L`enfant autiste et la douleur

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1. Définition
Les autistes ont des difficultés à appréhender les symboles, tout comme d'autres ont des
problèmes visuels ou auditifs. Le fonctionnement de la société dans son ensemble est régi
par des symboles. Le langage en est un excellent exemple : Les sons désignent -c'est à dire
symbolisent- à la fois des choses, des actes, des pensées, des sentiments. La société utilise
constamment des symboles : signes de tête, sourires, poignées de main... Et on sait que les
personnes atteintes d'autisme ont d'importants problèmes avec les contacts sociaux et toute
forme de langage. Les personnes autistes vivent ainsi dans un monde qu'elles ne
comprennent pas, ou difficilement, et au sein duquel elles ne peuvent pas ou presque pas se
faire comprendre. Il n'est donc pas étonnant que les autistes se retirent apparemment de ce
monde, et manifestent de temps en temps leur impuissance, en se frappant la tête contre les
murs ou en hurlant de colère. C'est précisément cet isolement qui est à la base du nom
donné à la maladie (du grec « autos » : soi-même).
Tout comme un handicap visuel ou auditif, les personnes atteintes d'autisme nécessitent
une éducation et une prise en charge adaptées à leur handicap. Cette éducation et cette
prise en charge sont essentielles, si on souhaite donner la possibilité aux personnes
atteintes d'autisme, et à leur entourage, de vivre une existence satisfaisante.
2. Particularité chez les autistes
L'enfant autiste réagit anormalement aux perceptions sensorielles. La réaction peut être
excessive ou atténuée, et se produire pour tous les organes des sens.
- symptômes visuels
Un enfant peut regarder les dessins sur la tapisserie, dans des livres pendant des heures. Il
peut exister une sensibilité inhabituelle à la lumière (fixer une lampe qu'on allume, qu'on
éteint, regarder un flash...).
L'enfant fixe parfois certaines parties de son corps (mains, doigts...), ou, tout ce qui tourne.
Le symptôme visuel le plus commun est la reconnaissance de modèles visuels et la volonté
de les maintenir (refus de changement). Cette capacité à reconnaître la disposition des
choses et à en conserver l'ordre avait été observée par KANNER et appelée désir
obsessionnel d'immuabilité. C'est la réponse anormale de l'enfant sur le plan des
perceptions visuelles.
- symptômes auditifs
Il est fréquent que les enfants autistes ne réagissent pas aux sons ou semblent sourds ou
encore répondent seulement à certains sons et semblent ainsi posséder une audition
sélective. Mais l'enfant autiste est capable de faire attention à un nouveau son, tel qu'un
klaxon, une publicité à la télévision, un bruit de moteur, un instrument de musique dont le
son est inhabituel.
L'enfant plaque souvent ses mains sur ses oreilles. Ce fait alterne avec des périodes
pendant lesquelles l'enfant va s'intéresser à des bruits répétitifs comme chantonner, faire
claquer se langue ou frapper en cadence des objets.
L'enfant qui est insensible aux sons un jour, peut très bien un autre jour, placer son oreille
contre le piano ou le haut-parleur du poste de radio.
- le toucher, la température, la douleur
L'enfant peut passer des heures à frotter différentes surfaces avec la main, à transporter
avec lui des morceaux de ficelle ou de tissu qu'il caresse. L'enfant autiste qui se cogne ou
se blesse réagit de façon atténuée (se cogne ou se mord volontairement).
La texture de la nourriture est également importante pour certains enfants qui n'acceptent
qu'une nourriture passée au mixeur, et qui recrachent tout morceau n'ayant pas la
dimension requise. Les changements de température peuvent également provoquer des
réactions intenses.
3. Mobilité des autistes
L'enfant autiste peut conserver longtemps des postures et des attitudes qui peuvent durer
des heures (balancement, battements des mains). Ces comportements ne se produisent pas
intermittence.
4. Troubles de la relation avec autrui, avec les évènements et les objets
Contrairement à ce qui se dit, les enfants autistes entrent en relation, mais d'une façon
anormale, ils ne présentent pas une incapacité à entrer en relation avec autrui. Lorsque le
développement de l'enfant s'est arrêté à un stade précoce, celui-ci ne manifeste aucun
intérêt à regarder le visage ou les yeux, mais même l'enfant le plus atteint peut progresser
et parvenir à établir une relation affective avec son entourage.
Les troubles de la relation peuvent être observés dès les premiers mois de la vie. Les enfants
autistes n'ont pas de gestes anticipateurs pour être pris dans les bras, mais ils peuvent avoir
brusquement un démarrage rapide du développement, et commencer à entrer en relation
d'une façon plus élaborée.
Fréquemment les enfants autistes sont très attachés à des objets qui leur procurent des
sensations répétitives et immuables. Ces objets deviennent leurs "jouets", ils les emmènent
partout. Les enfants autistes peuvent avoir une façon particulière de réagir aux événements
qui se produisent dans leur vie, surtout s'ils perçoivent le temps de façon normale ou s'ils
sont sensibles à ce qui est visuel.(déplacement d'objets, déroulement routinier perturbé...)
5. Troubles du comportement
L'enfant autiste a une perception des choses très différente de la nôtre, et comme il ne
parvient pas à dire la cause de ses angoisses, cela engendre un processus très pénible pour
les parents et pour lui-même. Souvent, un fait mineur (objets déplacés...etc...) va provoquer
ses cris.
