A C T U A L I T É 111e Congrès de la Société française d’ORL et de chirurgie de la face et du cou 111th Congress of the French Society of ENT ● M. François*, W. El Bakkouri** Mots-clés : Crénothérapie - Épithélioma - Endoscopie Imagerie - Ostéoradionécrose - TEP - Stapédotomie Cholestéatome - Scanner des rochers. Keywords: Crenotherapy - ENT epithelioma - Endoscopy Imaging - Osteoradionecrosis - PET-scan - Stape surgery Cholesteatoma - Temporal bone imaging. e 111e Congrès de la Société française d’oto-rhinolaryngologie et de chirurgie de la face et du cou s’est tenu à Paris les 10, 11 et 12 octobre 2004, sous la présidence du Pr P. Géhanno. Nous rapportons ici quelques-uns des propos tenus lors de tables rondes et séances de communication. L CRÉNOTHÉRAPIE EN ORL (table ronde sous la présidence du Pr C. Dubreuil, Lyon) Dans son introduction, C. Dubreuil (Lyon) a fait part de son regret de voir tomber la crénothérapie en désuétude. Cet art de soigner est fort ancien. Il est peut-être nécessaire de le “dépoussiérer”, de le rendre plus rigoureux et de montrer, études cliniques et expérimentales à l’appui, son efficacité. La durée des cures a été fixée arbitrairement à 21 jours et pourrait éventuellement, selon J. Oudot (Allevard-les-Bains), être modifiée. On pourrait imaginer des cures plus longues, de 4 à 5 semaines, pour les indications rhumatologiques, et, à l’inverse, des cures plus courtes, de 8 à 10 jours, pour la pathologie ORL de l’enfant. Les eaux thermales ont une triple action : immunostimulante, de fluidification des sécrétions bronchiques et rhinopharyngées, et antioxydante. Cette dernière propriété est très intéressante, car le stress, ce fléau du XXIe siècle, est oxydant. ● F. Cabanel (Challes-les-Eaux) a abordé les questions pratiques. La demande de prise en charge pour une cure thermale s’établit sur un formulaire unique. Le prescripteur précise l’orientation de la cure (par exemple, les voies respiratoires) et préconise une station thermale. Il est possible, en cas de pathologie associée, d’indiquer une ● * Service ORL, hôpital Robert-Debré, Paris. ** Service ORL, hôpital Lariboisière, Paris. deuxième orientation (ce qui limite l’éventail de choix des stations). Les curistes en ORL ne sont jamais hospitalisés. Pour les enfants, si les parents ne peuvent pas les accompagner, il est possible de demander un hébergement en maison d’enfants. Les contre-indications à une cure thermale sont la tuberculose et le cancer en évolution, mais aussi un état général trop altéré pour permettre des soins de cure quotidiens. La cure dure trois semaines, soit trois fois six jours, avec six pratiques thermales par jour. Le formulaire est adressé par le patient à sa caisse de Sécurité sociale. Des contrôles a posteriori sont possibles. Le patient reçoit un questionnaire concernant ses ressources, dont dépendent le remboursement des frais de transport et le forfait d’aide pour l’hébergement. En revanche, tout assuré est remboursé du forfait de surveillance de la cure et des pratiques complémentaires (méthode de Proetz, par exemple) jusqu’à 65 % du tarif de responsabilité. Les mutuelles remboursent en général le complément. En ce qui concerne l’arrêt de travail, selon les conventions collectives, le temps de cure doit être pris sur les vacances ou est considéré comme un arrêt maladie. Le prescripteur envoie un courrier au médecin thermaliste et celui-ci rédige un compte-rendu de la cure. D. Brunschwig (Bagnères-de-Bigorre) a présenté un très beau film sur deux pratiques courantes en thermalisme ORL : le Proetz et l’insufflation tubaire. Le lavage de sinus selon la technique de Proetz (cf. La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale n° 247, 1999, pp. 7-8 : “La méthode de déplacement de Proetz”, par R. Gouzy et J. Gouzy) est contre-indiqué en cas de rhinite ou de sinusite aiguë. Il est indiqué en cas de poussée de réchauffement d’une rhinosinusite chronique ou de jetage postérieur perannuel. L’insufflation tubaire est indiquée en cas d’otite séromuqueuse, d’otite moyenne aiguë récidivante ou de poche de rétraction ; la présence d’un aérateur ne constitue pas une contre-indication. L’insufflation tubaire peut être effectuée