Herpès Une maladie méconnue De nouveau, cette année, une journée nationale sensibilise au virus herpès. La communication s’oriente principalement vers les jeunes. La méconnaissance de la maladie joue un rôle important dans son extension en France. I l existe deux types d’Herpès simplex (HSV) hominis : celui de type 1 et celui de type 2. Le virus de type 1 est responsable de la majorité des herpès situés audessus de la taille. Il peut aussi se développer sur des parties du visage, comme les yeux, le nez ou le menton, et même sur les doigts. Le virus de type 2 est responsable le plus souvent de l’herpès génital, qui touche les organes sexuels. Il peut également se développer sur les fesses et les cuisses. C’est une maladie sexuellement transmissible (MST). La maladie herpétique débute par une primo-infection qui peut passer inaperçue ou être méconnue : angine herpétique d’apparence banale. L’herpès récurrent est dû à la réactivation du virus resté dans l’organisme à l’état latent après la primo-infection. La primo-infection, c’est la première invasion par HSV (1 ou 2) d’un organisme non immunisé. Précédé de sensation de brûlures ou de cuisson, l’herpès cutané ou muqueux est constitué de petites vésicules sur une base érythémateuse bien limitée. Les vésicules sont groupées en bouquet. Elles peuvent confluer. Après 2 à 3 jours, le contenu liquide initialement clair peut devenir puriforme, sans pour autant que cela témoigne d’une surinfection. Les vésicules s’érodent pour laisser place à une ulcération avec des croûtes. La durée moyenne d’une poussée est de 5 jours. La gingivostomatite herpétique, due à HVS 1 survient, elle, le plus souvent chez l’enfant. L’herpès récidive chez un même patient toujours au même endroit et souvent dans les mêmes circonstances déclenchantes (émotion, règles, exposition solaire mais aussi lors des affections bactériennes fébriles). Oser parler de l’herpès génital L’herpès génital (HVS 2) récurrent est une maladie sexuellement transmissible. Chez la femme, les lésions siègent à la vulve et sont douloureuses. L’herpès vaginal et celui du col passent inaperçus ou se manifestent par des leucorrhées ou une cervicite volontiers œdémateuse, ulcéreuse. Chez l’homme, l’herpès est localisé au fourreau ou au gland, les vésicules sont rapidement rompues et font place à des ulcérations douloureuses. L’herpès peut également être péri-anal, surtout chez l’homosexuel. Toute suspicion d’herpès génital doit faire éliminer une syphilis, en sachant que l’association des maladies sexuellement transmissibles n’est pas rare. L’herpès génital concernerait plus de 2 millions de personnes en France. Pourtant 8 personnes sur 10 ignorent leur infection avant de consulter, et risquent donc de transmettre le virus. Les complications de la maladie herpétique peuvent être graves, notamment si les yeux sont contaminés ou lors d’une grossesse, où il existe un risque de transmission de la maladie de la mère à l’enfant au moment de l’accouchement, avec des conséquences graves pour le nouveau-né. L’herpès génital n’est pas une maladie honteuse et il est faussement rassurant de se dire que l’on connaît bien son partenaire et que l’on ne risque rien. Lors des poussées, il est préférable de s’abstenir de relations sexuelles, même protégées. En effet, le préservatif ne protège pas si les lésions sont situées à proximité des organes sexuels. La contamination peut donc se faire. L’herpès se soigne avec des traitements antiviraux efficaces en curatif et préventif qui existent sous forme de comprimés et de crèmes. Pris suffisamment tôt, ils empêchent le virus de se multiplier, réduisant ainsi la douleur, l’intensité et la durée des crises. A.-L.P. Un autre virus herpès : le HHV8 Le virus herpès humain (HHV8), aussi dénommé virus herpès associé au sarcome de Kaposi, est un nouveau virus humain de la famille des herpès (de la sous-famille des Gammaherpesviridæ et du genre Rhadinovirus), découvert en 1994 dans une lésion cutanée de sarcome de Kaposi chez un sidéen (Inserm U550). Alors que de nombreux aspects virologiques et moléculaires du HHV8 sont actuellement bien établis, son épidémiologie, fondée principalement sur des données sérologiques, reste encore mal connue. Selon les données disponibles de la littérature (encore partielles), le HHV8 se concentre pour 50 % des cas en Afrique de l’Est et en Afrique centrale, et pour 10 à 20 % des cas dans les pays du Bassin méditerranéen. Dans les pays de faible endémie virale (États-Unis et Europe du Nord), la majorité des individus infectés sont des hommes homosexuels ; au sein de cette population, la séroprévalence virale peut atteindre 70 % des individus VIH séropositifs. La transmission du virus se fait durant les contacts sexuels, et le rôle de la salive comme réservoir de virus semble important. D’après La Lettre de l’Infectiologue 2002 ; XVII (6) : 175-80. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 40 - octobre 2002 9