Congrès du GRRC 2005 I

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N F O R M A T I O N S
Congrès du GRRC 2005
e congrès du GRRC, dont le but est de favoriser le développement de la recherche cardiovasculaire dans ses
composantes fondamentales, cliniques et thérapeutiques et d’encourager le rapprochement et les échanges entre cliniciens et fondamentalistes de la recherche institutionnelle, universitaire et industrielle, s’est tenu les 21 et 22 avril au Palais de
la musique et des congrès de Strasbourg, sous la coordination de
R. Andriantsitohaina ([email protected]). Il a rassemblé 435 participants, dont 166 de moins de
32 ans, et 294 communications affichées y ont été présentées. Au
cours de ces deux journées, trois conférences ont été données par
J.M. Freyssinet (Strasbourg, “Microparticules et dynamique des
cellules vasculaires”), P.Y. Marie (Nancy, “Imagerie in vivo du
remodelage ischémique et de la cicatrisation”) et R. Fischmeister (Chatenay-Malabry, “Compartimentalisation des nucléotides cycliques et régulation de la fonction cardiaque”). Neuf
tables rondes sur les sujets les plus innovants de la recherche cardiovasculaire ont donné lieu à d’intéressants débats. Au cours du
congrès, deux grands essais cliniques de l’année 2004 ont été
L
présentés (études RIO, et étude LIFE dans sa sous-étude sur la
masse ventriculaire gauche) et discutés par des experts cliniciens
et fondamentalistes ; six bourses de recherche et six prix pour les
meilleures communications affichées présentées par de jeunes
chercheurs ou cliniciens ont été attribués (photos 1 et 2). Le prochain congrès s’inscrira dans le cadre du Printemps de la cardiologie, qui se déroulera à Toulouse du 10 au 13 mai 2006 et
sera coordonné par M. Elbaz ([email protected]).
Photo 2. Lauréats
des prix des posters :
J. Thireau, N. Mercier,
O. Fouquet, N. Amabile,
M. Vercauteren,
L. Gomez,
entourés de F. Pinet
(présidente du GRRC,
à gauche) et L. Hittinger
(vice-président, à droite).
Photo 1. Lauréats des prix des bourses : A. Cazes, A.L. Lang, M. Sanson, S. Poteaux, S. Pelloux, L. Leroux, accompagnés, à gauche, de F. Pinet (présidente du GRRC) et G. Loirand (secrétaire aux bourses).
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RÉSUMÉ DES TABLES RONDES
Pathologie de la microcirculation : méthodes d’étude chez
l’homme et approches thérapeutiques (avec le soutien des laboratoires Ardix Therval)
Modérateurs : B. Levy (Paris) et T. Couffinhal (Bordeaux)
C. Emanueli (Italie) a exposé les applications potentielles du système bradykinine dans la maladie ischémique. La kallicréine tissulaire humaine possède des effets angiogéniques importants. Cette
molécule a un effet angiogénique pléiotropique en agissant par le
clivage enzymatique du kininogène et le relargage des peptides de
kinine. Les kinines se fixent sur leur récepteur de types B1 et B2 et
exercent un effet prolifératif sur les cellules endothéliales via la voie
PI3K-AKT-NO, indépendante du facteur de croissance endothéliale
vasculaire (VEGF). De plus, les kinines stimulent le relargage de
prostacyclines angiogéniques. Le transfert génique de la kallicréine
tissulaire humaine induit un effet angiogénique dans les tissus ischémiques chez la souris normale comme chez les animaux hypertendus ou diabétiques, dans des modèles d’ischémie du membre inférieur ou d’infarctus du myocarde. Ce groupe vient de montrer que
la thérapie génique prophylactique par la kallicréine tissulaire, dans
un modèle d’ischémie musculaire squelettique chez l’animal diabétique, prévient le développement de l’atteinte nerveuse dans le
cadre de la micro-angiopathie et stimule la collatéralisation. C. Griffon (faculté de médecine, Strasbourg) a confirmé l’intérêt thérapeutique de la kallicréine en montrant, dans un modèle d’ischémie
du membre inférieur chez le lapin, que la cotransfexion d’un plasmide codant pour la kallicréine tissulaire et pour le récepteur B2 de
