Sandrine C ARUSO Polynômes irréductibles de Fq . Référence : Francinou-Gianella, Exercices pour l’agrégation, algèbre 1 Proposition. Soit Fq un corps fini de cardinal q. Pour tout n ∈ N∗ , il existe un polynôme n irréductible sur Fq de degré n. Le nombre de tel polynômes est équivalent à qn lorsque n → ∞. On note A(n, q) l’ensemble des polynômes irréductibles de degré n sur Fq , et I(n, q) = Card A(n, q). Soit d un diviseur de n et P un polynôme irréductible de degré d. Montrons que P n divise X q − X. Soit K = Fq [X]/(P ) un corps de rupture de P , et notons x la classe d de X dans K. Comme [K : P ] = deg P = d, K est isomorphe à Fqd et donc xq = x. n n Par récurrence, on déduit du fait que d divise n que xq = x. Donc P divise X q − X. n Inversement, montrons que si P est un diviseur irréductible de X q − X, alors le n degré d de P divise n. Le polynôme X q − X est scindé sur Fqn , notons x une racine de P dans Fqn , et K = Fq (x). Le corps K est un corps intermédiaire entre Fq et Fqn , et [Fqn : Fq ] = [Fqn : K][K : Fq ]. Comme [Fqn : Fq ] = n et [K : Fq ] = d, on en déduit que d divise n. Ainsi, Y Y n Xq − X = P d|n P ∈A(d,q) et en prenant le degré de ce polynôme, on obtient X qn = dI(d, q). d|n La formule d’inversion de Möbius donne alors X n qd. nI(n, q) = µ d d|n Notons X n rn = µ qd d d|n d<n de sorte que nI(n, q) = q n + rn . On a la majoration n b2c X n qb 2 c − 1 q =q . |rn | 6 q − 1 d=1 d n D’une part, |rn | < q n , donc I(n, q) > 0, d’autre part, |rn | = O(q b 2 c ) = o(q n ) donc I(n, q) ∼ 1 qn . n Lemme (Fonction de Möbius). Rappelons que la fonction de Möbius µ = N∗ → {0, −1, 1} est définie par µ(n) = 0 si n a un facteur carré, et µ(p1 · · · pr ) = (−1)r si p1 , . . . , pr sont des nombres premiers distincts1 . Elle vérifie les propriétés suivantes : (i) µ est multiplicative, ie si P GCD(n, m) = 1 alors µ(nm) = µ(n)µ(m), P (ii) pour tout n > 1, d|n µ(d) = 0, P (iii) Formule d’inversion de Möbius : si g(n) = d|n f (d), alors f (n) = X µ(d)g n d|n d = X n µ g(d). d d|n Démonstration. (i) Soient n, m ∈ N∗ tels que P GCD(n, m) = 1. Si n ou m a un facteur carré, alors nm aussi et µ(nm) = µ(n)µ(m) = 0. Sinon, on décompose n et m en facteurs carrés : n = p1 · · · pr et m = q1 · · · qs . Comme n et m sont premiers entre eux, les pi et qi sont tous distincts, et nm est donc également sans facteurs carrés. On a alors µ(nm) = (−1)r+s et µ(n)µ(m) = (−1)r (−1)s = (−1)r+s . (ii) On décompose n en facteurs premiers : n = pα1 1 · · · pαr r . Alors X µ(d) = r X X µ(pi1 · · · pik ) = k=0 i1 <···<ik d|n = r X k=0 r X X (−1)k k=0 i1 <···<ik r (−1)k = (1 − 1)r = 0 k car r > 0. Notons que pour n = 1, cette somme est égale à µ(1) = 1. (iii) On a n X X X f (d0 ) = µ(d) µ(d)g d d|n d|n d0 | n d X X X = µ(d)f (d0 ) = f (d0 ) µ(d) = f (n). dd0 |n d0 |n L’autre égalité s’obtient par changement de variable d ↔ 1 Éventuellement, r = 0 si n = 1. 2 d| dn0 n d dans la somme.