dès l’âge de 4-5 ans. Elle utilise le gaz extrait de l’eau thermale à une pression de 150 mb chez l’enfant et de 200 mb chez l’adulte. La sonde d’Itard est positionnée contre l’orifice tubaire. En parlant, le sujet favorise le repérage et le bon positionnement de la sonde. Le passage gazeux tubotympanique est contrôlé par le médecin en plaçant un embout de stéthoscope modifié dans l’oreille homolatérale du patient. ● A. Chays (Reims) a traité des indications de la crénothérapie en rhinologie. En France, il existe des eaux chlorobicarbonatées ● La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 296 - janvier-février 2005 7 A C T U A L sodiques (Mont-Dore, La Bourboule) et des eaux sulfurées sodiques (Cauterets, Luchon, etc.) ou calciques neutres (Enghien-les-Bains, Allevard, etc.). Au niveau des fosses nasales, les pratiques thermales sont très variées : lavage de nez, irrigations nasales (avec 2 l d’eau thermale), inhalations, humage, nébulisations, douches rétronasales à la canule de Moure. S’y ajoutent, pour la pathologie sinusienne, la méthode de Proetz et les aérosols soniques. L’eau thermale, par ses propriétés biologiques propres, a une action antihistaminique et immunostimulante, mais elle diminue aussi la stimulation inflammatoire chronique. Les pratiques thermales stimulent la circulation locale endonasale. Le soufre et l’arsenic contenus dans certaines eaux thermales ont une action antiseptique. Chez l’enfant, une cure thermale peut être l’occasion de faire l’apprentissage du mouchage. La recherche clinique en crénothérapie commence à se développer. Le problème est le manque de moyens financiers. L’action de la crénothérapie sur la polypose nasale a été observée dès la fin des années 1970 (Debibour). L’étude de C. Laroche et al., en 1987, a montré, sur une cohorte de 3 000 personnes traitées par crénothérapie et suivies pendant 3 ans, une réduction des dépenses de médicaments dans les deux ans qui suivaient la cure (Bulletin de l’Académie nationale de médecine). D’autres études sont en cours. V. Darrouzet (Bordeaux) s’est chargé des indications otologiques de la crénothérapie. La dysfonction tubaire fait le lit des otites moyennes aiguës répétées, des otites séreuses et des poches de rétraction. Malgré les progrès sociaux, ces pathologies n’ont pas diminué et coûtent très cher au système de santé (“il y a moins d’enfants sots et plus d’enfants sourds”). Il n’existe pas de traitement médical validé de l’otite séreuse. Des études expérimentales ont montré que, chez l’animal, l’insufflation tubaire est efficace, à condition de la répéter. Chez l’enfant qui souffre d’un dysfonctionnement tubaire chronique, on peut proposer l’insufflation tubaire à la sonde d’Itard, la politzérisation, les aérosols manosoniques et le traitement des rhinosinusites associées par inhalations et technique de Proetz. Ces techniques ont une action non spécifique de rééducation de la trompe et une action spécifique par transport sur le site du médicament thermal. S’y ajoutent par ailleurs l’effet bénéfique de la cure climatique et l’apprentissage de l’hygiène tubaire (reniflement, auto-insufflation, mouchage, etc.). ● C. Dubreuil (Lyon) a ensuite annoncé la réalisation d’une vaste étude clinique contrôlée randomisée sur l’efficacité de la crénothérapie dans les rhinosinusites chroniques de l’adulte. Le protocole prévoit deux groupes de patients : des patients suivis pendant 9 mois après une cure effectuée en 2004 à Allevard-les-Bains (eau sulfurée calcique), et des patients suivis pendant 9 mois avant leur cure, prévue pour cette année. Six évaluations par patient sont prévues. Les principaux critères d’évaluation sont les signes de rhinosinusite, l’obstruction nasale, les douleurs. Les critères secondaires sont l’odorat, la toux, les signes otologiques ou laryngés. Y est adjointe une étude de qualité de vie et de coût économique direct. Les résultats devraient être publiés fin 2005. ● T. de Baillencourt (Gréoux-les-Bains) a présenté une étude in vitro des effets de l’eau thermale sur l’épithélium respiratoire ● 8 I T É humain. La prolifération cellulaire s’est avérée meilleure sur le milieu témoin que sur les cultures baignées de sérum