Pratique Soins 13 Création du Comité biotechnologies Médicaments génériques Que fait l’Institut mutualiste Montsouris ? A « Les médicaments génériques, tout le monde y gagne ». Slogan, évocateur s’il en est, de la campagne d’information lancée par le ministre de la Santé début 2003, à destination des consommateurs et des médecins. Toujours est-il que ce sont les pharmaciens d’officine ou les hospitaliers qui dispensent les molécules princeps ou génériques. M me Christine Biou, pharmacien gérant à l’Institut mutualiste Montsouris (établissement PSPH, Paris XIVe) a accepté de se pencher, sans s’épancher, sur la question des génériques. Quelle est la place du générique dans votre pharmacie à usage intérieur ? Mme Christine Biou : Bien avant que le droit de substitution soit promulgué, cette pratique existait déjà dans notre pharmacie à usage intérieur. Bien entendu, il nous arrive d’acheter des génériques, mais pas systématiquement. Cela dépend en premier lieu du rapport qualité/prix et du service du laboratoire. On entend par “service du laboratoire” tout le conditionnement du médicament et la fiabilité des livraisons. Cela dit, si le prix du princeps est identique à celui du générique et que le service du laboratoire fournisseur du princeps est correct, on reste sur le princeps. En 2002, nous détenions 1,5 % de génériques en nombre d’unités. Le fait est que les pharmacies hospitalières négocient depuis longtemps les prix des molécules princeps en comparaison avec les génériques, ce qui a conduit certains laboratoires à infléchir leurs prix. Comment gérez-vous votre stock ? Mme C.B. : Dans notre pharmacie, les génériques sont rangés dans le stock normal avec les autres médicaments, et classés par ordre alphabétique. Sur le plan informatique, il faut changer le nom du médicament dans notre base de données et en informer tous les utilisateurs habituels que sont les préparatrices en pharmacie, les médecins et les infirmières. Favorisez-vous l’achat de génériques, notamment pour maîtriser les dépenses médicales ? Mme C.B. : Les génériques ont toujours eu leur place dans notre établissement et dans notre pharmacie. Donc, il n’y a pas lieu de les promouvoir particulièrement. Il faut savoir qu’une fois la décision arrêtée d’acheter un générique pour les raisons évoquées ci-dessus – rapport qualité/prix favorable et bon service du laboratoire – la pharmacie dispensera uniquement ce générique. Comment se déroule l’administration des génériques pour le personnel soignant ? Mme C.B. : Le personnel soignant, infirmier en particulier, a l’habitude des substitutions réalisées par le pharmacien. Les infirmières sont d’ailleurs averties de ces changements avant leur entrée en vigueur et elles peuvent ensuite expliquer cette substitution aux patients, si ces derniers le demandent. En général, cela ne pose pas de problème. Il peut arriver cependant que le médicament référencé (générique) ne convienne pas pour le traitement d’un malade donné. À titre d’exemple, un patient ayant un problème de déglutition ne peut tolérer le médicament référencé sous forme comprimé. Cette contre-indication liée à la présentation du médicament ne concerne pas forcément les génériques, puisque, de plus en plus, ils se présentent sous la même forme galénique que le princeps. François Cohen fin de fédérer les acteurs des biotechnologies appliquées au médicament et de favoriser le développement de ces activités en France, le Leem (Les entreprises du médicament) vient de créer le Comité biotechnologies. Le président du Leem rappelle que « l’industrie du médicament est à la croisée des chemins. Aujourd’hui, la problématique est de s’adresser aux maladies n’ayant pas de solution thérapeutique satisfaisante ». En termes de nombre d’entreprises “biotech”, la France est la troisième nation européenne après l’Allemagne et le Royaume-Uni. Ces entreprises sont plus nombreuses en Europe qu’aux États-Unis. Leurs équivalentes américaines génèrent un chiffre d’affaires trois fois supérieur, emploient deux fois plus de personnel et représentent environ le double de brevets. Le comité biotech du Leem s’est assigné quatre objectifs principaux : ✓ faciliter les échanges entre acteurs et coordonner les opérations, études et formations correspondantes ; ✓ permettre un travail commun de tous les acteurs sur les contraintes spécifiques liées à l’activité ; ✓ optimiser les spécificités liées à l’activité de biotechnologie de santé en France et en Europe ; ✓ valoriser les biotechnologies dans le paysage français. Il s’agit de faire émerger de nouvelles propositions pour permettre à la France de jouer le rôle auquel elle peut prétendre. Au Leem, on rappelle les contraintes très spécifiques de ces médicaments biotech, le plus souvent des médicaments ciblés correspondant à des populations niches, dont la production s’avère complexe et coûteuse. Aujourd’hui, plus d’un médicament sur trois est issu de la biotechnologie. Demain, ils constitueront l’un des piliers incontournables des thérapeutiques innovantes. ❏ Infos ... La petite “guerre” des médicaments Alors que les médicaments génériques s’imposent dans les prescriptions, l’industrie pharmaceutique se mobilise pour la recherche de médicaments innovants. Ainsi, selon le Leem, 42 situations cliniques ont progressé notablement au cours de l’année 2003. Deux domaines confirment des avancées amorcées ces dernières années : la cardiologie et la cancéro-hématologie. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 53 • mars 2004