Hémochromatose Un espoir thérapeutique L’hémochromatose est caractérisée par une surcharge tissulaire en fer, avec les conséquences que cela entraîne. Jusqu’à présent, le seul traitement était la saignée. Aujourd’hui, la découverte d’un peptide synthétisé par le foie, l’hepcidine, fait nourrir de grands espoirs thérapeutiques. D ans sa forme la plus commune, l’hémochromatose primitive a une incidence de 3 à 8 pour mille. Sa transmission est autosomique récessive. L’anomalie est située sur le bras court du chromosome 6. C’est en 1996, en Californie, que fut découvert le gène de l’hémochromatose sur ce chromosome. Deux mutations ont été décrites à l’intérieur de ce gène : la mutation principale est nommée C282Y. La seconde, appelée H63D, est présente avec une fréquence allélique d’environ 17 % chez les témoins, et son implication directe dans l’hémochromatose n’est pas encore très claire. Aussi, pour l’instant, seule la mise en évidence de la mutation C282Y à l'état homozygote (C282Y+/+) peut être considérée comme un test diagnostique sans ambiguïté. Contrôlant le relargage de fer par les macrophages, un peptide est synthétisé par le foie : l’hepcidine. Lorsque le taux de fer augmente au niveau hépatique, une augmentation de la synthèse de l’hepcidine se produit, permettant d’éliminer l’excès de fer. Dans l’hémochromatose primitive, l’expression du gène codant l’hepcidine ne serait pas correcte, laissant le fer s’accumuler dans l’organisme. Maladie d’accumulation, les signes de l’affection sont donc rares dans la première moitié de la vie. Les manifestations sont tardives et insidieuses. Diagnostic Le diagnostic se fait, dans la plupart des cas, lorsque la surcharge en fer a déjà atteint les tissus. Les signes de la découverte de la ma- ladie ne sont souvent dus qu’à une accumulation suffisamment importante de fer. Au niveau du foie, ce peut être une cirrhose. La peau prend un teint gris caractéristique. Le diabète de type 2 et l’insuffisance cardiaque sont respectivement liés à l’atteinte pancréatique et myocardique. Les insuffisances hypophysaire et gonadique ne sont pas moins fréquentes. Les douleurs abdominales, les atteintes cartilagineuses et osseuses sont plus rares. Toutes ces manifestations sont dues à des dépôts parenchymateux de fer. La prise de sang retrouve un taux élevé de fer sérique, avec une saturation de la sidérophiline supérieure à 70 %. Plus rarement, une anémie est constatée avec, en revanche, une augmentation de l’excrétion urinaire de fer. La biopsie hépatique retrouve la sidérose, parfois une cirrhose constituée. Les fonctions rénales, pulmonaires et/ou cardiaques peuvent aussi être perturbées et doivent donc être vérifiées. Après le dosage du fer et le calcul du taux de saturation de la transferrine et de la ferritine, un test génétique sur prise de sang est effectué. Enfin, éventuellement, une biopsie confirme le diagnostic et/ou évalue le retentissement hépatique. La biopsie hépatique • Principe : il s’agit, grâce à un prélèvement de parenchyme hépatique, de connaître l’état du foie. • Contre-indications : avant de pratiquer l’examen, il convient d’éliminer une cholestase hépatique (un obstacle sur les voies biliaires pouvant bloquer le fonctionnement du foie). Le patient ne doit pas non plus être sous traitement anticoagulant ni sous aspirine. Par ailleurs, il faut s’assurer que les plaquettes sanguines ont un taux supérieur à 100 000/mm3, et aussi que l’hémostase est correcte : ainsi le TCK (temps de céphaline-kaolin) ne doit pas être supérieur de plus de 12 s à celui du témoin. • Technique : le malade, à jeun avant l’examen, sera gardé après 24 heures en hospitalisation et placé en décubitus latéral gauche ; la ponction est réalisée à l’aiguille fine jetable en intercostal sous anesthésie locale à la xylocaïne. Ce prélèvement peut être fait à l’aveugle, ou mieux, sous repérage échographique ou tomodensitométrique. L’examen réalisé, il faudra surveiller le pouls et la tension artérielle régulièrement afin de détecter à temps un saignement occulte. • Résultats : le prélèvement fixé dans le liquide de Bouin est confié à l’anatomopathologiste qui étudiera, grâce aux méthodes d’immunofluorescence, l’existence d’antigènes viraux. Grâce à l’analyse histologique, il précisera le type, le caractère des lésions, leur extension et leur évolutivité (fibrose, inflammation). • Incidents : la morbimortalité varie de 0,01 à 0,1 % ; elle est le plus souvent due à une hémorragie intrapéritonéale. Les incidents les plus fréquents, quantitativement, sont la douleur de l’épaule droite (30 % des cas). Non grave, celle-ci est solutionnée par la prescription d’antalgiques non salicylés. Le malaise vagal est possible mais passager. L’hémorragie sera détectée par les signes cliniques (modification des pouls et tension) et par la biologie : chute de plus de 2 g/l de ●●● l’hémoglobine. