dossier Suivi du diabétique de type 2 à l’officine Le traitement médicamenteux du diabète de type 2 L’objectif d’un traitement en diabétologie est de prévenir et de réduire les complications de la maladie mais aussi d’améliorer la qualité de vie des patients. Actuellement, diverses classes thérapeutiques permettent de traiter le diabète de type 2. Les médicaments les plus récents sont particulièrement intéressants en termes de tolérance et de coût. François PILLONa,* Pharmacologue Kimny TANb Professeur de chimie thérapeutique © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Priscilla JOUTYc Mots clés - diabète de type 2 ; traitement antidiabétique ; stratégie thérapeutique Diététicienne Yannick FRULLANId Docteur en pharmacie Pharmacological treatment of type 2 diabetes. The aim of a treatment for diabetes is to prevent and reduce the complications of the disease as well as improve patients’ quality of life. There are currently various therapeutic classes of drugs used to treat type 2 diabetes. The most recent drugs are particularly interesting in terms of tolerance and cost. a 17 bd de Brosses, 21000 Dijon, France b © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved 7 bd Jeanne-d’Arc, 21000 Dijon, France Keywords - anti-diabetic treatment; treatment strategy; type 2 diabetes c 1 rue Guynemer, 21600 Longvic, France d L a prise en charge initiale du diabète de type 2 doit toujours reposer sur le régime et les modifications des habitudes de vie avant de recourir aux traitements médicamenteux. Les sulfamides, les biguanides, les inhibiteurs des alphaglucosidases, les glinides, ainsi que de nouveaux médicaments tels que les analogues des glucagon-like peptide-1 (GLP-1), les inhibiteurs du cotransporteur de la dipeptidyl-peptidase-4 (DPP-4) et les inhibiteurs de sodium-glucose de type 2 (SGLT2) permettent de traiter le diabète de type 2. Les nouveaux traitements antidiabétiques disponibles sur le marché présentent des avantages en termes de tolérance et de coût par rapport aux traitements plus anciens. Leurs dossiers d’autorisation de mise sur le marché (AMM) se réfèrent à plusieurs études cliniques incluant au moins 2 000 patients, dont au moins un tiers a bénéficié d’un suivi supérieur à un an. Dans ces essais cliniques, les critères de jugement évaluent : • les données métaboliques avec l’équilibre glycémique moyen (hémoglobine glyquée [HbA1c], variabilité glycémique, nombre et sévérité des hypoglycémies) ; • les complications microvasculaires telles que la rétinopathie (fond d’œil, rétinographe), la néphropathie (créatinémie, microalbuminurie des 24 heures) et la neuropathie (examen clinique) ; • les complications macrovasculaires (nombre d’évènements cardiovasculaires...). 80 rue du Dr-Albert-Barraud, 33000 Bordeaux, France Les différentes classes thérapeutiques d’antidiabétiques Parmi les antidiabétiques disponibles (tableau 1), sont distingués les antidiabétiques oraux (biguanides, sulfamides hypoglycémiants, inhibiteurs des alphaglucosidases, glinides, inhibiteurs de la DPP-4, inhibiteurs de SGLT-2) et les antidiabétiques injectables (analogues des GLP-1, insuline). © BSIP/Phototake À propos des glitazones, médicaments retirés du marché De nouveaux médicaments tels que les analogues des glucagon-like peptide-1 permettent de traiter le diabète de type 2. Actualités pharmaceutiques • n° 541 • décembre 2014 • Les glitazones ou thiazolidinediones sont des médicaments hypoglycémiants oraux relativement récents qui ont été retirés du marché en 2011. La première de ces molécules, la troglitazone, fut commercialisée aux États-Unis en 1997 avant d’être interdite plus tard en raison de son hépatotoxicité. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2014.10.005 *Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Pillon). 