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Épilepsie
Brèves...
Trop d’escarres
Une maladie plurielle
Quel que soit leur âge (mais surtout après 75 ans), deux
millions de personnes ont déjà fait ou feront une crise
d’épilepsie. Cette incidence fait de cette maladie la plus
fréquente des affections neurologiques.
L
a maladie recouvre en fait un
ensemble d’affections hétérogènes. C’est pourquoi on parle
d’épilepsies au pluriel. Certaines
sont partielles, d’autres généralisées.
Certaines guérissent spontanément,
d’autres sont sans rémission spontanée. Certaines encore sont chimiosensibles, d’autres difficilement
contrôlées par un traitement médical. Certaines, enfin, ne demandent
qu’une monothérapie, d’autres une
polythérapie. Les multiples aspects
de l’épilepsie expliquent la difficulté
à en appréhender les causes, les
risques évolutifs, éléments pourtant
indispensables à une adaptation optimale des traitements.
Agir avant la crise
Sur le plan étiologique, de nouvelles anomalies de fonctionnement des canaux neuronaux sont
régulièrement découverts. Ces canaux ioniques servent à transmettre
l’énergie neuronale, et leur atteinte,
ou canalopathie, a été désignée
comme responsable de différents
types d’épilepsies. Ces canaux ioniques peuvent être surtout sodiques, mais aussi potassiques. Ces
canalopathies proviennent ellesmêmes de mutations génétiques :
une avancée s’est produite dans la
compréhension de la maladie, du
moins dans sa forme génétique.
Le développement de l’imagerie
médicale a permis de mieux diagnostiquer l’épilepsie, de mieux repérer les zones épileptogènes et de
détecter une phase précritique. Ces
progrès ont été réalisés grâce au
scanner à positons, à l’IRM fonctionnelle de haute résolution et à
l’EEG couplé au monitorage vidéo
et à l’IRM. Ces méthodes d’exploration permettent en effet de localiser de manière précise les zones
atteintes avec, en particulier grâce
à l’analyse du signal EEG, la détermination en trois dimensions des
pointes intercritiques. Des phénomènes anticipatoires ont ainsi été
détectés 20 à 30 minutes avant la
survenue d’une crise.
Qui dit avancées diagnostiques induit avancées thérapeutiques. En
premier lieu, le médicament. Ce
n’est que récemment que l’on a pu
mettre en évidence l’action canalaire (depuis la découverte des canaux ioniques) de certains anti-épileptiques classiques. Non dénués
d’effets secondaires (dont la prise
de poids, les vertiges, la somnolence, l’asthénie ou les troubles cutanés), ils sont progressivement
remplacés par les nouvelles molécules à large spectre indiquées dans
les épilepsies partielles ou généralisées et en monothérapie. En
cas d’échec de cette dernière, il
convient de changer de thérapie ou
d’associer une deuxième médication. Le choix du premier traitement est fait essentiellement en
fonction de son efficacité, de ses effets secondaires, de son observance
et donc du rapport efficacité/acceptabilité. Amenée à durer plusieurs années, la collaboration du
patient est donc essentielle (durée
moyenne de traitement : 12 ans).
L’absence de crises pendant une période de 5 ans fait porter l’indication d’arrêt du traitement.
Les techniques non médicamenteuses sont applicables à de rares
cas (stimulation du vague, neurostimulation des noyaux gris centraux,
des ganglions de la base, du noyau
caudé, de la zone subthalamique),
les techniques neurochirurgicales
faisant, elles, plus partie de la recherche que de la thérapie courante.
La dernière conférence de consensus sous l’égide de l’ANAES souligne combien l’escarre a longtemps été considérée par les
équipes soignantes comme une fatalité hospitalière. On dispose de
peu de chiffres en France, mais on
estime toutefois qu’entre 17 et
50 % des personnes hospitalisées
en long séjour souffrent d’escarres
et entre 34 et 46 % des traumatisés de la moelle épinière en sont atteints dans les deux ans qui suivent
l’accident. Or, ces blessures restent
très mal prises en compte “en raison d’une série de freins dont la
routine n’est pas le moindre”. Il
s’agit donc d’éviter les appuis
prolongés par différentes méthodes
et de mettre en place, toujours
d’après les recommandations de
l’ANAES, une prévention qui nécessite “un engagement de l’institution, notamment au travers d’un
projet d’établissement”. Les experts
de l’ANAES ont tout de même souligné, dans un rapport, le manque
de données scientifiques et recommandent la mise en œuvre de
recherches sur cette importante
question de santé publique.
Bioéthique
Le besoin d’une législation communautaire devient urgent. Une
lettre du Pr Bernard Debré publiée dans L’Express revient sur
l’interdiction du clonage thérapeutique et sur la “greffe idéale”
qu’il permet. L’ancien ministre se
demande pourquoi l’avortement
est autorisé à la 12e semaine en
France, et jusqu’à la 21e dans
d’autres pays, alors que, à ces
dates, les embryons sont déjà des
petits hommes “en miniature”. Il
estime que l’hypocrisie qui permet de refuser la recherche sur
l’embryon est dramatique. Nombreux sont pourtant ceux qui dénoncent “les apprentis sorciers en
action” et “ces scientifiques peu
scrupuleux” sur le point de tenter l’aventure du clonage humain.
J.B.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 33-34 - janvier-février 2002
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