Sommaire • Épidémiologie et physiopathologie • Détecter les facteurs de risque • Normaliser la glycémie • Arbre décisionnel de traitement • Plaisir et diététique Diabète Une épidémie silencieuse Le diabète progresse dans tous les pays industrialisés. Cette progression, sournoise, fait craindre une véritable épidémie pour les nouvelles générations. Car le diabète, qui avance masqué, sans douleur, en changeant d’aspect, est détecté par la survenue brutale de ses complications, parfois gravissimes. L Royaume-Uni entre 1977 et 1997 sur près de 3 000 diabétiques de type 2, un tiers de ces diabètes sont déjà compliqués lors de leur découverte. Compte tenu de ce que l’on sait aujourd’hui, ne serait-il pas prudent de proposer systématiquement un dépistage à toute personne de plus de 45 ans ayant dans sa famille proche un diabétique ? a découverte d’un diabète est encore, trop souvent en France, le fruit du hasard. Il peut être détecté au décours d’une prise de sang, avant une intervention chirurgicale par exemple. Il n’est pas exceptionnel non plus que la maladie soit découverte lors d’une de ses complications, comme une atteinte rétinienne ou cardiovasculaire. Or les complications n’apparaissent qu’après 6 à 8 ans d’évolution, à bas bruit, de l’hyperglycémie. Selon la dernière étude anglaise UKPDS (United Kingdom Prospective Diabetes Study) conduite au © CHU Lille-Phanie Ilôt de Langherans Pas “un” mais “des” diabètes La définition du diabète évolue, sa classification également. Autrefois, on parlait de diabète insulinodépendant (DID) et de diabète non insulinodépendant (DNID). Désormais, ces définitions, qui reposaient sur des notions thérapeutiques, sont remplacées par les dénominations diabète de type 1 et diabète de type 2 reposant sur des distinctions physiopathologiques. Le diabète de type 1 comporte deux sousgroupes : – celui dit auto immun, dans lequel la pathologie est la conséquence de la destruction immunitaire des cellules bêta des îlots de Langerhans dans le pancréas ; – celui dit idiopathique, dans lequel aucun trouble auto-immunitaire n’est retrouvé. Forme la plus fréquente, le diabète de type 2 regroupe l’ensemble des pathologies liées aussi bien à une insulinopénie qu’à une insulinorésistance. Chaque anomalie correspond précisément à un sous-groupe défini. ●●● 17 Diabète ●●● D’autres formes, beaucoup plus rares, existent, comme le diabète de type 3 retrouvé chez les Africains et les Indiens qui débute volontiers tôt et est fréquemment cétosique, les diabètes secondaires à une thyrotoxicose, à un cancer du pancréas ou à un syndrome de Cushing, enfin le diabète gestationnel. Épidémiologie Le diabète de type 1 touche en France environ 15 % de l’ensemble des personnes diabétiques, soit 150 000 patients. Il survient à tout âge mais surtout avant 20 ans, avec un pic de fréquence à 12 ans. Son incidence dans le monde est en forte croissance depuis 30 ans sans que l’on en connaisse les raisons. Le diabète de type 2, c’est-à-dire ne dépendant pas d’un traitement à l’insuline, touche, en France, 1,6 million de personnes. Cent vingt millions de personnes dans le monde en seraient atteintes et elles devraient être 213 millions en 2010. Cette forme de diabète est deux fois plus fréquente dans les populations urbaines que rurales. Elle est surtout liée au mode de vie, sachant qu’une modification des habitudes alimentaires peut transformer une population sans facteur de risque particulier en une population à hauts risques de développer un diabète. La multiplication des cas est essentiellement due, d’une part, à la sédentarité, d’autre part, ou concomitamment, à l’obésité. Physiopathologie Diabète de type 1 Dans la grande majorité des cas, le diabète de type 1 est dû à une destruction auto-immune des cellules bêta des îlots de Langerhans producteurs d’insuline. Cette destruction débute 8 à 