> Galerie de portraits > Actualités professionnelles psychiatriques en Europe > H. Sontag, psychiatre libéral, Strasbourg. Le refus de la Constitution européenne : psychiatrie et recherche L e refus français de la Constitution européenne puis celui des Pays-Bas ne seront pas sans incidence sur le développement en Europe de la recherche en général, et particulièrement en psychiatrie. En effet, en refusant la Constitution, les Français et les Néerlandais, dans un mouvement d’humeur contre leur gouvernement et souvent pour une grande majorité des votants, dans une totale ignorance de ce que signifie une constitution – rançon et limites de la démocratie – ont voté indirectement contre la construction de l’Europe, et de ce fait nous restons dans l’Union européenne sous le régime du traité de Nice, reconnu comme “calamiteux et totalement incapable de gérer une Europe à 25” par la grande majorité des élus européens. La gestion à 15 était déjà difficile ; à 25, elle est totalement impossible, puisqu’il faudra une majorité absolue de tous les membres pour prendre une quelconque décision, là où la Constitution aurait permis de prendre les décisions à la majorité de 65 % avec une représentation des pays les plus importants. On reste tributaire, pour un quelconque projet, du bon vouloir de pays de 300 000 habitants ! Concernant la médecine et la recherche médicale, qui ne sont pas directement impliquées dans le traité, mais qui le deviennent par le biais des services, nous nous retrouvons dans une situation complè- 12 tement bloquée, et probablement pour plusieurs années. Il faut savoir que plus de 80 % du budget de l’Europe sont consacrés à la politique agricole commune (PAC), cela qui, lors de la création de celle-ci, a été un bienfait pour l’agriculture européenne et particulièrement française, n’est absolument plus adapté à notre époque, sachant que les agriculteurs représentent 2 à 3 % de la population, alors qu’à l’époque ils représentaient plus de 25 % (actuellement 1,3 million d’agriculteurs). Par comparaison, les crédits attribués à la recherche représentent 8 % des 900 milliards d’euros du budget européen. En refusant la Constitution, les Français vont se priver d’un aménagement qui était tout à fait possible à réaliser en diminuant la part de la PAC et en reversant une partie de cette manne à la recherche ; ce qui était un des buts de la “déclaration de Lisbonne“, qui voulait, et qui veut toujours, donner à l’Europe les moyens les meilleurs et les plus développés dans le domaine de la recherche, afin de faire du niveau de vie européen l’un des plus élevés au monde. La psychiatrie est aussi touchée, car les projets de recherche européens risquent de ne pas voir le jour dans l’immédiat, faute de moyens, à moins de faire appel à la recherche privée et à l’industrie pharmaceutique. Par contrecoup, il semble évident que les chercheurs continueront à traverser l’Atlantique plutôt que de créer une recherche euro- La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005 péenne puissante, dans la mesure où il y a peu de chance qu’ils trouvent en Europe les moyens matériels et financiers nécessaires à une recherche de qualité et innovante. L’idée de Tony Blair, qui veut favoriser la recherche en rognant sur la PAC, est probablement une bonne idée, mais nous en sommes encore à croire que c’est l’agriculture avec ses produits subventionnés qui sauvera l’Europe de la mondialisation de l’économie ou de la mainmise des ÉtatsUnis sur les innovations technologiques et scientifiques ! À côté de la recherche, on peut aussi souligner que la Constitution européenne, dans son article I-14, proposait une compétence partagée entre l’Union et les États membres sur les enjeux de sécurité de la santé publique ; elle disait aussi, dans l’article II-63, que toute personne avait droit à son intégrité physique et mentale dans le cadre de la médecine et de la biologie, et que le consentement libre et éclairé de la personne devait être respecté. Sans nier que ces données sont relativement fréquentes et habituelles dans la plupart des pays européens, elles ne sont pas encore mises en pratique dans les nouveaux pays ; et ce que la Constitution pouvait donner risque de ne pas l’être dans l’immédiat. En se privant d’une Constitution, l’Union européenne fait du sur-place, ce qui est dommageable pour l’évolution et le bien-être des citoyens européens. ■ Parlement européen : mort