’enclos du mâle implique des risques
considérables. La procédure doit être alors minutieusement préparée et doit être accomplie
graduellement sur un certain laps de temps. Les enclos prévus pour la réintroduction d’une
mère et de ses oursons avec le mâle ou avec d’autres individus doivent avoir une conception
intérieure adaptée. (2)
VI) La reproduction artificielle
1) Récolte de la semence
a) Nécessité d’une immobilisation
Les ours polaires sont des animaux très dangereux pour l’homme, et il serait déraisonnable,
même avec un bon entraînement médical, d’essayer de prélever de la semence ou bien
d’inséminer une femelle sans une anesthésie générale préalable. (111)
Les ours polaires ont une couche de tissu adipeux sous-cutané très épaisse, en particulier
dans la région de la croupe et des cuisses. Il est donc préférable d’effectuer les injections dans
la région du cou, le haut de l’épaule ou le haut des lombes, où la couche de tissu adipeux
sous-cutanée est plus fine, et où les muscles sont bien vascularisés.
On utilise une aiguille de 4,5 à 7,5 mm de diamètre. (43)
Différentes molécules sont utilisées :
- l’étorphine : c’est un opioïde réversible (cyprénorphine),
- le fentanyl : c’est un opioïde beaucoup plus puissant que l’étorphine, également
réversible (naloxone),
- le carfentanil : c’est un opioïde réversible ayant un temps d’induction très court (environ
5 minutes), mais c’est un produit très cher et difficilement accessible dans le commerce.
Il a pour avantage de pouvoir être administré par voie parentérale, mais aussi par voie
orale,
- mélange de kétamine et de médétomidine: la kétamine est une cyclohexylamine, et la
médétomidine est un α2-agoniste. La médétomidine est antagonisée par l’atipamézole.
- mélange de tilétamine, de zolazépam et/ou de médétomidine: cette association donne
l’anesthésie la plus satisfaisante, car il n’y a pas d’effets secondaires, et la manipulation
est sans danger. De plus, les doses d’induction sont plus faibles, les temps d’induction
sont plus courts et il y a moins souvent besoins de prolonger les anesthésies.
- l’α-chloralose : cet anesthésique est utilisé pour prolonger la durée d’anesthésie au-delà
d’une heure. (43) (69) (81)
(annexe 1)
137
Tableau 12 : Propriétés des différents anesthésiques utilisables chez l’ours polaire. (42)
138
b) Electroéjaculation
9 Introduction
L’électroéjaculation est l’une des méthodes permettant de conserver le patrimoine génétique
des espèces menacées. Jusqu’à présent, l’expérience n’a pas été menée chez les ours polaires,
par contre cette méthode existe chez l’ours à collier (Ursus thibenatus). (92) Elle pourrait
donc être extrapolée à l’ours blanc.
9 Préparations préopératoires
Cette pratique nécessite une anesthésie générale de l’animal. L’animal est positionné en
décubitus dorsal, et la zone préputiale doit être rasée. Le pénis est lavé plusieurs fois avec de
la Vétédine solution* diluée, de l’eau chaude et une solution physiologique stérile saline. La
vessie est vidée par sondage. Une sonde dont le bout a été coupé afin d’en agrandir l’orifice,
est insérée dans l’urètre, à environ 10 cm de profondeur. Elle est laissée en place pendant
toute la durée de la manipulation, et son extrémité est recouverte par un tube à essai stérile (15
× 1000 mm) afin de récolter la semence. La sonde rectale utilisée est un tube en chlorure de
vinyle (20 × 500 mm) avec deux bagues en cuivre (8 mm de large), espacées de 20 mm l’une
de l’autre. (92)
9 Electroéjaculation
Les électrodes en cuivre sont connectées à un stimulateur électrique. La sonde est insérée de
12 à 21 cm dans le rectum et est positionnée de façon à être en contact avec la face dorsale du
rectum. La stimulation est comprise entre 1 et 10 V. Chaque stimulus dure 5 secondes, avec
une pause entre chaque de 10 secondes. Tant que l’éjaculation n’a pas eu lieu, on continue les
stimuli, avec une pause de 1 à 2 minutes entre chaque cycle de 20 stimuli. Si la quantité de
semence est trop faible, il faut continuer les stimuli. (92)
9 Examen de la semence et cryoconservation
Une fois la semence récoltée, il faut l’examiner et ensuite procéder à la cryoconservation qui
est la même que celle utilisée pour la semence des chiens avec quelques modifications.
¾ Analyse de la semence
L’apparence de la semence est analysée. La présence d’urine est déterminée par la couleur
du prélèvement (jaune). Le volume d’éjaculat est mesuré à l’aide d’une micropipette. La
concentration en spermatozoïdes est estimée avec un hémocytomètre. La mobilité des
spermatozoïdes est évaluée de manière subjective par observation au microscope (× 400) à
38°C, et est classée en 5 groupes :
- +++ : mobile avec une vitesse de progression rapide,
- ++ : mobile avec une vitesse de progression modérée,
- + : mobile avec une vitesse de progression lente,
- ± : mobile sans progression,
- - : immobile.
139
Chaque catégorie est représentée sous forme de pourcentage, et les résultats s’expriment en
pourcentage de spermatozoïdes ayant une mobilité de catégorie +++ (% +++ mobilité), ou
bien en % de mobilité.
La viabilité des spermatozoïdes est évaluée avec un colorant énergisant contenant de l’éosine
et de la nigrosine.
Les spermatozoïdes sont fixés avec un mélange à volume égal de 2 % de v/v glutaraldéhyde
dans 0,165 M de cacodylate/ HCl de sodium, à pH 7,3. Les échantillons sont fixés pendant 30
minutes à température ambiante, puis sont colorés pendant 2 heures par une solution de
Giemsa (7,5 % v/v de solution de Giemsa dans 5 mM de phosphate). On peut ainsi compter
au microscope (× 1000) les spermatozoïdes, et obtenir la proportion (%) de spermatozoïdes
morphologiquement anormaux. On détermine aussi par cette méthode la proportion (%) de
spermatozoïdes ayant un acrosome intact. (92)
¾ Cryoconservation
Les échantillons considérés comme étant fortement contaminés par de l’urine sont
centrifugés à 500 × g pendant 5 minutes, et le surnageant est retiré afin d’éliminer l’urine.
Ensuite, les spermatozoïdes sont remis dans une solution physiologique stérile saline.
L’échantillon de semence est dilué 2 à 4 fois à température ambiante dans une solution
constituée de jaune d’œuf, de citrate, de glucose et de TRIS, supplémentée avec 0,52 mg de
pénicilline et de potassium et 0,8 mg de streptomycine et de sulfate.
La semence ainsi diluée est placée dans un container en mousse, et refroidie progressivement
dans un container réfrigérant, pendant 30 à 60 minutes, durant le transfert de la semence de
jusqu’à un réfrigérateur (4°C).
La semence est alors amenée à un laboratoire, sous couvert du froid (4°C). Une seconde
solution à 4°C est alors ajoutée à l’échantillon à volume égal. Elle a la même composition que
la première solution avec en plus 16 v/v % de glycérol. La semence est alors immédiatement
transférée dans un récipient contenant de l’azote liquide. (92)
9 Conclusion
L’électroéjaculation est une méthode sûre et efficace pour collecter la semence, et elle est
reconnue chez plusieurs espèces de mammifères. Les échantillons obtenus peuvent également
servir à des analyses génétiques ou à tester la maturité sexuelle des mâles. La méthode n’a pas
encore été expérimentée chez les ours polaires. (92)
140
2) Insémination artificielle
L’insémination artificielle en captivité de l’ours polaire n’est pas très pratiquée en parcs
zoologiques. Elle consiste à déposer de la semence directement dans les voies génitales
femelles sans le coït. La première étape de cette technique est alors l’induction de l’ovulation
chez la femelle afin d’inséminer au moment le plus opportun.
Etant donné les difficultés rencontrées dans le domaine de la reproduction en captivité chez
l’ours polaire, le développement de cette technique dans cette espèce pourrait être très utile.
3) Fécondation in vitro
La fécondation in vitro est bien entendu un grand espoir pour la sauvegarde d’espèces en
voie de disparition. Cependant, on en est encore au stade des balbutiements.
L’utilisation de la maturation et de la fertilisation in vitro est limitée par le petit nombre
d’oocytes que l’on peut obtenir à partir des ovaires d’un cadavre. Malgré le grand nombre de
cellules souches contenues dans un ovaire de Mammifère, seulement quelques unes peuvent
être mises en culture et menées jusqu’au stade d’embryons à transférer.
Les femelles subissent des protocoles de superovulation en injectant des hormones plus
importantes que celles qui sont nécessaires, afin d’obtenir un nombre de follicules plus
important.
Cette technique offre l’opportunité de contrôler le facteur génétique des populations captives
en danger. Les spermatozoïdes et les ovules collectés peuvent provenir d’individus choisis
pour générer des embryons in vitro qui pourront alors être congelés si besoin.
Là encore, aucune donnée bibliographique n’a été publiée au sujet de l’ours polaire jusqu’à
présent, cependant cette méthode serait à développer dans l’espèce. (66) (92) (93)
141
QUATRIEME
PARTIE :
Etude
expérimentale de
la reproduction en
captivité
142
Cette dernière partie sera consacrée à une étude effectuée sur les trois parcs zoologiques
français détenant un ou des couples d’ours polaires. Aucun de ces trois parcs n’a réussi à
obtenir d’ourson vivant depuis presque 20 ans. Nous allons donc étudier le mode
d’élevage et les conditions de vie de ces ours dans ces trois parcs en essayant de souligner
les avantages puis les améliorations qui pourraient être effectuées au sein de chaque
structure.
I)
Au Safari de Peaugres
1) Les ours polaires du Safari de Peaugres
Le Safari de Peaugres est un parc zoologique qui a été fondé en 1974. Il détient 3 ours
polaires depuis l’année 2000, deux femelles et un mâle, situés dans le parc voiture.
a) Teddy
Teddy est une femelle ours polaire âgée de 24 ans. Elle est née le 3 Décembre 1980 en
captivité au Zoo de Cologne (Allemagne), et a été élevée par sa mère. Le 4 Octobre 1990, à
l’âge de 10 ans, elle est transférée au Parc Zoologique de Schwerin (Allemagne) ; puis en
1997, elle est transférée au Zoo de Münster, ensuite le 5 Novembre 1998, à l’âge de 18 ans,
elle est transférée au Zoo de Duisburg (Allemagne), puis revient au Zoo de Cologne. Enfin, en
Mars 1999, Teddy est transférée au Safari de Peaugres. Ces nombreux transferts ont été dus
au fait que c’est une ourse très craintive, systématiquement dominée et montrant de ce fait des
difficultés à s’adapter au lieu où elle était placée. Elle montrait un comportement très
stéréotypé, démarrant souvent après chaque interaction avec ses congénères. (41)
Figure 37 : Photo de Teddy dans son enclos extérieur au Safari de Peaugres.
143
Teddy a pour particularité d’être « claustrophobe ». Elle refuse d’être enfermée dans sa cage
de nuit. En effet, il a été observé que dès qu’elle est maintenue isolée dans un enclos intérieur,
elle commence à gratter frénétiquement le sol devant la porte et stéréotype. Elle a donc accès
libre entre sa cage de nuit et son pré-enclos durant la nuit.
Il a été observé plusieurs accouplements entre Teddy et les différents mâles avec lesquels
elle a cohabité, mais un seul a abouti à un ourson qu’elle a élevé, au Zoo de Schwerin.
b) Katinka
Katinka est une femelle ours polaire âgée de 16 ans. Elle est née le 27 Novembre 1988 en
captivité au Zoo de Rostock, et a été élevée à la main. Elle a été transférée au Safari de
Peaugres le 29 Mars 1999, à l’âge de 10 ans. C’est une ourse active et de tempérament joueur
et curieux.
Katinka n’a jamais eu d’ourson.
Figure 38 : Photo de Katinka dans son enclos extérieur au Safari de Peaugres.
c) Johnny
Johnny est un mâle ours polaire, âgé de 14 ans. Il est né le 5 Décembre 1990, au Zoo de
Tolédo. Il a été prêté par le Zoo de Vincennes pour la reproduction. Il a été transféré au Safari
de Peaugres le 17 Mars 2000.
144
Figure 39 : Photo de Johnny dans l’enclos extérieur du Safari de Peaugres.
d) Relations entre les ours
D’une manière générale, les trois ours cohabitent sans difficulté. La mise en contact de
Teddy et Katinka s’est faite en Mars 1999, et la mise en contact des deux femelles avec le
mâle s’est faite en Mars 2000.
Figure 40 : Photo
des trois ours
polaires du Safari
de Peaugres.
