Sommaire Éditorial Le coût de la vieillesse : pourra-t-on suivre... P. de Mestier du Bourg >> 3 Actualités recherche L. Peyrin-Biroulet V San Francisco, 16-20 octobre 2005 >> 9 Interview Intérêt de l’IDR à la tuberculine avant la mise en route d’un traitement anti-TNFα : le point de vue du Dr Y. Yazdanpanah sur les nouvelles recommandations de l’Afssaps >> 16 L. Peyrin-Biroulet Vocabulaire La chromogranine A B. Landi P. de Mestier du Bourg* >> 5 Échos des congrès 91e Congrès de l’American College of Surgeons P. de Mestier du Bourg Le coût de la vieillesse : pourra-t-on suivre… Éditorial Éditorial >> 19 Échos de symposium Reflux gastro-œsophagien : les facteurs déterminants du recours à un inhibiteur de la pompe à protons “à la demande”. L’étude APOGEE T. Vallot, J.L. Bolze, E. Jeanson, >> 21 A. Terpereau, E. Leutenegger (avec le soutien de Takeda) ivre plus longtemps, dans de meilleures conditions et en travaillant moins risque d’engendrer des coûts considérables, qui n’ont certainement pas échappé à nos spécialistes de la couverture sociale. Une étude américaine extrêmement évocatrice est à ce sujet préoccupante. On estime en effet que le peuple américain comportera plus d’un million de centenaires en 2050, alors qu’il y en a 71 000 actuellement ; d’autre part, la moyenne des Américains prennent leur retraite 5 ans plus tôt qu’en 1950 et vivent en moyenne 12 ans de plus. “The longer we live, the bigger the hole” : en effet, le gouffre financier risque d’être sérieux, et non compensé par une démographie favorable. Une large étude de la Rand Corporation, publiée en septembre, montrait clairement que les programmes de prise en charge restaient strictement identiques malgré la prolongation du temps de vie, mais surtout que le coût du progrès médical absorbait presque complètement ces budgets ; à l’inverse, les compagnies d’assurances privées peuvent contrôler les types de traitements proposés au patient. Il faut savoir qu’il existe trois types de couverture sociale aux États-Unis en dehors des assurances privées : - La “Sécurité sociale” à cotisations obligatoires (pour ceux qui le peuvent), avec un budget de 519 milliards de dollars. - Medicare est un programme fédéral, donnant une couverture sociale aux sujets âgés de 65 ans et plus. L’enveloppe est ici de 332 milliards de dollars. Dans ce système, les patients payent seulement 20 % de la facture au médecin ; montant jugé trop faible par les praticiens qui refusent souvent de participer à ce système sauf si les patients bénéficient d’une assurance complémentaire. - Medicaid, qui est également un programme fédéral couvrant les plus pauvres, les handicapés et les personnes les plus âgées dans le besoin, soit environ 15 millions de personnes, avec une enveloppe de 316 milliards de dollars, très largement insuffisante. Si l’on ajoute à ces programmes, qui n’ont pas été revus à la hausse, le coût des traitements prolongeant significativement la vie, on arrive à des sommes littéralement faramineuses. Ainsi, la Rand Corporation, considérant les dix technologies médicales les plus prometteuses utilisées à large échelle que sont : les vaccins anticancéreux, le traitement des accidents vasculaires cérébraux, les “composants” antivieillesse, les inhibiteurs de la télomérase, les traitements préventifs de la maladie d’Alzheimer, les pacemakers, les traitements préventifs du diabète, les traitement anti-angiogenèse pour les cancers, l’assistance ventriculaire gauche et les défibrillateurs implantables, arrive à un total, pour 12 mois de prolongation de vie liée à ces seules technologies, pour un Américain de 65 ans ou plus, d’environ 2 millions de dollars. Un bon exemple est celui du vice-président Dick Cheney, qui est porteur d’un défibrillateur * Unité de chirurgie générale et digestive, hôpital des Peupliers, Paris. Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 3 Éditorial page 4 METEOSPASMYL dont l’installation a coûté 30 000 dollars, et dont le coût de chaque futur remplacement s’élèvera à 19 000 dollars. Le programme Medicaid a approuvé cet appareillage comme étant médicalement bénéfique pour environ 500 000 patients : le coût en serait de 2 milliards de dollars, et sera huit fois plus élevé en 2015. Devant cette perspective, le Sénat va être obligé de rendre un avis sur les bénéfices et les coûts de l’innovation médicale et, en quelque sorte, de prendre des décisions de vie et de mort, ce qui pose quand même quelques problèmes éthiques. Les solutions possibles sont d’augmenter les taxes, de réduire les bénéfices ou de retarder le départ à la retraite, en sachant qu’il ne faut pas non plus négliger la portée politique de ces retraités ; ce qui n’a pas échappé au président Bush, qui a obtenu 52 % des voix des 65 ans et plus lors des dernières élections présidentielles. Le déficit des différents systèmes de couverture sociale va se chiffrer en dizaines de milliards de dollars avec les nouvelles technologies. Leur restructuration s’impose de toute urgence ; déjà, les honoraires des médecins des programmes Medicare et surtout Medicaid ont baissé de façon significative, les indications et les opérations coûteuses ont été limitées, mais il reste beaucoup à faire. Robert Hall, économiste à la Stanford University, prévoit que le coût des dépenses médicales doublera entre 2004 et 2050. Lorsqu’on sait qu’en France le gouffre financier des couvertures sociales sera insondable dans quelques années, on peut se poser quelques questions sur la possibilité d’accéder dans le futur aux nouveaux traitements et aux nouvelles techniques auxquelles on devrait avoir légitimement droit, pour prolonger la vie. ■ 4