Prévention du risque d`exposition aux rayons ultraviolets solaires

publicité
Fiche Prévention - J2 F 01 13
Prévention du risque d’exposition
aux rayons ultraviolets solaires
L’exposition aux rayons ultraviolets (UV) peut avoir des effets sur la santé.
Cette fiche aborde le risque d’exposition au rayonnement solaire ainsi que les mesures de
prévention pour s’en prémunir.
L’ensemble des activités du BTP sont soumises aux conditions météorologiques et donc aux UV
solaires, toutefois celles qui ne peuvent se dérouler qu’en extérieur sans solution de repli à l’abri
restent les plus exposées. Parmi elles, citons :
• les travaux de gros œuvre, de façade, de charpente, de couverture, d’étanchéité, de bardage ;
• les travaux routiers, de canalisation, de VRD et de génie civil.
Certains métiers exposent également à d’autres sources de rayons UV ; les soudeurs et les métalliers,
entre autres, sont notamment exposés lors des opérations de soudage à l’arc. Ce volet n’est pas
traité dans cette fiche.
Définition
Fig. 1
Le rayonnement UV dans le spectre électromagnétique
Le rayonnement solaire représente l’ensemble des rayonnements
émis par le soleil.
Ces rayonnements constituent un spectre continu allant des rayons
ultraviolets (UV) aux rayons infrarouges (IR) en passant par le rayonnement visible (Fig. 1).
En arrivant sur la terre, le rayonnement solaire comprend :
• 5 % de rayons ultraviolets (invisibles).
• 40 % de lumière visible qui permet de distinguer les formes et
les couleurs ; celle-ci émet un maximum d’énergie et génère la
photosynthèse des plantes.
• 55 % de rayons infrarouges (invisibles). Ils chauffent la matière
solide ou gazeuse qu’ils rencontrent.
© AFSSET
Les rayonnements sont classés en fonction de leur longueur
d’onde (λ), exprimée en nanomètres (nm) : 1nm = 10-9 m.
• rayons UV : 100 à 400 nm.
• rayonnement visible : 400 à 800 nm.
• rayons IR : 800 à 1 400 nm.
Le rayonnement ultraviolet (UV) fait partie du spectre électromagnétique émis par le soleil. Contrairement aux rayonnements infrarouges qui sont à l’origine de la sensation de chaleur apportée
par le soleil, les rayonnements UV ne sont pas perçus par le corps
humain.
Parmi les UV, on distingue :
• les UVC (λ : 100-280 nm) : ce sont les rayonnements UV de longueurs d’onde les plus courtes ; ils
sont les plus dangereux mais sont arrêtés en totalité par les couches supérieures de l’atmosphère ;
• les UVB (λ : 280-315 nm) sont également dangereux, notamment par temps nuageux ;
Plus le soleil est bas dans le ciel, plus les rayons UV traversent
une épaisse couche d’atmosphère et d’ozone. L’intensité du
rayonnement UV est alors très faible : index UV : 1/2.
Lorsque le soleil est haut dans le ciel, le trajet des rayons
UV dans l’atmosphère est court : index UV : 10.
Les effets biologiques
des rayonnements UV
• Le rayonnement UVB contribue à la synthèse de la vitamine D nécessaire notamment à l’absorption du calcium
par le squelette. La production de la vitamine D après exposition au soleil s’ajoute à celle acquise par voie alimentaire.
• Les UVB et les UVA occasionnent des dommages à l’ADN :
les UVB provoquent une pigmentation adaptative de la
peau ou « bronzage », ils sont aussi responsables de l’effet
« coup de soleil » signal d’alerte d’une exposition excessive au soleil. Les UVA sont à l’origine d’une pigmentation immédiate et transitoire de la peau dite « effet bonne
mine ». La pigmentation de la peau, qu’elle soit provoquée
par les UVB ou UVA, s’accompagne d’altérations de la
structure de l’ADN.
• Les UVA et UVB affaiblissent le système immunitaire et entraînent localement des phénomènes d’inflammation.
réactions de photosensibilisation. Des facteurs peuvent
accroître la réactivité de la peau aux UV comme la prise
de certains médicaments ou l’application de produits
cosmétiques sur la peau.