la bradykinine accélérait la restauration de la perfusion et potentialisait la néo-angiogenèse dans le muscle ischémique. L’utilisation
d’une forme mutée du récepteur B2, caractérisée par une plus faible
internalisation, majore encore cette synergie. J. Vilar (CRCL, U689,
Paris) a ensuite montré que des rats SHR, qui spontanément ont une
augmentation des résistances vasculaires périphériques du fait d’une
raréfaction microvasculaire lorsqu’ils sont maintenus en condition
hypoxique, que ceux-ci développent une angiogenèse tissulaire qui
diminue progressivement leur résistance vasculaire périphérique,
prévenant ainsi le développement de l’hypertension. G. Rosey (hôpital cardiologique de Lille) a exposé ses résultats obtenus chez
l’homme et a montré que la présence d’un faible taux de facteur
tissulaire et d’un diabète, le sexe féminin et le tabagisme sont
corrélés à un plus faible taux de circulation coronaire collatérale. La
session s’est conclue par une revue de B. Levy (CRCL, U689, Paris)
sur les nouvelles méthodes d’étude de la circulation artériolocapillaire chez l’homme. Après avoir rappelé l’intérêt et les limitations des méthodes comme la capillaroscopie, la mesure du flux
dépendant de l’endothélium ou du PETscan, l’orateur a rapporté une
méthode prometteuse d’étude de la microcirculation au niveau digital par une sonde laser-doppler couplée à la délivrance de très faibles
doses d’agents vasomoteurs par ionophorèse.
Arythmies ventriculaires : aspects électrophysiologiques et place
du défibrillateur cardiaque (avec le soutien des laboratoires
Guidant)
Modérateurs : M. Chauvin (Strasbourg) et S. Hatem (Paris)
Cette table ronde a été une nouvelle illustration du continuum
qui existe entre l’électrophysiologie clinique et l’électrophysio16
logie fondamentale. Elle s’est ouverte sur une très élégante communication de M. Chauvin (CHU de Strasbourg) qui a retracé
l’aventure du défibrillateur implantable, depuis les premières
images, chez un chien lourdement appareillé, d’une mort subite
ressuscitée jusqu’aux derniers défibrillateurs implantables miniaturisés capables également de resynchroniser le cœur défaillant.
M. Chauvin a souligné toute l’importance d’une meilleure compréhension des bases moléculaires et cellulaires des arythmies
ventriculaires afin de mieux identifier les patients à risque. En
réponse, V. Probst (U533, Nantes) a exposé la complexité de la
relation génotype-phénotype chez des patients porteurs de mutations dans le gène du canal sodique SNC5A de type syndrome
de Brugada, mais qui développent un trouble progressif de la
conduction de type maladie de Lenègre. B. Gavillet (département de pharmacologie, Lausanne) a présenté ses résultats montrant comment la dystrophine, large complexe protéique sousmembranaire, stabilise les canaux sodiques. Ces résultats ouvrent
d’importantes perspectives de recherche sur les relations entre la
micro-architecture cellulaire et l’activité électrique. C. Pinet
(U621, Paris) a ensuite montré que la thrombine est un puissant
activateur des canaux sodiques cardiaques en agissant, en partie,
sur les récepteurs PAR1. Cette régulation pourrait être à l’origine
d’effets arythmogènes lorsque se forme un thrombus dans les
cavités cardiaques. Au travers d’une approche originale consistant à transfecter les myocytes cardiaques avec un gène codant
pour un canal sensible à l’accumulation d’AMPc sous-membranaire, A. Gerges (U446, Châtenay-Malabry) a montré que la
compartimentation de ce nucléotide est altérée au cours du remodelage hypertrophique. Enfin, J. Thireau (université FrançoisRabelais, Tours) a adapté à la souris les techniques d’analyse
spectrale du rythme cardiaque permettant d’étudier la variabilité
sinusale et l’influence du système neurovégétatif dans des
modèles de transgenèse.
