Cette page de conseils aux parents est téléchargeable sur medecine-et-enfance.net. Vous pouvez l’imprimer pour la remettre aux parents. Conseils aux parents : la constipation Dessin Jacek Przybyszewski Dr O. Mouterde, gastropédiatre, CHU de Rouen Constipation = émission de selles trop rares, trop grosses ou trop dures. Trop rare veut dire moins de trois fois par semaine, la norme étant plutôt de cinq à sept fois par semaine. Un enfant peut être constipé en ayant une selle ou plus par jour, s’il a des fuites de matières et des selles grosses et dures, au moins par intermittence. Beaucoup de constipations apparaissent à l’âge de l’acquisition de la propreté. Pour éviter cela, quelques conseils : 첸 présenter la défécation comme une fonction naturelle, universelle, progressivement intime et privée, à acquérir sans contrainte en moyenne entre deux et trois ans. Expliquer à l’enfant, l’encourager à faire ce progrès dans l’autonomie ; 첸 les toilettes doivent être adaptées : selon l’âge, sur un pot posé par terre, il a les genoux sur le menton. Sur les grandes toilettes, il se tient à la lunette et a parfois peur : pensez aux réducteurs pour la lunette et à des cale-pieds ; 첸 le meilleur moment pour aller aux toilettes est… quand on en a envie. L’intestin prépare ainsi le travail, et c’est en grande partie l’intestin qui pousse, pas l’enfant. Avec l’âge, l’enfant peut apprendre à attendre (la récréation suivante…) ; 첸 il faut encourager l’enfant à prendre son temps, sans excès, pour une évacuation complète ; 첸 ne pas perturber l’image de cette fonction naturelle par des mots inadaptés (« c’est sale », « c’est caca ») ou en la transformant en enjeu de pouvoir (cadeaux, punitions) ; 첸 l’alimentation normale d’un enfant comporte de l’eau, pas trop de boissons sucrées (dont les jus de fruits font partie), des aliments riches en fibres comme les fruits, les légumes, le pain ou le riz complet. Ainsi le tube digestif fonctionne au mieux. Les signes d’alerte à signaler à un médecin : début dès l’âge nourrisson ; épisodes de ballonnement du ventre ou de vomissement lors des phases de constipation ; mauvaise croissance ; débâcles de selles molles lors de l’introduction d’un suppositoire ou d’un thermomètre ; selles aplaties ou striées ; anus ou dos paraissant anormal. Un enfant allaité par sa mère peut avoir des selles rares ou très rares (une par semaine, voire une par mois !). En l’absence des signes du chapitre précédent, c’est une variante de la normale : tout le lait maternel est utilisé et il y a peu de selles. Certains événements peuvent déclencher une constipation : infection saisonnière, grand voyage, camping… Il faut se méfier que la survenue de selles dures émises douloureusement, de fissures anales et de saignements n’incite l’enfant à se retenir, ce qui réalise un cercle vicieux qui peut durer très longtemps. Un court traitement laxatif peut aider. L’école est le lieu où se déclenchent beaucoup de constipations : en maternelle, les wc collectifs bloquent certains enfants ; en CP, c’est la timidité ; au collège, l’hygiène des wc et le manque d’intimité. Attention aux enfants qui se retiennent à l’école ! Encouragez-les à vaincre leurs réticences ; donnez-leur du papier dans leur cartable ; incitez-les à aller aux toilettes plutôt à la maison, par exemple après le repas du soir. Quand un enfant a des fuites de selles involontaires dans ses sous-vêtements, il faut penser à la constipation. Cela est confirmé s’il émet de grosses selles dures de temps en temps. On appelle cela encoprésie, et c’est la complication d’une constipation chronique. Un traitement puissant et prolongé est nécessaire. Il est en général efficace dès quelques jours. Il faut absolument consulter. Des constipations très modérées peuvent être améliorées par une simple rééquilibration du régime : quantités modérées de jus de fruits comme pomme, poire ou prune ; apport de fibres. Chez le nourrisson, certains laits peuvent accélérer le transit. Un régime ne suffit jamais dans une constipation plus importante ou quand l’enfant se retient. Une constipation passagère peut être accessible à quelques jours de laxatifs à base de lactulose ou lactitol. Une constipation plus importante ou durable est le plus souvent traitée par des laxatifs à base de PEG (polyéthylène glycol), parfois de façon prolongée et à fortes doses. Les eaux fortement minéralisées utilisées parfois chez le nourrisson ne sont pas conseillées (risques pour le rein). L’huile de paraffine est moins efficace. Les traitements par voie anale sont à utiliser avec précaution et jamais de façon prolongée, ils ne sont en général pas efficaces à eux seuls. Les éviter quand l’enfant les refuse absolument. Il ne faut pas avoir peur des laxatifs conseillés ci-dessus : ils n’affaiblissent pas l’intestin, le côlon ne s’habitue pas et ils ont peu d’inconvénients. Par contre, laisser un enfant avoir des selles volumineuses et dures émises avec douleur, ou des fuites, est dangereux pour son intestin et… pour son moral ! Une prise en charge psychologique peut être utile en complément de la prise en charge médicale : si l’enfant a une phobie des toilettes, un dégoût de la défécation, des fuites volontaires, un refus de guérir, si sa vie ou celle de la famille est perturbée par cette situation. Médecine & enfance novembre 2013 page 323