Libérale Médicaments La difficile montée des génériques La montée en puissance, non sans mal, des médicaments génériques semble désormais irréversible. Sur le marché américain, ceux-ci représentent 20 % du chiffre d’affaires, 14 % en Europe, la France pointant à 5 %. D’ ici 2007, les prévisions situent le marché américain à 50 % du marché total. L’évolution est nette, même si elle sera moins importante en Europe, et surtout en France. Parmi les produits les plus concernés, on trouve les antihypertenseurs, les antiulcéreux, les antibiotiques et les anti-allergiques. Des ententes complexes Depuis le 12 juin 1999, les pharmaciens ont le droit de substituer un générique moins coûteux à un médicament prescrit par un médecin. Les réticences des patients ont été grandes (et le sont toujours). Ces derniers ne souhaitaient pas “tester”, selon eux, un autre médicament que celui qui leur avait été prescrit. Les négociations de juin 2002 entre les pouvoirs publics et les médecins ont fait évoluer les blocages. Pour mémoire, “les médecins s’engageaient à prescrire 25 % de médicaments sous dénomination commune (DC), dont la moitié devra être des génériques que le praticien pourra prescrire sous leur nom de marque”. Le projet Qu’est-ce qu’un médicament générique ? Un médicament générique est une copie d’un médicament existant dont le brevet de fabrication est versé dans le domaine public. Il répond aux mêmes critères de qualité, d’efficacité et de sécurité que le médicament original et fait l’objet des mêmes contrôles par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Une seule différence : son prix, qui est nettement inférieur à l’original (en moyenne 30 % moins cher). La consommation de médicaments génériques peut permettre de réaliser une économie de 20 à 30 % selon le médicament. Le pharmacien peut proposer de remplacer certains médicaments par des médicaments génériques. S’il ne le fait pas, le client peut en faire la demande sauf si le médecin a mentionné sur l’ordonnance “non substituable”. Le libre choix pour le patient est néanmoins préservé, dans un sens comme dans l’autre. de loi du financement de la Sécurité sociale 2003 (PLFSS) semble moins consensuel. Il s’agirait d’instaurer un forfait de remboursement par groupe générique fondé sur le générique le moins cher ou sur la moyenne des prix des génériques. Ce qui fait bondir notamment l’industrie pharmaceutique, car cela remet en cause, selon elle, le prix du médicament princeps. D’après une étude publiée en 2000 par le CREDES, le forfait de remboursement pourrait permettre de réduire de façon très sensible les dépenses de l’Assurance-maladie. Mais l’étude montre également le risque d’accroître l’inégalité d’accès aux soins. En effet, dans le cas où le médicament princeps serait à son prix le plus élevé, les classes sociales plus modestes, qui n’ont pas forcément une assurance complémentaire, devraient payer la différence entre le prix du médicament et son remboursement par la Sécurité sociale. Cela dit, ce dispositif existe dans plusieurs pays, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas. Les baisses de prix y ont généré des économies, mais l’instauration des prix de référence (appelé “forfaits” dans la proposition de loi) n’a pas infléchi la dépense globale des pharmaciens qui ont expérimenté d’autres mesures en parallèle. Comme le report sur d’autres médicaments hors forfait par exemple. Il faut juste rappeler que les médicaments ont représenté une augmentation des dépenses de 9,5 % entre 2001 et 2000, en France. Un travail pédagogique Certes, il n’y a pas de raison que la collectivité rembourse au prix fort ou à des niveaux de prix différents des médicaments composés de la même molécule. Cependant, la seule limite de la hausse des prix ne peut être la seule solution. L’éducation au bon usage du médicament est la règle de base. Il y a un travail pédagogique à accomplir pour vaincre les réticences. Une étude récente montre d’ailleurs un tassement des ventes, justifiant une campagne d’information initiée par les pouvoirs publics. L.G. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 43 - janvier-février 2003 41