10 ans avant l’apparition de la maladie en moyenne. Elle est due à une infiltration des îlots du pancréas par des lymphocytes T. Quand 80 % des îlots ont été détruits, la maladie devient apparente. Les anticorps en cause sont les anti-îlots mais aussi les anti-GAD (Glutamic Acid Decarboxylase) et les anticorps anti-insuline surtout retrouvés chez l’enfant. Diabète de type 2 Le trouble de la glycorégulation responsable de la maladie touche 5 % de la population et associe des perturbations de l’insulinosécrétion et de l’insulinorésistance. Il n’existe pas d’accord scientifique sur la prépondérance des causes : pour certains, l’insulinorésistance est le facteur initial alors que les 18 anomalies de l’insulinosécrétion apparaîtront plus tard, pour d’autres, c’est l’inverse. En tout état de cause, ce diabète est caractérisé par la présence des deux troubles avec : – une altération des cellules bêta entraînant une diminution de l’insulinosécrétion ; – une résistance plus grande à l’insuline ; – une augmentation de la production hépatique de glucose. Pour certains auteurs, l’insulinorésistance musculaire serait responsable de l’hyperinsulinisme favorisant l’obésité. D’autres tiennent le pancréas pour responsable, d’autres encore considèrent que l’hypothalamus ne joue pas son rôle de régulateur de la faim. L’insuline agit par l’intermédiaire d’un récepteur membranaire (IRS 1, ou Insulin Receptor Substrate 1), qui active deux voies de signalisation responsables des effets métaboliques de l’insuline comme la synthèse des protéines, des acides gras et du glycogène. Ainsi, chez le diabétique de type 2, une augmentation du taux de glycogène est observée par néoglucogenèse (ellemême conséquence de l’hyperproduction hépatique de glucose). Cette hyperproduction contribue alors au développement de l’intolérance au glucose. Contrairement au diabète de type 1, d’origine plutôt génétique, celui de type 2 est davantage environnemental. Il est dû à l’hyperconsommation de sucres et de graisses animales saturées, à la sédentarité, en un mot à un vieillissement prématuré. On considère en effet que les artères d’une personne atteinte de diabète gras âgée de 50 ans sont dans un état comparable à celles d’une personne âgée de 70 ans ! Pourtant, on ne peut nier l’importance du risque héréditaire : lorsqu’un des deux parents est diabétique, le risque pour leurs enfants est de 30 %. Si les deux parents sont atteints, ce risque passe à 50 %. Dr J. Bidart Chiffres-clés • 200 000 à 400 000 nouveaux cas de diabète par an en France. • 7 ans de retard au diagnostic du diabète. • 20 % des diabétiques ont déjà des complications lors de la découverte de leur diabète. • 2 % des personnes atteintes de cécité le sont à cause du diabète. • 5 000 à 10 000 amputations d’origine vasculaire le sont à cause du diabète. Complications Détecter les facteurs de risque La gravité du diabète est liée à son évolution. Qu’il soit de type 1 ou de type 2, le diabète comporte des risques élevés, surtout s’il est ancien et mal contrôlé. Car on ne souffre pas du diabète mais de ses conséquences. L es complications chroniques et dégénératives sont insidieuses et comportent des risques redoutables sur le plan fonctionnel et vital : cécité, amputation, insuffisance coronarienne, nécessité de dyalise rénale, surmortalité cardiovasculaire. L’espérance de vie est réduite et les taux de décès sont multipliés par deux chez les diabétiques par rapport aux nondiabétiques. Il est donc indispensable d’identifier les facteurs de risque afin de diagnostiquer précocement la maladie pour réduire les complications par une bonne prise en charge comportementale. Si les diabétiques de type 1 sont dans l’ensemble correctement soignés, car habitués à leur traitement d’insuline généralement depuis leur jeune âge, ceux de type 2 inquiètent les médecins. Comme, pour