annoncée du tabac L es nouvelles procédures européennes d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation des substances chimiques (REACH) ont pour rôle de faire disparaître des produits qui, actuellement consommés dans l’Union européenne, ont un caractère cancérigène. S’appuyant sur cette idée, le président de la Commission de la santé du Parlement européen, Karl-Heinz Florenz, propose que les 600 substances entrant dans la composition des cigarettes, ou produites par leur combus- tion, soit intégrées dans cette procédure en vertu de leur caractère cancérigène. De ce fait, 99 %, des cigarettes actuelles vendues en Europe disparaîtraient du marché. M. Florenz ne veut pas interdire le tabac mais souhaite que les produits entrant dans sa composition soient soumis à la règle commune ce qui entraînerait logiquement leur interdiction et donc celle du tabac. Cette proposition devrait être discutée avant la fin de l’année au Parlement euro- péen. En Allemagne, il est question d’un durcissement immédiat de la politique anti-tabac, avec suppression des distributeurs dans les lieux publics, interdiction de la publicité, interdiction de la vente aux mineurs et interdiction de fumer dans tous les lieux publics, y compris les restaurants et les bars. À côté de cela, une liste d’additifs cancérogènes utilisés dans les cigarettes sera prochainement publiée, avec interdiction prochaine des plus dangereux d’entre eux. ■ Allemagne : augmentation du temps de travail dans les hôpitaux C omme nous vous l’avions annoncé précédemment, les médecins hospitaliers allemands ont vu leur temps de travail augmenter d’une heure pour passer officiellement à 39 heures sans compensation de salaire et avec la suppression de différentes primes pour essayer d’alléger la situation financière des hôpitaux. Ils effectuent en réalité 20 à 30 heures de plus par semaine sans compensation salariale, et ce malgré la circulaire européenne qui limite le temps de travail des médecins à 48 heures dans les hôpitaux. Le 2 mai 2005, plus de 5 000 médecins sont descendus dans la rue pour protester contre cette situation. L’augmentation de la paperasserie fait que, selon la Bundesärztekammer, près de 80 % des praticiens consacrent de plus en plus de temps au travail administratif, derrière un ordinateur ou en remplissant les innombrables formulaires dont l’administration allemande a la secret, à égalité avec l’administration française ; par dérision, les formulaires nécessaires à un patient lors d’une consultation et qui doivent être envoyés aux caisses ont été mis bout à bout sur une corde à linge lors du dernier congrès du syndicat des médecins libéraux allemands (Hartmannbund), et l’on est arrivé à une longueur pour le moins impressionnante de 25 mètres. Les médecins, aussi bien les psychiatres que les autres, passent un temps important à cocher des check-lists impersonnelles pour satisfaire aux demandes des caisses, sans compter les centaines de références nécessaires à chaque acte en psychiatrie. Nous sommes bien loin des cotations CIM 10 ou INSEE pour les maladies, et nous ne pouvons qu’espérer que le système ne va pas traverser le Rhin, car il est totalement ingérable. Les psychiatres allemands regardent parfois avec envie (sauf pour les honoraires) notre système de santé, pour le moment encore, plus supportable administrativement que le leur. Une manifestation de 2 000 médecins vient d’avoir lieu à Berlin début août, mais elle ne changera probablement pas grand-chose . ■ Le site internet du service d’information aux patients allemands D epuis l’automne 2004, un site Internet (www.neurologen-undpsychiater-im-netz) a été créé par les associations de psychiatres afin d’informer les patients sur les maladies mentales, les différentes thérapies ainsi que la prévention des maladies mentales en général. Ce site, qui est ouvert à tous les neurologues et psychiatres allemands, coûte entre 3,75 et 10 euros par mois selon que s’applique le tarif individuel ou de groupe, et permet à ceux-ci de faire connaître ce qui est officiellement permis par la Chambre des médecins allemands : nom, adresse, téléphone, adresse e-mail et heures d’ouverture, ainsi que la formation de l’intéressé et le champ d’activité préférentiel de chaque psychiatre. Ce site offre de plus la possibilité à 200 rédactions d’agences de presse allemandes d’avoir accès à une information scientifique, réelle et contrôlée