Dans quelle direction, se dirige la Tunisie sur le long terme?

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Dans quelle
direction, se dirige
la Tunisie sur le
long terme?
Mohamed Bouanane
Directeur – Conseil en
management
Janvier 2015
Malgré l'ampleur de la charge et la lourdeur de la
responsabilité, ainsi que le grand nombre des priorités et
des situations urgentissimes, les problèmes complexes et
accumulées depuis longtemps, le questionnement dans le
titre fait allusion au degré de préoccupation qui sera
réservé au long terme, qui n’est pas si loin que ça, car il ne
dépasserait pas l'âge d’une seule génération. En d'autres
termes, la nouvelle majorité parlementaire se noiera t-elle
dans une mer remplie de questions pressantes et urgentes,
et oubliera ou négligera t-elle de mettre en œuvre des
réformes ambitieuses et dont les fruits seront cueillis par la
nouvelle génération qui sera aux commandes à cette
époque là ? Des fruits qui leur permettront de garantir un
avenir meilleur et plus brillant que la situation que vit le
pays actuellement. Quelles sont alors ces réformes
ambitieuses sur le long terme ?
Dans quelle direction se dirige la Tunisie sur le long terme?
Dans quelle direction, se dirige la Tunisie sur le long terme ? Un titre qui peut être considéré, par le
lecteur et l’analyste et même l’observateur étranger des affaires tunisiennes, comme une provocation,
alors que le pays se trouve dans un abîme énorme et à deux doigts d'une banqueroute, suite à un lourd
héritage de la dictature déchue qu’on peut résumer par un mirage économique et une généralisation de
la délinquance et de la corruption, et l'appauvrissement du système éducatif et de la désertification
culturelle. Une troïka est apparue du néant pour détruire ce qui a résisté aux épreuves du temps, établir
la médiocrité, la défaillance et la fausseté comme références, par sa contribution stérile et en facilitant
l'importation d'idées réactionnaires et l’ignorance sacrée, l'émergence et le développement de courants
religieux extrémistes, et l’enracinement des groupes terroristes.
Il y a plusieurs raisons objectives pour le choix de ce titre – et cette provocation par inadvertance. La
première raison se résume dans la question posée de toute urgence et restée sans réponse adéquate :
«Quel modèle de développement faut-il proposer et soutenir pour sortir de la crise chronique et relever
les défis du XXIe siècle ?», la deuxième raison réside dans l’élection d’une nouvelle majorité
parlementaire moderniste et civiliste suite à une alternance pacifique au pouvoir pour la première fois
dans le pays. D’où la question posée dans le titre de cet article pour en savoir davantage sur les
intentions de la nouvelle majorité sur le long terme.
Malgré l'ampleur de la charge et la lourdeur de la responsabilité, ainsi que le grand nombre des priorités
et des situations urgentissimes, les problèmes complexes et accumulées depuis longtemps, le
questionnement dans le titre fait allusion au degré de préoccupation qui sera réservé au long terme, qui
n’est pas si loin que ça, car il ne dépasserait pas l'âge d’une seule génération. En d'autres termes, la
nouvelle majorité parlementaire se noiera t-elle dans une mer remplie de questions pressantes et
urgentes, et oubliera ou négligera t-elle de mettre en œuvre des réformes ambitieuses et dont les fruits
seront cueillis par la nouvelle génération qui sera aux commandes à cette époque là ? Des fruits qui lui
permettront de garantir un avenir meilleur et plus brillant que la situation que vit le pays actuellement.
Quelles sont alors ces réformes ambitieuses sur le long terme ?
L’Ubiquité : A propos de la diffusion mondiale de l’économie du savoir
La Tunisie passe par une phase très critique et dangereuse, exigeant des sacrifices de tous ses citoyens
afin d'assurer le plutôt possible la stabilité et la prospérité dans une mondialisation accrue et une
concurrence de plus en plus globale et féroce. D’où l’importance des réformes sur le long terme, qui sont
aussi nécessaires que les réformes du court terme – urgentes et immédiates – , puisque les premières
permettent de préciser une vision et fixer un horizon et des perspectives, que les deuxièmes
permettront de réaliser en traçant la voie vers le résultat désiré et l'avenir souhaité.
Mais les tendances actuelles, malgré l’utilité de les observer, ne définissent en aucun cas un destin
universel pour tous les pays. Il ressort de plusieurs études que la société de l'information (fondée sur la
liberté de la production, la diffusion et l'utilisation de l'information pour la transformation et le
développement de la société) se situe maintenant à un tournant – une sorte de point d'inflexion – où
l'importance de la société de la connaissance est en constante augmentation, ce qui rend l’ubiquité de la
connaissance ‘sa diffusion partout et tout le temps’ aussi comparable que la prolifération des données et
des informations aujourd'hui. La plupart des pays cherchent à se positionner dans la future économie
mondiale du savoir. Vont-ils suivre la (même) bonne voie ? Essaient-ils tous de gagner la même course ?
Si c’est le cas, alors il est certain que la majorité des pays sera déçue car seulement une minorité de pays
seront dans le haut du classement mondial.
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En parallèle avec le développement des pays avancés et émergents et la mondialisation croissante, la
convergence technologique pousse vers plus de convergence dans l'élaboration de stratégies, ainsi que
la participation et la planification pour l’édification des sociétés du savoir. Les expériences réussies dans
ce domaine ont souligné la nécessité de fonder une vision unifiée pour accompagner des formes
avancées de gouvernance, de culture, d’éducation et de formation professionnelle continue (à vie), de
recherche scientifique et d'innovation, des soins de santé, du commerce, et tout simplement de vie dans
les zones urbaines et rurales...
Une vision qui va au-delà de la simple copie des buts et des objectifs déclarés dans un autre pays, pour
décrire – plutôt que de prescrire ou de circonscrire – une identité nationale ouverte sur le monde et
aspirant à un avenir meilleur. Désormais, le succès ne sera que du coté des sociétés qui réussissent à
adopter une stratégie holistique, globale et intégrée, fondée autour d'une vision commune et unifiée, où
les politiques et initiatives nationales représentent les outils dont le pays a besoin pour façonner l'avenir,
et où le résultat final est supérieur à la somme de ses parties – une vraie proposition de «valeur» pour
l'ensemble de la société.
Cette vision ne peut pas et ne doit pas être une vue statique et rigide, mais un point de vue vivant
capable de s’adapter afin de refléter le rythme accéléré de la transformation et de la convergence
technologique et du savoir, ainsi que l’élargissement de l'éventail des opportunités et des options qui se
présentent dans les plus brefs échéanciers. Par conséquent, je considère qu'il est dangereux de suivre
une politique existante définie par et pour un autre pays, même une bonne politique, car il n'y a pas de
destin universel pour tous les pays; plutôt construire une stratégie unifiée et une planification
convergente.
Quant aux facteurs déterminants qui contribuent à développer l'économie du savoir, ils sont nombreux
et complexes. Il est évident que l'investissement dans la connaissance – comme un outil, un bien et un
service économique en même temps, renouvelé et en constante évolution – est une condition
nécessaire, mais pas suffisante. D'autres facteurs clés doivent être pris en considération :