l’instant, la maladie ne se guérit pas, l’objectif est de maintenir la glycémie le plus près possible de la normale et ce le plus longtemps possible. Un diagnostic simple Après un jeûne de 8 heures, deux glycémies supérieures ou égales à 1,26 signent un diabète. Même si le taux de glycémie est normal, une personne de plus de 45 ans ayant un membre proche de sa famille diabétique doit avoir un dépistage tous les deux ans. D’après les définitions de l’OMS, une glycémie à jeun supérieure à 1,4 g/l à deux reprises est suffisante pour affirmer le diagnostic. Si la glycémie est inférieure à 1,4, une hyperglycémie à la deuxième heure, supérieure ou égale à 2 g/l permet aussi d’affirmer le diagnostic. Mais ces définitions historiques de l’OMS sont désormais battues en brèche pour d’autres acceptions, à savoir : – un taux de glycémie supérieur à 1,26 g/l ou 7 mmol à deux reprises après un jeûne de 8 heures signale un diabète. Si la glycémie à jeun est comprise entre 1 g et 1,26 g/l, là aussi le risque de déclencher la maladie est important ; – un taux de glycémie égal ou supérieur à 2 g/l à la deuxième heure, lors de l’épreuve d’hyper- glycémie provoquée, si la glycémie à jeun est comprise entre 1 et 1,4 g/l. Si ce taux, à la deuxième heure, est compris entre 1,4 g et 2 g/l, il existe un fort risque de devenir diabétique. Le diagnostic établi, un certain nombre de mesures s’imposent pour rechercher des signes de complications. Le coma révélateur Dans plus de la moitié des cas, le coma hyperosmolaire est révélateur d’un diabète jusque-là inconnu. Un événement intercurrent comme une infection ou une diarrhée accompagnée d’une polyurie augmentera l’hyperglycémie. La déshydratation extracellulaire avec hyperosmolarité cause une déshydratation intracellulaire qui s’ajoute à l’hyperosmolarité. Ces troubles sont surtout présents chez les personnes fragilisées. Ainsi un trouble de la conscience qui apparaît chez une personne âgée doit faire évoquer ce coma hyperosmolaire. Complication du diabète de type 1, le coma acidocétosique peut se produire dans celui de type 2. Un diabétique qui souffre de douleurs abdominales doit faire évoquer au médecin une acidocétose, surtout si une hyperpnée traduit l’acidose métabolique. Quand craindre un coma acidocétosique ? En cas de glycémie supérieure à 3 g/l, en cas d’infection aiguë, de perte pondérale rapide, de panne de la pompe à insuline, surtout si apparaissent en plus des douleurs abdominales, des vomissements, des crampes musculaires. Le coma peut aussi être hypoglycémique : fréquent, il peut être grave, voire mortel en cas de terrain débilité par un alcoolisme chronique, une insuffisance rénale ou une dénutrition ainsi qu’en cas de grand âge. La microangiopathie diabétique Regroupant la rétinopathie, la glomérulonéphrite et la neuropathie diabétique, la microangiopathie est essentiellement liée à des taux mal contrôlés de la glycémie. Due à une sécrétion accrue ●●● 19 Diabète ●●● de prostaglandines PGE1 et PGE2 et de monoxyde d’azote, sa conséquence en est une augmentation du débit, de la pression et de la perméabilité capillaires. La rétinopathie diabétique Dans les pays développés, c’est la première cause de cécité chez les personnes âgées de 30 à 60 ans. L’affection évoluant sans symptôme, seul un bilan systématique permet de la détecter, d’où la nécessité de faire annuellement un examen ophtalmologique. Ce dernier doit comporter un fond d’œil après dilatation, l’étude de la macula et la mesure de la tension oculaire. Si besoin, il faut pratiquer une angiographie rétinienne. Le traitement de la maculopathie œdémateuse, une des causes de la perte de la vue comme de la rétinopathie proliférante, a été révolutionné par l’emploi du laser qui agit par photocoagulation. La neuropathie diabétique Avec, comme signe particulier, la perte de sensibilité des pieds en