23 dossier Suivi du diabétique de type 2 à l’officine Tableau 1. Caractéristiques des antidiabétiques. Classe pharmacologique Exemple de molécules Mécanisme d’action Voie Nombre de prises par jour Effets cardiovasculaires Avantages Inconvénients Sulfamides hypoglycémiants Gliclazide, glipizide, glimépiride, glibenclamide Augmentation de la sécrétion d’insuline Orale 1 à 2 prises/jour Pas de bénéfice cardiovasculaire montré dans les études cliniques Pas d’effets nocifs démontrés Bonne tolérance Faible coût Hypoglycémie Augmentation du poids Nécessité de surveiller les glycémies Initiation du traitement de manière prudente (nécessité d’une titration) Biguanides Metformine Effet antihyperglycémiant Orale 1 à 3 fois/jour Réduction de la morbi-mortalité cardiovasculaire (infarctus du myocarde) dans l’étude clinique United Kingdom Prospective Diabetes Study (UKPDS) Bonne tolérance à long terme Pas de prise de poids Faible risque d’hypoglycémie Faible coût Diarrhées +++ Possible lien avec la survenue d’une acidose lactique À éviter en cas d’insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine < 30 mL/min) Inhibiteurs des alphaglucosidases Acarbose, miglitol Inhibition des alphaglucosidases intestinales : diminution de la dégradation des carbohydrates en monosaccharides absorbables Orale Jusqu’à 3 fois/jour Inconnu Pas de prise de poids Faible coût Flatulences Diarrhées Glinides Répaglinide Stimulation de la sécrétion d’insuline Orale Prise à chaque repas Pas d’effets bénéfiques retrouvés Action hypoglycémiante rapide Prise de poids à long terme Hypoglycémie Nécessité d’une surveillance des glycémies Analogues du GLP-1 Exénatide, liraglutide Augmentation de la sécrétion d’insuline et suppression de la sécrétion du glucagon Sous-cutanée 1 à 2 injections/ jour Inconnu Les études chez l’animal suggèrent un effet bénéfique sur la survenue d’un infarctus du myocarde et d’une insuffisance cardiaque congestive Pas de prise de poids Faible risque d’hypoglycémie Pancréatite Lien avec un cancer médullaire de la tyroïde à confirmer À éviter en cas d’insuffisance rénale Inhibiteurs de la DPP-4 Sitagliptine, vildagliptine, saxagliptine Augmentation des concentrations endogènes d’incrétines Orale 1 fois/jour Inconnu mais pas d’évidence d’effets néfastes cardiovasculaires Faible risque d’hypoglycémie Pancréatite Inhibiteurs de SGLT-2 Dapagliflozine Réduction de la réabsorption du glucose au niveau du tubule contourné proximal Orale 1 fois/jour Inconnu Perte de poids Polyurie Insuffisance rénale fonctionnelle par déshydratation Hypotension artérielle Infections urinaires Mycoses vaginales À éviter en cas d’insuffisance rénale modérée à sévère Active directement le récepteur à l’insuline Sous-cutanée 1 à 4 injections/ jour en fonction de la durée d’action de l’insuline Pas d’effets néfastes au niveau cardiovasculaire Bon équilibre glycémique comparativement aux autres médicaments Prise de poids Hypoglycémies Nécessité d’une surveillance des glycémies Insuline DPP-4 : dipeptidyl peptidase-4 ; GLP-1 : glucagon-like peptide-1 ; GLT-2 : sodium-glucose de type 2. 24 Actualités pharmaceutiques • n° 541 • décembre 2014 • dossier Suivi du diabétique de type 2 à l’officine Metformine et survenue d’acidose lactique L’acidose lactique est réputée comme étant la complication la plus grave du traitement par metformine avec une mortalité proche de 50 %. Son incidence est de 2 à 9/100 000 patients/an. Elle peut survenir en cas d’accumulation de metformine. Les cas rapportés chez des patients traités par la metformine sont apparus principalement chez des sujets diabétiques souffrant d’une insuffisance rénale significative. L’incidence de l’acidose lactique peut et doit être réduite par une évaluation des autres facteurs de risque associés, tels qu’un diabète mal équilibré, une cétose, un jeûne prolongé, l’éthylisme, une insuffisance hépatocellulaire, ainsi que toute affection associée à une hypoxie. L’acidose lactique est un état, comme son nom l’indique, d’acidose métabolique