10.057 6 semaines de vacances pour tous. Initiative

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10.057
6 semaines de vacances pour tous. Initiative populaire
ARGUMENTAIRES
POUR
Informations de fond et arguments sur
l’initiative populaire
« 6 semaines de vacances pour tous »
Susanne Blank, Responsable de la politique économique
Berne, janvier 2012
Informations de fond et arguments sur l’initiative „6 semaines de vacances pour tous“
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Table des matières
PARTIE I: LE PLUS IMPORTANT EN BREF ....................................................................................3
PARTIE II: ARRIÈRE-PLAN ................................................................................................................6
1.
Le monde du travail a changé de manière dramatique au cours des 25 dernières
années ...........................................................................................................................................6
1.1 Profonde mutation de l’économie .....................................................................................6
1.2 Modifications drastiques dans le monde du travail .......................................................6
2.
Augmentation de la pression sur les travailleurs ...................................................................7
2.1 Charge élevée sur les travailleurs à cause de périodes de travail plus longues et
des heures supplémentaires ...............................................................................................7
2.2 Charge élevée pesant sur les travailleurs en raison de la mutation de structure .......8
2.3 Le stress apparaît sur le lieu de travail et est traité dans la vie privée .........................9
3.
Conséquences négatives et charge croissante au travail .....................................................11
3.1 La charge élevée au travail entraîne des problèmes de santé ......................................11
3.2 La charge élevée au travail fait vaciller l’équilibre vie/travail ...................................12
3.3 La charge élevée au travail réduit la capacité de prestation à long terme des
travailleurs..........................................................................................................................12
3.4 La charge élevée au travail entraîne chaque année des coûts d'un montant d'au
moins dix milliards de francs ..........................................................................................13
3.5 Le développement démographique renforce les conséquences négatives de la
charge élevée au travail ....................................................................................................13
4.
Les règlements des vacances en Suisse et en Europe ...........................................................15
4.1 Le droit légal aux vacances ...............................................................................................15
4.2 Droit aux vacances en moyenne, selon les branches et l'âge .......................................15
4.3 Droits aux vacances dans les Conventions collectives de travail en Suisse (CCT) ...17
4.4 Comparaison au niveau européen des vacances et des jours fériés ...........................17
5.
L’initiative populaire « 6 semaines de vacances pour tous » Plus de vacances,
voilà la bonne direction ............................................................................................................19
5.1 La limite de la charge pesant sur les travailleurs et travailleuses est atteinte ...........19
5.2 Plus de vacances pour compenser la charge élevée de travail et pour le
maintien des capacités de prestations à long terme .....................................................19
5.3 Plus de vacances : un investissement rentable pour l'économie et la société ............20
5.4 Plus de vacances, cela correspond à une participation juste des travailleurs aux
gains de productivité ........................................................................................................21
5.5 Plus de vacances sont supportables grâce à une période transitoire réaliste et
une augmentation progressive du droit légal aux vacances .......................................22
PARTIE III: TEXTE DE L’INITIATIVE ET EXPLICATIONS.........................................................23
1.
Texte de l’initiative....................................................................................................................23
2.
Explications concernant le texte de l’initiative......................................................................24
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Informations de fond et arguments sur l’initiative „6 semaines de vacances pour tous“
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PARTIE I: LE PLUS IMPORTANT EN BREF
Le droit aux vacances légal se monte à quatre semaines et n’a pas changé depuis 25 ans. C’est
injuste et insuffisant. En effet, la concurrence acharnée, l’évolution technique et la
globalisation augmentent la brutalité de l’économie. La charge de travail croissante rend
malades de nombreux travailleurs et travailleuses. La vie familiale en souffre. La motivation
et la capacité de travail sont affectées. Or, des vacances supplémentaires représentent une
étape essentielle pour rétablir l’équilibre face aux contraintes professionnelles. Elles
permettent de favoriser un repos complet, d’améliorer la conciliation entre vie
professionnelle et vie familiale et de tenir compte des mutations du monde du travail. En
outre, un supplément de vacances constitue une participation légitime des travailleuses et
travailleurs au progrès économique de ces vingt dernières années. Cinq francs par jour et par
salarié-e sont supportables pour l’économie suisse. Après le refus du Parlement d’élaborer
ses propres propositions, l’initiative est la seule voie pour un monde du travail plus sain.
1.
Il est injuste et insuffisant d’accorder quatre semaines de vacances seulement
Le droit légal aux vacances se monte à quatre semaines et n’a pas changé depuis 25 ans. C’est
injuste et insuffisant. En effet, la charge de travail a considérablement augmenté ces vingt-cinq
dernières années. Lorsque les contraintes augmentent, il faut se reposer davantage. Ainsi,
d’après un sondage représentatif de Travail.Suisse, seules 10 % des personnes actives sont
d’avis que quatre semaines sont suffisantes. Le droit légal aux vacances est en outre injuste car
les vacances ont évolué de manière très diverse selon les branches et les professions. Beaucoup
de conventions collectives de travail et de règlements du personnel prévoient aujourd’hui cinq
ou six semaines de vacances, voire davantage, à tel point que la moyenne en Suisse se situe à
cinq semaines. Souvent, ces solutions individualisées accordent des vacances supplémentaires à
celles et ceux qui jouissent déjà de bonnes conditions de travail (par ex. de bons salaires). Mais
la charge de travail a augmenté pour tous les travailleurs et travailleuses. C’est pourquoi, tous
et toutes méritent un surcroît de repos.
2.
La charge de travail croissante déploie des effets négatifs considérables
La concurrence acharnée, l’évolution technique et la globalisation augmentent la brutalité de
l’économie. Nous devons constamment être disponibles et donner le meilleur de nous-mêmes
au travail. Les pauses sont supprimées, le rythme de travail augmente et avec lui le stress. Les
limites entre travail et temps libre se brouillent toujours plus. Le tout déploie des effets négatifs
considérables sur les travailleuses et travailleurs, la société et l’économie :
La surcharge de travail rend malade et entraîne des frais considérables : selon le
Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), un tiers des personnes actives sont constamment
soumises au stress et un quart d’entre elles court un risque aigu d’épuisement professionnel.
Jusqu’à 80 % des personnes actives travaillent en permanence à un rythme élevé et sous la
pression des délais. Cette proportion a augmenté d’environ 10 % durant les dix dernières
années seulement. Or ces contraintes ne restent pas sans conséquences sur la santé et sur
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3.
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l’économie. Les troubles du sommeil, douleurs chroniques, troubles cardio-vasculaires et
autres signes d’usure sont en augmentation. Le Seco chiffre les coûts de la surcharge de
travail à 10 milliards de francs environ. La Suva estime que le stress est le plus important
facteur de risque au travail du futur.
La surcharge de travail menace la vie familiale et l’engagement social : aujourd’hui, la vie
de nombreux travailleurs et travailleuses est tout entière dominée par le travail. L’entreprise
doit pouvoir les atteindre en tout temps, la flexibilité du temps de travail et les heures
supplémentaires affectent toujours plus profondément la vie privée. Ainsi, il est toujours
plus difficile de concilier travail et vie de famille. Dès lors, la charge de travail est également
supportée par la famille, avec des conséquences négatives sur le couple et les enfants. Du
temps libre en suffisance est aussi nécessaire pour assumer des engagements sociaux dans le
village ou le quartier, ou encore dans une association sportive. Les difficultés de nombreuses
associations de trouver des bénévoles parlent d’elles-mêmes.