par les @ psychiatres eux-mêmes. Par exemple, depuis sa création, 40 articles parus dans les journaux et les hebdomadaires allemands ont été diffusés sur le site, touchant 22 millions de lecteurs. Ce site est actuellement en pleine expansion et pourrait servir de modèle à une information scientifiquement vérifiée, qui mettrait fin aux articles des journaux à sensation produits par des pseudo-journalistes scientifiques avides de problèmes psychiatriques. ■ La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005 13 > Galerie de portraits Parlement européen : temps de travail et garde C omme indiqué précédemment (Les Actualités en psychiatrie, Suppl. au n°1, vol. I ), le Parlement européen a décidé de revenir sur la proposition de la Commission européenne, qui a voulu redéfinir la notion de garde en ne comptabilis a nt p a s l e s g a rde s dans les 48 heures maximales de travail hebdomadaire, et qui estimait que la période inactive du temps de garde (où le médecin se repose) n’était pas à considérer comme du travail. En revenant sur cette décision, les eurodéputés posent le principe que les gardes sont du temps de travail, mais ils laissent aux États membres le droit de comptabiliser différemment le “ t e m p s i na c t i f ” , s o u s c e r t a i ne s conditions. Ils s’opposent a u dépassement des 4 8 he u re s he b do ma daires, qui sont monnaie courante en Europe, les 25 gouvernements étant de toute façon très divisés sur ce dossier et n’étant pas prêts à suivre les propositions de révision du Parlement européen. Pour mémoire, Système de soins en europe : la France ne brille pas Conseil de l’europe : politiques de santé et santé mentale L’ L Euro Health Consumer Index, mis au point par un groupe d’experts basés à Bruxelles (la Health Consumer Powerhouse), a classé les systèmes de santé européens en fonction de 20 indicateurs illustrant le degré de satisfaction des usagers en matière de droits et d’information, de temps d’attente pour les traitements courants, de résultats des soins et d’accès aux médicaments. Ce palmarès, qui comprend aussi les soins psychiatriques, place la France en septième position derrière l’Estonie, la Hongrie ou la Suède ; il couronne les Pays-Bas, suivis de la Suisse et de l’Allemagne. Aucune question posée en termes de qualité des soins n’a récolté de note maximale, ce qui explique ce score particulièrement faible pour un pays qui était classé il y a encore quelques années par l’OMS comme le premier pour la qualité de ses soins. Il faut signaler toutefois qu’il s’agit d’une enquête réalisée auprès de consommateurs et non auprès de professionnels comme celle de l’OMS. ■ 14 le ministre de la Santé français (M. Douste-Blazy, mais qu’en serat-il du nouveau ministre ?) s’était engagé à ce que les hôpitaux, quel que soit le choix final de l’Europe, continuent à considérer la garde comme du temps de travail à part entière, sans se prononcer sur la définition de “garde inactive”, mais en disant que “l’État français ne soutient pas les modifications voulues par le Parlement européen sur le temps de travail et les gardes des médecins hospitaliers.” ■ es parlementaires européens demandent que la santé mentale soit intégrée dans les politiques de santé européennes des 46 États membres. En effet, le problème de manque de moyens, déjà criant dans les pays d’Europe occidentale, est encore plus visible dans les anciens pays communistes, où les malades mentaux étaient considérés comme des déviants politiques n’adhérant pas au système socialo-communiste de l’époque. Il est connu que les traitements étaient totalement inhumains, quand ils ne menaient pas à la mort dans les fameux goulags. Le Conseil de l’Europe souligne dans ses recommandations que les abus sont encore fréquents dans les PECO (pays d’Europe centrale et orientale), consistant aussi bien à attacher les patients par faute de personnel de surveillance ou par manque de moyens médicamenteux qu’à les reléguer dans des réduits qui n’ont de “chambre” que le nom. Concernant la France, le problème des hospitalisations d’office (HO) a été soulevé, car c’est un des rares pays où l’HO est décidée par le préfet et non par la justice, comme c’est le cas dans la majorité des pays. Ce rapport propose aussi d’améliorer l’organisation des soins, avec une meilleure articulation entre les structures de santé mentale et les autres professionnels de santé, libéraux ou institutionnels, en