LIBÉRALE Une prise en charge de proximité Réseaux

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LIBÉRALE
Réseaux
Une prise en charge de proximité
Fini l’individualisme têtu ? A l’heure du centrage des
soins autour du patient, il devient indispensable de se
regrouper dans un ensemble pluridisciplinaire. Seuls les
réseaux peuvent assurer des soins harmonisés et sans
rupture. Surtout quand les progrès techniques permettent de réaliser, à domicile, des prises en charge aussi
performantes qu’à l’hôpital.
D
e nombreux soignants relèvent le défi
des soins en réseaux. Pour réussir,
quelques conditions sont nécessaires :
coordination, prise en charge globale du patient et de sa famille, strict respect des protocoles thérapeutiques et organisationnels et,
bien sûr, formation spécifique. Habituée à travailler dans ce sens, l’infirmière libérale verra sa
fonction s’accentuer, à condition de miser sur
le travail en équipe avec l’hôpital, le médecin,
le kinésithérapeute, les équipes de psychiatrie
de secteur, les travailleurs sociaux... Au-delà
d’un abaissement des coûts, il faut rappeler le
bénéfice de l’hospitalisation à domicile : c’est le
souhait de la majorité des patients, un risque
diminué d’infections nosocomiales, des soins
plus spécifiques... Mais, pour que les interventions soient efficaces, il faut que l’information
circule. Le dossier médical standardisé, partagé
et informatisé, devient un outil essentiel de coordination et d’application des règles décidées
en commun. L’important est qu’il n’y ait pas de
rupture dans la chaîne des soins, car il s’agit de
prendre la bonne décision au bon moment : il
faut savoir évaluer. Les réseaux peuvent être généraux ou spécialisés, comme pour les soins
palliatifs, le sida, l’hépatite C.
Un exemple : réseau et hépatite C
Ainsi, pour faire face à une meilleure prévention et une meilleure prise en charge des personnes infectées par le virus de l’hépatite C
(VHC), la Direction générale de la Santé a
proposé, en mai 1995, la mise en place d’une
organisation de soins en réseaux. L’objectif est
de déconcentrer les soins et d’assurer une
prise en charge de proximité. Il faut rappeler
qu’en France, 500 000 à 600 000 personnes
sont infectées par le virus de l’hépatite C, soit
1 % de la population générale. La gravité de
la maladie varie d’un sujet à l’autre. Certains
guérissent spontanément, sans même que la
maladie soit détectée, d’autres développent une
hépatite chronique. Dans ce cas, le virus se
reproduit dans l’organisme et détruit insidieusement les cellules du foie. Ce qui génère, dans
20 % des cas, une cirrhose qui, une fois déclarée, peut se transformer en un cancer du foie
primitif ou un carcinome hépatocellulaire.
Chaque année, 2 000 personnes meurent des
conséquences de l’hépatite C.
Une trentaine de pôles de référence hospitalouniversitaires ont donc étés créés, auxquels plusieurs missions ont été confiées. Des réseaux
ville-hôpital ont vu le jour en liaison avec ces
pôles de référence. Formation, information,
coordination, recueil des données épidémiologiques, etc., sont de leurs compétences. Mais la
mise en place d’un réseau n’est pas chose facile.
Des difficultés de fonctionnement subsistent
après quatre années d’existence de ces réseaux
ville-hôpital VHC. Les problèmes de coordination sont le plus souvent freinés par des obstacles financiers et psychologiques. Les occasions de rencontre font défaut. Les réseaux spécialisés présentent un danger dans la notion
même de spécialisation. En effet, une hyperspécialisation et une multiplication des réseaux de
pathologies risquent de “saucissonner” le malade, et de conduire à un risque d’échec d’actions
de santé trop éparpillées. Ce qui va à l’encontre
de l’objectif des réseaux, c’est-à-dire la prise en
charge globale du patient.
Lucie Gallion
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