a forme comme un signal.
Le procédé architectural
n’est pas nouveau. Seuls le
contexte et le propos tenu font
la différence, pour valider un
geste qui pourrait facilement devenir
une démonstration emphatique. Les
lignes dessinées par Jean-Pierre Lott
appartiennent systématiquement à un
vocabulaire formel qu’il développe et
suit sans prêter attention aux tendances
“imposées”, proposant des volumes qui
cachent un intérieur semé de surprises.
Sous leur peau se dévoilent des parcours
qui conduisent et enveloppent le corps
dans un large cocon, toujours différent,
mais avec une même volonté de maîtri-
ser la lumière et de créer des sensations
spatiales. Le siège social de la chambre
des métiers de Loire-Atlantique illustre
encore une fois ce principe de concep-
tion, tout en poussant assez loin la dis-
crétion du volume construit.
● Le choix de la rupture
Le nouvel établissement créé se devait
pourtant de signaler la présence d’une
institution et tenter de démarrer une
nouvelle composition urbaine. Ce qui
revenait à trouver la bonne place dans
un capharnaüm visuel et à montrer la
voie d’un début de “rangement”, tout
en respectant les règles d’urbanisme.
Une zone
non ædificandi,
le long de la
route nationale, ainsi que le recul obli-
gatoire de 6 mètres par rapport aux
limites séparatives et aux autres bâti-
ments du site, ne laissaient que peu de
marge de manœuvre. Face à l’impossi-
bilité de poursuivre une ligne déjà en
place, qu’elle soit structurante ou archi-
tecturale, le parti adopté fut de rompre.
Pour être vu et reconnu,il ne fallait abso-
lument pas ressembler aux bâtiments
voisins qui expriment banalement une
fonction. Il était au contraire important
de se détacher du contexte et d’appor-
ter de la “matière”, en somme de pro-
duire une image pleine et calme qui se
détache du paysage et raconte une nou-
velle histoire, sans agressivité, simple-
ment par opposition à ce qui existe.
Cette logique d’inversion est appliquée,
mais en apposant un filet. Il était hors de
question de rompre sans comprendre et
sans analyser le tissu existant. De ce
constat est née une volumétrie générale
constituée de volumes qui s’imbriquent.
Très fermés dans leur apparence, ils sont
issus d’une géométrie simple, discrète,
mais forte. Parois inclinées et courbes
rompent avec la monotonie ambiante.
Leur position par rapport à la route
nationale est le plus reculée possible,
afin qu’elle soit autant en décalage que
le trait adopté.Ainsi le siège social de la
chambre des métiers donne-t-il à voir
une série de vues imprenables jusque-là,
déroutantes pour la plupart des pas-
sants. Elles le rendent repérable, mais
pas forcément reconnaissable comme
une institution. Le contexte y est pour
beaucoup, car il ne laissait aucune
chance à la création d’une entrée prin-
cipale qui fût évidente… En effet, le
volume implanté a beau être étonnant, il
2CONSTRUCTION MODERNE/N°112
>>> Une portion de sphère abrite le hall d’accueil, avec une
entrée juste suggérée par la présence d’une porte. Des fentes
vitrées créent une limite “creuse” entre la coque du hall et les autres
volumes. Une géométrie très forte de lames horizontales
pour briser les rayons du soleil. Vers l’arrière de la parcelle,
le bâtiment du centre de formation fait le lien avec l’existant.
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réalisation SAINTE-LUCE - Chambre des métiers
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