Le développement du capital humain par l'éducation et la formation tout au long de la vie, les
compétences et les ressources humaines qualifiées représentent les fondations de la société du
savoir. La main-d'œuvre devrait être efficace, adaptée aux exigences du marché de l’emploi, et
innovante au travail. Les diplômés, des universités et des institutions de l’enseignement
supérieur, devraient être compétitifs et en mesure de rivaliser avec succès dans l'économie
mondiale du savoir.

Bien que l'élimination des écarts, entre les hommes et les femmes, soit une question de droits de
la personne et d'égalité dans l’exercice de la pleine citoyenneté, cette égalité entre les genres est
également un facteur d’efficience dans le développement, car la femme représente la moitié du
potentiel des talents et des compétences aptes à créer la croissance. Peut-on oublier la moitié
des ressources humaines et des énergies pour construire une société harmonieuse et une
cohésion sociale pour la prospérité de tous ?

L'investissement dans le capital physique et les infrastructures (notamment dans les
technologies de l'information et de la communication) est d'une grande importance pour la
croissance économique. Cependant, le succès de l'économie du savoir est de plus en plus basé
sur l'utilisation efficace des actifs incorporels tels que les connaissances, les compétences,
l'innovation et les résultats de la recherche scientifique, comme les principales ressources pour
améliorer l'avantage concurrentiel. Les organisations de recherche scientifique, publiques et
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privées, doivent intensifier et mutualiser leurs efforts pour assimiler les connaissances et créer le
maximum de propriétés intellectuelles.

