www.nouvellescles.com Longue vie à nos articulations ! Dr Odile Picard-Paix 1 Les anomalies de structure du squelette Parmi les anomalies articulaires, citons tout d’abord la scoliose. La scoliose est une déformation de la colonne vertébrale, dorsale et/ou dorso-lombaire, avec des inclinaisons anormales des vertèbres dans le sens latéral ou de l’avant vers l’arrière. La cyphose1 donne une attitude bossue, l’hyperlordose donne une attitude trop cambrée. Scolioses vues de face 1 Augmentation anormale de la convexité du rachis. Longue vie à nos articulations ! Dr Odile Picard-Paix LONGUE VIE À NOS ARTICULATIONS ! Scolioses vues de profil Cyphose dorsale exagérée (trop bossu) Lordose lombaire exagérée (trop cambré) Cypho-lordose (bossu et cambré) Inversion (dos trop plat) Ces modifications anormales de l’axe de notre dos, si elles sont suffisamment visibles, peuvent être observées par nousmême, de profil, devant un miroir, ou par notre entourage. Mais c’est surtout le médecin qui sera à même de préciser le diagnostic ou l’importance d’une scoliose. Ces déformations peuvent survenir durant l’enfance ou apparaître à l’âge adulte. La scoliose de l’adulte est cependant le plus souvent secondaire à une scoliose apparue dans l’enfance. 5 à 10 % des adolescents souffrent de scoliose. Chez l’enfant, elle peut être dépistée aisément à l’occasion de visites de médecine scolaire, et surtout chez le pédiatre ou le médecin de famille qui www.nouvellescles.com Les différents facteurs qui prédisposent aux problèmes articulaires suit l’enfant depuis sa naissance, ainsi que lors de rendez-vous pour la délivrance d’un certificat médical d’aptitude sportive. Ces malformations, si elles ne sont pas dépistées ou soignées à temps et durant au moins toute la période de croissance, sont susceptibles de générer des lésions d’arthrose vertébrale, en raison des mauvaises positions des vertèbres les unes par rapport aux autres. Une fois installées chez l’adulte jeune, celles-ci vont occasionner des douleurs et des raideurs plus ou moins invalidantes qui ne cesseront de pénaliser sa mobilité, avec pour conséquence une diminution de son autonomie beaucoup trop précoce. 21 www.nouvellescles.com Longue vie à nos articulations ! Dr Odile Picard-Paix LONGUE VIE À NOS ARTICULATIONS ! Les différents facteurs qui prédisposent aux problèmes articulaires Hanche présentant une insuffisance de recouvrement du toit du cotyle 2 Les anomalies génétiques Parmi les anomalies génétiques héréditaires, nous retrouvons la luxation congénitale de la hanche, une insuffisance de recouvrement du toit du cotyle sur la tête fémorale. C’est la malformation la plus fréquente chez les nouveaux-nés : 4 % d’entre eux en sont atteints, dont une majorité de filles. Elle est à l’origine du tiers des arthroses de la hanche, aussi appelées « coxarthroses ». Il est donc primordial de la détecter dès la naissance, ce qui est fait de façon systématique lors de l’examen clinique du nouveau-né. En examinant le nourrisson, on constate qu’il a une hanche laxe, instable, qui se luxe facilement. À titre préventif, on lange le nourrisson en abduction2 pendant quelques mois. Dans la plupart des cas, cela permet de prévenir la survenue d’une arthrose de la hanche très invalidante chez des patients jeunes. 2 En écartant l’axe des jambes vers l’extérieur. Une autre anomalie positionnelle des membres inférieurs peut être observée très tôt dans la petite enfance, avec un défaut de l’axe entre le fémur et la jambe. C’est ce que l’on nomme le « genu varum3 », lorsque les jambes sont arquées, et le « genu valgum4 », lorsqu’elles forment un X. Ces défauts de positionnement sont très fréquemment à l’origine d’une arthrose des genoux qui peut survenir dès l’âge de 30 - 40 ans et toucher secondairement les hanches ou le rachis. Là aussi, un traitement préventif est essen3 Genu varum : déviation de l’axe de la jambe vers l’intérieur. 4 Genu valgum : déviation de l’axe de la jambe vers l’extérieur. 23 www.nouvellescles.com Longue vie à nos articulations ! Dr Odile Picard-Paix LONGUE VIE À NOS ARTICULATIONS ! tiel, dès l’enfance ou l’adolescence, afin de corriger au mieux l’axe des membres inférieurs, grâce au port de semelles orthopédiques dans des chaussures de qualité. Il faudra également orienter ces jeunes patients vers des activités sportives adaptées, non traumatisantes, et vers une éventuelle prise en charge par un kinésithérapeute. Un facteur héréditaire est aussi fréquemment observé chez les patients atteints d’arthrose des doigts. On constate en effet qu’elle est transmissible principalement de mère en fille. Cette part héréditaire est retrouvée dans 70 % des arthroses des doigts, alors qu’elle