physiologique et sur celles baignées dans l’eau thermale de Gréoux-les-Bains (rendue isotonique par adjonction de sel). La mesure de la synthèse de la cytokératine 19 intra- et extracellulaire n’a pas montré de différence à J10, mais, au bout de 21 jours, elle était significativement plus importante dans les cultures sur eau thermale que dans les cultures sur milieu témoin. Peut-être est-ce là le mécanisme de résistance que procure l’eau thermale aux effets induits de l’inflammation. P. Queneau (Saint-Étienne) a conclu en encourageant les ORL à faire des études pour confirmer l’effet bénéfique des cures thermales. ● MOYENS ACTUELS DE SURVEILLANCE APRÈS TRAITEMENT D’UN CANCER ORL (table ronde animée par le Pr B. Barry, hôpital Bichat, Paris) M. Zanaret (Marseille) distingue trois périodes dans le suivi post-traitement d’un cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS) : – du 1er au 6e mois, il faut apprécier le contrôle post-thérapeutique et détecter une éventuelle poursuite évolutive, à distinguer d’une récidive ; – du 6e au 24e mois, il faut rechercher une éventuelle récidive précoce locale, régionale ou à distance ; – au-delà de la deuxième année, il faut rechercher une éventuelle deuxième localisation, plus particulièrement au niveau de la tête et du cou, de l’œsophage, du poumon et du foie, mais aussi une récidive tardive locale, régionale ou à distance. Il n’y a pas de consensus sur le rythme et les modalités de surveillance. Certains facteurs influencent le rythme de surveillance : le stade TNM de la lésion initiale et sa topographie. Il y a surtout des éléments défavorables qui doivent inciter à renforcer le suivi : des limites de résection insuffisantes, les adénopathies en rupture capsulaire, le terrain alcoolotabagique, l’altération de l’état général et l’interruption du traitement. ● D. Chevalier (Lille) a parlé des éléments cliniques d’alerte. Le traitement initial doit être si possible curatif, avec un résultat fonctionnel optimal, mais tout cela se passe dans un environnement personnel et social que le praticien ne maîtrise pas. Les comorbidités (états hépatique, cardiovasculaire, pulmonaire, nutritionnel, etc.) peuvent être préoccupantes en elles-mêmes. Cependant, le rôle de l’ORL sera surtout de dépister une poursuite ou une reprise de la maladie cancéreuse locale, régionale ou à distance. Il faut tout particulièrement se méfier en cas de fausse route, de dyspnée, de dysphagie ou d’otalgie, surtout si les marges de résection étaient envahies ou si le patient avait déjà subi une radiothérapie. L’incidence d’une deuxième localisation, dans la série publiée par O. Laccourreye en 2002, était de 1 à 3 % par an, ce risque étant linéaire et persistant au-delà de la dixième année. Le risque est majoré en cas de poursuite de l’intoxication tabagique. Ces deuxièmes cancers ne sont pas toujours dépistés à l’occasion des consultations programmées de suivi, mais ils sont, dans près de deux tiers des cas, découverts lors d’une consultation initiée par le patient, d’où l’intérêt d’informer ces derniers des signes qui doivent les amener à consulter rapidement. La cavité buccale peut ● La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 296 - janvier-février 2005 très bien être surveillée par le médecin généraliste. En revanche, les cancers du pharyngolarynx doivent être surveillés par un ORL, qui fera une endoscopie sous anesthésie générale au moindre aspect suspect. Pour les localisations autres que les VADS, la clinique est pauvre. La toux et l’expectoration doivent faire rechercher une localisation bronchopulmonaire, une dysphagie, une localisation œsophagienne, des douleurs osseuses, des métastases osseuses. D. Dehesdin (Rouen) a abordé le problème des endoscopies de surveillance, dont l’objectif est le dépistage précoce d’une poursuite évolutive, d’une récidive ou d’une deuxième localisation. Il n’y a aucun consensus à ce sujet. Il n’y a aucune étude d’efficacité de la surveillance endoscopique. On ne sait pas s’il vaut mieux la prévoir systématiquement, à un rythme qui reste à préciser, ou s’il ne faut la faire que chez certains patients à risque. La bronchoscopie n’est intéressante que si la radiographie du thorax