A ctualités recherche hépatite C est une maladie potentiellement mortelle causée par le virus de l’hépatite C (VHC) qui infecte deux à trois pour cent de la population mondiale. L’infection par le VHC reste la principale indication de transplantation du foie et la cause majeure de développement de cirrhoses et de carcinomes hépatocellulaires. Malgré la bithérapie interféron pégylé + ribavirine, il y a un besoin urgent de découvrir de nouveaux moyens de prévenir l’infection et de traiter plus efficacement les patients déjà infectés. Actuellement, aucun vaccin n’existe pour prévenir l’hépa­ tite C. L’efficacité d’un vaccin dépend en particulier de la capacité des anticorps à neutraliser, au sein de la population humaine, un large spectre de souches du VHC. Cependant, l’extrême variabilité du VHC pose un problème majeur pour l’immunothérapie et la conception de vaccins contre cette pathologie hépatique. Une équipe de chercheurs du Scripps Research Institute a découvert que certains anticorps peuvent prévenir l’infection par le VHC dans un modèle “humanisé” de souris, ouvrant la possibilité du développement d’un vaccin contre cette maladie. Ces travaux ont été récemment publiés dans la revue Nature Medicine. Grâce à la méthodologie du phage display (présentation de peptides à la surface de phages filamenteux), les auteurs ont isolé 115 fragments d’anticorps chez un donneur chroniquement infecté par le VHC. Ces anticorps étaient capables de se lier à trois régions anti­ géniques de la glycoprotéine VHC E2. Les auteurs ont mis en évidence un sousgroupe spécifique d’anticorps capables de neutraliser la souche virale JFH1, ainsi que de nombreuses particules de pseudotypes VHC. Ces anticorps présentent une affinité de l’ordre du nanomolaire à une région relativement conservée (région antigénique 3) qui interagit avec la protéine transmembranaire CD81 (nécessaire à l’infection des hépatocytes). Ces anticorps n’ont pas montré d’effet secondaire chez la souris. L’infection systémique avec un sérum d’un patient infecté avec une souche VHC de géno­ type 1a d’un modèle de souris chimériques porteuses d’hépatocytes humains a permis de valider le potentiel protecteur de ces immunoglobulines. Cette quasiespèce virale présente un très haut taux de mutation et de réplication, ce qui est un puissant mécanisme d’échappement à la surveillance immunitaire. Contrairement aux souris “humanisées”, tous les animaux du groupe témoin infectés étaient incapables d’empêcher le virus de proliférer. Les chercheurs ont désormais l’intention d’assurer le suivi de ces résultats en poursuivant l’identification de nouvelles cibles conservées sur le virus et le développement d’immunoglobulines destinées à l’immunisation passive. Comme le souligne le premier auteur, “il est probablement nécessaire à l’avenir d’utiliser une combinaison d’anticorps neutralisants dirigés contre plusieurs régions conservées du virus.” > Law M et al. Broadly neutralizing antibodies protect against hepatitis C virus quasispecies challenge. Nat Med 2008;14(1):25-7. Fortifier la barrière intestinale des patients MICI ? L a perméabilité de l’épithélium intestinal joue un rôle essentiel pour le maintien de l’homéostasie de la muqueuse intestinale. Les patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) présentent un défaut de la barrière intestinale associé à une augmentation de la translocation microbienne. Les jonctions serrées jouent un rôle essentiel dans le contrôle de la perméabilité paracellulaire de l’intestin. JAM-A est l’une des La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 1 - janvier-février 2008 molécules d’adhésion des jonctions serrées qui participent au maintien de la perméabilité, de la polarité cellulaire, de l’adhérence cellulaire, de la migration cellulaire, de l’angiogenèse et du recrutement des leucocytes. Dans la revue Journal of Experimental Medicine, un groupe de chercheurs a récemment précisé le rôle physiologique de cette molécule au niveau de la muqueuse intestinale. Au sein du côlon des souris déficientes pour JAM-A se forment spontanément des structures lymphoïdes (essentiellement composées de lymphocytes B et de cellules dendritiques). Ces observations sont corrélées à une perméabilité de la muqueuse intestinale ainsi qu’à une diminution de la résistance électrique transépithéliale et à une augmentation de l’expression d’autres molécules des jonctions serrées impliquées dans le processus de perméabilité des ions, comme les claudines 10 et 15. Cependant, par rapport aux souris contrôles, les auteurs n’observent ni un défaut de l’architecture intestinale ni une augmentation de la translocation bactérienne vers les ganglions mésentériques et la rate de ces souris transgéniques. Enfin, les souris déficientes pour JAM-A présentent une susceptibilité accrue à un modèle de colite chimiquement induite. Au niveau histologique, l’absence de JAM-A est en revanche associée à une réduction de la formation d’œdèmes et d’ulcérations ainsi qu’à une augmentation de la prolifération cellulaire. En conclusion, cette étude suggère un rôle direct de JAM-A au cours des processus régulateurs de la perméabilité épithéliale intestinale. Des études chez l’homme sont désormais attendues pour confirmer que JAM-A est une cible thérapeutique plus efficace pour renforcer la barrière intestinale des patients MICI. > Laukoetter MG et al. JAM-A regulates permea- Rédaction : Mathias Chamaillard > British Medical Journal Vaincre l’hépatite C ! L’ Actualités recherche > New England Journal of Medicine REVUE de presse > Nature Medicine > Gastroenterology > Cancer Cell bility and inflammation in the intestine in vivo. J Exp Med 2007;204(13):3067-76. 31