La surcharge de travail raccourcit la phase d’activité professionnelle : la vie active n’est
pas un sprint mais un marathon. Depuis l’entrée dans le monde du travail jusqu’à la retraite,
il s’écoule en Suisse 40 à 50 ans. A cause de l’accroissement de la charge de travail, de moins
en moins de personnes actives travaillent jusqu’à la retraite. A 63 ans, seule la moitié des
personnes exerce encore une activité lucrative. A partir de 55 ans déjà, le risque d’invalidité
augmente abruptement. Environ 20 % des hommes touchent une rente AI avant la retraite.
Environ 40 % des personnes qui prennent une retraite anticipée le font pour des raisons de
santé.
Des vacances supplémentaires sont un moyen capital pour rétablir l’équilibre
Pour les travailleuses et les travailleurs, l’équilibre entre contrainte et repos, entre travail et
temps libre, est rompu. Il faut le rétablir. Des vacances supplémentaires sont capitales car elles
contribuent pour beaucoup à retrouver l’équilibre :
Des vacances supplémentaires ont un effet positif sur la santé et la capacité de travail à
long terme : La médecine du travail a prouvé depuis longtemps que seules des interruptions
de travail de deux à trois semaines garantissent un repos complet. Viser le repos complet
avec l’actuel droit aux vacances de quatre semaines est une dangereuse illusion. Des
vacances supplémentaires sont nécessaires afin de préserver la santé. Un repos complet et
régulier empêche aussi les surcharges à longueur d’année et prévient les maladies
chroniques qui conduisent souvent les travailleurs plus âgés à des incapacités de travail.
L’effet positif des longues vacances sur le repos des travailleurs âgés est connu depuis
longtemps, comme le montrent les réglementations des conventions collectives de travail.
Des vacances supplémentaires permettent de mieux concilier le travail avec la vie de
famille et l’engagement social : les enfants en âge scolaire ont 13 semaines de vacances, les
parents quatre seulement. Les parents ont au surplus des rendez-vous qui nécessitent
souvent un jour de congé. Des vacances supplémentaires permettent de mieux concilier le
travail avec la vie de famille. Elles réduisent le stress dans le couple et avec les enfants en
permettant aux parents de passer plus de temps ensemble et en famille. En outre, elles
permettent d’augmenter un engagement bénévole, par exemple à l’école, dans le quartier,
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dans une association, etc. Il s’agit donc d’une condition importante pour développer notre
humanité sous tous ses aspects car notre vie ne se résume pas au travail.
Des vacances supplémentaires sont une solution moderne et adaptée aux besoins : durant
ces 25 dernières années, la charge de travail n’a pas seulement augmenté mais elle a
également changé de nature. Aujourd’hui, les contraintes majeures sont psychiques. La
pression du temps, le stress et la flexibilité sont les défis de notre temps et de l’avenir, que ce
soit au bureau, sur le chantier ou dans l’industrie. Dans ce contexte, les réductions de temps
de travail quotidiennes, ou hebdomadaires, n’ont plus beaucoup de sens, ni pour le repos
des travailleuses et travailleurs ni pour leurs possibilités de mise en oeuvre par les
entreprises. Selon un sondage représentatif de Travail.Suisse, 86 % des actifs considèrent
que des vacances supérieures à quatre semaines sont appropriées.
Des vacances supplémentaires se présentent comme la réponse moderne et efficace aux
contraintes considérables du monde du travail d'aujourd’hui et de demain.
4.
Des vacances supplémentaires sont méritées et supportables
La moyenne du droit aux vacances se monte aujourd'hui en Suisse à cinq semaines. Une
semaine de vacances supplémentaire augmente le volume de salaire de 2 %, ce qui représente
en moyenne cinq francs par jour et par salarié-e.
Or les travailleuses et travailleurs le méritent depuis longtemps du fait de l’amélioration de
leurs prestations. Notre travail et notre productivité sont aujourd’hui plus élevés qu’il y a vingt
ans. Entre 1992 et 2007, la productivité du travail a augmenté de plus de 21 % en Suisse tandis
que les salaires réels n’ont suivi que de 4 %. La différence de plus de 17 % démontre que les
travailleuses et travailleurs fournissent pour le même salaire un effort bien plus grand qu'il y a
15 ans. Une semaine de vacances supplémentaire est une participation légitime à ce progrès
économique considérable.
En outre, le délai transitoire courant jusqu’en 2018 permet à l’économie de mettre facilement en
oeuvre une semaine de vacances supplémentaire.
5.
L’initiative, la seule issue pour un monde de travail plus sain
L’initiative « 6 semaines de vacances pour tous » a été lancée par Travail.Suisse en 2007 et
déposée en 2009. Plusieurs interventions ont ensuite été déposées au Parlement pour exiger des
progrès plus modestes, comme cinq semaines de vacances pour tous ou même seulement dès 50
ans. Ces interventions ont été balayées, bien que les contraintes professionnelles élevées et leurs
conséquences négatives sur la santé, la famille et la société soient bien connues au Parlement et
que personne ne les nie. Le Parlement a manqué la possibilité d'élaborer ses propres
propositions. L’initiative est donc aujourd’hui le seul moyen de prendre en considération les
besoins des travailleuses et travailleurs et de rendre le monde du travail plus sain.
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PARTIE II: ARRIÈRE-PLAN
1. Le monde du travail a changé de manière dramatique au cours des 25
dernières années
1.1 Profonde mutation de l’économie
Les structures économiques en Suisse ont été soumises à un processus de changement fulgurant
au cours des dernières décennies. Le mode de progression de l'économie est devenu plus dur et
plus rapide. D’un côté, la mutation technologique a contribué à la réalisation de ce
changement. Au cours des vingt dernières années, les processus de travail ont été totalement
automatisés et les évolutions technologiques se sont enchaînées les unes après les autres. D’un
autre côté, les échanges internationaux ont fortement augmenté. La mondialisation croissante a
soumis les entreprises suisses à une pression internationale toujours plus forte en termes de
concurrence et de compétitivité. Cette double pression a entraîné des rationalisations et des
restructurations dans les entreprises. Le paysage des entreprises de notre pays s’est alors
fortement modifié suite aux fusions et aux regroupements d’entreprises. Qui plus est, à cause
de la technologie et des liens internationaux, les aléas économiques ont un impact encore plus
direct et plus intensif sur la Suisse.
1.2 Modifications drastiques dans le monde du travail
La mutation économique a un impact direct sur le monde du travail et entraîne des
changements profonds pour les travailleurs. Ainsi, le mode du travail lui-même a fortement
changé au cours des dernières décennies : les demandes des employeurs en termes de flexibilité
d’horaire, d’organisation et de contenu, de disponibilité à l'adaptation et de performances sont
toujours poussées à leur maximum. Avec les nouveaux moyens de communication, les
exigences des entreprises augmentent pour que les travailleurs soient en permanence à
disposition. Les processus de travail deviennent à la fois plus denses et plus intenses et le
rythme de travail ne cesse d’augmenter. Ce qui entraîne logiquement une augmentation du
stress sur le lieu de travail. Cela signifie une charge élevée de travail avec plus de pression sur
les délais et des périodes de concentration plus longues.