145
D’un point de vue hiérarchique, Teddy domine les deux autres individus, et Johnny ne
s’intéresse qu’à Teddy pendant la saison de reproduction. En effet, il n’y a jamais eu
d’accouplements observés entre Katinka et Johnny. (20) (41)
2) Conception d’un nouveau type d’enclos unique en Europe
Le Safari de Peaugres est le seul parc en France et l’un des rares parcs en Europe à avoir un
enclos « idéal » et adapté aux ours polaires.
Le Safari de Peaugres est un parc se divisant en deux parties, le parc à pied et le parc voiture
qui se visite en voiture, et dans lequel les animaux sont en semi-liberté. Celui-ci est divisé en
quatre ailes. Les ours polaires se trouvent dans le parc voiture, dans l’aile où se trouvent les
ours baribals et les bisons, desquels ils sont séparés par une clôture électrique.
a) Description de la maison
9 Climat intérieur
La maison est entièrement faite de béton, et est recouverte à l’extérieur par du bois.
L’isolation thermique fournie par le béton est relativement faible, mais elle est renforcée par
le bois, qui assure une relative fraîcheur pendant l’été. Le béton ayant tendance à garder
l’humidité à l’intérieur du bâtiment, la ventilation a été renforcée par de larges fenêtres du
côté soigneur et par des orifices aux sol et en hauteur, permettant une bonne circulation de
l’air. La ventilation passive a donc été privilégiée au détriment d’une ventilation active dont le
bruit aurait pu gêner les animaux.
Les sols sont également en béton, afin de faciliter le nettoyage du bâtiment. Une pente au sol
assure le drainage de l’eau et de l’urine vers une rigole menant à l’évacuation.
9 Equipement intérieur
Afin de subvenir aux besoins hydriques des animaux, des abreuvoirs fixés au sol et
facilement accessibles pour le remplissage ont été disposés dans chaque cage de nuit.
A l’intérieur de la tanière de Teddy et de celle de Katinka, il y a une « niche » en bois dans
laquelle est disposée de la paille, renouvelée régulièrement.
9 Aspects pratiques
Les dimensions des cages et des portes permettent de transporter facilement des équipements
et permettent aux soigneurs de travailler confortablement.
La zone réservée aux soigneurs est de 2 mètres de large, ce qui permet de faire des
mouvements à bonne distance de sécurité des cages.
Toutes les cages sont accessibles directement à partir de la zone soigneur, par des portes
sécurisées par des verrous, afin d’en empêcher l’ouverture par les animaux. Chaque porte se
ferme par deux verrous à double tours, en haut et en bas de la porte.
146
Les cages de nuit sont séparées de la zone soigneur par des barreaux de 2 cm de diamètre.
Les espaces entre les barreaux mesurent 5 cm, ce qui est assez restreint pour que les ours ne
puissent pas passer leurs pattes à travers, et assure ainsi la sécurité des soigneurs.
Figure 42 : Photo du système de verrouillage des
portes.
Figure 41 : Photo de la porte d’une
cage de nuit donnant sur le couloir soigneur.
9 Nombre et dimensions des cages intérieures
Le bâtiment des ours polaires comprend trois cages de nuits indépendantes. Deux de ces
cages de nuit sont destinées aux femelles et sont chacune équipée d’une tanière de maternité.
L’autre cage de nuit est destinée au mâle.
La tanière de mise bas de chaque femelle mesure 5 m de long sur 3,50 m de large, avec une
hauteur de plafond de 3 m. Les tanières de maternité sont disposées aux deux extrémités du
bâtiment. Des trappes pleines ont été installées entre la tanière de mise bas et la cage de nuit
correspondante. Une porte en bois sépare le couloir côté tanière de mise bas du reste du
couloir soigneur. Ainsi, la tanière de mise bas est totalement isolable du reste de la maison.
Une fenêtre a néanmoins été prévue au niveau du couloir soigneur, ce qui permet une certaine
aération de la tanière, évitant l’accumulation d’humidité.
Les cinq cages sont toutes reliées entre elles par l’intermédiaire de trappes. La plupart de ces
trappes sont doublées, c’est-à-dire qu’il y a en réalité deux trappes, une en barreaux, l’autre en
plein. Ainsi, les animaux peuvent être totalement isolés ou en contact visuel. Les trois cages
de nuit ont un accès vers l’extérieur ; il y a une trappe par cage de nuit donnant dans les préenclos.
Entre les cages 2 et 3 se trouve un couloir permettant l’accès aux soigneurs vers les enclos
extérieurs.
Les cages de nuit des femelles ont les mêmes dimensions que les tanières de mise bas. La
cage de nuit du mâle est trapézoïdale, de surface un peu plus grande que celle des femelles.
147
Figure 43 : Plan du bâtiment des ours polaires du Safari de Peaugres (41)
b) Description des pré-enclos
9 Fonction de ces pré-enclos
Les trois cages de nuit donnent sur deux pré-enclos. Ces pré-enclos ont plusieurs rôles dans
le cas de l’arrivée d’un nouvel individu:
- les pré-enclos permettent à ce dernier de se familiariser à son nouvel environnement,
- ils permettent également la mise en contact progressive des animaux,
- ils permettent de faire découvrir l’électricité,
- ils ont enfin un rôle dans la reproduction.
Ces clôtures sont électrifiées, mais elles ont été également conçues de manière à être assez
solides pour résister, même sans électricité, à un ours qui chargerait.
Dans le cas de Teddy, ils permettent de lui laisser un accès libre à l’extérieur la nuit, tout en
laissant l’enclos libre pour les soigneurs (nettoyage, enrichissement). En cas de travaux dans
l’enclos extérieur, les animaux pourront être amené à y séjourner. Il en est de même en cas de
reproduction, afin de séparer le mâle de la femelle avec ses oursons.
9 Réalisation pratique
Les deux pré-enclos font immédiatement suite à la maison. Le premier pré-enclos est
accessible à partir de la cage 2 (cage de nuit de Teddy) ; il a une superficie de 300 m². Le
deuxième pré-enclos est accessible par les cages 3 et 4 (cages de nuit de Johnny et de
Katinka) ; il a une superficie de 225 m². Le sol est naturel, c’est de l’herbe.
Ces deux pré-enclos sont entourés par un grillage à maille rigide soudée (10 × 5 cm),
électrifié, surmonté de quatre fils électriques. La clôture a une hauteur totale de 3,5 m. De part
et d’autre de la clôture, un grillage rigide, enterré, empêche les animaux de creuser et ainsi de
148
pouvoir s’échapper. Le grillage est ancré dans le sol par du béton et est en plus soutenu par un
muret en béton. Ceci confère à la clôture une très grande résistance et une bonne solidité.
Le grillage est également électrifié et un ruban blanc borde la clôture. Les animaux
identifient ainsi le ruban comme source de choc électrique. L’utilisation de ce même ruban sur
la clôture de l’enclos évitera par la suite que les animaux ne s’approchent de cette deuxième
clôture, beaucoup plus fragile.
Les deux pré-enclos sont réunis par une trappe électrifiée de 2 m de large. Des trappes
identiques permettent un accès de chaque pré-enclos vers son enclos correspondant.
Figure 44 : Schéma de profil de la clôture électrique des pré-enclos. (42)
c) Description des enclos
9 Rôle de ces enclos
Il n’y a en réalité qu’un seul enclos qui peut être divisé en deux par une clôture. C’est le lieu
de vie des ours durant la journée. Il doit répondre à plusieurs critères :
- il doit subvenir aux besoins physiologiques des ours (piscine, enrichissements, espace,
barrières naturelles…)
- la clôture et l’organisation de l’enclos doivent permettre une bonne visibilité aux
visiteurs en voiture.
Cet enclos est en quelque sorte « révolutionnaire » par rapport aux enclos classiques de
petite taille et limités par des fosses en béton. La nécessité de lutter en permanence contre la
force et l’intelligence des ours polaires peut être contrecarrée par l’utilisation de barrières
psychologiques, ici, la clôture électrique. Lorsque l’ours touche la clôture, il reçoit une
149
décharge sévère mais non invalidante. Le circuit électrique est soumis à une tension de 5500
volts. Cependant, il faut savoir que les ours testent régulièrement la clôture, c’est la raison
pour laquelle un système d’alarme en cas d’interruption du courant (ou si la tension est
inférieure à 2 kV) ainsi qu’une deuxième alimentation ont été prévus. La source de courant est
au minimum de 8 joules. De plus, l’état de la clôture et son bon fonctionnement électrique
sont vérifiés chaque jour.
Des grillages au sol enterrés ont aussi été prévus le long de la clôture, et ce pour plusieurs
raisons :
- augmenter la conductivité lors d’un choc électrique, les ours étant alors en contact avec
le métal conducteur,
- réussir à dissuader les ours d’approcher cette zone
- empêcher les ours de creuser à proximité de la clôture. (41)
9 Réalisation pratique
Les ours disposent d’un grand enclos extérieur divisé en deux par un portail électrique de 4
mètres de large. Il est situé dans l’aile où cohabitent les ours baribals et les bisons. Il s’étale
sur 1,3 hectares et est constitué de forêt naturelle, dont le sol n’a pas été traité ou aménagé. Il
s’agit du premier enclos naturel accueillant des ours polaires en Europe.
La clôture a été élaborée selon le modèle utilisé pour des ours bruns en Norvège (72). Elle
est constituée d’un grillage lâche de maille 10 × 10 cm dans sa partie la plus lâche, la taille
des mailles diminuant vers le bas. Ce grillage de 1,65 m de haut, est surmonté par quatre fils
électriques. La hauteur totale du dispositif est de 2,50 m. Sur toute sa portion bordant la route,
la clôture prend racine le long d’un fossé de 1 m de profondeur, ce qui donne un meilleur
champ de vision aux visiteurs.
Les branches et arbres situés à proximité des clôtures ont été coupés afin que leur chute
éventuelle ne détériore pas le dispositif. L’aile dans laquelle se trouvent les bisons et les ours
noirs est elle-même entourée par un mur en béton de 2,5 m de haut, surmonté par quatre fils
électriques sur une hauteur de 1 m.
Les fils des clôtures sont organisés comme suit : deux d’entre eux sont reliés au circuit
électrique, les deux autres sont reliés à la masse.
Figure 45 : Schéma de profil de la clôture électrique de l’enclos principal. (42)
150
L’enclos de gauche, appelé aussi enclos 1, est équipé d’une piscine de 20 m de long sur 10 m
de large. Cette piscine est située le long de la route afin que les visiteurs puissent observer les
ours depuis leur véhicule. Un deuxième bassin est situé dans l’enclos 2, en cas de nécessité de
séparation des individus.
Les enclos sont accessibles aux soigneurs à partir de l’extérieur, grâce à une trappe de 4 m
de large, permettant la circulation de véhicules nécessaires à l’entretien de l’enclos. (41)
3) Les enrichissements effectués pour les ours polaires
a) Les différents types d’enrichissements
9 L’importance de la diversité et des innovations en matière
d’enrichissements
Le Safari de Peaugres a beaucoup développé ses enrichissements. Les ours polaires sont des
animaux qui ont une grande tendance à stéréotyper, et qu’il est difficile de divertir. En effet,
ils se lassent très vite des enrichissements qu’on leur fournit, d’où la nécessité de disposer
d’un grand panel d’enrichissements. Il faut pour cela inventer régulièrement de nouveaux
jeux, changer les endroits où l’on dissimule de la nourriture, changer les endroits où l’on a
suspendu des jeux, changer les odeurs, les saveurs, etc…
9 Les jeux
-
seau badigeonné de miel,
pneu avec ou sans nourriture à l’intérieur, suspendu à un arbre,
vieux vêtements rembourrés de paille ou de feuilles mortes à l’intérieur et garnis de
nourriture (noix, raisins secs, etc…) ou de sang de poissons,
annuaire,
bouteille en plastique ou bidon remplis de nourriture (morceaux de fruits, chocolat),
boîte en carton avec ou sans nourriture à l’intérieur,
morceau de bambou rempli de confiture ou de sirop d’érable,
ballon,
bûche percée avec de la nourriture dans les trous,
cône de signalisation,
boîte à œufs avec confiture, mayonnaise, cacahuètes, croquettes ou miel à l’intérieur, le
tout enroulé dans du papier,
troncs, bûches,
bidon suspendu au-dessus d’un bassin,
bidons percés de 6 trous avec nourriture à l’intérieur.
9 Les goûters
Un premier goûter est donné en fin de matinée, vers 11 h. Il s’agit de glaçons dans lesquels
se trouve du sang de poissons, des maquereaux, des croquettes, des fruits, des légumes, des
biscottes et du sirop de grenadine. Ils sont jetés aux ours dans leur enclos extérieur.
En début d’après-midi, vers 14 h, des poissons type maquereaux et harengs leur sont jetés
également. De même vers 16 h.
