Actualité A ctualité 113e Congrès de la Société française d’ORL et de chirurgie de la face et du cou 113th Congress of the French ENT Society IP M. François* Mots-clés : Radiologie - Otologie - Otospongiose - Agénésies mineures - Cholestéatome - Tumeurs du rocher. Keywords: Imaging in otology - Otosclerosis - Inner and middle ear malformations - Cholesteatoma - Petrous tumors. L e 113e Congrès de la Société française d’ORL et de chirurgie de la face et du cou s’est tenu au palais des Congrès à Paris les 8, 9 et 10 octobre 2006, sous la présidence du Pr C. Beauvillain de Montreuil. Cet article rend compte de la table ronde “La radiologie en otologie : quand, comment, pourquoi ?”, organisée sous l’égide de l’Association française d’otologie et d’oto-neurologie, et modérée par O. Sterkers et C. Martin. L’objectif était de préciser dans quels cas une imagerie doit être demandée, la façon dont doit être formulée la demande d’examen, et ce que l’on est en droit d’attendre de celui-ci. l’oTosPongiosE (d’après la communication de B. Fraysse et B. Escude, Toulouse) L’ORL doit savoir lire les images scannographiques. La tomodensitométrie (TDM) permet de confirmer le diagnostic d’otospongiose, de préciser la localisation et l’extension des lésions ainsi que les conditions anatomiques chirurgicales, et aide au diagnostic et au traitement en cas de complications ou d’échec de l’intervention. Le foyer otospongieux se manifeste par une ou des plages d’hypodensité de la capsule otique. On note dans 95 % des cas une localisation antérieure, isolée ou associée à d’autres foyers. Le foyer antérieur typique se manifeste par une hypodensité de taille variable. L’importance du Rinne audiométrique dépend de la fixation et non de la taille du foyer. L’épaississement isolé de la platine est rare. Les progrès des machines font que le taux de TDM positives est passé de 84 % en 2001 à 92 % en 2006, et celui de TDM négatives de 16 % en 2001 à 3 % en 2006. Connaître en préopératoire l’extension des lésions otospongieuses a un intérêt pour le pronostic chirurgical. L’extension * Service ORL, hôpital Robert-Debré, Paris. 6 à l’endoste ou l’atteinte de la fenêtre ronde augmentent notablement les risques de lésions définitives de l’oreille interne lors de la chirurgie. L’étroitesse de la fenêtre ovale, la procidence du nerf facial, une platine oblitérative font craindre des difficultés opératoires. La TDM peut montrer d’autres anomalies : une fixation du marteau dans l’attique, une fixation de l’enclume par un foyer de tympanosclérose, une déhiscence du canal semi-circulaire supérieur, une anomalie du fond du conduit auditif interne. Une TDM négative peut correspondre à une forme infraradiologique d’otospongiose ; il faut alors savoir que, dans ces cas de foyers très superficiels, le risque de platine mobile est multiplié par 10. En cas d’échec chirurgical, la TDM permet de confirmer le diagnostic d’otospongiose et de rechercher la cause de l’échec : montage ossiculaire trop court, fixation de la tête du marteau, luxation de la prothèse, réossification de la fenêtre ovale. Les complications chirurgicales sont rares et se traduisent par des signes cliniques de labyrinthisation. La cause peut en être un piston trop long, une fistule périlymphatique (pneumolabyrinthe), une hémorragie intralabyrinthique, un granulome intralabyrinthique ou une labyrinthite infectieuse. AgénésiEs MinEuREs ET MiCRoMAlFoRMATions (d’après la communication de A. Robier, Tours et F. Veillon, Strasbourg) La fréquence de l’aplasie mineure chez l’enfant se situe entre 1 cas sur 10 000 et 1 cas sur 20 000 ; celle-ci est bilatérale dans 30 à 40 % des cas, et familiale dans 15 % des cas. Il faut évoquer ce diagnostic devant une surdité de transmission ancienne, connaissant parfois une aggravation récente, sans acouphène ni vertige, surtout si cette surdité est associée à des anomalies mineures du pavillon de l’oreille, à des fistules cervicales ou préhélicéennes. L’otoscopie peut révéler une anomalie du diamètre ou de l’orientation du conduit auditif externe ou de la membrane tympanique. Les aplasies mineures peuvent être isolées ou faire partie d’une association syndromique telle que le syndrome de Rasmussen (délétion 18q ter), l’association