lié à la libération d’ions H+ par l’acide lactique. Il s’agit d’un accident rare, mais grave, mortel dans la moitié des cas et dû le plus souvent à la prescription inappropriée de biguanides. Le principal mécanisme expliquant le lien entre l’acidose lactique et la metformine serait l’inhibition de la néoglucogenèse à partir de différents substrats, dont le Actualités pharmaceutiques • n° 541 • décembre 2014 • lactate. La metformine serait aussi capable d’augmenter la production glycolytique de lactates au niveau intestinal. Les autres causes d’acidose lactique doivent être prises en compte dans l’analyse étiologique (état de choc et autres affections associées à une hypoxie, insuffisance hépatocellulaire et rénale, diabète mal équilibré, cétose, jeûne prolongé, éthylisme…). L’acidose lactique dite “associée à la metformine” regroupe trois situations distinctes : • dans le premier cas, il existe une cause sous-jacente et la présence de la metformine n’est qu’anecdotique ; le pronostic est sombre ; • dans le deuxième cas, la metformine est la cause principale de l’acidose lactique et le pronostic est plutôt favorable ; • dans le dernier cas, le plus fréquent, l’acidose lactique est aggravée par l’accumulation de metformine ; le rôle de l’insuffisance rénale est alors majeur. Des acidoses lactiques ont été rapportées chez des patients traités par metformine et par des médicaments pouvant altérer la fonction rénale comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les diurétiques, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les antagonistes de l’angiotensine II. In fine, toutes les situations à risque imposent une interruption momentanée de la metformine, mais en aucun cas l’arrêt définitif du traitement. Note 1 Clcr = 140 - âge x poids x k [Cr] Clcr : estimation de la clairance de la créatinine en mL/min [Cr] : créatininémie en μmol/L Âge : âge en année Poids : masse corporelle en kg k : coefficient qui vaut 1,23 chez l’homme et 1,04 chez la femme Les inhibiteurs du SGLT-2, une nouvelle classe d’hypoglycémiants oraux La dapagliflozine est une nouvelle molécule ayant obtenu une AMM dans l’Union européenne par procédure centralisée (Forxiga® 5 et 10 mg, voie orale, Côté urinaire (luminal) Côté basolatéral GLUT2 Glucose Glucose Glucose Na+ Na+ K+ K+ © F. Pillon En France, deux glitazones ont été mises sur le marché en 2002 : la rosiglitazone et la pioglitazone (respectivement médicament d’exception jusqu’en 2003 et médicament à prescription initiale restreinte jusqu’en 2004). Lors de la réévaluation de la pioglitazone en 2008 par la Commission de transparence, l’amélioration du service médical rendu (ASMR) est passée de IV à V. Puis, en septembre 2010, l’Agence européenne du médicament (EMA) a demandé la suspension des autorisations de mise sur le marché des médicaments contenant de la rosiglitazone (Avandia® et Avandamet® en France) suite aux résultats des réévaluations diligentées par le Comité européen d’évaluation des médicaments à usage humain (CHMP) ayant montré qu’elle était, par rapport à d’autres antidiabétiques oraux, associée à une augmentation du risque d’infarctus du myocarde et d’accidents vasculaires cérébraux. Les bénéfices de la pioglitazone avaient été initialement montrés sur le contrôle glycémique, puis secondairement en termes de morbi-mortalité : réduction de 18 % de la survenue d’un décès, d’un infarctus du myocarde ou d’un accident vasculaire cérébral. Mais en juillet 2011, ce médicament fut suspendu en France en raison du risque de survenue d’un cancer de la vessie surtout chez le sujet de sexe masculin, en cas de durée d’exposition > 24 mois, de dose cumulée > 28 000 mg et de facteurs de risque associés (tabagisme, amines aromatiques...). De plus, la pioglitazone serait liée à une augmentation du risque de survenue de fractures, essentiellement distales, et d’une insuffisance cardiaque. Na+ Pompe Na+/K+/ATPase Figure 1. Cellule du tubule rénal proximal présentant, du côté luminal (urinaire), le transporteur glucose-Na+-SGLT-2 et, du côté basolatéral, le transporteur GLUT-2. Il s’agit d’un transport actif nécessitant de l’énergie fournie par la pompe Na+/K+/ATPase. 