151
9 L’exploration
Voici les enrichissements utilisés pour stimuler le comportement d’exploration :
- confiture, miel ou nutella sur les troncs d’arbre,
- cacahuètes, noix, raisins secs, croquettes dissimulés dans l’enclos et dans les arbres,
- odeurs imprégnées sur du tissu ou mises à divers endroits du pré-enclos (arômes
d’orange, de citron, de café, ou parfum),
- épices : curry, muscade, clous de girofles, cannelle, etc…,
- peaux de moutons ou de chèvres suspendues,
- œufs d’autruche,
- crottins, fumier éparpillés dans l’enclos,
- cendres,
- yaourts,
- poissons vivants disposés dans les bassins,
- radeau dans un bassin.
b) La fréquence des enrichissements
Le soigneur effectue 3 à 4 enrichissements par jour pour les ours polaires. Tout d’abord, le
matin quand les ours sont encore dans leurs cages de nuit, le soigneur dissimule de la
nourriture dans l’enclos extérieur, dispose de nouveaux jeux (pneus, bidons, bûches, sacs…),
change de place d’anciens jeux, et pulvérise des odeurs sur des supports.
Ensuite, vers 11 h, les animaliers jettent aux ours des glaçons remplis de nourriture.
Enfin, en début d’après-midi, vers 14 h, pendant le nourrissage des ours baribals, puis à 16 h
les soigneurs lancent des poissons aux ours blancs.
c) Les résultats observés
Les ours polaires du Safari de Peaugres ont assez peu de comportements de stéréotypie par
rapport aux autres ours polaires que j’ai pu observer en France. Ceci est dû au fait que leur
enclos extérieur répond assez bien à leurs besoins physiologiques, et qu’il y a un gros travail
effectué sur l’amélioration des enrichissements.
152
Figure 46 : Schéma montrant les zones de stéréotypie des ours polaires au Safari de Peaugres. (20)
En effet, les soigneurs introduisent régulièrement de nouveaux enrichissements alimentaires,
afin de cibler les goûts de chacun des ours, ce qui permet une adaptation individuelle des
enrichissements. Pour cela, les soigneurs dressent un tableau dans lequel sont précisés les
différents aliments que les ours apprécient ou non.
ALIMENTS
Avocat
Purée d’avocat
Tomate
Courgette
Potiron
Radis
Aubergine
Endive
Betterave cuite
Oignon
Concombre
Poireau
Navet rave
Pamplemousse
Mandarine
Ananas
Mangue
Noix de coco
KATINKA
non
oui
non
oui
non
non
non
non
non
non
non
non
non
oui
oui
non
non
oui
JOHNNY
oui
oui
non
non
non
non
non
non
oui
non
non
non
non
oui
oui
non
non
oui
TEDDY
non
oui
non
non
non
non
non
non
oui
non
non
non
non
non
non
non
non
oui
153
Melon
Poisson
Viande
Raisin
Asperge
Pêche
Cassis
Framboise
Riz
Carotte
Banane
non
oui
oui
oui
non
non
oui
non
non
oui
non
non
oui
oui
oui
oui
non
oui
non
non
non
non
non
oui
oui
non
non
non
non
non
non
oui
non
Tableau 13 : Tableau résumant les aliments appréciés ou non par les ours polaires, effectué par les
soigneurs.
Il en est de même pour les jeux. Les soigneurs introduisent régulièrement de nouveaux
objets ludiques dans l’enclos extérieur et observent ensuite le comportement des ours face à
cette nouvelle situation. Cela leur permet d’adapter leurs enrichissements. Une étude sur le
comportement des ours polaires a été effectuée et un tableau résumant le comportement des
ours polaires face à différents enrichissements a été dressé. Voici quelques exemples
d’enrichissements testés.
Objets d’enrichissement
« Tube diffuseur »
Gros glaçon suspendu
(avec fruits, croquettes,
viande, poissons, parfum)
Pneu de voiture
« Conteneur diffuseur »
Sac en toile de jute
suspendu avec contenant
Bûche de bois suspendue à
un élastique
Plaque de polystyrène
Petit glaçon (avec fruits,
croquettes, parfum)
Temps
de Durée de Remarques
découverte
l’intérêt
Assez rapide 2 à 6 h
Très intéressant car il diffuse
l’odeur des aliments et laisse sortir
la nourriture petit à petit, ce qui
demande beaucoup d’efforts aux
ours.
Moyen
4-5 h
Très intéressant car il dure
longtemps et diffuse les aliments
très lentement. De plus, les ours le
font balancer.
Moyen
1h
C’est aussi un jeu aquatique. Les
ours le jettent en hauteur.
Assez rapide 30 min à 1 Aussi intéressant que le tube, mais
h
étant suspendu, les ours sont moins
libres pour le manipuler donc ils
s’en désintéressent plus vite.
Rapide
30 min à 1 Mordent, griffent, tirent dessus. Il
h
faut que le sac soit odorant pour
être attractif.
Moyen
30 à 40 Efficace.
min
Moyen
30 min
Ils peuvent griffer, mais il y a
beaucoup trop de déchets après
utilisation.
Lent
30 min
Grand intérêt, mais il fond trop
vite.
154
Bidon plastique (aliment Assez rapide
ou graviers à l’intérieur)
Cône de signalisation
Moyen
Annuaire
téléphonique Assez rapide
avec parfums et épices
dans les pages
Gros ballon
Assez rapide
Gros glaçon seul (sans Moyen
nourriture)
Laine de dromadaire
Moyen
Palette suspendue
Rapide
Cendres de bois
Rapide
Œuf d’autruche
Moyen
Ruban coloré tendu d’arbre Rapide
en arbre à 50 cm de
hauteur
Carton suspendu
Rapide
Bûche de bois au sol
Lent
Musique (radio) émise à Très rapide
certains
moments
(programmateur)
20 à
min
30 Principal jeu dans la piscine. Le
bruit émis par le contenant du
bidon est très important. Le
problème est la fragilité des
bidons.
20 à 30 Jeu avec dans la piscine. Mauvaise
min
résistance
20 min
Déchirent les pages avec leurs
dents. Le problème : trop de
déchets après utilisation.
15 à 20 Excellent jeu, aussi bien terrestre
min
qu’aquatique, mais pas solide.
10 à 15 Intéresse moins les ours car ils
min
comprennent vite qu’il n’y a rien à
manger. C’est le balancier qui les
attire.
10 à 15 Ils se roulent dedans, reniflent et
min
griffent.
10 min
C’est surtout un objet qui les
intrigue du fait de sa grande
surface. Mais pas de jeu avec.
10 min
C’est l’odeur qui les intéresse,
mais aussi la fumée qui s’en
dégage quand ils sautent dessus.
5 min
Ils sautent dessus pour le casser,
puis le mangent.
5 min
Ils sont intrigués au début, puis
cassent tout assez vite.
1 à 2 min
1 à 2 min
Quelques
secondes
C’est surtout un stimulus visuel.
Intéressant quand il y a du vent.
Peu d’intérêt, sauf peut-être dans
les cages de nuit car ils font leurs
griffes dessus.
C’est l’effet de surprise qui les fait
réagir. Ils ne s’attendent jamais au
démarrage de la musique.
Tableau 14 : Tableau mesurant l’efficacité des objets d’enrichissement du milieu. (20)
4) L’alimentation
a) Les composants alimentaires
La ration des ours polaires au Safari de Peaugres comprend :
- des poissons : maquereaux,
- de la viande : du bœuf ou des poulets,
- des fruits : pommes, poires et fruits de la saison,
155
-
des légumes : carottes, salade,
du pain,
des compléments carnivore : 100 g de Supplément Ours Polaire SDS*, et 100 g de
Biotine*. Il s’agit d’un cocktail de vitamines qui sont mélangées à du miel, de la
confiture, de la mayonnaise, du ketchup ou de l’huile de foie de morue, et étalées dans
du pain.
b) Les variations de quantité suivant la saison et l’individu
Les ours polaires sont des animaux qui ont un appétit saisonnier, du fait de leur adaptation à
leur environnement arctique. C’est la raison pour laquelle leur régime alimentaire est adapté à
leur appétit physiologique. Leur régime alimentaire est donc augmenté au printemps et au
début de l’été, puis est amoindri en automne et en hiver.
De plus, le mâle mange plus que les femelles, du fait de sa taille plus importante. Le régime
est donc également adapté à chaque individu. Voici un tableau montrant les variations de
régime carnivore de chaque ours.
Mois
Maquereaux
(nombre)
Viande
(kg) Viande
(kg) Croquettes
pour Johnny
pour Teddy ou chien (g) (2
fois/semaine à la
Katinka
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
20
20
25
25
35
40
40
35
25
25
20
20
2
2
4
6
6
8
8
6
4
2
2
2
place de la viande)
2
2
3
4
4
5
5
4
3
2
2
2
300
300
1500
1500
1500
1500
1500
1500
1500
300
300
300
Tableau 15 : Tableau établi par les soigneurs, montrant les variations saisonnières et individuelles dans le
régime alimentaire carnivore des ours polaires.
156
Il en est de même pour la partie herbivore du régime.
De Mars à Septembre
Pain (nbre)
Pommes (nbre)
Poires (nbre)
Carottes (kg)
Salade (nbre)
D’Octobre à Février
Pains (nbre)
Pommes (nbre)
Poires (nbre)
Carottes (kg)
Salade (nbre)
Johnny
1
14
14
14
0,5
1
Teddy
1
6
6
6
1,5
1
Katinka
1
10
10
10
1
1
1
3
3
0,25
1
1
1
1
0,75
1
1
2
2
0,5
1
Tableau 16 : Tableau établi par les soigneurs, montrant les variations saisonnières et individuelles dans
le régime alimentaire herbivore des ours polaires.
c) L’appétit capricieux des ours polaires de Peaugres
9 En fonction de l’individu
On a vu que le régime alimentaire de chaque individu était adapté en quantité, les mâles
ayant plus de besoins que les femelles plus petites. Mais il faut aussi adapter ce régime au
goût de chacun, c’est-à-dire en qualité. En effet, certains aliments sont acceptés par certains
individus mais refusés par d’autres. Pour cela, les soigneurs introduisent régulièrement de
nouveaux aliments, afin de tester le goût des ours, et reportent cela dans un tableau (voir
tableau enrichissements alimentaires).
Poulet
Dinde
Dindonneau
Porc
Bison
Agrumes
Têtes de poissons
Katinka
non
non
non
non
non
oui
oui
Teddy
oui
non
non
oui
non
non
non si pas faim
Johnny
oui
oui
oui
oui
oui
non
oui
Tableau 17 : Aliments appréciés ou non par chacun des ours polaires.
9 En fonction de la saison de reproduction
Les ours perdent l’appétit durant la saison de reproduction, qui a lieu assez tôt au Safari de
Peaugres, c’est-à-dire durant les mois de Janvier, Février ou Mars. Leur appétit augmente
ensuite, à partir des mois d’Avril et de Mai. On observe ensuite à nouveau une perte d’appétit
à la fin de l’automne et de l’hiver, ce qui pourrait correspondre chez les femelles, au jeûne de
gestation lors de l’hibernation.
157
5) La reproduction au Safari de Peaugres
a) Pendant la saison des amours
La saison de reproduction à Peaugres s’étale du mois de Janvier au mois de Mars suivant les
années. Chaque année, des accouplements ont été observés entre Johnny et Teddy, ce qui
signifie que Teddy a bien ses chaleurs annuelles. Par contre, Johnny ne s’est pour l’instant
jamais intéressé à Katinka, et on suppose que celle-ci n’a pas de chaleurs.
Voici les observations rapportées par les soigneurs durant l’année 2004 :
- 3/01/04 : début de la saison de reproduction. Johnny suit Teddy partout dans l’enclos
extérieur.
- 4 et 5/01/04 : Johnny refuse de rentrer le soir et reste dans son pré-enclos.
- 13, 22, 29/01 et du 9 au 18/02/04 : Johnny refuse de rentrer le soir et reste devant le
portail de Teddy.
- 20/02/04 : Katinka stéréotype depuis plusieurs jours.
- Du 25/02 au 2/03/04: Johnny refuse de rentrer et reste devant le pré-enclos de Teddy.
- 4/03/04 : Teddy et Katinka stéréotypent. Johnny suit Teddy partout et refuse de rentrer
le soir dans sa cage de nuit.
- 5/03/04 : Johnny reste dans son pré-enclos le soir et refuse de rentrer.
- Du 6 au 9/03/04 : Johnny et Teddy refusent de rentrer dans leurs cages de nuit
respectives.
- 10/03/04 : Johnny et Teddy sont vus dans la cage de nuit de Johnny le soir, au moment
de la rentrée des ours. Puis Teddy rejoint son pré-enclos ; Johnny semble alors très
énervé.
- 12 et 13/03/04 : Johnny refuse de rentrer dans sa cage de nuit le soir et reste dans son
pré-enclos.
- 14/03/04 : Johnny et Teddy restent dans le pré-enclos de Johnny le soir et refusent de
rentrer.
- 19 et 20/03/04 : Accouplements observés entre Teddy et Johnny.
- 21/03/04 : Johnny et Teddy ne rentrent pas.
- 22/03/04 : Johnny ne s’intéresse plus à Teddy ; il ne la suit plus.
