Logistique des transports en Tunisie : Etat des lieux et

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Logistique des transports en Tunisie : Etat des lieux et plan
d’action
Le ‘‘Livre Blanc sur la logistique des transports en Tunisie'' identifie les freins au développement du
secteur et propose un plan d'action pour le moderniser.
Par Wajdi Msaed
«Le Livre Blanc sur la logistique des transports en Tunisie, élaboré par des spécialistes tunisiens, en
collaboration avec des experts de la Banque Mondiale, est la synthèse d'une cinquantaine d'études de projets
de réformes qui impacteront positivement la dynamique économique et sociale du pays», a déclaré Anis
Ghedira, ministre du Transport, à l'ouverture des travaux du séminaire organisé par son département, vendredi
12 février 2016, en vue d'approfondir la réflexion sur le contenu de ce document de référence, l'enrichir et y
apporter les rectificatifs nécessaires.
Passer du diagnostic à l'exécution du plan d'action
Après avoir rendu hommage à la Banque Mondiale et à toutes les institutions financières internationales pour
leur contribution au financement des grands projets en Tunisie, le ministre a précisé que le secteur du transport
représente 7% du PIB, a réalisé un taux de croissance de 3% entre 2012 et 2015 et emploie 140.000 personnes,
dont 40.000 dans le secteur privé, ajoutant que ce secteur souffre de plusieurs difficultés, dont, notamment, le
retard de réalisation des grands projets et le financement du matériel nécessaire à son développement et à
l'amélioration de la qualité de ses services.
Le séminaire a vu la participation de Eileen Murray, représentante résidente de la Banque Mondiale à Tunis, et
des représentants d'institutions bancaires internationales et étrangères (BAD, BEI...), du patronat (Utica et
Conect) et de la société civile. Il a permis de présenter et de débattre du contenu de ce livre blanc dans ses deux
grandes parties (diagnostic et état des lieux, et priorités et plan d'action), et dont l'objectif est de recommander
les réformes à mettre en œuvre selon un plan à l'horizon 2020.
La représentante de la Banque Mondiale, qui a insisté sur le passage à la phase exécution, a signalé que le
processus de développement en Tunisie a besoin d'une logistique de transport efficace. «On doit tout faire pour
que la Tunisie reprenne la 1ère position qu'elle occupait avant 2011 dans la zone Mena (Moyen Orient et
Afrique du Nord) en matière de logistique de transport», a-t-elle insisté, tout en signalant que le diagnostic a
révélé l'existence de défis majeurs qu'il faudrait relever à travers les réformes proposées. Les recommandations
dégagées par le livre blanc seront entérinées par le plan quinquennal 2016-2020, a aussi indiqué Mme Murray.
Les 6 plaies du secteur du transport
Six déficiences majeures ont été mentionnées dans la partie diagnostic. On a d'abord souligné le recul de la
performance logistique nationale, qui vaut à la Tunisie d'être classée au 110e rang mondial, comparé au Maroc
qui occupe le 50e.
Seconde déficience majeure : le secteur portuaire dont le manque de performance coûte au pays près de 150
millions de dinars (MD) par an, le recul du transport public, dont la part s'écroule progressivement au profit de
la voiture personnelle et la mauvaise gouvernance au niveau des entreprises publiques de transport, qui doivent
faire face à un déficit financier chronique.
Le diagnostic signale, par ailleurs, le coût de l'insécurité routière, qui représente 4,5% du PIB, et la
question environnementale eu égard à la montée des émissions de gaz par les différents moyens de transport.
Présentant ensuite les grands axes de la stratégie adoptée par le gouvernement pour le secteur du transport
durant la période couverte par le plan de développement 2016-2020, Sassi Hammami, secrétaire général du
ministère du Transport, a indiqué que l'objectif majeur est de faire de ce secteur un moteur de croissance et une
force de désenclavement régional et d'inclusion sociale. «Nous voulons faire de la Tunisie un grand pôle
logistique au sud de la Méditerranée», a-t-il précisé.
Exposant les priorités et le plan d'action, Michel Audige de la BM, a souligné l'impératif «d'établir une feuille
de route pour la concrétisation des actions à entreprendre et la mise en œuvre des réformes prioritaires», en
insistant sur l'urgence d'améliorer les performances du port de Radès, l'un des poumons économiques de la
Tunisie, qui a besoin de modernisation et de restructuration.
Vers un transport vert et intelligent
Adnane Ben Salah, qui a représenté le secteur privé dans les travaux de ce séminaire, a estimé, de son côté, que
le diagnostic présenté par le livre blanc est juste et sévère, car, effectivement, rien n'a changé au cours des 5
dernières années. «Il faut comprendre les causes profonde de cet immobilisme», a-t-il dit, en pointant du doigt
les freins administratifs et structurels qui empêchent le ministère du Transport de jouer son rôle de force
organisatrice d'entités autonomes capables de constituer des moteurs de développement.
M. Ben Salah a, par ailleurs, déploré la centralisation du pouvoir dans la gestion des entreprises nationales, qui
sont en quasi-faillite à cause des politiques inadaptées imposées par le département de tutelle. «Cette quasifaillite n'est pas due à des facteurs exogènes comme c'est le cas pour le secteur du tourisme», a-t-il aussi
relevé. Et pour prendre des exemples, l'orateur a ajouté : «On ne peut pas résoudre le problème du transport
urbain avec l'octroi de 1.800 licences supplémentaires de taxis collectifs, qui ne feront qu'aggraver la
situation, ni celui du transport maritime on n'accordant pas plus d'autonomie aux différents ports du pays.»
Parmi les défaillances relevées dans le livre blanc, M. Ben Salah a souligné l'absence d'analyses faites par les
partenaires sociaux et, notamment, le secteur privé, qui, a-t-il confié, tient beaucoup à l'autonomie de gestion
des ports.
Les participants ont soulevé d'autres questions importantes, notamment celle relative à l'entrée en vigueur de
l'Open Sky, nécessaire à la libéralisation du transport aérien, projet auquel la BM consacre une importante
enveloppe d'investissement, ou du transport ferroviaire, qui doit respecter les standards internationaux pour se
mettre au diapason des réseaux du reste du monde.
Quoi qu'il en soit, la crise de confiance et l'absence de vision claire rendent plus difficile la résolution des
problèmes identifiés et l'entrée de la Tunisie dans l'ère des transports verts et intelligents. Le livre blanc peut
aider à élaborer cette vision, mais une volonté politique de l'Etat et une détermination de toutes les parties
prenantes du secteur sont nécessaires pour passer à la phase de la mise en oeuvre des réformes préconisées.
Post date: 2016-02-15 11:57:07
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