HAIES ET ARBUSTES D’ORIGINE REGIONALE Guide pratique MINISTERE DU DEVELOPPEMENT DURABLE ET DES INFRASTRUCTURES Département de l’Environnement 4 Place de l’Europe L-1499 LUXEMBOURG 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg Tél.: 29 20 30 email : [email protected] Octobre 2012 SOMMAIRE page 1. Un label de qualité pour des arbustes ! 2 2. Objectif du guide pratique 3 3. Domaines d’application du label de qualité Heck vun hei 3 4. Quelques aspects fondamentaux : écologie, continuités et génétique 4 5. Concept et structure du label Heck vun hei 5 6. Modalités techniques de création d’une haie à base d’arbustes certifiés 6.1. Règle fondamentale 6.2. Choix des espèces 6.3. Schéma de plantation 6.4. Préparation des travaux de plantation 6.5. Travaux de plantation 6.6. Mesures d’accompagnement des travaux de plantation 6.7. Entretien lors des premières saisons 6.8. Entretien à moyen terme 9 9 10 12 13 15 17 17 7. Adaptation des techniques à différents milieux et à des contraintes diverses 7.1. Milieu naturel 7.2. Milieu urbanisé et périurbain, plus généralement hors milieu naturel 7.3. Lisière de forêt 18 18 19 8. Projets de démonstration et visites 20 9. Partenaires et contacts 9.1. Développement et gestion du label Heck vun hei 9.2. Pépinières partenaires 21 21 Annexes 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -1- 1. UN LABEL DE QUALITE POUR DES ARBUSTES ! Heck vun hei est un label de qualité qui organise et gère la production, la certification et la commercialisation d’arbustes d’origine indigène. Quelle est l’intention et quel est l’objectif d’associer des critères de qualité à des arbustes ? Dans le paysage actuel, les haies, les bosquets et les arbustes solitaires jouent un rôle écologique primordial à la fois pour leur richesse biologique (biodiversité associée : plantes, insectes, oiseaux, mammifères) et pour leur propriété à former des éléments de liaison (entre des biotopes différents). Une densité suffisante de structures arbustives représente dès lors un moyen efficace pour lutter contre la perte de biodiversité et la fragmentation ou le morcellement des paysages. Afin d’assurer ces fonctionnalités écologiques, les constituants de base des haies, à savoir les arbustes, doivent être strictement adaptés à leur milieu. Ce critère est rempli en utilisant des plants reproduits à partir de haies naturelles présentes à l’échelle locale, s’insérant ainsi dans la continuité des générations établies depuis des millénaires. C’est ce critère de qualité primordial pour la cohésion des communautés d’organismes qui est assuré à travers le label de certification d’origine Heck vun hei. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -2- 2. OBJECTIF DU GUIDE PRATIQUE Ce guide pratique est un manuel d’accompagnement du label de qualité Heck vun hei. Il est destiné à préciser les modalités techniques de l’utilisation d’arbustes certifiés dans des travaux d’aménagement et de renforcement de structures arbustives. Concrètement, le document présente toute la chaîne des étapes pratiques depuis la production des arbustes jusqu’aux travaux de plantation et l’entretien des jeunes haies et bosquets. Il précise en outre le cadre de fonctionnement du programme ainsi que les bases écologiques sur lesquelles il s’appuie. Le label de certification d’origine Heck vun hei s’adresse aux personnes, aux groupes d’intérêt, aux collectivités publiques et aux entreprises privées qui interviennent de près ou de loin dans les domaines de l’aménagement et de la préservation des ressources naturelles. Les secteurs d’activités et les métiers concernés sont : l’agriculture et la sylviculture, les architectes, ingénieurs et paysagistes, les associations de protection de la nature, les communes et les syndicats de communes, les entreprises de jardinage, les pépiniéristes et les horticulteurs, les ministères et les administrations de l’Etat, les entreprises du bâtiment et les promoteurs immobiliers. 3. DOMAINES D’APPLICATION DU LABEL DE QUALITE HECK VUN HEI Les critères de qualité associés au label Heck vun hei s’appliquent dans toutes les situations d’aménagement de haies, de bosquets et d’arbustes solitaires à haute valeur écologique. Le concept est conçu de manière à répondre aux attentes et aux exigences les plus larges, englobant en particulier les domaines suivants : Milieu naturel • la diversification de zones pauvres en éléments structurels • la création de structures de liaison de biotopes (Biotopverbund) • l’amélioration structurelle de zones protégées (p.ex. réseau Natura 2000) • les mesures de compensation en vertu de la loi concernant la protection de la nature • la restauration écologique et la lutte contre l’érosion Milieu urbain et périurbain • l’intégration paysagère de (nouveaux) lotissements • l’agrémentation des entrées d’agglomérations 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -3- • la création de trames vertes intra- et trans-urbaines • l’aménagement des intérieurs de lotissements • les alentours de bâtiments privés et publics (y compris des établissements scolaires) • les parcs et îlots de verdure des agglomérations Infrastructures de transport • les dépendances vertes des grands axes routiers et des lignes de chemin de fer • la végétation accompagnatrice des routes et des chemins ruraux • l’aménagement des aires de stationnement Activités agricoles, zones d’activités et milieu industriel • l’intégration paysagère des bâtiments agricoles • les mesures d’accompagnement du remembrement agricole • l’aménagement extérieur de zones d’activités • la réhabilitation écologique de sites industriels désaffectés • la renaturation d’anciennes décharges et carrières Valorisation écologique des aménagements Pour optimiser la valorisation écologique d’aménagements, les structures à partir d’arbustes certifiés peuvent avantageusement être combinées à des matériaux nobles d’origine locale comme le bois et la pierre naturelle. De la verdure à vocation écologique, des éléments structurants en bois, des murets de soutènement en pierre sèche peuvent alors agréablement se substituer à la tristesse répétitive des arbustes d’ornement (thuya, prunellier-cerise, spirea, cotoneaster) et à la grisaille omniprésente du béton. 