est de 50 % pour l’arthrose des genoux et de 30 % pour l’arthrose des hanches. On a démontré que certaines arthroses familiales étaient dues à une anomalie génétique. En effet, si une personne sait que son père ou sa mère a eu une arthrose du genou ou de la hanche, elle peut faire de la prévention, en veillant à ne pas surmener ses articulations. Tous ces conseils concernent la vie courante et les pratiques sportives5. Une hantise bien légitime est de subir à un âge relativement jeune les mêmes atteintes et les mêmes handicaps que leurs propres parents. Les différents facteurs qui prédisposent aux problèmes articulaires Une maladie osseuse de croissance, la maladie de Scheuermann ou le développement d’une spondylarthrite ankylosante à la fin de l’adolescence potentialisent également la survenue de lésions articulaires dégénératives à l’âge adulte. – La maladie de Scheuermann. Vers l’âge de 10 ans, on observe chez les enfants atteints de cette maladie un dos plus arrondi, mais indolore. Puis, durant l’adolescence, cette cyphose6 commence à devenir plus ou moins douloureuse. Ces douleurs s’intensifient chez le jeune adulte, au moment où il subit d’éventuels microtraumatismes d’origine sportive ou professionnelle. Plus tard, cette anomalie de croissance évolue vers la survenue de douleurs rachidiennes chroniques liées à l’arthrose qui s’est installée vers 30-40 ans. Il est donc essentiel de dépister cette maladie dès le plus jeune âge de l’enfant pour éviter les efforts physiques comme le port de charges lourdes, ainsi que les pratiques sportives nocives pour le dos. La natation demeure le meilleur sport pour ces enfants. Une orientation professionnelle adaptée est essentielle, afin de limiter les risques d’arthrose du rachis avec un handicap de plus en plus invalidant. – La spondylarthrite ankylosante. Cette maladie rhumatismale, dont les premiers symptômes apparaissent entre 18 et 30 ans, affecte plus souvent les garçons. Généralement héréditaire, on y retrouve comme facteur génétique la présence d’une anomalie du gène HLAB 27. Les atteintes articulaires concernent principalement les lombaires et le bassin : le jeune patient ressent des douleurs lombaires basses et sacro-iliaques, de fréquentes scia- 5 Voir les quatrième et cinquième parties. 6 Voir lexique. 25 www.nouvellescles.com Longue vie à nos articulations ! Dr Odile Picard-Paix LONGUE VIE À NOS ARTICULATIONS ! tiques et un enraidissement progressif de sa colonne vertébrale. Une invalidité se met peu à peu en place, marquée surtout par une difficulté majeure à mobiliser la colonne dorso-lombaire. Pour prévenir ces lésions articulaires et traiter au mieux les patients, une pratique sportive régulière ainsi qu’un choix adapté d’activités professionnelles seront nécessaires. Pour le sport, on conseillera la natation, de préférence le dos crawlé ou le crawl, et le basket ou le volley de façon peu intensive pour les positions en étirement et assouplissement du rachis qu’ils suscitent, avec des séances régulières de kinésithérapie. Là encore, la prévention familiale est primordiale, avec la recherche génétique chez les enfants dont les parents sont atteints de cette maladie, afin de les aider dans leurs choix sportifs s’ils sont porteurs du gène HLAB 27 – avant qu’ils n’aient pris un goût certain pour telle ou telle activité sportive qui serait incompatible. Citons comme dernier facteur potentiel remontant à l’enfance, les angines à répétition qui ont été compliquées de crises de rhumatisme articulaire aigu. Ces patients sont plus fragiles à l’âge adulte et souffrent plus fréquemment d’arthroses compliquées de poussées inflammatoires. Les différents facteurs qui prédisposent aux problèmes articulaires 3 L’âge L’avancée en âge est le principal facteur de dégénérescence articulaire et osseuse. Avec l’amélioration régulière de l’espérance de vie, le vieillissement articulaire concerne une part de plus en plus importante de la population, quel que soit son degré d’autonomie. Avant l’âge de 45 ans, 30 % de la population a déjà souffert d’au moins une articulation. 65 % des plus de 65 ans ont une arthrose qui n’est pas systématiquement douloureuse ou handicapante. 70 % des femmes de plus de 65 ans ont de l’arthrose et, audelà de 80 ans, 80 % des personnes en sont atteintes. Les localisations les plus fréquentes sont le rachis et les doigts. Pour les genoux et les hanches, qui sont des articulations portantes, les conséquences se situent parmi les plus invalidantes, ainsi que pour les épaules, parce qu’elles sont très sollicitées. Avec l’âge, on observe une diminution globale du nombre de chondrocytes7, les cellules qui composent le cartilage. Parallè- 7 Voir lexique. 27