Modification du génome et physiologie intégrée
Modérateurs : D. Metzger (Strasbourg) et L. Carrier (HambourgParis)
D. Metzger (IGBMC, Illkirch) a fait une synthèse des différentes
approches de transgenèse ciblée chez la souris avec le système
Cre/loxP. Il a souligné, en particulier, l’intérêt d’effectuer une
mutagenèse somatique conditionnelle chez la souris lorsque l’invalidation d’un gène induit une létalité embryonnaire, a des effets
pléiotropiques complexes ou s’accompagne d’une compensation
génique complexe. Pour ce faire, il a développé différents
modèles murins exprimant de facon tissu-spécifique la recombinase Cre chimérique (Cre-ERT et Cre-ERT2), dont l’activité peut
être induite à volonté par le tamoxifène. J.S. Rougier (université de Lausanne) a montré que l’interaction entre le canal sodique
Nav1.5 et l’ubiquitine E3 ligase Nedd4-2 conduit à l’ubiquitination de Nav1.5, à la diminution de sa densité membranaire et à
son internalisation dans des cellules HEK. Cela s’accompagne
d’une diminution drastique du courant sodique. Ces résultats suggèrent que la régulation de Nav1.5 par son ubiquitination peut
réguler l’excitabilité des neurones et des myocytes en modulant
la densité du canal à la membrane. N. Lalevée (LGPD, Marseille)
a présenté l’intérêt du modèle drosophile pour étudier la fonction cardiaque. En particulier, elle a étudié le rôle du canal potasLa Lettre du Cardiologue - n° 387 - septembre 2005
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sique ORK1 (KCNK0) sur le rythme cardiaque. La perte de fonction de ORK1 conduit à une augmentation de la fréquence cardiaque et à la disparition des pauses diastoliques en diastole, alors
que le gain de fonction conduit à un arrêt total des battements
cardiaques et à une dilatation cardiaque. Ces résultats semblent
dus aux variations de potentiel de membrane induites dans la
région du pacemaker par l’inactivation (dépolarisation) ou la surexpression (hyperpolarisation) de ORK1. N. Vignier (U582,
Paris) a présenté un modèle murin de cardiomyopathie hypertrophique par transgenèse ciblée sur le gène codant la protéine C
cardiaque avec le système Cre/loxP. Cette souris porte une mutation ponctuelle conduisant à une protéine mutée E258K, associée chez l’homme à un très mauvais pronostic. Les messagers
et la protéine mutante sont très faiblement exprimés. Ces résultats suggèrent un nouveau mécanisme physiopathologique associant protéine poison et haplo-insuffisance. C. Charvet (Institut
Cochin, Paris) a présenté un modèle murin de cardiomyopathie
dilatée par invalidation du gène SRF dans le cœur adulte par le
tamoxifène. L’organisation des myocytes ainsi que l’expression
de différentes protéines impliquées dans l’homéostasie calcique
sont altérées. Ce modèle reproduit les caractéristiques morphologiques et phénotypiques de la maladie et permet d’étudier les
différentes voies moléculaires conduisant à l’insuffisance cardiaque.
Nouvelles cibles pharmacologiques à visée cardioprotectrice
(avec le soutien des laboratoires Biopharma)
Modérateurs : J. Puel (Toulouse) et C. Piot (Montpellier)
La table ronde a été ouverte par une communication du Pr J.
Puel (CHU de Toulouse), qui a brièvement rappelé l’historique
de la prise en charge de l’infarctus aigu du myocarde. Malgré
les progrès liés aux méthodes de reperfusion (angioplastie et/ou
fibrinolyse), l’évolution de l’infarctus aigu du myocarde reste
parfois défavorable. J. Puel a donc insisté sur le besoin de développer de nouvelles approches pharmacologiques à visée cardioprotectrice complémentaires des méthodes usuelles de reperfusion myocardique. M. Mangoni (U661, Montpellier) a ensuite
présenté un travail de modélisation étudiant le rôle de l’ivabradine sur l’activité automatique cardiaque. Il a montré que l’action de l’ivabradine passait par un blocage sélectif des
canaux I indice f:If dans le cœur. A. Berdeaux (U660, Créteil)
a rapporté que l’ivabradine possédait un effet anti-ischémique
comparable à celui des bêtabloqueurs dans un modèle de chiens
instrumentés. De manière intéressante, cet effet bénéfique était
obtenu sans modification de la motricité coronaire ni altération
de la contractilité myocardique. A. Berdeaux a également
démontré un effet favorable de l’ivabradine sur la sidération
myocardique dans ce modèle animal. F. Bauer (U644, Rouen)
a ensuite présenté un travail sur la fonction myocardique du rat
âgé par échographie. Dans ce modèle animal, l’ivabradine prévient l’apparition d’une dysfonction cardiaque par baisse de la
fréquence cardiaque. L. Argaud (E0226, Lyon) a montré que la
trimétazidine protégeait le myocarde des conséquences de l’ischémie-reperfusion par une inhibition indirecte du pore de transition de perméabilité mitochondriale chez le lapin. Enfin, P.