Ces observations nous montrent donc que durant l’année 2004, Teddy a bien eu ses chaleurs,
et que la saison de reproduction s’est étalée du 3/01/04 au 21/03/04, soit pendant 2,5 mois,
avec une période d’accouplement, donc de réceptivité de la femelle de quelques jours
seulement. Le 22/03/04 marque la fin de la saison de reproduction. On remarque qu’à aucun
moment, Johnny ne s’est intéressé à Katinka.
b) Comportement d’hibernation
Aucune des deux ourses n’a jamais hiberné au Safari de Peaugres. Cependant, Teddy a eu
des comportements laissant à penser qu’elle préparait un nid. Voici les observations des
soigneurs durant l’année 2004 :
-
11/03/04 : Teddy a ramené une bûche et du feuillage dans sa cage de nuit.
14/03/04 : Teddy ramène à nouveau une bûche et des feuillages dans sa cage de nuit.
16/10/04 : Teddy ramène de l’herbe dans sa cage de nuit.
158
-
25/10/04 : Un soigneur répartit de la paille dans la caisse en bois située dans la tanière
de mise bas de Teddy.
27/10/04 : Teddy ramène de la paille provenant de sa tanière dans sa cage de nuit.
5 et 6/11/04 : Teddy a dormi dans sa caisse de mise bas.
20/11/04 : Teddy a dormi dans sa caisse de mise bas.
27/11/04 : idem.
On voit donc que Teddy semble préparer un nid, comme le ferait une femelle gestante, et
qu’elle dort dans sa caisse de mise bas durant le mois de Novembre, période correspondant au
début de l’hibernation des femelles ourses polaires. Cependant, au mois de Décembre, ces
comportements n’ont plus été observés.
c) La gestation et la mise bas
Depuis que le Safari de Peaugres détient des ours polaires, il n’y a jamais eu de naissance
d’oursons. Cependant, cette année, Teddy a été observée, après la saison de reproduction,
avec des saignements au niveau vaginal. L’une des hypothèses serait celle d’un avortement.
Voici les observations que j’ai pu faire :
- 5/05/04 : Teddy a des écoulements sanguinolents au niveau de l’arrière train.
- 9/08/04 : idem
- 31/08/04 : idem
- 20/10/04 : idem
- 2/11/04 : idem
- 4/11/04 : idem
Figure 47 : Photo montrant les pertes sanguines de Teddy.
On remarque que les pertes sanguinolentes de Teddy s’étalent du mois de Mai au mois de
Novembre, donc l’hypothèse de l’avortement peut être écartée, car dans ce cas là, les pertes
n’auraient été observées que sur un ou deux jours.
159
6) Pourquoi est-ce un échec ?
a) Les facteurs en faveur de la reproduction
9 L’enclos
Le Safari de Peaugres, des trois parcs zoologiques inclus dans mon étude, est celui qui offre
aux ours polaires l’environnement le mieux adapté à leur comportement et à leur physiologie,
grâce à la taille et la structure de l’enclos extérieur et des bâtiments. En effet, l’enclos
extérieur est fait en substrat naturel, il s’étend sur 2,3 hectares, il peut être divisé en deux, il a
deux bassins et il possède des barrières visuelles.
L’enclos extérieur des ours polaires semble donc réunir beaucoup de facteurs propices à la
reproduction et au bien-être de ses locataires. Cependant, pour améliorer encore ces
conditions, il faudrait que la future femelle gestante puisse avoir accès à un enclos extérieur
totalement isolé de celui où se trouve le mâle, sans que celui-ci puisse la voir et la perturber.
Cet enclos devrait être adapté aux oursons et contenir un bassin.
9 L’enrichissement
Une fois encore, le Safari de Peaugres est le parc qui offre la plus grande diversité et quantité
d’enrichissements aux ours polaires. En effet, les soigneurs effectuent quatre enrichissements
quotidiens répartis dans la journée. Ils induisent ainsi le comportement de jeu, de
manipulation, de fouille, de locomotion et de chasse.
9 Les tanières
Le bâtiment des ours polaires a l’avantage d’offrir à chaque femelle une cage de nuit et une
tanière de mise bas avec un nid en bois à l’intérieur. Chaque tanière de mise bas a une surface
de 17,5 m² et une hauteur de plafond de 3 m ; le volume de ces tanières est trop grand, car
dans le cas d’une gestation, la chaleur de la femelle ne suffira pas à maintenir une température
correcte dans l’habitation. C’est la raison pour laquelle une caisse en bois a été disposée dans
chaque tanière de mise bas. De la paille et des feuillages sont mis à l’intérieur pendant la
saison d’hibernation. Ces nids font environ 3 m² et pourront ainsi conserver la chaleur de la
femelle en cas d’hibernation.
Cependant, les deux tanières de mise bas n’ont pas une bonne isolation sonore. En effet,
elles se trouvent dans le même bâtiment que celui des cages de nuit, et une éventuelle femelle
gestante serait donc gênée par les odeurs et les bruits du reste du bâtiment. Pour cela, il
faudrait insonoriser les tanières de mise bas.
b) Les facteurs empêchant la reproduction
9 Les examens complémentaires effectués
Etant donné que depuis l’arrivée des ours polaires au Safari de Peaugres, aucun ourson n’est
encore né malgré des conditions de vie adaptées au maximum aux ours, il a été décidé par le
vétérinaire de faire des examens complémentaires sur les deux femelles, afin de voir s’il ne
s’agissait pas d’un problème physiologique.
160
Ainsi, le 28 novembre 2004, Katinka a été anesthésiée à l’aide d’une seringue
hypodermique, avec un mélange de Zalopine* et de Zolétil*, puis a été réveillée après la
manipulation avec de l’ Antisédan*. De même pour Teddy qui a été anesthésiée avec le même
mélange, mais avec plus de difficulté (voir annexe).
Seringues
hypodermiques
Figure 48 : Photo de l’anesthésie difficile de Teddy.
-
L’échographie abdominale
Trois vétérinaires sont venus en renfort pour examiner les ourses : Thierry Petit du Zoo de
La Palmyre, Nadia Robert de la Faculté vétérinaire de Bern, et Christian Walzer de la Faculté
Vétérinaire de Salzburg.
L’échographie abdominale avait pour but de détecter une éventuelle pathologie ou
malformation à l’utérus. Cependant l’échographie de Katinka n’a rien révélé et celle de Teddy
non plus.
Vessie
Figure 49 : Echographie
abdominale de Teddy.
161
-
Les écouvillons vaginaux
L’écouvillon vaginal a été effectué car d’une part on suspectait un herpes vaginal qui aurait
pu être transmis par le mâle Johnny, et d’autre part on voulait faire un examen
bactériologique. La bactériologie est revenue négative, et aucun herpesvirus n’a été trouvé
non plus.
Figure 50: Ecouvillonnage vaginal.
Il a été observé que les deux femelles avait une vulvo-vaginite, celle de Teddy étant la plus
prononcée. Il en a été déduit que cette pathologie était à l’origine de ses pertes vulvaires. Une
biopsie vulvaire a été pratiquée sur Teddy et envoyée dans un laboratoire
d’anatomopathologie à Bern. Il a ainsi été diagnostiqué une dermatite chronique des plis
périvulvaires (annexe 2).
Figure 51 : Vulvo-vaginite de Teddy.
162
Suite à ce diagnostic, les deux femelles ourses polaires ont reçu un traitement antibiotique
par voie orale : Therios*, c’est de la céfalexine, à raison de 15 mg/kg, pendant 21 jours. Les
comprimés ont été écrasés, puis mélangés à du miel et dissimulés dans des poissons pour que
les deux ourses prennent leur traitement sans difficulté.
9 L’âge
Paradoxalement, c’est Teddy qui a des chaleurs et qui s’accouple avec Johnny, alors qu’elle
est la plus vieille des deux femelles. En effet, elle a 24 ans, ce qui est un âge avancé pour une
ourse polaire ; elle devient donc trop vieille pour la reproduction.
Par contre, Katinka n’a jamais été vue en chaleur et ne s’accouple pas avec le mâle, alors
qu’elle a 16 ans ; pourtant elle est dans la tranche d’âge idéale pour procréer.
9 La domination de Teddy sur Katinka
Il existe une hiérarchie entre les deux femelles. Teddy qui jusque là avait toujours été la
femelle soumise dans les autres zoos où elle a vécu, s’avère être ici la dominante. Il serait
possible que cette hiérarchie inhibe les chaleurs de Katinka, d’autant plus que les ours
polaires ne sont habituellement pas des animaux qui vivent en groupements sociaux. Le stress
infligé par ce groupement social forcé pourrait donc expliquer les troubles de la reproduction
de Katinka.
Il serait donc judicieux de séparer Teddy des deux autres ours pendant la saison de
reproduction, voire définitivement, afin de voir si le fait que Katinka se retrouve seule avec le
mâle suffise à déclencher des chaleurs. Le problème est que pour cela, il faudrait un autre
enclos pour Teddy dans un endroit du parc isolé des deux autres ours polaires, afin qu’il n’y
ait ni contact visuel, ni contact olfactif entre Teddy et les deux autres animaux. Ceci implique
la construction d’un nouvel enclos, ce qui représenterait des frais conséquents.
163
II) Etude expérimentale de la reproduction des ours
polaires au Zoo de La Palmyre et au Parc
Zoologique et Botanique de Mulhouse
1) Objectif
Je suis allée au Zoo de La Palmyre pour une période de deux semaines, du 14 au 28 Février
2005, au début de la saison de reproduction, afin de faire une étude sur les conditions de
captivité des ours polaires. Je suis ensuite allée au Zoo de Mulhouse durant deux semaines
également, du 11 au 23 Avril 2005, dans le même but.
2) Les conditions de vie des ours dans ces deux parcs
a) Population
9 Ours du Zoo de La Palmyre
o Les ours actuels
Le Zoo de La Palmyre détient deux ours polaires. Un mâle, nommé Yourk, né le 13 Janvier
1988 en Hollande dans le parc zoologique Jabria ; il a été transféré à La Palmyre le 5
Novembre 1988 ; il a donc 16 ans.
Figure 52 : Photo de Yourk, mâle ours polaire du Zoo de La Palmyre.
164
Le deuxième ours est une femelle nommée Tania ; elle est issue d’une capture sauvage à
Churchill, au Canada. Elle est arrivée à La Palmyre le 10 Novembre 1995 ; elle a donc
environ 9 ans.
Figure 53 : Photo de Tania, femelle ourse polaire du Zoo de La Palmyre.
o Le déplacement des ours
Les ours sont séparés dans deux enclos différents, à deux endroits dans le parc, en dehors de
la saison de reproduction, c’est-à-dire de Septembre à Février. En Février, l’ours se trouvant
dans l’ancien enclos est fléché puis déplacé dans le nouvel enclos.
Jusqu’à présent, c’est toujours Yourk qui a été déplacé, afin d’éviter une anesthésie à Tania
qui aurait pu être gestante. Mais en 2004, étant donné qu’il n’y a jamais eu naissance
d’oursons viables, il en a été décidé autrement. C’est Tania qui a été déplacée dans l’ancien
enclos en Septembre, enclos dans lequel les ours sont visiblement moins stressés que dans le
nouveau. On espérait ainsi augmenter les chances du bon déroulement de la gestation. Mais il
n’y a pas eu d’ourson cette année là non plus.
¾ L’anesthésie
Cette année, c’est Tania qui a été anesthésiée pour être déplacée dans le grand enclos, le
18/02/05. L’anesthésie est composée de 1g (soit 3,5 mg/kg) de Zolétil*100 et de 0,9 ml (soit
0,03 mg/kg) de Domosédan*, le mélange étant placé dans une flèche de 5 ml. La flèche a été
tirée avec une aiguille de 10 cm, dans la cuisse à l’aide d’un pistolet à air comprimé.
8h53 : induction.
8h58 : l’ourse est assise.
9h00 : l’ourse est couchée.
165
9h01 : l’animal est manipulable.
9h55 : le déplacement et les manipulations sont terminés et 3 ml d’Antisédan* lui sont
injectés en intramusculaire.
10h04 : Tania bouge les pattes et la tête.
10h16 : elle lève la tête.
10h24 : elle se met en sphinx et flaire le mâle qui se trouve derrière la trappe.
¾ Le déplacement
Une fois anesthésiée, Tania est glissée sur un filet, puis hissée sur une planche à roulette en
bois. Ensuite, elle est transportée à l’aide d’un tracteur jusqu’au nouvel enclos. Là, elle est
placé dans l’un des enclos intérieur.
Figure 54 : Déplacement de Tania jusqu’au nouveau bâtiment.