chaussettes, la fréquence de la neuropathie augmente avec l’âge. Elle peut atteindre un taux de 50 %. La neuropathie peut aussi toucher les membres supérieurs ainsi que les nerfs crâniens (le plus souvent les nerfs oculo-moteurs). L’examen médical retrouve une atteinte des réflexes sur le territoire concerné, comme des sensibilités superficielles et profondes anormales. L’impuissance et l’hypotension en sont souvent les résultantes. Dans ce cas, le traitement est assez décevant et ne concerne que l’équilibrage du diabète. Sinon, sont employés les antiagrégants plaquettaires, les antalgiques, les antidé- presseurs, les anesthésiques en application locale ou les sprays de calcitonine. Depuis peu, la stimulation électrique transcutanée est utilisée. Afin de prévenir l’apparition de complications neurologiques, le plus important est de veiller à ce que les taux de sucre se maintiennent dans des fourchettes correctes. La néphropathie diabétique Déterminée par un taux d’albuminurie supérieur à 300 mg/24 h, la néphropathie doit être prévenue, elle aussi, par un bon équilibre glycémique, et détectée tôt, avant que l’atteinte comprenant une hypertension artérielle induite ne soit trop importante. La macroangiopathie diabétique Soixante-quinze pour cent des diabétiques décèdent des conséquences d’une macroangiopathie avec athérosclérose, hypertension artérielle, insuffisance coronaire ou cérébrale, insuffisance cardiaque, artérite des membres inférieurs. La surveillance du malade diabétique permet de prévenir ou de détecter, dès son apparition, la macroangiopathie. Celle-ci comprend la palpation et l’auscultation des pouls périphériques, la prise de la tension artérielle au bras mais aussi à la jambe. Comment la combattre ? Encore et toujours en équilibrant le diabète, en diminuant l’insulinorésistance par un régime approprié. Il convient aussi d’éviter les boissons alcoolisées, le tabac et les graisses animales cuites saturées. Il suffit alors souvent de pratiquer régulièrement un exercice physique, de manger moins et tout simplement de maigrir lentement et régulièrement. J.B. Le pied du diabétique Le rôle infirmier est essentiel pour prévenir les lésions cutanées et éduquer le patient. • Être attentif aux troubles de la sensibilité, car un pied diabétique ne ressent pas la douleur ou la ressent mal. Il faut donc faire attention à ne pas se brûler ou se couper. Il est conseillé d’utiliser la main pour tester la température de l’eau pour la toilette et de ne pas marcher pieds nus. • Assurer un parfait état cutané local. Se méfier par conséquent des cors et durillons, mais aussi des ongles incarnés. Il faut contrôler régulièrement l’état des pieds, demander à une pédicure d’assurer les soins unguéaux, ne pas utiliser d’abrasifs puissants pour les cors, l’irritation pouvant alors être une porte d’entrée infectieuse. • Se méfier des mycoses interdigitales. La toilette doit être quotidienne, avec un séchage interdigital efficace, au besoin, à l’aide d’un sèche-cheveux. Il faut aérer les pieds le plus souvent possible, éviter le port de chaussures en caoutchouc qui provoquent une macération. En cas de mycose, ne pas oublier, en dehors des soins locaux, de combattre, par des poudres ou des sprays, les spores restant dans les chaussettes afin d’éradiquer le champignon. • Bien choisir ses chaussures pour éviter toute blessure locale : des chaussures assez larges (le soir par exemple, lorsque les pieds sont gonflés) en cuir souple, qui seront portées avec des chaussettes en coton. 