Béguin (faculté de pharmacie, Grenoble) a rapporté un rôle préconditionnant de l’hormone érythropoïétine (EPO) recombinante
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humaine lorsqu’elle était administrée une heure avant l’ischémie-reperfusion dans un modèle de cœur de rats isolés perfusés.
Cet effet était dépendant de la NOS inductible et des canaux
potassiques ATP-dépendants.
Risque cardiovasculaire : prise en charge globale et synergique
(avec le soutien des laboratoires Pfizer)
Modérateurs : N. Danchin (Paris) et L. Hittinger (Créteil)
Les facteurs de risque cardiovasculaire, font le lit des maladies
cardiovasculaires et notamment de l’athérosclérose et de ses
complications. Le but de cette table ronde était de faire le point
sur les mécanismes communs conduisant au développement de
l’athérosclérose et de préciser les stratégies thérapeutiques susceptibles d’interférer avec ses complications. L. Hittinger
(U660, Créteil) a précisé la relation qui unissait l’accumulation
des lipides au sein de la plaque et les calcifications artérielles
observables expérimentalement, mais aussi en clinique à l’aide
du scanner ultrarapide. Il a montré que, chez l’animal, l’association d’une dyslipidémie et d’une hypertension aggravait le
processus et que les statines, mais aussi l’association d’un inhibiteur calcique et d’une statine, pouvaient limiter ce processus.
B. Collin (LPPCE, Dijon) a rapporté que l’hypercholestérolémie expérimentale était associée à l’élévation du stress oxydant
artériel et qu’une statine (atorvastatine) pouvait réduire l’activité d’enzymes oxydantes. C. Zawadzki (ERI-9, Lille) a montré que les plaques carotidiennes de patients traités par une statine contenaient moins de facteur tissulaire et de facteur VII
activé – deux facteurs essentiels à l’initiation de la coagulation
– que les patients non traités. P. Amouyel (U508, Lille) a
répondu à la question suivante : les patients sont-ils égaux face
au risque cardiovasculaire ? La réponse est claire : les patients
ne sont pas égaux. Il existe en effet des différences notables en
fonction de la géographie (gradient Nord-Sud), du sexe, des
conditions sociales, des habitudes de vie, de l’accès aux soins
et de la prise en charge des différents facteurs de risque cardiovasculaire par différentes molécules, dont les statines. Enfin,
X. Girerd (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris) a précisé les
nouveaux paradigmes de la prévention des complications cardiovasculaires chez l’hypertendu et a montré que, à côté de la
réduction des chiffres de pression artérielle, l’adjonction d’une
stratégie anti-ischémique et hypolipémiante, comme l’association amlodipine-statine, pourrait avoir des effets synergiques
sur la réduction des événements cardiovasculaires chez l’hypertendu.
Système nerveux autonome et cardiovasculaire :
implications physiopathologiques et pharmacologiques
Modérateurs : P. Bousquet (Strasbourg) et B. Ghaleh (Créteil)
Le système nerveux autonome sympathique peut présenter deux
aspects. Il est indispensable aux adaptations à court terme (baroréflexe), mais peut devenir délétère dans les stimulations à long terme
(P. Bousquet, E0333, Strasbourg), comme l’illustre l’utilisation
des bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque. Le système nerveux sympathique intervient également dans la pathogenèse de l’hypertension artérielle. Historiquement, la clonidine est le premier
antihypertenseur d’action centrale. Il existe deux façons de réduire
la pression artérielle en agissant au niveau du système nerveux cen17
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tral : d’une part, en stimulant les récepteurs α2-adrénergiques (clonidine) et, d’autre part, en agissant sur les récepteurs aux imidazolines. La rilménidine agit sur le récepteur aux imidazolines de type
I1, mais elle entraîne une sédation liée aux propriétés agonistes des
α2-adrénergiques centraux. D’autres dérivés imidazoliniques ont
été synthétisés pour ne garder que la propriété agoniste I1. Il s’avère
néanmoins qu’il existerait une synergie d’action entre les récepteurs I1 et les récepteurs α2-adrénergiques centraux. Des études sont
en cours pour étendre l’utilisation de cette famille pharmacologique
à d’autres situations d’hyperstimulation sympathique (arythmies au
décours de l’ischémie myocardique, insuffisance cardiaque).