est anormale. L’œsophagoscopie, si elle est réalisée par un ORL, se fait au tube rigide avec une optique ; elle permet de mieux voir la région rétrocricoïdienne et la partie haute de l’œsophage que la fibroscopie. Le geste doit être arrêté immédiatement s’il existe la moindre difficulté d’exposition. L’endoscopie sous anesthésie générale des VADS est effectuée s’il existe des signes fonctionnels, mais aussi en cas d’intoxication alcoolotabagique majeure et ancienne, chez les patients qui ne peuvent être examinés au fauteuil, et si le traitement initial n’a pas été chirurgical. ● J. Lacau-Saint-Guily (hôpital Tenon, Paris) a parlé de l’intérêt de la scintigraphie au FDG (18F-fluorodésoxyglucose) dans le suivi des cancers des VADS. Cette technique d’imagerie fonctionnelle peut utiliser une caméra TEP (tomographie à émission de positrons, ou PET scan) ou une caméra à coïncidence (CDET). J. Lacau a participé à une étude sur l’apport de cette nouvelle technique dans l’évaluation initiale par screening corps entier, et sur son rôle dans la détection des récidives. Par rapport à la TDM, la TEP avait une meilleure spécificité (98 % versus 82 %) et une meilleure valeur prédictive positive (94 % versus 65 %) pour la détection des récidives locales. La prise en charge d’un tiers des patients a été modifiée par le résultat du PET scan, soit du fait de la découverte d’une deuxième localisation ou d’une métastase, soit parce qu’il s’agissait de vrais négatifs (avec un faux positif sur la TDM). ● LA PRISE EN CHARGE DE L’OBSTRUCTION NASALE DYSFONCTIONNELLE EST-ELLE TOUJOURS AUSSI CHIRURGICALE ? (table ronde animée par le Pr P. Dessi, Marseille) L’obstruction nasale dysfonctionnelle doit s’entendre au sens d’obstruction nasale ne relevant pas d’une cause tumorale ou malformative complexe. L’hyperréactivité nasale (L. Gilain, Clermont-Ferrand) témoigne d’un déséquilibre entre la muqueuse respiratoire et l’environnement de l’individu, qu’il soit ou non allergique. Par analogie avec les bronches, ce diagnostic ne devrait être retenu que devant l’augmentation des résistances nasales observées lors d’un test à la métacholine. Malheureusement, ce test n’est pas encore standardisé. Après stimulation, il y a une réaction immédiate, avec vasodilatation, stimulation nerveuse et sécrétion de mucus. Dans les heures qui suivent apparaissent un recrutement cellulaire et une activation des cellules de l’inflammation. À l’échelle du mois ou de l’année apparaissent des lésions et un remodelage tissulaires. ● Pour P. Marandas (institut Gustave-Roussy, Villejuif), l’imagerie présente un triple intérêt dans le suivi des patients traités pour un cancer des VADS : rechercher une récidive, faire le bilan de son extension et évaluer les séquelles thérapeutiques. Il insiste beaucoup sur le fait que l’imagerie ne doit être demandée qu’après un examen clinique et qu’il faut fournir au radiologue suffisamment de renseignements sur la localisation initiale et son traitement, faute de quoi il ne pourra pas interpréter les modifications liées au traitement. Un bilan post-thérapeutique de départ, effectué 3 à 4 mois après la fin du traitement, est utile, mais il n’est pas indispensable si l’examen clinique est normal et la tumeur de bon pronostic. Une imagerie doit être demandée si un nouveau symptôme apparaît ou s’il y a à l’examen une modification des structures des VADS qui pourrait correspondre à une récidive. L’imagerie sera plus systématique pour les localisations à fort potentiel de récidive ou difficiles à explorer cliniquement. Il ne faut pas oublier que le diagnostic n’est indispensable que s’il y a un traitement efficace à proposer. La surveillance des poumons se fait par radiographies systématiques à 3 mois, puis deux à trois fois par an pendant deux ans, et enfin tous les ans. L’imagerie peut aussi aider au diagnostic des séquelles de la radiothérapie. L’ostéoradionécrose mandibulaire est visible sur les clichés standard. L’évaluation des troubles de la déglutition fait appel à des techniques d’imagerie particulières. La TDM ou l’IRM peuvent permettre de repérer une nécrose des cartilages laryngés et une fibrose des espaces paraglottiques. Pour explorer une