4. QUELQUES ASPECTS FONDAMENTAUX : ECOLOGIE, CONTINUITES ET GENETIQUE Le cadre écologique du label Heck vun hei est formé par la Convention de Rio sur la diversité biologique. Des explications détaillées figurent en annexe 1. Avec la mondialisation du commerce, les arbustes actuellement disséminés dans l’environnement proviennent de régions de plus en plus éloignées. Ces plantes importées exercent des incidences sur les populations de la même espèce qui se sont adaptées aux conditions environnementales locales durant des millénaires (écotypes adaptatifs) : c’est le phénomène d’introgression génétique. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -4- Le label de qualité Heck vun hei représente à la fois un moyen efficace de se prémunir contre les risques de falsification génétique des populations d’arbustes indigènes et d’optimiser les fonctionnalités écologiques des plantations par l’intégration dans le concept des trois niveaux du principe des continuités, à savoir : • continuité spatiale : • continuité structurelle : • continuité génétique : les haies forment des corridors de jonction et des voies de migration entre des biotopes (morcelés) le schéma de plantations à appliquer dans les plantations s’appuie sur le modèle des haies naturelles à l’échelle locale et les plants utilisés sont les descendants directs des écotypes adaptatifs à l’échelle locale. 5. CONCEPT ET STRUCTURE DU LABEL HECK VUN HEI Partenaires et organisation Le programme de production, de certification et de commercialisation d’arbustes d’origine locale réunit cinq partenaires dont les rôles sont précisés dans le schéma ci-dessous. Ministère du Développement durable et des Infrastructures Département de l’Environnement Responsable du programme Certificateur Musée National d’Histoire Naturelle Coordinateur (BioMonitor) Suivi scientifique Choix des sites de collecte Analyses génétiques Organisation générale Suivi de la production Gestion de la certification Entreprise d’économie solidaire (OPE asbl) Collecte des fruits Production de semis Fédération horticole luxembourgeoise (pépinières partenaires) Maturation des plants en pépinière Vente des arbustes 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -5- Espèces d’arbustes certifiés Les espèces d’arbustes reproduites dans le cadre du programme Heck vun hei sont celles qui sont régulièrement présentes dans les haies naturelles (spontanées) à travers le pays (tableau 1). Parmi les huit espèces, il faut distinguer les espèces structurantes, toujours dominantes, et les espèces accompagnatrices, associées de façon plus ou moins régulière. Toutes les autres espèces d’arbustes (ou d’arbres) sont caractérisées par une présence et un développement variables en fonction des conditions du milieu (géologie, exposition, humidité du sol) et de l’âge de la haie. Ces espèces ne sont pas reproduites, mais laissées à la colonisation spontanée. On considère en effet que ce sont précisément ces espèces qui impriment le caractère local à la structure arbustive. Tableau 1. Arbustes produits et certifiés sous le label de qualité Heck vun hei. Catégories et espèces Nom scientifique Nom allemand Nom luxembourgeois Espèces structurantes Prunellier Aubépines Eglantier (rosiers sauvages) Cornouiller sanguin Prunus spinosa Crataegus sp. [a] Rosa sp. [b] Cornus sanguinea Schlehe Weissdorn Wild-Rosen Roter Hartriegel Schléiwendar Wäissdar Heckerousen Routholz Espèces accompagnatrices Troène commun Fusain d’Europe Viorne flexible Nerprun purgatif Ligustrum vulgare Evonymus europaeus Viburnum lantana Rhamnus catharticus Liguster Pfaffenhütchen Wolliger Schneeball Kreuzdorn Schwaarz Mutz Pafenhittchen Bënzelter Dräidar [a] Regroupe les deux espèces autochtones Crataegus monogyna et Crataegus laevigata. [b] Regroupe la dizaine d’espèces de rosiers sauvages autochtones dont la principale est Rosa canina. Culture des arbustes et procédure de certification La production d’arbustes, d’une part, et leur certification, d’autre part, forment les deux piliers complémentaires du programme associé au label de qualité Heck vun hei. Les procédures précises sont formalisées dans des documents techniques. La qualité des productions est assurée par un suivi scientifique de la part du Musée National d’Histoire Naturelle. La certification est encadrée par une charte de qualité sous l’autorité du Département de l’Environnement du Ministère du Développement durable et des Infrastructures 1. 1 Les documents correspondants sont disponibles sur demande. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -6- D’un point de vue technique, toute la chaîne de production est réalisée suivant les règles de conduite de l’agriculture biologique. La structure, le fonctionnement et les objectifs du programme s’appuient sur les trois piliers du concept de durabilité : l’écologie, l’économie et le social. Label de qualité Heck vun hei Les arbustes certifiés d’origine locale (par pied ou par lot), les lieux de production et de vente ainsi que les plantations effectuées sont identifiés par le logo suivant : Vente des arbustes certifiés Les arbustes certifiés sont en vente dans des pépinières partenaires, signataires de la charte de qualité du label Heck vun hei. Les coordonnées précises des entreprises figurent à la fin du document (voir 9.2). Le prix de vente des arbustes est fixé par le Comité de suivi et de contrôle du label et agréé par l’autorité de certification. Un système de coordination vise à optimiser la gestion des stocks. Transfert du label Heck vun hei et utilisation in situ Par l’achat de plantes certifiées, les acheteurs ont la possibilité d’acquérir le droit d’utilisation du label Heck vun hei. Ce transfert depuis la pépinière vers le lieu de plantation (terrain public ou privé) est conditionné au respect de deux critères : • ne pas mélanger des plants certifiés avec des plants non certifiés • appliquer un schéma de plantation suivant les modalités présentées sous 6.3. En respectant ces deux critères, les plantations peuvent être identifiées sur place par un panneau d’information (12 x 10 cm) sur le modèle du logo ci-dessus délivrée en même temps que les plants. Le panneau est gratuit à partir d’une quantité de 50 plants achetés et fourni à prix coûtant pour des quantités plus faibles. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -7- Aides financières Sur la base du Règlement grand-ducal du 18 mars 2008 concernant les aides pour l’amélioration de l’environnement naturel, les arbustes certifiés peuvent faire l’objet d’une subvention de la part du Département de l’Environnement du Ministère du Développement durable et des Infrastructures. La gestion des demandes est effectuée par les arrondissements de l’Administration de la Nature et des Forêts (voir ci-dessous). La demande de subvention doit être accompagnée de la preuve d’achat (original) délivrée par la pépinière. Les bénéficiaires de l’aide financière sont invité(e)s à identifier de façon précise les plantations à l’aide du panneau Heck vun hei. Synthèse de la démarche L’ensemble des étapes de la procédure est résumé dans le tableau 2 ci-dessous. Tableau 2. Synthèse de la démarche de l’utilisateur du label Heck vun hei 1. Préparation Lire la partie technique de ce guide pratique Elaborer un schéma de plantation conforme 2. Pépinière Acheter le nombre requis d’arbustes certifiés Penser au panneau d’information Heck vun hei Demander la preuve d’achat pour le dossier de subvention 3. Site de plantation Reporter le schéma de plantation sur le terrain Planter les arbustes certifiés Installer le panneau Heck vun hei 4. Demande de subvention Contacter les services compétents de l’Adm. Nature & Forêts Remplir le formulaire correspondant Joindre la preuve d’achat à la demande Arrondissements de l’Administration de la Nature et des Forêts 2 Centre-est Centre-ouest Est Nord Sud 2 Tél. 80 33 72 Tél. 32 01 75 1 Tél. 75 01 88 1 Tél. 95 81 64 Tél. 45 80 83 21 [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Pour de plus amples renseignements : www.emwelt.lu. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -8- 6. MODALITES TECHNIQUES DE CREATION D’UNE HAIE A BASE D’ARBUSTES CERTIFIES 6.1. Règle fondamentale Pour remplir pleinement ses fonctionnalités écologiques, une haie plantée doit être structurée selon le modèle des haies naturelles locales, aussi bien en ce qui concerne la composition des espèces que l’agencement de celles-ci dans l’espace. Une haie qui se forme de façon spontanée en milieu naturel est fondamentalement variable dans sa forme et dans sa taille. Elle peut être large ou étroite, continue ou discontinue, jusqu’à former un chapelet ou une mosaïque de bosquets. Le nombre d’espèces d’arbustes qui la composent est généralement faible. La biodiversité associée à une haie n’est pas formée par ses constituants, mais par l’attractivité de sa biomasse en tant que sources alimentaires (feuilles, fruits, racines) et par les abris qu’elle fournit en hauteur, sur le sol et en profondeur. 6.2. Choix des espèces En règle générale, l’ossature des haies est constituée par le prunellier ou épine noire (Prunus spinosa) et l’aubépine ou épine blanche (Crataegus sp.) en association avec l’églantier (Rosa sp.) et le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea). Toutes les autres espèces doivent être considérées comme accompagnatrices (voir tableau 1). La composition précise peut être très variable, car elle est influencée par les caractéristiques locales (géologie, exposition, humidité du sol) du terrain. Démarche pratique recommandée : inspection des haies naturelles à l’échelle locale Le moyen le plus simple pour déterminer la composition du lot de plants à utiliser lors d’un projet de plantation consiste à inspecter les haies naturelles présentes à l’échelle locale. Cette inspection se fait au moyen des fiches descriptives des huit espèces certifiées (annexe 2) en relevant à la fois la présence des espèces et leur fréquence approximative (en %). La saison la plus appropriée pour cet inventaire se situe entre mi-août et fin septembre, car il y a présence à la fois des feuilles et des fruits. Ce sont avant tout les différences de forme et de couleur des fruits qui permettent une identification aisée. Démarche alternative 1 Une première alternative à une inspection en milieu naturel consiste à appliquer les références de l’ouvrage Hecken : Bedeutung, Anbau und Pflege 3. Pour un maximum de 3 Hecken : Bedeutung, Anbau und Pflege (2003) Administration des Eaux et Forêts (aujourd’hui Administration de la Nature et des Forêts). 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -9- commodité, la composition des espèces et les fréquences correspondantes des huit espèces certifiées en fonction du substrat géologique sont présentées en annexe 3. Démarche alternative 2 Une alternative encore plus simple, qui ne perd en rien en terme de qualité écologique, consiste à ne planter que les quatre espèces qui forment l’ossature des haies avec les répartitions considérées comme habituelles dans les haies naturelles à travers notre pays : Prunus spinosa (épine noire, Schlehe) Crataegus sp. (aubépine, Weissdorn) Rosa sp. (églantier, Wild-Rosen) Cornus sanguinea (cornouiller sanguin, Hartriegel) 40 - 60 % 20 - 30 % 10 - 20 % 5 - 10 % 6.3. Schéma de plantation Objectif Le schéma de plantation représente la pièce maîtresse de la création d’une haie. L’objectif consiste à installer les plants de façon à ce que la future haie puisse, à terme, ne plus être différenciée d’une haie naturelle formée de façon spontanée 4. Dans ces conditions, les fonctionnalités écologiques sont pleinement remplies (voir 6.1). Structure et dimensions Fondamentalement, une haie est formée par sa partie ligneuse, les arbustes, et toute une végétation accompagnatrice de nature herbacée (Krautsaum). C’est cet ensemble qui à la fois forme et abrite la biodiversité végétale et animale associée aux haies. Lors de l’installation d’une haie, il est dès lors primordial de prévoir les espaces nécessaires pour l’ensemble de la structure complexe. Idéalement, une haie possède une profondeur variable de 1 à 4 m bordée des deux côtés d’une frange herbacée de 0,5 à 2 m. Dans le sens de la longueur, il n’y a aucune règle précise avec la possibilité d’un linéaire continu ou discontinu jusqu’à une suite régulière ou irrégulière de bosquets plus ou moins longs. Densité de plantation La densité de plantation préconisée est faible, de l’ordre de 0,7 à 1,3 pieds au m2 de la surface de plantation 5. Cette recommandation s’appuie sur deux aspects. D’une part, les arbustes 4 5 Un schéma de plantation selon une grille régulière (Rasterpflanzung) est à proscrire, car le caractère artificiel de la haie restera toujours évident. Ces densités sont nettement plus faibles que celles recommandées habituellement. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 10 - certifiés sont suffisamment vigoureux pour occuper rapidement l’espace disponible. D’autre part, les lacunes laissées lors de la plantation représentent autant de possibilités pour l’arrivée spontanée d’espèces complémentaires, que ce soient des arbustes, des arbres ou des herbacées. Ce seront précisément ces adjonctions qui imprimeront un cachet local à la haie amorcée de façon non naturelle. Exemples de schéma de plantation Dans la pratique, le schéma de plantation à appliquer s’ouvre largement à l’imagination pour trouver la meilleure harmonie vis-à-vis de la configuration du terrain (plat, en pente ou en talus) et des milieux environnants (présence d’éléments structurants). L’unique point commun de tous les schémas de plantation est leur ossature formée des espèces dominantes que sont le prunellier (Prunus spinosa) et l’aubépine (Crataegus sp.). Les autres espèces sont toujours placées en soutien. Les principes du schéma de plantation sont illustrés sur la base d’exemples concrets, appliqués dans la pratique ; les extraits choisis ont des longueurs de 25 m et une profondeur de 3 m, l’ensemble bordé de franges de 1 m. Exemple 1. Haie continue composée des quatre espèces structurantes et de deux espèces accompagnatrices. Prunus spinosa Crataegus sp. Rosa sp. Cornus sanguinea Ligustrum vulgare Evonymus europaeus 45 9 6 10 3 2 densité de plantation : 1,00 (75 plants sur 75 m2) Exemple 2. Haie discontinue composée des quatre espèces structurantes et de Ligustrum vulgare. densité de plantation : 0,81 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 11 - Exemple 3. Haie à densité faible (amorce) composée des quatre espèces structurantes uniquement. densité de plantation : 0,48 Exemple 4. Haie discontinue et à densité variable composée d’une forte ossature de prunellier Prunus spinosa. densité de plantation : 0,72 D’autres exemples de schémas de plantation figurent en annexe 4. 6.4. Préparation des travaux de plantation Epoque des plantations La saison de plantation à privilégier est l’automne entre fin octobre et mi-décembre. Le printemps (à partir de mars) est moins propice, car les plants ne disposent pas de suffisamment de temps pour s’enraciner correctement. Cette caractéristique s’applique avant tout aux deux espèces dominantes, le prunellier et l’aubépine, qui produisent peu de racines dans les couches supérieures du sol. Un autre aspect à mentionner est la difficulté à travailler un sol mouillé à la sortie de l’hiver lorsque la formation de mottes risque de gêner le contact de la terre avec les racines des arbustes plantés. Préparation du sol Une préparation préalable du sol s’impose essentiellement dans le cas où celui-ci est couvert d’une végétation herbacée dense. Le sol est aéré en surface par un motoculteur ou griffé plus en profondeur (15 à 30 cm) par un engin agricole. Ce travail préalable facilitera par la suite l’ouverture des trous de plantation. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 12 - Préparatifs pour un chantier de plantation de haie en milieu naturel. Préparation du sol et report du schéma de plantation au moyen de piquets de couleur. Report du schéma de plantation sur le terrain L’implantation s’effectue avantageusement par des objets (piquets) de couleurs identifiant les endroits précis des différentes espèces d’arbustes à planter. Le linéaire est tracé à l’aide de décamètres posés sur le sol. Ouverture des trous de plantation Afin d’assurer une bonne qualité de plantation, il est important d’ouvrir des trous suffisamment volumineux, d’un diamètre de 30 cm à 40 cm et d’une profondeur de 30 cm. Les parois des trous de plantation ne doivent pas être lisses, mais entaillées par des coups de bêche. 6.5. Travaux de plantation Transports des plants et maintenance sur site Lors du transport des plants et de leur maintenance sur le site de plantation, il est impératif de protéger les racines à la fois contre la dessiccation et, le cas échéant, contre le gel. Cette protection se fait le plus simplement en maintenant une couverture des racines par une toile (de jute) mouillée, de la terre ou du compost. Il est utile de préciser que le prunellier est particulièrement sensible à la dessiccation et au gel. Taille des racines Les racines abîmées et les racines trop longues sont taillées avec un sécateur bien aiguisé de façon à obtenir une coupe franche. La longueur maximale des racines ne doit pas dépasser la dimension du trou de plantation. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 13 - Ouverture d’un trou de plantation large. Protection des plants sur le site de plantation dans des caisses remplies de compost. Pralinage des racines jusqu’au collet. Plantation soignée en ajustant la profondeur au collet du plant. Pralinage des racines (non indispensable) Le pralinage consiste à tremper les racines dans une boue formée d’un mélange de terre et d’eau. Cette mesure est destinée à favorise le contact avec la terre après la plantation. La consistance du pralin est bonne lorsqu’une pellicule de boue se maintient autour des racines et des radicelles. Cette étape est utile, mais pas indispensable. Technique de plantation Le plant appartenant à l’espèce prévue est placé au fond du trou de plantation. Au fur et à mesure du remplissage avec de la terre, la tige est tirée vers le haut de sorte à tendre les racines vers le bas. Un tassement progressif de la terre est pratiqué en appuyant légèrement du pied tout autour du plant maintenu droit. L’ajout de terre se poursuit jusqu’à ce que le collet du plant (point d’ancrage entre la tige et les racines) est ajusté par rapport au niveau du 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 14 - terrain. La pression du poids d’un adulte termine le tassement de la terre avant de remplir complètement le trou de plantation. Il est déconseillé de laisser une cuvette autour du plant, puisque celle-ci se remplit d’eau en hiver au risque de provoquer l’asphyxie des racines. L’expérience montre que la reprise des arbustes (c’est-à-dire leur croissance au printemps suivant) est fortement conditionnée par la qualité de la plantation. Il est donc judicieux de soigner particulièrement toutes les étapes. Dans ces conditions, les pertes s’élèvent à moins de 10 %, voire 5 %. 