Le degré d’assimilation (readiness) des technologies de l'information et de la communication,
joue un rôle vital dans le développement de la société du savoir. La disponibilité d'une
infrastructure de communication de très haut débit, la mise en ligne des services
gouvernementaux et la fourniture de services électroniques publics et privés, sont les principaux
catalyseurs pour le développement de la productivité et le soutien de la créativité et de
l'innovation.

Les entreprises et les entrepreneurs sont à la recherche d'un environnement d'affaires propice et
adéquat, qui permet l'accès à la main-d'œuvre qualifiée, offre des opportunités de financement
public et des incitations fiscales, et fournit des mécanismes de partenariats avec des institutions
publiques. La disponibilité de réseaux d'affaires et de commerce, la concurrence loyale et
l'efficacité du marché de l’emploi sont des moyens considérables pour améliorer l'efficience, la
productivité et la compétitivité.

La bonne gouvernance (l’Etat de droit, la transparence, le bon fonctionnement des institutions
publiques, etc.), la qualité de l'environnement des affaires, et l’efficacité des cadres
réglementaires, sont des avantages compétitifs qui encouragent les investisseurs et les
entrepreneurs. De même, la qualité du cadre juridique et administratif influence énormément
l'esprit d'entreprise et d'investissement. L'efficacité et l’efficience des actions gouvernementales,
ainsi que l’éthique corporative sont des facteurs critiques de succès pour la création de richesses
et la croissance économique.

La liberté d’expression (médias et autres) contribue à promouvoir et à améliorer la gouvernance,
la transparence et la lutte contre la corruption.
Le Salut est à travers le développement du savoir et de l’excellence
Il est certain que l'économie de la Tunisie ne se développera pas suffisamment tant que sa compétitivité
reste basée sur les bas salaires, le manque de diffusion des connaissances, en plus de l’absence d’une
stratégie ambitieuse de développement. Ce sont en effet les caractéristiques de l’actuel modèle
économique tunisien, épuisé et sans aucun apport de valeur ajoutée dans un cadre de compétitivité
globalisée, il ne permettra plus de réaliser la prospérité souhaitée. Ce constat est partagé par un certain
nombre d’experts et d’analystes, encouragerait peut-être la nouvelle majorité parlementaire à se
concentrer très sérieusement sur les réformes fondamentales de moyen et long termes, tel que le
développement d'une économie nationale basée sur les connaissances et le savoir afin de réussir la mise
en place d’un nouveau modèle économique qui s’appuie sur les compétences, une main-d'œuvre
hautement qualifiée, les activités liées à l'éducation, la science et la recherche, la créativité et
l'innovation, ainsi que les actifs incorporels (la création et la promotion de la propriété intellectuelle).
Après des échecs et des tragédies successives vécues par la Tunisie au cours des trois précédentes
décennies, il est temps d’élever le niveau, se pencher sur une réelle transformation économique et
sociale, créer une vision qui capture les cœurs et les esprits des citoyens, leurs rêves et leurs aspirations,
leur patrimoine, leur culture, et de définir une stratégie globale et intégrée, fondée sur les besoins et les
objectifs de cette vision. Par conséquent, cette vision nationale unifiée – pour développer une économie
fondée sur le savoir – doit se concentrer sur le projet sociétal et civilisationnel que la nouvelle majorité
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parlementaire vise à enrichir et promouvoir, ainsi que la qualité de la production économique et du
développement durable, que l’on souhaite établir. Une telle vision devrait avoir l’ambition de développer
et renforcer la position du pays, et favoriser l'émergence de la Tunisie comme un phénomène régional
(dans le monde arabo-musulman et le continent africain) et la transformer, par exemple, en un port très
attrayant pour apprendre, vivre, travailler et investir.
La définition de cette stratégie doit être considérée comme une ambition nationale et donc constituer
une tâche commune, établie grâce à la collaboration du plus grand nombre de compétences tunisiennes
et experts de différents secteurs (secteurs public et privé, entrepreneurs et investisseurs, organisations
de la société civile, des universitaires et des chercheurs...), afin d’unifier les efforts et favoriser
l'engagement des différents acteurs à travers des débats et des échanges de points de vues et d'analyses
permettant d’identifier les secteurs clés, fixer les priorités et favoriser une planification convergente et
une mise en œuvre décentralisée pour le développement de l'économie du savoir. Ainsi, le changement
sera plus lisse, il y aura moins de résistance grâce à la forte implication des citoyens, leur prise de
conscience et leur désir de changement positif.
Egalement, la phase de préparation devrait prendre en considération les politiques existantes pour
former un cadre plus global qui peut facilement intégrer des stratégies et des initiatives spécifiques pour
chaque secteur. Il faut aussi insister sur le développement d'une société de la connaissance pour
immuniser tous les citoyens contre les idées et les thèses réactionnaires destructrices et les
comportements extrémistes, car le concept d'une société du savoir inclut – en plus de la dimension
économique – les dimensions sociales et culturelles dans le but de parvenir à un développement
harmonieux pour tous. Pour ce faire, je propose la création d’un Conseil National de l'Economie du
Savoir, comme un moyen pour mobiliser les experts et les spécialistes, superviser l'élaboration de la
vision unifiée et la définition d’une stratégie globale et d’une planification convergente couvrant les
secteurs stratégiques, pour atteindre un objectif commun – bâtir une économie et une société du savoir.
En somme, le salut de la Tunisie, comme celui de tout pays émergent ou en voie de développement – et
particulièrement en l'absence de ressources et richesses naturelles – repose sur le développement des
connaissances et des compétences. Dans ce contexte, il faut accélérer la mise en œuvre d’une réforme
sérieuse, profonde et immédiate afin de créer des fondations solides pour le développement de la
société et l'économie du savoir, permettant à la Tunisie de faire face aux défis du XXIe siècle, en
particulier dans les domaines prioritaires suivants (mais pas exclusivement) et dans le but de construire
un environnement favorable à l'amélioration et au développement des autres secteurs :

