9ème Journée Toulousaine de Psychomotricité 12 mai 2007 Faculté de médecine Toulouse-Rangueil 133, route de Narbonne 31062 Toulouse cedex 04 Organisée par l'Association Toulousaine des Etudiants en Psychomotricité l'Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse avec le concours de le Crédit Lyonnais les Editions du Centre de Psychologie Appliquée les Editions Solal le magasin Le Passe Temps 30 rue des Lois 9ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Prise en charge de groupe des parents d'enfants hyperactifs : exemple du programme de Barkley Stéphanie Bioulac, Praticien hospitalier, Service Universitaire Psychiatrie de l'Enfant et l'Adolescent, Bordeaux Il existe différentes techniques pour aider les parents d’enfants hyperactifs. Nous utilisons les techniques cognitivo-comportementales et, plus précisément, le programme développé par Barkley (1987). Il est destiné aux parents d’enfants hyperactifs afin de les aider à mieux gérer les problèmes de comportement de leur enfant. L’objectif du programme est d’entraîner les parents à faire face aux situations difficiles qu’ils rencontrent, leur apprendre des stratégies de contrôles, cohérentes et adaptées aux comportements déviants de l’enfant. Elles permettront de diminuer l’intensité des répercussions du trouble au sein de la famille. La condition indispensable à la réalisation de ces objectifs est l’amélioration des relations parents-enfant, l’amélioration de l’image que l’enfant a de lui-même, que les parents ont d’eux-mêmes, l’amélioration du fonctionnement du couple et de la famille. Les programmes d’entraînement des parents améliorent les habiletés parentales et réduisent le stress parental. Ces dimensions positives dans la prise en charge des parents s’accompagnent d’une réduction de l’opposition, de l’agressivité et des comportements de défi. Le problème essentiel des thérapies congnitivo-comportementales est celui de la généralisation des effets : généralisation à d’autres situations, généralisation à d’autres domaines de fonctionnement et généralisation dans le temps ou maintien des effets. Ces interventions doivent être longues, réintroduites régulièrement au cours du développement de l’enfant pour faire en sorte que l’efficacité persiste. Ce groupe est un groupe fermé comprenant 6 à 8 familles (parents d’enfants hyperactifs). Il comprend 10 séances de 90 minutes qui ont lieu tous les 15 jours. La durée d’un groupe est donc d’environ quatre mois. Le groupe permet aux parents non seulement d’acquérir des compétences pour mieux gérer le comportement de leur enfant, d’obtenir des informations sur le trouble, mais aussi de partager leurs difficultés et d’échanger leurs expériences, leurs ressources et leurs idées avec d’autres parents qui font face aux mêmes difficultés. Références bibliographiques Barkley, R.A. (1987). Defiant Children : A clinician’s manual for parent training. New York : Guilford Press. Barkley, R.A. (1997). Defiant Children : A clinician’s manual for parent training. New York : Guilford Press. Bouvard, M.P., Le Heuzey, M.F., Mouren-Simeoni, M.C. et al. (2002). L’hyperactivité de l’enfance à l’âge adulte. Paris : Doin. 1 Gériatrie, psychogériatrie, gérontopsychiatrie ? Rôles et approches thérapeutiques du psychomotricien Séverine Michel, Psychomotricienne, Résidence Bellan (EHPAD et FAM), Septeuil, Yvelines Il nous semble important de vous définir notre champ de travail , c’est pourquoi nous mettons l’accent sur les termes Gériatrie, Psychogériatrie et Gérontopsychiatrie, ceci afin de bien cibler les rôles et approches thérapeutiques de notre pratique psychomotrice au regard de la population accueillie au sein de notre établissement. En premier point la Gériatrie est la Médecine de la vieillesse qui se réfère au terme Gérontologie, étude des phénomènes liés au vieillissement de l’organisme humain. En second lieu la Psychogériatrie recouvre la psychiatrie des personnes âgées. Les troubles psychiatriques quant à eux se divisent en trois approches : • les maladies psychiatriques apparues