C. Julien (faculté de pharmacie, Lyon) a rappelé que le système
nerveux sympathique est également l’une des composantes
majeures du baroréflexe. Les variations de pression artérielle peuvent être analysées par des méthodes spectrales ou en utilisant la
transformée de Fourrier. Cette composante sympathique du baroréflexe peut être modélisée. C. Sévoz-Couche (U677, Paris) nous
a montré que, au cours des réactions de défense de type agression,
la stimulation 5HT3 présynaptique permet la libération de GABAA
qui inhibe la bradycardie réflexe liée à l’augmentation de pression
artérielle. En revanche, au cours des réactions passives au stress
(douleurs viscérales), la bradycardie baroréflexe est potentialisée
par la stimulation des récepteurs 5HT2. M. Pelat (U660, Créteil) a
étudié la variabilité de la fréquence cardiaque chez des souris obèses
(délétion en récepteur aux LDL et/ou à la leptine). L’analyse de la
fréquence cardiaque a montré que l’hypercholestérolémie ou le déficit en leptine sont responsables d’une hypertension artérielle. L’adjonction d’une hypertriglycéridémie aboutit à des altérations de la
variabilité de la fréquence cardiaque. Au niveau central, C. Llorens-Cortes (U691, Paris) a montré, en bloquant l’aminopeptidase A, que l’action hypertensive de l’administration intracérébroventriculaire d’angiotensine II nécessite sa conversion en
angiotensine III. L’inhibition centrale de l’aminopeptidase N a permis de bloquer le catabolisme de l’angiotensine III et a produit une
hypertension artérielle. Cette action centrale serait médiée par les
récepteurs AT1 centraux de l’angiotensine II.
Nouvelles cibles dans le diabète de type 2 : du mécanisme au
traitement (avec le soutien des laboratoires Takeda)
Modérateurs : M. Marre (Paris) et P. Henry (Paris)
Le risque de mortalité cardiovasculaire est multiplié par un facteur 3-4 en cas de diabète de type 2 (P. Henry, hôpital Lariboisière, Paris) et la maladie coronaire est plus sévère. La prise en
charge des patients diabétiques (contrôles de la pression artérielle
et de la glycémie, utilisation d’inhibiteurs des enzymes de conversion [IEC] ou d’antagonistes des récepteurs AT1 de l’angiotensine II et de statines) permet de réduire la fréquence des événements graves, mais cela reste insuffisant. Il apparaît également
que le syndrome métabolique multiplie par 4 ou 5 le risque cardiovasculaire. R. Fressonnet (hôpital Lariboisière, Paris) a rappelé que le diabète de type 2 est un facteur de risque majeur de
complications sévères de macroangiopathies et que celles-ci
débutent avec l’hyperglycémie. En revanche, la durée du diabète
de type 2 n’est pas prédictive des lésions de macroangiopathie,
contrairement à la microangiopathie. Les lésions commenceraient
précocement avec le syndrome métabolique et l’insulinorésistance.
E. Cosson (E0107, Paris) s’est appliqué dans ce contexte à mesu18
rer la rigidité artérielle, qui constitue un facteur de risque cardiovasculaire. Pour ce faire, il a mesuré la vélocité de l’onde de
pouls chez le rat ZDF (Zucker Diabetic Fatty). Ce paramètre est
augmenté au cours du développement de ces animaux, mais n’est
pas significativement différent par rapport aux animaux contrôles.