6.6. Mesures d’accompagnement des travaux de plantation Protection par une couche de compost La phase de plantation est suivie du dépôt autour de la plante (diamètre de 30 à 40 cm) d’une couche de 3 à 5 cm de compost mature (soit de l’ordre de 3 à 5 litres) en provenance d’un centre de compostage 6. Cette mesure a quatre fonctions complémentaires : (1) protéger les racines contre le gel, (2) maintenir l’humidité dans le sol, (3) éviter le développement trop rapide d’une végétation herbacée au contact de la tige et (4) fournir des nutriments au fur et à mesure de la décomposition du compost. Taille des parties aériennes Les arbustes nouvellement plantés sont rabattus de façon modérée au moyen d’un sécateur bien aiguisé. La taille vise d’une part à adapter la partie aérienne au système racinaire (également taillé) et, d’autre part, à favoriser de nouvelles pousses à la base du pied. Les tiges principales sont coupées à une hauteur équivalente (entre 30 et 50 cm) et les rameaux latéraux sont raccourcis. Les parties endommagées sont sectionnées au-dessous de la blessure. Travaux de plantation selon le schéma de plantation préalablement reporté sur le terrain. 6 Finition de la plantation par dépôt d’un disque de compost mature. Ce compost produit à température élevée est dépourvu de graines capables de germer. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 15 - Arrosage A l’occasion des plantations d’automne, aucun arrosage n’est nécessaire. Au printemps, en revanche, un déficit en pluie peut menacer la survie des plants. Etant donné que l’arrosage demande des moyens lourds, ce critère constitue un argument supplémentaire en faveur des plantations d’automne. Paillage et biodiversité Le paillage de foin (Heusaat) est une technique de régénération écologique visant à promouvoir la biodiversité. La démarche consiste à récolter à des endroits où pousse de la végétation naturelle (bordure de champs, bordures de chemins, talus de routes, etc.) de la biomasse et à l’étaler entre les arbustes de sorte à former une couverture plus ou moins dense. Ce dépôt provoque trois effets concordants : (1) la disparition partielle de la végétation d’origine, (2) l’apport de semences de la flore locale et (3) la germination de graines qui se trouvent déjà dans le sol du site de plantation. Outre son rôle bénéfique de protection contre l’érosion et contre le compactage de surface provoqués par les pluies d’hiver sur un sol perturbé par les plantations, la technique de paillage importe et active une biodiversité strictement locale qui pourra s’établir au sein de la future haie. L’intérêt de la technique de paillage peut être illustré par l’exemple de l’extension du parking P&R de Frisange 7. Le nombre d’espèces de la flore sauvage recensées seulement quatre mois après la fin des travaux d’aménagement était de 110 dont 5 espèces figurant sur la Liste Rouge et 3 espèces protégées par la loi. Paillage de surface après la perturbation du sol liée à la plantation. 7 Restauration écologique par la technique du paillage à l’issue du chantier de plantation. BioMonitor (2010) Biodiversité de la végétation naturelle de dépendancesvertes (auto)routières. Administration des Ponts et Chaussées. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 16 - 6.7. Entretien lors des premières saisons Fauchage de la végétation herbacée Le fauchage a pour but de limiter la végétation herbacée qui peut concurrencer les jeunes arbustes. Il se pratique soit sur toute la surface de plantation, soit se limite au pourtour immédiat des arbustes. L’opération doit impérativement être effectuée à la main et non pas au rotor (fil nylon), au risque d’endommager les plantes. Lors de la première saison, il faut compter deux interventions (début juin et fin juillet), puis une au cours de la deuxième saison. L’expérience montre que les arbustes dépassent la hauteur de la strate herbacée au plus tard la troisième année. Renouvellement du disque de compost Un renouvellement du compost de protection (voir 6.6) présente l’avantage d’un repérage facile des pieds d’arbustes à l’occasion des interventions de fauchage. L’apport est effectué lorsque la dégradation de la couche initiale devient évidente, généralement dès la fin de la première saison. Les quantités appliquées sont équivalentes ou légèrement plus faibles que lors de la phase de plantation, de l’ordre de 3 à 5 litres par pied. Remplacement des plants morts Le remplacement (éventuel) des plants qui n’ont pas repris est réalisé un an après la plantation initiale. Une action prématurée, au printemps suivant la plantation, est à déconseiller, car bien souvent les pieds dont les parties aériennes ont dépéri gardent la faculté de produire des rejets (vigoureux) à partir de la base. Recépage (mise sur souche) Certains spécialistes préconisent une mise sur souche ou recépage des jeunes arbustes dès les premières saisons (1ère à 3ème). En fait, cette mesure s’inspire de procédures naturelles qui est le broutage des pousses d’arbustes par la grande faune. L’effet escompté est une croissance renforcée à la base des pieds avec multiplication des tiges pour former un corps de haie plus dense. Dans la pratique, la coupe s’effectue à environ 10 à 15 cm du sol. 6.8. Entretien à moyen terme Technique de référence L’entretien à moyen terme des haies constituées d’espèces de la flore autochtone s’effectue par la technique du rajeunissement complet (recépage) à travers une mise sur souche. L’opération consiste à couper à ras du sol (10 à 15 cm) des portions de plusieurs mètres (5 à 20 m en fonction du linéaire total). Une fois que la section traitée a repris (1 à 3 ans), 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 17 - l’opération est répétée sur les portions laissées en place lors du premier passage. Un cycle de croissance et de mise sur souche peut être très variable, de l’ordre de 10 à 20 ans, voire davantage. Les modalités techniques sont détaillées dans une brochure éditée par le Département de l’Environnement du Ministère du Développement durable et des Infrastructures et l’Administration des Services techniques de l’Agriculture dans le cadre du programme agro-environnemental 8. Potentiel d’expansion du prunellier et du cornouiller Un aspect particulier à mentionner est la faculté du prunellier Prunus spinosa et, dans une moindre mesure, celle du cornouiller (Cornus sanguinea) à former de nouveaux pieds à partir de stolons souterrains. Le phénomène s’accentue particulièrement à l’occasion d’une mise sur souche. La manière la plus simple et amplement pratiquée depuis des temps anciens pour contenir l’expansion consiste à aménager une rigole au pied de la haie. Si cette dépression est suffisamment accentuée, elle n’est pas franchissable. 