Éducation et Enseignement : Le système éducatif est un facteur clé et est le principal catalyseur
fournissant le capital humain et les compétences pour tous les autres secteurs. Un système
éducatif moderne, efficace et efficient est vital pour la construction de la société du savoir,
permettant de renforcer la compétitivité de l'économie, favoriser le développement social et le
bien-être des citoyens, et améliorer les perspectives de croissance et d'emplois. En outre, la
réforme doit inclure tous les niveaux, depuis la maternelle jusqu’à l'enseignement universitaire
en passant par la formation professionnelle et la formation continue tout au long de la vie. Cette
réforme – qui devrait être en relation étroite avec les priorités économiques et sociales – doit
contribuer dans une large mesure, non seulement à la formation des connaissances, mais aussi
et surtout à former des citoyens libres et développer un capital humain équilibré et qualifié, doté
d’un esprit d'analyse et de critique constructive lui permettant non seulement de réussir dans la
vie professionnelle mais aussi de combattre l'extrémisme et les thèses rétrogrades, refuser la
violence et l’obscurantisme. Il va de soit que l’enseignement des valeurs de partage et de
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solidarité, d’une culture civique et des principes républicains ainsi que le développement de
l’engagement pour le pays, etc. est de plus en plus utile pour le vivre ensemble en harmonie.
Parmi les réformes organisationnelles qui permettent d’améliorer la coopération entre les
différents niveaux du système éducatif et d’éviter la création de silos indépendants, il serait
bénéfique de regrouper les domaines – les secrétariats d’Etat – de la culture, l’éducation, la
formation professionnelle, l’enseignement universitaire et la recherche scientifique, sous la
responsabilité d’un grand ministère de Développement des Ressources Humaines, et ce pour
consolider une réforme globale, profonde, cohérente et convergente vers un même but.

Économie Numérique : Promouvoir et favoriser la création de futures opportunités d’emplois,
soutenir le développement d’une industrie numérique dans les secteurs des TIC et des contenus
(programmes d'éducation, les arts, le cinéma et la vidéo, les jeux électroniques, la radio et la
télévision...), et mettre en œuvre une stratégie pour la dissémination des services électroniques
(gouvernement, santé, commerce, enseignement et apprentissage à distance...). De même,
développer le contenu culturel numérique permettra de faire connaitre et partager le patrimoine
national tunisien et la civilisation arabo-musulmane, et ainsi créer des échanges fructueux dans
un monde globalisé et de plus en plus numérisé. Cette stratégie devrait permettre de déployer
de nouveaux services dans les domaines vitaux et stratégiques, soutenir l'efficacité et
l'innovation dans tous les secteurs économiques et gouvernementaux, améliorer la productivité
et la compétitivité nationale, créer des emplois hautement qualifiés et soutenir de nouvelles
opportunités commerciales à l’export. Une stratégie qui devrait ambitionner de positionner la
Tunisie au premier rang de l'économie numérique dans la région à travers l'utilisation et le
développement des TICs.