CHARGE, le syndrome branchio-oto-rénal, la surdité liée à l’X (risque d’oreille geyser, contre-indication chirurgicale). Par ailleurs, certaines micromalformations sont responsables d’une surdité de perception congénitale uni- ou bilatérale, moyenne La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale - n° 309-310 - avril-septembre 2007 à profonde, progressive ou fluctuante, parfois aggravée par une variation brusque de pression. L’examen radiologique comportera dans un premier temps une TDM en fenêtre osseuse, comparant les deux rochers, avec des coupes millimétriques parallèles aux canaux semicirculaires externes. Les malformations les plus fréquentes sont la fixation du marteau, les anomalies de l’étrier et de la platine. Pour parler de fixation de la tête du marteau, il faut que l’image dense reliant la tête du marteau à l’attique fasse au moins la moitié de la largeur de la tête du marteau. En ce qui concerne la platine, une augmentation d’épaisseur opaque est en faveur d’une inflammation calcifiée, alors qu’une hypodensité est plutôt en faveur d’une inflammation, en particulier chez l’enfant. Au niveau de l’oreille interne, on recherchera une dilatation du canal semi-circulaire externe, un aplatissement ou un défaut de segmentation de la cochlée. Les anomalies du sac endolymphatique, de la cochlée et des nerfs cochléaires sont en fait mieux appréciées sur l’IRM. Le canal du nerf cochléaire doit mesurer au moins 2,5 mm ; l’absence de modiolus fait redouter une oreille geyser, et le nerf cochléaire peut être considéré comme absent s’il n’est pas visible sur les coupes sagittales et axiales. iMAgERiE Du CHolEsTéAToME (d’après la communication de C. Veyret et C. Martin, Saint-Étienne) La TDM a une bonne résolution spatiale, mais est irradiante. Elle est intéressante : – pour rechercher un cholestéatome secondaire non compliqué (qui se manifestera par une opacité érodant l’éperon, ou une opacité sous-ligamentaire postéro-inférieure) ; – pour apprécier le risque de complication (fistule du canal semi-circulaire externe, paralysie faciale) ; – en cas d’échec fonctionnel, pour rechercher un cholestéatome résiduel ou récidivé (figure), une lésion fibro-inflammatoire, un déplacement d’un montage ossiculaire. L’IRM est indiquée lorsque la TDM est anormale, pour différencier un cholestéatome résiduel d’une lésion inflammatoire, et en cas de complication suspectée à l’examen clinique ou à la TDM. Actualité A ctualité TDM Aucune opacité Opacité partielle Aspect rassurant Opacité totale Suspecte Chirurgie IRM Anormale Surveillance Normale Figure. Renseignements apportés par la TDM chez un patient opéré d’un cholestéatome. TuMEuRs Du RoCHER ET DEs Régions AVoisinAnTEs (d’après la communication de O. Sterkers, Beaujon et J.L. Bensimon, Paris) L’imagerie pour le diagnostic et le bilan d’extension d’une tumeur du rocher et des régions avoisinantes comporte une TDM avec et sans injection, un angioscan, une IRM avec et sans injection, et parfois une angio-IRM. L’imagerie va permettre, dans un premier temps, d’éliminer les pseudotumeurs : cholestéatome, granulome à cholestérine, otite externe maligne, méningocèle. La TDM permet de voir les atteintes osseuses et de différencier les tumeurs évoluant lentement des tumeurs agressives. L’IRM, en combinant les séquences, permet d’approcher le diagnostic anatomopathologique. Si la tumeur est évidente à l’otoscopie, l’imagerie sera utilisée pour différencier une tumeur d’une pseudotumeur, préciser l’extension locorégionale et l’envahissement des structures à risque. Si le tympan est normal, la localisation tumorale est évoquée sur les symptômes : céphalée = apex ; otite séreuse = trompe d’Eustache ; syndrome rétrocochléaire et vertiges = angle ponto-cérébelleux ; surdité de transmission ou mixte = caisse du tympan ; fausses routes, dysphonie et atteinte auditive = trou déchiré postérieur. L’imagerie va confirmer l’existence d’une tumeur, préciser son extension, et participer au choix de la voie d’abord. Elle est aussi précieuse pour le suivi, essentiellement pour les méningiomes et les schwannomes. ■ La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale vous souhaite de tout cœur un bel été et vous remercie de la fidélité de votre engagement 7