Pour les yeux
Les UV, et en particulier les UVA, peuvent entraîner des atteintes oculaires :
• les effets aigus sur l’œil sont une photokératite, une ophtalmie correspondant à une inflammation de la cornée (c’est
le « coup de soleil de l’œil »), et une photoconjonctivite.
• à long terme, l’opacification du cristallin (cataracte) pouvant aboutir à la cécité (Fig. 3).
• des dégénérescences de la rétine.
Fig. 3
Cataracte
© Jean-Pierre Baud
• les UVA (λ : 315-400 nm) composent majoritairement le
rayonnement solaire UV à la surface de la terre (entre 95 %
et 99 %), le reste étant les UVB.
Les risques pour la santé
Pour l’organisme
La surexposition aux rayonnements ultraviolets (UVA et UVB)
présente des risques pour la peau, les yeux et l’organisme.
• La formation de cancers dans les cas les plus graves. En
effet, l’exposition au rayonnement ultraviolet est le principal facteur de risque environnemental des cancers de la
peau. Avec près de 65 000 nouveaux cas par an, les cancers cutanés (carcinomes basocellulaires, épidermoïdes et
mélanomes) sont les cancers les plus fréquents. La forme
la plus agressive est le mélanome cutané (environ 7 000
cas par an, avec une mortalité de 1,5 pour 100 000 habitants en France).
• Des brûlures solaires « le coup de soleil » (Fig. 2).
• Un vieillissement accéléré de la peau qui favorise l’irritation
cutanée et ralentit la vitesse de cicatrisation.
• Des allergies ou une intolérance aux rayons UV avec
des lésions d’eczéma. Certaines substances chimiques
augmentent la réactivité de la peau vis-à-vis des rayons
UV ou favorisent la survenue de certaines réactions allergiques. On parle alors de réactions phototoxiques ou de
Les UVA et UVB sont des agents cancérogènes : en 2009,
le CIRC (Centre international de recherche contre le cancer)
a classé cancérogène groupe 1 (agent cancérogène certain
pour l’homme) la partie UV du spectre solaire. Selon le CIRC,
près de 70 % des mélanomes cutanés seraient dus à l’exposition solaire (Fig. 4).
Fig. 4
Brûlure solaire
Tumeur cancéreuse
© Jean-Pierre Baud
Fig. 2
© Jean-Pierre Baud
Pour la peau
2
Fiche Prévention - J2 F 01 13 - © oppbtp 2013
Les effets de l’exposition aux UV sont fonction :
• de la nature, la durée, la fréquence et l’intensité de l’exposition ;
• de facteurs géographiques et environnementaux : la latitude, la saison, les conditions météorologiques, l’altitude
(plus l’altitude est élevée, plus l’atmosphère qui nous protège des UV est fine). En outre, la réflexion des rayons du
soleil sur certains matériaux comme l’eau mais surtout la
neige (près de 80 % de réflexion) accroît encore le risque, à
la fois pour la peau et pour les yeux. Des travaux en haute
montagne, dans un paysage enneigé et un ciel très dégagé
représentent des situations à fort risque potentiel (Fig. 5) ;
Fig. 5
Situation à risque due à la réflexion des rayons
sur la neige lors de travaux en montagne.
L’insolation
L’insolation est provoquée, non pas par les UV,
mais par la chaleur du soleil, d’où son appellation
commune de « coup de chaleur ».
•Elle correspond à une défaillance du système naturel de thermorégulation qui permet à la température interne du corps de rester à 37 °C.
•
L’insolation se manifeste par une fièvre élevée
(supérieure à 39,5 °C), des maux de tête, parfois
une perte de connaissance.
•Sans une prise en charge thérapeutique urgente,
l’insolation peut conduire au décès.
© Frédéric Vielcanet
Les mesures viseront, en priorité, à limiter l’exposition solaire
des travailleurs à l’extérieur en organisant le travail :
• s’informer sur les conditions météo afin d’anticiper la prise
des mesures (Météo France donne chaque jour les prévisions des index UV – Fig. 6) ;
• décaler ou reporter si possible les activités en cas de
risque d’exposition élevée (Fig. 7) ;
Fig. 6
Carte des prévisions d’index UV de Météo France
• de facteurs individuels : nous possédons tous un capital
solaire propre. Certaines personnes sont plus sensibles
que d’autres aux rayons UV. Le type de peau est un critère
important : les personnes à peau claire et cheveux roux ou
blonds présentent les plus grandes sensibilités. Des antécédents familiaux, des expositions fortes pendant l’enfance contribuent également à une plus grande sensibilité
de la peau aux UV.