7. ADAPTATION DES TECHNIQUES A DIFFERENTS MILIEUX ET A DES CONTRAINTES DIVERSES Compte tenu de la variété des domaines d’application des haies à vocation écologique (voir chapitre 3), il est judicieux de prévoir une large amplitude d’adaptations à des contraintes particulières. 7.1. Milieu naturel Lorsque les contraintes extérieures sont faibles, comme c’est habituellement le cas en milieu naturel, l’objectif consiste à aménager des haies et des bosquets les plus proches possible des structures naturelles locales afin d’obtenir des fonctionnalités écologiques les plus élevées possibles. Les règles de conduite préconisées au chapitre 6 s’appliquent alors dans toute leur envergure. 7.2. Milieu urbanisé et périurbain, plus généralement hors milieu naturel En dehors du milieu naturel, des contraintes diverses peuvent s’exprimer en fonction notamment du contexte environnemental particulier et de l’espace disponible. Moyennant une certaine souplesse, il est tout à fait possible de rester proche des modalités techniques qui régissent les haies à vocation écologique. 8 Pflege von bestehenden Hecken ; Ökologische Bewirtschaftungskriterien für die fachgerechte Heckenpflege bei Beteiligung am Agrarumweltprogramm. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 18 - Ainsi, par exemple, des éléments de haies et de bosquets peuvent être aménagés jusque dans des cours d’écoles en plaçant judicieusement une espèce sans épines, le cornouiller sanguin Cornus sanguinea, à des densités suffisantes aux points de contact avec les enfants. En lotissement, des haies basses de séparation de propriétés sont obtenues par combinaison d’espèces tolérantes à des tailles fréquentes. Il est aussi possible, par exemple, d’associer l’aubépine (Crataegus sp.), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) et le troène commun (Ligustrum vulgare). En pratique, de très nombreuses combinaisons sont possibles pour assurer les fonctions les plus diverses - écran de séparation, aspect esthétique, point de verdure, etc. - tout en restant dans une valorisation écologique élevée. Ce principe ne s’applique pas uniquement aux arbustes, mais également à l’ensemble des mesures d’accompagnement, notamment le paillage. En milieu urbain et périurbain, ces structures semi-naturelles présentent des formes et des couleurs variées durant toute la saison 9. 7.3. Lisière de forêt La lisière de forêt est formée naturellement par une strate arbustive dès lors que l’espace correspondant est disponible. La composition des espèces d’arbustes est légèrement différente de celle des haies en milieu ouvert (haies champêtres), puisque certaines espèces comme le noisetier (Corylus avellana, Haselnuß) ou le viorne obier (Viburnum opulus, Gewöhnlicher Schneeball) sont inféodées au milieu forestier. Etant donné que la dynamique de formation des manteaux forestiers est généralement rapide, il faut considérer que des plantations additionnelles ne présentent pas d’intérêt écologique supplémentaire. Toutefois, à des fins de régénération ou d’optimisation des lisières de forêt, des compléments de plantation peuvent être justifiés 10. Afin de se substituer le moins possible à la dynamique spontanée, les plantations doivent rester d’envergure réduite. Il s’agit en fait de « réserver l’espace » pour la strate arbustive de la lisière de forêt tout en maintenant de larges possibilités de colonisation par des espèces typiques. Sur la base des structures naturelles des lisières de forêts de nos régions, la stratégie la plus judicieuse consiste à limiter la plantation à un nombre réduit d’espèces (essentiellement le prunellier) et à des densités faibles (0,2 à 0,5 pieds par m2) suivant un schéma de plantation discontinu et variable (voir 6.3). 9 Ces techniques se substituent avantageusement aux associations d’arbustes d’ornement et de semis de prés fleuris qui représentent des milieux totalement artificialisés en contradiction avec l’objectif de biodiversité. 10 Cette mesure est notamment prévue dans les standards de la certification des forêts du label FSC (Forest Stewardship Council) qui recommande d’ailleurs également l’origine locale des plants. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 19 - 8. PROJETS DE DEMONSTRATION ET VISITES Un certain nombre de projets pilotes d’aménagement de haies sur la base d’arbustes d’origine locale ont été menés depuis 2008. Ils poursuivent trois objectifs complémentaires : (1) exercer l’ensemble de la chaîne de production et ainsi développer et affiner les modalités techniques concernant les travaux de terrain depuis la collecte des fruits jusqu’à la plantation des arbustes produits, (2) vérifier la faisabilité pratique de monter et de coordonner une filière organisée autour des trois volets que sont la production, la certification et la commercialisation et (3) suivre l’évolution des jeunes haies formées et disposer ainsi de références concrètes. Les projets de démonstration ont été réalisés à des endroits facilement accessibles pour des visites. Ils sont caractérisés par des contextes très différents : en milieu naturel, en milieu urbain (lotissement, école, parking) et en milieu agricole, toujours en collaboration avec d’autres partenaires (tableau 3). Tableau 3. Principaux projets pilote d’aménagement de haies entre 2008 et 2011 à des fins de développement technique du label de qualité Heck vun hei. Lieu Année Partenaire Merl 1 - Am Bongert 2008 Ville de Luxembourg, Service des Parcs Merl 2 - conservatoire 2009 Ville de Luxembourg, Service des Parcs Dudelange - école Ribeschpont 2009 Ville de Dudelange Frisange - extension P&R 2009-2011 Administration des Ponts & Chaussées Grevenmacher - Potaschberg 2010 Administration de la Nature & des Forêts Rédange - dépôt PCH 2010 Administration des Ponts & Chaussées Derenbach (Wiltz) - pré 2011 Christian Mathieu, Naturhaff Merl 3 - Am Bongert 2011 Ville de Luxembourg, Service des Parcs Noertzange - château d’eau 2011 Commune de Bettembourg 