depuis l’enfance, l’adolescence ou durant la vie adulte d’une part et celles survenues au-delà de soixante cinq ans d’autre part, ce que l’on nomme trouble d’involution (ou d’apparition tardive), • les épisodes confusionnels (donc réversibles) de cause somatique, • les états démentiels induits par des lésions cérébrales irréversibles donc neurodégénératives (DTA, …). En troisième point la Gérontopsychiatrie, est en réalité un terme alternatif à la Psychogériatrie car ce dernier ne met pas en exergue le terme « Psychiatrie » (en opposition à la Pédopsychiatrie). On peut retrouver dans la littérature l’évocation à la Psychiatrie Gériatrique mais plus rarement dans le langage commun. Ainsi J.C. Monfort applique comme définition à la Psychogériatrie, « la pratique multidisciplinaire qui a pour objectif de soigner, d’apaiser et d’accompagner les personnes âgées qui souffrent de difficultés psychologiques, de troubles psychiatriques, qu’elles aient ou non un état démentiel » (Monfort, 1998, p.8). Après avoir défini ces termes utilisés en abondance mais pas toujours à bon escient, nous pouvons donc évoquer le fait que notre pratique se situe dans le champ de la Psychogériatrie puisque le profil de nos patients se scinde en : • maladies psychiatriques telles que psychose infantile, schizophrénie, PHC, PMD, … • patients déments suite à un AVC, DTA, syndrome de Korsakoff, syndrome frontal, Le propos de ce jour concernera les rôles et les approches thérapeutiques possibles chez ces patients, soit les différentes modalités de prise en charge du patient âgé en institution spécialisée. Tout d’abord nous aimerions préciser que le terme « prise en charge » n’a rien de lourd au sens de charge. En effet « prendre en charge » un patient âgé à visée thérapeutique de type stimulation, rééducation ou d’accompagnement est pour nous le reflet d’un engagement chaque jour renouvelé. Renouvelé grâce à l’étayage pourrions nous dire, fournit par la personnalisation de ces fameuses prises en charge d’une part et renouvelé par la spécificité et la richesse des différentes modalités d’approche(s) psychomotrice(s). Rappelons brièvement que notre pratique est une thérapie destinée à agir par l’intermédiaire du corps sur les fonctions mentales, comportementales (affectives) et instrumentales perturbées. Au sein de l’EHPAD (Etablissement d’Hébergement de Personnes Agées Dépendantes) et du FAM (Foyer d’Accueil Médicalisé) où nous pratiquons, la prise en charge en psychomotricité se fait sur prescription médicale par le gériatre ou le psychiatre, individuellement ou en groupe restreint. Elle est toujours précédée par un bilan psychomoteur qui établit un projet thérapeutique détaillé dont la finalité tentera une action globale de la personne âgée dans son individualité, à l’aide de diverses techniques, en utilisant toutes les possibilités de mouvement du corps, d’action et de détente, d’expression et de relation pour essayer de restaurer l’ensemble de la 2 9ème Journée Toulousaine de Psychomotricité personnalité en vue d’une meilleure adaptation du sujet à son milieu, en l’occurrence l’institution. Pour ce faire la thérapie psychomotrice utilise des médiations multiples dont la terminologie souvent changeante fait référence à un contenu commun pour les psychomotriciens. Nous-nous proposons maintenant de vous présenter nos principales approches thérapeutiques tout en spécifiant notre rôle qui diffère pour les patients de l’EHPAD et du FAM. Références bibliographiques Aubert, E., & Albaret, J.