U Des érosions cornéennes récidivantes Cas clinique Recurrent corneal erosions

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Cas clinique
Cornée
Des érosions cornéennes récidivantes
Recurrent corneal erosions
A. Labbé, B. Dupas, C. Baudouin
(Service d’ophtalmologie, CHNO des Quinze-Vingts, Paris)
U
ne patiente âgée de 42 ans a consulté pour des douleurs oculaires bilatérales récidivantes évoluant depuis quelques années. Ces douleurs, à type
de brûlures oculaires, étaient très intenses et s’accompagnaient d’un larmoiement important. Les deux yeux avaient déjà présenté ces symptômes, mais
jamais simultanément.
Érosions récurrentes • Cornée
• Dystrophie de Cogan • Micro­
scopie confocale in vivo.
Recurrent erosions • Cornea
• Epithelial basement
membrane dystrophy • In vivo
confocal microscopy.
Examen
La patiente n’avait aucun antécédent particulier. L’examen clinique ophtalmologique
ne retrouvait pas d’anomalie au niveau de la cornée ou de la surface oculaire (figure 1).
Seule une légère diminution du temps de rupture du film lacrymal (Break-up
time, ou BUT) à 9 secondes a été mise en évidence. Devant ce tableau évoquant des
érosions cornéennes récidivantes, un examen en microscopie confocale in vivo (HRTII-RCM, Heidelberg Engineering) a été réalisé. Celui-ci a permis d’observer une
membrane basale anormale s’insinuant au sein de l’épithélium cornéen ainsi que
des microkystes intra-épithéliaux (figures 2 et 3), éléments caractéristiques d’une
dystrophie de Cogan.
Discussion
La dystrophie épithéliale microkystique de Cogan (ou epithelial basement membrane
dystrophy [EBMD] pour les Anglo-Saxons) serait la plus fréquente des dystrophies
cornéennes. Autosomique dominante pour certains auteurs, elle est le plus souvent
non héréditaire (1). Bilatérale et souvent asymétrique, cette dystrophie de la cornée
se caractérise cliniquement par des microkystes intra-épithéliaux et des lésions en
empreinte digitale ou en carte de géographie (1). Histologiquement, une membrane
basale anormale s’insinuant au sein de l’épithélium serait caractéristique de cette
dystrophie (2). Cliniquement, bien que souvent asymptomatique, la dystrophie de
Cogan peut être associée à de douloureuses érosions récurrentes de la cornée (3).
Dans le cas de cette patiente, aucune anomalie cornéenne n’avait été retrouvée lors
de l’examen clinique à la lampe à fente. Les érosions récurrentes peuvent être symptomatiques d’une large variété de dystrophies cornéennes antérieures ; elles peuvent
apparaître à la suite d’un traumatisme ou se développer spontanément (1). Il est
donc parfois difficile d’établir un diagnostic spécifique au vu du seul examen clinique
chez des patients se plaignant d’érosions récurrentes. En complément de l’examen
clinique à la lampe à fente, la microscopie confocale in vivo peut aider les cliniciens à
poser le diagnostic.
II
Références bibliographiques
1. Labbé A, De Nicola R, Dupas B et al. Epithelial basement membrane dystrophy: evaluation with the
HRT II Rostock Cornea Module. Ophthalmology 2006;113:1301-8.
2. Cogan DG, Kuwabara T, Donaldson DD, Collins E. Microcystic dystrophy of the cornea: a partial
explanation for its pathogenesis. Arch Ophthalmol 1974;92:470-4.
3. Fogle JA, Kenyon KR, Stark WJ, Green WR. Defective epithelial adhesion in anterior corneal dystrophies. Am J Ophthalmol 1975;79:925-40.
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Légendes
Figure 1. Photographie clinique de l’œil
droit.
Figure 2. Images en microscopie confocale
in vivo (400 µm × 400 µm) de la cornée de
l’œil droit, montrant une membrane basale
anormale (hyper-réflective) s’insinuant au
sein de l’épithélium (a, b) et des microkystes
intra-épithéliaux (c). Sur une vue en coupe,
cette membrane basale anormale est parti­
culièrement bien visualisée (d).
Figure 3. Images en microscopie confocale in
vivo (400 µm × 400 µm) de la cornée de l’œil
gauche, montrant une membrane basale
anormale (hyper-réflective) s’insinuant au
sein de l’épithélium (a, b) et des microkystes
intra-épithéliaux (c) .
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