¾ Inspection de l’animal
Après inspection, on observe que la vulve et la muqueuse vaginale sont en bon état. Il y a
quand même deux petites zones d’irritation sur la lèvre gauche de la vulve. La zone génitale
est rasée puis nettoyée avec de la Vétédine savon*. Les dents de Tania sont entartrées, et une
prémolaire est retirée, car elle est déchaussée. Sinon, l’animal est en bon état général. Elle
pèse 237 kg contre 286 kg en Septembre 2004, lors de son dernier déplacement. On note
également une amélioration de l’état de la peau par rapport à l’année dernière. Ceci est
sûrement dû au fait qu’il n’y a pas de chlore dans l’ancien enclos.
166
Muqueuse
vaginale en bon
état
Figure 55 : Photo du vagin de Tania.
o Historique des déplacements d’ours polaires à La Palmyre
Jusqu’en Septembre 2004, c’est toujours Yourk qui a été déplacé d’un enclos à l’autre. En
Septembre 2004, le vétérinaire a tenté l’expérience de déplacer la femelle Tania dans l’ancien
bâtiment, car il provoque moins de stress chez les ours. Ceci était dans le but de réunir les
conditions les plus favorables pour une éventuelle gestation.
¾
¾
¾
¾
¾
¾
¾
¾
27/11/01 : Yourk est ramené dans son enclos (l’ancien bâtiment).
06/03/02 : il est déplacé dans l’enclos des femelles (le nouveau bâtiment).
14/05/02 : l’ours est remis dans son enclos.
06/03/03 : l’ours est déplacé dans l’enclos des femelles.
02/10/03 : l’ours est ramené dans son enclos.
02/02/04 : l’ours est transféré dans le bâtiment des femelles.
30/09/04 : Tania est déplacée dans l’ancien bâtiment
18/02/05 : Tania est déplacée dans le nouveau bâtiment.
o Historique des ours polaires de ce parc
Le Zoo de La Palmyre a également eu d’autres ours polaires dans le passé :
• 28/07/1976 : arrivée d’un ourson femelle né en Janvier 1976, en provenance
d’Interzoo au Canada. Elle est nommée « La Mère ». Elle a été euthanasiée le 6
Octobre 2002 pour paralysie du train postérieur, due à une section de la moelle
épinière.
167
•
•
•
•
12/12/1986 : ourson femelle née au sein du zoo ; elle est nommée « La Fille ». Elle
a été euthanasiée en Décembre 2003 pour une pathologie rénale résistante aux
traitements.
10/11/1995 : arrivée de Tania mais aussi d’un ourson mâle. Il est mort le 10 Août
1997 d’une pneumonie aigue avec œdème aigü du poumon et myocardite
chronique.
23/11/1997 : ourson de sexe indéterminé, né dans l’établissement, et éliminé le 26
Novembre 1997 par sa mère.
24/10/2003 : ourson de sexe indéterminé, né dans l’établissement. Il est mort le
jour même par cannibalisme de sa mère Tania.
On peut donc constater que le zoo a détenu au maximum cinq ours blancs en même
temps, entre 1995 et 1997. Une ourse femelle de 20 ans, en provenance d’un parc
zoologique d’Angleterre, devrait bientôt intégrer l’établissement.
Le Zoo de La Palmyre a donc de la reproduction ; les phases de chaleurs de la femelle,
accouplements, gestation et mise bas semblent se passer correctement. Le problème
semble plutôt venir du comportement anormal de la mère avec son ourson, c’est-à-dire
le cannibalisme.
9 Ours du Zoo de Mulhouse
o Les ours actuels
Le Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse compte actuellement deux ours polaires, un
mâle et une femelle. Le mâle se prénomme Jurij et est âgé de 20 ans. Il est issu du parc
zoologique de Karlsruhe, dans lequel il est né le 6 Décembre 1984. Il est arrivé au Zoo de
Mulhouse le 4 Février 1988.
Figure 56 : Photo de Jurij, mâle ours polaire du Zoo de Mulhouse.
168
La femelle se prénomme Tina et est âgée de 19 ans ; elle est née en 1986. Elle est issue d’une
capture sauvage en Russie, mais on ne connaît pas son origine exacte. Elle est arrivée au Zoo
de Mulhouse le 4 Février 1987.
Figure 57 : Photo de Tina, femelle ours polaire du Zoo de Mulhouse.
o Historique des ours de ce parc
Le Zoo de Mulhouse a hébergé en tout 5 ours, depuis son ouverture :
• 11/07/1973 : arrivée d’un ourson mâle, nommé Frisson. Il est né en Décembre 1972.
Il est issu d’une capture sauvage au Québec. Le 4 février 1988, il est transféré au zoo
de Karlsruhe.
• 17/10/1973 : arrivée d’une femelle Andrée, dont la date de naissance est inconnue.
Elle est issue d’une capture sauvage dont on ne connaît pas non plus la localisation.
Elle provient du zoo de Bâle. Elle est euthanasiée le 26 Juin 1986, à environ 12 ans,
car elle n’était plus capable de se mouvoir depuis quelques jours. (voir annexe)
• 4/02/1987 : arrivée de Tania, un ourson femelle, en même temps que Tina, sa soeur.
Comme Tina, elle est issue d’une capture sauvage en Russie, et est née en 1986. Elle
est morte le 16 Avril 1992, à environ 6 ans d’une occlusion intestinale (tétine de
biberon).
169
b) Alimentation
9 Zoo de La Palmyre
Le zoo de La Palmyre détient en ce moment deux ours : un mâle d’environ 378 kg et une
femelle de 237 kg. Ces animaux sont nourris une fois par jour, vers 17h30, quand ils sont
rentrés dans leur cage de nuit. S’ils refusent de rentrer, ils ne mangent pas.
(annexe 3).
Le mâle reçoit 2,5 kg de harengs ou maquereaux,
15 carcasses de poulet, 600g de granulés
d’ « Aliment Zoo A », et 5 baguettes de pain.
La femelle reçoit 1 kg de harengs ou maquereaux,
10 carcasses de poulet, 600 g de granulés
d’ « Aliment Zoo A », et 3 baguettes de pain.
Figure 58 : Photo d’une ration
d’ours polaire au Zoo de La
Palmyre.
Deux fois par semaine, les animaux sont mis à la diète : le mercredi et le dimanche ; en
réalité, il reçoivent moins de nourriture ; en effet, la nourriture est la seule façon de faire
rentrer les ours dans leur cage de nuit, ce qui est obligatoire pour les animaux dangereux.
Ainsi, le mercredi et le dimanche, le mâle et la femelle reçoivent la même ration : c’est-àdire 1 kg de maquereaux ou harengs, 1 carcasse de poulet, 600 g de granulés, et une
baguette de pain.
Les granulés d’ « Aliment Zoo A » sont adaptés à une grande variété d’animaux de zoo.
Il s’agit d’une nourriture riche en substances nutritives fournissant une ration équilibrée et
une supplémentation adéquate contenant la totalité des vitamines et minéraux nécessaires.
Les ours reçoivent également des compléments :
-Petphos® croissance, poudre Ca/P = 2 : une dose de 30 g par animal et par jour. Il s’agit
d’un complément sous forme de poudre, contenant des substances minérales, des viandes
et des sous-produits d’animaux, de la levure, de la choline, de l’arginine, et de la lysine.
La vitamine A, D3, le calcium, le phosphore, le magnésium, l’iode et le manganèse
interviennent dans la croissance et la minéralisation des os.
-Supplément Ours Polaire: Il est saupoudré sur la viande crue à raison de 30 g par ours et
par jour. Ce complément contient des vitamines et minéraux appropriés pour les ours polaires.
Il fournit un million d’UI (unités internationales) de vitamine A. De plus, il remplace les
substances nutritives qui sont en faible quantité ou absentes dans la viande crue.
Quand il n’y a plus de carcasses de poulet, les ours reçoivent des cous de dinde, des cuisses de
poulet, et rarement des côtes de bœuf ; ceci dans les mêmes proportions que les carcasses.
170
Afin d’essayer de pallier à l’ennui des animaux, un glaçon contenant quelques pommes et
maquereaux leur est distribué une fois par jour et par animal, vers 11h30. Ceci sera reprécisé
dans la partie concernant l’enrichissement.
9 Zoo de Mulhouse
L’alimentation des ours polaires varie suivant les saisons. Les soigneurs s’efforcent de
respecter les variations de régime alimentaire que subissent les ours dans la nature, avec des
périodes de jeûne et des périodes de gavage.
- Au printemps :
Les ours sont nourris tous les deux jours
environ.
Tina mange 3 poulets, 3 kg de viande
rouge et environ 3 kg de fruits de la
saison, sauf les fraises que les ours
polaires ne digèrent pas.
Jurij mange 5 à 6 poulets, 4 kg de
poissons (harengs, macros et sprats), 3 kg
de fruits de la saison (sauf les fraises) et 2
baguettes de pain. Il ne mange plus de
viande rouge depuis 3 ans, car il a
régulièrement des cystites.
Figure 59 : Photo de la ration journalière de Jurij au
printemps (sans les poulets).
- En été :
Ils sont nourris tous les jours. Le régime alimentaire est un peu augmenté par rapport à la
saison précédente.
Jurij reçoit 10 à 12 poulets, 5 kg de fruits, 4 kg de poissons, 1 kg de croquettes pour chien, et
2 baguettes de pain.
Tina reçoit 8 à 10 poulets, 5 kg de fruits, 4kg de poissons, 1 kg de croquettes et 2 baguettes
de pain.
- En automne :
C’est la saison pendant laquelle les ours polaires sont le plus nourris, ce qui correspond dans
la nature à la période de gavage des femelles gestantes avant l’hibernation. Ils sont nourris
tous les jours et à volonté.
Les deux ours reçoivent donc à volonté des poulets, des poissons, des baguettes de pain, des
fruits et des croquettes.
- En hiver :
C’est la saison pendant laquelle les ours sont le moins nourris. En effet, cette période
correspond à la saison d’hibernation chez les ourses polaires gestantes. D’ailleurs, Tina ne
mange en général rien. Les animaux sont nourris en moyenne tous les 3 à 4 jours.
171
Tina reçoit 5 kg de viande rouge, 4 kg de poissons, 1 kg de pommes, 1 kg de poires, 500 g
de croquettes et 2 baguettes.
Jurij reçoit 5 poulets, 4 kg de poissons, 1 kg de pommes, 1 kg de poires, 2 baguettes et 500 g
de croquettes.
Les soigneurs évitent de donner des agrumes et des carottes aux ours, car ces derniers ne les
digèrent pas.
- Compléments alimentaires :
A chaque repas, l’alimentation des ours polaires est supplémentée en vitamine A et en
thiamine. Tina reçoit 2 g de vitamine A et 500 mg de thiamine (Bévitine* 250 mg) par repas.
Jurij reçoit 4 g de vitamine A et 500 mg de thiamine par repas.
Les soigneurs saupoudrent également la nourriture de « poudre carnivore », à raison de 20 à
25 g par kg de viande. Il s’agit d’un complément élaboré par le Docteur Lernould, ancien
directeur du parc.
Composition de la poudre carnivore : prémélange chien (poudre 0,5 % D3-E d’Agrobase),
phosphate bicalcique, carbonate de chaux, chlorure de sodium, vitamine B1. (annexe 3)
9 Conclusion
Les ours du Zoo de La Palmyre reçoivent une alimentation adaptée et équilibrée, mais dont
la quantité ne varie pas suivant les saisons.
Les ours du Zoo de Mulhouse reçoivent une alimentation équilibrée, adaptée à leurs besoins,
et dont la quantité varie avec les saisons.
c) Les enclos
9 Zoo de La Palmyre
Le Zoo de La Palmyre possède deux enclos pour ses deux ours polaires.
o L’intérêt d’avoir deux bâtiments pour les ours
Tout d’abord, pour essayer de diminuer le stress des ours, ils sont séparés dans deux enclos
différents. En effet, l’ours blanc est un animal qui est solitaire à l’état sauvage. Ces animaux
ne se côtoient que pendant la saison de reproduction. On peut donc comprendre facilement
que dans un petit espace, la tension monte rapidement. De plus, une étude sur leur stress a été
effectuée par dosage du cortisol, et les résultats ont montré une forte augmentation du stress
de la femelle lors de la présence du mâle, et une diminution lorsqu’elle était seule.
Cette étude a été effectuée en Décembre 2001, à l’époque où il y avait encore quatre ours
polaires, Yourk, Tania, mais aussi La Mère et La Fille.
172
Figure 60 : Graphique montrant l’évolution du stress du mâle Yourk avant puis après son introduction
dans le groupe de femelles.
Un dosage de cortisol fécal du mâle Yourk a été effectué sur une période 40 jours. Pendant les
20 premiers jours, Yourk est seul, puis pendant les 20 jours suivant, Yourk est avec les trois
femelles. On observe que son taux de cortisol, hormone du stress, ne varie pas avec l’arrivée
chez les femelles. Ce changement ne semble pas le stresser du tout, bien que ce soit lui qui
soit déplacé d’un enclos à un autre.
Figure 61 : Graphique
montrant l’évolution du stress
de chacune des trois femelles,
Tania, La Fille et La Mère,
avant puis après l’arrivée du
mâle Yourk.
