Pratique S oins 13 Unité d’oncologie ambulatoire à Cochin Le rôle pivot des infirmières Mise en ser vic e le 16 février 2004, l ’unité d ’onc ologie de l ’hôpital C ochin est organisée c omme un hôpital de jour consacré au x traitements anticancéreu x. C e ser vic e allie les thérapies de pointe en matière de cancérologie avec la recherche d ’un ma ximum de c onfor t pour les patients. L’ hôpital Cochin est un des principaux hôpitaux de l’AP-HP en matière de cancérologie. Il est inscrit, pour ces pathologies, dans le plan stratégique 2001-2004 avec la Pitié-Salpêtrière, Saint-Louis et Henri-Mondor et ce sont plus de 180 malades atteints de cancers qui sont pris en charge quotidiennement dans ses murs, soit 7,5 % de l’activité de l’activité ambulatoire en cancérologie de l’Assistance publique. Cochin est un hôpital d’organes et il lui fallait une unité apte à la prise en charge horizontale des malades provenant des services d’aigus. La recherche Grâce à sa nouvelle architecture, l’unité qui a fêté sa première année d’existence le 29 mars dernier, développe, sur 441 m2, une capacité de 6 fauteuils et de 5 lits appartenant à des chambres individuelles, avec cabinets de toilette privatifs. Une des chambres est spécialement adaptée aux soins pour handicapés moteurs, une autre pièce étant dédiée à la recherche clinique. Car la recherche clinique est une des activités phares de cette unité, si l’on en croit le Pr Golgwasser. En effet, en un an, elle a mis à l’essai 142 protocoles de soins, déposé un brevet et rédigé 14 articles faisant l’objet de publications. L’unité de soins intègre chimiothérapies, essais thérapeutiques et soins palliatifs. Aux bouleversements de la connaissance, correspond un changement de l’organisation et des prestations qui définissent l’architecture de cette unité. Les pathologies traitées sont multiples : sarcomes, tumeurs digestives, gynécologiques, endocrines, urologiques, thoraciques et chroniques… La nouvelle organisation a vu se créer de nouveaux métiers, particulièrement dans la sphère paramédicale. Le poste d’infirmière de cancérologie, par exemple, a été créé pour être le pivot de l’organisation de cette unité. C’est elle qui sert de lien avec l’équipe soignante. Elle évalue la toxicité des produits en fonction des spécificités personnelles du patient qu’elle suit au travers de sa maladie avec l’aide du secrétariat médical. Une autre activité développée à Cochin est celle de l’infirmière de recherche clinique en cancérologie. Celle-ci se charge du suivi personnalisé des essais thérapeutiques et les intègre aux protocoles de recherche. D’autres postes d’infirmières ouvrent la voie à des postes d’infirmière de cancérologie référente, de conseil infirmier, d’éducateur thérapeutique en cas de complications (conseil diététiques et suivi du bien être du malade)… La pacification des relations L’infirmière, à la fois oncologue et psychologue, caractérise aussi les nouvelles aptitudes recherchées au sein de l’unité oncologique ambulatoire. Les médecins aussi doivent évoluer dans leur pratique pour satisfaire la double mission de l’unité et permettre la prise en charge des soins tout en développant de nouveaux traitements en fonction des nouvelles connaissances acquises intra-muros, par exemple. La continuité des soins est assurée par le projet ATHOS qui permet aux malades d’être traités chez eux. On observe, à cet égard, un renversement de tendance qui consiste en ce qu’un nombre croissant de patients sont soignés chez eux plutôt qu’à l’hôpital, comme ce fut longtemps le cas. Mais ATHOS, c’est aussi une nouvelle approche, selon Roland Bugat, de la mission interministérielle intéressée au projet et qu’il définit comme “la pacification des relations”. Il s’agit, en fait, d’un “rebasage” de la prise en charge du malade, trop souvent sollicité par les membres de l’équipe médicale à son chevet pour le suivi de son dossier. Il a été calculé qu’un opéré voit, dans les huit jours suivant son opération quelque 110 personnes ! Dans ces conditions, il est impératif de repenser les modalités du suivi du dossier médical. Habituellement, le patient reste une demi-journée à l’hôpital toutes les 2 à 3 semaines au cours de son traitement. Son généraliste est tenu régulièrement au courant. Depuis 2005, un médecin de l’unité téléphone systématiquement au patient le deuxième et le huitième jour, lors de son premier cycle de traitement, pour s’assurer que les dosages sont à la fois bien tolérés et conformes à la stratégie des soins. Un staff permanent est en charge du projet médical et se doit d’anticiper les besoins. Il est extrêmement important, par exemple, que les traitements inutilement toxiques soient maîtrisés et que la continuité des soins se fasse dans le respect des protocoles, qui peuvent consister, avec l’autorisation du malade, en une utilisation des nouvelles molécules encore à l’étude. Il est fortement question de fonder une entité d’oncologie commune avec l’Hôtel-Dieu. Elle serait consacrée au dépistage et aux urgences. Elle allierait également la chirurgie lourde aux traitements chimico-biologiques sous le contrôle du Pr Axel Kahn. François Engel Infos ... Une fédération d’ativités médicales L’hôpital Cochin de Paris est intégré à la Fédération d’activités médicales et biologiques associées, tout comme Ambroise-Paré, l’Hôtel-Dieu et Necker. En 20052009 l’unité de Cochin assure la prise en charge de la personne vulnérable en ambulatoire et développe l’hôpital hors ses murs avec un centre de coordination de 10 équipes pluridisciplinaires. Professions S anté Infirmier Infirmière N ° 63 • mai 2005