Nota
Prévention collective
et individuelle
Suivant la nature de ses activités, l’employeur intégrera le
risque UV solaire dans l’évaluation des risques professionnels (ERP) de l’entreprise et prendra des mesures pour limiter l’exposition aux plus bas niveaux.
Fig. 7
Horaire de travail décalé
© ITER Organization
Le capital solaire est la quantité de soleil que la
peau peut recevoir sans dommage au cours d’une
vie ; il est génétiquement déterminé à la naissance,
variable d’une personne à l’autre (type de peau,
capacité de réparation des dommages causés à
l’ADN par le soleil sont les principaux caractères
génétiques déterminants) et non renouvelable.
3
Fiche Prévention - J2 F 01 13 - © oppbtp 2013
Fig. 9
Protection des yeux
© Frédéric Vielcanet
• éviter le travail en extérieur lors des heures d’exposition
les plus fortes, soit entre 12 et 16 heures en cas de fort
ensoleillement ;
• limiter le temps passé au soleil par une rotation des postes ;
• aménager des temps de pause en donnant la possibilité de
se mettre à l’ombre lors de ces pauses ;
• adopter des mesures techniques pour les conducteurs
d’engins ou de véhicules en ajoutant des filtres sur les
vitres de leur véhicule ;
• fournir de l’eau potable en quantité suffisante sur les lieux
de travail pour une désaltération régulière (Fig. 8) ;
• informer le personnel des dangers du risque UV et des mesures de prévention adoptées.
Prévention médicale
© Eurovia
Fig. 8
Vêtements couvrants
et eau potable sur le lieu
de travail.
• Fournir et faire porter des équipements adaptés :
„„ des vêtements couvrants (Fig. 8) à maille serrée, en coton léger et aéré, de couleur claire, amples, couvrant si
possible bras et avant-bras, un pantalon ;
„„ un couvre-chef (casque, casquette avec visière, chapeau à large bord suivant les activités) ; penser à protéger également la nuque ;
„„ des lunettes de soleil (Fig. 9) avec verres teintés à protection UV 100 % enveloppantes - norme EN 170 (filtre
pour UV) ou EN 172 (filtre de protection solaire pour
usage industriel).
Le travail torse nu et en short est à proscrire.
Les crèmes solaires constituent une fausse sécurité
puisqu’elles ne filtrent pas la totalité du rayonnement UV
mais évitent le coup de soleil qui est le signal d’alarme normalement destiné à mettre fin à l’exposition. De plus, certaines d’entre elles contiennent des nanoparticules dont on
ne connaît pas actuellement tous les effets.
• Information et sensibilisation des salariés par l’équipe Santé au travail.
• Auto-examen régulier de la peau : une vigilance particulière est conseillée aux sujets à peau claire, ayant de
nombreuses taches de rousseur ou de nombreux grains
de beauté, et/ou ayant reçu de nombreux coups de soleil
pendant l’enfance ou l’adolescence.
• Dépistage précoce et régulier des cancers de la peau des
salariés les plus exposés.
• Suivi des personnes à risques par un dermatologue. Veiller
à ce que tout salarié sujet à une photosensibilisation liée
à une substance n’entre pas en contact avec cette substance photosensibilisante lors de l’exposition aux UV. Le
médecin du travail pourra, au besoin demander un aménagement du poste de travail.
Documents à consulter
•Institut national contre le cancer
Fiche repère « Rayonnement ultraviolet et risques
de cancer » (octobre 2011)
•www.meteo.fr
Consultation des prévisions d’index UV
OPPBTP
25, avenue du Général Leclerc - 92660 Boulogne-Billancourt Cedex - 01 46 09 27 00 - www.preventionbtp.fr
4
Fiche Prévention - J2 F 01 13 - © oppbtp 2013
Téléchargement