En plus, une incertitude latente accompagne toujours plus les travailleurs au quotidien. Avec la
flexibilisation croissante des rapports de travail, comme le travail temporaire, les contrats à
durée déterminée ou le travail à la demande, la sécurité de l'emploi diminue. Les professions et
les profils professionnels classiques ont perdu de leur valeur. Le chiffre moyen des
changements forcés de poste ou même de métier a fortement augmenté. Les ruptures dans la
vie professionnelle liées à des restructurations, à des reconversions, à des changements de
secteur et au chômage sont devenues la nouvelle réalité quotidienne des travailleurs. La
concurrence sur le marché du travail entre travailleurs liée à l’ouverture structurelle du marché
du travail est également devenue plus dure, entre autres, depuis l’entrée en vigueur de la libre
circulation des personnes.
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2. Augmentation de la pression sur les travailleurs
2.1 Charge élevée sur les travailleurs à cause de périodes de travail plus longues et des
heures supplémentaires
En comparaison avec les pays européens, la Suisse fait partie des pays ayant le temps de travail
le plus élevé. Le tableau 2 montre clairement que les travailleurs et travailleuses en Suisse, avec
une durée de travail hebdomadaire moyenne de 44 heures, se trouvent tout en haut de la liste
du classement européen loin devant l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie ou la France1. Les longues
périodes de travail s’effectuent ici au dépend du temps de récupération et constituent une
charge importante pour les travailleurs et travailleuses.
Graphique 1: Tableau comparatif européen de la durée de travail hebdomadaire à temps plein
Source: Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, 2007
La pression croissante contraint, en plus, beaucoup de travailleurs et travailleuses à effectuer
toujours plus d'heures supplémentaires qui viennent s’ajouter à une durée du temps de travail
déjà longue. Plus d’un tiers des personnes travaillant à temps plein travaillent régulièrement
plus de 45 heures par semaine et plus que ce qui est convenu contractuellement. Il apparaît
clairement que le temps de travail flexible avec une longue durée de travail hebdomadaire va
de paire avec des heures supplémentaires. Un temps de travail flexible, des horaires
individualisés ou un temps de travail basé sur la confiance ne sont à l’évidence pas au service
de l'autonomie du temps des travailleurs et travailleuses. Ce sont les employeurs qui en
Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, 2007 : Quatrième sondage européen sur les
conditions de travail.
1
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profitent en premier lieu, les travailleurs et travailleuses par contre doivent en supporter les
inconvénients2. 213 millions d'heures supplémentaires ont été fournies en Suisse durant l'année
2010, ce qui correspond environ à 108'000 emplois à temps complet. C’est à nouveau 27 millions
d’heures supplémentaires de plus qu’en 2007 ou, converties en postes de travail, 20’000 emplois
à temps complet de plus. Un travailleur à temps complet travaille en moyenne environ plus de
1,4 heure supplémentaire par semaine. Reportée sur l’année cela équivaut à plus de 60 heures
en moyenne pour les travailleurs à temps complet ou à sept jours de travail3. Au cours des
années précédentes, le nombre d’heures supplémentaires effectuées a encore continué
d’augmenter.
2.2 Charge élevée pesant sur les travailleurs en raison de la mutation de structure
A cause de la mutation structurelle de l’économie, la diminution du secteur primaire et du
secteur secondaire ainsi que l’augmentation de l’économie des services, les charges uniquement
physiques au poste de travail sont un peu passées à l’arrière-plan.
A l’inverse, les exigences psychiques et psychosociales ont massivement augmenté. C’est ce que
l’on peut aussi constater en observant les facteurs de surmenage professionnel saisis par
l’Observatoire Suisse de la Santé et par SECO dans le cadre de l’étude sur le stress 2010. Les
facteurs les plus importants sont énumérés dans le tableau 1.
Tableau 1: Facteurs du surmenage professionnel
Facteurs du surmenage professionnel
Travailleurs concernés
Rythme de travail élevé
85 pour-cent
Pression des délais
80 pour-cent
Dérangements au poste de travail
79 pour-cent
Parallélisme des tâches
66 pour-cent
Restructurations
63 pour-cent
Avoir à charge la responsabilité des autres
57 pour-cent
personnes
Phases de concentration permanentes
47 pour-cent
Aucune possibilité d’influence
41 pour-cent
Semaine de plus de 45 heures
30 pour-cent
Sources: Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), étude sur le stress 2010, Observatoire suisse de la santé (Obsan), 2005
Le rythme de travail élevé en permanence provoque un surmenage pour 85 pour-cent des
travailleurs. 80 pour-cent des travailleurs travaillent en permanence avec un stress élevé pour
pouvoir tenir les délais. Presque deux tiers des travailleurs et travailleuses sont confrontés en
permanence à des restructurations et des nouveautés professionnelles dans leurs entreprises, ce
qui exige d’eux une flexibilité et une disponibilité sans faille. L’intensification croissante du
travail se montre, en particulier, dans le fait que le parallélisme des tâches augmente en
permanence. Déjà 66 pour-cent des travailleurs et travailleuses traitent différentes tâches en
2
3
Observatoire suisse de la santé (Obsan), 2005: Travail et santé en Suisse, document de travail 12.
Office fédéral de la statistique (OFS), statistique du volume de travail 2010.
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même temps à leur poste de travail. Les phases de concentration augmentent donc également:
environ 50 pour-cent des travailleurs et travailleuses déclarent qu’ils doivent se concentrer
fortement et en permanence au travail. Malgré les phases de concentration longues et
croissantes, 79 pour-cent de toutes les personnes actives sont régulièrement interrompues ou
dérangées à leur poste de travail par des facteurs dérangeants ou des influences de
l’environnement. 57 pour-cent ont la tâche exigeante de prendre en charge la responsabilité des
autres personnes. D’un autre côté, plus de 40 pour-cent des travailleurs et travailleuses n’ont
absolument aucune possibilité d’influence à leur poste de travail. Ils sont totalement soumis et
deviennent une masse manipulable et déplaçable à souhait. Dans l’ensemble, la pression au
travail a augmenté au cours des décennies passées et se trouve aujourd’hui à un niveau très
élevé.
2.3 Le stress apparaît sur le lieu de travail et est traité dans la vie privée
Le stress apparaît le plus souvent sur le lieu de travail. Selon la Suva, le stress constitue le plus
gros risque sur le marché du travail de l’avenir4. La première étude sur le stress de SECO
montre clairement et de manière significative que le travail est à 58 pour-cent la source
principale du stress. La combinaison du travail et de la vie privée était responsable à 36 pourcent d’être la source principale du stress, la vie privée à 4,5 pour-cent5.
Tableau 2: La vie professionnelle est la source principale du stress
Source: Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), 2000
4
5
Suva 2010: Etude sur l’avenir 2029
Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), 12.09.2000: Résumé de l’étude « Le coût du stress en Suisse ».
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Les résultats de l’étude sur le stress correspondent aux résultats de la recherche sur l’équilibre
dans la vie au travail. Le stress qui est créé au travail est ramené dans la vie privée où il sera
traité et non l’inverse. Les résultats de la recherche montrent clairement que les travailleurs
ramènent le surmenage du travail dans la vie privée où ils cherchent un soutien pour y
remédier au sein de la famille ou auprès d'amis. Dans le scénario inverse, les travailleurs
essaient de contenir les problèmes ou stress familiaux en dehors du travail.
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3. Conséquences négatives et charge croissante au travail
3.1 La charge élevée au travail entraîne des problèmes de santé
Les résultats de la deuxième étude sur le stress de SECO et l’étude sur l’avenir de la Suva
mettent en évidence une même tendance: Le stress croissant dans le monde du travail et la
pression élevée au poste de travail ne sont pas sans conséquences sur les travailleurs, mais
deviennent au contraire le risque numéro un pour la santé.