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 20 - 9. PARTENAIRES ET CONTACTS 9.1. Développement et gestion du label Heck vun hei Maître d’ouvrage Certificateur Ministère du Développement durable et des Infrastructures Département de l’Environnement Sandra CELLINA Tél.: 24 78 68 24 • [email protected] Coordination Suivi des productions Procédure de certification BioMonitor Jacques MERSCH Tél.: 29 20 30 • [email protected] Suivi scientifique Musée National d’Histoire Naturelle Thierry HELMINGER Tél.: 46 22 40 201 • [email protected] Production des semis OPE asbl Nicolas BROOTCORNE Jan VAN DER PEET Jean-Louis LACROIX Maturation des plants Vente Fédération horticole luxembourgeoise asbl (coordination) Josiane WALENTINY 9.2. Pépinières partenaires Les arbustes certifiés sont en vente dans deux pépinières : Pépinière & Entreprise de jardinage Philippe LOSCHETTER 30 rue de Brouch • L-7481 Tuntange Tél.: 31 77 60 • [email protected] Pépinières Martin WAHL 7 rue du Faubourg • L-9365 Eppeldorf Tél.: 83 61 86 • [email protected] 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 21 - ANNEXES ANNEXE 1. Fondements scientifiques et pratiques du label Heck vun hei ANNEXE 2. Fiches d’identification des huit espèces d’arbustes certifiés ANNEXE 3. Composition des haies naturelles au Luxembourg ANNEXE 4. Exemples de schémas de plantation issus de la pratique 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -1- ANNEXE 1. FONDEMENTS SCIENTIFIQUES ET PRATIQUES DU LABEL HECK VUN HEI Le label de qualité Heck vun hei s’appuie sur un cadre scientifique et pratique dont les principaux aspects sont résumés ci-dessous. Ecotypes adaptatifs A l’échelle d’un continent, la composition des communautés d’organismes vivants varie selon les régions climatiques. Certaines espèces de végétaux et d’animaux se limitent à des milieux bien précis et d’autres sont caractérisées par de larges aires de répartition. L’adaptation à une grande amplitude de facteurs de l’environnement (du nord au sud ou d’ouest en est) a progressivement conduit à des différenciations régionales au sein même des espèces sous la forme d’écotypes adaptatifs. Ces écotypes dont le patrimoine génétique a été façonné au fil des générations successives au contact de facteurs environnementaux régionaux sont considérés non seulement comme les mieux adaptés à leur milieu actuel, mais également les plus aptes à répondre à de nouveaux changements. Provenance des arbustes Avec la mondialisation du commerce, les productions de végétaux à partir des ressources génétiques locales ont été progressivement substituées par des importations de régions de plus en plus éloignées. Alors que les essences forestières sont soumises à une réglementation spécifique, aucun contrôle n’est actuellement exercé vis-à-vis des arbustes. Selon une enquête réalisée en 2008, la quantité d’arbustes importés à partir de régions climatiques éloignées, et appartenant donc à des écotypes adaptatifs différents des espèces indigènes, sont estimées pour le Luxembourg à 250.000 plants par an depuis une vingtaine d’années ! Falsification et introgression génétiques Le transfert à grande distance et à grande échelle d’écotypes d’origine lointaine (allochtone) présente des risques de falsification génétique pour les écotypes d’une même espèce de la flore locale (autochtone). Le phénomène biologique correspondant est désigné d’introgression génétique. L’introduction d’individus allochtones est considérée comme déstabilisante pour l’écotype en place en raison de la perturbation des caractéristiques adaptées aux conditions locales par des propriétés physiologiques différentes. Les effets potentiels ainsi exercés – même s’ils ne sont pas intentionnels – sont strictement irréversibles 11. Par le jeu des interactions (chimiques) entre espèces, les effets ne restent pas limités aux espèces directement concernées, mais peuvent se propager à d’autres espèces de la chaîne alimentaire. 11 De ce point de vue, il y a analogie entre l’introduction de plants allochtones et l’introduction d’organismes génétiquement modifiés (OGM) capables d’interférer avec des populations locales. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -2- Label de qualité Heck vun hei et application du principe des continuités écologiques Les arbustes certifiés représentent un moyen efficace à la fois de se prémunir contre les risques de falsification et d’optimiser les fonctionnalités écologiques des plantations par l’intégration dans le concept des trois niveaux du principe des continuités, à savoir : spatiale, structurelle et génétique 12. Continuité spatiale Les trames de haies et de bosquets forment des corridors de jonction entre des biotopes (morcelés) comme des forêts, des friches ou des mares. Les organismes empruntent de façon privilégiée ces éléments de liaison pour franchir des espaces (parcelles agricoles ou zone urbanisées) dont la structure leur est hostile. Aussi bien pour les animaux (insectes, oiseaux, mammifères) que pour les plantes (transportées ou non par des animaux), ces voies de migration et de dissémination désenclavent des populations isolées et permettent d’assurer les échanges génétiques indispensables. Continuité structurelle La continuité structurelle est assurée par la conformité des haies néoformées par rapport aux haies naturelles à l’échelle locale. Ceci concerne à la fois la composition des espèces et leur répartition dans la structure. En milieu naturel, une jeune haie se forme de façon spontanée (sur un talus, le long d’une clôture, entre deux arbres, etc.) par adjonction de bosquets et d’arbustes isolés. Les éléments fondateurs se développement progressivement et se complexifient par la colonisation d’autres espèces, y compris des arbres. C’est cet ensemble qui forme l’élément fonctionnel et qui assure les continuités dans l’espace et dans le temps. Continuité génétique Les arbustes certifiés Heck vun hei sont les descendants directs des écotypes adaptatifs à l’échelle locale, les mêmes que ceux qui sont présents dans le voisinage. Il y a dès lors continuité dans le temps des ressources génétiques locales. 12 Ces trois niveaux de continuité font le lien avec les trois dimensions de la diversité biologique définies dans la Convention de Rio : la diversité des écosystèmes, la diversité des espèces et la diversité génétique au sein d’une même espèce. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -3- ANNEXE 2. FICHES D’IDENTIFICATION DES HUIT ESPECES D’ARBUSTES CERTIFIES Rhamnus catharticus Viburnum lantana Evonymus europaeus Ligustrum vulgare Cornus sanguinea Rosa sp. Crataegus sp. Synthèse des principales caractéristiques Prunus spinosa Les huit espèces d’arbustes reproduites sous le label d’origine certifiée Heck vun hei sont présentées sous la forme de fiches d’identification. Les principales caractéristiques morphologiques distinctives sont résumées dans le tableau ci-dessous. Forme des feuilles - elliptique - ovale Bord des feuilles - denté - lobé - entier Epines - présentes - absentes Couleur des fruits - rouge / rose - bleu / noir Consistance des fruits - juteuse - pâteuse - sans pulpe Nombre de graines / fruit -1 - 1 ou 2 - 1, 2 ou plus 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -4- Prunellier Prunus spinosa Aubépines Crataegus sp. Schlehe Schléiwendar Weissdorn Wäissdar Feuilles ovales à elliptiques bord finement denté Feuilles ovales, en lobes (3-7) bord non ou faiblement denté Bois foncé épines Bois clair (gris-marron) épines Fruits prunes rondes, 1 cm couleur bleue à noirâtre pulpe juteuse, jaunâtre à maturité 1 graine dure par fruit Fruits ronds à ovales, 0.5-1 cm couleur rouge à pourpre pulpe pâteuse, jaunâtre à maturité 1 ou 2 graines dures par fruit Mullebutz Ecologie espèce très commune forme l’ossature des haies fréquente en bordure de forêt 96 bld de la Pétrusse Ecologie espèce très commune forme l’ossature des haies fréquente en bordure de forêt L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -5- Eglantier (rosiers sauvages) Rosa sp. Cornouiller Cornus sanguinea Wild-Rosen Heckerouse Roter Hartriegel Routholz Feuilles 5 à 7 folioles de forme elliptique bord denté Feuilles ovales à elliptiques larges bord entier 3 à 5 nervures en courbes Bois vert épines épaisses recourbées Bois clair (vert-marron) couleur rouge typique à l’automne sans épines Fruits ronds, 0.5 cm, en grappes dressées couleur noire à maturité pulpe pâteuse, verdâtre à maturité 1 graine dure et ronde par fruit Fruits ovoïdes à ronds, dressés couleur rouge vif durs, puis pâteux à maturité nombreuses graine par fruit présence de poils typiques Spackelter Ecologie espèce commune fréquente dans les haies fréquente en bordure de forêt 96 bld de la Pétrusse Ecologie espèce commune fréquente dans les haies fréquente en bordure de forêt L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -6- Troène commun Ligustrum vulgare Fusain d’Europe Evonymus europaeus Liguster Schwaarz Mutz Pfaffenhütchen Pafenhittchen Feuilles élancées à elliptiques nervure médiane épaisse bord entier aspect vert luisant Feuilles elliptiques à ovales se terminent en pointe bord finement denté Bois Bois clair (vert-marron) sans épines vert tiges de forme carrée sans épines Fruits billes rondes, en grappes dressées couleur noire luisante à maturité sans pulpe 1 ou pl. graines molles par fruit Fruits capsule typique en 4 parties, 2 cm couleur rose à rouge à maturité sans pulpe 1 à 4 graines oranges Ecologie espèce assez commune dans les haies en bordure de forêt 96 bld de la Pétrusse Ecologie espèce assez commune dans les haies en bordure de forêt L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -7- Viorne flexible Viburnum lantana Nerprun purgatif Rhamnus catharticus Wolliger Schneeball Bënzelter Kreuzdorn Dräidar Feuilles ovales et charnues se terminent en pointe bord finement denté duvet gris sur la face inférieure Feuilles ovales se terminent en courte pointe bord finement denté 3 à 5 nervures en courbe Bois clair (gris-marron) sans épines Bois foncé (marron) épines Fruits grappes dressées ou pendantes couleur rouge vif, puis noire pulpe juteuse, puis sec 1 graine dure aplatie par fruit Fruits ronds en grappes, 0.5 cm couleur noire mat pulpe juteuse noire 1 ou pl. graines molles par fruit Ecologie espèce assez rare dans les haies en bordure de forêt 96 bld de la Pétrusse Ecologie espèce assez rare dans les haies âgées surtout en bordure de forêt L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -8- ANNEXE 3. COMPOSITION DES HAIES NATURELLES AU LUXEMBOURG Les fréquences (%) et les taux de recouvrement (%) des espèces d’arbustes en fonction du substrat géologique sont résumées dans le tableau ci-dessous [a]. Catégories et espèces Keuper Muschelkalk Lias moyen Lias inférieur Dévonien inférieur Espèces structurantes Prunus spinosa Crataegus sp. Rosa sp. Cornus sanguinea 100 / 47 97 / 35 94 / 22 52 / 4 96 / 41 89 / 18 85 / 13 89 / 8 100 / 44 94 / 21 88 / 14 50 / 1 100 / 33 87 / 27 90 / 12 79 / 7 84 / 29 95 / 37 84 / 7 3/1 29 / 1 - 39 / 1 8 / < 0,5 23 / 1 6/1 - 35 / 2 10 / < 0,5 7 / < 0,5 - 26 / 1 15 / 5 6 / < 0,5 21 / 1 - Espèces accompagnatrices Ligustrum vulgare Evonymus europaeus Viburnum lantana Rhamnus catharticus [a] Hecken : Bedeutung, Anbau und Pflege (2003) Administration des Eaux et Forêts (actuellement Administration de la Nature et des Forêts). Formations géologiques Keuper (marnes) : argiles calcaires imperméables à l’est et au centre du Luxembourg Muschelkalk : sol très calcaire à l’est et au centre Lias moyen : argiles imperméables peu calcaires au sud de Luxembourg Lias inférieur : marnes calcaires / grès de Luxembourg sableux et peu calcaire Dévonien inférieur : schistes (acides) de l’Ösling Lecture du tableau Le premier des deux chiffres indique la fréquence de l’espèce par rapport à l’ensemble des haies inventoriées sur le substrat géologique considéré. Le deuxième chiffre représente le taux de recouvrement associé. Ainsi, par exemple, le prunellier (Prunus spinosa) est présent dans 100 % des haies du Lias moyen et représente 44 % du recouvrement. Le troène commun (Ligustrum vulgare) est recensé dans 29 % des haies des marnes du Keuper, mais ne forme que 1 % de la structure en terme de recouvrement. 96 bld de la Pétrusse L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] -9- ANNEXE 4. EXEMPLES DE SCHEMAS DE PLANTATION ISSUS DE LA PRATIQUE (dimensions de référence 25 m x 3 m) densité de plantation : 0,81 densité de plantation : 0,81 densité de plantation : 0,80 densité de plantation : 0,68 Prunus spinosa Crataegus sp. Rosa sp. 96 bld de la Pétrusse Cornus sanguinea Ligustrum vulgare Evonymus europaeus L-2320 Luxembourg • Tél.: 29 20 30 • [email protected] - 10 -