D’un point de vue pharmacologique et thérapeutique, M. Marre
(hôpital Bichat, Paris) a rappelé l’existence d’un système rénineangiotensine (SRA) au niveau des cellules bêtapancréatiques et
le fait qu’une perfusion d’angiotensine II supprime la phase précoce d’insulinosécrétion. Ainsi, le blocage du SRA permet de
réduire le risque de survenue d’un diabète en améliorant la sécrétion d’insuline et en agissant probablement au niveau du transport du glucose (GLUT 4). Ces effets seraient la conséquence de
l’inhibition de l’action de l’angiotensine II, mais également de
la bradykinine lorsque des IEC sont utilisés. V. Gaillard (U684,
Nancy) a utilisé des rats ayant reçu de fortes doses de vitamine
D3 et de nicotine pour induire des calcifications artérielles. L’administration de pioglitazone a permis de réduire la vélocité de
l’onde de pouls et de restaurer la filtration glomérulaire ainsi que
le débit sanguin rénal. Enfin, J. Girard (U567, Paris) a exposé
les futures cibles thérapeutiques dans le diabète de type 2. Le glucagon-like peptide 1 (GLP-1) favorise l’exocytose d’insuline et
réduit la sécrétion de glucagon ainsi que la prise alimentaire.
Cependant, des progrès sont à réaliser dans la forme d’administration. Il a également cité, entre autres, les inhibiteurs des tyrosines phosphatases 1B et les activateurs d’AMP kinase. De nombreuses pistes pharmacologiques prometteuses sont à l’étude.
Bêtabloquants, NO et insuffisance cardiaque. Du mécanisme
au traitement (avec le soutien des laboratoires Menarini)
Modérateurs : A. Cohen-Solal (Clichy) et C. Boulanger (Paris)
A. Cohen-Solal (hôpital Beaujon, Clichy) a présenté les résultats
des principaux essais réalisés dans l’insuffisance cardiaque montrant que les bêtabloquants diminuent la mortalité, la mort subite
et la durée d’hospitalisation, avec une amélioration des symptômes et un effet favorable sur le remodelage. L’effet bénéfique
des bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque serait dû principalement à leur effet bradycardisant, qui prévient la diminution
de la force contractile du muscle cardiaque. S’y ajoutent des effets
antirénines, antiapoptotiques, antioxydants, combinés à la restauration de la machinerie calcique. L’augmentation de la production de NO endothélial par certains bêtabloquants comme le
nébivolol contribuerait aussi à leur effet bénéfique, alors que l’effet sympathomimétique de certains composés de cette classe serait
néfaste. B. Rozec (U533, Nantes) a ensuite exposé les activités
bêta3 agonistes du nébivolol, un antagoniste bêta1-adrénergique.
Le nébivolol relaxe des artères isolées par un mécanisme dépendant du NO endothélial et des récepteurs bêta3-adrénergiques. Il
a aussi été montré que les microvaisseaux coronaires humains
expriment le récepteur bêta3-adrénergique au niveau de l’endothélium et se relaxent sous l’effet du nébivolol par un mécanisme
dépendant du NO. L’expression du récepteur bêta3-adrénergique
endothélial serait augmentée au cours de l’insuffisance cardiaque.
C. Heymes (CRCL, U689, Paris) a ensuite exposé les différentes
isoformes de NO synthases exprimées dans le cœur et leur rôle
respectif dans l’insuffisance cardiaque. L’expression et l’activité
de la NOS neuronale de type 1 sont augmentées dans le cardioLa Lettre du Cardiologue - n° 387 - septembre 2005
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myocyte au cours de l’insuffisance cardiaque. En revanche, la
NOS inductible ne semble jouer aucun rôle, alors que l’expression de la NOS endothéliale de type 3 est diminuée. Dans le cœur
insuffisant humain, on observe une relocalisation de la NOS1 normalement associée au récepteur de la ryanodine vers le sarcolemme, où elle s’associe alors à la cavéoline 3. Le NO produit par
la NOS1 aurait un effet inotrope négatif dans le cœur normal en
conditions basales et lors de la stimulation bêta-adrénergique au
cours de l’insuffisance cardiaque. Pour clore cette session, G. Toumaniantz (U533, Nantes) a présenté le remodelage des récepteurs bêta-adrénergiques cardiovasculaires induit par la surexpression endothéliale des récepteurs bêta3. Chez le rat
transgénique surexprimant le récepteur bêta3-adrénergique, la
réponse vasodilatatrice à l’isoprotérénol observée en présence de
bloqueurs bêta1-2 est augmentée du fait de la surexpression des
récepteurs bêta3 endothéliaux. L’expression du récepteur bêta3adrénergique dans le cœur est augmentée dans l’insuffisance cardiaque. Dans le cœur de rat transgénique, la perte de la réponse
physiologique à l’isoprénaline est due à la diminution des récepteurs bêta1-adrénergiques consécutive à l’augmentation de l’expression des récepteurs bêta3-endothéliaux, rappelant la diminution des récepteurs bêta1 dans l’insuffisance cardiaque. Ces études
suggèrent que la fonction cardiaque pourrait être modulée par l’endothélium vasculaire.
