Éditorial Cancer de la prostate métastatique : nouveautés et évolution de la prise en charge Metastatic prostate cancer: news and evolution of the support care L e cancer de la prostate est une maladie dépendante de la testostérone. Les premiers travaux de C.V. Huggins et C.V. Hodges, couronnés par un prix Nobel de médecine sur la castration hormonale, remontent aux années 1940. Cependant, après une phase d’hormonosensibilité, la maladie évolue pratiquement de façon inéluctable, le patient devient résistant à la castration et risque de décéder de sa maladie à une phase métastatique. La castration chimique (agonistes ou récemment antagonistes de la LH-RH) a remplacé la pulpectomie. Ce nouveau numéro de Correspondances en Onco-Urologie permet une synthèse exhaustive des nouveautés dans le cancer de la prostate résistant à la castration. Une nouvelle génération d’hormonothérapie bloquant plus spécifiquement les récepteurs des androgènes (MDV3100) ou les enzymes impliquées dans la synthèse de la testostérone sont en développement (acétate d’abiratérone, TAK-700 et autres). L’acétate d’abiratérone vient de démontrer un avantage en termes de survie globale en post-docétaxel en phase de résistance à la castration. La chimiothérapie de type docétaxel est le traitement de choix en phase de résistance à la castration en situation métastatique et le cabazitaxel vient d’obtenir sa mise sur le marché en deuxième ligne en France. La combinaison du docétaxel et du cabazitaxel en séquentiel permet d’avoir des survies de l’ordre de 29 mois en phase de résistance à la castration. Enfin, des traitements ciblant l’os (blocage des ostéoclastes : acide zolédronique ; blocage du facteur d’activation des ostéoclastes RANK ligand : dénosumab ; inhibition de Src : dasatinib ; inhibition de l’endothéline-1 : atrasentan et zibotentan ; destruction des métastases par une radiothérapie métabolique : Alpharadin®) améliorent les symptômes, la qualité de vie et la survie des patients (Alpharadin®). De nouveaux traitements d’immunothérapie renforçant l’immunité du patient (sipuleucel-T, Prostvac®) en situation métastatique chez des patients asymptomatiques améliorent la survie. La voie de l’angiogenèse suscite des déceptions et des interrogations. Doit-on continuer dans cette voie en raison des échecs successifs (bévacizumab, sunitinib et lénalidomide) ou, au contraire, doit-on continuer à explorer cette voie avec de nouvelles molécules ayant une action anti-c-Met (cabozantinib) ? Une meilleure connaissance des facteurs prédictifs de survie des patients en phase métastatique permettra de mieux définir les traitements, d’éviter des toxicités inutiles et d’améliorer l’efficacité de ces molécules avec une réduction des coûts pour la société. La prise en charge du patient présentant un cancer de la prostate est bien une révolution devant amener un allongement de la survie dans les prochaines années de façon substantielle. Le cancer de la prostate peut être considéré comme une maladie chronique en raison des progrès de la médecine et des nouveaux traitements actuellement disponibles. L’utilisation de ces molécules à des stades plus précoces de la maladie doit être engagée afin d’offrir aux patients des traitements adaptés à chaque stade du cancer de la prostate. Bonne lecture ! Correspondances en Onco-Urologie - Vol. II - no 4 - octobre-novembre-décembre 2011 COU-12 + pubs.indd 149 S. Oudard Service de cancérologie médicale, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris et université Paris-Descartes. 149 13/12/11 15:58