CC4_Espèces introduites_OK

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Espèces natives proliférantes et espèces introduites invasives
Université de
Marseille
Contact : Marc VERLAQUE
Mail : [email protected]
OBJECTIFS
Donner aux gestionnaires les éléments biologiques, écologiques concernant le développement des
macrophytes, leur permettre d’avoir une vision globale de la problématique sur la façade
méditerranéenne afin de prendre davantage de recul sur les problèmes rencontrés par certains sur
leur lagune et de mesurer réellement l’impact et le danger pour l’équilibre du milieu, voire les activités.
La prolifération d’une espèce peut alerter les gestionnaires de lagunes et poser des problèmes pour
les activités et les usages. Néanmoins, lutter contre cette espèce à court terme (ramassage,
suppression…) peut entraîner des impacts environnementaux importants et déséquilibrer davantage
le milieu (arrachage de l’herbier, remise en suspension …).
CONCLUSION
Depuis la fin du siècle dernier, une préoccupante homogénéisation des habitats méditerranéens est
en cours : de riches peuplements cèdent progressivement la place à des communautés appauvries
dominées par un petit nombre de macrophytes introduits très invasifs et déjà présents dans
l'ensemble du bassin méditerranéen. Concernant les lagunes côtières, le gestionnaire doit faire face à
deux types de problème : (1) la pullulation d'espèces natives très tolérantes liée à une eutrophisation
du milieu, et (2) le développement d'espèces exotiques envahissantes indépendant des phénomènes
d'eutrophisation ou de perturbation. Le premier problème peut être résolu par une réduction des
apports nutritifs du bassin versant, alors que le second ne peut être traité qu'en amont au niveau des
vecteurs d'introduction puisque une fois introduite, une espèce exotique est quasiment incontrôlable.
BIBLIOGRAPHIE
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RESUME
La Méditerranée est un hotspot de biodiversité (12% des espèces décrites de macrophytes pour 0.8%
de la surface des océans) mais c'est aussi un hotspot pour les introductions d'espèces. 125 espèces
introduites de macrophytes ont été à ce jour recensées pour un total approximatif de 1200 espèces
indigènes.
Les principaux vecteurs d'introduction sont le Canal de Suez pour la Méditerranée Orientale et les
transferts de coquillage pour l'Adriatique et la Méditerranée Occidentale, viennent ensuite le trafic
maritime (fouling, eaux de ballast) et les aquariums. 21 espèces introduites en Méditerranée sont
considérées comme invasives ou potentiellement invasives, c'est à dire qu'elles ont la capacité
d'impacter les communautés méditerranéennes, le fonctionnement de l'écosystème et les activités
économiques.
Contrairement aux espèces natives proliférantes qui sont des espèces opportunistes très tolérantes
qui pullulent dans les milieux perturbés et eutrophisés, les espèces introduites invasives ont la
capacité de se développer en l'absence de perturbations. En Méditerranée, la végétation des lagunes
côtières abritant des activités conchylicoles a été fortement modifiée par les introductions d'espèces :
par exemple, à Thau, les espèces exotiques représentent 32 % de la flore totale et peuvent constituer
la quasi totalité de la biomasse végétale des substrats durs au printemps. Cependant, à ce jour, dans
les lagunes, hormis la gêne causée par les plus grandes espèces (Sargassum muticum, Undaria
pinnatifida), aucune crise grave n'a pu être imputée aux macrophytes introduits. Néanmoins, la
richesse de leur flore exotique illustre la très grande efficacité des transferts de coquillages en tant
que vecteur d'introduction d'espèces et les risques élevés de dissémination d'autres groupes
beaucoup plus dangereux (parasites, maladies, phytoplancton toxique, gastéropodes perceurs,
crépidules...).
En conclusion, depuis la fin du siècle dernier, une préoccupante homogénéisation des habitats
méditerranéens est en cours : de riches peuplements cèdent progressivement la place à des
communautés appauvries dominées par un petit nombre d'espèces introduites très invasives et déjà
présentes dans l'ensemble du bassin méditerranéen. Une fois introduite, une espèce exotique étant
quasiment incontrôlable, une action préventive en amont par le contrôle des vecteurs d'introduction
est donc fortement souhaitable.
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