25 dossier Suivi du diabétique de type 2 à l’officine 1 prise/jour). Il s’agit d’un inhibiteur sélectif et réversible du cotransporteur SGLT-2 au niveau du tube contourné proximal, diminuant ainsi la réabsorption du glucose, ce qui provoque une augmentation de son excrétion urinaire (figure 1). Dans les essais cliniques, des effets indésirables sont constatés : infections urinaires et génitales, hypotension, insuffisance rénale fonctionnelle par déshydratation, nausées, vertiges, etc. L’intérêt de cette molécule est qu’elle s’attaque à une nouvelle cible (innovante), mais il faudra étudier à long terme ses bénéfices sur la morbi-mortalité cardiovasculaire et sa tolérance. Les inhibiteurs de SGLT-2 sont des inhibiteurs compétitifs de SGLT-2, transporteur impliqué dans la réabsorption du glucose dans le tubule rénal proximal. L’action des inhibiteurs de SGLT-2 ne dépend ni de la présence d’insuline, ni de la sensibilité à l’insuline du tubule proximal. Cela permet d’envisager de traiter tous les diabétiques, y compris les diabétiques de type 2 avec insulinorésistance significative (patients insulinotraités ou non), qui constituent actuellement la population cible de cette nouvelle classe thérapeutique. Un sujet sain filtre quotidiennement 180 litres de plasma, soit environ 180 g de glucose par jour. Tant que la glycémie ne dépasse pas 180 mg/dL, la totalité du glucose filtré est réabsorbée de telle sorte que la glucosurie est nulle. Cette réabsorption proximale du glucose est possible grâce au transporteur SGLT-2 présent du côté de la lumière du tubule (côté urinaire). Ce transport actif, qui coûte donc de l’énergie, permet ensuite au glucose de traverser la cellule tubulaire proximale et d’être excrété dans la circulation sanguine par le côté basolatéral de la cellule en échange d’un ion sodium (Na+). Ce transfert basolatéral est possible grâce au transporteur de glucose GLUT-2. Le SGLT-2 est donc un transporteur glucose-Na+. Il existe également une faible réabsorption du glucose dans une partie plus distale du tubule proximal par l’intermédiaire de SGLT-1 et GLUT-1. Les inhibiteurs de SGLT-2 étant des inhibiteurs compétitifs sélectifs de SGLT-2, il en résulte une réduction des capacités de réabsorption du glucose au niveau tubulaire proximal qui n’est qu’en partie compensée par le transporteur SGLT-1. surcharge pondérale) avec mise en place de mesures hygiéno-diététiques (restriction calorique, consommation de graisses insaturées au détriment des graisses saturées et consommation d’aliments à faible index glycémique) et d’exercices physiques réguliers, contrôlés et adaptés à chaque individu. F Le but de cette prise en charge est d’atteindre l’objectif glycémique cible déterminé [1] : • cas général : HbA1c ≤ 7 % ; • patient diabétique de type 2, récemment diagnostiqué sans antécédent cardiovasculaire et dont l’espérance de vie est supérieure à 15 ans : HbA1c ≤ 6,5 % ; • patient âgé : – “vigoureux”, en bon état de santé, HbA1c ≤ 7 % ; – “fragile”, à l’état de santé intermédiaire, HbA1c ≤ 8 % ; – “malade”, en mauvais état de santé, HbA1c < 9 % ; • patient avec un antécédent de complication macrovasculaire : – non évoluée, HbA1c ≤ 7 % ; – évoluée, HbA1c ≤ 8 % ; • patient insuffisant rénal : – chronique modéré (débit de filtration glomérulaire [DFG en mL/min/1,73 m 2 ] entre 30 et 59), HbA1c ≤ 7 % ; – chronique sévère (DFG entre 15 et 29) ou terminal (DFG < 15), HbA1c ≤ 8 %. F Si l’objectif glycémique n’est pas atteint malgré la mise en place de l’éducation du patient avec des mesures hygiéno-diététiques et des exercices physiques adaptés, un traitement médicamenteux sera mis en place selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS). Les mesures hygiéno-diététiques devront être poursuivies tout le long de la prise en charge médicamenteuse. En l’absence de signes cliniques (syndrome polyuro-polydipsique, amaigrissement), le traitement sera débuté aux doses minimales recommandées qui seront augmentées progressivement jusqu’à atteindre l’objectif glycémique ou jusqu’aux doses maximales tolérées. Le patient doit être informé des avantages et inconvénients des traitements proposés. Les différents schémas thérapeutiques Monothérapie De façon générale, tous les antidiabétiques oraux (ADO) sont contre-indiqués ou déconseillés en cas de grossesse ou d’allaitement. Seule la mise en place d’un schéma insulinique optimisé pour atteindre l’objectif glycémique strict (HbA1c < 6,5 %) est recommandée. F Suite au diagnostic d’un diabète de type 2 ou non insulinodépendant (DNID), le premier traitement est un traitement non médicamenteux qui consiste en l’éducation du patient (réduction pondérale en cas de 26 F Les biguanides, dont le représentant en France est la metformine (Glucophage®, Stagid®), sont utilisés en première intention chez des diabétiques de type 2, en particulier en cas de surcharge pondérale. La metformine agit par l’intermédiaire de trois mécanismes : en réduisant la production hépatique du glucose, en augmentant la sensibilité des cellules musculaires à l’insuline et en retardant l’absorption intestinale du glucose. Ainsi, la prise de ce médicament n’entraîne pas d’hypoglycémie. La metformine a égale- Actualités pharmaceutiques • n° 541 • décembre 2014 • dossier Suivi du diabétique de type 2 à l’officine Encadré 1. À savoir F La famille des gliptines inhibe la principale enzyme DPP-4 (dipeptidyl peptidase-4) qui détruit, entre autres, le GLP-1 physiologique (glucagon-like peptide-1 ou incrétine physiologique), prolongeant ainsi la durée de vie de ce dernier. F Le GLP-1 est le plus puissant stimulant de la sécrétion d’insuline par des cellules bêta du pancréas. Pour contrer l’action destructrice de la DPP-4 sur le GLP-1, une autre famille de molécules synthétiques est proposée, il s’agit des analogues du GLP-1, les incrétinomimétiques, résistants à l’action de la DPP-4, agonistes des récepteurs GLP-1, utilisés en solution injectable sous-cutanée. ment un effet favorable sur le métabolisme lipidique, en réduisant le cholestérol total, le LDL-cholestérol et le taux de triglycérides. La prise de metformine se fait au cours ou à la fin des repas. À l’instauration du traitement, des perturbations du goût et des troubles gastrointestinaux (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales et perte d’appétit) peuvent apparaître, mais régressent spontanément dans la plupart des cas. F Un sulfamide hypoglycémiant est recommandé (glibenclamide [Daonil®, Hémi-Daonil®], gliclazide [Diamicron®], glimépiride [Amarel®], glipizide [Glibénèse®, Ozidia®]) en cas d’intolérance ou de contre-indication à la metformine. Les sulfamides hypoglycémiants agissent en stimulant les cellules bêta des îlots de Langerhans qui sécrètent ainsi davantage d’insuline. Par conséquent, il est important d’apprendre au patient à prévenir, identifier et prendre en charge une hypoglycémie. Le médicament doit être pris avant les principaux repas (jamais en l’absence de repas) F Un hypoglycémiant non sulfamidé ou un inhibiteur des alphaglucosidases intestinales est conseillé en cas d’intolérance ou de contre-indication à la metformine et aux sulfamides hypoglycémiants. L’administration de l’hypoglycémiant non sulfamidé, insulinosécréteur (répaglinide [NovoNorm ® ]), se fait environ 15 à 30 minutes avant chaque repas (jamais en l’absence de prise alimentaire). Son action est rapide et l’effet hypoglycémiant dure tout au long du repas. La forte concentration d’insuline ne persiste pas au-delà de la stimulation liée au repas. Un inhibiteur des