173
Un dosage de cortisol fécal de chacune des trois femelles a été effectué sur une période de 40
jours. Les 20 premiers jours, les femelles sont ensemble sans le mâle, et les 20 jours suivants,
le mâle est introduit avec les femelles.
Le dosage de cortisol de La Mère est à peu près constant et très faible (entre 0 et 15 ng/g de
selles) pendant environ 30 jours, puis vers le 10ème jour de cohabitation avec le mâle, on
observe un petit pic de cortisol à environ 40 ng/g de selles. Puis le taux de cortisol fécal
diminue pendant les 8 derniers jours jusqu’à devenir nul.
Le dosage de cortisol de La Fille est aussi à peu près constant et très bas (entre 0 et15 ng/g
de selles) pendant les 33 premiers jours, puis vers le 10ème jour de cohabitation avec le mâle,
on observe un petit pic de cortisol fécal à environ 60 ng/g de selles. Puis le taux de cortisol
fécal diminue pendant les 6 derniers jours jusqu’à devenir presque nul.
Le dosage de cortisol fécal de Tania montre que c’est un individu beaucoup plus sensible
aux stress que les deux autres femelles. En effet, son taux de cortisol fécal est constant et
faible (entre 0 et 10 ng/g de selles) pendant les 10 premiers jours, puis on observe une
augmentation dès le 11ème jour du dosage, avec un pic de cortisol le jour de l’arrivée de
Yourk. Ainsi, Tania a eu une montée de stress qui a commencé avant même l’arrivée du mâle.
Ensuite, son taux de cortisol fécal diminue progressivement pendant 5 jours jusqu’à redevenir
bas (15 ng/g de selles). Puis il augmente progressivement à partir du 5ème jour de cohabitation
avec le mâle et atteint un pic rapide à 340 ng/g de selles le 12ème jour de cohabitation. A partir
de là, le taux de cortisol chute rapidement pendant 1 journée jusqu’à 20 ng/g de selles, puis
progressivement jusqu’à devenir nul le dernier jour.
On remarque donc que les femelles sont de manière générale, plus sensible au stress que le
mâle, et en particulier Tania. Cette étude nous montre l’importance de séparer les femelles du
mâle afin d’améliorer la qualité de vie de chaque individu.
Ainsi, depuis quelques années déjà, un nouvel enclos a été construit pour les femelles, et les
animaux vivent séparés. Avant cette mesure, les animaux se blessaient souvent grièvement
lors de combats incessants.
Figure 62 : Suture de plaies d’un ours suite à un conflit avec ses congénères (photo prêtée par Dr Petit).
174
o L’ancien enclos
Le premier enclos est plus ancien, mais semble mieux leur convenir. En effet, les ours
semblent moins stresser dans cet enclos ; on observe moins de stéréotypie que dans l’autre.
De plus, il ne contient pas d’aquarium, donc pas de chlore et pas de problème de peau. Il
n’accueille toujours qu’un seul ours, et ceci en-dehors de la saison de reproduction.
Figure 63 et 64 : Photos de l’enclos extérieur de l’ancien bâtiment ours polaire.
Bassin non
chloré
Plateforme terrestre
en béton et en rocher
¾ L’enclos extérieur
Il est composé d’une aire terrestre en béton et en rocher, avec en son centre une aire
ascendante en colimaçon. Sur cette aire sont positionnées quatre trappes pour les ours et deux
trappes pour les soigneurs, afin que ceux-ci puissent nettoyer l’enclos. Le reste de la surface
est occupée par un bassin non chloré.
175
Figure 65 : Schéma de l’ancien bâtiment des ours : enclos extérieur.
¾ Les enclos intérieurs
Dans l’ancien bâtiment des ours, on trouve deux enclos intérieurs. Dans chacun de ces
derniers se trouvent deux « lits » en bois sur le sol bétonné. Ceci permet aux ours de pouvoir
être isolés du sol bétonné froid.
Figure 66 : Photo d’un lit en bois dans une cage de nuit.
176
Figure 67 : Schéma des cages de nuit de l’ancien bâtiment des ours polaires.
o Le nouveau bâtiment
Le nouveau bâtiment a été conçu en 2000. Il accueille les deux ours lors de la saison de
reproduction, et un seul ours le reste du temps. De Septembre 2004 à Février 2005, Yourk y
logeait seul ; puis le 18 Février, Tania l’y a rejoint.
Cascade
Aquarium
Bassin chloré
Zone carrelée
Zone bétonnée
Figure 68 : Photo de l’enclos extérieur du nouveau bâtiment des ours polaires.
177
¾ L’enclos extérieur
Figure 69 : Schéma de l’enclos extérieur et du nouveau bâtiment des ours polaires.
L’enclos extérieur est constitué d’une partie terrestre : celle-ci se divise en une surface en
carrelage, la pointe ; une partie en béton, vers les trappes et en une autre partie en carrelage en
dépression. Des rochers sont parsemés sur cette aire.
La deuxième partie est un grand bassin donnant sur un aquarium, permettant aux visiteurs
d’observer les ours sous l’eau.
Figure 70 : Photo de Tania se grattant contre les rochers
en Février 2004.
Figure 71 : Photo de Yourk se grattant
contre les rochers en Février 2005.
178
Afin que les visiteurs puissent voir les ours sous l’eau, les soigneurs doivent déverser de
grandes quantités de chlore dans le bassin : 10 litres de chlore par jour l’hiver, et 30 litres de
chlore par jour l’été. L’eau reste ainsi limpide. Par contre, c’est un véritable problème pour les
ours, qui semblent faire une sorte de réaction allergique à ce composant. Ceux-ci se grattent
contre les rochers et contre les murs, et l’on peut voir de larges zones de dépilation sur leur
corps.
Pas d’alopécie
Plusieurs zones
d’alopécie
Figure 72 : Photo de Yourk en Février 2004 à son
arrivée dans le nouvel enclos.
Figure 73 : Photo de Yourk en Février
2005, après avoir passé un an dans le
nouvel enclos.
On note une nette dégradation de l’état de la peau de Yourk cette année, par rapport à
l’année dernière. En effet, en Février 2004, c’est le mâle qui avait été déplacé dans le nouvel
enclos. Il habitait dans l’ancien enclos jusque là. D’où un état peaucier et pilaire meilleur, car
il n’y a pas de chlore dans le bassin de l’ancien bâtiment. Par contre, il est resté dans le nouvel
enclos en 2004 et 2005, car c’est la femelle Tania qui a été déplacée dans l’ancien enclos en
Septembre 2004. D’où ces vastes zones d’alopécie, localisées à la tête, sur le dos, aux ars et
sur le thorax, et dues à du prurit.
Restauration
de la zone
Zone alopécique
Figure 74 : Photo de Tania en Février 2004.
Figure 75 : Photo de Tania en Février 2005.
179
On remarque que Tania est moins sensible au chlore que Yourk, car ses zones d’alopécie
liées aux démangeaisons, sont plus petites et uniquement localisées aux ars.
Figure 76 : Schéma de la partie aquarium du nouvel enclos des ours polaires.
¾ Les enclos intérieurs
L’intérieur du nouveau bâtiment est divisé en quatre cages. L’une de ces cages sert de
quarantaine ; une autre est conçue pour accueillir une éventuelle femelle gestante ; et les deux
autres pour accueillir un mâle ou une femelle non gestante.
La cage pour femelle gestante comporte une tanière, dans laquelle la femelle peut hiverner et
mettre bas. La tanière est observable de l’extérieur par les soigneurs, grâce à deux oeillères.
Elle a une hauteur de plafond identique à celle du reste du bâtiment, soit 2,4 m.
Chaque cage contient un « lit » en bois. Les cages communiquent entre elles par des trappes,
et chacune d’entre elles communique également avec l’enclos extérieur. Il y a pour chaque
cage une porte donnant accès au couloir des soigneurs, et permettant à ces derniers de
nettoyer l’intérieur, ou d’y disposer la nourriture. Toutes les cages ont les mêmes dimensions ;
le sol est légèrement en pente afin de faciliter le nettoyage.
180
Figure 77 : Schéma de l’intérieur du nouveau bâtiment des ours polaires.
Le bâtiment est fait en béton, les trappes et les barreaux sont en métal. Chaque cage possède
une fenêtre de barreaux métalliques ; ceci permettant au soigneur ou au vétérinaire d’observer
l’ours à l’intérieur de sa cage.
9 Zoo de Mulhouse
o Un enclos en béton
L’enclos des ours polaires a été conçu dans les années 70. Il a été construit entièrement en
béton, chose qui ne se fait plus aujourd’hui. En effet, à l’époque on pensait plus au côté
pratique par rapport au nettoyage, alors qu’aujourd’hui, on essaie de concevoir des enclos se
rapprochant le plus possible du milieu naturel de l’animal.
181
Figure 78 : Schéma du bâtiment ours polaires du Zoo de Mulhouse.
o L’enclos extérieur
L’enclos extérieur est constitué entre autre d’un bassin en béton recouvert de carrelage, qui
sert aussi de barrière entre les visiteurs du parc et les ours. Les visiteurs peuvent descendre au
niveau d’un sous-sol pour voir les ours nager. Il y a en effet à ce niveau trois hublots juste audessus du niveau de l’eau. Le système de filtration étant cassé, le bassin est vidé
régulièrement, environ une fois par mois, nettoyé, puis rempli à nouveau.
Hublot
Figure 79 : Photo
du bassin des ours
polaires de
Mulhouse.
182
Depuis 1 an, les soigneurs n’ajoutent plus de produit tel que le chlore dans l’eau. Ils ont ainsi
remarqué que les ours avaient beaucoup moins de problèmes dermatologiques. Avant, les
soigneurs mettaient 1 fois par mois dans le bassin : 1 kg de sulfate, 5 l de javel et 400 g de
carbonate.
Sinon, le reste de l’enclos est fait de béton. Il est divisé en plusieurs étages (quatre) reliés
entre eux par des escaliers. Au niveau de l’avant dernier étage, il y a un plongeoir.
Plongeoir
Figure 80 : Photo de l’enclos extérieur des ours polaires du Zoo de Mulhouse.
o Les enclos intérieurs
Les enclos intérieurs sont répartis sur 3 cages qui ont environ la même taille, avec une
surface de 6,9 m². Elles communiquent entre elles par des trappes. Les deux cages de gauche
communiquent avec l’enclos extérieur par une trappe. Les 3 cages de nuit s’ouvrent du côté
des soigneurs par des portes, une par cage. Ces portes se ferment à clé (il s’agit en fait d’un
« carré ») et aussi avec un cadenas. Les cages sont en béton. Chacune contient un abreuvoir.
183
Figure 81 : Photo d’un « carré ».
Cadenas
Serrure
Figure 82 : Photo du système de fermeture des portes des cages de nuit côté soigneurs.
A gauche de ces 3 cages se trouve une cage de contention. Elle communique avec l’une des
cages par une trappe. Cette cage de contention s’ouvre par une trappe au sol sur un escalier
menant à la tanière de mise bas qui se trouve au sous-sol. Mais Tina n’a jamais voulu y aller.
184
Figure 83 : Photo de la cage de contention menant à la tanière de mise bas au sous-sol.
L’ensemble du bâtiment abritant les cages de nuit des ours polaires est entièrement fait en
béton.
o Gestion des ours dans les enclos
Depuis Juin 2004, les ours polaires sont en accès libre entre les enclos intérieurs et
extérieurs, sauf lors du nettoyage des enclos. Les soigneurs ont ainsi remarqué que Tina était
beaucoup moins stressée qu’avant. En effet, elle est moins agressive et rentre plus facilement
dans sa cage de nuit lorsqu’il faut nettoyer l’enclos externe. De plus, il n’y a pas d’abreuvoir
dans l’enclos extérieur ; les ours peuvent ainsi boire à l’intérieur. De même, il n’y a pas de
zones d’ombre dans l’enclos extérieur ; ainsi, les ours peuvent rester à l’intérieur au frais
durant les heures chaudes de l’été.
L’inconvénient, c’est que comme les ours ne rentrent pas tous les jours dans leur enclos
intérieur, les soigneurs sont limités pour les enrichissements quotidiens, car ils n’ont pas accès
à l’enclos extérieur.
9 Conclusion
Le Zoo de La Palmyre présente l’avantage d’avoir deux enclos pour ses deux ours polaires,
qui sont assez éloignés l’un de l’autre pour que les ours puissent être isolés visuellement.
L’ancien enclos semble mieux adapté aux besoins des ours, car le bassin n’offre pas de vision
sous-marine côté visiteurs et n’est donc pas traité avec du chlore ; de plus, du fait de
l’architecture de l’enclos extérieur, il existe une barrière visuelle partielle. Cependant, cet
enclos a quelques défauts, tout d’abord sa surface est trop restreinte et il n’y a pas assez de
barrières visuelles, enfin, le substrat en béton n’est pas adapté aux ours polaires.