y associant si possible les associations de familles de malades. Revenant sur des poncifs comme “la sensibilisation de l’opinion publique à la santé mentale et la demande d’éviter la stigmatisation des malades”, les parlementaires s’inquiètent de l’augmentation importante de la consommation d’alcool, de drogues et de tabac ainsi que des suicides dans certains pays. Des demandes de programmes européens d’éducation et concernant l’alcool, le tabac et le cannabis destinés aux jeunes ont été formulées, mais l’on peut craindre que de tels programmes, faute de moyens, ne puissent voir le jour. ■ La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005 Dernières nouvelles de l’assurance-maladie en Allemagne (suite) N ous continuons à vous informer de l’évolution de la réforme de l’assurance-maladie en Allemagne ; même si plusieurs idées ayant cours outre-Rhin trouvent leur prolongement dans la réforme de la Sécurité sociale française, nous n’en sommes pas encore à une copie conforme. Les résultats après un an de réforme sont pour le moins impressionnants, puisque les caisses d’assurance-maladie allemandes sont actuellement en bénéfice, et ont réduit leur déficit global cumulé de 16 à 1,8 milliards d’euros pour l’année 2004. Les dépenses pharmaceutiques globales ont été diminuées de 2,5 milliards d’euros par rapport à 2003, sur un budget de 20,11 milliards. Cette action ne concerne que les frais ambulatoires, car les hôpitaux – qui représentent 80 % des frais globaux de la santé en Allemagne – commencent tout juste à participer à la réforme, et l’on est pour le moins étonné de voir la réduction massive des coûts obtenue uni- quement par l’action entreprise depuis un an sur la médecine ambulatoire. Les spécialistes allemands tenus d’appliquer une taxe de 10 euros par patient et par consultation de spécialistes chaque trimestre, – soit 40 euros par an pour aller voir un psychiatre, 40 euros par an pour aller voir un gynécologue, etc., somme qu’ils doivent demander aux patients et reverser aux caisses d’assurance-maladie –, ont décidé de simplifier la récupération de cette somme grâce à un nouveau mécanisme. Il s’agit pour certaines caisses de demander aux patients de verser entre 1 à 2 % de leurs revenus à la caisse pour bénéficier de la réduction d’impôt inhérente à la réforme et ne plus avoir à payer le forfait de 40 euros. Le groupement des médecins de la région de Kiel faisait remarquer que ce sont les patients qui ont les revenus les moins élevés, et pour qui 1 à 2 % ne représente pas grand-chose, qui sont les plus gros consommateurs et demandeurs de soins inutiles ou de médications inadéquates. Le système commence à aboutir à un certain nombre d’absurdités, ce que montre la caisse de Rhénanie du Nord (KV Nordrhein) de Düsseldorf par un exemple tout simple. Dans ce Land, 18 000 personnes n’ont pas payé la taxe. Or, pour recouvrer celle-ci, il faut passer par le tribunal des Affaires sociales, qui, contrairement au TASS français, est payant. Il faut, de ce fait, payer une taxe de 150 euros comprenant les frais de justice, pour récupérer 40 euros, ce qui fait 2,7 millions d’euros de frais, auxquels s’ajoutent au moins 500 000 euros pour les frais de port et de préparation des dossiers ! Si l’on extrapole à l’ensemble de la République allemande, sachant qu’il y a 400 000 personnes sur 82 millions qui n’ont pas payé la taxe, cela représenterait la somme faramineuse de 60 millions d’euros de frais pour récupérer 4 millions d’euros ! Le gouvernement fédéral étudie actuellement la question pour trouver un autre mode de financement, qui se rapprocherait peut-être de la position des caisses évoquée plus haut. ■ Démographie : vieillissement de la population des psychiatres O n assiste en Allemagne à un phénomène proche de ce que l’on voit en France : la population vieillit, et les maladies liées à la démence ont doublé dans les 10 à 20 dernières années. Parallèlement, l’âge moyen des médecins spécialistes augmente. Les dernières statistiques, en mars 2005, montrent que l’âge moyen des spécialistes en Allemagne est de 55,5 ans, et que celui des psychiatres et neurologues est de 51,2 ans. Les psychiatres représentent 17,6 % des médecins spécialistes âgés de plus de 60 ans, alors qu’ils ne représentent que 11 % du total des médecins. Dans les nouveaux Ländern (anciennes régions de l’Allemagne de l’Est), le nombre de psy- chiatres âgés de plus de 60 ans