La rougeole est une maladie infectieuse ré-émergente en France depuis 2005, responsable d’épidémies. De 2008 à 2011, plus de 22 000 cas de rougeole ont été diagnostiqués dont 14 966 cas sur la seule année 2011 (figure 1). Cette épidémie s’explique par une couverture vaccinale insuffisante ou incomplète : moins de 90% des enfants âgés de 2 ans ont reçu la 1ère dose de vaccin et moins de 65% des adolescents âgés de 15 ans ont reçu la 2ème dose de vaccin (2). La Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française a conduit une étude rétrospective descriptive des caractéristiques cliniques et biologiques présentées par les adultes hospitalisés pour rougeole. Figure 1 : incidence de la rougeole en France (données InVS juin 2012) MÉTHODOLOGIE Un cas était défini comme un patient majeur hospitalisé pour rougeole dans un centre hospitalier français entre Septembre 2010 et Septembre 2011. Le diagnostic de rougeole était posé devant l’éruption caractéristique ou par la positivité d’une méthode diagnostique biologique. Les données cliniques et biologiques étaient recueillies par questionnaires adressés aux centres volontaires. Les données ont été analysées avec le logiciel statistique Stata11. RÉSULTATS 460 dossiers de patients ont été analysés à partir des données de 38 hôpitaux. L’âge médian était de 26 ± 8,8 ans. On notait une prédominance féminine (sex-ratio H/F = 0,93). La durée moyenne d’hospitalisation était de 3 jours [1-26]. Méthodes diagnostiques • clinique seule : 68/450 (15%) • clinique et confirmation biologique : 392/460 (85%) dont sérologie (86%), PCR (44%) et culture virale (2%) Prise en charge • 20 (4%) hospitalisations en secteur de soins intensifs (9/20 ventilation mécanique) • 110 patients (23%) ont reçu une antibiothérapie ≈ 7 jours Statut vaccinal • 10 (2%) rapportaient un antécédent de rougeole pendant l’enfance • 70 (15%) avaient été vaccinés au moins une fois • 205 (46%) n’avaient jamais été vaccinés • L’information sur le statut vaccinal était manquante dans 40% des dossiers Evolution • 1 décès • Pas de donnée sur l’évolution à moyen et/ou long terme : panencéphalite sclérosante subaiguë ? Manifestations cliniques (figure 2) • Hépatite aigue 64% • Pneumopathie 44% • Atteinte neurologique 1% Coût estimé des hospitalisations 1.713.829 € CONCLUSION La rougeole n’est pas qu’une fièvre éruptive de l’enfance ! Le recours aux examens biologiques de confirmation est quasi-constant dans les rougeoles de l’adulte hospitalisées. Les hépatites aiguës biologiques non graves sont fréquentes (64%), ainsi que les pneumopathies (44%). La majorité des patients de l’étude n’était pas vaccinée. Il semble indispensable de renforcer la prévention vaccinale. A l’âge adulte, la rougeole entraîne une morbi-mortalité non négligeable avec hospitalisations et soins spécifiques associés à des coûts de santé importants (hospitalisation, USI, assurances…) et un absentéisme professionnel. Figure 2 : manifestations présentées par les patients Références bibliographiques : (1) Données InVS Rougeole juin 2012 (2) Données InVS Rougeole 2005 Une étude prospective serait souhaitable pour suivre l’évolution des patients, en particulier pour dépister les cas de panencéphalite sclérosante subaiguë.