Michel CHANTEREAU Conservateur de la réserve naturelle nationale de Saint-Mesmin (Loiret) Biodiversité et réserves naturelles Membre de la commission scientifique de Réserves Naturelles de France Membre du Conseil scientifique du patrimoine naturel de la région Centre Les réserves naturelles sont créées pour protéger les joyaux de la biodiversité de notre pays. Nous tenterons tout d‟abord de définir ce mot relativement nouveau de biodiversité ou diversité du vivant, puis d‟en cerner les différentes formes : diversité des espèces, diversité des gènes, diversité des écosystèmes. En quelques chiffres clés, nous verrons ce que représente la biodiversité dans le monde et dans notre pays. La France, au carrefour de quatre régions biogéographiques, a une forte responsabilité dans la sauvegarde de la biodiversité sur le continent européen, mais encore plus outre-mer. Le rythme des extinctions d‟espèces et les principales causes de l‟érosion de la biodiversité seront ensuite exposés. Avec 36 ha, « Grand-Pierre et Vitain » fait partie des quatre réserves françaises qui contiennent des superficies importantes de pelouses sèches calcicoles La biodiversité 75 76 Un outil de suivi des oiseaux Plus de quarante réserves naturelles, dont celle de « Grand-Pierre et Vitain », participent au volet ornithologique du programme « VIGIE-NATURE », coordonné par le Muséum National d‟Histoire Naturelle de Paris, visant à évaluer les tendances d‟évolution des effectifs d‟espèces nicheuses communes. Selon qu‟elles soient généralistes ou spécialistes, les espèces oiseaux ne sont pas toutes égales face au risque de déclin. Ainsi, la plupart des espèces des milieux agricoles ouverts subissent un déclin plus ou moins prononcé, comme par exemple la Linotte mélodieuse. 77 Le réseau des réserves naturelles 78 L’observatoire du patrimoine naturel des réserves Un outil spécifique visant à mesurer l’évolution de la biodiversité dans les réserves naturelles a été mis en place dès 1989 par Réserves Naturelles de France (RNF) : l‟observatoire des réserves naturelles. Cet observatoire permet de recueillir de nombreuses informations sur les réserves elles-mêmes (évolution des surfaces par types de milieux naturels) mais aussi sur les habitats et les espèces qu‟elles recèlent, notamment les plus rares et les plus remarquables. Les résultats sont publiés sous forme de neuf fascicules thématiques. L‟observatoire permet de mieux connaître les forces et les faiblesses du réseau : ainsi les réserves protègent la plupart des habitats d‟intérêt communautaires. Des lacunes apparaissent cependant dans les habitats méditerranéens. Pour ce qui est des espèces menacées, les réserves naturelles protègent un fort pourcentage des oiseaux aquatiques, marins et littoraux. En revanche, les oiseaux rupestres menacés y sont faiblement représentés 79 80 Gérer ou laisser faire En conclusion, à la question : faut-il gérer ou laisser faire la nature qui revient souvent à choisir entre la biodiversité et la naturalité, il sera difficile de répondre en quelques mots tant le sujet est vaste… Tellement vaste qu‟il pourrait faire l‟objet d‟un prochain colloque organisé par la réserve naturelle « Grand-Pierre et Vitain » ! Si la non-intervention est presque toujours le meilleur choix dans la gestion conservatoire de milieux forestiers (le gestionnaire devant simplement mesurer l‟évolution naturelle et veiller à ce que des essences exogènes ne s‟installent pas), la gestion active des milieux ouverts est impérative si l’on veut maintenir les communautés végétales et la faune associée des pelouses sèches de ‘Grand-Pierre et Vitain ». Ce choix, mis en œuvre depuis maintenant trente ans sous forme de fauche et de pâturage, est la condition sine qua non du maintien de la biodiversité hors du commun de cette réserve naturelle. 81