Plus de 80 pour-cent des travailleurs déclarent souffrir du stress sur leur lieu de travail. Pour
environ un tiers des personnes actives professionnellement, le stress est négatif et chronique, de
telle sorte qu’il affecte la santé des personnes concernées.
Le nombre des personnes qui souffrent sous un stress permanent a augmenté de manière
significative de 7 pour-cent en 10 ans. Dans le même temps, le nombre des personnes qui ne
souffrent pas de stress a diminué de 4 pour-cent et se trouve aujourd'hui à 13 pour-cent. Ce qui
est inquiétant, c’est le fait que le groupe d'âge des 25-34 ans est très souvent concerné par le
stress.
Tableau 2: Le stress augmente sur le lieu de travail
Pourcentage des
Impact
personnes actives
professionnellement
34 pour-cent
souvent / très souvent
52 pour-cent
parfois
13 pour-cent
jamais
Groupes d’âge
15 à 24 ans
25 à 34 ans
55 à 64 ans
Impact
souvent
très souvent
jamais
Changement 2000- 2010
Augmentation de 7% (2000)
Réduction de 4% (2000)
Réduction de 4% (2000)
Niveau d’impact
au dessus de la moyenne
au-dessus de la moyenne
au-dessus de la moyenne
Source: Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) 2010:
De plus en plus de personnes actives professionnellement sont totalement livrées au stress. Seul
20 pour-cent des travailleurs sont encore en situation de pouvoir maîtriser leur stress. Il s’agit
là d’une détérioration de 11 pour-cent par rapport à l’an 2000. L’étude sur le stress indique que
des compétences insuffisantes pour pouvoir maîtriser le stress entraînent l’apparition de
maladies et conduit à un ralentissement du processus de guérison des maladies existantes.
Déjà un tiers des personnes actives professionnellement déclare se sentir émotionnellement
épuisé au travail, ce qui constitue un indice pour un risque de burnout.6 Ce qui frappe, c’est que
6Secrétariat
d’Etat à l’économie (SECO) 2011: Etude sur le stress 2010
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parmi les personnes atteintes de stress, il n’y a pas de différence entre les branches
économiques, les groupes professionnels, le genre ou les statuts socio-économiques.
La raison principale pour la forte augmentation des travailleurs atteints de stress est que les
facteurs de surmenage au travail ont augmenté au cours des années passées. Des rythmes de
travail toujours plus élevés, une pression croissante sur les délais et des instructions de devoir
fournir toujours plus de prestations dans un temps toujours plus réduit, augmentent la pression
sur le travailleur. Une pression négative sur le lieu de travail peut engendrer un grand nombre
d’altérations de la santé. Les troubles s’expriment de différentes façons et entraînent des
douleurs de dos et des maux de tête, des problèmes de digestion, des problèmes de surpoids,
d’insomnie, d’humeurs dépressives et jusqu’à des troubles cardiaques et vasculaires. Cela va si
loin que pour de nombreuses personnes actives, la charge de travail est devenue insupportable,
elles considèrent leur santé comme mauvaise et se voient forcées de prendre des médicaments,
ou de faire appel à une aide médicale et de limiter leur vie professionnelle comme leur vie
privée7. Le travail rend donc de plus en plus de gens malades.
3.2 La charge élevée au travail fait vaciller l’équilibre vie/travail
Le travail est et reste pour la plupart des gens le point central de l'estime d’eux-mêmes et de
leur qualité de vie. Des études prouvent cependant que pour le bien être psychique et physique
des personnes, il est important que les différents domaines de la vie: le travail, la performance,
les relations personnelles, la famille etc. trouvent une place adaptée les uns à coté des autres. Du
temps sans travail n'est donc pas un luxe mais est essentiel pour la régénération des travailleurs
et travailleuses.
A cause de la pression croissante dans le monde du travail, le travail devient omniprésent et fait
vaciller l'équilibre vital entre le travail et la vie privée. Car le stress au travail influence tout
aussi négativement les autres domaines de la vie. N'avoir ni l'envie ni l'énergie pour des
activités de temps libre, moins de patience et d'attention dans la vie commune en famille, être
négligent vis-à-vis de sa propre santé, être d’avantage susceptible aux humeurs dépressives. Le
nombre de travailleurs atteints de burnout est en augmentation permanente. Et cela ne vaut pas
seulement pour les fonctions dirigeantes, mais aussi pour beaucoup de travailleurs et
travailleuses. Environ un quart des travailleurs risque un burnout et déclare se sentir épuisé
émotionnellement.
3.3 La charge élevée au travail réduit la capacité de prestation à long terme des travailleurs
La vie professionnelle n’est pas un sprint mais un marathon. Une personne est active
professionnellement pendant bien 40 à 50 ans. C’est une longue période de la vie. Chaque
travailleur a aussi le droit d’arriver à la retraite dans le meilleur état de santé possible. Mais la
charge croissante au travail devient de plus en plus un facteur de risque pour la santé à long
7 Office fédéral de la statistique (OFS), communiqué de presse 23.11.2004: Santé et travail, tension psychosocial au travail: une
menace pour la santé.
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terme. L’étude du SECO de 2007 montre qu'au cours des dernières années, les nouvelles rentes
d’invalidité ont fortement augmenté surtout pour des raisons psychiques. La croissance
moyenne annuelle des bénéficiaires de la rente AI pour des raisons de maladies psychiques
s’élevait à sept pour-cent de 1998 à 2007. Aujourd’hui, environ 20 pour-cent des hommes se
trouvant peu avant la retraite sont bénéficiaires de la rente AI. Il faut en conclure qu'à cause de
la charge élevée au travail, beaucoup de travailleurs et travailleuses ne parviennent pas à
travailler jusqu'à l'âge ordinaire de la retraite. Ce développement met en lumière le fait que les
charges de travail d’aujourd’hui réduisent la capacité de prestations à long terme des
travailleurs et travailleuses.
3.4 La charge élevée au travail entraîne chaque année des coûts d'un montant d'au moins dix
milliards de francs
La charge croissante au travail n’est pas seulement un problème individuel des travailleurs et
travailleuses mais elle conduit également à des coûts financiers élevés pour l’économie et la
société. L’étude sur le stress du SECO de l’année 20008 a montré que les coûts financiers du
stress s'élevaient à 4,2 milliards francs pour la population active en Suisse (coûts médicaux : 1.4
milliards de francs; automédication contre le stress: 348 millions de francs; coûts liés au
personnel manquant et à la perte de production: 2,4 milliards de francs). Entre temps, les coûts
du stress ont augmenté, selon l’enquête sur la santé de 2007, à environ dix milliards de francs,
ce qui équivaut environ à deux pour-cent du produit intérieur brut.
3.5 Le développement démographique renforce les conséquences négatives de la charge
élevée au travail
En raison du développement démographique, l’âge moyen des travailleurs et travailleuses et la
part des travailleurs et travailleuses âgés vont augmenter par rapport à l’ensemble de la
population active. Cela est clairement lisible dans les chiffres de la population résidente en
permanence: ainsi, la part des personnes de plus de 55 ans par rapport à l'ensemble de la
population résidente augmente, passant de moins de 950'000 pour l’année 2010 à presque
1'170’000 pour l’année 2025. Cela correspond à une augmentation d’environ un quart. Pour la
population active on devrait observer le même développement. Cela signifie que de plus en
plus souvent, les travailleurs et travailleuses âgés sont touchés par la charge élevée au travail.
8
Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), 12.09.2000: Résumé de l’étude « Le coût du stress en Suisse ».
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Graphique 3: La démographie accentue les impacts négatifs de la charge de travail élevée.