alphaglucosidases intestinales (acarbose [Glucor ®] ; miglitol [Diastobol®]) doit être pris au début des repas si la survenue d’hypoglycémies est une situation préoccupante. Ces molécules diminuent la dégradation des carbohydrates et ainsi l’hyperglycémie postprandiale sans entraîner d’hyperinsulinémie. En raison de leurs effets indésirables digestifs (flatulence, diarrhées, Actualités pharmaceutiques • n° 541 • décembre 2014 • douleurs gastro-intestinales et abdominales), ils ne doivent pas être prescrits en cas de troubles de la digestion, de l’absorption ou de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Bithérapie F L’association metformine + sulfamide hypoglycémiant est recommandée si l’objectif glycémique n’est pas atteint malgré la monothérapie et la poursuite des mesures hygiéno-diététiques et des exercices physiques adaptés, en surveillant la prise de poids et la survenue d’hypoglycémies. F En cas d’intolérance ou de contre-indication aux sulfamides hypoglycémiants, il est recommandé : • soit une association metformine + répaglinide ; • soit une association metformine + acarbose ou miglitol, si la survenue d’hypoglycémies est une situation préoccupante ; • soit une association metformine + inhibiteur de la DPP-4 (famille des gliptines, encadré 1) si la survenue d’hypoglycémies ou la prise de poids sont préoccupantes (saxagliptine [Onglyza®], 5 mg/jour ; sitagliptine [Januvia ®, Xelevia ®], 100 mg/jour ; vildagliptine [Galvus®], 100 mg/jour en deux prises, soit 50 mg le matin et 50 mg le soir, la prise étant indépendante des repas) ; • soit une association metformine + analogue du GLP-1 (encadré 1) en solution injectable sous-cutanée (exénatide [Byetta®], deux injections/jour une heure avant les deux principaux repas, espacées de six heures minimum ; liraglutide [Victoza®], une injection/jour indépendamment des repas) si l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur ou égal à 30. F En cas d’intolérance ou de contre-indication à la metformine sera conseillée : • soit une association sulfamide hypoglycémiant + acarbose ou miglitol (en cas d’hypoglycémie provoquée par le sulfamide, un sucrage au glucose est nécessaire) ; • soit une association sulfamide hypoglycémiant + inhibiteur de la DPP-4 (pour la vildagliptine, 50 mg/jour le matin) ; • soit une association sulfamide hypoglycémiant + analogue du GLP-1, en cas d’IMC ≥ 30. Trithérapie F Si l’objectif glycémique n’est pas atteint malgré la bithérapie et la poursuite des mesures hygiénodiététiques et des exercices physiques adaptés, il faudra s’orienter vers : • soit l’association metformine + sulfamide hypoglycémiant + acarbose ou miglitol (en cas d’hypoglycémie provoquée par le sulfamide, un sucrage au glucose est nécessaire) ; 27 dossier Référence [1] HAS/ANSM. Stratégie médicamenteuse du contrôle glycémique du diabète de type 2. Recommandations. Janvier 2013. www.has-sante.fr/ portail/upload/docs/application/ pdf/2013-02/10irp04_reco_ diabete_type_2.pdf Pour en savoir plus • DePalo VA, Mailer K, Yoburn D, Crausman RS. Lactic acidosis associated with metformin use in treatment of type 2 dibetes mellitus. Geriatrics. 2005;60:26,29-41. • Dormandy JA, Charbonnel B, Eckland DJ et al; PROactive investigators. Secondary prevention of macrovascular events in patients with type 2 diabetes in the PROactive Study (PROspective pioglitAzone Clinical Trial In macroVascular Events): a randomised controlled trial. Lancet. 2005 Oct 8;366(9493):1279-89. • FDA. FDA drug safety communication: updated drug to ongoing safety review of Actos® (pioglitazone) and increased risk of bladder cancer. 15 juin 2011. www.fda.gov/drugs/ drugsafety/ucm259150.htm • Krans HMJ. Biguanides. In: Aronson JK. Meyler’s side effect of drugs 14e éd. Oslo: Elsevier;2000:1512-3. • Lalau JD, Lacroix C. 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Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. 