FRUITIERS D’AMAZONIE – FICHE N°1 : LE BOROJO OU PURUI GRANDE Sous le nom de borojo (Espagnol) ou de purui grande (Portugais) se cachent en réalité deux espèces très voisines ayant pour noms scientifiques Borojoa patinoi Cuatrec. et Borojoa sorbilis (Ducke) Cuatrec.. Ces deux arbustes fruitiers appartiennent à la famille des Rubiaceae (comme le café). Leurs régions d’origine sont différentes, Colombie (Zone du Choco, sur la côte Pacifique), Costa Rica, Venezuela et Panama pour B. patinoi et sud-ouest du bassin amazonien (Brésil, Bolivie et Pérou) pour B. sorbilis. Ce sont des espèces propres aux sous-bois des forêts tropicales humides aux sols acides à dominance argileuse. Elles sont donc particulièrement adaptées aux cultures en association de type système agroforestier, mais sont relativement difficiles à cultiver en monoculture. Dans leur milieu naturel, leur production oscille entre 12 et 30 fruits/arbre/an, mais, en améliorant les conditions agronomiques, elle peut atteindre en culture 50 fruits/an/arbre, sur une durée d’exploitation variant de 30 à 50 ans. Le fruit mûr, du fait de ses qualités physiques, chimiques et gustatives, présente un potentiel extrêmement intéressant pour des usages alimentaires, médicinaux et industriels. En Europe son développement commercial est malheureusement freiné par la directive 258/ 97/CEE sur les nouveaux aliments. Description botanique : Borojoa patinoi Cuatrec. Borojoa sorbilis (Ducke) Cuatr. Arbuste de 3-5 m de haut, aux branches érigées, aux feuilles décussées avec une stipule bien définie et coriace. C’est une plante dioïque. Les fleurs mâles sont en capitules. Leur calice est court , de forme prismatique ou conique. Elles sont dépourvues d’ovaire ou si celui ci existe il est rudimentaire et non fonctionnel. Les fleurs femelles sont solitaires et terminales, elles portent deux paires de stipules bractéiforme et six stigmates plus larges. L’ovaire est infère, avec un calice ombiliqué à la base, six cavités et beaucoup d’ovules. La corolle est constituée de six à neuf pétales. Les étamines sont vides ou stériles. Le fruit est une baie charnue de 7 à 12 cm de long pour un diamètre similaire. Il peut être pyriforme et généralement aplati au sommet. Il est de couleur verte mais vire au brun à maturité. La pulpe est constituée par le mésocarpe et l’endocarpe, sans séparation apparente avec l’écorce. Elle contient en moyenne 330 graines Arbuste de 4-6 m de haut au tronc droit et fin (10 cm de diamètre max.). Les branches sont opposées et portent une écorce ferrugineuse qui se détache en lamelles. Les feuilles sont grandes, coriaces, opposées, de 25 à 45 cm de long pour une largeur de 15 à 20 cm. Elles sont de taille plus grande sur les branches stériles. Leur forme est oblongue, plus ou moins ovalisée, avec une base courte et obtuse et un sommet plus ou moins acuminé. Les fleurs sont unisexuées, situées au bout des ramilles. Les inflorescences mâles sont multiflores, de couleur blanche, tubuleuses, et font 2,5 à 3 cm de haut, alors que les fleurs femelles sont solitaires et ont une corolle de 2,5 cm de haut. Le fruit est globuleux, de 6 à 8 cm de diamètre, et possède un péricarpe consistant avec une pulpe brunâtre contenant de nombreuses graines de forme presque triangulaire et de 8 à 10 mm de long. Son poids oscille de 300 à 1000 g avec une moyenne de 600 g. A maturité l’exocarpe (peau) est de couleur marron foncé. Fleurs mâles A.A.A.G. Fleur femelle L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Arbre adulte Page - 9 - La plante et sa culture : Méthodes de propagations avant greffage : Le borojo se propage par graine. Celles ci sont prélevées dans des fruits mûrs provenant d’arbres sélectionnés, puis elles sont lavées à l’eau et séchées à l’ombre pendant au moins deux jours. Si elles sont entreposées dans un endroit frais elles peuvent conserver leur viabilité pendant plusieurs mois. On doit faire germer les graines à l’ombre, dans un substrat composé de sciure décomposée, de sable ou de balle de riz carbonisée et de terre végétale. Il faut veiller à ce qu’il reste en permanence humide. Il est recommandé de ne recouvrir les semences que très légèrement. Le poids de 1000 graines est de 220 g. La germination est de type épigée. L’émergence des plantules débute 25 jours après semis et se prolonge jusqu’au 55éme jour. Le pourcentage de germination des graines fraîches est de l’ordre de 80%. Les plantules récemment germées ressemblent à des bâtons d’allumette. A ce stade elles sont transplantées dans des sacs en polyéthylène et mises en pépinière totalement ombragée dans une atmosphère très humide. Au bout de deux semaines, les plantules transplantées