vie profes Vie professionnelle Premiers enseignements de l’évaluation de l’évaluation dans les établissements de santé français T. Vallot* Au total, douze enseignements ont été retenus : ’une des missions de l’ANAES est le développement L des méthodologies les plus appropriées pour maîtriser et améliorer la qualité. Dans ce cadre, l’agence rarchique) et horizontal (selon les responsabilités par rapport à un projet), qui peut être source de difficultés. De plus, le temps nécessaire à la conduite d’un projet n’est pas toujours intégré dans les charges de travail de chacun : la reconnaissance du travail effectué dans le cadre d’un projet n’est pas toujours prise en compte par l’institution. La méthodologie de l’amélioration continue de la qualité a accompagné la mise en œuvre de soixante projets est tranposable d’évaluation de la qualité, initiés et soutenus au secteur de santé financièrement par la Direction des hôpitaux à partir Dans un premier temps, de 1995. Aujourd’hui, l’agence publie les enseignements l’amélioration doit être concernant les facteurs de réussite de telles démarches. ciblée sur le management Nous en rapportons quelques extraits. des interfaces ne mettant pas en cause les compétences des professionnels. d’esprit nouveau qui nécessite, à la tête du La mise en œuvre d’une démarche d’améLa mesure se généralise si chaque projet, une bonne connaissance des techlioration continue doit conduire à une nouprofessionnel l’intègre peu niques d’animation de groupe. velle définition de la qualité par les perà peu dans ses activités sonnes impliquées dans les projets, Toute amélioration de la qualité doit être L’intégration progressive passant d’une qualité souvent attribuée à objectivée par une mesure. La mesure doit de la démarche d’amélioration dans la somme des compétences de chacun à s’inscrire dans la culture de l’établissement. l’institution se fait grâce à la conduite une qualité plus globale, où chacun des Elle doit être simple, en évitant la tendance de projets transversaux démonstratifs acteurs se positionne par rapport à un naturelle à complexifier les recueils d’inobjectif partagé. Le premier projet doit être visible et formations. Il est préférable au début de pridémonstratif. Visible, c’est-à-dire qu’il vilégier l’utilité et l’acceptation de la mesure La constitution d’un groupe pluridoit concerner le plus de monde possible au détriment parfois de sa rigueur et de son professionnel est un support majeur et le patient. Pour cela, l’approche doit être caractère scientifique. pour le changement des mentalités la plus transversale possible. Le chef de La prise en charge au sein d’un établisseprojet doit avoir un certain charisme, faire C’est par la pratique que ment peut se concevoir sous la forme d’un reconnaître sa légitimité à conduire le proles professionnels se forment aux processus. Si l’on veut améliorer la quajet pour ensuite véhiculer les messages. concepts et outils de l’amélioration lité, il faut que l’ensemble des acteurs du Une formation adaptée des chefs de procontinue de la qualité processus soit impliqué. La première étape jet est souhaitable. La mise en œuvre d’une démarche qualité de la démarche qualité est l’identification implique des connaissances variées. Elles de ce processus et l’inventaire des perUne bonne gestion de projet est concernent aussi bien des aspects quantitasonnes concernées. Cette démarche un soutien fort à la motivation tifs que socioculturels (dynamique de implique le décloisonnement des services des personnes impliquées dans le projet groupe, leadership). L’objectif est de partaet la reconnaissance du métier de l’autre L’amélioration de la qualité ne sera perger une approche avec l’ensemble du peret de son rôle dans la qualité globale du ceptible et efficace que si le projet a été sonnel. Il ne faut pas que les équipes se senprocessus en question. Il s’agit là d’un état correctement conduit. La charge de travail tent exclues du processus s’il devient une supplémentaire demandée par la réalisaaffaire de spécialistes. Il faut également se tion d’un projet n’est acceptée que si elle méfier de l’importation d’une démarche est planifiée et limitée dans le temps. La qualité “clefs en main” permettant l’affimise en œuvre d’un projet entraîne un chage rapide de résultats mais risquant d’indouble fonctionnement des institutions, à duire des changements superficiels sans la fois vertical (selon l’organigramme hié* Hôpital Bichat, Paris. modification des mentalités. Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) n° 5, mai 2000 168 sionnelle Vie professionnelle L’investissement associé à une démarche d’amélioration continue de la qualité ne doit pas être sous-estimé Les charges associées à une démarche d’amélioration de la qualité sont multiples. On peut identifier les coûts associés au fonctionnement du groupe projet (remplacement des personnes…) ; le coût d’apprentissage des méthodes ; les coûts générés par les solutions développées. L’effort des acteurs du projet ne doit pas non plus être sous-estimé ; la participation des équipes de nuit n’est pas facile. Il est très difficile d’estimer les coûts d’une démarche d’amélioration. Le retour à l’investissement d’une démarche qualité s’inscrit dans le long terme. La direction et l’encadrement doivent montrer l’exemple en intégrant les concepts de l’amélioration dans leur propre fonctionnement, pour ensuite utiliser leurs compétences acquises. La qualité des aspects non médicaux d’une prise en charge est importante pour les patients Les processus non médicaux sont définis comme les activités associées aux soins indispensables à leur réalisation mais indépendantes de leur aspect technique (attente en consultation, par exemple). Les équipes engagées dans les projets de qualité ont souvent été étonnées de découvrir des aspects de leur travail qui ont un impact important sur les patients et échappent souvent à leur maîtrise. Leur amélioration devra faire appel à des compétences spécifiques souvent extérieures au secteur de la santé. L’implication des médecins est fondamentale pour la crédibilité de la démarche d’amélioration continue de la qualité Réussir à impliquer le corps médical est considéré comme un enjeu majeur dans la démarche d’amélioration continue, et des efforts de communication doivent être spécifiquement entrepris en direction du corps médical pour faire accepter cette méthode simple sur le plan théorique. La cohérence ainsi que la continuité des messages centrés sur la qualité sont gages de pérennité Lorsque plusieurs projets sont en route au sein d’un établissement, il faut que les messages de qualité soient identiques. La communication doit donc être homogène sur l’ensemble de l’établissement. Les projets ont parfois du mal à s’inscrire dans la durée, compte tenu des contraintes de l’environnement et des exigences à court terme, bien que, le plus souvent, l’engagement au démarrage soit sincère et réel. Seul un engagement fort et continu des responsables de projet permettra d’impulser le changement Le rôle de la direction est fondamental pour légitimer le projet. Elle positionnera le responsable comme un vecteur transitoire du changement. Les leaders, de par leur engagement, doivent donner confiance dans la nouvelle approche, et la réalisation du premier projet permettra d’en montrer l’efficacité et d’acquérir les compétences nécessaires au développement de la démarche. Il est apparu que le rôle d’un responsable de projet dépasse largement le cadre du projet. Au travers de son action, il a souvent un impact sur l’encadrement aussi bien médical qu’administratif ou soignant et sur la culture de l’établissement. De ce fait, il peut générer des oppositions plus liées à l’individu ou à la fonction de chef de projet qu’à la démarche elle-même. La motivation réelle et sincère des professionnels à s’améliorer doit être soutenue et accompagnée La conduite d’un projet d’amélioration conduit inévitablement à un questionnement des personnels par rapport aux objectifs de l’institution et, d’une façon plus globale, sur son management. Celui-ci est parfois vécu par les directions comme une intrusion dans la stratégie de l’établissement. Une mauvaise anticipation de ce déroulement peut conduire à un décalage 169 entre les objectifs institutionnels et les activités du groupe projet, qui est alors marginalisé dans ses orientations et sa recherche de solutions aux dysfonctionnements. Il appartient donc à la direction de l’établissement de définir clairement la mission et les objectifs, afin que chaque groupe de travail puisse s’inscrire dans un cadre commun. Il ressort de cette analyse que la mise en place d’une démarche qualité est complexe. Il est certain que des erreurs seront commises. L’enjeu n’est pas de ne jamais commettre d’erreur, mais de savoir les repérer, les analyser et les partager afin que chacun profite de l’expérience de l’autre. Nous devons aller vers une culture où le dysfonctionnement est repéré par l’acteur lui-même dans une optique d’analyse et d’information des autres, afin d’éviter son renouvellement. L’amélioration de la qualité ne passera que par un changement culturel important, qui devra être accompagné et suivi dans le temps. Si celuici n’est pas réel, la démarche sera alors transitoire, la situation antérieure réapparaissant dès que les incitatifs disparaîtront. La lecture de ce rapport fait apparaître que les obstacles à l’évaluation ne manquent pas. Comme toujours, le rôle du chef d’orchestre est capital. ➥ Évaluation d’un programme de qualité : les enseignements de soixante projets dans les établissements de santé français. Avril 1999. Publié par l’ANAES – 159, rue Nationale – 75640 Paris Cedex 13 (http://www.anaes.fr). ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES AUX UNIONS RÉGIONALES DES MÉDECINS LIBÉRAUX UN ENJEU ESSENTIEL : PENSEZ À VOTER VOTER C’EST S’EXPRIMER VOTER POUR NE PAS REGRETTER Il n’y a qu’un tour et pas d’autre élection avant six ans.