28 • soit l’association metformine + sulfamide hypoglycémiant + inhibiteur de la DPP-4 (pour la vildagliptine, 50 mg/jour, le matin) ; • soit l’association metformine + sulfamide hypoglycémiant + analogue du GLP-1, en cas d’IMC ≥ 30 ; • soit l’association metformine + sulfamide hypoglycémiant + insuline (si besoin, la posologie des autres médicaments associés sera adaptée en fonction du schéma insulinique). F Si l’objectif glycémique n’est pas atteint malgré la trithérapie et la poursuite des mesures hygiénodiététiques et des exercices physiques adaptés, l’instauration d’une insulinothérapie (voie injectable sous-cutanée) sera envisagée en dernier recours. Ce traitement fera l’objet d’une discussion avec le patient (et/ou son entourage) dans le cadre de l’éducation thérapeutique. Il nécessite une autosurveillance glycémique (ASG), l’adaptation des doses d’insuline selon un schéma d’insulinothérapie afin d’atteindre les objectifs glycémiques, la connaissance des moyens de prévention et de correction des hypoglycémies, et la réalisation adéquate de l’injection d’insuline. Autres schémas thérapeutiques D’autres schémas thérapeutiques existent [1] concernant notamment : • les patients de plus de 75 ans avec altération de la fonction rénale, polymédication, risque élevé d’hypoglycémie et de conséquences délétères liées à l’hypoglycémie, risque de dénutrition ; • les sujets ayant un antécédent cardiovasculaire connu ; • les individus ayant une insuffisance rénale chronique ; • les patientes enceintes ou envisageant de l’être. La prise en charge médicamenteuse du diabète de type 2 en pratique F La prévention de l’acidose lactique est indispensable chez tout patient sous biguanide. F Les contre-indications de la metformine (insuffisance rénale, hépatique, hypoxie, sujet très âgé) doivent être scrupuleusement respectées. F La prise de la metformine doit être arrêtée avant un examen d’imagerie médicale avec produit de contraste iodé et jusqu’à 48 heures après. En effet, il existe un risque de néphropathie aux produits de contraste avec tubulopathie aiguë et insuffisance rénale entraînant une accumulation du biguanide. Il convient, de manière générale, d’arrêter un traitement par metformine avant toute procédure risquant d’entraîner une insuffisance rénale fonctionnelle. F En cas d’intervention chirurgicale programmée sous anesthésie générale, rachidienne ou péridurale, la metformine doit être interrompue 48 heures avant. © Fotolia.com/Monkey Business Suivi du diabétique de type 2 à l’officine En dernier recours, si l’objectif glycémique n’est pas atteint malgré la trithérapie, les mesures hygiéno-diététiques et les exercices physiques, l’instauration d’une insulinothérapie sera envisagée. Le traitement ne pourra être réintroduit que 48 heures après l’intervention ou la reprise de l’alimentation par voie orale, et seulement après s’être assuré de la normalité de la fonction rénale. F La fonction rénale doit être surveillée dans la mesure où la metformine est éliminée par le rein. La clairance de la créatinine (qui peut être estimée à partir des taux sériques de créatinine à l’aide de la formule de Cockcroft et Gault1) doit être mesurée avant la mise en place du traitement, puis contrôlée régulièrement : • au moins une fois par an chez les sujets présentant une fonction rénale normale ; • au moins deux à quatre fois par an chez les patients dont la clairance de la créatinine se situe à la limite inférieure de la normale, ainsi que chez les sujets âgés. Chez le sujet âgé, une diminution de la fonction rénale est fréquente et asymptomatique. Des précautions particulières doivent être observées lorsqu’elle est susceptible de s’altérer, comme lors de la mise en place d’un traitement antihypertenseur ou diurétique, ainsi qu’au début d’un traitement par un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). w Actualités pharmaceutiques • n° 541 • décembre 2014 •