ont du raciner, ce qui permet de diminuer au fur et à mesure l’ombrage (jusqu’à 50%). les jeunes plants de borojo ne doivent pas être exposés directement aux radiations Greffe anglaise terminale solaires. variable. La croissance de la plantule est très Les systèmes de greffes les mieux lente. Elle devra donc rester en pépinière adaptées au borojo sont la greffe anglaise pour une période d’environ 1 an, jusqu’à et la greffe en fente. ce qu’elle atteigne la taille adéquate (35 Le marcottage, pour lequel on utilise cm) pour être transplantée la terre se trouvant au pied de l’arbre définitivement au champ. marcotté, ne réussit que dans 55% des L’espèce étant dioïque, les plants cas, ou 77% si on applique de l’acide mâles (théoriquement 50% des plants) naphtaleno-acétique (ANA) à une ne produisent pas de fruit, ce qui rend concentration de 500 ppm. nécessaire la propagation de plants Pour obtenir le nombre de pieds femelles (qui donnent des fruits) par femelle désiré, la méthode la plus sûre , la voie asexuée. Celle ci peut être faite par plus facile à réaliser et la plus productive bouturage, par greffage ou par reste le greffage, d’autant plus qu’il est marcottage. Les boutures doivent avoir possible de greffer sur des pieds d’un à entre 2 et 5 cm de diamètre et au trois ans. minimum 30 cm de long, et bien sur Il faut prendre la précaution de provenir de plants femelles. Les conserver 5% de pieds mâles pour assurer substrats utilisés pour le bouturage sont une bonne pollinisation. composés soit de sable, de mousse et de matière organique dans la proportion de 2:1 :1, soit de balle de riz carbonisée et Pratiques culturales et productions : La densité de plantation recommandée de terre végétale du commerce dans la est de 625 pieds/ha, avec un espacement proportion de 1 :1, soit de la sciure de 4x4m. B. patinoi commence à produire décomposée. Les boutures doivent être au bout de trois ans, parfois plus tôt pour placées dans un milieu ou l’humidité les plants multipliés par voie asexuée. relative de l’air est supérieure à 85% et Pour la densité indiquée, le rendement complètement ombragé. On peut espéré est de 15 à 20 tonnes/ha, soit 30 effectuer cette opération de bouturage 000 fruits. La production peu varier d’une directement sur le lieu de plantation année à l’autre car l’espèce présente des définitive, en plein sol, mais dans ce cas alternances de ‘bonnes’ et de ‘mauvaises’ le pourcentage de réussite est très er A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1 Trimestre 2008 années. Pour B. sorbilis l’espacement utilisé est plus grand, soit en 5x5 ou en 6x6 m. La fructification débute plus tard, vers la cinquième ou la sixième année, et le rendement annuel est de 5 à 6 kg de fruits/arbre/an. Le borojo requière de l’ombre, comme le café, il est donc impératif de le planter en association avec d’autres plantes qui vont fournir de l’ombre de façon temporaire ou définitive. Afin d’assurer un bon entretien de la plantation et faciliter la récolte les pieds de borojo doivent un être maintenus à une hauteur de 3 m, un étêtage est donc nécessaire. Une taille d’entretien est aussi pratiquée. Ces tailles sont effectuées juste après la récolte principale. En Colombie on distingue deux période de récolte, une principale (60 à 80% de la production), de novembre à mars, donc pendant la période de moindre précipitations, et entre avril et octobre, là où les pluies augmentent. A Belém, dans l’Etat du Para au Brésil, la période de récolte se concentre sur les mois de février et mars. En Colombie il est recommandé de fertiliser les arbres en production avec un engrais de formulation 15.15 .15, à raison de 250 à 500 g/arbre. Principaux ravageurs et maladies : Sur borojo il n’a jamais été détecté de ravageurs ou de maladies, à l’exception des fourmis maniocs qui peuvent défolier rapidement des plants entiers si elles ne sont pas contrôlées. Occasionnellement il a été trouvé un petite papillon dont les chenilles minent les feuilles. S’il n’y a pas de maladies répertoriées sur borojo, il existe certains problèmes physiologiques liés aux carences en fer et en bore sur des sols calcaires, résultant en l’apparition de taches noires sur la peau du fruit. L’apparition de crevasses sur sa partie postérieure, qui résultent de l’action directe des rayons de soleil, sont à craindre en période de fort ensoleillement. Vente de fruits mûrs de borojo Technique de récolte et post-récolte : Les fruits de B. sorbilis sont récoltés au sol, après leur chute naturelle quand ils ont achevé leur développement. Dans cette situation les fruits sont très périssables car ils ont atteint la maturité adéquate pour être Page - 10 -