Source: Office fédéral de la statistique (OFS), 2010
Les conséquences sur la santé des travailleurs et travailleuses de la charge élevée sur le lieu de
travail changent en fonction du vieillissement des travailleurs. Les travailleurs et travailleuses
âgés ne sont pourtant pas plus souvent malades que les jeunes travailleurs et travailleuses. Mais
quand ils sont malades, ils sont alors, en moyenne, malades nettement plus longtemps que les
jeunes, c’est-à-dire en incapacité de travail, et souvent l'incapacité de travail est même
irréversible.
Cela est également visible dans le quota d’invalidité nettement plus élevé pour les travailleurs
âgés. A partir de 55 ans, le risque d’invalidité augmente de façon marquante. Aujourd’hui, déjà
20 pour-cent des hommes se trouvant peu avant la retraite sont bénéficiaires de la rente AI.
Environ 40 pour-cent des préretraites involontaires ont pour cause des problèmes de santé.
Ces absences plus longues ou définitives des travailleurs et travailleuses plus âgés viennent du
fait qu’ils souffrent beaucoup plus souvent de maladies psychiques ou physiques chroniques,
qui proviennent de la charge au travail permanente et élevée fournie pendant de nombreuses
années, qu’elle soit de nature corporelle et/ou nerveuse. Cela signifie qu'avec une population
active vieillissante à cause des contraintes de la démographie, les conséquences des charges
élevées sur le lieu de travail s’aggravent. Elles conduisent à une absence plus longue ou
définitive des travailleurs et travailleuses. Les coûts du temps d'absence au travail et les pertes
de production augmentent mais également ceux des assurances d'indemnités journalières et de
l’assurance invalidité.
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4. Les règlements des vacances en Suisse et en Europe
4.1 Le droit légal aux vacances
Selon le code des obligations (CO), les travailleurs et travailleuses en Suisse ont droit
annuellement à au moins quatre semaines de vacances et à cinq semaines jusqu’à l’âge de 20 ans
révolus (art. 329a par.1 CO). La loi définit que les vacances sont du temps sans travail qui sert à
se reposer. Pour cette raison, les travailleurs et travailleuses qui sont en vacances n’ont pas le
droit d’exercer un travail rémunéré. Pour la même raison, le droit aux vacances ne peut, en
règle générale, pas être payé en espèces. Exceptions faites à la fin d'un rapport de travail ou lors
d'un bref engagement à temps partiel (interdiction de compensation en espèces Art. 329d par.2
CO). Les personnes employées à temps partiel ou les personnes qui ont un travail irrégulier
avec une rémunération horaire ont le même droit aux vacances que les personnes employées à
temps complet. Le délai de prescription pour les droits aux vacances dure obligatoirement cinq
ans (Art. 329c CO).
Ces règles légales s'appliquent seulement aux emplois soumis au code des obligations (CO). Les
rapports de travail officiels et légaux (Confédérations, Cantons etc.) sont très différents les uns
des autres. Les droits aux vacances de quatre à cinq semaines annuels sont ici la norme.
La dernière adaptation du droit aux vacances dans le CO remonte à plus de 27 ans en réaction
ou comme réaction indirecte à l’initiative populaire du PS Suisse et de l’Union Syndicale
Suisse9. Elle a été adoptée en 1983 par le Parlement et est en vigueur depuis le 1er juillet 1984.
Avant la révision, les travailleurs avaient un droit aux vacances d'au moins deux semaines.
Pour les adolescents, il y avait un droit aux vacances de trois semaines.
4.2 Droit aux vacances en moyenne, selon les branches et l'âge
En Suisse, les travailleurs ont en moyenne 5 semaines de vacances payées par an. Selon l’Office
fédéral de la statistique (OFS)10, il existe, en fait, de grandes différences selon les branches (voir
tableau 3 de la page suivante). Les droits aux vacances dans les branches du secteur des
prestations de services ont tendance à être les plus élevés. Avec quatre semaines par an,
l’agriculture et la sylviculture s’en tiennent dans ce contexte au minimum légal.
9 L’initiative demandait pour tous les travailleurs un droit à quatre semaines annuelles de congés payés et pour les jeunes jusqu'à 20
ans révolus et les travailleurs à partir de 40 ans un droit à cinq semaines de congés payés.
10 Office fédéral de la statistique (OFS), 2009 : Enquêtes suisses sur la population active (ESPA), semaines de vacances par année des
salariés à plein temps âgés de 15 à 64 ans selon les groupes d’âges et les sections économiques (NOGA 2002). Enregistré sont les
salariés à plein temps (sans les apprentis) avec un contrat illimité à une période d’au moins 13 mois.
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Tableau 3: Nombre de semaines de vacances pour un travailleur à temps plein selon les
branches (NOGA 2002)
Branche (secteurs en parenthèses)
Semaines de Actifs en
vacances
200911
2009
Agricultures et sylviculture (1)
4.1
143’000
Construction (2)
4.7
265’000
Immobilier ; location ; informatique ; recherche &
4.7
pas
développement (3)
d’informations
Commerce, réparation (3)
4.7
566’000
Restauration (3)
4.8
163’000
Transformation (2)
4.9
669'00012
Santé et activités sociales (3)
4.9
549’000
Transport et communication (3)
5.1
pas
d’informations
Santé et activités sociales (3)
5.1
248’000
Administration publique ; corporations externes (3)
5.1
219’000
Source: Office fédéral de la statistique (OFS), 2009
A côté de la branche, l’âge d’un travailleur a une influence majeure sur ses droits aux vacances
(voir tableau 3). Les travailleurs et travailleuses à partir de 50 ans ont en moyenne au moins
quatre jours de vacances en plus par an que les travailleurs et travailleuses plus jeunes. Le fait
que les travailleurs et travailleuses plus âgés aient besoin de phases de récupération plus
longues afin d’équilibrer la charge au travail est visiblement reconnu aussi du côté des
employeurs.
Tableau 4: Nombre de semaines de vacances par travailleur à temps complet de 21 à 64 ans
Groupes d’âge
Semaines de
vacances
2009
21-49 ans
4.8
50-64 ans
5.6
Moyenne
5.0
Source: Office fédéral de la statistique (OFS), 2009
Derrière ces valeurs moyennes, nous trouvons cependant de grandes différences. En particulier
pour les travailleurs qui ont des bas revenus ou qui travaillent à temps partiel en étant payés à
l'heure et qui dépassent à peine les droits minima légaux.
11
Office fédéral de la statistique (OFS), 2009: Enquêtes suisses sur la population active (ESPA), personnes actives occupées par
sections économiques (NOGA 2008) et selon la nationalité.
12 Approvisionnement en énergie inclus.
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4.3 Droits aux vacances dans les Conventions collectives de travail en Suisse (CCT)
Travail.Suisse a effectué une enquête de grande envergure sur les droits aux vacances dans les
CCT des branches et des entreprises. Dans l’ensemble plus de 220 documents contractuels avec
plus de 1'330'000 personnes qui en dépendent ont été saisis. Les résultats suivants ont pu être
constatés:
D’une manière générale, il existe une grande inégalité des droits aux vacances entre les CCT
et la loi, et également entre les CCT des différentes branches ou des entreprises. Cette
inégalité augmente fortement avec l'avancée en âge des travailleurs et travailleuses.
Le droit aux vacances augmente dans beaucoup de CCT à partir de l’âge de 50 ans. Cela
montre que les employeurs reconnaissent l’octroi de plus de vacances pour les travailleurs et
travailleuses plus âgés comme autant de mesures judicieuses et praticables pour rééquilibrer
la charge élevée de travail.