Recherche Scientifique et Innovation : C’est un des importants catalyseurs dans la création
d’une croissance économique basée sur le savoir, durable et compétitive. Les pays leaders ont
fondé leur prospérité et leur compétitivité sur leur capacité à innover dans tous les secteurs
industriels, et à développer des produits et des technologies à partir des résultats de la
recherche scientifique et de la production de la propriété intellectuelle. Cela permet au pays
d’améliorer son avantage concurrentiel, créer les futures opportunités de croissance et
d’emplois à forte valeur ajoutée. La Tunisie devrait se concentrer sur, parmi d'autres éléments,
les facteurs clés de succès suivants lui permettant de surmonter les défis mentionnés ci-haut, et
de répondre aux exigences de l'économie du savoir : Développer et améliorer les compétences
du capital humain et former un environnement économique et financier incitatif et propice à
l'innovation et à la recherche scientifique ; Encourager le secteur privé à promouvoir l'innovation
et à investir dans la recherche et le développement ; Créer une coopération étroite et
permanente entre les institutions de recherche publiques et les entreprises afin de permettre
l’accès et le transfert des connaissances, du savoir et des résultats de la recherche scientifique et
technologique.
Il est intéressant de noter que parmi les pays d’une taille économique remarquable, la Corée du Sud se
caractérise par un engagement fort vers la formulation de politiques globales, convergentes et
prometteuses de réussite. Parmi les petits pays, Singapour suit une philosophie similaire. Bien que loin
d'être une destination universelle pour tous les pays, l'actuelle apogée de la pensée holistique et
intégrée est mieux représentée par la Corée. Ce pays pourrait représenter l’objectif ultime à émuler
(mais ne pas copier) et à dépasser dans le développement de l'économie du savoir.
M. Bouanane
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Dans quelle direction se dirige la Tunisie sur le long terme?
Désormais, le salut de la Tunisie ainsi que celui de tous les pays émergents passe certainement par le
développement du savoir et de l'excellence. Pour réussir, il faut impérativement de la volonté, une vision
ambitieuse et des objectifs réalistes et atteignables, ainsi que la participation et la persévérance de la
plus large majorité des citoyens. Cela devrait se traduire pour chaque pays par la mise en œuvre d’une
stratégie unifiée et d’une planification convergente qui prennent en compte ses forces et ses faiblesses
selon une approche holistique et intégrée. Cette stratégie doit chercher à exploiter les effets synergiques
combinatoires d'un grand nombre de secteurs économiques qui coopèrent ensemble en harmonie pour
créer les conditions de décollage d'une croissance durable à forte valeur ajoutée et formatrice d'une
prospérité équitable et d’un bien-être pour tous les citoyens. Une piste opérationnelle pour réfléchir et
concevoir ce fameux modèle tunisien est de fonder un Institut National de l'Économie du Savoir INES, en
transformant l’ITES, pour mener des études prospectives, définir – en collaboration avec les ministères
et les compétences nationales – des stratégies et des politiques sectorielles permettant de construire les
fondations nécessaires pour un décollage durable. Il ne faut pas que ce soit un énième organe sans vision
ni mission. Il doit donc intégrer toutes les agences existantes et sensées travailler sur ces sujets.
Mohamed Bouanane : Professionnel ayant plus de 20 ans d'expérience en Europe et au
Moyen-Orient, avec une expertise dans le domaine du conseil en management
stratégique ainsi qu’une solide connaissance et un savoir faire dans le secteur de
l’économie numérique et du savoir. Leader et spécialiste dans la conception des
stratégies unifiées et la mise en œuvre de plans convergents multi-sectoriels,
impliquant plusieurs parties prenantes de secteurs variés. Il apporte sa réflexion
stratégique et sa méthode de management équilibrée, avec la capacité de
recommander des solutions pragmatiques, des modèles économiques viables et des
plans d'action innovants pour créer de la valeur dans les secteurs privé et public.
M. Bouanane
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