fibrose des masticateurs, une radionécrose cérébrale ou une myélite postradique, l’IRM est plus performante que la TDM. La TDM est donc indiquée dans le suivi des cancers du larynx et de l’hypopharynx ou dans celui des métastases ganglionnaires, et l’IRM dans la surveillance des cancers du cavum ou de l’oropharynx ; cependant, après traitement d’un cancer du massif facial, les deux examens doivent être demandés. ● ● L. Castillo (Nice) a traité de la place de l’imagerie. La radiographie standard a vécu, l’IRM a peu d’intérêt en première intention. La TDM n’est pas recommandée en cas de rhinite allergique, si la symptomatologie est typique et s’il y a une bonne réponse au traitement médical. En revanche, elle est conseillée en cas de rhinite non allergique, pour examiner les cavités sinusiennes et éliminer une tumeur, ce que l’on ne peut faire à l’endoscopie endonasale. Le principe de la radiofréquence est de créer une lésion thermique par ondes radio en procédant à une élévation de la température tissulaire progressive et contrôlée. Elle produit une lésion focalisée autour de l’électrode, sans charbonnage. A. Coste (Créteil) a présenté une revue de la littérature sur l’utilisation de la radiofréquence au niveau des cornets inférieurs pour le traitement de l’obstruction nasale rebelle aux traitements médicaux. Après une phase d’aggravation de J0 à J3, les patients ressentent une amélioration de leur obstruction nasale dès J7. Les effets adverses, de type croûtes, sécrétions et saignements, sont rares. Cette technique respecte la clairance mucociliaire. Quelques comparaisons ont été effectuées avec d’autres techniques instrumentales, mais il est bien ● La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 296 - janvier-février 2005 9 A C T U A L difficile d’en tirer des conclusions, car les séries sont de petite taille. La radiofréquence présente l’avantage de pouvoir être effectuée sous anesthésie locale au fauteuil. Pour le patient, cette technique est efficace à moyen terme, bien tolérée, peu contraignante, mais coûteuse, puisque les électrodes sont à la charge du patient. Divers types de lasers sont utilisés pour traiter l’hypertrophie turbinale (E. Serrano, Toulouse). L’important, pour qu’un laser puisse être utilisé dans le nez, c’est que le rayon laser soit transmis par une fibre. Plus la longueur d’onde est élevée, plus la pénétration est importante. Les comparaisons entre les différents lasers sont difficiles, car les séries sont petites, et les protocoles mal précisés et très variables. L’épithélium de surface détruit se régénérera en moins de 6 mois. Après une aggravation transitoire du fait de croûtes et de fausses membranes, les patients ressentent une amélioration de leur obstruction nasale. ● ● Dans ces obstructions nasales, D. Stoll (Bordeaux) préconise d’intervenir sur la cloison nasale. Avec la technique de Cottle, il observe, à 6 mois, 72 à 86 % de bons résultats sur la symptomatologie clinique et la rhinomanométrie, et 90 % de bons résultats si l’on ne tient compte que des résultats fonctionnels chez des patients n’ayant pas de rhinite allergique. Dans son expérience, l’ajout d’une turbinectomie partielle n’améliore pas les résultats. La cautérisation est une méthode plus que centenaire de traitement des obstructions nasales (J.M. Klossek, Poitiers). La cautérisation à l’électrode de Bourdial provoque souvent des croûtes, et ses résultats sont difficiles à apprécier car, bien que largement utilisée, cette méthode n’a pas donné lieu à des publications de suivi longitudinal des patients. Le risque de la méthode est la nécrose du cornet inférieur et la survenue de séquestres osseux. J.M. Klossek a publié récemment les résultats de la cautérisation bipolaire sous endoscope chez 87 patients. Avec 5 ans de recul, 73 % d’entre eux sont satisfaits et 79 % seraient d’accord pour recommencer. Les patients signalent que les quinze premiers jours postopératoires sont difficiles. La résection sous-muqueuse du cornet inférieur est elle aussi une méthode très ancienne, qui a été décrite à la fin du XIXe siècle. Mori a publié, en 2002, les résultats d’une étude portant sur 45 patients souffrant de rhinite allergique rebelle, et