tribune Les bénéfices attendus de l’aquaculture – une révolution bleue On a beaucoup écrit sur les promesses dues au développement de l'aquaculture depuis un demi-siècle. En effet, l’approvisionnement en animaux aquatiques issus de l’aquaculture est désormais sur le point de supplanter celui des captures dans le secteur de la pêche. Selon le dernier rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)1, l’aquaculture contribue désormais à hauteur de 46 % à la production mondiale d’animaux aquatiques destinés à l’alimentation. Depuis 1950, l’importance de l’aquaculture mondiale a progressé considérablement puisqu’elle est passée de moins d’un million de tonnes à 52,5 millions de tonnes de production annuelle, avec une valeur commerciale estimée à 98,4 milliards de dollars (US$) en 2008. Ce taux de croissance est trois fois supérieur à celui de la production mondiale de viande (2,7 % pour les deux secteurs confondus de la production de volailles et d’animaux d’élevage) pour la même période. Contrairement au secteur de la pêche, dont le développement a quasiment stagné depuis le milieu des années 80, le secteur de l’aquaculture a maintenu une croissance moyenne annuelle de 8,3 % dans le monde entre 1970 et 2008. Cette situation a eu pour conséquence la multiplication par 10 de la consommation moyenne annuelle par personne d’animaux aquatiques d’élevage, passant de 0,7 kg en 1970 à 7,8 kg en 2008, avec une croissance annuelle moyenne de 6,6 % par an. Néanmoins, malgré l’augmentation de la consommation d’animaux aquatiques et les améliorations des normes nutritionnelles générales, le problème de la malnutrition demeure important, en particulier dans de nombreux pays en développement. Selon la FAO, le nombre de personnes mal nourries dans le monde en 2008 s’élèverait à 1,02 milliard, soit le plus grand nombre de personnes souffrant de la faim depuis 19702. Paradoxalement, de nombreuses personnes dans le monde, y compris dans les pays en développement, souffrent d’obésité et de maladies liées à l’alimentation : elles sont causées par la consommation excessive d’aliments transformés à forte teneur en matières grasses ainsi qu’à des choix de modes de vie et de régimes alimentaires inappropriés. L’augmentation de la production et de la consommation de poisson, avec leur haut taux de conversion alimentaire, leur teneur faible en matières grasses et relativement 1- Toutes les statistiques et informations référencées aux paragraphes 1 et 2 sont extraites de « La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture ». Rome, FAO, 2010, 197 pp. 2- www.fao.org/publications/sofi-2010/en/. 3- www.economist.com/node/1974103. 4- www.economist.com/node/1974450. élevée en acides gras (oméga 3) a été désignée comme un moyen de lutter contre la pauvreté et d’améliorer la sécurité alimentaire et la santé de la population mondiale. En août 2003, le magazine The Economist a publié des articles3, 4, traitant des potentiel et défis que représentait la pisciculture (ou l’aquaculture), qualifiée de révolution bleue. Ces articles, souvent cités, considèrent l’aquaculture moderne comme une nouvelle industrie émergente ; ils comparent son évolution à celle de l’agriculture traditionnelle, progressivement délaissée au profit de l’agriculture commerciale (ou révolution verte) : 4 2012 • 2