LIBÉRALE Arthrose et polyarthrite rhumatoïde De l’efficacité des coxibs Plusieurs études ont démontré l’efficacité clinique des coxibs, comparable à celle d’AINS de référence pour traiter l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde. Cette efficacité est même supérieure à celle observée avec la prise quotidienne d’antalgique. L es études ont porté sur des effectifs importants et des périodes prolongées. Pour l’arthrose, les paramètres objectifs d’évaluation ont été la douleur au repos nocturne et à la marche, la raideur et l’évaluation globale par le patient. Pour étudier les effets sur la polyarthrite rhumatoïde ont été pris en compte les paramètres classiques tels la douleur, la raideur matinale, le nombre d’articulations douloureuses, le nombre d’articulations tuméfiées... Un volume important de prescriptions a confirmé la validité de ces études. Efficaces certes, les coxibs ne sont pas miraculeux bien qu’ils aient fait l’objet d’une forte médiatisation. En effet, si l’efficacité des coxibs est démontrée avec, pour appui, leur AMM dans les indications pour l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde, ils ne sont pas efficaces chez tous les patients. Il en est d’ailleurs de même pour tous les AINS. Le seuil de la douleur et la susceptibilité individuelle sont les premiers indicateurs. Les coxibs ont surtout démontré une réduction importante des effets secondaires, principalement digestifs. En effet, les AINS, qui constituent l’une des classes pharmacologiques les plus utilisées dans le monde, s’associent à de graves effets secondaires qui font d’eux l’une des premières causes d’accidents iatrogènes. En effet, comme le souligne le Pr Jean Sibilia, de l’hôpital Hautepierre de Strasbourg : « l’un des traitements le plus efficace et le plus utilisé est les AINS. Mais ces molécules vont non seulement bloquer la synthèse des prostanoïdes inflammatoires, mais aussi réduire la production des prostanoïdes aux multiples rôles physiologiques. Ainsi, il est facile de comprendre pourquoi ces AINS si efficaces vont aussi bloquer l’agrégation plaquettaire et favoriser l’apparition de lésions et d’ulcères gastroduodénaux ». Deux formes différentes C’est en réalité la découverte de deux formes différentes de COX qui a modifié les données. On découvre, dans les années 90, le concept COX-1/COX-2. Jusque-là, l’efficacité anti-inflam- matoire des AINS semblait indissociable de leur effet antiagrégant plaquettaire et gastrotoxique. Le Pr Jean Sibilia explique : « La COX-1 est produite de façon “constitutive” par l’ensemble des tissus, permettant ainsi la synthèse des prostanoïdes physiologiques régulant plus particulièrement l’agrégation plaquettaire et la protection de la muqueuse gastroduodénale. La COX-2, en revanche, n’est active que lorsque sa synthèse est “induite” par une agression aiguë ou chronique comme on l’observe dans de nombreuses affections. Cependant, la COX-2 participe aussi à la régulation des fonctions rénales, cérébrales ou reproductrices. » Les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 ont donc prouvé leurs propriétés anti-inflammatoire, antipyrétique et antalgique, comparables à celle des AINS classiques assorties d’une meilleure tolérance gastrique. La seule réticence vient du fait que peu d’études ont concerné les patients atteints d’ulcères gastroduodénal ou de pathologie rénale ou cardiovasculaire. A.-L.P. Conférence Médec Définition des COX Les COX ou cyclo-oxygénases sont les enzymes qui permettent la transformation de l’acide arachidonique en prostanoïdes. Ceux-ci sont produits dans deux types de circonstances : • Dans les conditions physiologiques, ces prostanoïdes ont des rôles multiples : – régulation de l’agrégation plaquettaire et de certaines fonctions endothéliales ; – régulation de la protection muqueuse gastroduodénale ; – régulation de la vascularisation et de la filtration rénale ; – régulation de certaines fonctions cérébrales ; – régulation de certaines fonctions reproductrices. • En cas d’agression, ces prostanoïdes peuvent être produits localement en quantité, permettant ainsi la réponse inflammatoire qui va se manifester par de nombreux symptômes particulièrement gênants tels la fièvre, la douleur, le gonflement. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 36 - avril 2002 39