CP septembre MAQ.ok 31/10/01 09:19 Page 88 D o s s i e r t h é m a t i q u e Adénomes plans ● F. Mal* DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Points forts Points Points forts forts ◆ La prévalence des adénomes plans en Occident est plus élevée (12 à 20 % des adénomes) que ne le laissaient supposer les premières études. ◆ Un polype plan peut correspondre à un adénome, un polype hyperplasique ou un polype mixte. a plupart des cancers du côlon surviennent à partir d’adénomes polyL poïdes (1). Il y a une quinzaine d’années, une autre voie de la cancérisation colique a été décrite (2-4), à partir de lésions adénomateuses différentes, planes et/ou déprimées, qui, bien que souvent plus petites que les lésions polypoïdes, seraient associées à une incidence plus élevée de dysplasie de haut grade et de cancer invasif (atteinte de la sous-muqueuse). Ces lésions planes, initialement décrites par les auteurs japonais, ont été presque ignorées en Occident, jusqu’à une époque très récente où elles ont été également observées dans la population occidentale, avec une prévalence élevée (5-7). * Institut mutualiste Montsouris, département médico-chirurgical. de pathologie digestive, Paris. ◆ Le recours à des colorants au cours de la coloscopie augmente probablement la sensibilité du diagnostic. ◆ Un adénome plan a d’autant plus de risque d’avoir une histologie défavorable qu’il dépasse 10 mm et/ou qu’il est déprimé. DÉFINITION Il s’agit de lésions adénomateuses peu visibles en endoscopie, planes et/ou déprimées, dont la hauteur est inférieure à la moitié du diamètre (8) et de couleur différente de la muqueuse normale (plus rouge). Elles sont classifiées en IIa (surélévation plane), IIc (légèrement déprimée) et IIa + IIc (surélévation plane et déprimée) (figure). Ces lésions ont la particularité d’être difficilement visibles en endoscopie, et accentuées par la coloration à l’indigo carmin (elles ne sont pas colorées, à l’inverse des élevures hyperplasiques). Il existe une autre définition purement histologique (hauteur de la muqueuse de l’adénome plan supérieure à deux fois la hauteur de la muqueuse normale), mais elle n’a pas d’intérêt pratique. Histologiquement, les adénomes plans ont une structure tubuleuse, avec, par définition, des glandes dysplasiques. 88 Il existe d’autres polypes plans dans le côlon. Les polypes hyperplasiques plans, qui sont caractérisés par une hyperplasie des cryptes sans dysplasie. Il existe par ailleurs des polypes où se juxtaposent des glandes adénomateuses et des glandes hyperplasiques. Parfois, il existe même dans certaines glandes hyperplasiques des cellules dysplasiques (adénomes dentelés). PRÉVALENCE La prévalence initiale était plus faible que la prévalence actuelle, surtout dans la population occidentale. Cela est probablement la conséquence d’une amélioration de la sensibilité des moyens de détection endoscopique (endoscope grossissant et coloration). Ainsi, en 1991, elle était chiffrée à 8 % parmi 340 adénomes de taille inférieure à 1 cm (9). Des données très récentes concernant la population occidentale font état d’une prévalence supérieure comprise entre 12 et 22 % (6, 7), les lésions adénomateuses polypoïdes étant deux fois plus fréquentes. Dans une étude récente, 60 % des adénomes plans n’ont été détectés que par la coloration à l’indigo carmin (7). La prévalence des lésions adénomateuses parmi les lésions planes est de 80 % plus élevée que celle au sein des petites lésions polypoïdes (7). La distribution dans le côlon semble se faire de manière comparable dans les côlons droit et gauche (7). Dans la population générale, les lésions planes Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 3 - septembre 2001 CP septembre MAQ.ok 31/10/01 09:19 Page 89 D o s s i e r IIa IIb t h é m a t i q u e permettant de savoir, en cas de cancer invasif, si le traitement endoscopique est suffisant. Si une lésion ne se laisse pas déformer lors de l’insufflation-aspiration, s’il existe une convergence des plis, une invasion doit être suspectée. Les lésions déprimées de plus de 10 mm ne doivent pas être traitées endoscopiquement (13). ■ IIc IIc + IIa IIa + IIc Les lésions coliques d’aspect endoscopique superficiel sont classées en type I (polypoïde), II (plane avec trois sous-types), et III (franchement ulcérée). IIa : lésion en plateau surélevé IIb : lésion complètement plane IIc : lésion déprimée (non ulcérée) R É F É R E N C E S 1. IIc + IIa : la dépression a la priorité IIa + IIc : l’élévation périphérique a la priorité Figure. Sous-type II du stade 0 du cancer colique. ne semblent pas prédominer dans une ethnie particulière (7), mais elles sont rares avant 40 ans s’il n’y a pas de prédisposition (5, 9). Chez les sujets ayant une prédisposition génétique, les adénomes plans sont fréquemment observés, en particulier au cours des polyposes adénomateuses familiales, typiques ou atténuées (10). Il existe un syndrome décrit par Lynch, dit des adénomes plans héréditaires localisés dans le côlon droit. Les adénomes plans sont retrouvés dans le syndrome HNPCC, avec une fréquence variable, faible en Occident, plus élevée au Japon (11). Prévalences de la dysplasie de haut grade, du carcinome intramuqueux et du cancer invasif Elles ont été comparées dans les populations japonaise et suédoise et sont respectivement de 24 versus 13 %, 7 versus 1 %, et 10 versus 1 % (12). Une étude américaine récente trouve 4,5 % de carcinome invasif parmi les adénomes plans (7). Il faut noter que, dans cette étude, toutes les lésions ayant une histologie avancée étaient détectables par coloscopie dans des conditions normales, c’est-à-dire sans coloration. La prévalence de la dysplasie sévère ou plus dans les adénomes plans est considérée comme nettement plus élevée, Mots clés. Adénome plan – Dysplasie sévère – Polype – Carcinome in situ. à taille égale, que dans les adénomes polypoïdes (7). Mais une étude récente (6) montre, pour les adénomes plans de moins de 10 mm, une prévalence de dysplasie sévère ou plus comparable à celle des adénomes polypoïdes (respectivement 4 et 6 %). En revanche, la prévalence de lésion de grade supérieur ou égal à la dysplasie sévère est plus élevée pour les adénomes plans de plus de 10 mm par rapport aux adénomes polypoïdes de même taille (29 versus 16 %). Les lésions déprimées sont rares, mais la prévalence de lésions de grade élevé est forte (75 %), alors même que leur diamètre est modeste (9 mm en moyenne). Une prévalence élevée, de la dysplasie sévère (ou plus) dans les lésions déprimées de moins de 10 mm a aussi été retrouvée par les auteurs japonais (13). TRAITEMENT Le traitement des adénomes plans repose sur la résection endoscopique à l’anse diathermique, de préférence selon la technique de mucosectomie. Les petits adénomes plans, non déprimés, de moins de 5 mm peuvent être réséqués à la pince chaude. Les lésions planes de plus grande taille peuvent être retirées par mucosectomie applicable jusqu’à une taille de 25 mm. L’analyse histologique de la pièce Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 3 - septembre 2001 89 Morson B.The polyp-cancer sequence in the large bowel. Proc R Soc Med 1974 ; 67 : 451-7. 2. Kudo S. Endoscopic mucosal resection of flat and depressed types of early colorectal cancer. Endoscopy 1993 ; 25 : 455-61. 3. Muto T, Kamiya J, Sawada T et al. Small flat adenoma of the bowel with special references to its clinicopathological features. 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