-M. (2001). Vieillissement et psychomotricité. Marseille : Solal. Bohomme, P., & Pras, P. (1998). La dépression du sujet âgé. Ardix Médical – Editorial Assistance : Levallois-Perret. Charazac, P. (2001). Introduction aux soins géronto-psychiatriques. Dunod : Paris. Dupont, R. (2000). Premières journées de la Psychomotricité en Gérontologie. Editions Vernazobres-Grégo : Paris. Evolution psychomotrice : n°35 (le vieillissement) Feil, N. (2005). Validation mode d’emploi. Paris : Editions Lamarre. Le Goues, G. (2000). L’âge et le principe de plaisir. Dunod : Paris. Lemaire, P. (1999). Le vieillissement cognitif. Paris : PUF. Lemoine, P., & Ferry, M. (1996). Vieillissement du sommeil. Ardix Médical – Editorial Assistance : Levallois-Perret. Monfort, J.C. (1998). La psychogériatrie. Paris : PUF. Personne, M. (1994). Le corps du sujet âgé. Pathologie de la vieillesse et relation de soins. Paris : Privat Dunod. Pinoit J.M., & Gaudet M. (1996). Syndrome confusionnel chez le sujet âgé – Ardix Médical – Editorial Assistance : Levallois-Perret. Pitteri F. (2000). Psychomotricité et personnes âgées. In C. Potel (Ed.), Psychomotricité : entre théorie et pratique. Paris : In Press Edition. Sebbane G., & Perilliat J.G. (1999). Attitude pratique en Gérontologie (Tomes 1& 2). MaisonsAlfort : Laboratoire Lafon. Thomas P., & Roche J. (1997). L’anxiété du sujet âgé. Ardix Médical – Editorial Assistance : Levallois-Perret. Unités de soins Alzheimer (2000). Maladie d’Alzheimer, Recherche Pratique et Clinique, Vol. 4. Paris : Serdi Edition. van der Linden, M., & Hupet, M. (1994). Le vieillissement cognitif. PUF : Paris. Wildlocher, D. (1983). Le ralentissement dépressif. PUF : Paris. 3 Traitement local et global des informations visuelles chez les enfants avec autisme : faible cohérence centrale ou trouble exécutif Patrice Gillet, Psychologue, CRA & Service Universitaire de Pédopsychiatrie, CHRU Bretonneau, 37044 Tours cedex - [email protected] L’autisme infantile caractérise un trouble du développement des relations sociales et de la communication verbale et non verbale associé à des activités stéréotypées et des centres d’intérêt restreints (voir Lenoir & al. 2003 ; Rogé, 2003). Les observations cliniques montrent que les enfants avec autisme ont un comportement visuel particulier non seulement envers les personnes qu’ils évitent du regard, mais aussi envers les objets. Les comportements d’utilisation des objets des enfants avec autisme sont souvent décrits comme « atypiques » basés sur la recherche d’auto-stimulations sensorielles ou/et sur l’exploration visuelle d’un détail saillant comme la roue d’une voiture miniature, ou l’œil coloré d’un ours en peluche que l’enfant peut alors manipuler de manière répétitive. Cette attirance pour les détails qui guide l’action suggère que les enfants avec autisme traitent les informations visuelles de manière fragmentée, autrement dit qu’ils traitent les informations perceptives sur un mode « local », axé sur la prise en compte d’un détail, au détriment d’un traitement global ou holistique des informations axé sur la prise en compte d’une configuration ou d’un contexte signifiant. De nombreuses études se sont intéressées au style cognitif des personnes avec autisme pour montrer une préférence pour le traitement perceptif « local » des informations visuelles. Celles-ci peuvent être argumentées par l’analyse des mouvements oculaires durant l’exploration des visages (Joseph & Tanaka, 2003), par aussi la facilitation exercée, lors d’activités constructives par des modèles dessinés fragmentés (Shah & Frith, 1984) et par les procédures graphiques utilisées lors de la copie de dessins géométriques ou d’objets (Mottron & al., 1999 ). Cette préférence pour le « local » rendrait compte des îlots d’aptitude souvent notés dans le domaine visuo-spatial et de « talents » dans le domaine graphique et architectural. Cette préférence rendrait compte aussi de difficultés, en particulier pour extraire des émotions assignées aux visages et « succomber » aux illusions visuelles (Happé, 1996) Pour Frith & Happé (1994) ce style cognitif privilégiant le traitement local des informations perceptives traduit une « faible cohérence centrale » : une difficulté à traiter les informations disparate dans un cadre représentatif unifié. Cette hypothèse partage des similitudes avec celle proposée par Goldstein (1947) concernant les effets de lésions préfrontales sur la cognition et le comportement : « Difficultés à dégager d’un ensemble disparate d’éléments des propriétés communes ou vues d’ensemble,…, des