6. Le refus de changement
Il existe chez les enfants autistes un désir de routine, tout ce qui est nouveau les effraie. Ils
doivent toujours redécouvrir, restructurer ce qui est nouveau car le langage ne les aide pas
à comprendre, ils n'ont pas à leur disposition les compétences permettant d'appréhender ce
qui change, sans anxiété. Il faut donc les amener progressivement à évoluer, mais en
changeant une petite chose après l'autre.
7. Le repli autistique
Certains enfants autistes vivent très repliés sur eux-mêmes, n'explorent pas le monde qui
les entoure. Ils ignorent leur famille, ne regardent pas les choses, ne tournent pas la tête
quand on leur parle, rien ne semble éveiller leur attention. Il faut donc beaucoup de
patience et de compréhension pour les amener "dans notre monde".
8. Le regard latéral évitant
Beaucoup de jeunes enfants autistes semblent ne pas voir les gens, les objets ni percevoir
les situations. Ils balayent rapidement du regard ce qui les entoure, ils utilisent une vision
latérale. Il faut donc leur apprendre à utiliser le regard pour communiquer.
9. Les stéréotypies
C'est un symptôme majeur de l'autisme. Ce sont des actes que l'enfant répète indéfiniment.
Elles peuvent être verbales, gestuelles, posturales, ... Les stéréotypies vocales sont
fréquentes, l'enfant émet toujours le même son, avec la même intensité. C'est pour l'enfant
un moyen de résister au changement. L'enfant a souvent recours aux stéréotypies pour se
défendre face à un apprentissage, à une nouvelle tâche, c'est pour lui une situation de
confort. Elles permettent à l'enfant d'exprimer son émotion, son ennui, et fonctionnent à
défaut du langage.
10. L'angoisse
L'enfant autiste peut manifester une angoisse énorme dans des situations qui semblent
normales, il comprend le monde d'une façon différente de la nôtre, d'où l'intérêt de bien
préparer l'enfant en verbalisant ce qui va se passer.
11. Les colères, les hurlements
Pourquoi l'enfant pleure-t-il ? La plupart du temps pour des faits qui paraissent minimes,
c'est une fois de plus, la disproportion souvent constatée entre notre façon de réagir et celle
des enfants autistes. Les choses n'ont pas pour eux les mêmes valeurs.
12. L'enfant autiste et les sensations
Ce sont des problèmes fréquents surtout pendant les premières années de la vie. L'enfant
peut refuser tout contact, tout vêtement, ou vouloir porter toujours les mêmes (difficulté
d'adaptation à des sensations nouvelles, hypersensibilité).
L'enfant autiste ne semble souffrir ni du chaud ni du froid, il peut être, à des moments
différents, très attentifs aux sons, ou au contraire totalement indifférent. Il peut être attiré
par la lumière, les effets lumineux, passer de longs moments à filtrer la lumière à travers
ses doigts.
13. L'enfant autiste et la douleur
L'enfant autiste ne semble pas souffrir lorsqu'il se blesse, lorsqu'il se mutile. Ne sait-il pas
manifester ? Ne perçoit-il pas la douleur? N'en a-t-il pas l'expérience? Ses perceptions, ses
sensations sont différentes des nôtres, il faut lui apprendre à comprendre son corps et à
percevoir les dangers d'une blessure.
L'enfant peut être agressif, soit vers lui-même, soi vers autrui. cette agressivité très
développée peut être un appel, l'enfant étant en difficulté pour demander autrement. Les
difficultés de communication rendent plus difficile la canalisation, le contrôle social de
cette agressivité, elle est souvent disproportionnée et peut effrayer l'entourage.
L'agressivité se manifeste le plus souvent avec les personnes que l'enfant aime, il faut alors
interrompre cette situation. Permettre à l'enfant de frapper les autres quand il a quelque
chose à demander, c'est très vite le condamner à être exclu de la société.
Les mutilations sont pénibles et traumatisantes pour l'enfant et sa famille, elles sont plus
fréquentes chez l'enfant mutique. La mutilation a toujours une signification (enfant
inoccupé, mécontent, inquiet, qui a besoin de quelque chose, qui souffre, qui veut attirer
l'attention...), elle est souvent le seul langage de l'enfant.
14. L'inconscience du danger
Souvent l'enfant autiste ne perçoit pas les dangers qui l'entourent, car sa connaissance
n'est pas fondée sur l'expérience. S'il s'est brûlé une fois, il peut recommencer sans
appréhension. L'enfant autiste ne vit pas la douleur comme les autres enfants, il peut se
faire mal et recommencer un acte dangereux peu de temps après.
15. Alimentation, sommeil, propreté
L'enfant autiste peut, dès son plus jeune âge, refuser certains aliments, manger de façon
irrégulière, marquer sa préférence pour une alimentation mixée. Certains ont des
difficultés à mastiquer, à avaler, il peut alors exister un problème de motricité, de
coordination, d'incompréhension de l'acte d'avaler.
Les insomnies sont fréquentes, surtout dans la petite enfance. L'enfant ne semble pas avoir
besoin de sommeil. Quelques fois il peut vouloir dormir par terre, dans un couloir, dans un
fauteuil.
L'absence de propreté est également un problème très fréquent chez l'enfant autiste.
Certains ont acquis la propreté diurne, d'autres aiment jouer avec leurs excréments, sont
amusés par la saleté. La propreté et la saleté n'ont qu'une valeur sociale et ne signifient
donc rien pour l'enfant autiste. De plus, il supporte mal la contrainte, l'apprentissage est
long et pénible, pour la famille et l'enfant.
Il est donc important de noter que le manque de communication chez l'enfant autiste est
facteur d'un certain nombre de dysfonctionnements, de troubles et surtout d'adaptation
sociale
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