atteint 26 % des psychiatres. A l’autre extrémité de la pyramide, le nombre de spécialistes âgés de moins de 35 ans est passé dans les 10 dernières années de 26 à 16 %. Les étudiants en médecine qui ont commencé leurs études en 1994 sont 38 % à ne plus exercer la médecine, chiffre qui atteint 41 % pour ceux qui ont commencé leurs études en 1995 ! En moyenne, 45 % des médecins allemands formés n’exercent plus la médecine. C’est un problème très grave en Allemagne, car cela signifie aussi que plus de la moitié des étu- diants n’exercera pas, ce qui amènera à importer des médecins d’autres pays. Par ailleurs, les femmes, qui sont aussi très nombreuses en Allemagne, retardent souvent leur installation jusqu’à ce qu’elles aient élevé leurs enfants. Le problème est assez dramatique pour la psychiatrie, mais il semble se poser pareillement dans toute l’Europe ; pour mémoire, la moyenne des psychiatres en France, pays qui compte le plus de psychiatres en Europe, se situe dans la tranche des 50-55 ans, ce qui posera aussi des problèmes de relève. ■ La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005 15 > Galerie de portraits Création d’une association de psychiatres libéraux travaillant en réseau à Berlin F in décembre 2003, une association s’est créée pour fédérer les efforts des psychiatres libéraux, des psychologues et des médecins travaillant en clinique ainsi que des ergothérapeutes et des assistantes sociales. Il s’est agi de mettre sur pied une structure qui associe les différents professionnels de la santé dans le but de soigner les malades atteints de psychose. Cette association fonctionne actuellement très bien, et elle continue à se dévelop- per, la demande étant très importante et les hôpitaux ne pouvant remplir totalement leur rôle, compte tenu des difficultés budgétaires. Cette participation des médecins libéraux à un système de réseau est d’autant plus intéres- Suisse : la carte santé au Tessin L e Tessin inaugure la carte de santé à puce, dossier médical du patient qui permet d’enregistrer les données de santé et le parcours médical du patient. Cette expérience est intéressante car la Suisse, comme chacun le sait, est formée d’une confédération de 26 cantons qui fonctionnent d’une façon totalement autonome, avec l’équivalent d’un ministère de la Santé dans chaque canton et des structures et des lois totalement différentes d’un canton à l’autre, en dehors des structures fédérales, qui sont rares. L’expérimentation du Tessin, si elle réussit, permettrait d’extrapoler ce modèle aux autres cantons et préfigure à une échelle réduite ce que pourrait être une carte de santé européenne. Cette carte, pour le moment, est très limitée, car il faut aussi que les médecins et les établissements hospitaliers soient équipés d’ordinateurs et de logiciels recevant cette carte. Elle est en cours d’expérimentation dans la ville de Lugano, et concerne pour le moment 600 professionnels de santé. ■ > Actualités professionnelles psychiatriques en Europe 16 La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005 sante que c’est sûrement la forme la plus appropriée pour soigner les psychotiques dans la cité, et qu’elle permet de décharger partiellement le système analogue aux secteurs qui existe en Allemagne ; et l’on pourrait imaginer que cette forme de prise en charge soit aussi expérimentée en France. Pour fournir une donnée chiffrée, le nombre de lits en psychiatrie est passée, à Berlin, de 5 429 en 1993 à 2 884 en 2001, ce qui explique aussi l’importance d’une telle démarche pour suivre d’une façon plus efficace les malades psychotiques ou gravement déprimés. ■ Carte électronique pour la formation continue en Bavière O n n’arrête pas le progrès, et la chambre des médecins de Bavière (Bayerische Ärztekammer), en coopération bientôt avec d’autres chambres de médecins d’autres Länder, prévoit, en octobre 2005, la création d’une carte électronique de formation continue. Cette carte permettra dans le futur d’additionner des points de FMC sur un compte personnel, et ce grâce à un code PIN. Une fois que le médecin aura atteint le nombre nécessaire de points, il enverra ses coordonnées ainsi que le montant des points de formation à un serveur central qui sera directement connecté au compte de FMC du médecin à la chambre des médecins du Land. Il est évident qu’il faudra avoir des ordinateurs dans les réunions de FMC, ce qui risque d’en alourdir les coûts. ■