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 47 - juin-juillet 2003 7 Hémochromatose ●●● La ponction d’autres organes comme les poumons, le côlon, le rein ou la vésicule est plus rare mais la réalisation accidentelle d’une fistule artérioveineuse intrahépatique est possible. Exceptionnellement, il y a une possibilité d’infection. Conscient pendant l’examen, le patient doit collaborer. Pour cela, il doit être bien informé avant et pendant celui-ci. En effet, le patient doit être parfaitement immobile pendant l’examen pour qu’il se réalise dans les meilleures conditions et à moindres risques, parmi lesquels existe la possibilité de léser un organe voisin lors d’un mouvement, même minime. Traitement Avant la découverte française de l’équipe du professeur Axel Kahn de l’institut Cochin (INSERMCNRS université René-Descartes) faisant suite à celle de l’unité de l’INSERM 522 de Rennes, découverte portant sur la dérégulation de l’hepcidine dans l’hémochromatose, les traitements de la maladie étaient simples, voire simplistes. Avant l’apparition d’une atteinte hépatique importante, des saignées itératives étaient effectuées, chaque semaine, jusqu’à l’obtention d’une sidérémie normale, puis tous les trois ou quatre mois. Désormais, l’hémochromatose pourrait être, dans un avenir proche, contrôlée par l’apport d’hepcidine exogène. Lorsqu’un malade est atteint, toute sa famille devrait être soumise à une enquête phénotypique et génotypique. Car prise à ses débuts et avant 30 ans, une personne atteinte d’hémochromatose génétique retrouve une qualité et une espérance de vie normales. Les hémochromatoses secondaires Le terme “hémochromatose” définit donc une pathologie caractérisée par une surcharge viscérale en fer responsable d’une altération 8 Brèves... des fonctions et de la structure des organes surchargés, essentiellement le foie (cirrhose et carcinome hépatocellulaire), le pancréas (diabète) et le cœur (cardiomyopathie). Il s’agit en général d’une hémochromatose génétique. Mais une hémochromatose peut également être secondaire. Dans ce cas, c’est le fait de nombreuses situations, génétiques ou acquises, indirectement responsables d’une surcharge en fer. Les principales causes en sont l’augmentation des apports ferriques par transfusions répétées de concentrés érythrocytaires. Il s’agit principalement des malades atteints de thalassémie majeure, de myélodysplasie, d’érythroblastopénie constitutionnelle ou acquise, de certaines formes d’insuffisance médullaire globale et de certaines formes de drépanocytose. La cirrhose alcoolique, les thérapies martiales, la maladie de Kashin-Beck, une hypervitaminose C peuvent être responsables d’une surcharge en fer. Et certaines ethnies africaines (Bantous ou Éthiopiens) sont prédisposées. Les hémochromatoses localisées Liée à des hémorragies pulmonaires répétées, l’hémochromatose pulmonaire peut accompagner un rétrécissement mitral ou faire partie du syndrome de Goodpasture. Au niveau des reins, la pathologie fait souvent suite à un traumatisme avec une hémolyse intravasculaire importante. Les carences en fer de l’organisme résultant de ces affections peuvent entraîner une anémie avec hyperhémosidérinurie. Selon l’association Hémochromatose France, l’hémochromatose est une affection qui figure sur la liste des maladies graves et de longue durée bénéficiant d’un remboursement à 100 %. Jacques Bidart Association Hémochromatose France : BP 7777 - 30912 Nîmes Cedex. Téléphone : 04 66 64 52 22 - E-mail : [email protected] Professions Santé Infirmier Infirmière - No 47 - juin-juillet 2003 Chlamydia : les hommes aussi Première cause de stérilité tubaire, première cause de conjonctivite et de pneumopathie néonatale, Chlamydia trachomatis est toujours présent. Les hommes, bien qu’un peu moins menacés, restent, pour beaucoup, porteurs asymptomatiques. Les responsables de la santé craignent que la résurgence des gonococcies ces dernières années s’accompagne d’un retour en force des chlamydioses. Une inquiétude que vient étayer une étude venue d’Écosse publiée dans le dernier Lancet. L’absence d’un dépistage systématique (comme cela se fait dans les pays scandinaves) ne fait que renforcer cette inquiétude. Les femmes et le tabac Selon un rapport d’experts remis au ministre, l’augmentation très forte du prix du paquet (jusqu’à 7,65 euros) reste l’un des meilleurs moyens de faire baisser la consommation. Selon Catherine Hill et Agnès Laplanche, de l’institut Gustave-Roussy (Villejuif), l’épidémie liée au tabagisme en est à ses débuts chez les femmes françaises. Les estimations (BEH) sur le cancer du poumon dans vingt ans sont plus qu’inquiétantes : en 2025, on observera vraisemblablement autant de morts par cancer bronchique que de morts par cancer du sein chez les femmes en France. Il faut rappeler que le tabac est responsable de 66 000 morts par an en France, et il s’écoule environ trente ans entre le moment où une fraction de la population commence à fumer régulièrement et le moment où les conséquences sur la santé deviennent détectables. Des mesures contre le saturnisme Les nouveaux contrats de location des logements construits avant 1948 et les appartements à vendre devront bientôt comporter un “constat de risque” d’exposition au plomb afin de prévenir le saturnisme, a indiqué le directeur général de la santé, le Pr Lucien Abenhaïm. Les peintures anciennes au plomb constituent la principale source d’intoxication dans les immeubles dégradés ou en cours de rénovation construits avant cette date.