20 Diabète Traitement et suivi Normaliser la glycémie Pour le diabète de type 1, le progrès essentiel des dernières années est l’apport réalisé par les pompes à insuline : il s’agit d’obtenir dans ce cas la meilleure normalisation possible. Pour le diabète de type 2, la rééducation diététique est la base du traitement dont le but est de prévenir toutes les complications pouvant résulter d’un mauvais équilibrage glycémique. © L.A. Hucker Diabète de type 1 22 Pour que le traitement soit efficace, il faut insister sur l’adhésion totale du patient, son éducation et un contrôle régulier de l’équipe soignante. Pour éviter une hyperglycémie post-prandiale, suivie d’une hypoglycémie, il est intéressant d’utiliser des analogues de l’insuline d’action immédiate avant le repas (Humalog®). Une insuline composée de Humalog® et de forme retard doit être bientôt commercialisée. Un deuxième progrès dans la surveillance de la glycémie consiste en la mise au point de capteurs de glycémie en continu. Reliés à la pompe à insuline, ils réaliseraient alors une régulation quasi parfaite. Quant à la greffe des îlots de Langerhans, elle n’est plus une utopie. L’insulinothérapie obéit à certaines règles à rappeler fréquemment au patient par l’équipe soignante. Il s’agit de : – s’assurer de l’absence d’hypoglycémies nocturnes et d’hyperglycémies au réveil : pour cela, il faut obtenir six jours sur sept une glycémie à jeun inférieure à 1,6 g/l, retarder, si besoin, à 22 ou 23 heures, l’heure d’injection nocturne, et vérifier la glycémie avant de se coucher ; – adapter les doses : celles d’insuline retard du soir en fonction des glycémies matinales des trois ou quatre jours précédents. Il faut adapter les doses immédiates en fonction de l’activité journalière et des glycémies constatées. Un autocontrôle doit être effectué trois à quatre fois par jour à jeun, au coucher et avant chaque repas ; il est recommandé de garder le même lieu d’injection au même moment de la journée en décalant seulement de quelques centimètres. Le soir, préférer la cuisse en prenant soin de réaliser une injection oblique à 45o pour assurer une résorption lente de l’insuline, les injections du matin et aux repas se faisant dans le ventre ou le bras, perpendiculairement à la peau. Le malade doit être éduqué sur les risques d’hypoglycémie. Il suffit d’adapter les doses d’insuline rapide aux besoins énergétiques en fonction des apports alimentaires et de l’exercice physique réalisé. Un moyen simple pour combattre l’hypoglycémie : le diabétique doit toujours garder dans sa poche quelques morceaux de sucre. Diabète de type 2 Le diabète de type 2 se traite avec des médicaments hypoglycémiants accompagnés, dans tous les cas, de mesures diététiques. ●●● La main du diabétique Comme le pied, la main peut être la source d’une infection cutanée ou la porte d’entrée de septicémies ultérieures. Elle a aussi ses propres pathologies, d’autant plus fréquentes que le diabète évolue depuis longtemps et que le diabétique est un travailleur manuel. Ainsi la cheiroarthropathie se caractérise par une main cireuse, épaissie, d’aspect enraidi et cartonné, avec flessum des doigts. Ce serait un signe de microangiopathie diabétique. Sont aussi fréquemment retrouvées des pathologies telles que la maladie de Dupuytren, le syndrome du canal carpien, la ténosynovite et la rétraction des fléchisseurs qui gêne l’extension complète des doigts, le doigt dit “à ressort” en faisant partie. Diabète ●●● Ainsi une perte de poids régulière et contrôlée fera diminuer la synthèse hépatique de glucose et améliorera la sensibilité à l’insuline des tissus périphériques. Un régime bien contrôlé n’est pas draconien, il serait inefficace et vite abandonné. Parallèlement à l’acquisition de nouvelles habitudes alimentaires, l’exercice physique est souhaitable et même indispensable : au mieux trois fois par semaine, à raison de 45 minutes par séance. Les médicaments sont ceux qui : – stimulent l’insulinosécrétion, tels les sulfamides hypoglycémiants qui freinent la synthèse hépatique de glucose. Les deux inconvénients sont cependant la prise de poids et le risque d’hypoglycémie. Le répaglinide, apparenté aux sulfamides, semble