185
Le nouvel enclos est encore moins adapté aux besoins des ours que l’ancien. En effet, il
possède un aquarium et est donc traité avec du chlore ; il n’a aucune barrière visuelle, sa
surface terrestre est trop restreinte, le bassin est trop grand, et l’architecture de l’enclos
extérieur est telle qu’il est difficile de mettre en place des enrichissements suspendus ou
dissimulés. Le substrat en carrelage et en béton limite beaucoup le comportement explorateur
des ours. Cet enclos est adapté aux attentes des visiteurs du parc, du fait de l’aquarium à
travers lequel ils peuvent observer les ours nager, de la couleur blanche du carrelage qui
rappel la couleur de la banquise, et du fait que les ours sont observables où qu’ils soient.
Le Zoo de Mulhouse possède un ancien enclos qui ne répond pas du tout au besoin des ours
polaires. En effet, la surface au sol est trop restreinte, le substrat en béton n’est pas adapté à
l’exploration, il n’y a aucune barrière visuelle, il n’ y a aucune zone d’ombre, et l’architecture
de l’enclos extérieur est telle qu’il est difficile de mettre en place des enrichissements
suspendus ou dissimulés. Cependant, la femelle Tina ne stéréotype que très rarement, et le
mâle Jurij stéréotype par période. Les soigneurs pallient au fait qu’il n’y ait ni zones
d’ombres, ni barrières visuelles en donnant accès libre aux ours entre les cages de nuit et
l’enclos extérieur pendant la journée. L’autre avantage pour les ours, c’est que l’eau du
bassin n’est pas traitée.
d) L’enrichissement
On voit souvent dans les parcs animaliers dans lesquels des animaux sont détenus en
captivité, que ceux –ci présentent des stéréotypies, preuve de leur ennui ou de leur mal-être.
Les ours blancs font partie des espèces qui ont le plus tendance à stéréotyper en captivité. Il
est donc indispensable d’enrichir leur milieu afin de stimuler leurs comportements naturels.
9 Zoo de La Palmyre
o Les jeux
¾ Les glaçons
Figure 84 : Exemple d’un glaçon.
Les
soigneurs
distribuent
chaque jour, en fin de matinée,
un glaçon par ours. Ces glaçons
contiennent de la nourriture : des
pommes, des harengs. Ainsi, les
animaux passent du temps à
lécher ou à briser le glaçon afin
d’en récupérer la nourriture.
Ceci a pour but de stimuler le comportement explorateur, le
comportement de transport, et le comportement alimentaire.
Figure 85 : Yourk avec les deux
glaçons.
On voit là encore l’avantage des deux enclos séparés : en effet, lorsque le mâle et la femelle
sont ensemble, le mâle s’approprie les deux glaçons, et devient violent envers la femelle si
celle-ci essaie d’approcher. Ceci n’est plus le cas pendant la saison de reproduction. Pendant
cette période, le mâle est beaucoup plus tolérant envers la femelle. Ce comportement permet
186
de savoir que les animaux vont bientôt s’accoupler, c’est une sorte de marqueur de la saison
de reproduction.
Sur la première photo, on peut voir que les
deux glaçons sont vers Yourk, et que Tania
reste timidement à l’arrière. Sur la deuxième
photo, Tania, après avoir essayé de se
rapprocher de son butin, fait mine de regarder
ailleurs quand le mâle se retourne pour
l’observer.
Figure 86 : Yourk avec un glaçon surveillant Tania.
Enfin, sur la troisième photo, on voit que les deux ours
ont chacun un glaçon. Ceci est dû au fait que les photos
ont été prises pendant la saison de reproduction.
Figure 87 : Tania a réussi à obtenir un
glaçon.
¾ Les bouées et les gamelles
Les soigneurs mettent aussi à disposition des
animaux des pare-battants, ainsi que des gamelles.
Ces
enrichissements
stimulent
différents
comportements :
- le comportement alimentaire
et de
manipulation: les ours réduisent les jeux en
pièces avec leurs dents,
Figure 88 : Tania déchiquetant
un pare-battant.
187
- le comportement de transport dans l’eau et
de manipulation : les ours peuvent nager avec le
jeu dans l’eau,
Figure 89 : Tania nageant avec un parebattant dans la gueule.
-
le comportement de transport sur terre : les
ours peuvent déambuler avec l’objet à la
gueule,
Figure 90 : Tania transportant une gamelle.
- le comportement de jeu et d’exploration : le
fait que le pare-battant soit creux donne envie à
l’ours d’en explorer l’intérieur,
Figure 91 : Tania explorant l’intérieur
d’un pare-battant.
188
- le comportement de jeu et de manipulation :
comme on l’a vu plus haut, les objets creux
suscitent la curiosité des ours, et les animaux
sautent alors dessus comme ils le feraient dans la
nature sur une tanière de phoque.
Figure 92 : Tania sautant sur un pare-battant.
o Le bassin
Les ours sont considérés comme des
mammifères marins du fait de leurs
nombreuses adaptations anatomiques et
physiologiques. Un bassin est donc
indispensable dans un enclos d’ours polaires,
afin que ceux-ci puissent développer leur
comportement de transport dans l’eau.
Figure 93 : Photo de Tania nageant sous l’eau.
o Les rochers dans le nouveau bâtiment
Des rochers sont disposés au
centre de l’aire terrestre, en tas.
Cela favorise chez les ours, le
comportement de grimper, de se
gratter,
mais
aussi
le
comportement explorateur.
Figure 94 : Photo des rochers du
nouvel enclos.
189
o La colline en colimaçon dans l’ancien bâtiment
Cette colline en béton stimule l’ours à
monter, à se mettre en altitude par rapport
au reste de l’enclos. Il peut ainsi flairer les
alentours, et avoir une meilleure
perception de son environnement ; il
s’agit des comportements d’exploration et
de locomotion
Figure 95 : Photo de l’enclos extérieur de
l’ancien bâtiment.
9 Zoo de Mulhouse
o Les jeux
¾ Les glaçons
La cuisine du parc prépare pour les ours
polaires des glaçons dans lesquels il y a de
la viande, des poissons et des fruits. Ils
sont jetés aux ours une fois par jour vers
15 h, dans leur enclos extérieur.
Cet
enrichissement
stimule
le
comportement
alimentaire
et
le
comportement de manipulation.
Cependant, les ours ne s’y intéressent pas
l’hiver.
Figure 96 : Photo de deux glaçons dans leur
bac.
¾ Les cônes de signalisation
Les soigneurs disposent également des cônes d’autoroute dans l’enclos extérieur, dans
lesquels ils tassent préalablement de la nourriture (viande, fruits) au fond. Les ours doivent
alors taper le cône par terre pour en extraire le
contenu.
Une fois vidés, ces cônes peuvent également
servir de jeux aux animaux. Ainsi, cet
enrichissement
stimule
d’abord
les
comportements alimentaires, de manipulation et
d’exploration, puis le comportement de jeu.
Figure 97 : Photo d’un cône de signalisation dans
l’enclos extérieur.
190
¾ Les bidons, les caisses
De temps en temps, les soigneurs
jettent des bidons ou des caisses
vides dans le bassin. Les ours
peuvent alors les déchiqueter ou les
transporter dans l’enclos. Ceci
stimule donc le comportement
explorateur, le comportement de
manipulation et le comportement de
jeu.
Figure 98 : Tina transportant un bidon.
¾ Nourriture répartie dans l’enclos
Lorsque les soigneurs ont accès à l’enclos extérieur, ils répartissent de manière aléatoire de
la nourriture, telle que viande et fruits, un peu partout sur la zone bétonnée. Ainsi, le
comportement d’exploration et le comportement alimentaires sont stimulés.
¾ Rondins de bois
Les soigneurs disposent également dans
l’enclos extérieur des rondins de bois
ainsi que des bûches. Les ours peuvent
les grignoter et les transporter.
Figure 99 : Photo de Tina flairant les bûches de bois.
191
¾ Le jet d’eau
Lorsque les ours polaires sont en accès libre,
les soigneurs nettoient l’enclos extérieur à
partir du balcon, à l’aide d’une lance à
incendie. Les ours en profitent alors pour jouer
avec le jet. Le comportement de jeu est
stimulé ; les ours essaient de mordre dans le jet
ou bien de l’attraper.
Figure 100 : Photo de Jurij arrosé par le jet d’eau.
o Le bassin
Le bassin des ours polaires sert à la fois de barrière
entre les visiteurs et les animaux, mais aussi
d’enrichissement. Au Zoo de Mulhouse, c’est surtout
Jurij qui se baigne. Tina ne se baigne que l’été, sans
doute à la recherche de rafraîchissement.
Figure 101 : Photo de Jurij dans le bassin.
o Fabrication et introduction d’un nouvel enrichissement
Durant mon étude au Zoo de Mulhouse, j’ai mis en place, avec
l’aide des soigneurs et du vétérinaire, un nouvel enrichissement. Il
s’agit d’un bidon en plastique, fermé aux deux extrémités et dont j’ai
perforé les parois (5 cm de diamètre) à l’aide d’une perceuse. Il a été
rempli avec des maquereaux et des fruits, puis fermé avec un
couvercle. Le but de cet enrichissement est de stimuler le
comportement explorateur des ours ; ces derniers ne pouvant obtenir
la nourriture qu’à condition de la faire passer par les trous percés dans
la paroi.
Figure 102 : Photo du bidon perforé.
192
Figure 103 : Contenu du bidon.
Figure 104 : Transport dans l’eau.
Le bidon a donc été lâché dans l’enclos, mais un imprévu est arrivé : le couvercle s’est
ouvert. En effet, on aurait pu renforcer la fermeture de celui-ci à l’aide d’une tige en métal,
mais c’était trop dangereux pour les animaux. Jurij s’est donc jeté à l’eau pour saisir le bidon,
et a évidemment versé son contenu dans le bassin. Cependant, les ours ont joué avec pendant
plusieurs jours en le transportant dans l’eau et sur terre, en le mordant, et en sautant dessus.
Figure 105 : Transport sur le sol.
Figure 106 : Tina saute sur le bidon.
On constate donc l’importance de l’apport de nouveaux enrichissements chez les ours
polaires. En effet, cette expérience confirme qu’en donnant aux ours la possibilité d’exprimer
leur répertoire comportemental, ces derniers stéréotypent moins, donc sont moins stressés, ce
qui améliore leur qualité de vie, et donc les chances de reproduction.
9 Conclusion
Le Zoo de La Palmyre n’offre que deux sortes d’enrichissements aux ours polaires : les
glaçons et des objets transportables (pare-battants, gamelles…). Les ours sont donc limités
dans l’expression de leur comportement naturel.
193
Le Zoo de Mulhouse offre une plus grande variété d’enrichissements à ses ours, et des
projets d’aménagements de l’enclos extérieur pour de nouveaux enrichissements sont en
cours.
Une amélioration pourrait être effectuée au niveau des enrichissements afin de stimuler plus
de comportements naturels ; par exemple, l’apport de poissons vivants dans le bassin
présenterait l’avantage de développer le comportement de chasse des ours, sans qu’aucune
adaptation de l’enclos ne soit nécessaire et sans gros investissement financier. Il serait
également utile de prévoir un panel d’enrichissements à disposition des soigneurs, afin de
casser les rituels auxquels sont habitués les ours. Les soigneurs pourraient ainsi proposer des
enrichissements qui changeraient tous les jours.
3) Etude des paramètres comportementaux
a) Observations
J’ai d’abord effectué une période d’observation de deux semaines au Zoo de La Palmyre, au
début de la saison de reproduction, du 26 Janvier au 7 Février 2004, puis du 14 au 28 Février
2005.
Ensuite, j’ai effectué une période d’observation au Zoo de Mulhouse durant deux semaines,
du 11 au 23 Avril 2005.
Cette étude avait pour but d’effectuer une visite d’élevage, afin de définir les conditions de
vie des ours polaires dans ces deux parcs, partie détaillée plus haut, mais aussi d’observer le
comportement des ours pendant une partie de la saison de reproduction. J’ai également pu
répertorier les observations des vétérinaires respectifs depuis l’arrivée des ours.
b) Répertoire comportemental de l’ours polaire en captivité
9 Comportement de reproduction (2)
-
Le mâle lèche la femelle dans la région annale.
Chevauchement.
La femelle reste sous le mâle.
Les pattes arrière du mâle tremblent.
Accouplement.
Se dandine sur les pattes arrière.
Le mâle saisit le ventre de la femelle avec ses pattes
antérieures.
Le mâle fait reculer la femelle.
La femelle s’échappe par devant.
Le mâle est couché de profil par rapport à la femelle.
Le mâle et la femelle sont l’un derrière l’autre.