note 80 % de succès à 5 ans sur un questionnaire de qualité de vie. Percodani a publié en 1996 les résultats d’une étude portant sur une série pédiatrique de résection partielle du cornet inférieur, où elle note 90 % de succès. Le problème de la turbinectomie est le risque d’hémorragie secondaire, parfois mortelle, qui, selon les séries, varie de 0,5 à 10 %. Entre toutes ces techniques, il est bien difficile de choisir. Il y a pour le moment peu d’études comparatives. Signalons cependant celle de Passali, publiée en 1999. Sur 382 patients, il a pu observer que l’ordre d’efficacité croissant était le suivant : la cautérisation, la cryothérapie, la résection sous-muqueuse et la turbinectomie. I T É sujet âgé (plus de 65 ans selon la définition de l’OMS) ont été présentés par l’équipe de la Fondation Rothschild (B. Aziz, Paris). Dans le premier cas, le fraisage doux et prolongé de la platine est la principale difficulté de cette chirurgie, mais sans augmentation de l’incidence des labyrinthisations. Le gain auditif est voisin de celui de toute otospongiose, avec cependant un moins bon Rinne résiduel. Un Rinne résiduel inférieur à 20 dB a été obtenu dans 95 % de cas. Par ailleurs, il n’y a pas de différence quant aux résultats entre platinectomie et platinotomie. Il n’y a pas de signes préopératoires pathognomoniques de l’otospongiose oblitérante, notamment sur le scanner. Chez le sujet âgé, le traitement chirurgical de l’otospongiose est utile pour corriger une surdité de transmission invalidante ou pour faciliter l’adaptation audioprothétique. La fermeture du Rinne (< 20 dB) a été obtenue dans tous les cas ; les Rinne résiduels inférieurs à 10 dB sont un peu moins fréquents que chez les sujets jeunes (68 % versus 96 %). L’équipe de Clamart (M. Kossowski) a tenté de définir, à travers une étude faite sur le personnel navigant, un profil de l’évolution naturelle de la maladie otospongieuse. Sur 24 patients suivis (29 oreilles), on a constaté les points suivants : survenue retardée chez l’homme (33,2 ans, contre 28,8 ans chez la femme), délai de bilatéralisation de 9 ans en moyenne, évolution sur le 2 000 Hz plus précoce et plus rapide chez la femme. L’auteur préconise un suivi audiométrique semestriel. ● ● OTOLOGIE Les résultats de la chirurgie d’otospongiose dans le cas d’une otospongiose oblitérante et dans celui de l’otospongiose chez le ● 10 L’apport du laser diode dans la stapédotomie pour ankylose stapédovestibulaire a été exposé par l’équipe de Beaujon (Y. Nguyen). Son inconvénient est le coût important des fibres. L’auteur rapporte les résultats audiométriques postopératoires liés à cette technique et conclut à sa fiabilité. Cet outil présente un plus en cas d’otospongiose oblitérante en rendant l’intervention moins risquée. ● L’équipe de la Fondation Rothschild (D. Ayache) a travaillé sur l’apport de l’IRM des rochers dans la surveillance des cholestéatomes opérés par technique fermée. La décision de révision chirurgicale repose pour certains sur le compte-rendu opératoire du premier temps ; pour d’autres, elle est systématique. L’intérêt de l’imagerie (TDM mais aussi IRM) est de sélectionner les révisions chirurgicales. La TDM des rochers n’est pas contributive quand elle montre une opacité diffuse, qui peut être du tissu cicatriciel, un épanchement ou un cholestéatome résiduel. L’auteur présente deux protocoles d’IRM qui augmentent la fiabilité de l’examen dans cette indication : IRM avec injection de gadolinium avec séquences retardées, et IRM de diffusion. Le principe est que le tissu cicatriciel est faiblement vascularisé (prise de contraste retardée mais constante) alors que le cholestéatome est avasculaire. ● L’équipe de Clermont-Ferrand (A.C. Soubeyrand) a terminé la séance en montrant de superbes images de reconstruction en trois dimensions de l’oreille moyenne. L’intérêt de cette technique a été, à travers la corrélation radiochirurgicale, de visualiser avant l’intervention chirurgicale l’aspect de la chaîne ossiculaire et du mésotympanum. Son utilisation est limitée aux cas d’otite chronique et à l’analyse des structures fines. ■ ● La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 296 - janvier-février 2005