8 Actualité Santé Les hémorroïdes Un sujet encore tabou pour certains Malgré une incidence importante, la maladie hémorroïdaire reste un sujet que beaucoup de patients hésitent à aborder. Pourtant plus la prise en charge médicale est précoce, plus la maladie hémorroïdaire se soigne facilement. D Infos ... Contre-indications chirurgicales pour l’hémorroïdectomie Aucune contreindication en dehors d’une anémie importante par saignement non compensée. Pour l’anopexie : son utilisation est impossible en cas de lésions proctologiques d’accompagnement comme une fissure anale, une fistule, des marisques volumineuses. La technique est impossible également lorsque l’anus est trop étroit ou en l’absence de prolapsus. ans dix pour cent des cas, la chirurgie doit cependant être envisagée. Le traitement des hémorroïdes concerne d’abord le soulagement immédiat de la douleur puis, à plus long terme, une prise en charge globale, au sein de laquelle les nouvelles techniques chirurgicales trouvent de plus en plus leur place. La pathologie hémorroïdaire représente environ 75 % des consultations proctologiques. Un vaste sujet puisqu’elle regroupe en fait toutes les pathologies liées à la présence d’hémorroïdes : que ce soit les rectorragies, les thromboses, les prolapsus. Cette affection fréquente touche de manière égale les hommes et les femmes, principalement entre 40 et 60 ans. Sa prévalence, difficile à apprécier, ne devrait pas être très loin de 30 % de l’ensemble de la population. Physiopathologie Selon la situation de l’hémorroïde, la maladie concerne des territoires artériels différents. Externes, l’atteinte siège au niveau de l’artère honteuse interne, branche de l’hémorroïdale inférieure. Internes, c’est l’artère hémorroïdale supérieure qui est touchée. Quel est le processus qui déclenche la maladie hémorroïdaire ? Il n’y aurait pas seulement un processus en cause, mais deux. Le premier est vasculaire : une sorte de court-circuit des réseaux intracapillaires provoquerait un afflux de sang dans les plexus hémorroïdaires en les dilatant. Le deuxième, mécanique, met en cause le matériel d’ancrage de l’anus. Sous l’effet de différents facteurs, dont les efforts faits lors de l’émission de selles dures, l’appareil suspenseur se dis- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005 tendrait, faisant glisser vers le bas les réseaux veineux. Deux mécanismes qui peuvent être favorisés ou déclenchés par de nombreux facteurs qui sont : la sédentarité, les troubles du transit, l’alimentation (utilisation répétée d’épices, d’alcool, d’excitants). Mais il peut s’agir aussi de la pratique de certains sports ou de la soumission continue à un stress important, qui sont autant de causes fréquemment retrouvées. Comme parfois l’utilisation répétée de certains laxatifs, et un certain rapport avec la production hormonale : en per menstruel ou en per natal, les thromboses hémorroïdaires sont plus fréquentes. Clinique Si la douleur fait consulter, la rectorragie n’inquiète pas assez le patient, parfois même l’équipe soignante. Une rectorragie peut être liée à la présence d’hémorroïdes mais peut aussi, jusqu’à preuve du contraire, révéler une pathologie colorectale tumorale. Une coloscopie totale doit donc être proposée à toute personne de plus de 45 ans saignant par voie rectale d’autant plus s’il existe des antécédents familiaux et/ou des facteurs de risque tumoro-colique. Ce saignement, classiquement du sang rouge vif aéré, accompagnant la fin des selles, cède à l’obturation de l’anus, une fois les selles émises. Il n’est pas systématique et est généralement bien toléré. Bien que, dans quelques cas, ce saignement finisse par produire une anémie par déglobulisation massive. La douleur n’est pas non plus synonyme d’hémorroïdes puisque celles-ci ne sont douloureuses que si elles ont thrombosé. Autre manifestation révélatrice : le prolapsus. Rarement complet, circonférentiel, il est plus fréquemment localisé à une hémicirconférence, voire un quadrant. Il apparaît lors des selles et disparaît après leur émission. Permanent, il peut devenir douloureux, suintant et prurigineux. Il doit alors être réintégré manuellement. En cas de rupture veineuse, sous une trop forte pression, est réalisée une thrombose avec son thrombus qui est externe, extravasculaire et non une thrombophlébite avec un caillot interne et son risque embolique. L’accident n’en demeure pas moins particulièrement douloureux, nécessitant un geste thérapeutique libératoire d’urgence. Il est toujours résolutif à plus ou moins long terme cependant. La résolution parfois incomplète peut laisser en place une marisque résiduelle. Traitement Médical, le traitement n’est justifié que face à une polythrombose. En ce cas, en plus des veinotoniques à forte doses (qui n’ont pas réellement démontré leur efficacité), seront prescrits des antalgiques, des antiinflammatoires, voire des corticoïdes par voie générale et locale. C’est le traitement type de première intention. En cas d’échec, ou de récidives, on doit passer aux techniques expérimentales. Que ce soit la sclérothérapie ou la photocoagulation. En cas de nouvel échec, deux techniques opératoires existent. D’abord l’hémorroïdectomie : méthode classique et la plus répandue donnant plus de 90 % de résultats satisfaisants avec cependant des suites douloureuses et une cicatrisation longue sur 6 à 8 semaines. La deuxième méthode, l’anopexie de Longo, consiste en l’exérèse d’une collerette de muqueuse rectale. Cette technique plus récente demande cependant à être encore évaluée, même si ses suites immédiates déjà constatées sont plus satisfaisantes. Jacques Bidart