La quantité des droits aux vacances n’est liée à aucun rapport clairement établi avec la
capacité de prestation économique d’une branche. Une productivité de travail raisonnable
en comparaison n’empêche en aucun cas l’octroi de meilleurs règlements de vacances (et
inversement). D’importantes CCT existantes dans la restauration ou dans la construction
ainsi que chez Migros et Coop montrent, avec au moins cinq semaines de vacances par an,
que même dans les branches avec une productivité de travail plutôt faible, il est possible
d'établir et de financer des droits aux vacances qui dépassent le minimum légal.
L’analyse du changement des règlements des conventions collectives de travail concernant
les droits aux vacances met en évidence les points suivants : Entre 2010 et 2012, c’était
surtout l’immobilisme qui régnait, il y a eu quelques détériorations pour les travailleurs en
dessous de 40 ans et seulement quelques améliorations pour les travailleurs âgés à partir de
60 ans.
Il faut finalement souligner que seul un bon 40 pour-cent des travailleurs est soumis à une CCT.
Tous les autres ne bénéficient que du droit garanti par la loi de quatre semaines de vacances.
Tout ce qui vient s’y ajouter repose sur la bonne volonté de l’employeur et peut être supprimé à
tout moment par ce dernier.
Sur les sites Internet www.calculateurdevacances.ch, il est possible de calculer simplement les
droits actuels aux vacances , selon la loi ou la CCT et sur la base de quelques informations
importantes (branche, âge, ancienneté), grâce au « calculateur de vacances ».
4.4 Comparaison au niveau européen des vacances et des jours fériés
Il existe différentes statistiques internationales qui saisissent et comparent les vacances et les
jours fériés. Les résultats diffèrent en fonction des sources de données utilisées. Cependant
toutes les données montrent que les travailleurs et travailleuses en Suisse ont moins de
vacances, respectivement de jours fériés en comparaison avec les autres pays européens.
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Les derniers chiffres sont issus d’une enquête publiée en octobre 200913 par l'entreprise
internationale de conseil Mercer. Cette enquête compare les règlements des vacances et des
jours fériés dans plus de 40 pays. La comparaison se base sur les droits légaux d’un
collaborateur qui travaille cinq jours par semaine et qui a dix ans d’ancienneté dans son
entreprise. Les résultats sont clairs:
La Suisse avec un droit à 20 jours de vacances par an est la lanterne rouge de l'Europe,
largement distancée par la France (30 jours), la Finlande (30 jours), la Grande Bretagne (28
jours), la Russie (28 jours), la Pologne (26 jours) ou encore le Danemark, la Norvège,
l’Autriche, la Grèce et la Suède (chacun 25 jours).
Pour les jours fériés, avec ses neuf jours la Suisse se trouve tout en bas de la liste. On
retrouve ici en tête l’Espagne (14 jours), l’Autriche (13 jours), le Portugal (13 jours), la Russie
(12 jours) ou même la Grèce (12 jours). Les jours fériés varient en plus en Suisse en fonction
des cantons et des districts. Pour l’ensemble du pays, seul le premier août a valeur de jour
férié national. Le règlement des autres jours fériés est l’affaire des cantons qui ont le droit de
définir jusqu'à huit autres jours de repos dans l'année14.
Même si l’on cumule les jours fériés et les jours de vacances la Suisse est, avec l'Irlande, la
lanterne rouge de l’Europe (Graphique 3).
Graphique 4: Tableaux comparatif européen du nombre de jours de vacances et de jours fériés
par ans
Source: Mercer, 2009
13
14
Mercer (2009): Mercer 2009 “Worldwide Benefit and Employment Guidelines”.
En plus, les trois jours constitués par le Nouvel An, l'Ascension et le jour de Noël sont reconnus par tous les cantons.
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5. L’initiative populaire « 6 semaines de vacances pour tous » :
Plus de vacances, voilà la bonne direction
5.1 La limite de la charge pesant sur les travailleurs et travailleuses est atteinte
A cause de la mondialisation et de toute une série de vagues d’améliorations technologiques, la
Suisse a mené à bien un renouvellement intensif des structures économiques. L’économie suisse
a massivement progressé en termes de productivité et de compétitivité au cours des dernières
décennies. Les bénéfices des entreprises ont littéralement explosé et avec eux les salaires des
managers. Pour les travailleurs et travailleuses par contre, cette mutation structurelle aura
surtout été liée à une forte augmentation de la charge de travail et du stress.
Les entreprises ont renforcé la pression sur les travailleurs et travailleuses. Une flexibilité et une
disponibilité d’adaptation des plus élevées ont été exigées. Le stress au travail a rapidement
augmenté, les processus de travail ont été intensifiés et le rythme de travail a augmenté en
permanence. Les travailleurs et travailleuses ont été poussés jusqu’à la limite de leurs capacités
à supporter la charge de travail, voire même au delà. Aujourd’hui, presque la moitié de la
population active souffre de stress au travail15. Cela a des conséquences directes sur la santé.
Dès aujourd'hui, les coûts apparaissent qui se chiffrent en milliards.
Afin d’éviter des problèmes de santé et de maintenir la capacité de prestations à long terme des
travailleurs, il est nécessaire de trouver un équilibre adapté à la charge élevée au poste de
travail.
5.2 Plus de vacances pour compenser la charge élevée de travail et pour le maintien des
capacités de prestations à long terme
Il est scientifiquement connu que seules des vacances d’une durée de deux à trois semaines
permettent une régénération complète. Six semaines de vacances constituent donc un minimum
pour que les travailleurs et travailleuses puissent interrompre de manière efficace au moins
deux fois par an, la charge permanente au poste de travail et se régénérer pleinement. Un droit
à plus de vacances compense donc les conséquences négatives sur la santé de la charge élevée
au travail. En effet, grâce à plus de vacances, cette charge est interrompue de manière efficace et
peut être provisoirement réduite à zéro.
Pour cette raison également Travail.Suisse préconise de favoriser des semaines supplémentaires
de vacances plutôt qu'une réduction du temps de travail hebdomadaire. Une semaine de
vacances supplémentaire correspond à une réduction du temps de travail de dix minutes par
jour16. Une réduction du temps de travail journalière de dix minutes passe pratiquement
inaperçue pour les travailleurs et travailleuses et ne suffit pas pour mieux se régénérer. La
15
Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), 2009: Travail et santé – Récapitulation des résultats de l’Enquête suisse sur la santé 2007.
Une semaine (vacances) = 8h x cinq jours = 40h = 40h x 60 min. = 2'400 min. Une année a 48 semaines de travail. En conséquence
une année correspond à 48 semaines x cinq jours de travail = 240 jours de travail. 2'400 min. (une semaine de vacances) : 240 jours
de travail = dix min. par jour.
16
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réduction du temps de travail sous forme de vacances entraîne un effet groupé de repos qui
promet plus de récupération à long terme qu’une réduction du temps de travail quotidien.
C’est justement la régénération régulière complète, qui ne peut être obtenue qu’avec une
augmentation du droit aux vacances, qui revêt une grande importance, également pour le
maintien à long terme de la capacité de prestations des travailleurs et travailleuses. Cette
régénération régulière empêche justement des surcharges sur plusieurs années et ainsi les
maladies chroniques qui conduisent justement chez les anciens travailleurs et travailleuses à des
incapacités de travail souvent trop longues ou mêmes définitives.