réactions dépendantes des impressions sensorielles avec un attachement à certains aspects des stimuli,.., une perte de l’attitude abstraite, une impossibilité de mise à distance par rapport au réel avec des difficultés à passer volontairement d’une activité à une autre ». Ainsi, le style cognitif des personnes avec autisme qui privilégie le traitement local des informations traduirait un manque de flexibilité cognitive et les difficultés d’attention sélective que l’on abordera en présentant des résultats obtenus chez des enfants avec autisme, aux tests visuo-perceptifs (ex : Copie de la Figure de Rey, tests d’illusion perceptive, test de Navon utilisés pour aborder la distinction entre traitement local et traitement global), aux tests exécutifs extraits de la NEPSY et aux échelles d’observation des comportements autistiques, pour pouvoir discuter des possibles relations entre le style cognitif axé sur le local, le fonctionnement exécutif et les signes comportementaux autistiques. Références bibliographiques Gillet, P., Hommet, C., & Billard, C. (2000). Neuropsychologie de l’enfant : Une introduction. Solal : Marseille 4 9ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Happé, F. (1996). Studying weak central coherence at low levels: children with autism do not succomb to visual illusions. A research note. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 37, 873-877. Happé, F., & Frith, U. (1996). The neuropsychology of autism. Brain, 119, 1377-1400. Joseph, R.M., & Tanaka, J. (2003). Holistic and part-based face recognition in children with autism. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 44, 529-542. Lenoir, P., Malvy, J., & Bodier-Rethore, C. (2003). L’autisme et les troubles du développement psychologique. Paris : Masson. Mottron, L., Belleville, S., & Menard, E. (1999). Local bias in autistic subjects as evidenced by graphic tasks: Perceptual hierarchization or working memory deficit ?. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 40, 743-755. Pennington, B.F., & Ozonoff, S. (1996). Executive functions and developmental psychopathologies. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 37, 51-87. Rogé, B. (2003). Autisme, comprendre et agir. Paris : Dunod. Roy, A., Gillet, P., Lenoir, P., Roulin, J-P., & Le Gall, D. (2005). Les fonctions exécutives chez l’enfant : Evaluation. In C. Hommet, I. Jambaqué, C. Billard & P. Gillet (Eds), Neuropsychologie de l’enfant et troubles du développement (pp.149-183). Marseille : Solal. Seron, X., Van der Linden, M., & Andres, P. (1999). Le lobe frontal : A la recherche de ses spécificités fonctionnelles. In M. van der Linden, X. Seron, D. Le Gall & P. Andres (Eds.), Neuropsychologie des lobes frontaux. Marseille : Solal. Shah, A., & Frith, U. (1993). Why do autistic individuals show superior performance on the block design task ? Journal of Child Psychology & Psychiatry, 34, 1351-1364. 5 Incidence de la prématurité sur le développement de l'enfant : séquelles et nécessité d'un suivi en psychomotricité Clémentine Athané, Psychomotricienne Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, qui l’a défini ainsi en 1948, est prématuré un enfant qui a passé moins de 8 mois dans le ventre de sa mère, c'est-à-dire moins de 37 semaines. La grossesse habituelle dure 41 semaines. A partir de 38 semaines, l’enfant est mûr, on dit qu’il est « à terme ». Les accouchements prématurés représentent 7,2% des naissances en France. Dans les premiers jours qui suivent la naissance, les conséquences de la prématurité sont surtout dues à l’immaturité des organes du nouveau-né : immaturité pulmonaire, nutritionnelle, hépatique, neurologique, immaturité de la thermorégulation et du système immunitaire. Le prématuré est donc un petit être qui a besoin d’assistances (respiratoire, circulatoire, nutritionnelle et thermique.) Son état de santé nécessite qu’il soit hospitalisé 24h/24h, dès sa naissance, afin de recevoir des soins médicaux quotidiens. Sorti tout chaud du ventre de sa mère, le prématuré est soumis à toute sorte de