présenter un intérêt théra- peutique certain grâce à son court pic d’action et à son absence d’élimination rénale ; – améliorent l’insulinorésistance. En présence d’insuline, la metformine diminue la sécrétion de glucose hépatique avec, en outre, un effet anorexigène mais aussi un risque d’acidose lactique. Les glitazones diminuent l’insulinorésistance au niveau des tissus périphériques en augmentant le captage de glucose et inhibent l’alphaglucosidase. Ils inhibent aussi de façon sélective l’absorption des sucres au niveau intestinal. Il n’existe pas vraiment de contre-indication si ce n’est l’insuffisance rénale sévère. Le seul problème est en fait une tolérance digestive parfois mauvaise. J.B. La Maison du diabète Créée il y a 14 ans, la Maison du diabète a pour objectif de recevoir les patients diabétiques, de les accueillir mais surtout de les informer avec toute documentation utile, tout matériel en démonstration. Ce travail est effectué par une équipe pluridisciplinaire au sein de laquelle l’infirmière reçoit, répond aux questions et conseille sur le mode de vie. La Maison du diabète aide aussi les diabétiques à travers les associations de malades auxquelles elle offre gratuitement ses services. Elle se charge en outre d’accueillir, d’informer et de former tout personnel de santé qui le désire. « S’il est un domaine où le conseil infirmier est indispensable, c’est celui du diabète, souligne Catherine Jonquet, infirmière spécialisée en diabétologie. Qui est chargé de suivre le malade dans son éducation diététique ? Qui vérifie les taux de sucre et d’insuline ? Qui détecte les complications et, au mieux, les prévient ? C’est l’infirmière. Encore faut-il qu’elle soit formée. C’est heureusement ce qui se passe de plus en plus au sein des structures hospitalières ou encore des Maisons du diabète ». Cinq maisons existent à ce jour dans les villes suivantes : Marcq-en-Barœul, Le Mans, Reims, Rennes, Toulouse et bientôt Bordeaux. E-mail : maison.diabè[email protected] Le Conseil infirmier en Europe L a reconnaissance du rôle essentiel joué par le Conseil infirmier fait que plusieurs pays d’Europe se sont penchés sur le problème du diabète et ont commencé à y apporter des solutions. Ainsi la Suisse rembourse le Conseil infirmier spécialisé en diabétologie comme le font aussi les Pays-Bas ou la Belgique. Appliquant le conseil infirmier sous des formes différentes, l’Allemagne et l’Italie ont pu conclure qu’une meilleure éducation du patient diabétique était garante d’économies en matière de santé publique. 24 « Prendre en charge un patient diabétique, explique Catherine Jonquet, c’est accepter de faire avec lui un bon bout de chemin semé d’embûches, sans conséquences si on a su les prévoir au mieux sinon les éviter. C’est à ce prix que l’on évitera les complications graves, voire mortelles. Si seulement le Conseil infirmier pouvait être reconnu et correctement rémunéré, les infirmières libérales pourraient enfin consacrer du temps à une prise en charge essentielle d’une maladie au long cours. » J.B. Diabète Arbre décisionnel de traitement Régime + activité physique Diabète de type 2 (glycémie à jeun ≥ 1,26 g/l HbA1c ≥8% Entre 6,6 % et 8 % Évaluer bénéfices/inconvénients Monothérapie orale IMC > 28 Continuer IMC < 28 Au choix : • Metformine : bénéfice pondéral • Sulfamides : risque hypoglycémique • Inhibiteurs des alpha-glucosidases : activité hypoglycémiante globale légèrement inférieure • Metformine • Sulfamides ou inhibiteurs des alpha-glucosidases si intolérance à la metformine HbA1c MONOTHÉRAPIE A DOSE MAXIMALE ≥8% Entre 6,6 % et 8 % Évaluer bénéfices/inconvénients Continuer Bithérapie orale au choix : Sulfamides + metformine Metformine + inhibiteurs des alpha-glucosidases Sulfamides + inhibiteurs des alpha-glucosidases Si échec HbA1c SULFAMIDES + METFORMINE A DOSES MAXIMALES TOLÉRÉES ≥8% Entre 6,6 % et 8 % Évaluer bénéfices/inconvénients Continuer Trithérapie Insulinothérapie NPH coucher + metformine (si surpoids) ± sulfamides Succès 2 NPH/jour Échec Échec 3-4 piqûres/jour Succès A chaque consultation, nécessité d’éduquer le patient sur sa maladie et de répondre aux questions qu’il peut se poser à son sujet. C’est le rôle essentiel, là encore, du conseil infirmier. 