Les conséquences positives du droit à plus de vacances sur la capacité de travail et la capacité
de prestations à long terme, particulièrement pour les travailleurs et travailleuses plus âgés,
sont à propos justement aussi reconnues par les employeurs. Dans le cadre des Conventions
collectives de travail (CCT), les règlements de vacances qui accordent cinq ou six ou même plus
de semaines de vacances par an sont très répandues. Cela montre aussi que beaucoup
d'employeurs considèrent également un droit à plus de vacances comme une mesure bonne et
nécessaire pour rééquilibrer une charge élevée au travail.
5.3 Plus de vacances : un investissement rentable pour l'économie et la société
Le stress et la pression dans les délais sont les dangers les plus fréquents pour la santé au poste
de travail et entraînent des coûts considérables pour l'économie et la société en Suisse. Des coûts
énormes sont engendrés dans les entreprises par les absences dues à la maladie et par les
assurances pour perte de gain en cas de maladie, par les accidents, l’invalidité, les ruptures de
production et les fluctuations de personnes. Le SECO évalue les coûts d’altérations de la santé
causés par le travail à dix milliards de francs par an.
Plus de régénération grâce à plus de vacances n’est pas non plus un processus gratuit. Une
semaine de vacances coûte à l'employeur 5 francs de plus par travailleur et par jour17. Ou en
calculant autrement: Une semaine de vacances coûte à l'employeur environ 2 pour-cent de la
masse salariale annuelle18. Si l’on part du principe que les vacances devraient être augmentées
d'une semaine, les droits moyens actuels en Suisse se situent aujourd'hui à cinq semaines, les
coûts de l'initiative « 6 semaines de vacances pour tous » s’élèvent au plan économique à
environ 6,8 milliards de francs19. Si l’on compare ce montant aux coûts des conséquences de la
charge élevée au travail évaluée par le SECO de dix milliards de francs par an, alors une
semaine de vacances de plus est un investissement rentable.
A court terme, le stress et la réussite économique sont liés l'un à l'autre, mais à long terme
chaque entreprise et toute l'économie suisse dans son ensemble a besoin de travailleurs en
bonne santé, en pleine capacité et motivés.
17
En partant d’un salaire mensuel de 4'500 francs X 13 divisé par 240 jours de travail.
Une semaine de vacances = 1/52 d’une année = 0.019 ou env. 2 pour-cent.
19 Pour le calcul des coûts, le produit intérieur brut (PIB) selon le type de revenu est utilisé, respectivement la rubrique s’y trouvant :
« rémunération par salaire ». Cette rubrique s’élevait selon l’Office fédéral de la statistique (OFS) en 2008 (provisoirement) à 342.1
milliards de francs. deux pour-cent de 342 milliards de francs = 6.8 milliards de francs pour une semaine de vacances.
18
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5.4 Plus de vacances, cela correspond à une participation juste des travailleurs aux gains de
productivité
Les travailleurs et travailleuses en Suisse se distinguent par leur engagement élevé, de bonnes
performances et une assiduité au travail. Cela se voit aussi en termes de productivité du travail
qui a augmenté entre 1992 et 2007 d’environ 21.5 pour-cent20.. Les salaires réels n’ont cependant
augmenté entre 1992 et 2007 que d’un modeste 4,3 pour-cent21. Il en résulte une différence de
17,2 pour-cent (cf. graphique 4).
Graphique 5: Développement de la productivité du travail et du salaire réel entre 1992 et 2007
Source: Office fédéral de la statistique (OFS), 2009
Même pour le temps de travail, aucun progrès important n'a été atteint depuis 1992 : entre 1992
et 2010, le temps de travail effectivement fourni par semaine a chuté de 18 minutes en tout pour
atteindre 41,7 heures22. Cette période de 19 ans a donc entraîné une réduction annuelle du
temps de travail hebdomadaire de moins d’une minute23, respectivement d’une réduction par
jour de 11 secondes24.
Office fédéral de la statistique (OFS), 2010: Productivité horaire du travail.
Office fédéral de la statistique (OFS), 2010: Evolution des salaires nominaux, des prix à la consommation et des salaires réels, 19762009.
22 Office fédéral de la statistique (OFS), 2010: Durée normale du travail. Dans les entreprises selon la division économique, en heures
par semaine.
23 En 1992, la durée normal du travail était 42 heures par semaine (2'529 minutes). En 2010 elle était 41,7 heures par semaines (20502
minutes). Il en résulte une différence de 18 minutes en 19 ans respectivement une réduction de moins d’une minute par an.
24 La réduction de la durée normale du travail par semaine est de presque une minute ou 56 secondes (cf. l’autre note en bas de
page). Si on divise 56 secondes par cinq jours, il résulte une réduction de la durée du travail par jour de 11 secondes.
20
21
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La différence entre la productivité et le salaire réel et la stagnation du temps de travail montre
que la plus grande partie de l'augmentation de la productivité du travail n’a pas bénéficié aux
travailleurs et travailleuses. Au lieu de cela, ce sont surtout les bénéfices des entreprises qui ont
massivement augmentés et dans les grandes entreprises, ce sont aussi les salaires et les bonus
du management qui ont littéralement explosés.
L’augmentation du droit aux vacances à six semaines pour tous les travailleurs est donc aussi
une participation légitime et juste des travailleurs à l’augmentation de leurs prestations de
travail.
5.5 Plus de vacances sont supportables grâce à une période transitoire réaliste et une
augmentation progressive du droit légal aux vacances
Le droit aux vacances de six semaines doit pouvoir être bien appliqué dans la pratique. Il faut
en conséquence prévoir des délais transitoires réalistes pour leur application. Après une
acceptation par le peuple et les Etats, les employeurs disposent de six années pour augmenter
progressivement le droit aux vacances de tous les travailleurs et travailleuses à six semaines.
Dans l’année calendaire qui suit l’acceptation de l’initiative, le droit aux vacances est augmenté
pour toute la population active à au moins cinq semaines par an. Au cours des années qui
suivent, le droit minimal aux vacances augmente de un jour par an. Cela correspond à une
augmentation annuelle de la somme salariale d'environ 0,4 pour-cent. Cela est tout à fait
supportable dans un contexte de développement économique normal.
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PARTIE III: TEXTE DE L’INITIATIVE ET EXPLICATIONS
1. Texte de l’initiative
Le libellé du texte de l’initiative est :
I
La Constitution fédérale est modifiée comme suit :
Art. 110 al. 4 (nouveau)
4 Toutes les travailleuses et travailleurs ont droit à au moins six semaines de vacances payées
par année.
II
Les dispositions transitoires de la Constitution fédérale sont complétées comme suit :
Art. 197 chiffre 8 (nouveau)
8.
Dispositions transitoires concernant l’article 110 al. 4 (nouveau)
1 Au cours de l’année civile qui suit l’adoption de l’article 110 alinéa 4 par le peuple et les états,
toutes les travailleuses et travailleurs ont droit à au moins cinq semaines de vacances. Pendant
les cinq années civiles suivantes, ce droit augmente d’un jour chaque année.
Le Conseil fédéral règle les modalités jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle législation
fédérale.
2
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2. Explications concernant le texte de l’initiative
Travailleuses et travailleurs
Comme par le passé, il faut entendre par travailleuse et travailleur toute personne engagée dans
des rapports de travail, régis par le droit privé ou par le droit public, quels que soient les
secteurs et les branches et indépendamment de son degré d’occupation. Cette définition
continue à inclure les apprentis, les stagiaires ainsi que toute autre personne travaillant
essentiellement dans une société pour être formée ou en vue d'un choix professionnel.