stimulations : bruit, lumière, odeur, froid, sécheresse de l’air. Il est piqué, perfusé, ponctionné, sondé, scopé et quelques fois intubé. De plus à l’hôpital, le nourrisson n’a pas avec ses parents le même lien privilégié qu’il pourrait avoir à la maison. Il y a une rupture affective avec ses derniers. Les soins, l’environnement du service, la séparation maternelle sont donc des éléments stressants pour le prématuré, pouvant entraver sa vie relationnelle avec ses parents, sa vie psychique mais également son développement psychomoteur. Dans la petite enfance, les prématurés peuvent présenter divers troubles ou séquelles : • des troubles alimentaires, sphinctériens et du sommeil ; • des séquelles sensorielles de type visuel et auditif ; • un retard du développement psychomoteur et notamment des fonctions posturomotrices (station, marche) ; • des séquelles motrices : prévalence de l’Infirmité Motrice d’Origine Cérébrale chez environ 20% des prématurés de moins de 28 SA avec des formes sévères et 50% avec des formes modérées ; • des séquelles intellectuelles, neurologiques mineures et cognitives : troubles de la motricité globale, de la motricité fine, du langage, des difficultés à type de dyxpraxies et/ou d’agnosies ; • des troubles du comportement et psychologiques : dépression, anxiété, syndrome déficitaire de l’attention avec hyperactivité ; • des troubles de la relation parent/enfant pouvant avoir des conséquences graves sur leur avenir psychologique avec le risque de pathologie psychosomatique ou de maltraitance. Ces résultats justifient la prise en charge périnatale de ces enfants. L’optimisation du taux de survie sans séquelles impose une prise en charge spécialisée multidisciplinaire débordant largement le cadre néonatal. Et c’est dans ce cadre que la psychomotricité tient toute sa place. En effet, ses interventions sont multiples : évaluations neuropsychomotrices (bilan neuro-moteur) afin d’évaluer le développement global du bébé, confort et bien-être du bébé et prévention posturale, toucher sensoriel et guidance parentale. L’évaluation neuro-psychomotrice permet d’évaluer le tonus passif, le tonus actif, la mise en place des réflexes primaires, l’éveil et la poursuite oculaire. Elle permet donc d’évaluer le niveau de maturation du bébé en fonction de son âge gestationnel et de pointer les éventuelles difficultés. Elle est faite, si possible, en présence des parents afin de pointer avec eux les compétences de leur bébé. 6 9ème Journée Toulousaine de Psychomotricité La prévention posturale engendre un travail de repositionnement des bébés qui a pour but la prévention orthopédique, l’éveil du bébé, le confort, et qui doit respecter la liberté de ses mouvements. A travers le toucher sensoriel, nous invitons les parents à toucher et à manipuler leur bébé afin de diminuer leurs angoisses vis-à-vis de ce petit être si fragile. Il a aussi pour but de procurer à l’enfant bien-être et détente afin de lui redonner la notion de corps plaisir. Le travail de guidance parentale est indispensable car les parents ont eux aussi vécu un traumatisme du fait de la naissance prématurée de leur enfant et très souvent, ils ne savent pas comment faire avec leur bébé. Le (la) psychomotricien (-ne) représente une aide à l’établissement d’un lien d’attachement. Le (la) psychomotricien (-ne) va être attentif au développement de l’enfant en lui assurant un suivi régulier. Ce suivi peut se présenter de différentes façons : un suivi ponctuel c'est-à-dire un bilan à des âges bien précis (1, 3 et 6 mois et 1, 2 et 3 ans) soit un suivi régulier à raison d’un fois par semaine ou toutes les deux semaines si les difficultés de l’enfant s’avèrent importantes et entravent sérieusement le développement de l’enfant. L’intervention d’un/une psychomotricien (-ne) dès la néonatologie et notamment dans les trois premières années de la vie permet de suivre l’évolution de l’enfant, de l’aider à certains moments dans ses acquisitions et de repérer des possibles séquelles plus ou moins invalidantes. Notre intervention