26 Diabète Qualité de vie Plaisir et diététique L’hygiène de vie joue un rôle déterminant dans l’explosion de certaines pathologies, notamment le diabète. Non seulement nous mangeons trop et mal, mais nous ne brûlons pas ces excès caloriques. hilippe Froguel, directeur du Département de génétique humaine de l’Institut Pasteur de P Lille constate : « 80 % des obèses ne sont pas dia- viande peut être remplacée par du poisson et des légumineuses. Les graisses riches en acides gras polyinsaturés (huiles de maïs, de tournesol ou d’olive) sont autorisées pour une ration journalière de lipides de 25 % de l’apport calorique. Le sucre ne doit pas être complètement supprimé même s’il est à éviter sous forme de sucre rapide, la ration lipidique ne devant pas dépasser 30 % de l’apport calorique. Les fruits (sauf le jus de fruits et les oléagineux) peuvent être consommés, car ils ont un effet direct modéré sur les glycémies qui peuvent être variables d’un individu à l’autre. En bref, les aliments riches en graisses, sel, sucres ou calories sont à éviter, même pour les aliments dits diététiques dont la composition n’est pas forcément adaptée aux besoins du diabétique. Le malade doit impérativement être aidé et éduqué. Une enquête alimentaire avec un soignant permet de déterminer les aliments qui doivent être diminués ou au contraire introduits. Un carnet alimentaire où tout est noté peut aider à corriger les erreurs diététiques. Le régime du diabétique se rapproche du régime idéal d’un non-diabétique. Il ne doit pas être une obsession mais une règle d’hygiène de vie qui comporte une conduite alimentaire raisonnable. C’est adopter une attitude raisonnable mais naturelle face à la nourriture... non dépourvue de la notion de plaisir ! bétiques, mais 80 % des diabétiques sont obèses ». L’obésité est un facteur héréditaire propice au développement du diabète. Et l’excès de poids entraîne un accroissement de la sécrétion d’insuline, or l’insuline donne faim, ce qui entraîne la personne dans un cycle infernal. Ainsi, du fait de l’excès de graisses, les cellules des diabétiques de type 2 captent plus d’acides gras libres et moins de glucose. D’ailleurs, ce diabète est certes traité en première intention par des antidiabétiques oraux, mais surtout par un régime alimentaire. Toutefois, ce dernier ne doit pas être synonyme de contrainte pénalisante aboutissant à sa nonobservance. La première règle est l’acceptation de règles diététiques par le patient en fonction de ses activités professionnelles et familiales, de ses loisirs et de sa corpulence. La ration calorique proposée doit permettre une vie normale sans fringale intempestive. Ainsi trois repas légers pris à heures régulières sont recommandés (avec une attention particulière pour le petitdéjeuner) parce que l’équilibre glycémique est fragile et sujet à des fluctuations qui entraînent des variations du taux d’insuline dans le sang. Le grignotage entre les repas est néfaste. L’alimentation doit être variée, sans gras, avec des produits laitiers et des viandes maigres. La A.-L.P. © P. Garo-Phanie Quelques contacts 28 • ALFEDIAM Paramedical (Association de langue française pour l’étude du diabète et des maladies métaboliques) Tél. : 01 40 09 89 07. • AFD (Association française des diabétiques) Tél. : 01 40 09 24 25. • AJD (Aide aux jeunes diabétiques) Tél. : 01 44 16 89 89. • LDF (Ligue des diabétiques de France) Tél. : 05 59 80 29 52 • Allo diabète : 01 40 09 68 09.