Revendication
Les vacances restent toujours une revendication des travailleuses et des travailleurs face à
l’employeur. Le changement par rapport à la réglementation actuellement en vigueur réside
dans le fait que la durée des vacances payées passe de quatre à six semaines.
Salaire versé
Les travailleuses et travailleurs continuent de percevoir leur salaire ordinaire pendant leurs
vacances. En ce qui concerne leur salaire, ils ne sont pas moins bien lotis pendant les vacances
que quand ils travaillent. L’indemnité de vacances se compose donc du salaire de base et des
allocations à caractère durable telles que des allocations pour travail en équipe ou des
provisions. Les prestations en nature comme le logement, les repas, les pourboires, etc. font
aussi partie du salaire total. Pour les travailleuses et travailleurs intervenant de manière
irrégulière et donc au salaire variable, il convient de compter un salaire moyen, calculé sur la
base d'une durée déterminée, par exemple une année.
Le changement par rapport à la réglementation actuellement en vigueur réside dans le fait que
les travailleuses et travailleurs percevront leur salaire ordinaire pendant six semaines de
vacances au lieu de quatre, comme c’était le cas jusqu’à présent.
Vacances
La notion légale des vacances ne change pas. Toutes les dispositions légales et judiciaires qui ne
concernent pas les vacances restent valables.
Les vacances ont pour but de permettre aux travailleuses et aux travailleurs de se reposer. Les
vacances sont une période sans travail. Pendant ce temps, le travailleur n’a pas le droit
d’exercer une autre activité lucrative.
En principe, les vacances doivent être prises dans le courant de l’année civile concernée. Au
moins deux semaines de vacances doivent être prises d’affilée. L’employeur fixe la date des
vacances. Il tient néanmoins compte des désirs des travailleuses et des travailleurs, pour autant
que ceux-ci soient compatibles avec les intérêts de l’entreprise. Le choix du moment des
vacances doit donc résulter d’une entente entre l’employeur et la travailleuse ou le travailleur.
Le moment des vacances sera convenu suffisamment à l’avance pour que le travailleur puisse
effectuer les préparatifs nécessaires.
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Les vacances doivent être prises comme telles et ne peuvent pas être remplacées par des
prestations en argent ou d’autres avantages tant que durent les rapports de travail. La
jurisprudence fait état de deux exceptions. Ainsi, lorsque des rapports de travail prennent fin,
le droit aux vacances est compensé pas un supplément de salaire au cas où le nombre de jours
de vacances encore à prendre est supérieur au nombre de jours ouvrables restant.
La deuxième exception concerne le travail à temps partiel à court terme avec un taux
d’occupation très variable. Dans ce cas, le droit aux vacances est compensé par une majoration
de salaire. Le seul changement par rapport à la législation actuelle réside dans le fait que la
majoration de salaire passe de 8,33 pour-cent (dédommagement pour quatre semaines de
vacances) passe à 13,04 pour-cent (dédommagement pour six semaines de vacances).
Par année
Le changement par rapport à la réglementation actuellement en vigueur réside dans le fait que
les travailleuses et travailleurs auront droit à six semaines de vacances au lieu de quatre par
année civile. Les autres réglementations restent inchangées. Comme auparavant, le droit aux
vacances sera adapté, en cas d’année de service incomplète, au prorata de la durée des rapports
de travail au cours de l'année concernée. Les travailleuses et travailleurs ont à l’avenir
également le droit de prendre leurs vacances pendant l’année civile.
Minimum
Comme jusqu’à présent, les dispositions en matière de vacances dépassant le minimum légal
sont autorisées. Dorénavant, le minimum légal passe de quatre à six semaines de vacances
payées pour toutes les travailleuses et travailleurs. Cela signifie que les réglementations
prévoyant actuellement moins de six semaines de vacances deviennent caduques et que celles
qui en stipulent plus restent valables.
6 semaines
A l’heure actuelle, le code des obligations prévoit, pour toutes les travailleuses et travailleurs
liés par des rapports de travail régis par le droit privé, quatre semaines de vacances payées et,
pour les apprentis et jeunes adultes jusqu’à l’âge de vingt ans révolus, cinq semaines de
vacances payées. Les droits sont identiques lorsque les rapports de travail relèvent du droit
public. Dans la réalité, les vacances sont réglementées différemment : en moyenne, les
travailleurs bénéficiaient déjà en 2004 de cinq semaines de vacances par année. Les droits aux
vacances varient néanmoins fortement selon les branches et les classes d’âge.
Les dispositions des contrats collectifs jouent un rôle de précurseur en préconisant d’ores et déjà
cinq semaines de vacances payées ou plus pour des travailleurs de certaines branches et six ou
sept semaines pour les travailleurs à partir de l’âge de 50 ou 60 ans.
Travail.Suisse, Case postale 5755, 3001 Bern, www.sixsemainesdevacances.ch
Informations de fond et arguments sur l’initiative „6 semaines de vacances pour tous“
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Les employés à temps partiel ont les mêmes droits aux vacances que les employés à temps
complet, mais leur salaire est fixé par rapport à leur taux d'occupation. En cas d’interventions
irrégulières, il convient de compter un salaire moyen, calculé sur la base d'une durée
déterminée, par exemple une année.
Le changement par rapport à la réglementation actuellement en vigueur réside dans le fait que
la durée des vacances payées passe à six semaines pour toutes les travailleuses et travailleurs.
Première disposition transitoire
La première disposition transitoire définit comment l’initiative « 6 semaines de vacances pour
tous » doit être appliquée. Si l’initiative est acceptée par le peuple et les états, l’article 110 al. 4
entre en vigueur immédiatement. Dès le début de l’année civile qui suit l’acceptation de
l’initiative, le droit aux vacances passe à au moins cinq semaines pour toutes les travailleuses et
travailleurs. Au fil des cinq années civiles suivantes, le droit augmente d’un jour chaque
année25.
Cette introduction progressive du droit à six semaines de vacances permet une planification et
une mise en application réalistes.
Deuxième disposition transitoire
La deuxième disposition transitoire traite de l’adaptation de la législation fédérale et de la
compétence réglementaire du Conseil fédéral. Il est vrai que l’article 110 al. 4 est applicable sans
délai. Autrement dit, les travailleuses et travailleurs peuvent, dans le cadre de procédures
relevant du droit civil ou du droit public, invoquer l’article 110 et ainsi faire valoir leur droit à
six semaines de vacances. Il est néanmoins judicieux, pour des considérations juridiques et
politiques, d’adapter la législation fédérale et d’octroyer au Conseil fédéral un pouvoir
réglementaire provisoire en relation avec la mise en application du l'initiative populaire.
25 Votation du 11 mars 2012: l’initiative est acceptée par le peuple et les états.
En même temps, la révision partielle de la Constitution fédérale entre en vigueur.
Droit minimum à partir du 1er janvier 2013: cinq semaines de vacances pour tous.
Droit minimum à partir du 1er janvier 2014: cinq semaines et un jour de vacances pour tous.
Droit minimum à partir du 1er janvier 2015: cinq semaines et deux jours de vacances pour tous.
Droit minimum à partir du 1er janvier 2016: cinq semaines et trois jours de vacances pour tous.
Droit minimum à partir du 1er janvier 2017: cinq semaines et quatre jours de vacances pour tous.
Droit minimum à partir du 1er janvier 2018: cinq semaines de vacances pour tous.
Travail.Suisse, Case postale 5755, 3001 Bern, www.sixsemainesdevacances.ch
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