se situe également auprès des parents afin qu’ils soient entièrement acteurs dans le développement et dans l’avenir de leur enfant. Nous les écoutons, nous les informons et nous leur donnons des conseils tant pour participer aux acquisitions de leur enfant que pour les aider (s’il le faut) dans leur relation avec lui. Les statistiques permettent de pointer les domaines les plus en difficulté chez le prématuré ainsi que le développement des moyens d’intervention précoce. Elles ont également permis à la psychomotricité de prendre toute sa place auprès de ces enfants et de devenir indispensable à une prise en charge optimale des troubles régulièrement rencontrés. Malheureusement, nous déplorons qu’il y ait encore trop peu d’unités avec des psychomotriciens. Références bibliographiques Alonso-Bekier, S. (2002). Du prématuré au prématurissime : la psychomotricité a de plus en plus sa place dès la néonatologie, Journal de Pédiatrie et de Puériculture, 15, 6, 336-339. Alonso-Bekier, S. (2005). Petit prématuré deviendra grand… ou nécessité du suivi en psychomotricité, Evolutions Psychomotrices, 17, 67, 10-15. Amiel-Tison, C., & Grenier, A. (1984). La surveillance neurologique au cours de la première année de la vie. Paris : Masson. Arnaud, C. (2005). L’expérience psychomotrice à la rencontre du bébé prématuré et de ses parents de porcelaine, Evolutions Psychomotrices, 17, 67, 5-9. Beyssac-Fargues, C., & Syfuss-Arnaud, S. (2000). Le bébé prématuré : l’accueillir, le découvrir, le soutenir. Paris : Albin Michel. Druon, C. (1996). A l’écoute du bébé prématuré. Paris : Flammarion. Espinas, J.F. (1994). Prématurité, immaturité et rééducation psychomotrice. Entretiens de Bichat, pp 5-12. Philippe, F., & Lézine, I. (1974). A propos du devenir de l’ancien prématuré, Revue de neuropsychiatrie infantile, 22, 263-280. Vaivre-Douret, L. (1996). Précis théorique et pratique du développement moteur du jeune enfant. Paris : Elsevier. Vaivre-Douret, L. (2001). Eveil corporel et confort du nouveau-né prématuré, Le Journal de Professionnels de l’Enfance, 11, 33-36. Vaivre-Douret, L. (2003). La qualité de vie du nouveau-né. Paris : Odile Jacob. 7 La psychomotricité en ITEP ou comment aborder des enfants agressifs et opposants ? Lucie Vallade, Régis Soppelsa, Psychomotriciens Une prise en charge psychomotrice classique est souvent difficile à mettre en place sans l'adhésion et la participation de l'enfant. Or dans les Instituts Thérapeutiques Educatifs et Pédagogiques, ce cas de figure est récurrent puisque l'agressivité, l'opposition et la provocation sont davantage liées à l'adoption d'un mode de communication à défaut d'un autre, plutôt qu'à la manifestation d'états émotionnels passagers. La violence pose un certain nombre de questions dans ces instituts: elle est la source de l'admission des enfants en ITEP, elle reste présente dans les différents lieux de prise en charge et parfois s'y développe. Nous sommes donc en présence d'enfants avec une problématique compliquée. Les troubles ne se présentent pas de façon isolée mais dans une intrication complexe, parfois difficile à préciser. Leur parcours de vie, souvent difficile à résumer en raison de multiples ruptures et de tous les écueils rencontrés, les ont conduits à un placement institutionnel. Avec un cadre familial précaire, des négligences voire des violences subies, un ensemble de comorbidités dégradant les processus de contrôle de l'enfant, leur capacités intellectuelles, qui sont en général dans la moyenne, ne suffisent plus pour s'inscrire dans un cadre ordinaire et répondre aux obligations attendues dans un milieu socialement adapté. Nous comprenons, dès lors, combien il peut être difficile d'aider ces enfants à réduire leurs comportements inadaptés, comportements qui sont secondairement devenus pour eux un moyen de défense et d'expression de leurs émotions. Ainsi, de nombreuses questions découlent des observations menées lors de l'approche de cette population: comment aborder ces enfants en échec ? Quelle prise en charge, en