Adhésion et matrice extracellulaire
Modérateurs : J.B. Michel (Paris) et G. Loirand (Nantes)
La réorganisation de la matrice extracellulaire est une caractéristique commune à l’ensemble des pathologies cardiovasculaires
dont différents aspects ont été évoqués au cours de cette table
ronde. J.B. Michel (U698, Paris) a présenté le phénomène d’anoïkis dans le système cardiovasculaire. L’anoïkis est la mort cellu-
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laire consécutive à la rupture des points d’ancrage entre la membrane cellulaire et la matrice extracellulaire. Le déclenchement
de ce phénomène d’apoptose particulier serait dû à la perte de la
tension normalement exercée sur la cellule par son adhésion à la
matrice extracellulaire. Ce phénomène d’anoïkis pourrait jouer
un rôle dans le développement des anévrismes artériels. D’un
point de vue fonctionnel, les travaux présentés par S. Lehoux
(U689, Paris) ont montré que la métalloprotéinase 9 est impliquée dans l’augmentation de la distensibilité artérielle au cours
de la phase initiale du remodelage artériel d’origine hypertensive. Ce mécanisme adaptatif permet, au moins transitoirement,
le maintien d’une pression artérielle normale. D’autre part,
L. Loufrani (CNRS 6188, Angers) a montré que, dans les artères
de résistance, la vasodilatation induite par le flux implique les
intégrines alpha1-bêta1. L’activation de ces intégrines stimule
l’activité de la NO synthase endothéliale par la voie de signalisation Akt, et induit ainsi une augmentation de la production de
NO, responsable de la vasodilatation. Au niveau cardiaque,
D. Agoulvant (Toronto) a exposé ses travaux concernant les effets
bénéfiques d’une thérapie cellulaire fondée sur l’utilisation de
cellules surexprimant l’inhibiteur tissulaire des métalloprotéinases 3 (TIMP3) dans un modèle d’infarctus. Ses résultats suggèrent que la surexpression de TIMP3 réduit la taille de l’infarctus
et préserve la fonction systolique. À côté de ses fonctions structurales, la matrice extracellulaire est aussi un “réservoir” de facteurs de croissance ou angiogéniques. Les travaux présentés par
A. Cazes (U36, Paris) ont montré que, dans les cellules endothéliales, l’hypoxie induit l’expression de l’angiopoietin-like 4.
L’angiopoietin-like 4 sécrétée se lie à la matrice extracellulaire
et joue un rôle inhibiteur de l’adhésion et de la migration des cellules endothéliales.
J.L. Hittinger, hôpital Henri-Mondor, Créteil
L’infos Congrès “Actualités de l’hypertension artérielle pulmonaire. 9e Congrès de pneumologie de langue française (Lille, 5 février 2005)”
de La Lettre du Pneumologue, routé aux abonnés de La Lettre du Pneumologue en juin 2005 et de La Lettre du Cardiologue en septembre 2005,
a pour objectif de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche.
Ainsi, les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par la Commission d’autorisation de mise sur le marché
de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), et ne doivent donc pas être mises en pratique.
Les articles publiés dans “La Lettre du Cardiologue” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
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EDIMARK SAS © mai 1983
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✓ Ce numéro est routé avec un Info Poster
“Les cardiologues, les alpha-bloquants et les antihypertenseurs centraux dans l’HTA – Apport de l’étude CAP” (4 pages).
La Lettre du Cardiologue - n° 387 - septembre 2005
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