Communiqué de presse Berlin, le 14 mars 2013 Vainqueurs, libérateurs et occupants: les juifs allemands au service des troupes alliées « J’ai pleuré lorsque j’ai eu mon fusil en main. (…) Je n’étais plus désarmé. Pour la première fois je pouvais me défendre.» Beaucoup de réfugiés juifs allemands qui ont combattu contre l’Allemagne nazie aux côtés de la coalition antihitlérienne ont éprouvé les mêmes sentiments que le célèbre écrivain Stefan Heym. Une exposition temporaire du Musée des Alliés évoque cet aspect peu connu de l’histoire des juifs allemands. «Vainqueurs, libérateurs et occupants : les juifs allemands au service des troupes alliées» est la contribution du Musée des Alliés à l’année berlinoise 2013 «La diversité berlinoise réduite à néant 1933 – 1938 – 1945». Les histoires de vie constituent le cœur de cette exposition. Elles transmettent une image composite et ouvrent des perspectives inhabituelles. Les biographies complètent les récits de souffrance et de sacrifice des juifs allemands qui ont subi la politique d’extermination nazie ainsi que ceux des Allemands et Berlinois qui ont souvent noué des relations amicales avec les troupes d’occupation occidentales. L’exposition ne se cantonne toutefois pas au service dans les troupes des puissances occidentales. L’écrivain Stefan Doernberg a émigré dès 1935 en Union soviétique, s’est engagé dans l’Armée rouge en 1939 et a travaillé après la guerre au sein de l’administration soviétique dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale. La présentation muséale se concentre sur les années de guerre et d’après-guerre durant lesquelles les anciens réfugiés sont revenus en Allemagne et ont servi dans les troupes combattantes ou dans l’administration militaire. Elle présente des trajectoires biographiques inconnues à ce jour, comme celle de Celia Treitel, une juive allemande de Berlin, qui a émigré en Grande-Bretagne, s’est volontairement engagée dans l’armée américaine et à travaillé pour la censure dans la zone d’occupation américaine en Allemagne. Mais l’exposition offre aussi une perspective inédite sur des biographies de personnalités comme le prix Nobel de la paix Henry Kissinger, l’écrivain Stefan Heym ou le journaliste Ernst Cramer. Elle met en évidence qu’un nombre conséquent de juifs allemands a contribué à élaborer l’avenir politique de l’Allemagne vaincue. C’est aussi à ce groupe de libérateurs que nous devons la dénazification, la rééducation ainsi que la création d’une presse écrite et de chaînes de radio démocratiques. Dans la zone soviétique, les réfugiés juifs allemands ont participé à l’instauration d’un régime communiste. Certains d’entre eux ont été envoyés en mission dans leur région d’origine. Quelques-uns y ont même croisé leurs anciens bourreaux. L’exposition temporaire fait la lumière sur des expériences contradictoires, des constats choquants et des sentiments qui oscillent entre triomphe et déception grandissante à l’égard de la politique d’après-guerre des Alliés. Elle évoque aussi les histoires de fuite, souvent dramatiques, et les nouveaux départs généralement difficiles dans les pays d’accueil. Beaucoup de juifs allemands ont compris au plus tard avec les pogromes de novembre 1938 que leur vie était en péril. Tous ceux qui l’ont AlliiertenMuseum, Clayallee 135 – Outpost, 14195 Berlin Telefon +49 / (0)30 / 81 81 99 -0 Fax +49 / (0)30 / 81 81 99 -91 E-Mail [email protected] Communiqué de presse Berlin, le 14 mars 2013 pu ont tenté de fuir l’Allemagne. Au moment où la guerre a éclaté en 1939, personne, sans doute, ne pensait que certains de ces réfugiés reviendraient un jour comme soldats et qu’ils libéreraient l’Allemagne du nazisme. Environ 30 000 juifs ont fui le Reich allemand et l’Autriche entre 1933 et 1939. Les principales destinations ont été les États-Unis, l’URSS, la Grande-Bretagne, la France et la Palestine. Les pays d’exil choisis ont varié en fonction des convictions politiques et des relations familiales. La fuite des réfugiés fut synonyme de souffrance, beaucoup n’y ont réchappé que de peu. Mais le sentiment de liberté et de soulagement n’a pas fait long feu. Dans les pays en guerre contre l’Allemagne, tous les Allemands étaient considérés comme des « enemy aliens », des étrangers ennemis – y compris les réfugiés juifs. Les États-Unis les suspectaient d’abriter des espions et des saboteurs dans leurs rangs. La peur d’une « cinquième colonne » s’est rapidement propagée. À l’inverse de la Grande-Bretagne cependant, qui a interné des milliers de réfugiés, dont de nombreux juifs, pendant de longues années, les Américains ont vite compris l’utilité des émigrants. En 1943 au plus tard, toutes les armées alliées avaient enrôlé des juifs allemands. Ils ont combattu en première ligne en Afrique du Nord, en Sicile ou ont débarqué lors du « Jour J » en Normandie. Beaucoup ont été formés à la traduction, aux techniques d’interrogatoire ou à la guerre psychologique. Aux États-Unis, les plus célèbres d’entre eux ont appris leur art au Camp Ritchie, dans le Maryland, et sont connus sous l’appellation de « Ritchie Boys ». L’exposition met également en lumière les biographies des émigrés juifs d’Allemagne après leur service militaire et l’occupation. La plupart d’entre eux sont retournés dans leur nouvelle patrie où ils ont fait de brillantes carrières d’entrepreneurs, de journalistes ou de scientifiques. Henry Kissinger est même devenu ministre des Affaires étrangères des États-Unis. Certains sont revenus s’installer en Allemagne. Ernst Cramer a été l’un des plus proches collaborateurs du magnat de la presse Axel Springer ; Stefan Doernberg ambassadeur de RDA en Finlande. Les amples recherches effectuées permettent de présenter des pièces originales se rapportant à chacune des trajectoires biographiques, qu’elles émanent de collections de musées ou de collections particulières. Elles sont complétées par des photographies et des interviews saisissantes de témoins. Le Musée des Alliés s’appuie sur l’expertise et sur les archives de Steven Karras (États-Unis) et d’Helen Fry (Grande-Bretagne), qui mènent depuis de longues années des recherches sur les juifs allemands au service des troupes alliées. Quelques rares témoins de l’époque sont également encore en vie. Contact pour la presse: Cecilia Reible, cell.: +49-170-9033198 ou [email protected] AlliiertenMuseum, Clayallee 135 – Outpost, 14195 Berlin Telefon +49 / (0)30 / 81 81 99 -0 Fax +49 / (0)30 / 81 81 99 -91 E-Mail [email protected]