psychomotricité, serait la plus adaptée à leurs troubles ? Quels sont leurs déficits réels et comment s'appuyer sur leurs aptitudes ? Cette réflexion nous a amené à proposer à trois enfants présentant un Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP), de participer à un groupe, afin de travailler sur leurs comportements d'opposition. L'hypothèse de ce travail était qu'une prise en charge de groupe s'appuyant sur un apprentissage des techniques de régulation des troubles du comportement, permettrait aux enfants de diminuer leurs manifestations agressives et les aiderait à renforcer l'utilisation de patterns pro-sociaux. Ce travail de groupe est basé sur l'apprentissage de techniques comme l'entraînement aux habiletés sociales et l'autocontrôle de la colère. Pour ce faire, des moyens d'évaluation ont dû être utilisés pour contrôler l'évolution des comportements. L'enregistrement vidéo et la construction de grilles d'observation ont donc été nécessaires pour effectuer ce travail. La mise en pratique de la prise en charge a été la suivante: évaluation des comportements des enfants dans le groupe à partir d'une tâche de coopération, puis rééducation avec l'utilisation des méthodes déjà citées, enfin re-test sur la tâche initiale après neuf séances. Malgré les difficultés liées à l'utilisation de ce dispositif, les résultats indiquent des bénéfices sur l'attitude des enfants au sein du groupe. Cependant, cette expérience n'a pas de valeur de généralisation. Il n'en reste pas moins que les effets obtenus peuvent être analysés et discutés dans le cadre des pratiques du psychomotricien en ITEP. Références bibliographiques Bedell, J.R.; Lennox, S.S. (1997). Handbook for communication and problem solving skills training, a cognitive behavioral approach. New York : Wiley. Corraze, J. (1997). De la sociobiologie à la pathologie ou de l’agression à la violence. Evolutions Psychomotrices, 9, 37, 115-125. 8 9ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Dodge, K.A., & Crick, N.R., (1994). A review and reformulation of social information-processing mechanisms in children's social adjustment. Psychological Bulletin, 115, 74-101. Guevremont, D. (1990). Social skills and peer relationship training. In R.A Barkley (Ed.), Attention deficit hyperactivity disorder (pp. 540-572). New-York : The Guildford Press. Lennox, S., & Bedell, J. (1997). Handbook of communication and probleme solving skills training, a cognitive-behavioral approach. New-York : Einstein Psychiatric Serials. Moscovici, S. (1994). Psychologie sociale des relations à autrui. Paris : Nathan. 9 Mémoire de travail visuo-spatiale et motrice chez l'individu porteur de Trisomie 21 : intérêt de la prise en compte de ces notions dans la prise en charge psychomotrice. Claire Tribillac, Jean-Michel Albaret, Psychomotriciens Parmi les différents systèmes de la mémoire humaine, la mémoire de travail (Baddeley, Hitch, 1986,1992) joue un rôle déterminant, permettant au sujet de stocker temporairement des informations issues des voies perceptives et de pouvoir les manipuler mentalement. Il peut alors se construire une représentation des événements, comprendre les relations de causalité, puis les anticiper, ou encore effectuer des apprentissages. La question de la mémoire de travail en psychomotricité prend sa légitimité de par son rôle de pré-requis à certaines capacités, notamment dans la mise en place de la représentation spatiale, des transformations spatiales et de l’orientation, mais aussi dans l’intégration de séquences de mouvements, la fluidité de mouvement, et l’anticipation temporelle. De nombreuses études portant sur le Trisomie 21 ont démontré des spécificités chez les individus porteurs de ce syndrome concernant le mémoire de travail, en particulier un déficit de la boucle phonologique (Jarrold & Baddeley, 2001). Rappelons que la mémoire de travail comprend trois composantes, à savoir l’administrateur central (contrôlant les mécanismes attentionnels et exécutifs), la boucle phonologique (traitement des informations auditivo-verbales) et