194
9 Comportement explorateur (2)
-
Alerte
Flairer, renifler (objets, air, lui-même, ses selles)
Flairer en marchant
Ecouter
Chercher
Observation
Coups de langue, lécher
Souffler puis lécher
Tirer la langue
Toucher (patte, museau)
Gratter
Se gratter ou se frotter le corps
Creuser
9 Comportement alimentaire (2)
-
Mordre
Ronger
Arracher des ligaments, des écorces
Trier avec le museau
Baver
Manger des noisettes
Cracher
Aspirer de la nourriture liquide
Sucer des fruits
Boire
Amasser de la nourriture avec le museau
Transporter
Poser de la nourriture avec le museau, ou les pattes, ou
entre les pattes
Enlever (de l’herbe avec le museau ou les pattes, des
feuilles)
Tenir quelque chose entre ses pattes
Ouvrir des fruits
Gratter la pulpe des fruits
Transpercer les fruits avec les griffes
Ecraser, presser, broyer avec le museau ou les pattes
Amener jusqu’à la bouche
Pêcher
Allaiter
Attraper des insectes
Abattre des arbres
195
9 Comportement de jeux avec des objets (2)
o Branches avec les pattes
ƒ Soulever
ƒ Les placer verticalement
ƒ Briser
ƒ Endiguer
ƒ Attraper
ƒ Plier
o Branches
ƒ Frotter contre le sol
ƒ Jeter le matériel servant pour les nids
o Différents objets avec les pattes
ƒ Frapper
ƒ Faire rouler des objets
ƒ Repousser
ƒ Gratter
ƒ Barboter dans l’eau
o Différents objets avec le museau
ƒ Mordre
ƒ Lécher, mordiller
ƒ Flairer
o Différents objets avec les pattes et le museau
ƒ Manipuler (transporter, tenir, saisir, bouger, serrer)
ƒ Jeu locomoteur
ƒ Jouer à l’aide de ses pattes ou griffes
ƒ Chasser des oiseaux, des insectes
o Objets artificiels
ƒ Les faire tenir debout
ƒ Mettre quelque chose à l’intérieur
ƒ Arracher
ƒ Soulever
ƒ Heurter, cogner contre
ƒ Sucer
ƒ Pousser
ƒ Secouer
ƒ Sauter dessus
ƒ Tirer
ƒ Jeter
196
9 Comportement social (2)
-
Flairer d’autres animaux (le corps, la région anale, le
museau)
Flairer les urines, les selles d’autres animaux
Flairer les objets d’autres animaux
Flairer en direction d’autres animaux
Suivre l’odeur d’autres animaux
Flairer un endroit où était un autre animal
Harceler un autre animal
Lécher un autre animal
Toucher un autre animal (avec les pattes ou le museau)
Se blottir contre un autre animal
Soutenir un autre animal
Se reposer ensemble (avec ou sans contact)
Marquer son territoire
Frotter son museau, son dos, son encolure contre des
objets
Uriner
S’approcher
Charger
S’en aller
Pousser contre
Reculer contre
Poursuivre
Eviter (grande distance)
Tourner autour (petite distance)
Compétition (pousser un objet en même temps)
Voler, dérober un objet
Taquiner un autre animal
9 Jeu (locomoteur, combat non agressif) (2)
-
Dominer
Chevauchement
9 Combat (agressif) (2)
-
Morsure
Lutte
Renverser (avec les pattes avant)
Se cabrer
9 Comportement antagoniste (2)
-
Gueule grande ouverte
Lever une ou deux pattes antérieures
197
-
Se battre (par vocalisations)
Fixer un animal du regard
Regarder le sol
Oreilles aplaties
Baisser la tête
Expirer
Marcher en cercle
Grincer des dents
Partir en retraite ou rester à sa place
9 Comportement au repos (2)
-
Etre couché sur le ventre
Etre couché sur le dos
Etre assis
Etre assis que sur ses postérieurs
Etre assis droit
S’adosser contre un objet
Se tapir
Rester immobile
9 Locomotion (2)
-
Marcher sur ces quatre pattes
Marcher sur deux pattes
Marche rapide
Course
Tourner en rond
Sauter
Nager
Se glisser dans l’eau
Plonger dans l’eau
9 Comportement de bien-être (2)
-
Bâiller
Eternuer
S’ébrouer
Mordiller ses pattes ou sa fourrure
Se gratter avec ses pattes antérieures
Se frotter contre des objets
S’essuyer la tête et le museau avec les pattes avant
198
9 Vocalisations (2)
-
Haleter
Grognements
9 Comportement de stress, d’ennui : stéréotypie (2)
-
Allers- retours
Mouvements de tête
Auto-mutilations
c) Résultats et discussion
9 Concernant la reproduction
Au Zoo de La Palmyre, Yourk et Tania s’accouplent tous les ans vers la fin du mois de
Février, par contre Tania n’a jamais hiberné. Elle n’a jamais donné naissance à un ourson
viable. A plusieurs reprises, le vétérinaire a trouvé un morceau de placenta dans sa cage, mais
on ne sait pas si il s’agit d’avortements ou de cannibalisme de la part de la mère. Pour cela, il
faudrait mettre une caméra à infrarouge ou au moins un magnétophone dans la tanière de la
femelle, durant les mois de Décembre et de Janvier. On pourrait ainsi, en cas de cannibalisme,
séparer la mère de son ou ses oursons à temps. Cependant, il est très difficile de réussir à
élever un ourson à la main ; en effet, il y a alors un fort taux de mortalité.
En 2004, des accouplements ont été
observés les 23, 24 et 25 Février. En
2005, des accouplements ont été
observés les 24 et 25 Février.
Le problème au Zoo de La Palmyre
semble plus se situer pendant la phase
de gestation et de parturition. Pour
pallier à cela, on pourrait profiter de
l’anesthésie nécessaire au déplacement
de la femelle dans l’ancien enclos,
pour faire une échographie abdominale
dans le but de faire un diagnostic de
gestation. Ensuite, il faudrait veiller à
laisser la femelle dans une
Figure 107 : Photo d’un accouplement entre Yourk et Tania.
ambiance calme et rassurante, en lui assurant une isolation sonore la meilleure possible, en lui
fournissant des matériaux pour faire un nid (paille, feuilles mortes…), et en définissant au
maximum deux soigneurs connus de Tania, chargés du nettoyage de l’enclos et du nourrissage
de la femelle.
199
Au Zoo de Mulhouse, des accouplements sont également observés à peu près tous les ans,
dans la période des mois de Février et Mars. En 2004, des accouplements ont été observés du
16 au 21 Mars ; en 2005, des accouplements ont été observés le 31 Mars et le 1er Avril. Par
contre, aucun ourson n’est jamais né dans le zoo et aucune trace d’avortement ou de
cannibalisme n’a jamais été observée non plus. La femelle Tina a toujours refusé de descendre
dans la tanière de mise bas se trouvant au sous-sol ; de ce fait, elle n’a jamais hiberné. Il
pourrait donc être intéressant d’effectuer une échographie abdominale de Tina après la saison
de reproduction et après la diapause, mais cela impliquerait une anesthésie générale avec le
risque de perdre un éventuel embryon ou même de perdre la mère. Dans le cas d’un diagnostic
de gestation positif, il faudrait alors mettre en place des mesures de protection sonore et de
surveillance.
Cependant, Tina a 19 ans, et à cet âge là, le taux de natalité faiblit, et le taux d’oursons
vivants est presque nul.
9 Concernant la stéréotypie
Au Zoo de La Palmyre, lorsque les deux ours sont séparés, chacun stéréotype. En Février
2005, durant ma période d’observation, avant la mise en contact des ours, Tania stéréotypait
dans l’enclos extérieur de l’ancien bâtiment en réalisant jour après jour le même trajet de
stéréotypie : celui-ci suivait une trajectoire circulaire avec la moitié du cercle en nage sousmarine, une partie en nage sur le dos en prenant appui sur une paroi et une partie en marchant
dans l’eau sur un étage bétonné immergé avec un balancement de la tête à la fin. Certaines
fois, Tania stéréotypait sur terre en effectuant des allers-retours. Yourk, quant à lui,
stéréotypait dans l’eau ; il faisaient des allers-retours dans le bassin, l’aller en nageant sous
l’eau, et le retour en nageant sur le dos, en prenant appui à chaque fois contre une paroi pour
se propulser.
Quand les deux ours ont été mis en contact, les deux individus ont arrêté de stéréotyper une
journée, puis Yourk s’est remis à faire des allers-retours dans le bassin ou sur le sol, mais sur
des périodes plus courtes que lorsqu’il était seul. Tania, quant à elle, semblait éviter Yourk et
être assez stressée par sa présence le premier jour, puis s’est mise à jouer dans l’eau et hors de
l’eau avec des pare-battants les jours suivants. Ses périodes de stéréotypie sont beaucoup
moins fréquentes et moins longues que celles de Yourk, il s’agit d’allers-retours sur le sol.
Yourk se lasse beaucoup plus vite des enrichissements qui lui sont fournis quotidiennement
que Tania, qui elle, peut jouer avec pendant des heures.
Au Zoo de Mulhouse, durant ma période d’observation, Jurij stéréotypait beaucoup dans la
journée : il faisait des allers retours au sol. Tina ne stéréotypait presque jamais ; elle jouait ou
dormait. D’après les observations des soigneurs, Tina ne stéréotype quasiment jamais durant
l’année. En moyenne, les ours du Zoo de Mulhouse stéréotypent beaucoup moins que les ours
du Zoo de La Palmyre, ce qui est en paradoxe avec la taille respective de leurs enclos.
Cependant, l’enrichissement est plus diversifié et plus important au Zoo de Mulhouse ; de
plus, les cages de nuit ouvertes durant la journée constituent une barrière visuelle pour les
ours.
200
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211
Annexes
212
213
Centre for Fish and Wildlife Health
Zoo and Wild Animal Pathology
Dr. Nadia Robert, Dipl. ACVP
b
UNIVERSITÄT
BERN
Institute of Animal Pathology, Vetsuisse Faculty Berne,
Länggassstrasse 122, P.O.Box 8466, CH-3001 Bern.
Tel. ++41 31 631 24 17 Fax ++41 31 631 26 11
e-mail: [email protected]
Histopathology report
Animal: Polar bear, „Teddy“, female
Location: Safari Parc de Peaugres, FR
Histo N° : R04 / 1766
Anamnesis :
Extensive purulent perivulvar dermatitis, Hyperaemia of the vulvar mucosa.
Bacteriology of the vaginal swab: negative.
Histological findings:
Epidermis: diffuse hyper- and parakeratosi, with intracorneal pustules. Diffuse epidermal
hyperplasia with intracellular and intercellular oedema, and occasional acantholysis.
Multifocally erosions and ulcerations with marked neutrophilic infiltration.
Dermis: severe perivascular to diffuse infiltration with mainly plasmacells; occasionally
lymphocytes, neutrophiles and macrophages, rarely eosinophiles. Diffuse hyperplasia of the
sebaceous glands.
PAS-Stain: negative.
Diagnosis:
Chronic-active privulvar fold dermatitis (pyoderma).
Comment:
Non-specific chronic-active purulent lesions of the perivulvar skin.
Similar lesions known in dogs, especially in obese females with infantile or atretic vulvas.
Often associated with urinary tract infections. Usually bacterial overgrowth with
Streptococcus sp. or Staphylococcus sp.
No inclusion bodies indicative of Herpesvirus infection seen in the submitted samples.
However, in the cases of Herpesinfection in cattles (BHV-1, infectious pustular dermatitis)
and horses (EHV-3 coital exanthema) the inclusion bodies are visible only in the acute phase
of the infection.
214
215
KINKELIN Elise
Bilan de la reproduction des ours polaires en captivité dans les parcs
zoologiques français.
Thèse Vétérinaire : Lyon, 17 Novembre 2005.
RESUME :
L’ours polaire est une espèce en voie d’extinction du fait du réchauffement de la planète et
de la pollution croissante. Afin d’essayer de sauvegarder cette espèce en captivité, il est
indispensable d’étudier au préalable ses caractéristiques physiologiques et comportementales
dans son milieu naturel afin de pouvoir lui fournir en captivité le milieu le mieux adapté.
Cependant, une étude sur le mode de vie des ours polaires dans les trois parcs zoologiques
français détenant des couples montre que les zoos ne répondent pas à tous les critères
d’élevage, malgré de nombreux efforts apportés notamment au niveau de l’enrichissement et
de l’alimentation. En effet, l’ours polaire est une espèce qui s’adapte mal à la vie en captivité,
ce qui se ressent notamment au niveau de la stéréotypie et du faible taux de reproduction.
Mais les zoos sont confrontés à une barrière financière qui les empêche de développer des
structures adaptées aux animaux.
MOTS CLES :
- Ours polaire
- Reproduction
- Tanière
- Stéréotypie
- Enrichissement
- Milieu naturel
- Parcs zoologiques
- Alimentation
JURY :
Président :
Monsieur le Professeur ITTI
1er Assesseur :
2ème Assesseur :
Monsieur le Professeur GRANCHER
Madame le Professeur CHAUVE
DATE DE SOUTENANCE :
17 Novembre 2005
ADRESSE DE L’AUTEUR :
19 rue des Roses
69100 Villeurbanne
216
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