Actualité Santé 9 Rougeole Pourquoi vacciner les jeunes enfants Malgré l’existence, depuis 40 ans, d’un vaccin sûr et efficace, la rougeole reste une cause de décès chez le jeune enfant. Pratiquement tous les enfants non immunisés la contractent en cas d’exposition au virus. Ils doivent donc être vaccinés en cas de voyage dans les pays à risque. L a rougeole est une affection virale aiguë due à un virus de la famille des Paramyxoviridœ. C’est une affection respiratoire et, à ce titre, le virus se développe normalement dans les cellules qui bordent le rhinopharynx et les poumons. La rougeole est une maladie humaine, et aucun réservoir animal n’est connu. Symptômes Le premier signe d’infection est en général une fièvre élevée qui apparaît environ 10 à 12 jours après l’exposition et persiste de un à sept jours. Au cours de ce stade initial, le tableau peut comporter un catarrhe oculo-nasal, une toux et un signe de Koplick, qui se caractérise par des petits points blanchâtres à la face interne des joues. L’éruption apparaît plusieurs jours plus tard, localisée habituellement à la face et au haut du cou. En trois jours environ, l’éruption progresse vers la partie postérieure du corps, pour atteindre les mains et les pieds. L’éruption persiste de 5 à 6 jours puis s’affaiblit. Elle survient 14 jours en moyenne après l’exposition au virus, avec des valeurs extrêmes de 7 et de 18 jours. La rougeole est souvent une maladie désagréable, bénigne ou modérément grave. Complications Les formes graves surviennent plus particulièrement chez les jeunes enfants mal nourris, en particulier ceux qui ont un apport en vitamine A insuffisant ou dont le système immunitaire est affaibli par le VIH/sida ou d’autres maladies. En général, l’enfant ne meurt pas directement de la rougeole, mais de ses complications. Celles-ci sont plus fréquentes chez l’enfant de moins de cinq ans, ou chez l’adulte de plus de 20 ans. Parmi les complications les plus graves, on peut inclure la cécité, l’encéphalite, la diarrhée grave (susceptible d’entraîner une déshydratation), les infections auriculaires et les infections respiratoires graves comme la pneumonie, laquelle est la cause la plus fréquente de décès associé à la rougeole. Dans le monde, sur les 30 millions de personnes touchées par la maladie chaque année, on estime la fréquence de l’encéphalite à 1/1 000 cas, tandis que l’otite moyenne représenterait 5-15 % des cas et la pneumonie 5-10 % des cas. Le taux de létalité dans les pays en développement est en général de 1 à 5 %, mais peut atteindre 25 % dans les populations où la malnutrition est importante et l’accès aux soins déficient. Les personnes qui guérissent de la rougeole sont immunisées à vie. Toutes les personnes qui n’ont pas été immunisées par la maladie ou la vaccination peuvent être infectées. Les jeunes enfants sont exposés à un risque plus élevé de rougeole et de complications, décès compris. Mais d’autres personnes non vaccinées, grands enfants, adolescents et jeunes adultes, peuvent être concernées. Bien sûr, la mortalité de la rougeole est particulièrement forte dans les pays en souffrance dans la mesure où les dommages portés aux infrastructures et aux services de santé interrompent la vaccination systématique et où la surpopulation dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées accroît considérablement le risque d’infection. Transmission Le virus de la rougeole est extrêmement contagieux et se propage par les gouttelettes de Flügge, c’est-àdire des gouttelettes liquides projetées par la toux ou les éternuements et transportées par l’air, mais également par le contact rapproché entre personnes ou par le contact direct avec des sécrétions nasales ou laryngées de personnes infectées. Le virus reste actif et contagieux dans l’air ou sur les surfaces contaminées pendant deux heures. Il peut être transmis par une personne infectée entre les quatre jours qui précèdent l’apparition de l’éruption et les quatre jours qui suivent son début. Traitement Les complications graves de la rougeole peuvent être évitées si la prise en charge clinique est appropriée. Le soutien nutritionnel général et le traitement de la déshydratation par des solutions de réhydratation orale sont nécessaires. Une antibiothérapie sera prescrite pour le traitement des infections oculaires et auriculaires ainsi que de la pneumonie. Dans les cas extrêmes, la survie de l’enfant rougeoleux sera améliorée par un apport nutritionnel et liquidien approprié. Cela concerne particulièrement les enfants des pays en développement. L’administration de vitamine A au moment du diagnostic peut contribuer à éviter les lésions oculaires et la cécité et réduire la mortalité rougeoleuse dans 50 % des cas. Si, aujourd’hui, la rougeole est rare dans la plupart des pays industrialisés, elle reste fréquente dans de nombreux pays en développement. D’où l’intérêt de sensibiliser à la vaccination les parents qui voyagent dans leur pays d’origine. ALP D’après les communications de l’OMS/Unicef Infos ... La rougeole en quelques chiffres En 2003, on a estimé à 530 000 le nombre de décès par rougeole dans le monde, ce qui fait plus de 1 400 décès chaque jour ; toutes les heures, 60 personnes meurent de la rougeole. La majorité des décès par rougeole (> 95 %) surviennent dans des pays où le produit national brut est inférieur à US $1 000. Dans les pays où la rougeole a été en grande partie éliminée, les cas importés restent une source importante d’infection. Source OMS Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005