le calepin visuo-spatial (traitement de l’information visuelle et spatiale). Cependant, le déficit de mémoire auditivo-verbale retrouvé s’inscrit dans un tableau de retard de parole, de difficultés articulatoires, de vocabulaire pauvre et les sujets porteurs de Trisomie 21 développent souvent des modes de compensations pour pallier à ces difficultés, notamment par l’utilisation du système de mémorisation visuospatiale. Comme cette compensation est efficace, il apparaît légitime de la favoriser en stimulant la mémoire spatiale d’un enfant atteint de Trisomie 21, pour l’aider à mieux appréhender son environnement en attendant que les voies verbales se construisent ou se consolident. Parallèlement à cette relative force de la mémoire spatiale, on relève d’autres composantes mnésiques intervenant dans la mémoire des successions motrices qui sont par contre déficitaires. Tout d’abord un déficit de traitement de l’information kinesthésique qui entraînerait des difficultés à aborder les successions de mouvements de formes. En effet, les successions de mouvements de formes (morphocinétiques) font appel à une mémoire proprioceptive (par oppositions au mouvements de position qui semblent utiliser davantage les voies de mémorisation spatiale) (Smyth, Pearson & Pendelton, 1988). Par ailleurs, les individus porteurs de Trisomie 21 présentent des difficultés temporelles et sérielles, une tendance à la persévération, un défaut d’anticipation (alors même qu’une situation se répète), dimensions régies par le système exécutif central, bien qu’aucun déficit spécifique de l’administrateur central n’ait pu être mis en évidence de façon claire dans la Trisomie 21 (Numminem, 2001). Les travaux portant sur la mémoire de travail spatiale, sur le système exécutif (et notamment la flexibilité mentale), sur la mémoire motrice ou encore sur les processus sériels proposent ainsi des éléments d’explication et peut-être des pistes d’intervention pour pallier aux difficultés rapportée chez le sujet porteur de Trisomie 21. Nous proposons ici d’étudier les stratégies de mémoire de travail visuo-spatiale et motrice et les modalités d’intégration de l’ordre des éléments de séries visuo-motrices chez deux enfants avec Trisomie 21, âgées de 10 et 11 ans, et surtout la possibilité d’intervenir sur ces composantes dans le cadre d’une prise en charge psychomotrice. En premier lieu se pose la question de l’évaluation objective des aptitudes mnésiques. Le recours aux tests d’empan visuel, spatial et moteur s’avère opportun dans sa dimension quantitative ainsi que par les indices qualitatifs, en particulier le type d’erreurs, qu’il fournit, permettant d’émettre des hypothèses sur les stratégies utilisées. 10 9ème Journée Toulousaine de Psychomotricité Il ne permet cependant pas à lui seul de rendre compte des aptitudes dans les tâches mnésiques complexes, d’où l’intérêt que l’on portera aux observations qualitatives de l’évolution des réponses des sujets durant la rééducation. Au regard des difficultés associées à la Trisomie 21, la prise en charge doit permettre de favoriser la prise d’indices pertinents au niveau spatial (localisation), kinesthésique (sensation) d’une part, et temporel (item de début / item de fin) d’autre part. Par ailleurs, on encouragera la flexibilité dans le contrôle des éléments encodés c’est-à-dire la capacité à comprendre les moments où il faut mémoriser, et ceux où il faut oublier, parce que la restitution est erronée ou parce que l’on est en présence d’une nouvelle séquence d’items. Enfin on favorisera l’utilisation de stratégies limitant la charge cognitive, telles que les stratégies d’association. Nous verrons ainsi que, bien que l’empan mnésique soit une dimension théorique relativement stable, les stratégies de mémorisation peuvent être travaillées et optimisées comme le suggèrent les résultats obtenus chez chacun des deux enfants que nous présentons. Références bibliographiques Baddeley, A.D. (1996). La mémoire de travail. 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